UNIVERSITÉ MOHAMMED V FACULTÉ DES SCIENCES Rabat N° d’ordre: 2856 THÈSE DE DOCTORAT Présentée par : ESSABER Rim Discipline : Physique Spécialité : Physique mathématique Evolution des corrélations quantiques et processus de décohérence en théorie quantique de l’information Soutenue le 16 Avril 2016 Devant le jury : Président : Ahmed KASSOU-OU-ALI Examinateurs : Malika AIT BEN HADDOU Bouzid MANAUT Mohamed DAOUD El Hassan SAIDI Invités : Rachid AHL LAAMARA Mohamed El FALAKI PES, Faculté des Sciences de Rabat. PES, Faculté des Sciences de Meknès. PH, Faculté Polydisciplinaire, Beni Mellal. PES, Faculté des Sciences Ain Chock Casablanca. PES, Faculté des Sciences de Rabat. PA, CRMEF, Meknès. PA, Faculté des Sciences d'El Jadida. Faculté des sciences, 4 Avenue Ibn Battouta B.P. 1014 RP, Rabat-Maroc Tel +212 (0) 37 77 18 34/35/38, Fax : +212 (0) 37 77 42 61, http :/www.fsr.ac.ma Dédicace A ceux qui ont toujours dévoué et sacrifié pour moi : ceux qui m’ont aidé du mieux qu’ils pouvaient pour réussir : ceux qui m’ont accompagné tout au long de ce parcours : ce qui ont toujours été là dans mes moments de détresse, A mes très chers parents, A mon mari A mon cher frère et ma chère sœur A mes respectueux professeurs A mes très cher(e)s ami(e)s A tous ma famille sans aucune exception Et à tous ceux que ma réussite leur tient à cœur. ESSABER Rim Remerciements Les travaux présentés dans cette thèse ont été réalisés au sein du Lab/UFR de Physique des Hautes Energies Modélisation et Simulation de la Faculté des Sciences de Rabat, sous les directions de Monsieur El Hassan SAIDI, Professeur de l’enseignement supérieur à la Faculté des Sciences de Rabat et Monsieur Mohamed DAOUD, Professeur de l’enseignement supérieur à la Faculté des Sciences Ain Chock Casablanca, en collaboration avec Monsieur Rachid AHL LAAMARA, Professeur Assistant à la CRMEF à Meknés. Je remercie tout d’abord mon directeur de thèse, Monsieur le Professeur El Hassan SAIDI, Professeur de l’enseignement supérieur à la Faculté des Sciences de Rabat de m’avoir accepté au sein de son laboratoire, ainsi d’avoir d’être parmi le jury. Je remercie également mon encadrant Monsieur Mohamed DAOUD, Professeur de l’enseignement supérieur à la Faculté des Sciences Ain Chock Casablanca, pour son encadrement scientifique et pour la confiance qu’il m’a accordée depuis mes premiers pas dans l’équipe du Lab/UFR de Physique des Hautes Energies Modélisation et Simulation à Rabat jusqu’à la rédaction de ce manuscrit. Il a su me laisser l’autonomie dont j’avais besoin, tout en étant présent dans les moments de doute. Toujours encourageant, jamais défaitiste, il a eu le don de trouver les mots qu’il fallait lorsque je m’interrogeais sur la pertinence de mon travail. Je tiens à remercier mon co-encadrant Monsieur Rachid AHL LAAMARA, Professeur Assistant à la CRMEF à Meknés, pour m’avoir aidé durant cette thèse et le remercier sincèrement pour sa disponibilité et pour m’avoir fait bénéficier de ses compétences. Et d’avoir partagé avec moi ces connaissances informatiques. Je remercie vivement Monsieur Ahmed KASSOU-OU-ALI, Professeur de l’enseignement supérieur à la Faculté des Sciences de Rabat, pour l’honneur qu’il m’a fait de présider Remerciements mon jury de thèse. Je tiens également à remercier Madame Malika AIT BEN HADDOU, Professeur de l’enseignement supérieur à la Faculté des Sciences de Meknès, pour l’intérêt qu’elle a porté à mon travail, ainsi d’avoir d’être parmi le jury. Je voudrais remercier le rapporteur de cette thèse Monsieur Bouzid MANAUT, Professeur Habilité à la Faculté Polydisciplinaire de Beni Mellal, pour avoir accepté de faire partie de mon jury de thèse et apporter des précisions en vue d’améliorer la qualité de ce document. Je tiens aussi à remercier Monsieur Mohamed El FALAKI, Professeur Assistant à la Faculté des Sciences d’El Jadida, qui a bien voulu faire partie du jury et d’apporter ses vives contributions à l’enrichissement de ce travail. Mes remerciements s’adressent également à toutes les autres personnes avec lesquelles j’ai eu le plaisir de collaborer au cours de cette thèse. En particulier, je voudrais remercier H.ELHADFI, S.SEDDIK et W.KAYDI. Finalement, un grand Merci chaleureux et de tout mon coeur à mes parents H.ESSABER et R.MAANINOU, sans qui je ne serais absolument pas où j’en suis aujourd’hui. Je les remercie sincèrement pour leur soutien inconditionnel et constant, pour m’avoir donné du courage et de l’espoir, pour être toujours présents même à distance. Je leur dois ce que je suis. Aussi un Merci de tout mon coeur à mon mari A.OTMANI mon cher frère Hatim et ma chère soeur Nihal et mes ami(e)s pour m’avoir donné l’occasion d’avoir mes véritables amis dans ma vie, pour leur gentillesses et leur encouragement à continuer mes études. Je vous remercie de tout mon coeur. Enfin, je remercie toutes les personnes, qui de loin ou de près ont contribué à l’aboutissement de cette étude. A vous tous, du fond du cœur : Merci Résumé Dans le domaine de la physique de l’information quantique, les corrélations quantiques constituent un outil essentiel pour améliorer certains processus de traitement de l’information par rapport à leurs analogues classiques. Dans ce sens, la quantification, la caractérisation et l’identification des mesures adéquates de ces corrélations revêt une importance capitale. D’un autre coté, l’information codée dans un système quantique peut être facilement détruite au vue de l’intrication du système avec son environnement et qui induit la décohérence du système quantique. Dans cette thèse intitulée "Evolution des corrélations quantiques et processus de décohérence en théorie quantique de l’information", nous étudions les mesures bipartites des corrélations quantiques dans des systèmes multipartites. Ces mesures sont faites par le biais de la concurrence, l’entropie de formation, la discorde quantique et sa variante géométrique basée sur le concept de la distance de Hilbert-Schmidt. Afin de tenir compte des effets du couplage des états cohérents avec l’environnement, nous avons développé un modèle simple où les effets de décohérence sont modélisés par un diviseur de faisceau. La distribution des corrélations quantiques entre le système bipartite et l’environnement est étudié en détail. En effet, nous avons établit les conditions de violation de la relation de la monogamie de l’entropie de formation, la discorde quantique et la discorde géométrique. Un autre aspect de ce travail concerne la distribution des corrélations quantiques dans un état tripartite constituée par des systèmes préparés dans des états non-orthogonaux. Une relation de conservation entre les entropies de formation et les discordes quantiques bipartites est obtenue. De plus une étude détaillée de la relation de monogamie est présentée. Mots clés : Discorde quantique - Intrication quantique - Etats cohérents - Séparabilité - Systèmes quantiques ouverts - Equation d’évolution - Opérateurs de Krauss - Canaux quantiques Décohérence - Monogamie. Abstract In the field of physics of quantum information, quantum correlations are an essential tool to improve some of the information processing compared to their conventional analogues. In this sense, quantification, characterization and identification of appropriate measures of these correlations is crucial. On the other hand, the information encoded in a quantum system can be easily destroyed in view entanglement of the system with its environment and induces decoherence of the quantum system. In this thesis entitled "Evolution of quantum correlations and process of decoherence in quantum information theory", we study the bipartite measurements of quantum correlations in multi-party systems. These measurements are made through competition, the entropy of formation, quantum discord and geometric variant based on the concept of distance HilbertSchmidt. To consider the effects of the coupling of coherent states with the environment, we have developed a simple model where the effects of decoherence are modeled by a beam splitter. The distribution of quantum correlations between the two-party system and the environment is studied in detail. Indeed, we have established the conditions for a breach of the relationship of monogamy entropy of formation, quantum discord and geometric discord. Another aspect of this work concerns the distribution of quantum correlations in a tripartite state consists of systems prepared in states nonorthogonal. A conservation relationship between entropy training and quantum discord bipartite is obtained. More detailed study of monogamy relationship is presented. Keywords : Quantum discord - Quantum entanglement - Coherent states - Separability - Open quantum systems - Master equation - Kraus operators - Quantum channels Decoherence - Monogamy. Table des matières Table des figures v Introduction générale 1 I 1 Historique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 2 Vers une technologie quantique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 3 Structure de la thèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 Principes de la théorie classique et quantique de l’information 7 1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 2 Théorie classique de l’information . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 2.1 Définition de l’entropie de Shannon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 2.2 Entropie conjointe, conditionnelle et information mutuelle . . . . . . . . 10 3 4 Théorie quantique de l’information . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 3.1 Définition de l’entropie de von Neumann . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 3.2 Espace de Hilbert . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13 3.3 Mesures quantiques et OMVP . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13 3.4 Qubit et sphère de Bloch . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14 3.5 Opérateur et matrice densité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17 II Les mesures des corrélations quantiques 19 1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19 2 Intrication quantique pour les systèmes à variables continues . . . . . . . . . . . 20 Table des matières 3 Quantification et caractérisation de l’intrication . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20 4 Décomposition de Schmidt . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21 5 Les mesures des corrélations quantiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22 6 7 5.1 La négativité logarithmique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22 5.2 La concurrence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23 5.3 La discorde quantique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24 5.4 La mesure géométrique de la discorde quantique . . . . . . . . . . . . . . 28 Schéma unificateur pour les corrélations des états mixtes de systèmes bipartites 32 6.1 Quantificateurs des corrélations basés sur l’entropie relative . . . . . . . . 32 6.2 Quantificateurs géométriques des corrélations . . . . . . . . . . . . . . . 33 6.3 Etat X à deux qubits . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34 6.3.1 Etat produit le plus proche d’un état X . . . . . . . . . . . . . 34 6.3.2 L’état classique le plus proche et son état produit le plus proche 35 6.3.3 Quantificateurs des corrélations géométriques . . . . . . . . . . 37 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38 III Modèles de décohérence et canaux quantiques 39 1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39 2 Dynamique des systèmes ouverts . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40 3 4 2.1 L’équation de Schrödinger (ou von Neumann) . . . . . . . . . . . . . . . 40 2.2 Equation d’évolution avec l’approximation de Born-Markov . . . . . . . . 41 2.3 Equation d’évolution avec l’approximation de l’onde tournante . . . . . . 44 2.4 Représentation de la dissipation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45 Les opérateurs de Kraus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46 3.1 Opérateurs d’évolutions des systèmes dynamiques : approche qualitative 46 3.2 Correspondance entre les opérateurs Lindblad et les opérateurs de Kraus 46 3.3 Les canaux quantiques et opérateur de Kraus . . . . . . . . . . . . . . . 48 3.3.1 Le canal de dépolarisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48 3.3.2 Le canal d’amortissement de la phase . . . . . . . . . . . . . . . 49 3.3.3 Le canal d’amortissement de l’amplitude . . . . . . . . . . . . . 49 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50 IV La monogamie des corrélations quantiques dans les systèmes multipartites 51 1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51 2 Intrication dans un réseau et le concept de la monogamie d’intrication . . . . . . 52 Table des matières 3 4 5 Mesures d’intrication bipartite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56 3.1 Intrication des états purs bipartites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56 3.2 Intrication des états mixtes bipartites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57 Monogamie de l’intrication dans les systèmes à trois qubit . . . . . . . . . . . . 59 4.1 La monogamie de l’intrication des états W et états GHZ . . . . . . . . . 59 4.2 La monogamie de l’intrication pour des états mixtes de trois qubits et plus 62 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63 V La dynamique des corrélations quantiques des états chat de Bell 65 1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65 2 Etats de type Bell en termes des états de Glauber . . . . . . . . . . . . . . . . . 66 3 Mécanisme de perte de photon pour un état chat de Bell . . . . . . . . . . . . . 67 4 Intrication de formation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70 5 6 7 4.1 Concurrence et intrication de formation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71 4.2 La monogamie de la concurrence et l’intrication de formation . . . . . . . 73 Discorde quantique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77 5.1 la discorde quantique et la relation de Koashi-Winter . . . . . . . . . . . 77 5.2 Calcul analytique de la discorde quantique . . . . . . . . . . . . . . . . . 77 5.3 La monogamie de la discorde quantique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80 Mesure géométrique de la discorde quantique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82 6.1 L’expression de la mesure géométrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82 6.2 La monogamie de la discorde géométrique . . . . . . . . . . . . . . . . . 85 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86 VI Corrélations quantiques globales dans des états tripartites non orthogonaux et les propriétés de la monogamie 87 1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87 2 Etats tripartites non orthogonaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89 3 4 2.1 Bipartitions purs d’un état tripartite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89 2.2 Bipartitions mixtes d’un état tripartite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91 La discorde quantique et l’intrication de formation dans des états tripartite non orthogonaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92 3.1 Mesures bipartites de l’intrication de formation et de la discorde quantique 92 3.2 La discorde quantique dans des états tripartites purs non orthogonaux . 94 La discorde quantique géométrique dans un état tripartite . . . . . . . . . . . . 96 Table des matières 4.1 4.2 5 6 Mesure géométrique de la discorde quantique pour les états bipartites pures 96 Mesure géométrique de la discorde quantique pour les états bipartites mixtes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97 Illustration : Les états chat de Schrödinger à trois modes . . . . . . . . . . . . . 98 5.1 Corrélations quantiques globales et la relation de monogamie . . . . . . . 100 5.1.1 La concurrence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100 5.1.2 L’intrication de formation et la discorde quantique . . . . . . . 101 5.1.3 La discorde quantique géométrique . . . . . . . . . . . . . . . . 103 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106 Conclusion générale 107 Bibliographie 111 Table des figures I.1 Le système général de la communication de Shannon. . . . . . . . . . . . . . . . 8 I.2 L’entropie H(p) en fonction de la probabilité p . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 I.3 L’information mutuelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 I.4 La sphère de Bloch . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15 II.1 Schéma unificateur des corrélations (totale, quantique et classique). . . . . . . . 33 III.1 Le modèle du système combiné S + E. Le système principal(ouvert) interagit avec l’environnement. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42 IV.1 Etat singulet de deux qubit et la monogamie du système de 3 qubits : si les sous systèmes A et B sont dans l’état singulet, il ne peut y avoir de partage d’intrication entre A et C, ni entre B et C. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54 IV.2 Caractérisation de l’intrication bipartite partagée dans les systèmes à trois qubits : l’inégalité Coffman, Kundu et Wootters. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62 V.1 Schéma d’un diviseur de faisceau. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69 V.2 Variation τA,B,E en fonction du paramètre de recouvrement p et le coefficient t2 pour m = 0. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74 V.3 Variation τA,B,E en fonction du paramètre de recouvrement p et le coefficient t2 pour m = 1. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74 V.4 E = EA,B,E en fonction du p et t2 pour m = 0. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75 V.5 E = EA,B,E en fonction du p pour les petites valeurs de t2 lorsque m = 0. . . . . 76 Table des figures V.6 E = EA,B,E en fonction du p et t2 pour m = 1. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . V.7 D = DA,B,E en fonction du paramètre de recouvrement p et le coefficient de réflexion r2 pour m = 0. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . V.8 D = DA,B,E en fonction du paramètre de recouvrement p pour t2 = 12 et m = 0. V.9 D = DA,B,E en fonction du paramètre de recouvrement p et le coefficient de réflexion r2 pour m = 1. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . V.10 D = DA,B,E en fonction du paramètre de recouvrement p pour t2 = 12 et m = 1. V.11 Dg = Dg (A, B, E) en fonction du paramètre de recouvrement p pour t2 = 12 et m = 0. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . VI.1 E = Ei|jk en fonction du paramétre de recouvrement p pour m = 0 et m = 1. VI.2 Corrélations quantiques tripartites en fonction du paramétre de recouvrement pour m = 0. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . VI.3 Corrélations quantiques tripartites en fonction du paramétre de recouvrement pour m = 1. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76 80 81 81 82 85 . . 102 p . . 104 p . . 105 Introduction générale "I think it is safe to say that no one understands quantum mechanics." Richard Feynman 1 Historique La mécanique quantique est une branche de la physique élaborée par les physiciens de la première moitié du XX e siècle pour rendre compte des phénomènes mis en évidence par l’expérimentation à l’échelle des systèmes infiniment petit (atomes, électrons ou photons). Elle a radicalement changé notre compréhension du monde microscopique de la matière [1, 2]. Au niveau microscopique, les lois qui régissent les interactions physiques sont très différentes de ce qu’on observe à notre échelle. Richard Feynman [3–5] a été le premier à avoir l’intuition qu’on peut utiliser les phénomènes quantiques pour améliorer les capacités de calcul des ordinateurs dit "classiques". Deux concepts principaux sont à la base de la formulation de la mécanique quantique, celle de "observables" et celui de "l’état". L’ensemble des états d’un système physique isolé est en correspondance avec l’espace projectif d’un espace de Hilbert H. En particulier, un état physique quelconque peut être représenté par un vecteur normalisé |ψi ∈ H. De plus, toute propriété physique d’un système qui peut être mesurée est une observable et toutes les observables sont représentés par des opérateurs linéaires (hermitiques) agissant sur l’espace des états H. Chaque valeur propre d’une observable correspond à une valeur physique possible de cet observable. 1 Introduction générale En 1935, le paradoxe Einstein, Podolsky et Rosen [6] a été avancé comme un argument selon lequel la mécanique quantique ne pouvait pas être une théorie complète, mais devrait être complétée, en postulant l’existence de variables dites cachées. Ces variables supplémentaires devraient reconstituer la causalité de la théorie et la localité [7]. De ce fait, Schrödinger a affirmé qu’au lieu de renoncer à la théorie de la mécanique quantique, il faut abandonner l’hypothèse de la localité [8]. Deux particules peuvent effectivement s’influencer non localement parce que leur état combiné est décrit par une seule fonction d’onde. Dans son expérience de pensée "chat de Schrödinger" (ou superpositions de deux états morts ou vivants), ces superpositions conduisent à des résultats particulièrement dérangeants lorsqu’on les transpose à l’échelle classique : un chat pourrait, par exemple, être mort et vivant en même temps [8]. Près de 30 ans plus tard, en 1964, John Bell propose ses fameuses inégalités [9], qui se sont révélées être le moyen de régler cette discussion une fois pour toute, et faire place à un immense champ de recherche nouveau. Il s’est ensuivi de nombreuses applications contre-intuitives de la non localité quantique et souvent technologiquement très prometteuses, en particulier dans le champ de l’information quantique. 2 Vers une technologie quantique L’information quantique est un domaine de recherche assez jeune, qui utilise les principes de la physique quantique avec celles de la théorie de l’information. Sans aucun doute, il pourra conduire à des applications pour les communications quantiques et le calcul quantique en exploitant des propriétés quantiques comme le principe de superposition et l’intrication. L’intrication quantique est une ressource physique associée avec les corrélations non classiques qui sont possibles entre les systèmes quantiques séparés. C’est une propriété fondamentale des systèmes quantiques et aussi une ressource physique de base pour l’informatique quantique [10], la cryptographie quantique [11, 12], la téléportation [13], le codage [14], et le calcul quantique [15]. D’autre part, il constitue également un ingrédient clé pour une variété de phénomènes observés en physique, par exemple la supraconductivité [16], transitions de phase quantiques [17, 18], ou l’effet Hall quantique fractionnaire [19]. L’intrication quantique peut être partagée entre deux ou plusieurs particules, atomes, et les photons, etc., même si elles sont éloignées et n’interagissent pas les unes avec les autres. Dans un système multi-partite, il est indispensable de se doter de mesures et critères pour distinguer les états quantiques intriqués et non intriqués. Par conséquent, la quantification et la caractérisation de l’intrication est nécessaire pour comprendre et développer la théorie des mesures des corrélations quantiques. Plusieurs mesures de 2 Introduction générale corrélations quantiques ont été proposées pour les systèmes à deux particules, et étendues ensuite au cas multi-partite [20]. L’intrication dans le cas bipartite est relativement bien comprise tandis que dans le cas multipartite l’évolution des corrélations requiert des calculs compliqués. Pour les systèmes bipartites, les problèmes liés à l’intrication ont été résolus à l’aide de la décomposition de Schmidt [21, 22]. Par conséquent sa généralisation aux états multipartite peut résoudre des problèmes difficiles liés à l’intrication multipartite. Le système à trois qubits peut être intriqué de deux façons inéquivalentes : l’état Greenberger-Horne-Zeilinger (GHZ) [23] et l’état W [24]. Cependant, tous les systèmes quantiques interagissent inévitablement avec leurs environnements. Ces interactions provoquent la disparition rapide des états superposés. Cette disparition a été reconnue comme la décohérence. La décohérence est un phénomène quantique résultant du couplage d’un système quantique avec l’environnement. Ce sont ces interactions qui provoquent la disparition rapide du phénomène de la superposition et par conséquent des corrélations de nature purement quantique. Cependant, dans la plupart des cas, on ne s’intéresse pas à la dynamique globale du système mais à l’évolution du système quantique en tenant compte l’influence de l’environnement. Depuis les débuts de la mécanique quantique, la compréhension de la transition quantique-classique restait une question ouverte. C’est dans les années 1980 que W.H.Zurek [25] y apportera un élément de réponse concret. En effet, il a proposé un mécanisme simple permettant de comprendre pourquoi les propriétés quantiques ne se manifestent pas généralement à notre échelle : l’interaction avec un environnement. A partir d’un article de J.P.Paz et W.H Zurek [26], l’idée du modèle de la décohérence a été émise : pour chaque expérience il faut distinguer trois sous-systèmes, que sont : l’objet, l’appareil de mesure et l’environnement. En raison du fait que n’importe quel système réaliste est soumis à un couplage avec un environnement incontrôlable qui influence l’évolution dans le temps du système. Par conséquent, la théorie des systèmes quantiques ouverts joue un rôle important dans tous les domaines de la mécanique quantique, où il n’est pas possible d’isoler les systèmes ou contrôler les degrés de libertés de l’environnement. Une autre raison plus fondamentale pour l’étude des systèmes quantiques ouverts, est que le processus de mesure pourrait être interprété comme une sorte de dynamique des systèmes ouverts. La dynamique d’un système quantique ouvert est décrite en termes de l’opérateur de densité réduite, qui est obtenu à partir de l’opérateur de densité de l’ensemble du système en effectuant une trace sur les degrés de liberté de l’environnement. Afin d’éliminer les degrés de liberté de l’environnement diverses approximations sont nécessaires et qui conduisent à une équation compacte pour décrire la dynamique de la matrice densité du système ouvert. Dans un système multipartite, l’intrication peut être transférée d’une partie à une autre à travers un 3 Introduction générale canal quantique [27]. Dans ce sens on dit que l’intrication est une ressource qui se partage entre les différentes parties. Alternativement une partie peut consommer l’intrication avec d’autres parties du système global. La distribution des corrélations quantiques au sein d’un système multipartite suit des restrictions assez sévères contrairement à la distribution des corrélations classiques. Ces restrictions ont conduit au concept de monogamie des corrélations quantiques. La monogamie de l’intrication a d’abord été proposée par Coffman, Kundu et Wootters [28] pour un système de trois qubits. C’est une caractéristique essentielle qui permet la sécurité dans la distribution de clés quantiques (cryptographie quantique) [29]. Dans la littérature, le concept de monogamie pour une mesure d’intrication E se traduit par l’inégalité suivante EA/BC ≥ EA/B + EA/C , (1) où A, B et C désignent les parties d’un système tripartite. Cette inégalité n’est pas satisfaite par la plupart des mesures des corrélations quantiques à l’exception de la concurrence [30]. 3 Structure de la thèse Ce travail de thèse porte sur l’étude de l’évolution des corrélations quantiques présentes dans quelques systèmes en contact avec l’environnement. En d’autre terme, il s’agit de comprendre les effets induisant la décohérence dans ces systèmes quantiques. Nous envisageons de quantifier les mesures des corrélations pour quelques classes de superpositions particulières d’états cohérents. En particulier, nous dérivons les mesures de l’entropie d’intrication, la discorde quantique et sa variante géométrique. Ensuite, l’étude de l’évolution des corrélations quantiques dans des systèmes quantiques préparés dans des états cohérents pour mettre en relief l’effet de l’environnement. Il s’agit de modéliser l’interaction avec l’environnement pour comprendre les phénomènes de décohérence. Le plan de ce manuscrit est développé en six chapitres organisés comme suit : Dans le premier chapitre, nous allons rappeler les notions de base de la théorie classique de l’information. Nous allons revenir sur les fondements de cette théorie en se basant sur les travaux de Claude Shannon. Ensuite, nous nous intéressons à décrire les assises de base de la théorie quantique de l’information. La première partie sera consacrée à expliquer le concept de l’entropie de Shannon en utilisant l’exemple d’un schéma général d’un système de communication quantique, qui consiste à transmettre de l’information entre un émetteur vers un récepteur. Puis on définira l’entropie conjointe, conditionnelle et l’information mutuelle. Dans la deuxième partie, nous introduisons les notions essentielles à la compréhension de l’information quantique 4 Introduction générale en présentant les outils mathématiques de base utilisés dans la description des états quantiques, les mesures quantiques, le formalisme de l’opérateur densité. Ensuite, on aborde l’essentiel de la théorie : l’entropie de von Neumann et ses propriétés. Le deuxième chapitre, nous discutons l’intrication quantique pour les systèmes à variables continues, et comment quantifier et caractériser cette quantité. Ensuite, nous introduisons quelques mesures des corrélations quantiques pour les systèmes quantiques bipartites discrètes, par exemple la négativité logarithmique, la concurrence, l’intrication de formation, la discorde quantique et sa variante géométrique. Nous présenterons un schéma géométrique pour les corrélations (totale, quantique et classique) des états mixtes dans des systèmes bipartites. Nous donnons des expressions explicites pour la discorde quantique, sa variante géométrique, et un schéma unificateur pour une classe d’états bipartites, notamment, une famille appelée états X largement utilisés dans le domaine de l’information quantique. Dans le troisième chapitre, nous donnerons brièvement un ensemble d’outils mathématiques nécessaire dans l’étude de la dynamique des systèmes quantiques ouverts. Nous introduisons, dans la première section, la dynamique des systèmes ouverts ainsi que l’équation de Schrödinger (ou von Neumann). Dans la seconde section, nous dérivons l’équation d’évolution via plusieurs approximations (Born-Markov, l’onde tournante...), et nous allons discuter la représentation du dissipateur. Dans la troisième section, nous donnons la représentation de Kraus pour différents canaux quantiques (le canal de dépolarisation, le canal d’amortissement de la phase, et le canal d’amortissement de l’amplitude) qui offre une façon alternative pour décrire les systèmes quantique ouverts. Le quatrième chapitre, nous allons introduire le concept de monogamie. Nous discutons quelques mesures d’intrication des systèmes, purs et mixtes à deux qubits. Nous discutons également l’évolution analytique de ces mesures pour des systèmes en basses dimensions afin de disposer des outils pour discuter leurs monogamies dans des états de type W et GHZ. Nous allons nous limiter aux mesures basées sur la concurrence, l’entropie linéaire et la notion de tangle. Dans la cinquième chapitre, nous introduirons les états chat de Bell en termes des états de Glauber. Ensuite, nous discutons leur évolution sous l’effet de l’amortissement de l’amplitude qui peut être modélisée par l’action d’un diviseur de faisceau. Nous exprimons les matrices densités réduites des différents sous-composants du système des états chat de Bell couplés à l’environnement. Nous allons aussi considérer la distribution des corrélations quantiques entre eux. Pour approcher cette question, nous utiliserons les mesures bipartites : intrication de formation, la discorde quantique et sa variante géométrique. 5 Introduction générale Le sixième chapitre est organisé comme suit. Afin de discuter les corrélations quantiques bipartites dans les états tripartites non orthogonaux, nous introduisons, dans la seconde section, deux différents schémas de bipartition. Dans la troisième section, nous donnerons les expressions analytiques de l’intrication de formation bipartite et de la discorde quantique. Nous discuterons la relation de conservation entre ces deux mesures entropiques qui implique que la mesure globale tripartite de la discorde quantique et l’intrication de formation sont identiques. Dans la quatrième section, nous dérivons la discorde quantique géométrique pour tous les sous-systèmes bipartites possibles. A titre d’illustration, nous considérerons dans la cinquième section, les états chat de Schrödinger à trois modes, basés sur les états cohérents de Glauber. En particulier, nous discutons la propriété de la monogamie de l’intrication mesurée par la concurrence, l’intrication de formation, de la discorde quantique et la discorde quantique géométrique. Finalement, en guise de conclusion nous allons terminer cette thèse par rappeler l’essentiel des résultats de ce travail. 6 Chapitre I Principes de la théorie classique et quantique de l’information 1 Introduction La théorie de l’information permet de répondre à deux problématiques. La première concerne les ressources nécessaires pour stocker un message constitué de symboles, tirés selon une certaine loi de probabilité. Puisque les symboles n’ont pas tous la même probabilité d’être choisis, certains sont moins probables que d’autres, et apportent ainsi plus d’information. L’entropie permet de quantifier cette notion, ainsi que les ressources nécessaires pour stocker une suite de symboles sans perte d’information à la limite asymptotique. La seconde problématique concerne les communications, qu’elles soient classiques ou quantiques. Les outils mathématiques de la mécanique quantique et de la théorie de l’information classique sont nécessaires pour aborder la théorie de l’information quantique. Ceci vient du fait que toute l’information codée sur un support quantique est décrite par l’entropie de von Neumann qui est un prolongement naturel de l’information classique en théorie de l’information quantique. Ce chapitre portera sur l’étude formelle de l’information classique et quantique [31]. Dans la première partie nous décrirons les concepts de base de la théorie de l’information classique qui a été introduite par Claude Shannon en 1948 [32], comme utile pour étudier la quantité de l’information envoyée. Puis on définira l’entropie de Shannon, entropie conjointe, conditionnelle et l’information mutuelle [33]. Dans la deuxième partie, nous allons nous concentrer sur la 7 Chapitre I. Principes de la théorie classique et quantique de l’information théorie de l’information quantique [34] en présentant les outils mathématiques de base utilisés dans la description des états quantiques, les mesures quantiques, et le formalisme de l’opérateur densité. Ensuite, on aborde l’essentiel de la théorie : l’entropie de von Neumann et ses propriétés. 2 Théorie classique de l’information La théorie de l’information a été introduite par Claude Shannon dans les années 40 [32]. Elle s’agit d’une application de la théorie probabiliste permettant de quantifier le contenu moyen en information d’un ensemble de messages, en particulier dans le domaine des communications ou de transmissions de signaux à travers des canaux. La communication est d’abord perçue comme un transfert d’information de l’émetteur vers le récepteur. D’une manière simplifiée, le schéma général d’un système de communication peut être représenté comme suit Figure I.1 – Le système général de la communication de Shannon. Ce schéma est linéaire et on trouve deux pôles qui définissent une origine et une fin. La communication repose alors sur une chaîne qui est constituée d’une source, un émetteur, un canal, un récepteur, et un destinataire. Une personne (source de message) parle dans un appareil téléphonique (émetteur), qui convertit le son de la parole en un signal électrique. Ce signal électrique est alors transmis sur des lignes téléphoniques (canal) soumis à des interférences (bruit). Lorsque le signal atteint le récepteur téléphonique (récepteur) à l’autre extrémité de la ligne, il est reconverti en sons vocaux. Enfin, le destinataire (récepteur de message) entend le message d’origine. La théorie de l’information classique est une représentation mathématique et physique. Elle est codée par des bits classiques qui peuvent prendre deux valeurs 0 ou 1. Un bit d’information est envoyé avec une certaine probabilité. Sa transmission peut échouer à cause des bruits extérieurs induisant une distorsion du signal ou l’interception du signal par une personne indésirable. La quantité d’information est quantifiée à l’aide de l’entropie de Shannon. 8 I.2 Théorie classique de l’information 2.1 Définition de l’entropie de Shannon L’entropie de Shannon constitue un outil fondamental de la théorie de l’information classique [35]. Elle peut être définie pour des variables aléatoires discrètes ou continues. Dans le cas discret, où la variable ne prend qu’un nombre fini ou valeur dénombrable voir [36, 37], l’entropie d’une variable aléatoire p est défini comme H(p) = k X −pi log2 pi , (I.1) i=1 où pi est une distribution de probabilité. L’entropie peut également appelé l’incertitude moyenne (la réduction moyenne de l’incertitude pour un récepteur). On note que la distribution de probabilité d’une variable aléatoire X par PX qui est décrit par H(X). Pour k = 2 (l’entropie binaire), on a une distribution de probabilité (p, 1 − p) d’une variable aléatoire binaire. Elle est donnée par l’entropie de Shannon qui est une fonction de p H(p) = −p log p − (1 − p) log(1 − p). (I.2) Pour p = 12 l’entropie est maximale, et pour p = 0, p = 1 l’incertitude de l’observateur est nulle voir figure (I.2). Figure I.2 – L’entropie H(p) en fonction de la probabilité p 9 Chapitre I. Principes de la théorie classique et quantique de l’information Les propriétés de l’entropie de Shannon : – Elle est positive H(p) ≥ 0. – H(p) est une fonction continue de p. – Elle est symétrique H(p). – H(X) + H(Y ) ≥ H(X, Y ) si X et Y sont independants. – Elle est concave (pour une matrice densité ρ, on a H(ρ) ≥ P x px H(ρx )). – L’entropie d’un opérateur de densité est invariante sous les opérations unitaires H(ρ) = H(U ρU † ). 2.2 Entropie conjointe, conditionnelle et information mutuelle Les entropies conjointe et conditionnelle sont des extensions simples qui mesurent l’incertitude dans la distribution conjointe d’une paire de variables, et l’incertitude dans la distribution conditionnelle d’une paire de variables aléatoires [33]. L’entropie conjointe H(X, Y ) représente la quantité d’informations nécessaires en moyenne pour spécifier la valeur de deux variables aléatoires discrètes, avec une distribution conjointe p(x, y). Elle est définie par H(X, Y ) = − X p(x, y) log p(x, y). (I.3) x,y Cette grandeur quantifie l’incertitude totale sur la paire (X, Y ). Elle peut s’écrire sous la forme d’une somme H(X, Y ) = H(X) + H(Y ), (I.4) seulement si X et Y sont des événements indépendants. L’entropie conditionnelle mesure l’entropie restante provenant de la variable aléatoire Y , si l’on connait parfaitement la seconde variable aléatoire X. C’est l’entropie de Y conditionnée par X. L’entropie conditionnelle H(X/Y ), qui mesure l’information dans X sachant que Y est connue, est donnée par X H(X/Y ) = − p(x, y) log p(x/y). (I.5) x,y Les entropies conditionnelle et conjointe sont reliées par : H(X, Y ) = H(X) + H(Y /X) = H(Y ) + H(X/Y ). 10 I.2 Théorie classique de l’information L’information mutuelle c’est la quantité d’information moyenne que la connaissance d’un message reçu apporte sur le message émis. L’information mutuelle I(X, Y ) mesure l’écart par rapport à l’indépendance entre X et Y . En d’autres termes c’est la quantité d’information que l’une des deux variables du couple (X, Y ) apporte sur l’autre. L’information mutuelle entre les deux variables aléatoires discrètes X et Y , dont la distribution commune est définie par p(x, y), est donnée par la relation suivante I(X, Y ) = X = X = X P (x, y) log P (x, y) P (x)P (y) P (x, y) log P (x/y) P (x) x,y x,y P (x, y) log P (x/y) − x,y = −(− X P (x, y) log P (x) x,y X P (x, y) log P (x/y) + x,y X P (x, y) log P (x)) x,y = −H(x/y) + H(x) = H(x) − H(x/y) = H(x) + H(y) − H(x, y). Il s’en suit que l’information mutuelle s’écrit I(X, Y ) = H(x) + H(y) − H(x, y). (I.6) Figure I.3 – L’information mutuelle 11 Chapitre I. Principes de la théorie classique et quantique de l’information L’information mutuelle satisfait les propriétés suivantes : – I(X, Y ) = 0 si et seulement si X et Y sont des variables aléatoires indépendantes. – Elle est positive I(X, Y ) ≥ 0. – Elle est symétrique I(X, Y ) = I(Y, X). 3 Théorie quantique de l’information L’informatique quantique est une théorie récente. Elle date des années 80 [34]. C’est une théorie qui se base sur l’information classique et utilise le concepts de la mécanique quantique. Elle constitue un espoir pour le calcul, la communication, le stockage, et le cryptage etc..., en utilisant les propriétés quantiques de la matière. En effet, le calcul quantique exploite certaines propriétés quantiques fondamentales, tel que le principe de superposition des états, afin de résoudre certaines taches plus rapidement qu’avec un ordinateur classique. Il y a aussi les communications quantiques, pour transférer un état quantique d’un endroit à l’autre. Comme par exemple la téléportation quantique et la sécurisation de l’échange de clés secrètes de codage (cryptographie quantique)[38]. 3.1 Définition de l’entropie de von Neumann L’entropie de von Neumann est définie par John von Neumann en 1932 [39] comme le prolongement du concept classiques de l’entropie. En mécanique quantique, un système physique est décrit dans un espace de Hilbert, les observables correspondent aux opérateurs auto-adjoints et les opérateurs statistiques sont associés avec les états. L’entropie de Shannon est remplacée par l’entropie de von Neumann. Autrement dit les valeurs propres de la matrice densité d’un système ρ forment une distribution de probabilité. Puis la densité des opérateurs peut être considérée comme une généralisation pour les distributions des probabilités. L’entropie de von Neumann est définie par la relation suivante S(ρ) = −T r(ρ log ρ) = − X λi log λi , (I.7) i où λi : sont les valeurs propre de la matrice densité ρ. L’entropie de von Neumann satisfait les propriétés suivantes : – L’entropie est définie positive et nulle si et seulement si ρ est un état pur, S(ρ) ≥ 0. – L’entropie est additive pour des systèmes indépendants, S(ρA ⊗ ρB ) = S(ρA ) + S(ρB ). 12 I.3 Théorie quantique de l’information – L’entropie est sous-additive, S(ρAB ) ≤ S(ρA ) + S(ρB ). – L’entropie est fortement sous-additive pour toutes les trois systèmes A, B et C, S(ρABC ) + S(ρC )+ ≤ S(ρA ) + S(ρB ). 3.2 Espace de Hilbert A tout système quantique S est associé un espace de Hilbert complexe H tel que tout vecteur de norme 1 de l’espace H définit un état possible du système S. Un espace de Hilbert est un q espace vectoriel complexe linéaire menu d’un produit scalaire, et complet pour la norme kxk = hx, xi. Soit H un espace vectoriel complexe. Une fonctionnelle hx, yi : H × H → C de deux variables est appelée produit interne si – Le produit scalaire hx, yi = hy, xi∗ – L’additivité hx + y, zi = hx, zi + hy, zi (x, y, z ∈ H). – Une application linéaire conjuguée hλx, yi = λ hx, yi , (λ ∈ C, x, y ∈ H). – La propriété symétrique-hermitienne hx, yi = hy, xi(x, y ∈ H). – La norme positive hx, xi ≥ 0 pour x ∈ H et nulle hx, xi = 0 seulement pour x = 0. 3.3 Mesures quantiques et OMVP Les mesures quantiques sont décrites par une collection d’opérateurs de mesure {Mm }, qui vérifient la condition suivante X † Mm Mm = I, (I.8) m où I est l’opérateur identité. Lorsque le résultat d’une mesure sur l’état |ψi est m, l’état du système après la mesure est Mm |ψi |ψ 0 i = √ , pm (I.9) où la probabilité d’obtenir le résultat m correspondant à l’opérateur Mm est † Mm |ψi pm = hψ| Mm (I.10) Les mesures quantiques satisfaisant les propriétés suivantes : – P m † Mm Mm = I. – Mi Mj = δij Mi . 13 Chapitre I. Principes de la théorie classique et quantique de l’information † – Mm = Mm . Les OMVP (Opérateurs de mesure à valeur positive) c’est la formulation la plus générale d’une mesure dans la théorie de la physique quantique. Ils s’agissent d’opérateurs hermitiques {Em } non négatives (à valeurs propres positives ou nulles) sur un espace de Hilbert qui satisfont la condition de normalisation suivante : X Em = m X † Mm = I. Mm (I.11) m La probabilité d’obtenir l’élément Em du OMVP est pm = T r(ρEm ), (I.12) et l’état du système après la mesure n’est pas simplement exprimé en fonction des Em . 3.4 Qubit et sphère de Bloch La mécanique quantique nous dit que le système quantique le plus simple est un système à deux états c’est le qubit (ou le bit quantique). Il est l’unité de base de l’informatique quantique. Il s’agit d’un système quantique à deux niveaux (une superposition d’états), c’est à dire évoluant dans un espace de Hilbert à deux dimensions H = C2 . En général, l’état d’un bit quantique (qubit) est décrit par |ψi = α |0i + β |1i , (I.13) où α et β sont des nombres complexes qui doivent satisfaire la condition de normalisation |α|2 + |β|2 = 1 et les états |0i et |1i doivent être orthogonaux. Si les qubits |ψi et |φi sont des états α |0i + β |1i et γ |0i + δ |1i respectivement, l’état d’un système à deux qubits composée de ces deux qubits est donné par leur produit tensoriel |ψi ⊗ |φi = αγ |00i + αδ |01i + βγ |10i + βδ |11i . (I.14) Cette construction se formalisme à des systèmes à plusieurs niveaux et à des systèmes comprenant plus de deux sous-systèmes. Pour un système à d niveaux (états) (d > 2), le dit quantique ou qudit peut prendre toutes les valeurs qui sont des superpositions de d différents états dans l’espace de Hilbert H = Cd . 14 I.3 Théorie quantique de l’information La sphère de Bloch fournit une représentation géométrique interessante de l’état d’un système de spin +1/2. Nous considérons un état fondamental |−1/2i et un état excité |+1/2i. Tout état de superposition peut être exprimé comme suit : θ θ |0i + eiφ sin |1i , (I.15) 2 2 où θ et φ sont réels. Le paramètre θ exprime l’amplitude relative des états de base, tandis que φ exprime leur phase relative Voir (fig I.4). |ψi = cos Figure I.4 – La sphère de Bloch La matrice densité du système d’états purs correspondante à |ψi peut être exprimée à travers les matrices de Pauli et le vecteur de Bloch, tel que : ρ = |ψi hψ| cos2 2θ e−iφ sin 2θ cos 2θ = iφ e sin 2θ cos 2θ sin2 2θ 1 + cosθ sinθ(cosφ − isinφ) 1 = 2 sinθ(cosφ + isinφ) 1 − cosθ 1 = (I + n1 σx + n2 σy + n3 σz ) 2 1 − − = (I + → n→ σ ). 2 − avec → n = (n1 , n2 , n3 ) = (sinθcosφ, sinθsinφ, cosθ) est le vecteur de bloch 15 Chapitre I. Principes de la théorie classique et quantique de l’information et σx , σy , σz sont les matrices de Pauli usuelles. 0 1 0 −i 1 0 σx = , σy = , σz = . 1 0 i 0 0 −1 3.5 (I.16) Opérateur et matrice densité Le formalisme de la matrice densité permet de décrire tout l’ensemble possible des états quantiques d’un système physique donné à un instant donné, mariant ainsi la mécanique quantique et la physique statistique. La matrice densité ρ d’un état |ψi est l’opérateur défini comme le produit extérieur ρ = |ψi hψ| , (I.17) qui est un état pur. Si toutefois un état n’est pas complètement connu, mais seules les probabilités {pi }, avec lequel l’un de plusieurs états |ψi i est connu, il est appelé un système d’états mixtes. La matrice densité prend la forme ρ= X pi |ψi i hψi | . (I.18) i Pour qu’un opérateur soit une matrice densité, il doit satisfaire les propriétés suivantes – Sa Trace doit être égale à 1 : T r(ρ) = 1. – La matrice densité est hermitienne : ρ = ρ† . – La matrice densité est positive : ρ > 0. Une matrice densité ρ est pure si est seulement si T r(ρ2 ) = 1 et ρ2 = ρ, alors que pour une matrice densité mixte T r(ρ2 ) < 1. La trace partielle a des applications dans des calcules de quantités physiques dans le domaine de l’information quantique et l’étude des processus induisant la décohérence. Soit l’opérateur densité ρAB décrivant un état du système composite agissent dans l’espace de Hilbert H = HA ⊗ HB . On définit la trace partielle de l’opérateur densité par ρA = T rB (ρAB ) = d−1 X j=0 hj| ρAB |ji , ρB = T rA (ρAB ) = d−1 X hi| ρAB |ii , (I.19) i=0 où {|ii : i = 0, ......d − 1} est une base de HA , et {|ji : j = 0, ......d − 1} est une base de HB . 16 I.4 Conclusion 4 Conclusion La théorie quantique de l’information est une extension de la théorie classique de l’information et qui prend en compte les spécificités des systèmes quantiques. John von Neumann a défini la théorie de l’information sur des définitions de bases différentes de celles de Shannon mais dont les propriétés sont similaires. Dans ce chapitre, nous avons définit les notions importantes de base de la théorie de l’information classique, à savoir l’entropie de Shannon, entropie conjointe, conditionnelle et l’information mutuelle. Nous avons introduit également les notions essentielles de l’information quantique, qui sont : l’entropie de von Neumann, les mesures quantiques et les opérateurs OMVP, le qubit, et opérateur et matrice densité. 17 Chapitre I. Principes de la théorie classique et quantique de l’information 18 Chapitre II Les mesures des corrélations quantiques 1 Introduction Le traitement de l’information quantique dépend essentiellement de divers phénomènes de la mécanique quantique, parmi lesquels l’intrication a été considérée comme l’un des éléments les plus cruciales. L’intrication quantique joue un rôle important dans plusieurs domaines de l’information quantique tels que la téléportation quantique [13, 40], la cryptographie quantique [12, 41], le codage [14, 42, 43] et le calcul quantique [44–46], etc... L’intrication quantique est une forme de corrélation entre deux ou plusieurs particules (qui peuvent ou ne peuvent pas être séparés). Le but principal dans les études de l’intrication est de trouver une manière générale pour quantifier et caractériser la quantité d’intrication d’un état quantique donné. Il s’agit là de questions centrales en théorie quantique de l’information. Beaucoup d’efforts ont été consacrés à ce domaine de recherche et plusieurs mesures de l’intrication ont été proposées pour les systèmes quantiques bipartites et multipartites. Dans ce chapitre, nous allons définir l’intrication quantique pour les systèmes à variables continues, et comment quantifier et caractériser cette quantité. Ensuite, nous introduirons quelques mesures des corrélations quantiques pour les systèmes quantiques bipartites, par exemple la négativité logarithmique [47], la concurrence [48], l’intrication de formation, la discorde quantique [49] et sa variante géométrique [50]. Enfin, nous présenterons un schéma unificateur pour les corrélations (totale, quantique et classique) des états mixtes dans des systèmes bipartites. 19 Chapitre II. Les mesures des corrélations quantiques 2 Intrication quantique pour les systèmes à variables continues Le phénomène de l’intrication(entanglement) joue un rôle essentiel en théorie quantique de l’information et en calcul quantique [51]. C’est une propriété spécifique de la physique quantique qui n’existe pas en mécanique classique. Elle se manifeste, en général, par le fait que lorsque plusieurs particules ont été préparées ensemble, et ont interagies pendant un certain intervalle de temps, qui peut être très court, elles restent fortement corrélées même si elles sont séparées par une très grande distance. L’intrication apparait presque dans tous les protocoles de la communication et les algorithmes quantiques (la téléportation, le codage superdense, etc...). Un système bipartite est composé de deux sous-systèmes dont les espaces de Hilbert sont HA et HB , tels que l’espace de Hilbert total H est formé par le produit tensoriel H = HA ⊗ HB , par définition, les sous systèmes A et B sont définis dans un état intriqué. Si |ψiAB 6= |ψiA ⊗ |ψiB , (II.1) où |ψiA et |ψiB sont des états définis dans les espaces de Hilbert HA et HB respectivement. 3 Quantification et caractérisation de l’intrication L’un des objectifs de la théorie d’intrication est d’obtenir un critère de séparabilité pour distinguer les états séparables où les états non séparables (intriqués). Etats séparables : – Dans le cas d’un état pur bipartite ρAB , c’est à dire ρAB = |ψiAB hψ| est séparable si et seulement si |ψiAB = |ψiA ⊗ |ψiB . Ainsi, un état pur est séparable si l’un des opérateurs densités réduites, ρA ou ρB est dans un état pur. – Un état mixte est dit séparable s’il peut être représenté comme un mélange statistique des états purs séparables ρAB = X i B pi ρ A i ⊗ ρi = X pi |ψi iA hψi | ⊗ |ψi iB hψi | , (II.2) i avec |ψi iA et |ψi iB sont des vecteurs d’états sur les espaces HA et HB respectivement, et P les probabilités classiques pi ≥ 0, i pi = 1. 20 II.4 Décomposition de Schmidt Etats non séparables(intriqués) : – Un état pur est intriqué si et seulement si l’opérateur densité ρAB ne peut pas être écrit comme un opérateur de produit, c’est à dire ρAB 6= ρA ⊗ ρB , comme par exemple l’état |φ+ i = √1 (|00i 2 (II.3) + |11i). – Un état mixte est intriqué si et seulement si l’état est corrélé et non séparable ρAB 6= X pi ρA ⊗ ρB . (II.4) i Nous faisons remarquer que les deux systèmes en interaction deviennent en général non séparables. La détermination de la séparabilité d’un état est un problème qui n’est pas aisé de façon générale. Il y a une autre façon de déterminer la séparabilité des états purs et mixtes. Cette méthode est basée sur la décomposition de Schmidt. 4 Décomposition de Schmidt La décomposition de Schmidt, permet d’écrire n’importe quel état pur d’un système bipartite comme une combinaison linéaire d’états produits orthogonaux [52]. Pour un état pur |ψAB i d’un systéme AB, il existe des états orthonormés |αi iA et |βi iB c’est à dire |ψAB i = d X λi |αi iA ⊗ |βi iB , (II.5) i=1 où les λi sont des coefficients Schmidt, avec λi ≥ 0 et i λi = 1. L’état |ψAB i est séparable si et seulement si le nombre de coefficients est supérieur à 1. Un état quantique mixte ρAB est séprable si et seulement si peut être écrit comme P 2 ρAB = d X λi ρiA ⊗ ρiB , (II.6) i=1 où λi ≥ 0 , i λi = 1 et ρiA ∈ HA , ρiB ∈ HB . En général, il est très difficile de vérifier la séparabilité d’un état mixte quelconque. P 21 Chapitre II. Les mesures des corrélations quantiques 5 Les mesures des corrélations quantiques Parmi les mesures des corrélations quantiques qui ont été proposées pour les systèmes composites, on cite la négativité logarithmique [47], la concurrence [48], l’intrication de formation, la discorde quantique [49] et sa variante géométrique [50]. 5.1 La négativité logarithmique En mécanique quantique, la négativité est une mesure de l’intrication quantique qui est facile à calculer [47]. C’est une mesure qui utilise le critère PPT comme critère de séparabilité appelé aussi (Critère Peres-Horodecki)1 . Pour un opérateur A, nous définissons la norme trace √ par la somme des valeurs singulières de l’opérateur A par kAk = tr |A| = tr A† A. La négativité est définie par ΓA ρ − 1 1 N (ρ) = , (II.7) 2 où ρΓA : est la transposition partielle de ρ par rapport au sous-système A. La négativité logarithmique est une quantité qui est facilement calculable, elle est définie comme EN (ρ) = log2 ρΓA , 1 (II.8) avec ΓA : est l’opérateur de transposition partielle. Elle est reliée à la négativité par la formule EN (ρ) = log2 (2N (ρ) + 1). (II.9) La négativité logarithmique satisfait les propriétés suivantes : – Elle peut être nulle, même si l’état est intriqué (si l’état est PPT intriqué). – EN (ρ ⊗ σ) = EN (ρ) + EN (σ)(additif sur les produits tensoriels) – Elle ne se réduit pas à l’entropie d’intrication sur l’état pur comme la plupart des autres mesures d’intrication. 1 est une condition nécessaire, pour la matrice densité conjointe de deux systèmes quantiques A et B, pour être séparable. Il est appelé aussi critère PPT, pour transposer partielle positif. 22 II.5 Les mesures des corrélations quantiques 5.2 La concurrence Parmi les outils de la quantification des corrélations quantiques, la concurrence fournit un moyen d’accéder à la séparabilité d’un système à deux qubits [48, 53]. On considère un état pur |ψi de deux qubits. La concurrence C(|ψi) de cet état est définie comme E C(|ψi) = hψ ψe , (II.10) E où le tilde représente l’opérateur "spin-flip" ψe = (σy ⊗ σy ) |ψ ∗ i, avec σy est la matrice de pauli suivant la direction y et |ψ ∗ i est le conjugué complexe de |ψi dans la base standard {|00i , |01i , |10i , |11i}. Un état pur à deux qubits prend la forme |ψi = α00 |00i + α01 |01i + α10 |10i + α11 |11i . (II.11) où α00 , α01 , α10 et α11 sont des nombres complexes qui remplissent la condition de normalisation suivante |α00 |2 + |α01 |2 + |α10 |2 + |α11 |2 = 1. (II.12) On peut montrer que |ψi est séparable si α00 α11 = α01 α10 . De sorte que l’on peut prendre la différence entre α00 α11 et α01 α10 en tant que mesure de l’intrication et on définit la concurrence par C(ψ) = 2 |α00 α11 − α01 α10 | . (II.13) La concurrence est égal à 0 pour un état séparable et à 1 pour un état est maximalement intriqué. L’intrication de formation d’un état pur |ψi est exprimée en terme de la concurrence C(|ψi) par la relation E(|ψi) = ξ(C(|ψi)), (II.14) où la fonction ξ est définie comme ξ(C) = H( 1+ q 1 + |C|2 ), 2 (II.15) avec H(x) = −x log2 x − (1 − x) log2 (1 − x) est l’entropie binaire. La concurrence pour un état mixte de deux qubits est définie comme suit C(ρ) = inf X pi C(|ψi i), (II.16) i 23 Chapitre II. Les mesures des corrélations quantiques où C(|ψi i) est la concurrence de l’état |ψi i qui est donnée par l’équation (II.13). Wootters et Hill ont obtenu une formule explicite de la concurrence [54]. Elle est donnée par C(ρ) = max{0, λ1 − λ2 − λ3 − λ4 }, (II.17) avec λ1 ≥ λ2 ≥ λ3 ≥ λ4 sont les racines carrés des valeurs propres de la matrice ρ(σy ⊗ σy )ρ∗ (σy ⊗ σy ) (ρ∗ le complexe conjugé de ρ). L’intrication de formation d’un état mixte de deux qubits est définie par E(ρ) = ξ(C(ρ)). (II.18) 5.3 La discorde quantique Un état quantique bipartite contient à la fois des corrélations classiques et quantiques [49]. Elles sont quantifiées conjointement par leur "information mutuelle quantique" qui est une mesure de l’information de la corrélation totale dans l’état quantique bipartite. Elle est donnée par I(A, B) = S(ρA ) + S(ρB ) − S(ρAB ), (II.19) où ρAB est l’état d’un système quantique bipartite composé de la particule A et B, ρA(B) = T rB(A) (ρAB ) est l’état réduit de A(B), et S(ρ) est l’entropie de von Neumann de l’état ρ (voir [55]). Considérons les opérateurs de projections {Mk } pour décrire une mesure de von Neumann pour le système A. Nous rappelons que l’opérateur de mesure à valeur positive généralisé n’est pas nécessaire. Alors l’état aprés mesure de la particule B qui correspond au résultat k est ρAB → ρB k = (Mk N I)ρAB (Mk pB k N I) , (II.20) où la mesure de von Neumann pour le sous-système A est écrite comme Mk = U πk U † : k = 0, 1, (II.21) avec πk = |ki hk| est le projecteur pour le sous-système A dans la base |ki, U ∈ SU (2) est l’opérateur unitaire de déterminant unité et la probabilité pB k est égale pB k = T r[(Mk ⊗ I)ρAB (Mk ⊗ I)]. (II.22) En utilisant tous les éléments de l’ensemble η des OMVP, les états après mesure de la particule B B sont caractérisés par l’ensemble {pB k , ρk }. Notons que ρB reste inchangée, pour tout ensemble 24 II.5 Les mesures des corrélations quantiques après mesure. L’information sur la particule B que acquiert la partie A, en faisant usage d’un ensemble des OMVP spécifique, est donnée par S(ρB ) − X B pB k S(ρk ). (II.23) k La dépendance de la procedure de la mesure peut être eliminée par une procedure de maximinisation sur tout les ensembles η possibles. Donc, la mesure des corrélations classiques résultante est donnée par J(ρAB ) = max[S(ρB ) − X M B pB k S(ρk )] (II.24) k = S(ρB ) − Semin , (II.25) où Semin désigne la valeur minimale de l’entropie conditionnelle. Nous avons Semin = X B pB k S(ρk ) (II.26) k La discorde quantique est une mesure de la corrélation quantique qui est développées par Ollivier et Zurek en 2001 [56]. C’est la différence entre l’information mutuelle (une quantité qui mesure la corrélation totale) entre deux sous-systèmes (classique et quantique) et la corrélation classique. Il s’en suit le résultat suivant D(ρAB ) = I(ρAB ) − J(ρAB ) = S(ρB ) + Semin − S(ρAB ). (II.27) Il n’y a aucun algorithme direct pour calculer la discorde quantique pour des états mixtes. Des résultats partiels uniquement ont été obtenus pour certaines formes spéciales qu’on appelle les états X [57–60]. La discorde quantique satisfait les propriétés suivantes : – La discorde quantique est toujours positive D(ρAB ) ≥ 0. – D(ρAB ) = 0 si et seulement si l’état ρAB est la diagonale de Bloch dans sa propre base est X ρAB = pj ρAB pj , j P où ρAB = j τj pj , avec {τ } c’est une distribution de probabilité. – La valeur de la discorde quantique est supérieure ou égale à l’entropie de von Neumann du sous système mesuré, c’est-à-dire D(ρAB ) ≤ S(ρA ). 25 Chapitre II. Les mesures des corrélations quantiques Illustrons maintenant le concept de la discorde quantique par un exemple simple d’état de type X. la matrice densité d’un état de ce système de deux qubits AB dans la base standard {|00i , |01i , |10i , |11i} est donnée par ρAB = ρ00 0 0 ρ03 0 ρ11 ρ12 0 0 ρ21 ρ22 0 ρ30 0 0 ρ33 , (II.28) qui s’écrit dans la base {|00i , |11i , |01i , |10i} sous la forme suivante ρAB = ρ00 ρ03 0 0 ρ30 ρ33 0 0 0 0 ρ11 ρ12 0 0 ρ21 ρ22 . (II.29) Autrement, cette matrice densité ρAB s’écrit ρAB = (ρAB )1 + (ρAB )2 avec ρ00 ρ03 (ρAB )1 = ρ30 ρ33 (II.30) ρ11 ρ12 (ρAB )2 = . ρ21 ρ22 (II.31) Les valeurs propres de la matrice densité ρAB de deux qubits sont données par 1 = tr(ρAB )1 ± 2 s 1 λ± 2 = tr(ρAB )2 ± 2 s λ± 1 ou 1 ( tr(ρAB )1 )2 − det(ρAB )1 , 2 (II.32) 1 ( tr(ρAB )2 )2 − det(ρAB )2 . 2 (II.33) Donc pour que ρAB soit de rang 2, il suffit de considérer det(ρAB )1 = 0, det(ρAB )2 = 0. (II.34) Dans ce cas, les valeurs propres de la matrice densité ρAB de rang 2 de deux qubits sont données par λ+ 1 = tr(ρAB )1 = ρ00 + ρ33 , 26 II.5 Les mesures des corrélations quantiques λ+ 2 = tr(ρAB )2 = ρ11 + ρ22 . (II.35) + λ+ 1 + λ2 = 1, (II.36) On fait remarquer que c’est à dire que tr(ρAB )1 6= 0, tr(ρAB )2 6= 0. (II.37) L’entropie conjointe de l’état ρAB est + + + S(ρAB ) = −λ+ 1 log2 λ1 − λ2 log2 λ2 . (II.38) où ρA et ρB sont les états marginaux de ρAB avec A A A S(ρA ) = −λA 1 log2 λ1 − λ2 log2 λ2 , S(ρ ) = −λB log λB − λB log λB , B 2 1 2 2 1 2 (II.39) où les valeurs propres de ρA et ρB sont λA 1 = ρ00 + ρ11 , λB = ρ + ρ , 00 22 1 λA 2 = ρ22 + ρ33 , λB 2 = ρ11 + ρ33 . (II.40) Il en résulte que l’information mutuelle, définie par (I.6), prend la forme B + I(ρAB ) = H(λA 1 ) + H(λ1 ) − H(λ1 ). (II.41) Pour calculer la forme explicite de la corrélation classique J(ρAB ), nous utilisons la décomposition sepectrale de la matrice densité ρAB + ρAB = λ+ 1 |ψ1 ihψ1 | + λ2 |ψ2 ihψ2 |, (II.42) + où les valeurs propres λ+ 1 et λ2 sont données par (II.35) et les états propres |ψ1 i et |ψ2 i sont 1 [ρ03 |00i + ρ33 |11i], (II.43) |ψ2 i = q [ρ12 |01i + ρ22 |10i]. |ρ12 |2 + |ρ22 |2 (II.44) |ψ1 i = q 2 |ρ03 | + |ρ33 |2 1 27 Chapitre II. Les mesures des corrélations quantiques En attachant un qubit C au système bipartite AB, nous écrivons la purification de ρAB comme q q + (II.45) |ψi = λ1 |ψ1 i ⊗ |0i + λ+ 2 |ψ2 i ⊗ |1i, de telle sorte que l’ensemble du système ABC est décrit par l’état pur de densité ρABC = |ψihψ| pour que ρAB = TrC ρABC et ρBC = TrA ρABC . D’après la relation de Koashi-Winter [65], la valeur minimale de l’entropie conditionnelle coïncide avec l’intrication de formation de ρBC Semin = E(ρBC ), (II.46) qui est donnée par 1 1q Semin = E(ρBC ) = H( + 1 − |C(ρBC )|2 ), 2 2 où le concurrence de la matrice densité ρ23 est 4(ρ00 + ρ33 )(ρ11 + ρ22 )(|ρ03 ||ρ12 | − |ρ22 ||ρ33 |)2 . |C(ρBC )| = (|ρ03 |2 + |ρ33 |2 )(|ρ12 |2 + |ρ22 |2 ) 2 (II.47) (II.48) Il en résulte que la discorde quantique est donnée par D(ρAB ) = S(ρA ) − S(ρAB ) + E(ρBC ), (II.49) Finalement en utilisant les équations (II.38), (II.39) et (II.47), l’expression explicite de la discorde quantique s’écrit D(ρAB ) = H(ρ00 + ρ11 ) − H(ρ00 + ρ33 ) v u 1u t1 − 1 + H( + 2 2 4(ρ00 + ρ33 )(ρ11 + ρ22 )(|ρ03 ||ρ12 | − |ρ22 ||ρ33 |)2 ) (|ρ03 |2 + |ρ33 |2 )(|ρ12 |2 + |ρ22 |2 ) Pour obtenir la discorde quantique, il faut faire des efforts considérables pour réduire au minimum l’entropie conditionnelle Semin de toutes les mesures possibles sur les particules A. Dans la prochaine partie, nous présentons une méthode géométrique sur le concept de la discorde quantique. 5.4 La mesure géométrique de la discorde quantique La mesure géométrique de la discorde quantique (MGDQ), a été introduite par Dakic et al [50]. Elle quantifie la corrélation quantique à l’aide de la distance de Hilbert-Schmidt entre 28 II.5 Les mesures des corrélations quantiques l’état consideré et l’état de discorde nulle [50]. Elle est donnée par Dg (ρ) = min kρ − χk2 , χ∈Ω0 où Ω0 : l’ensemble des états de discorde nulle et kρ − χk2 = T r(ρ − χ)2 est la norme de Hilbert-Schmidt. Un état χ ∈ HA ⊗ H B est de discorde zéro si et seulement si χ est un état classique-quantique [69]. Elle s’écrit comme χ= m X pk |ψk i hψk | ⊗ ρk , (II.50) k=1 où pk est une distribution de probabilité, {|ψk i} est une base orthonormale arbitraire dans HA et ρk est un ensemble d’états arbitraires (opérateurs de densité) agissant sur HB . Dakic et al [50] ont également obtenu une expression facilement calculable pour la mesure géométrique de la discorde quantique pour un système à deux qubits. En effet, un état bipartite s’écrit dans la décomposition de Fano-Bloch comme 3 3 X X 1 Rij σi ⊗ σj ], ρ = [I ⊗ I + (xi σi ⊗ I + yi I ⊗ σi ) + 4 i i,j=1 (II.51) où xi = T rρ(σi ⊗ I), yi = T rρ(I ⊗ σi ) sont les composantes des vecteurs locaux de Bloch, σi (i ∈ {1, 2, 3}) sont les trois matrices de Pauli, et Rij = T rρ(σi ⊗ σj ) sont les composantes du − − tenseur de corrélation, pour chaque état ρ, nous associons un triple {→ x ,→ y , R}. Nous caractérisons l’ensemble Ω0 par les états de discorde nulle ayant la forme χ = p1 |ψ1 i hψ1 | ⊗ ρ1 + p2 |ψ2 i hψ2 | ⊗ ρ2 (II.52) où {|ψ1 i , |ψ2 i} est une base orhonormale d’un seul qubit, ρ1 et ρ2 sont les matrices densités 2 × 2 et p1 et p2 sont les nombres positifs tels que p1 + p2 = 1. Nous définissons t = p1 − p2 et les trois vecteurs suivants par → − − e = hψ1 |→ σ |ψ1 i (II.53) → − s ± = T r(p1 ρ1 ± p2 ρ2 ) (II.54) − − Il est facile de démontrer que t→ e et → s + représentent les vecteurs de Bloch locaux du premièr − et du second qubit, respectivement, tandis que le vecteur → s − est directement lié au tenseur → − → − T de corrélation qui est de la forme T = e s − . Par conséquent, un état de discorde nulle χ est 29 Chapitre II. Les mesures des corrélations quantiques − − − − − − − associé à → χ = t→ e ,→ s +, → e→ s T− , où k→ e k, k→ s ± k et t ∈ [−1, 1]. La distance entre les états ρ et χ est donnée par n o ||ρ − χ||2 = ||ρ||2 − 2Trρχ + ||χ||2 1 (1 + ||~x||2 + ||~y ||2 + ||T ||2 ) = 4 1 (1 + t~x~e + ~y~s+ + ~eT~s− ) − 2 1 (1 + t2 + ||~s+ ||2 + ||~s− ||2 ). + 4 (II.55) − Tout d’abord, nous optimisons la distance en fonction des paramètres → s ± et t. Nous obtenons ∂ kρ − χk2 1 −→ = (−→ x− e + t) = 0, ∂t 2 (II.56) 1 − → ∂ kρ − χk2 = (−→ y +− s + ) = 0, → − ∂s+ 2 (II.57) − − → 1 → ∂ kρ − χk2 = (− T T → e +− s + ) = 0, (II.58) → − ∂s− 2 − − − − − − qui donne la solution t = → x→ e, → s+ = → y et → s − = TT→ e . En utilisant ces résultats, nous obtenons − 2 − → 1 − 2 → − − kρ − χk2 = (k→ x k + R − → e (− x→ x T + RRT )→ e ), (II.59) 4 − − − qui atteint le minimum quand → e est un vecteur propre de la matrice K = → x→ x T + RRT . Par conséquent, la mesure géométrique de la discorde quantique est donnée par 1 Dg (ρ) = (kxk2 + kRk2 − λmax ), 4 (II.60) où λmax est la plus grande valeur propre de la matrice K = xxT + RRT . Il est facile de voir que kxk2 + kRk2 = λ1 + λ2 + λ3 , (II.61) où λ1 , λ2 , et λ3 sont les valeurs propres de la matrice K. Il vient finalement que Dg (ρ) = 1 min{λ1 + λ2 , λ2 + λ3 , λ3 + λ1 }. 4 (II.62) Par conséquent, la comparaison de ces valeurs propres est un facteur clé dans le procédé de 30 II.5 Les mesures des corrélations quantiques calcul de Dg (ρ). A titre d’exemple du calcul de la discorde géométrique, on considère un état de type X de deux qubit qui se pose généralement comme la matrice densité réduite à deux qubits dans la base de calcul {|00i , |01i , |10i , |11i}. La matrice de densité d’un état X de deux qubits est ρX = ρ00 0 0 ρ03 0 ρ11 ρ12 0 0 ρ21 ρ22 0 ρ30 0 0 ρ33 (II.63) L’état X peut être réécrite dans la représentation de Fano-Bloch avec la matrice de corrélation R qui est donnée par R= ρ03 + ρ12 + ρ21 + ρ30 i(ρ03 − ρ12 + ρ21 − ρ30 ) 0 i(ρ03 + ρ12 − ρ21 − ρ30 ) −ρ03 + ρ12 + ρ21 − ρ30 0 0 0 ρ00 − ρ11 − ρ22 − ρ33 , (II.64) et x = (0, 0, ρ00 + ρ11 − ρ22 − ρ33 )T , ainsi, la MGDQ peut être calculée selon l’équation (II.62) qui est donnée par 1 Dg (ρ) = min{λ1 + λ2 , λ2 + λ3 , λ3 + λ1 }, (II.65) 4 où, les valeurs propres de la matrice K, en termes d’éléments de la matrice densité ρX , sont λ1 = 4(|ρ12 | + |ρ03 |)2 , λ2 = 4(|ρ12 | − |ρ03 |)2 , λ3 = 2[(ρ00 − ρ22 )2 + (ρ11 − ρ33 )2 ]. (II.66) Nous observons que λ1 est toujours plus grand que λ2 , alors on doit traiter les deux cas séparément de la MGDQ, qui est λ1 ≤ λ3 et λ1 ≥ λ3 . Pour λ1 ≤ λ3 , la mesure géométrique de la discorde quantique est 1 Dg (ρX ) = (λ1 + λ2 ), 4 (II.67) tandis que pour λ1 ≥ λ3 , nous avons 1 Dg (ρX ) = (λ2 + λ3 ). 4 (II.68) 31 Chapitre II. Les mesures des corrélations quantiques 6 Schéma unificateur pour les corrélations des états mixtes de systèmes bipartites 6.1 Quantificateurs des corrélations basés sur l’entropie relative L’entropie relative offre le schéma approprié pour unifier les différents types de corrélations existantes dans les systèmes multipartites [70]. L’entropie relative est définie par S(ρkσ) = −T r(ρlog2 σ) − S(ρ), (II.69) où S(ρ) = −T r(ρlog2 ρ) est l’entropie de von Neumann. Pour un système bipartite, la corrélation totale T de l’état ρ est définie par la distance entre ρ et l’état produit le plus proche πρ = σA ⊗σB , où σA(B) désignent les matrices densités réduites des sous-systèmes. Elle est écrite comme la différence des entropies de von Neumann des deux états ρ et πρ [70] T = S(ρkπρ ) = S(πρ ) − S(ρ). (II.70) De même, la discorde quantique D est la distance entre ρ et l’état classique le plus proche χρ = X pi,j |ii hi| ⊗ |ji hj| , i,j où pi,j sont les probabilités et {|ii , |ji} bases locales indépendantes. Elle s’écrit aussi comme la différence entre les entropies de von Neumann des états ρ et χρ D = S(ρkχρ ) = S(χρ ) − S(ρ). (II.71) La corrélation classique est la distance entre χρ et son état produit le plus proche πχρ . Elle coïncide avec la différence des entropies de von Neumann des états concernés C = S(χρ kπχρ ) = S(πχρ ) − S(χρ ). (II.72) Dans cette approche, les corrélations quantiques basées sur l’entropie relative où la discorde quantique D (II.71) ne coïncide pas avec la définition originale de la discorde introduite dans les références [71, 72]. La différence est donnée par [70] L = S(πρ kπχρ ) = S(πχρ ) − S(πρ ). 32 (II.73) II.6 Schéma unificateur pour les corrélations des états mixtes de systèmes bipartites Les corrélations à base d’entropie T , D, C et L sont exprimées comme les différences des entropies de von Neumann (équations (II.70), (II.71), (II.72) et (II.73)) et elles satisfont à la relation d’additivité suivante [70] T − D − C + L = 0. (II.74) Cette relation permet de dessiner un schéma simple, proposé dans la référence [70], qui traduit l’additivité des différents corrélations dans un système bipartite Figure II.1 – Schéma unificateur des corrélations (totale, quantique et classique). 6.2 Quantificateurs géométriques des corrélations Un quantificateur plus gérable, appelé la discorde quantique géométrique, a été récemment introduit les corrélations quantiques à l’aide de la norme de Hilbert-Schmidt qui donne la distance entre l’état ρ du système et de son état classique le plus proche χρ [50] Dg (ρ) = kρ − χρ k2 , (II.75) où k.k2 = T r(.)2 est la norme de Hilbert-Schmidt. La discorde géométrique est utile pour quantifier les corrélations quantiques dans un système. Elle semble être une mesure pour définir les quantificateurs des corrélations totales et classiques comme [73] Tg (ρ) = kρ − πρ k2 , 2 Cg (ρ) = χρ − πχρ , (II.76) où πρ et πχρ sont respectivement, les états produit les plus proches de ρ et χρ . Nous pouvons aussi définir la quantité 2 Lg (ρ) ≡ πρ − πχρ , (II.77) 33 Chapitre II. Les mesures des corrélations quantiques comme l’analogue de la quantité de L dans l’équation (II.73). Par analogie avec la discorde basée sur l’entropie relative, Dg peut être écrit comme une différence de puretés, Dg = T r(ρ − χρ )2 = T rρ2 − T rχ2ρ . On peut montrer que T r(ρχρ ) = T r(χ2ρ ) (voir [50]). 6.3 Etat X à deux qubits Afin d’illustrer la quantification géométrique pour la discorde de Hilbert-Schmidt, on considère un état X. La structure générale d’une matrice densité rassemblant à l’alphabet X est dans la base norme B = {|1i ≡ |11i , |2i ≡ |10i , |3i ≡ |01i , |4i ≡ |00i}, ρX = ρ11 0 0 ρ14 0 ρ22 ρ23 0 0 ρ32 ρ33 0 ρ14 0 0 ρ44 . Les paramètres de la représentation de Fano-Bloch (II.51) pour un état X, sont exprimés en termes des éléments de la matrice densité comme x3 = ρ11 + ρ22 − ρ33 − ρ44 y3 = ρ11 − ρ22 + ρ33 − ρ44 T11 = 2(ρ14 + ρ41 + ρ32 + ρ23 ) T12 = 2i(ρ14 − ρ41 + ρ32 − ρ23 ) T21 = 2i(ρ14 − ρ41 − ρ32 + ρ23 ) T22 = 2(ρ14 + ρ41 − ρ32 − ρ23 ) T33 = ρ11 − ρ22 − ρ33 + ρ44 6.3.1 Etat produit le plus proche d’un état X L’état produit le plus proche de la matrice densité ρ s’écrit comme X X X 1 ai σ i ⊗ 1 + bi 1 ⊗ σ j + ai bj σi ⊗ σj ] πρX = ρA ⊗ ρB = [1 ⊗ 1 + 4 i i i,j (II.78) où ai = {a1 , a2 , a3 } et bi = {b1 , b2 , b3 } désignent les vecteurs de Bloch des états ρ1 et ρ2 . En raison de la symétrie de l’état ρ, dans l’échange des qubits 1 et 2, l’état produit πρX est aussi 34 II.6 Schéma unificateur pour les corrélations des états mixtes de systèmes bipartites symétrique. Cela implique ai = b i , i = 1, 2, 3. (II.79) En outre, la symétrie de parité de la matrice densité ρX ([ρX , σ3 ⊗ σ3 ] = 0) implique que l’invariance de la parité de l’état πρX (II.78). Ceci impose ai = bi = 0, i = 1, 2. La distance entre ρ et πρ est définie par 1 d = T r(ρX − πρX ) = [(x3 − a3 )2 + (y3 − b3 )2 + (T33 − a3 b3 )2 ]. 4 (II.80) La distance minimale est obtenue par la dérivation de la distance d (II.80), par rapport a3 et b3 . On a y3 + T33 a3 x3 + T33 b3 , b3 = . (II.81) a3 = 2 1 + b3 1 + a23 L’état produit le plus proche de l’état X a la forme 1 πρX = [1 ⊗ 1 + a3 σ3 ⊗ 1 + b3 1 ⊗ σ3 + a3 b3 σ3 ⊗ σ3 ] 4 (II.82) avec a3 et b3 sont les solutions des équations (II.81). 6.3.2 L’état classique le plus proche et son état produit le plus proche Le résultat général de la discorde quantique géométrique d’un état à deux qubits est 1 − 2 Dg (ρX ) = [k→ x k + kT k2 − kmax ] 4 (II.83) Les valeurs propres de la matrice K, en termes d’éléments de la matrice densité ρX , sont k1 = 4(ρ14 + ρ23 )2 , k2 = 4(ρ14 − ρ23 )2 , k3 = 2[(ρ11 − ρ33 )2 + (ρ22 − ρ44 )2 ]. (II.84) Nous observons que k1 est toujours plus grand que k2 , alors on doit traiter deux cas séparément, qui est, k1 ≤ k3 et k1 ≥ k3 . L’état classique le plus proche χρ est obtenue par une procédure − − de minimisation par rapport aux paramètres → x ,→ y et T de l’état d’origine ρX [50]. 35 Chapitre II. Les mesures des corrélations quantiques – Cas 1 : k1 ≤ k3 L’état classique le proche est 1 χ− ρX = [1 ⊗ 1 + x3 σ3 ⊗ 1 + y3 1 ⊗ σ3 + T33 σ3 ⊗ σ3 ], 4 (II.85) où l’exposant − se réfère à la condition k1 − k3 ≤ 0. Les éléments diagonaux de ρX et χρX − − sont égaux, (ρ− X )ii = (χρX )ii . En conséquence, l’état produit le plus proche χρX coïncide avec l’état produit le plus proche de ρX donné dans l’équation (II.82) : πχ−ρ = πρX . X – Cas 2 : k1 ≥ k3 Si l’état X comporte des éléments de la matrice densité telles que k1 > k3 , nous obtenons pour l’état classique le plus proche 1 e e e χ+ ρX = [1 ⊗ 1 + y3 1 ⊗ σ3 + T11 σ1 ⊗ σ1 + T12 σ1 ⊗ σ2 + T21 σ2 ⊗ σ1 + T22 σ2 ⊗ σ2 ], (II.86) 4 où l’exposant + se réfère à la condition k1 − k3 > 0, et Te11 = = Te12 = = Te21 = = Te22 = = 1 {T11 [1 + cos(γ14 + γ23 )] − T21 sin(γ14 + γ23 )} 2 [cos(γ23 ) + cos(γ14 )](ρ14 + ρ23 ), 1 {T12 [1 + cos(γ14 + γ23 )] − T22 sin(γ14 + γ23 )} 2 [sin(γ23 ) − sin(γ14 )](ρ14 + ρ23 ), 1 {T21 [1 − cos(γ14 + γ23 )] − T11 sin(γ14 + γ23 )} 2 −[sin(γ23 ) + sin(γ14 )](ρ14 + ρ23 ), 1 {T22 [1 − cos(γ14 + γ23 )] − T12 sin(γ14 + γ23 )} 2 [cos(γ23 ) − cos(γ14 )](ρ14 + ρ23 ). En particulier, la résolution de l’équation (II.81) pour χ+ ρX , l’état produit le plus proche est 1 πχ+ρ = [1 ⊗ 1 + y3 1 ⊗ σ3 ]. (II.87) X 4 Pour un état X dans le second cas, il en résulte, que l’état produit le plus proche de ρX + est différent de l’état produit le plus proche de χ+ ρX : πχρX 6= πρX . 36 II.6 Schéma unificateur pour les corrélations des états mixtes de systèmes bipartites 6.3.3 Quantificateurs des corrélations géométriques Après avoir obtenu les états produits les plus proches à un état X, nous pouvons donner les expressions explicites des quantificateurs géométriques des différents types de corrélations Tg , Dg et Cg . D’après les résultats de (Sec.6.3.1) relatifs aux états produits les plus proches, il en résulte que le quantificateur géométrique des corrélations totales défini dans l’équation (II.76) pour un état X est Tg (ρ) = (x3 − a3 )2 + (y3 − b3 )2 + (T33 − a3 b3 )2 1 2 2 2 2 + (T11 + T12 + T21 + T22 ), 4 4 (II.88) dans les deux cas 1 et 2 précités. Nous rappelons que, en général, T r(ρπρ ) 6= T r(πρ2 ), et donc Tg (ρX ) 6= T r(ρ2X ) − T r(πρ2X ). Concernant les quantificateurs géométriques de corrélations quantique et classique Dg et Cg , respectivement, nous pouvons obtenir leurs expressions explicites. Toutefois, il faut distinguer deux cas. Pour les états X appartenant au cas 1 (k1 ≤ k3 ), les quantificateurs géométriques de corrélations quantique et classique définis dans les équations (II.75) et (II.76) sont 1 2 2 2 2 (T + T12 + T21 + T22 ) = 2(ρ214 + ρ223 ), 4 11 (x3 − a3 )2 + (y3 − b3 )2 + (T33 − a3 b3 )2 − . Cg (ρX ) = 4 Dg− (ρX ) = (II.89) En ce qui concerne la quantité Lg définie dans l’équation(II.77), nous savons à l’aide de (Sec.6.3.2) que, dans le cas 1, πχ−ρX = πρ−X de sorte que L− g (ρX ) = 0. D’après les équations (II.88) et (II.89), on observe alors que, dans ce cas, les quantificateurs géométriques de corrélations sont satisfaits à la relation d’additivité Tg = Dg− + Cg− . (II.90) D’autre part, pour les états X appartenant au cas 2 (k1 > k2 ), les quantificateurs géométriques de corrélations quantique et classique s’écrivent 1 Dg+ = (ρ14 − ρ23 )2 + [(ρ11 − ρ33 )2 + (ρ22 − ρ44 )2 ], 2 Cg+ = (ρ14 + ρ23 )2 . (II.91) 37 Chapitre II. Les mesures des corrélations quantiques D’après les équations (II.88) et (II.91), nous remarquons que, dans ce second cas, la relation d’additivité n’est pas satisfaite. En fait, nous avons 2 Tg − 7 Dg+ − Cg+ a3 (T33 − a3 b3 )2 − (1 + b3 ) . = 4 (II.92) Conclusion L’intrication quantique n’est pas seulement une caractéristique profonde de la mécanique quantique, mais elle est également une ressource physique précieuse avec un énorme potentiel pour des nouvelles applications technologiques, telles que le traitement et la transmission de l’information. Cependant, notre compréhension de l’intrication est encore loin d’être achevée, malgré les activités actuelles de recherches intenses. Comme d’autres ressources physiques, la première étape vers l’exploitation pleine de l’intrication est de savoir comment la quantifier correctement. Il n’est pas donc surprenant qu’il y ait eu un intérêt croissant pour la quantification et la caractérisation de l’intrication des systèmes quantiques. Dans ce chapitre, nous nous sommes intéressés à la quantification de l’intrication des systèmes bipartite qui est le plus utilisé dans les processus de traitement de l’information quantique. Nous avons introduit plusieurs mesures de corrélations quantiques comme la négativité logarithmique, la concurrence, l’intrication de formation, la discorde quantique et sa variante géométrique. Finalement, nous avons définit un schéma unificateur géométrique pour les corrélations (totale, quantique et classique) des états mixtes dans des systèmes bipartites à l’aide de la distance de Hilbert-Schmidt. 38 Chapitre III Modèles de décohérence et canaux quantiques 1 Introduction Avec les progrès technologiques récents, les expériences sur des systèmes quantiques sont de plus en plus complexes et par conséquent, il est difficile de fournir une description adéquate en les considérants comme des systèmes fermés. Donc, ils doivent être considérés comme des systèmes ouverts [74], en raison du fait que n’importe quel système réaliste est soumis à un couplage avec un environnement incontrôlable qui influence l’évolution dans le temps du système. La théorie des systèmes quantiques ouverts joue un rôle majeur dans tous les domaines de la physique : l’optique quantique [75], la physique de l’état solide [76], la nanotechnologie [77], l’information quantique [78], et la spintronique [79]. Une description complète des systèmes quantiques requiert la prise en compte des degrés de liberté de l’environnement. Par conséquent, nous devons chercher une description simple et efficace de la dynamique des propriétés des systèmes quantiques. Habituellement, la dynamique d’un système quantique ouvert est décrite en termes de l’opérateur de densité réduite, qui est obtenu à partir de l’opérateur de densité de l’ensemble du système en effectuant une trace sur les degrés de liberté de l’environnement. Afin d’éliminer les degrés de liberté de l’environnement diverses approximations sont nécessaires et qui conduisent à une équation compacte du mouvement pour la matrice densité du système ouvert. Dans ce chapitre, nous donnerons brièvement un ensemble d’outils mathématiques qui permettent de prédire la dynamique des systèmes quantiques ouverts. Nous introduirons, dans la première section, la dynamique des systèmes ouverts ainsi que l’équation de Schrödinger (ou 39 Chapitre III. Modèles de décohérence et canaux quantiques von Neumann). Dans la seconde section, nous dérivons l’équation d’évolution via plusieurs approximations (Born-Markov, l’onde tournante...). Dans la troisième section, nous donnons en bref la représentation de Kraus pour différents canaux quantiques qui est une façon alternative pour décrire les systèmes quantiques ouverts. 2 Dynamique des systèmes ouverts Un système ouvert est un système quantique S qui est couplé avec un environnement E et qui représente un sous-système du système combiné S + E. La matrice densité réduite ρ du système est un opérateur qui contient toutes les informations physiques qui concernent le système S. Il est obtenu à partir de la matrice densité totale en traçant sur les degrés de liberté de l’environnement, ainsi ρ = T rE ρT , (III.1) où la matrice densité totale est notée par ρT . En principe l’équation d’évolution pour ρ, peut être obtenue à partir de l’équation de Schrödinger (ou von Neumann) de la matrice densité totale et en prenant ensuite la trace. Cependant, cette tâche peut être analytiquement complétée et l’étude de l’évolution de la matrice densité réduite devrait être faite en utilisant quelques approximations. 2.1 L’équation de Schrödinger (ou von Neumann) Tout d’abord nous voulons discuter de quelle façon il est possible de décrire l’évolution temporelle des systèmes quantiques fermés [80]. On considère un vecteur d’état pur |ψ(t)i d’un système quantique dont l’évolution est gouvernée par l’équation de Schrödinger i~ d |ψ(t)i = H(t) |ψ(t)i , dt (III.2) où H(t) est le hamiltonien du système. L’évolution de l’état peut être exprimée par un opérateur d’évolution du temps unitaire U (t, t0 ) qui transforme l’état initial |ψ(t0 )i en l’état |ψ(t)i |ψ(t)i = U (t, t0 ) |ψ(t0 )i avec U (t, t0 )U + (t, t0 ) = 1. (III.3) En substituant cet état dans l’équation (III.2), nous obtenons une équation de l’opérateur U (t, t0 ) ∂ i U (t, t0 ) = H(t)U (t, t0 ). (III.4) ∂t 40 III.2 Dynamique des systèmes ouverts L’opérateur unitaire peut être alors écrit sous la forme i U (t, t0 ) = exp[− H(t − t0 )]. ~ (III.5) Pour les états mixtes, le système peut être caractérisé par une matrice densité ρ, et pour obtenir l’équation d’évolution [81], nous commençons par l’état initial du système ρ(t0 ) ρ(t0 ) = X pj |ψj (t0 )i hψj (t0 )| , (III.6) j où pj sont les poids positifs et |ψj (t0 )i sont les vecteurs d’états propres du système. L’évolution au cours du temps de la matrice densité est donnée par ρ(t) = U (t, t0 )ρ(t0 )U + (t, t0 ). (III.7) Il s’en suit que l’équation du mouvement pour la matrice densité est i d ρ(t) = − [H, ρ(t)], dt ~ (III.8) qui est appelée l’équation de Liouville (ou l’équation du von Neumann [82]). Il faut noter que pour une distribution de probabilité en mécanique statistique classique, l’équation de von Neumann s’écrit parfois comme d ρ(t) = Lρ(t), (III.9) dt où L est l’opérateur de Liouville défini par la condition Lρ est égal à − ~i fois le commutateur de H avec ρ(t). L est aussi appelé un superopérateur de Liouville, car il agit sur un opérateur pour obtenir un autre opérateur. 2.2 Equation d’évolution avec l’approximation de Born-Markov L’objectif de ce paragraphe est de préciser le rôle des différentes approximations appliquées, pour la dérivation de l’équation d’évolution pour l’opérateur de densité réduite du système. Nous considérons un système quantique ouvert S couplé avec un environnement E. L’espace de N Hilbert du système total S +E est donné par le produit tensoriel H = HS HE . Le hamiltonien total peut être écrit sous la forme H = HS ⊗ 1S + 1S ⊗ HE + HSE , (III.10) 41 Chapitre III. Modèles de décohérence et canaux quantiques où HS est le hamiltonien du système S, HE est le hamiltonien de l’environnement E et HSE = V est le hamiltonien d’interaction entre le système S et son environnement E. Figure III.1 – Le modèle du système combiné S + E. Le système principal(ouvert) interagit avec l’environnement. L’équation de von Neumann pour l’opérateur de densité totale est donnée par d −i ρSE = [HSE , ρSE ]. dt ~ (III.11) Cette dernière équation se réécrit dans la représentation d’interaction comme −i e d ρeSE (t) = [V (t), ρeSE (t)], dt ~ (III.12) où le potentiel d’interaction et la matrice densité sont donnés par Ve (t) = U † (t)V U (t) ρe (t) = U † (t)ρ U (t) SE SE −i(Hs +HE )t ~ avec U (t) = e est l’opérateur unitaire d’évolution du système découplé. A partir de l’équation (III.12), nous obtenons iZt ρeSE (t) = ρeSE (0) − dt1 [Ve (t1 ), ρeSE (t1 )]. ~ 0 42 (III.13) III.2 Dynamique des systèmes ouverts Par itération de l’équation (III.12) et en prenant la trace sur l’environnement, nous trouvons i 1 Zt d e e e ρS (t) = − T rE [V (t1 ), ρSE (0)] − 2 dt1 T rE [Ve (t), [Ve (t1 ), ρeSE (t1 )]]. (III.14) dt ~ ~ 0 En supposant que le système et l’environnement sont initialement non corrélés ρSE (t = 0) = ρS (0) ⊗ ρE (0) (ce qui donne T rE [Ve (t1 ), ρeSE (0)] = 0), nous obtenons d 1 Zt e ρS (t) = − 2 dt1 T rE [Ve (t), [Ve (t1 ), ρeSE (t1 )]. (III.15) dt ~ 0 A ce niveau nous allons utiliser l’approximation de Born. Nous supposons que le couplage entre le système et l’environnement est faible de telle sorte que nous pouvons écrire l’état total comme un état produit ρeSE (t) ≈ ρeS (t) ⊗ ρeE (0). (III.16) L’équation (III.15) devient 1 Zt d dt1 T rE [Ve (t), [Ve (t1 )ρeS (t1 ) ⊗ ρeE (0)]. ρeS (t) = − 2 dt ~ 0 (III.17) Une autre simplification consiste à utiliser l’approximation de Markov qui rend l’équation d’évolution local dans le temps en remplaçant ρeS (t1 ) au moment retardé par ρeS (t) à l’instant t d 1 Zt dt1 T rE [Ve (t), [Ve (t1 )ρeS (t) ⊗ ρeE (0)]. (III.18) ρeS (t) = − 2 dt ~ 0 Pour obtenir l’équation du mouvement dans le cadre de l’approximation de Born-Markov, nous devons remplacer t par t1 − t dans l’intégrale et considérer que la borne supérieure de l’intégrale tend vers l’infini. Il s’en suit que l’équation d’évolution dans le cadre de l’approximation de Born-Markov est donnée par d 1 Z∞ ρeS (t) = − 2 dt1 T rE [Ve (t), [Ve (t − t1 )ρeS (t) ⊗ ρeE (0)]. dt ~ 0 (III.19) Pour simplifier davantage la dérivation de l’évolution du système, nous utilisons l’approximation des ondes tournantes. Celle ci est discutée dans le paragraphe suivant. 43 Chapitre III. Modèles de décohérence et canaux quantiques 2.3 Equation d’évolution avec l’approximation de l’onde tournante Nous écrivons le hamiltonien d’interaction dans la forme la plus générale [83] comme HSE = HI = X Ak ⊗ Bk . (III.20) k Si, on suppose que le spectre HS est discret, les opérateurs de système peuvent être décomposés dans une base propre X Ak (ω) = |ei he| Ak |e0 i he0 | , (III.21) e−e0 =ω avec les propriétés [HS , Ak (ω)] = −ωAk (ω) et A†k (ω) = Ak (−ω). Ak (ω) et A†k (ω) sont les opérateurs propres de HS avec leurs valeurs propres ∓ω. Donc, le hamiltonien d’interaction peut être exprimé par HI = X k,ω Ak (ω) ⊗ Bk → −t HI (t) = X e−iωt Ak (ω) ⊗ Bk (t) (III.22) k,ω où Bk (t) = eiHE t Bk e−iHE t sont les opérateurs dans la représentation d’interaction de l’environnement. Si nous insérons le hamiltonien d’interaction de l’équation (III.22) dans l’équation d’évolution de Born-Markov (III.19), et en négligeant les termes d’oscillation ω, nous obtenons l’équation suivante X d ρeS (t) = Γkl (ω)(Al (ω)ρeS (t)A†k (ω) − A†k (ω)Al (ω)ρeS (t)) dt k,ω,l +Γ∗lk (ω)(Al (ω)ρeS (t)A†k (ω) − A†k (ω)Al (ω)ρeS (t)) où Γ est donnée par la transformation de Fourier de la fonction de corrélation de l’environnement (réservoir) Z ∞ D E (III.23) Γkl (ω) = dt1 eiωt1 Bk† (t)Bl (t − t1 ) . 0 Les éléments Γkl peuvent se décomposer comme suit 1 Γkl (ω) = γkl (ω) + iSkl (ω), 2 avec Skl (ω) = γkl (ω) = Γkl (ω) + 44 (III.24) 1 (Γkl (ω) − Γ∗lk (ω)), 2i Γ∗lk (ω) = Z +∞ −∞ D E dt1 eiωt1 Bk† (t1 )Bl (0) . (III.25) III.2 Dynamique des systèmes ouverts A l’aide de cette décomposition, nous obtenons d ρeS (t) = −i[HLS , ρeS (t)] − D(ρeS (t)), dt (III.26) où les opérateurs HLS et D(ρeS (t)) sont définis par HLS = X Skl (ω)A†k (ω)Al (ω) k,ω,l D(ρeS (t)) = 1X γkl (ω)(A†k (ω)Al (ω)ρeS (t) + ρeS (t)A†k (ω)Al (ω) − 2Al (ω)ρeS (t)A†k (ω)) 2 k,ω,l Le terme HLS constitue une contribution du Hamiltonien d’évolution qui est appelée Hamiltonien de décalage de Lamb. On note aussi que HLS commute avec HS . P 2 −1 γk (A†k Ak ρS + ρS A†k Ak − 2Ak ρS A†k ) du dissipateur est atteint en La forme D(ρS ) = 21 nk=1 diagonalisant les matrices γkl (ω). 2.4 Représentation de la dissipation L’équation d’évolution Lindblad ∂ ρ = −i[H, ρ] − D(ρ), ∂t (III.27) décrit le comportement de l’évolution temporelle d’un système quantique ouvert. La structure la plus générale du dissipateur 2 −1 1 nX D(ρ) = γk (A†k Ak ρ + ρA†k Ak − 2Ak ρA†k ), 2 k=0 (III.28) est déterminée par une application complètement positive ce qui signifie que la carte dynamique quantique V (t) : ρ(0) → ρ(t) = V (t)ρ(0) (III.29) doit être positif pour toutes les extensions possibles vers des espaces de dimensions supérieures. Le dissipateur D(ρ) décrit deux phénomènes qui se produisent dans un système quantique ouvert : la décohérence et la dissipation [84]. Lorsqu’un système quantique S est couplé avec un environnement E, l’état initial du produit évolue vers un état intriqué de S + E au cours du temps. Cela conduit à des états mixtes dans S et est appelé la décohérence. En outre nous obtenons un échange d’énergie entre S et E ce qu’on appelle la dissipation. 45 Chapitre III. Modèles de décohérence et canaux quantiques 3 Les opérateurs de Kraus 3.1 Opérateurs d’évolutions des systèmes dynamiques : approche qualitative On définit l’évolution suivante sous l’effet d’un potentiel V (t) V (t) B(Hs ) → B(Hs ) : ρs (0) → ρs (t) = V (t)ρs (0) L’application V (t) est convexe, linéaire, positive et préserve la trace des opérateurs densités. La forme la plus générale de cette application s’écrit en termes des opérateurs de Kraus [85] définis par ρs (0) → V (t)ρs (0) = X Eij ρs (0)Eij† (t), avec X Eij Eij† (t) = 1, (III.30) ij ij où les opérateurs d’évolution unitaires Eij sont donnés par Eij (t) = q λi hφi |U (t, 0)| φj i (III.31) en termes des états |φi i qui forment une base orthonormée et λi sont des coefficients réels positivs P satisfaisant λi = 1. L’équation (III.30) peut être écrite en réduisant la somme double à une somme single X X ρs (0) → ρs (t) = Mi ρs (0)Mi† avec Mi Mi† = 1. (III.32) i 3.2 i Correspondance entre les opérateurs Lindblad et les opérateurs de Kraus . La généralisation de l’équation de Liouville ρ(t) = − ~i [H, ρ(t)] au cas d’une évolution de Markov, mais qui est non unitaire, conduit à . ρ(t) = Lρ(t), (III.33) où l’opérateur linéaire L qui génère une superopération finie dans le même sens que le hamiltonien H qui génère l’évolution unitaire dans le temps. L’opérateur L est appelé le Lindbladian. 46 III.3 Les opérateurs de Kraus Les définitions des opérateurs Lµ et les opérateurs de Kraus Mi (voir éq (III.32)) sont différentes. Cependant, il existe une correspondance entre les deux formulations (voir [86]). En effet, nous allons discuter comment décrire l’évolution infinitésimale donnée par l’équation de Lindblad dans des opérateurs de Kraus. Dans ce sens, nous écrivons l’évolution de l’opérateur densité entre les instants t et t + dt comme suit ρ(t + dt) = X Mµ (dt)ρ(t)Mµ† (dt). (III.34) µ Cette évolution élémentaire peut être également écrite sous la forme ρ(t + dt) = M0 ρ(t)M0† + X Mµ ρMµ† , (III.35) µ>0 D’autre part, il est facile de voir que ρ(t + dt) = ρ(t) + O(dt) = ρ(t) + dtdρ = M0 ρ(t)M0† + X Mµ ρMµ† µ>0 = (1 + (−iH + K)dt)ρ(1 + (iH + K)dt) + dt X Lµ ρL†µ µ>0 = ρ − idt[H, ρ] + dt(Kρ + ρK) + dt X Lµ ρL†µ µ>0 Il vient alors que l’un des opérateurs de Kraus doit être de la forme 1 + O(dt) et les autres sont √ de l’ordre dt. Nous pouvons donc écrire M0 = 1 + (−iH + K)dt, Mµ = √ dtLµ , (III.36) où H et K sont tous les deux hermitiens et Lµ , H et K sont tous d’ordre 0 en dt. Nous pouvons déterminer K en utilisant la condition somme des opérateurs de Kraus 1= X Mµ† Mµ = 1 + dt(2K + µ X L†µ Lµ ) (III.37) µ>0 où l’opérateur K est défini par K=− 1X † L Lµ 2 µ>0 µ Nous pouvons remplacer les équations (III.34) et (III.36) dans (III.32) lorsque t → 0. 47 Chapitre III. Modèles de décohérence et canaux quantiques Nous obtenons ainsi l’équation Lindblad X 1 1 dρ = −i[H, ρ] + (L†µ ρLµ − L†µ Lµ ρ − ρL†µ Lµ ). dt 2 2 µ>0 (III.38) Chaque terme L†µ ρLµ décrit une possible modification des propriétés quantiques et les termes − 12 L†µ Lµ ρ − 12 ρL†µ Lµ sont nécessaires pour normaliser correctement le cas où aucun couplage avec l’environnement ne se produit. 3.3 3.3.1 Les canaux quantiques et opérateur de Kraus Le canal de dépolarisation Le canal de dépolarisation est un modèle pour la décohérence où, avec une certaine probabilité 3p le qubit devient totalement mélangé en raison de l’apparition d’une erreur p qui peut 4 être une fonction qui dépend du temps. La probabilité pour que le qubit reste inchangé est 1 − 34 p. Trois erreurs sont possibles. 1. inversion |0i → |1i, |1i → |0i (ou |ψi = σx |ψi) 2. changement de phase |0i → |0i, |1i → − |1i( ou |ψi = σz |ψi) 3. inversion et changement de phase |0i → i |1i, |1i → −i |0i (ou |ψi = σy |ψi) Par conséquent, les opérateurs de Kraus pour le canal de dépolarisation sont donnés par s M0 = 3p 1 − 1, 4 r M1 = p σx , 4 r M2 = p σy , 4 Pour des raisons de calcul pratique, généralement on pose p = réécrivent s s q 0 p p0 M0 = 1 − p0 1, M1 = σx , M2 = σy , 3 3 r M3 = 4p 3 p σz . 4 0 , les opérateurs de Kraus se s M3 = p0 σz . 3 qui satisfont la condition de normalisation X µ>0 Mµ† Mµ = [(1 − p) + 3p ]1 = 1. 3 (III.39) Dans un canal de dépolarisation, l’état ρ d’un qubit évolue comme p ρ → ρ0 = (1 − p)ρ + (σx ρσx + σy ρσy + σz ρσz ). 3 48 (III.40) III.3 Les opérateurs de Kraus 3.3.2 Le canal d’amortissement de la phase Le canal d’amortissement de la phase n’a pas d’analogue classique car il décrit la perte de l’information quantique sans perte d’énergie [83]. L’amortissement de la phase peut se produire par exemple en raison de phénomènes d’interférences introduisant des changements de phase aléatoires ou des processus de diffusion. Nous pouvons modéliser ce type de processus par les opérateurs de Kraus suivants √ M0 = 1 − p1, r M1 = p (1 + σz ), 4 r M2 = p (1 − σz ), 4 (III.41) mais il ya aussi des situations où on a des représentations avec deux opérateurs de Kraus uniquement r r p p M1 = σz , (III.42) M0 = 1 − 1, 2 2 ou 1 0 1 0 , M1 = M0 = √ 0 . √ 0 0 1 − p0 p √ avec la relation 1 − p = 1 − p0 . L’évolution de l’état est alors donnée par 3 X Mµ† ρMµ = (1 − p)ρ + p |0i h0| ρ |0i h0| + p |1i h1| ρ |1i h1| (III.43) µ=1 3.3.3 Le canal d’amortissement de l’amplitude Le canal d’amortissement de l’amplitude permet de décrire par exemple la désintégration d’un état excité à deux niveaux d’un atome en raison de l’émission spontanée d’un photon. En détectant le photon émis (observation de l’environnement), nous pouvons effectuer une mesure en utilisant des opérateurs OMVP qui nous donne des informations sur la préparation initiale de l’atome [87]. Pour décrire ce canal nous avons besoin des opérateurs de Kraus suivants 1 0 , M0 = √ 0 1−p 0 M1 = 0 √ p , 0 (III.44) qui vérifient la relation de fermeture suivante 1 0 0 0 M0† M0 + M1† M1 = + =1 0 1−p 0 p (III.45) 49 Chapitre III. Modèles de décohérence et canaux quantiques L’opérateur M1 induit un "saut quantique" (la décroissance de |1iA à |0iA ) et M0 décrit comment l’état évolue si aucun saut ne se produit. La matrice densité évolue comme √ ρ + pρ 1 − pρ 00 11 01 . Mµ† ρMµ = √ 1 − pρ (1 − p)ρ 10 11 µ>0 X 4 (III.46) Conclusion Dans la théorie des systèmes quantiques ouverts, la dynamique du système quantique étudié est obtenue en effectuant une trace sur les degrés de liberté de l’environnement. Dans des conditions réalistes, les systèmes quantiques ouverts interagissent avec les environnements et la dynamique du système globale doit être unitaire. Toutefois, la dynamique des systèmes ouverts ne peut pas être décrite par des transformations unitaires en raison de leurs interactions avec les environnements. Mais, elle peut être décrite par les équations d’évolutions dans certaines circonstances. Dans le présent chapitre, nous avons introduit la dynamique des systèmes ouverts ainsi que l’équation de Schrödinger (ou von Neumann). Nous avons dérivé l’équation d’évolution via plusieurs approximations et nous avons discuté la représentation matricielle qui décrit les phénomènes de dissipation et de décohérence. Enfin, nous avons étudié les opérateurs de Kraus pour différents canaux quantiques. Cette approche est utilisée en théorie de l’information quantique et se généralise aisément aux systèmes multipartites. 50 Chapitre IV La monogamie des corrélations quantiques dans les systèmes multipartites 1 Introduction Dans un système multipartite, l’intrication peut être transférée d’une partie à une autre à travers un canal quantique [27]. Dans ce sens on dit que l’intrication est une ressource qui se partage entre les différentes parties. La distribution des corrélations quantiques au sein d’un système multipartite suit des restrictions assez sévères contrairement à la distribution des corrélations classiques. Ces restrictions ont conduit au concept de monogamie des corrélations quantiques. La monogamie de l’intrication a d’abord été proposée par Coffman, Kundu et Wootters [28] pour un système de trois qubits. Sur la base de ce cas à trois qubits, ils ont conjecturé la relation de monogamie pour un système de plusieurs qubits. La relation de monogamie de l’intrication stipulée par Coffman et al s’écrit EA/BC ≥ EA/B + EA/C , (IV.1) et lorsque l’intrication satisfait cette inégalité, elle est dite monogame. Dans l’équation (IV.1), EA/BC est l’intrication partagée entre A et le système composite B et C, et EA/B , EA/C désignent l’intrication partagée entre A et B et entre A et C respectivement. Il faut signaler que dans le travail de Coffman, Kundu et Wootters [28], la relation de 51 Chapitre IV. La monogamie des corrélations quantiques dans les systèmes multipartites monogamie pour trois qubits a été prouvée en utilisant la concurrence comme mesure des corrélations quantiques dans un système multipartite [88]. Cependant, d’autres mesures peuvent être utilisées pour quantifier les corrélations. Ceci sera discuté dans les chapitres qui viennent. Dans ce chapitre, nous allons introduire le concept de monogamie. Nous discutons quelques mesures d’intrication des systèmes, purs et mixtes à deux qubits. Nous discutons également l’évolution analytique de ces mesures pour des systèmes en basses dimensions afin de disposer des outils pour discuter leurs monogamies dans des états de type W et GHZ. Nous allons nous limiter aux mesures basées sur la concurrence, l’entropie linéaire et la notion de tangle. 2 Intrication dans un réseau et le concept de la monogamie d’intrication L’état bipartite partagé entre deux parties A et B est notée ρAB . C’est un opérateur de trace unité qui agit sur l’espace de Hilbert HA ⊗ HB , (IV.2) où HA , HB est l’espace de Hilbert pour les sous systèmes A et B respectivement. L’intrication est un élément clé de nombreux phénomènes quantiques. C’est une ressource non locale pour les tâches de l’information quantique. La communication de l’information classique est facile. Les opérations quantiques locales assistées pour la communication classique sont connues comme les opérations locales de communications classiques (OLCC). En théorie quantique, l’intrication est quantifiée par sa capacité de réaliser mieux que les opérations de communication classique. Par conséquent, un état bipartite est intriqué si et seulement s’il ne peut pas être préparé par OLCC entre les deux parties A et B. Cette définition d’un état intriqué est compatible avec notre intuition que l’intrication se réfère aux corrélations quantiques non-locales. Autrement dit, la communication classique ne peut pas générer des corrélations quantiques, et les opérations locales ne peuvent pas générer des corrélations non locales. Par conséquent, les OLCC ne peuvent pas générer de l’intrication. Pour cette raison, l’intrication doit être quantifiée par des fonctions qui n’augmentent pas sous les opérations locales. Les états qui peuvent être préparés par OLCC (c’est à dire les états avec une intrication nulle) sont les états séparables. Ils ont une forme particulière. Cette forme sera discutée dans ce qui va suivre. 52 IV.2 Intrication dans un réseau et le concept de la monogamie d’intrication Considérons deux parties A et B spatialement éloignés de sorte qu’on peut appliquer des opérations locales indépendantes. Il est clair que si les deux parties sont très éloignées l’une de l’autre, A peut préparer son système physique (local) dans un état σA et B peut préparer son système dans un état σB . Donc, le système physique conjoint composite de A et B est représenté par un état produit σA ⊗ σB . On considère maintenant une situation dans laquelle A et B peuvent préparer leurs systèmes (`) (`) physiques dans les états {σA } et {σB } respectivement selon une distribution de probabilité fixe p` . Ici ` est un entier qui fait une distinction entre les différents états. Si A et B "oublient" (ou perdent) les informations sur `, alors leur système physique composite est représenté par un état ρAB séparable qui est donné par ρAB = X (`) (`) p` σA ⊗ σB . (IV.3) ` N’importe quel état bipartite ρAB qui a la forme ci-dessus est appelé "un état séparable". Les mesures d’intrication (IV.1) sont des fonctions réelles non négatives sur l’espace des matrices densité (les états quantiques). Ils doivent satisfaire un certain nombre de conditions. Elles doivent être nulles pour les états séparables. La propriété la plus importante de la mesure de l’intrication est la monotonie. Cette propriété est essentielle vu que l’intrication (ou corrélation quantique) ne doit pas augmenter sous l’action d’une opération locale sur une partie du système globale. Aussi, il est naturel de savoir que si les différentes mesures de l’intrication sont monogames ou non. En fait, il y a seulement quelques mesures d’intrication qui sont monogames, c’est à dire qui ne violent pas la relation de la monogamie (IV.1). Il faut remarquer que la relation de monogamie fait intervenir des corrélations quantiques bipartites seulement bien qu’elle traite de trois qubits. En effet, dans cette relation la quantité EA/BC se réfère à la mesure de l’intrication entre A et le sous-système composite BC considéré comme un second sous-système. Ainsi, pour décider de la monogamie de la mesure E, la quantité EABC = EA/BC − EA/B − EA/C , (IV.4) doit être positive, lorsque E coïncide avec la concurrence de Wootters, cette différence est interprétée comme l’intrication tripartite [28]. On considère maintenant un système à trois qubits. L’expression général d’un état pur d’un système à trois qubits est donnée par |ψi = 1 X ψ1 ,2 ,3 |1 , 2 , 3 i , (IV.5) 1 ,2 ,3 =0 53 Chapitre IV. La monogamie des corrélations quantiques dans les systèmes multipartites où {|1 , 2 , 3 i ≡ |1 i ⊗ |2 i ⊗ |3 i} est la base de calcul pour les trois qubits. Supposons ensuite que les deux premiers qubits A et B, partagent un état qui est maximalement intriqué E |01i ± |10i ± √ ψ = . (IV.6) AB 2 E − est un état singulet. Si on identifie |0i et |1i avec les états d’un spin 21 , alors ψAB Si A et B partagent un singulet, alors l’état pur pour le système composite ABC est un produit tensoriel de l’état AB avec un qutrit C. Soit |ϕi ∈ C 2 l’état du qutrit C. L’état tripartite dans l’équation (IV.5) doit avoir la forme |ψ − iAB |ϕiC . Il est clair que si, A et B partagent un singulet alors l’état C est entièrement indépendant. La question est alors pourquoi l’état C doit être entièrement indépendant et pourquoi le qubit C ne peut pas aussi être maximalement intriqué avec A ? La réponse à cette question émerge le théorème de non clonage. Le théorème de non clonage est un résultat de la mécanique quantique qui interdit la création de copies identiques d’un état quantique arbitraire inconnue. Dans la figure (IV.1), on suppose que A et B partagent également un état à deux qubits maximalement intriqué. Alors A peut téléporter un état quantique inconnu à C. Figure IV.1 – Etat singulet de deux qubit et la monogamie du système de 3 qubits : si les sous systèmes A et B sont dans l’état singulet, il ne peut y avoir de partage d’intrication entre A et C, ni entre B et C. Si A et B partagent un état maximalement intriqué, même si l’une des deux parties partage n’importe quelle intrication que ce soit avec la troisième partie C, le théorème de non clonage est violé [89]. Par conséquent, la monogamie de l’intrication a son fondement dans la linéarité de la mécanique quantique. A ce niveau, nous allons discuter la saturation de l’inégalité (IV.1) et déterminer les états qui saturent les inégalités de la monogamie. Pour trois qubits, il existe deux types bien distincts d’états [24] : Les états de type W et de type GHZ. L’état à trois qubits de type W est défini par les opérations locales de communication classique |W i = |001i + |010i + |100i , 54 (IV.7) IV.2 Intrication dans un réseau et le concept de la monogamie d’intrication et l’état GHZ est de la forme [90] |GHZi = |000i + |111i . (IV.8) Il est important de noter que tout état pur à trois qubit peut être transformé sous des opérations locales en des états de type W et de type GHZ. Les corrélations quantiques restent intactes sous ces opérations locales. Dans l’espace de Hilbert d’un système de trois qubits, l’ensemble des états de type GHZ est deux tandis que l’ensemble relatif aux états W est de mesure nulle. De plus, on note qu’un état |GHZiABC présente la spécifié d’être maximalement intriqué dans les bipartitions (A/BC, AB/C et AC/B). D’un autre coté, les états W sont des états qui saturent la relation de monogamie comme nous allons le discuter dans ce qui va suivre. Il est également important de noter que les états de type W maximisent l’intrication bipartite moyenne dans un système à trois qubits. Pour illustrer cela, nous considérons l’état ρAB que l’on obtient en effectuant une trace sur le troisième qutrit C. La matrice densité réduite pour AB de l’état W s’écrit donc ρAB = trC |W i hW | 2 E D + 1 |00iAB h00| + ψ + ψ , = AB 3 3 (IV.9) A cause de la symétrie de permutation, les états ρBC et ρAC sont similaires. Quelle que soit la mesure d’intrication E choisie, il devrait être maximale pour l’état |ψ + i. Par convention, on prend E = 1 pour les états maximalement intriqués et E = 0 pour les états non intriqués. Par conséquent, l’intrication moyenne de la décomposition de ρAB en (IV.9) est donnée par 2 E D + 2 1 ψ ) = . (IV.10) E(ρAB ) = (E |00iAB h00|) + E(ψ + AB 3 3 3 Il est important de souligner que d’autres décompositions spectrales de la matrice ρAB sont possibles. La décomposition (IV.9) présente une intrication minimale [24] et par conséquent, on prend E(ρAB ) = 23 . En utilisant la symétrie de permutation, nous obtenons aussi E(ρAC ) = E(ρBC ) = 32 . Ainsi, l’intrication bipartite moyenne globale de l’état W à trois qubits est donnée par 1 2 [E(ρAB ) + E(ρBC ) + E(ρAC )] = , (IV.11) 3 3 qui est la valeur maximale possible pour un état mixte de trois qubit ρABC [24]. Afin d’examiner la relation de monogamie dans les états de type W et GHZ, nous allons discuter quelque mesures 55 Chapitre IV. La monogamie des corrélations quantiques dans les systèmes multipartites de l’intrication telles que la concurrence, l’entropie linéaire et la notion de tangle. 3 Mesures d’intrication bipartite Dans ce paragraphe, nous discutons quelques mesures des corrélations quantiques des systèmes purs et mixtes, à deux qubits. Nous discutons également l’évaluation analytique de ces mesures pour des systèmes en basses dimensions afin de disposer des outils pour discuter leurs monogamies dans des états de type W et GHZ. 3.1 Intrication des états purs bipartites Dans cette partie nous discutons comment quantifier l’intrication entre deux parties A et B qui partage un état pur ρAB = |ψiAB hψ|. Comme l’intrication ne peut pas augmenter sous une opération locale, elle doit rester inchangée sous l’opérateur inverse. Un opérateur locale peut être par exemple une rotation locale ou un opérateur unitaire local UA . L’état du système après la rotation locale agissent sur la partie A est UA ⊗ 1B |ψiAB . Plus généralement, étant donné deux matrices unitaires UA et UB , l’intrication de |ψiAB est la même que l’intrication de UA ⊗ UB |ψiAB . Pour les états purs, l’invariance par les opérations unitaires locaux implique que le degré d’intrication pour ρAB = |ψi hψ| peut être compris en termes d’entropie de son état réduit soit sur A ou sur B. L’état réduit d’un état bipartite, sur l’un des deux sous-systèmes A ou B, est donné par ρA(B) = T rB(A) ρAB . (IV.12) Plusieurs fonctions d’entropies classiques sont disponibles [91–95]. En effet, ces fonctions d’entropies peut être définies dans un cadre commun comme S(ρ) = tr[ρf (ρ)]. Chaque choix particulier de la fonction f conduit à une définition possible de l’entropie. En posant f (ρ) ≡ ρ, l’entropie linéaire est définie par Slin (ρA ) = 2(1 − trρ2A ), (IV.13) qui est exprimée en fonction de la pureté de l’état P = trρ2A . La pureté est maximale pour un état réduit pur ρA . Pour un qudit (système quantique de dimension d) sa valeur minimale vaut 1 pour l’état mixte ρA = d1 1A . d Pour illustrer cela, nous calculons la pureté de l’état réduit obtenu à partir de l’état singulet 56 IV.3 Mesures d’intrication bipartite |ψ − iAB de l’équation (IV.6). L’état ρA de cet état singulet prend la forme ρA = trB ψ − E D AB 1 1 ψ − = (|00iAB + |1iA h1|) = 1A . 2 2 (IV.14) L’état maximalement intriqué |ψ − iAB , se réduit alors à l’état mixte maximal 12 I sur l’un ou l’autre sous-système. La notion d’entropie linéaire et la pureté rendement compte de l’absence d’intrication dans l’état du produit |00iAB . En effet l’état réduit s’écrit ρA = T r(|00iAB h00|) = |0iA h0| , (IV.15) et l’entropie linéaire est nulle. La mesure d’entropie quantifie l’incertitude associée avec le spectre de ρ. En particulier, l’entropie linéaire s’annule si ρ est pur, et cette mesure atteint sa valeur maximale lorsque l’état réduit d’un état mixte est maximal. Il est clair que l’entropie linéaire peut constituer une mesure simple à évaluer pour quantifier l’intrication dans des états bipartites purs. On définit le tangle d’un état pur |ψiAB par τ (|ψiAB hψ|) := Slin (ρA ), (IV.16) en terme de l’entropie linéaire de la matrice de densité réduite ρA [88]. Dans le paragraphe suivant, nous généraliserons cette mesure au cas des états mixtes. 3.2 Intrication des états mixtes bipartites La notion de tangle discutée auparavant peut être prolongée au cas des états mixtes. Un état mixte bipartite peut être écrit comme la somme ρAB = X pi |ψi iAB hψi | . (IV.17) i Intuitivement l’état mixte ρAB est un mélange d’états purs {|ψi iAB , pi } , (IV.18) avec |ψi iAB est un état bipartite pur et pi sa probabilité. Cette décomposition n’est pas unique. Il existe d’autres mélanges possibles d’états purs. Si nous considérons l’état mixte comme un ensemble d’états purs, nous pouvons caractériser le tangle de l’état mixte comme une fonction de la collection d’éléments tangles dans l’ensemble. Ainsi, le tangle moyen dans l’ensemble 57 Chapitre IV. La monogamie des corrélations quantiques dans les systèmes multipartites {|ψi iAB , pi } est donné par X pi τ (|ψi iAB hψi |). (IV.19) i Comme la décomposition de ρAB dans l’ensemble d’états purs n’est pas unique, la valeur du tangle moyen dépend de l’ensemble sur lequel il est sélectionné. Pour illustrer cela et spécialement la possibilité d’avoir des valeurs différentes de la mesure tangle, nous allons considérer deux cas extrêmes. Le premier où la fonction tangle est nulle et le second avec une valeur égale à l’unité pour la mesure tangle pour l’état à deux qubits suivant 1 1 (IV.20) ρAB = 1AB = (|00iAB h00| + |01iAB h01| + |10iAB h10| + |11iAB h11|), 4 4 avec {|00iAB , |01iAB , |10iAB , |11iAB } est la base standard orthonormée "de calcul" pour le système de deux qubits AB. Le tangle moyen de la décomposition (IV.19) est trivialement nulle. Exprimé dans la base engendrée par les états de Bell {|ψ ± i , |φ± i := |00i ± |11i}, l’état mixte maximal (IV.20) peut être écrit comme 1 1 E D + − E D − + E D + − E D − ρAB = 1AB = (φ+ φ + φ φ + ψ ψ + ψ ψ ). AB AB AB AB 4 4 (IV.21) Puisque chaque état de Bell 1 est maximalement intriqué, donc le tangle moyen de cette décomposition est maximal. Il est clair que ce résultat est différent de celui obtenu avec la première décomposition. Le tangle moyen dépend fortement de l’ensemble de l’état pur ρAB . Pour pallier à ce problème résultant des différents décompositions spectrales de la densité ρAB , on définit la fonction tangle τ (ρAB ) en effectuant une minimisation sur l’ensemble des décompositions de ρAB . Elle est donnée par τ (ρAB ) := min X pi τ (|ψi iAB hψi |). (IV.23) i Beaucoup de mesures d’intrication pour les états mixtes bipartites utilisent cette procédure de minimisation [88, 94, 95]. Par exemple, l’intrication de formation d’un état mixte bipartite ρAB est [96] X Ef (ρAB ) := min pi SvN (ρiA ) avec ρiA := trB |ψi iAB hψi | , (IV.24) i 1 Un état de Bell diagonal est un état à deux qubit est diagonal dans la base de Bell. En d’autres termes, c’est un mélange de quatre états Bell. Il peut être écrit (IV.22) PI φ+ φ+ + Px ψ + ψ + + Py ψ − AB ψ − + Pz φ− AB φ− 58 IV.4 Monogamie de l’intrication dans les systèmes à trois qubit où la minimisation est effectuée sur toutes les décompositions de ρAB et la fonction SvN (ρ) = −trρ log ρ, (IV.25) est l’entropie de von Neumann de ρ [92]. Nous terminons cette discussion par présenter la formule de tangle de l’état mixte de deux qubit [53]. On définit ρeAB = (σy ⊗ σy )ρ∗AB (σy ⊗ σy ), (IV.26) 0 −i avec ρAB l’état de deux qubits, ρ∗AB son complexe conjugué σy = l’opérateur de i 0 Pauli. En désignant par {λi } l’ensemble des valeurs propres, par ordre décroissant, de l’opérateur hermitien q√ √ ρAB ρeAB ρAB , le tangle de ρAB est donné par [88] τ (ρAB ) = (λ1 − λ2 − λ3 − λ4 )2 , (IV.27) pour λ1 ≥ λ2 + λ3 + λ4 . Si cette dernière inégalité n’est pas satisfaite par les valeurs propres λ1 , λ2 , λ3 , λ4 , alors τ (ρAB ) = 0. 4 Monogamie de l’intrication dans les systèmes à trois qubit Nous allons discuter la monogamie des corrélations quantiques mesurées par la notion de tangle dans des états à trois qubits. Nous nous concentrons sur les états de type W et les états de type GHZ. 4.1 La monogamie de l’intrication des états W et états GHZ On considère un état pur général à 3 qubits |φiABC ∈ C2 ⊗ C2 ⊗ C2 , (IV.28) 59 Chapitre IV. La monogamie des corrélations quantiques dans les systèmes multipartites et on désigne son intrication bipartite par rapport aux trois bipartitions possibles par τA/BC , τB/AC , τC/AB . (IV.29) Nous définissons la valeur du tangle moyen par τ1 (|φiABC hφ|) = τA/BC + τB/AC + τC/AB . 3 (IV.30) Le tangle moyen τ1 est toujours positif et pour des systèmes à trois qubits, le tangle ne peut pas être supérieur à l’unité. Cette valeur maximale est obtenue par l’état GHZ, c’est à dire τ1 (|GHZiABC hGHZ|) = 1. (IV.31) D’autre part, on définit une seconde mesure pour le tangle de trois qubits. Cette mesure, notée par τ2 , est basée sur la notion de tangle de deux qubits inhérent à un état de trois qubit |φiABC . Explicitement, elle est donnée par τ2 (|φiABC hφ|) = τA/B + τB/C + τA/C , 3 (IV.32) où τA/B (idem pour τB/C et τA/C ) désigne τ (ρAB ) où ρAB (idem ρBC et ρAC ) est la matrice de densité réduite de deux qubits obtenue à partir de |φiABC . Pour l’état GHZ τ2 (|GHZiABC hGHZ|) = 0, (IV.33) car chaque matrice de densité réduite de deux qubit dans |GHZiABC est séparable. Il est intéressant de noter l’inégalité suivante 1 = τ1 (|GHZiABC hGHZ|) > τ2 (|GHZiABC hGHZ|) = 0. (IV.34) Cette inégalité entre τ1 et τ2 est toujours valable pour tout état pur arbitraire de trois qubit |φiABC . On a τ1 (|φiABC hφ|) ≥ τ2 (|φiABC hφ|). (IV.35) L’inégalité (IV.35) fournit une limite supérieure pour l’intrication de deux qubits, qui partage simultanément τ2 (|φiABC hφ|) en termes de τ1 (|φiABC hφ|) pour un état de trois qubits |φiABC . Cependant, cette inégalité n’est jamais saturée par un état intriqué de trois qubits : son égalité détient seulement si |φiABC est un état de produit à trois parties. 60 IV.4 Monogamie de l’intrication dans les systèmes à trois qubit Le tangle moyen τ2 (|φiABC hφ|) dans (IV.35) est maximal pour l’état W , et on a 4 τ2 (|φiABC hφ|) ≤ τ2 (|W iABC hW |) = . 9 (IV.36) Cette limite supérieure résulte de la formule fermée donnée dans l’équation (IV.27) pour le tangle entre deux qubits dans un état mixte et révèle la nature mutuellement exclusive de la monogamie de l’état mixte dans les systèmes quantiques tripartites. Dans un système de trois qubits, si l’intrication entre deux parties augmente, alors l’intrication entre les autres parties doit diminuer tel que la somme de tout les intrications de deux qubits possible ne doit pas dépasser la limite supérieure. Les états de type W ont la forme |φiABC = a |100iABC + b |010iABC + |001iABC , (IV.37) où a, b, c ∈ C avec |a|2 + |b|2 + |c|2 = 1. L’état W est un cas particulier dans lequel a = b = c = √ 1/ 3. Pour les états de type W , en utilisant l’expression du tangle définit par (IV.27), il est facile de voir que τA/BC = τA/B + τA/C . (IV.38) Autrement dit, les états de type W saturent la relation de la monogamie. Par conséquent, cette égalité implique aussi pour un état W de trois qubit de la forme |φiABC , nous avons τ1 (|φiABC hφ|) = 2τ2 (|φiABC hφ|). (IV.39) A ce niveau, il faut signaler que la première caractérisation du concept de monogamie des corrélations quantiques a été formulée dans la littérature par l’équation (IV.38). Spécifiquement Coffman, Kundu et Wootters ont montré que τA/BC ≥ τA/B + τA/C , (IV.40) pour tout état à trois qubits [28]. Cette inégalité est représentée schématiquement sur la figure suivante 61 Chapitre IV. La monogamie des corrélations quantiques dans les systèmes multipartites Figure IV.2 – Caractérisation de l’intrication bipartite partagée dans les systèmes à trois qubits : l’inégalité Coffman, Kundu et Wootters. Dans le paragraphe suivant, nous discuterons l’inégalité Coffman, kaundu et Wotters pour des états mixtes de trois qubits et plus. 4.2 La monogamie de l’intrication pour des états mixtes de trois qubits et plus Considérons un état mixte de trois qubits de la forme suivante ρABC = X pi |ψi iABC hψi | . (IV.41) i Supposons que {pi , |ψi iABC } est la décomposition optimale minimisant le tangle moyen de ρABC par rapport à la bipartition A/BC entre les sous systèmes A et BC. Autrement dit τA/BC (ρABC ) = X pi τA/BC (|ψi iABC hψi |). (IV.42) i Comme chaque |ψi iABC dans la décomposition est un état pur de trois qubits, il satisfait l’inégalité de la monogamie (IV.2). Ainsi, pour chaque i, τA/BC (|ψi iABC hψi |) ≥ τ (ρiAB ) + τ (ρiAC ), (IV.43) avec ρiAB et ρiAC sont les matrices de densité réduite de |ψi iABC sur les sous-systèmes AB et AC, respectivement. L’inégalité de la monogamie (IV.43) et l’équation (IV.42) conduisent à τA/BC ≥ τ (ρAB ) + τ (ρAC ) 62 (IV.44) IV.5 Conclusion Pour un système avec un nombre arbitraire de qubits, l’inégalité (IV.44) devient τ (ρA1 /A2 .......An ) ≥ τ (ρA1 A2 ) + ..... + τ (ρA1 An ), (IV.45) Pour n’importe quel état mixte de n qubits ρA1 A2 .......An où ρA1 Ai désigne la matrice densité réduite agissant sur les sous-systèmes A1 Ai pour i = 2..., n. 5 Conclusion Dans ce chapitre, nous avons commencé par une introduction de l’intrication et la monogamie d’intrication pour des cas simples. Nous avons examiné la relation de monogamie dans les états de type W et GHZ. Nous avons aussi défini les mesures d’intrication bipartites pour les deux états purs et mixtes. Nous avons évalué ces mesures pour des systèmes en basse dimension afin de disposer des outils pour discuter leurs monogamies. Nous avons aussi mis en évidence les différentes approches pour traiter la monogamie d’intrication ainsi que les principaux défis dans le domaine. Enfin nous avons étudié la monogamie d’intrication et la notion de tangle moyen dans des états à trois qubit. 63 Chapitre IV. La monogamie des corrélations quantiques dans les systèmes multipartites 64 Chapitre V La dynamique des corrélations quantiques des états chat de Bell 1 Introduction L’idée de coder de l’information dans des états cohérents multiphotoniques constitue un outil prometteur dans le domaine de l’information quantique. En effet, les superpositions des états cohérents ont été utilisés comme ressources pour réaliser des protocoles quantiques comme la téléportation [97, 98], le calcul quantique [99–101] et pour la correction d’erreurs quantiques [102]. Ces applications expliquent l’attention particulière accordée, à l’identification, la caractérisation et la quantification des corrélations quantiques dans les systèmes bipartites préparés dans des états cohérents (voir par exemple les travaux [103–105]). Pour quantifier les corrélations quantiques au-delà de l’intrication, dans les systèmes des états cohérents, des mesures telles que la discorde quantique [106, 107] [66, 67, 109–113] et sa variante géométrique [108] [114–117] ont été utilisées. D’autre part, la décohérence est un processus crucial pour comprendre l’émergence de classicisme dans les systèmes quantiques. Il décrit l’interaction entre le système et son environnement. Pour un qubit optique codé dans un état cohérent, l’influence de l’environnement est principalement due à la perte d’énergie. L’amortissement de l’amplitude peut être modélisée en supposant qu’une partie d’énergie et de l’information est perdue après la transmission à travers un diviseur de faisceau [112, 118]. Une autre question importante dans l’analyse du processus de décohérence concerne la distribution des corrélations quantiques entre les états cohérents 65 Chapitre V. La dynamique des corrélations quantiques des états chat de Bell bipartites et l’environnement. Il s’en suit que, l’étude de la distribution des corrélations quantiques obéit à de sévères restrictions. Ces restrictions sont connues dans la littérature comme la propriété de la monogamie. Le concept de la monogamie d’intrication pour les qubits a été introduit par Coffman, Kundu et Wooters en 2001 [28]. Depuis lors, il a été étendu à d’autres mesures de corrélations quantiques [119–123]. Pour un système tripartite ABE, la relation de la monogamie s’écrit QA|BE ≥ QA|B + QA|E , (V.1) où QA|BE est la corrélation entre A et le sous-système BE et QA|B (reps. QA|E ) est la corrélation entre A et B (resp A et E). Dans ce chapitre, on s’intéresse à l’évolution des corrélations quantiques présentes dans les états chat de Bell. Ces états sont des états cohérents de deux modes du champ électromagnétique. Nous étudierons la distribution des corrélations quantiques entre les états chat de Bell à deux modes et de l’environnement. Pour approcher cette question, nous utiliserons les mesures bipartites : intrication de formation, la discorde quantique et sa variante géométrique. 2 Etats de type Bell en termes des états de Glauber En général, les états de type Bell se composent de quatre états orthogonaux [124]. Cependant, les quatre états intriqués basés sur les états non orthogonaux sont appelés les états chat de Bell. Prenons les états cohérents d’un mode bosonique |αi et |−αi [125]. Les états |αi et |−αi sont les états de Glauber de l’oscillateur harmonique quantique. Les états de type Bell sont définis, pour un système bipartite AB, comme |ψ1 iAB = h1 (|αiA |αiB + |−αiA |−αiB ), (V.2) |ψ2 iAB = h2 (|αiA |αiB − |−αiA |−αiB ), (V.3) |ψ3 iAB = h3 (|αiA |−αiB + |−αiA |αiB ), (V.4) |ψ4 iAB = h4 (|αiA |−αiB − |−αiA |αiB ), (V.5) où les facteurs de normalisation hi (i = 1, 2, 3, 4) sont donnés par 1 h1 = h3 = q , 2(1 + p2 ) h2 = h4 = q avec p = hα |−αi 66 1 2(1 − p2 ) , V.3 Mécanisme de perte de photon pour un état chat de Bell L’expression des états cohérents de Glauber est |αi = e − |α|2 2 ∞ X αn √ |ni , n! n=0 (V.6) où |ni est un état de Fock et α l’amplitude complexe de l’état cohérent. Les quatre états chat de Bell introduits ci-dessus se résument comme −1 |α, ±α, mi = Nm 2 (|α, ±αi + eimπ |−α, ±αi), (V.7) où Nm est le facteur de normalisation défini par 2 Nm = (2 + 2e−4|α| cos mπ) avec m = 0, 1(mod 2) est un nombre entier. Cette réécriture est pratique dans ce qui va suivre. On note que les états de type Bell à deux modes peuvent être exprimés comme deux qubits logiques (des états cohérents pairs et impairs) qui représentent une superpositions des deux états de Glauber de même amplitude et phase opposée. Ces deux qubits logique sont |±i = N± (|αi ± |−αi), (V.8) avec |+i et |−i sont les états pairs et impairs respectivement. Ils forment une base orthogonale de l’espace de Hilbert. Les états cohérents de Glauber pairs et impairs jouent un rôle important à l’échelle des corrélations des états de type Bell non orthogonaux. La production expérimentale de ces états est possible. Par exemple l’état |α, α; 0i peut être produit par l’envoi d’un état de √ √ la forme | 2αi + | − 2αi et le vide dans les deux ports d’entrée d’un diviseur de faisceau 50/50. Clairement, la génération des états de type Bell exige une source des états cohérents bidimensionnelle dite états chats de Schrödinger. Il est intéressant de noter que les états de type Bell pourraient être utilisés avec succès pour la téléportation quantique et dans beaucoup d’autres domaines relatifs au traitement quantique de l’information [126]. 3 Mécanisme de perte de photon pour un état chat de Bell La description du mécanisme de perte de photon, également appelé l’amortissement de l’amplitude, peut être modéliser par l’action d’un diviseur de faisceau. Le diviseur de faisceau 67 Chapitre V. La dynamique des corrélations quantiques des états chat de Bell offre une façon simple d’explorer la nature quantique de champ électromagnétique à travers des expériences simples. L’étude des états intriqués a rétabli l’intérêt pour ce dispositif. Beaucoup d’auteurs ont examiné le comportement des états quantiques lors de leur passage à travers un diviseur de faisceau [127, 128]. Récemment, un réseau quantique des séparateurs de faisceaux a été utilisé pour créer les états intriqués multi-partites avec des variables continues [129] et aussi les états cohérents intriqués multi-partites [130]. On considère un système de deux qubits AB (les états de type Bell à deux modes) en interaction avec un environnement E. L’état initial est donné par ρABE (0) = ρAB (0) ⊗ ρE (0), (V.9) où ρAB (0) = |α, ±α; miAB AB hα, ±α; m| , ρE (0) = |0iE E h0| . (V.10) La dynamique du système est unitaire. Elle est définie par ρABE = U ρABE (0)U † . (V.11) Deux cas peuvent être envisagés. Le premier cas correspond au cas où les deux qubits intéragient seulement avec leurs environnements locaux et le deuxième cas concerne la situation où un seul qubit est affecté par son environnement local. Ici, nous considérerons le cas où le deuxième mode d’états chat de Bell interagit avec l’environnement. Dans ce sens, nous écrivons l’opérateur unitaire décrivant l’évolution dynamique de l’ensemble du système comme U = I ⊗ B(θ), (V.12) où I est l’opérateur identité, B(θ) c’est l’opérateur décrivant l’action d’un diviseur de faisceau voir figure(V.1) qui peut produire de l’intrication quantique. L’opérateur B(θ) qui décrit l’interaction entre le sous-système B et de l’environnement E est donné par θ + + − B(θ) = exp[ (a− B aE − aB aE )]. 2 (V.13) − Les objets a+ L et aL (L = B, E) sont les opérateurs d’échelles de l’oscillateur harmonique habituel agissant sur les modes de Fock des sous-systèmes B et E. Les coefficients de réflexion et transmission sont θ θ t = cos , r = sin . (V.14) 2 2 68 V.3 Mécanisme de perte de photon pour un état chat de Bell Figure V.1 – Schéma d’un diviseur de faisceau. Le diviseur de faisceau modélise la dégradation de la corrélation quantique qui est transmise avec un facteur t = e−λL (qui peut être liée à la perte d’énergie d’une fibre optique), où λ c’est le coefficient de perte de la fibre sur une distance de transmission L. L’évolution dynamique du système sous l’action d’un diviseur de faisceau s’écrite alors comme ρABE = (I ⊗ B(θ))ρABE (0)(I ⊗ B(θ))† , = (I ⊗ B(θ))ρAB (0) ⊗ ρE (0)(I ⊗ B(θ))† , = (I ⊗ B(θ)) |α, ±α; miAB AB hα, ±α; m| ⊗ |0iE E h0| (I ⊗ B(θ))† , Il est simple de vérifier que le système total est décrit par la matrice densité ρABE = 1 (|α, ±αt, ±αri hα, ±αt, ±αr| + eimπ |−α, ∓αt, ∓αri hα, ±αt, ±αr| Nm + |−α, ∓αt, ∓αri h−α, ∓αt, ∓αr| + e−imπ |α, ±αt, ±αri h−α, ∓αt, ∓αr|). (V.15) l’état ρABE est pur. Puisque nous nous intéressons à la distribution des corrélations quantiques dans ce système, on effectue une trace sur tous les modes de l’environnement. Nous obtenons 1 Nm (t) 1 [ (1+Cr ) |α, ±αt; mi hα, ±αt; m|+ (1−Cr )Z |α, ±αt; mi hα, ±αt; m| Z], Nm 2 2 (V.16) −2r2 |α|2 où la quantité Cr = e et les états |α, ±αt; mi sont définis par ρAB = T rE (ρABE ) = |α, ±αt; mi = q 1 (|α, ±αti + eimπ |−α, ∓αti). (V.17) Nm (t) 69 Chapitre V. La dynamique des corrélations quantiques des états chat de Bell Dans cette dernière équation le facteur de normalisation est 2 )|α|2 Nm (t) = 2(1 + e−2(1+t cos mπ). (V.18) Dans (V.16) l’opérateur de Pauli Z est défini par 1 (|α, ±αti − eimπ |−α, ∓αti). Z |α, ±αt; mi = q Nm (t) (V.19) De même façon, nous effectuons une trace sur les modes du sous-système B pour obtenir la matrice du sous-système AE. Elle est donnée par 1 Nm (r) 1 [ (1+Ct ) |α, ±αr; mi hα, ±αr; m|+ (1−Ct )Z |α, ±αr; mi hα, ±αr; m| Z], Nm 2 2 (V.20) où Nm (r), Ct et l’opération Z sont définis par des équations similaires à (V.18) et (V.19) modulo la substitution t ↔ r (t + r = 1). On peut aussi vérifier que l’état réduit ρBE = T rA (ρABE ) est donné par ρAE = T rB (ρABE ) = Nm (0) 1 1 [ (1 + C1 ) |αt, ±αr; mi hαt, ±αr; m| + (1 − C1 )Z |αt, ±αr; mi hαt, ±αr; m| Z]]. Nm 2 2 (V.21) où Nm (0) = Nm (t = 0) et ρBE = |αt, ±αr; mi = √ 1 (|αt, ±αri + eimπ |−αt, ∓αri) Nm (V.22) Après avoir exprimé les matrices densités réduites des différents sous-composants du système des états chat de Bell couplés à l’environnement, nous allons considérer la distribution des corrélations quantiques entre eux et analyser la relation de la monogamie. 4 Intrication de formation Avant de discuter la monogamie de l’intrication mesurée par la concurrence et l’intrication de formation [131], nous allons d’abord dériver les expressions explicites de l’intrication de formation dans les états ρAB , ρAE et ρA/BE . Pour cela, nous allons coder chacun des soussystèmes bipartites dans une paire de deux qubits logiques que nous avons déjà mentionné dans la section précédente (les états cohérents pairs et impairs). 70 V.4 Intrication de formation 4.1 Concurrence et intrication de formation En utilisant les résultats de la section précédente, la densité résultante ρAB (voir équation V.16) est ρAB = 1 Nm (t) 1 [ (1+Cr ) |α, ±αt; mi hα, ±αt; m|+ (1−Cr )Z |α, ±αt; mi hα, ±αt; m| Z]. (V.23) Nm 2 2 Pour étudier les corrélations quantiques entre les modes A et B, un codage dans des qubits est nécessaire. Il est introduit de la façon suivante. Pour le premier mode A, nous introduisons une base à deux dimensions engendrée par les vecteurs |uα i et |vα i définis par |αi = aα |uα i + bα |vα i |−αi = aα |uα i − bα |vα i (V.24) où |aα |2 + |bα |2 = 1 et |aα |2 − |bα |2 = h−α |αi . (V.25) Pour simplifier les calculs, nous prenons aα et bα réels tels que s aα = 1+p 2 s bα = 1−p 2 2 avec p = h−α |αi = e−2|α| . De même, pour le deuxième mode B, nous introduisons aussi une base à deux dimensions engendrée par les vecteurs |uαt i et |vαt i définis comme |αti = aαt |uαt i + bαt |vαt i |−αti = aαt |uαt i − bαt |vαt i (V.26) La matrice densité (V.16) peut être rédigée sous la forme matricielle suivante (1 + qr )a2α a2αt 0 0 (1 + qr )aα aαt bα bαt 2 2 0 (1 − qr )aα bαt (1 − qr )aα aαt bα bαt 0 2 ρAB = m 2 2 N (Bα,±α ) 0 (1 − qr )aα aαt bα bαt (1 − qr )bα aαt 0 (1 + qr )aα aαt bα bαt 0 0 (1 + qr )b2α b2αt (V.27) dans la base engendrée par les états produits de deux qubits |1i = |uα iA ⊗ |uαt iB |2i = |uα iA ⊗ |vαt iB |3i = |vα iA ⊗ |uαt iB |4i = |vα iA ⊗ |vαt iB . 71 Chapitre V. La dynamique des corrélations quantiques des états chat de Bell Dans la matrice densité ρAB , la quantité qr est définie par qr = cr cos(mπ). En adaptant la formule qui conduit à la concurrence de Wootters, nous obtenons q √ 1 − p2 1 − p2t2 , C(ρAB ) = p 1 + p2 cos mπ r2 (V.28) qui coïncide avec la concurrence des états chat de Bell Bell |α, ±α; mi lorsque t = 1. Il en résulte que l’intrication de formation pour l’état ρAB est 1 1 + E(ρAB ) = H 2 2 q 1 + 2p2 cos mπ + p2r2 (p2 − 1) 1 + p2 cos mπ ! (V.29) où H(x) = −x log2 x − (1 − x) log2 (1 − x) est l’entropie binaire. Nous faisons remarque que la densité réduite ρAE peut être obtenue à partir de la matrice densité ρAB en changeant les rôles des paramètres de transmission t et de réflexion r. Il s’en suit que, l’état ρAE peut être exprimé en termes de deux qubits logiques de façon analogue au schéma réalisé pour le système AB. Ensuite, il est facile de voir que la concurrence est donnée q √ 1 − p2 1 − p2r2 , C(ρAE ) = p 1 + p2 cos mπ t2 (V.30) et par conséquent l’intrication de formation s’écrit comme 1 1 E(ρAE ) = H + 2 2 q 1 + 2p2 cos mπ + p2t2 (p2 − 1) . 1 + p2 cos mπ ! (V.31) Enfin, le système pur ABE peut être divisé en deux sous-systèmes A et BE. Pour le premier mode A, nous considérons la base à deux dimensions engendrée par les vecteurs |uα i et |vα i définie par l’équation (V.24). Pour le sous-système BE, nous introduisons deux qubits logiques |0i et |1i comme suit | ± αt, ±αri = aα |0i + bα |1i où aα et bα sont donnés par √ aα = 72 1+p √ 2 | ∓ αt, ∓αri = aα |0i − bα |1i, √ bα = 1−p √ . 2 (V.32) V.4 Intrication de formation Il en résulte que, pour m = 0 (mod 2), nous avons ρA|BE = 4 N0 a4α 0 0 2 2 aα b α 0 a2α b2α 0 0 0 0 0 b4α 0 0 0 0 , (V.33) et pour m = 1 (mod 2), l’état ρA|BE est donnée par ρA|BE 4a2 b2 = α α N1 0 0 0 0 0 1 1 0 0 1 1 0 0 0 0 0 , (V.34) dans la base {|uα , 0i, |uα , 1i, |vα , 0i, |vα , 1i}. La concurrence et l’intrication de formation sont donnés par 1 − p2 , (V.35) C(ρA|BE ) = 1 + p2 cos mπ 1 1 p cos mπ 2 + . E(ρA|BE ) = H 2 2 1 + p2 cos mπ ! 4.2 (V.36) La monogamie de la concurrence et l’intrication de formation La monogamie d’intrication a été introduite par Coffman, Kundu et Wootters [28] pour un système à trois qubits. Le concept de monogamie a été généralisé à un système de N qubits. Cette relation fait intervenir les concurrences bipartites au sein du système global. Elle est donnée par 2 2 2 2 2 ≥ C12 + C13 + C14 .....C1N . (V.37) C1/23...N Cette relation nous dit qu’une particule (particule 1) ne peut pas partager librement l’intrication avec d’autres qubits. Pour un système à trois qubits A, B et E, la monogamie peut être définie par τA,B,E = C 2 (ρA|BE ) − C 2 (ρAB ) − C 2 (ρAE ). (V.38) En utilisant les résultats (V.35),(V.30) et(V.28), nous obtenons 2 τA,B,E 2 (1 + p2 ) − (p2r + p2t ) = (1 − p ) . (1 + p2 cos mπ)2 2 (V.39) 73 Chapitre V. La dynamique des corrélations quantiques des états chat de Bell Dans les figures (V.2) et (V.3), correspondant respectivement aux états chat de Bell symétriques et anti-symétriques, nous traçons τA,B,E en fonction de p et t2 . Il est clair que τA,B,E est toujours positive et donc la condition de la monogamie est satisfaite. Ceci traduit la monogamie de la concurrence dans le système AB couplé à l’environnement E. Figure V.2 – Variation τA,B,E en fonction du paramètre de recouvrement p et le coefficient t2 pour m = 0. Figure V.3 – Variation τA,B,E en fonction du paramètre de recouvrement p et le coefficient t2 pour m = 1. En particulier, lorsque l’effet de la décohérence est modélisé par un diviseur de faisceau 50/50 (c’est à dire que r2 = t2 = 21 ), on obtient τA,B,E (m = 0) = 74 (1 − p2 )(1 − p)2 . (1 + p2 )2 (V.40) V.4 Intrication de formation Pour les états chat de Bell symétriques, et pour les anti-symétriques, nous avons τA,B,E (m = 1) = 1−p 1+p (V.41) Clairement, dans les deux cas τA,B,E est toujours positive en accord avec les résultats reportés dans les figures (V.2) et (V.3). A la limite, p −→ 0 (resp. p −→ 1), on peut vérifier que la monogamie τA,B,E = 1 (resp. τA,B,E = 0). Il y a lieu de noter que la monogamie d’intrication de formation est une quantité positive. EA,B,E ≡ EA,B,E (t2 , p) = E(ρA|BE ) − E(ρAB ) − E(ρAE ). (V.42) D’après les équations (V.29),(V.31) et (V.36), on trouve que EA,B,E (t2 , p) = EA,B,E (r2 = 1 − t2 , p). (V.43) Dans ce qui va suivre, nous limiterons notre discussion à un coefficient de transmission 0 ≤ t2 ≤ 0.5. Le comportement de la fonction E = EA,B,E est reportée dans les figures (V.4) et (V.5) pour les états chat de Bell pair (m = 0). Il est symétrique pour t2 = 21 . La figure (V.4) montre que la fonction EA,B,E n’est pas toujours positive pour les états chat de Bell qui sont symétriques et l’intrication de formation ne satisfait pas la relation de la monogamie pour les petites valeur de t2 . Pour voir clairement cette caractéristique, nous reportons la figure (V.5), la quantité EA,B,E pour les coefficients de transmission t2 prenant des valeurs entre 0.0125 et 0.2. La figure (V.5) révèle que pour t2 ≤ 0.025, la relation de la monogamie est violée pour les états chat de Bell impliquant d’états cohérents de Glauber ayant un paramètre de recouvrement tel que 0 ≤ p ≤ 0.4. Figure V.4 – E = EA,B,E en fonction du p et t2 pour m = 0. 75 Chapitre V. La dynamique des corrélations quantiques des états chat de Bell Figure V.5 – E = EA,B,E en fonction du p pour les petites valeurs de t2 lorsque m = 0. Pour les états chat de Bell impair (m = 1), la fonction E = EA,B,E est reportée sur la figure (V.6). Cette figure montre que la fonction diminue rapidement de l’unité pour disparaître lorsque p ' 0.33 quelque soit la valeur du paramètre de transmission t2 . Il s’en suit que pour 0 ≤ p ≤ 0.33 l’intrication de formation est monogame. La fonction E = EA,B,E devient négative et l’inégalité de la monogamie est satisfaite pour 0.33 ≤ p ≤ 1. Figure V.6 – E = EA,B,E en fonction du p et t2 pour m = 1. 76 V.5 Discorde quantique 5 5.1 Discorde quantique la discorde quantique et la relation de Koashi-Winter Dans le chapitre II, nous avons introduit la définition de la discorde quantique. Cette quantité est définie comme la corrélation totale et la corrélation classique [64] D(ρAB ) = I(ρAB ) − J(ρAB ) = S(ρA ) + Semin − S(ρAB ). (V.44) La valeur minimale de l’entropie conditionnelle est exactement donnée par l’intrication de formation E(ρBC ) de l’état ρBC qui est le complément de la matrice densité ρAB . Cette relation a été établit par Koashi-Winter [65]. Nous avons alors ! Semin 1 1q + 1 − |C(ρBC )|2 , = E(ρBC ) = H 2 2 (V.45) une relation entre la corrélation classique d’un état bipartite ρAB et l’intrication de formation de son complément ρBC . Cette connexion nécessite une purification de l’état ρAB par un qubit C et fournit un algorithme explicite pour déterminer la discorde quantique pour un état mixte à deux qubits de rang 2. 5.2 Calcul analytique de la discorde quantique Pour évaluer la discorde quantique dans l’état (V.16), nous calculons d’abord l’information mutuelle I(ρAB ). Les valeurs propres de la matrice densité ρAB de rang de deux qubits sont données par 2 2 (1 ± pr cos mπ)(1 ± pt +1 ) AB , (V.46) λ± = 2 + 2p2 cos mπ et l’entropie conjointe est AB AB AB S(ρAB ) = −λAB + log2 λ+ − λ− log2 λ− . (V.47) L’information mutuelle quantique prend alors la forme suivante I(ρAB ) = S(ρA ) + S(ρB ) + X λAB log2 λAB j j , (V.48) j=+,− 77 Chapitre V. La dynamique des corrélations quantiques des états chat de Bell où ρA et ρB sont les états marginaux de ρAB avec B B B S(ρB ) = −λB + log2 λ+ − λ− log2 λ− A A A S(ρA ) = −λA + log2 λ+ − λ− log2 λ− où λA ± 1 1 ± p cos mπ = (1 ± p) 2 1 + p2 cos mπ (V.49) 2 λB ± r +1 1 cos mπ 2 1 ± p = (1 ± pt ) . 2 2 2 + 2p cos mπ (V.50) En reportant les résultats (V.49) dans (V.48), l’information mutuelle quantique s’écrit B AB I(ρAB ) = H(λA + ) + H(λ+ ) − H(λ+ ). (V.51) Pour calculer la forme explicite de la corrélation classique J(ρAB ), nous utilisons la décomposition sepectrale de la matrice ρAB AB ρAB = λAB + |ψ+ ihψ+ | + λ− |ψ− ihψ− |, (V.52) où les valeurs propres λAB ± sont données par (V.46) et les états propres |ψ± i sont 1 |ψ+ i = q (aα aαt |uα , uαt i + bα bαt |vα , vαt i) a2α a2αt + b2α b2αt 1 |ψ− i = q (aα bαt |uα , vαt i + bα aαt |vα , vαt i). a2α b2αt + b2α a2αt (V.53) En attachant un qubit C au système bipartite ρAB , nous écrivons la purification de ρAB comme |ψi = q λAB + |ψ+ i ⊗ |uα i + q λAB − |ψ− i ⊗ |vα i (V.54) de telle sorte que l’ensemble du système ABC est décrit par l’état pur de densité ρABC = |ψihψ| pour que ρAB = TrC ρABC et ρBC = TrA ρABC . La relation de Koashi-Winter simplifie le processus de minimisation d’entropie conditionnelle et la quantité minimale d’entropie conditionnelle coïncide avec l’intrication de formation de ρBC . Donc, l’intrication de formation de l’état ρBC est ! 1 1q e 2 Smin = E(ρBC ) = H + 1 − |C(ρBC )| , (V.55) 2 2 où q C(ρBC ) = 78 p2 (1 − p2r2 )(1 − p2t2 ) . (1 + p2 cos mπ) (V.56) V.5 Discorde quantique On note que ce résultat peut être obtenu par la procédure de minimisation présenté dans [67](voir aussi [68]). En utilisant la définition de la corrélation classique donnée par J(ρAB ) = max S(ρB ) − X M e pB k S(ρBk ) = S(ρB ) − Smin , (V.57) k nous obtenons r2 +1 J(ρAB ) = H 1 cos mπ 2 1 + p (1 + pt ) 2 4 1 + p cos mπ ! −H v ! u 2r2 2t2 1u t1 − p2 (1 − p )(1 − p ) , 1 + 2 2 (1 + p2 cos mπ)2 (V.58) Finalement en utilisant l’équation (V.44), l’expression explicite de la discorde quantique s’écrit 1 + p 1 + p cos mπ D(ρAB ) = H 2 1 + p2 cos mπ +H ! 2 2 +1 (1 + pr cos mπ)(1 + pt −H 2 + 2p2 cos mπ ) ! v ! u 2r2 2t2 1u t1 − p2 (1 − p )(1 − p ) 1 + 2 2 (V.59) (1 + p2 cos mπ)2 Nous notons que pour r = 0, les états ρAB se réduisent à des états purs de type Bell (V.7) et la discorde quantique (V.59) donne ! 1 + p 1 + p cos mπ , D(|α, ±α; mi) = H 2 1 + p2 cos mπ (V.60) qui coïncide avec l’intrication de formation, des état de type Bell donnée par ! 1 1q E(|α, ±α; mi) = H + 1 − |C(|α, ±α; mi)|2 , 2 2 (V.61) où la concurrence est donnée par C(|α, ±α; mi) = 1 − p2 . 1 + p2 cos mπ (V.62) La discorde quantique présente dans l’état bipartite ρAE peut être simplement obtenue à partir de l’équation (V.59) en changeant r par t. Nous avons donc l’expression suivante 1 + p 1 + p cos mπ D(ρAE ) = H 2 1 + p2 cos mπ +H ! 2 (1 + pt cos mπ)(1 + pr −H 2 + 2p2 cos mπ v ! u 2r2 )(1 − p2t2 ) 1u (1 − p t1 − p2 1 + 2 2 (1 + p2 cos mπ)2 2 +1 ) ! (V.63) 79 Chapitre V. La dynamique des corrélations quantiques des états chat de Bell L’état ρA|BE est pur et la discorde quantique coïncide avec l’intrication de formation D(ρA|BE ) = E(ρA|BE ) (V.64) où E(ρA|BE ) est donnée par la formule (V.36). 5.3 La monogamie de la discorde quantique Dans la section précédente, nous avons présenté la monogamie de la concurrence et de l’intrication de formation. De façon similaire, nous examinons la monogamie de la discorde quantique en évaluant la quantité DA,B,E = D(ρA|BE ) − D(ρAB ) − D(ρAE ), (V.65) qui définie comme étant la différence entre D(ρA|BE ) et la somme D(ρAB ) + D(ρAE ). Pour les états chat de Bell symétriques (m = 0), les résultats numériques présentes dans les figures (V.7) et (V.8) montre que la discorde quantique est monogame quelque soit la valeur du paramètre de réflexion r et de recouvrement p. Pour un diviseur de faisceau 50/50, le comportement de la quantité DA,B,E est donné dans la figure (V.8). Il indique que DA,B,E est maximale pour p = 0 et il diminu pour atteindre une valeur minimale pour p = 0, 5 et croit lentement ensuite. Figure V.7 – D = DA,B,E en fonction du paramètre de recouvrement p et le coefficient de réflexion r2 pour m = 0. 80 V.5 Discorde quantique Figure V.8 – D = DA,B,E en fonction du paramètre de recouvrement p pour t2 = 1 2 et m = 0. Pour les états chat de Bell antisymétriques (m = 1), la monogamie est violée lorsque le paramètre de recouvrement p s’approche de l’unité (voir figures (V.9) et (V.10)). Cette variation est clairement illustré dans la figure (V.10) où t2 = 1/2. La fonction D = DA,B,E devient négative pour 0.85 ≤ p ≤ 1. Figure V.9 – D = DA,B,E en fonction du paramètre de recouvrement p et le coefficient de réflexion r2 pour m = 1. 81 Chapitre V. La dynamique des corrélations quantiques des états chat de Bell Figure V.10 – D = DA,B,E en fonction du paramètre de recouvrement p pour t2 = 6 1 2 et m = 1. Mesure géométrique de la discorde quantique 6.1 L’expression de la mesure géométrique L’expression explicite de la mesure géométrique de la discorde quantique est donnée par Dg (ρ) = 1 ||x||2 + ||R||2 − λmax , 4 (V.66) avec ||x||2 + ||R||2 = TrK, et λmax est la plus grande valeur propre de la matrice définie par K := xxT + RRT (voir chapitre II). Explicitement la mesure géométrique de la discorde quantique s’écrit 1 Dg (ρ) = min{λ1 + λ2 , λ1 + λ3 , λ2 + λ3 }. (V.67) 4 Dans la représentation de Fano-Bloch, la matrice de densité ρAB s’écrit comme 3 X 1 = σ0 ⊗ σ0 + R30 σ3 ⊗ σ0 + R03 σ0 ⊗ σ3 + Rii σi ⊗ σi , 4 i=1 ! ρAB (V.68) où les éléments de la matrice de corrélation sont donnés par 2 R03 q R11 = 82 2 pt + p2−t cos mπ = , 1 + p2 cos mπ (1 − p2 )(1 − p2t2 ) , 1 + p2 cos mπ R30 = q r2 R22 = −p cos mπ p(1 + cos mπ) , 1 + p2 cos mπ (1 − p2 )(1 − p2t2 ) , 1 + p2 cos mπ (V.69) 2 R33 = 2 p1−t cos mπ + p1+t . 1 + p2 cos mπ V.6 Mesure géométrique de la discorde quantique Les valeurs propres de la matrice K sont données par 2 2 2 p2t + p−2t + 4 cos mπ + 2 λ1 = p , (1 + p2 cos mπ)2 (1 − p2 )(1 − p2t ) λ2 = , (1 + p2 cos mπ)2 2 λ3 = p 2 − p2 )(1 − p2t ) . (1 + p2 cos mπ)2 2r2 (1 Il est clair que λ3 ≤ λ2 , et il s’en suit que l’équation (V.67) se réécrit Dg (ρAB ) = 1 min{λ1 + λ3 , λ2 + λ3 }. 4 (V.70) Pour λ1 ≥ λ2 , la mesure géométrique de la discorde quantique est Dg = λ2 + λ3 . 4 (V.71) Dg = λ1 + λ3 . 4 (V.72) Tandis que pour λ1 ≤ λ2 , nous avons Explicitement, la condition λ1 ≥ λ2 s’écrit 2 2 p2r + p2t + p2 (4 cos mπ + 3) − 1 ≥ 0. (V.73) Pour les états symétriques (m = 0), cette dernière condition conduit à 2 2 p2r + p2t + 7p2 − 1 ≥ 0. (V.74) √ qui est satisfaite lorsque 2 72−1 ≤ p ≤ 1 pour toute les valeurs possibles de t. Il en résulte que, √ pour 2 72−1 ≤ p ≤ 1, la discorde géométrique est donnée par 2 Dg (ρAB ) = Pour 0 ≤ p ≤ √ 2 2−1 , 7 2 λ2 + λ3 1 + p2r (1 − p2 )(1 − p2t ) = . 4 4 (1 + p2 )2 (V.75) la condition (V.74) est satisfaite pour 0 ≤ t2 ≤ t2− t2+ ≤ t2 ≤ 1 83 Chapitre V. La dynamique des corrélations quantiques des états chat de Bell où " t2∓ 1 1 = + 2 2 ln v !2 u u 1−7p2 1−7p2 t ± 2p 2p # −1 . ln p Dans ce cas, la mesure géométrique de la discorde quantique est 2 2 λ2 + λ3 1 + p2r (1 − p2 )(1 − p2t ) Dg (ρAB ) = = . 4 4 (1 + p2 )2 Toutefois, pour les états cohérents avec 0 ≤ p ≤ t satisfait t2− ≤ t2 ≤ t2+ , nous avons 2 √ 2 2−1 7 (V.76) et lorsque les paramètres de transmission 2 p2r + p2t + 7p2 − 1 ≤ 0, (V.77) et la discorde quantique géométrique est donnée par 2 2 2 λ1 + λ3 1 p2t + p−2t + 6 1 2(1−t2 ) (1 − p2 )(1 − p2t ) Dg (ρAB ) = = p2 + p . 4 4 (1 + p2 )2 4 (1 + p2 )2 (V.78) Pour les états chat de Bell antisymétriques (m = 1 (mod 2)), la condition λ1 ≤ λ2 est toujours satisfaite et dans ce cas la discorde géométrique prend la forme sipmle 2 2 2 λ1 + λ3 p2r (2 − p2t − p2 ) 1 − p2t Dg (ρAB ) = = . 4 4 (1 − p2 )2 (V.79) La mesure géométrique de la discorde quantique présente dans l’état ρAE s’obtient à partir de Dg (ρAB ) en changeant r par t Dans le schéma de partition A|BE, il est facile de vérifier que la discorde géométrique est donnée directement en terme de la concurrence de l’état ρA|BE comme suit 1 Dg (ρA|BE ) = C 2 ρA|BE 2 (V.80) 1 (1 − p)2 Dg (ρA|BE ) = . 2 (1 + p2 cos mπ)2 (V.81) qui se réécrit comme en terme du paramètre de recouvrement p. 84 V.6 Mesure géométrique de la discorde quantique 6.2 La monogamie de la discorde géométrique Pour illustrer l’analyse présenté dans le paragraphe précédent, nous allons considéré le cas particulier où la décohérence des états chat de Bell est modélisée par l’action d’un diviseur de faisceau 50/50. Nous traitons d’abord l’évolution de la mesure géométrique de la discorde quantique pour des états chat quasi-Bell symétriques (m = 0). Dans ce cas et en utilisant les √ résultats obtenus dans le paragraphe précédent, il est simplement vérifié que pour 0 ≤ p ≤ 2 72−1 Dg (ρAB ) = Dg (ρAE ) = et pour √ 2 2−1 7 p p3 + 5p + 2 , 4 (1 + p2 )2 (V.82) 1 (1 − p2 )2 . 4 (1 + p2 )2 (V.83) ≤p≤1 Dg (ρAB ) = Dg (ρAE ) = Nous avons aussi Dg (ρA|BE ) = 1 (1 − p)2 , 2 (1 + p2 )2 (V.84) pour 0 ≤ p ≤ 1. Afin d’étudier la monogamie de cette mesure géométrique, nous introduisons la quantité Dg (A, B, E) s’écrit comme Dg (A, B, E) = Dg (ρA|BE ) − Dg (ρAB ) − Dg (ρAE ). (V.85) Sur la figure (V.11), on reporte le comportement de la quantité Dg (A, B, E) en fonction du paramètre de recouvrement p. Figure V.11 – Dg = Dg (A, B, E) en fonction du paramètre de recouvrement p pour t2 = 1 2 et m = 0. 85 Chapitre V. La dynamique des corrélations quantiques des états chat de Bell Clairement, la mesure géométrique de discorde quantique est monogame pour les états chat de Bell lorsque p tel que 0 ≤ p ≤ 0.206783. Cependant elle ne suit pas la propriété de la monogamie pour p en dehors de cet intervalle. Pour les états chat de Bell antisymétriques (m = 1), nous avons Dg (ρAB ) = Dg (ρAE ) = et Dg (ρA|BE ) = 1 p2 + 2p , 4 (1 + p)2 1 1 . 2 (1 + p)2 (V.86) (V.87) √ Dans ce cas, la quantité définie par Dg (A, B, E) est positive pour 0 ≤ p ≤ 2 − 1 et la discorde quantique géométrique est monogame. Cependant, la monogamie est violée lorsque √ 2 − 1 ≤ p ≤ 1. 7 Conclusion Dans ce chapitre, nous avons étudié les propriétés de la décohérence des états chat de Bell définis en termes des états cohérents de Glauber. Les effets de la décohérence sont qualitativement modélisés par l’action d’un diviseur de faisceau. Cet effet est paramétré par un coefficient de transmission t pour tenir compte de la perte de l’information. Nous avons utilisé un codage en qubits logiques pour convertir les variables continues (états cohérents pairs et impairs de Glauber) en qubits discrets. Par la concurrence, l’intrication de formation, la discorde quantique et sa variante géométrique, nous avons caractérisé les corrélations quantiques entre les états chat de Bell à deux modes. Les expressions analytiques explicites de ces mesures ont été obtenues. Enfin, nous avons étudié la distribution de l’intrication de formation, de la discorde quantique et de la discorde géométrique entre les états chat de Bell et l’environnement. Nous avons démontré que les corrélations quantiques mesurées par la concurrence satisfont la relation de la monogamie. Nous avons aussi montré que lorsque les corrélations sont mesurées par des mesures entropiques ou géométriques comme l’intrication de formation et la discorde quantique ou sa mesure géométrique, la monogamie est satisfaite dans certains cas particuliers pour des valeurs spécifiques de la force du couplage avec l’environnement. En particulier, pour chacune des mesures mentionnées ci-dessus, nous avons déterminé les valeurs critiques du paramètre de transmission t et du paramètre de recouvrement p pour les quelles la relation de la monogamie est satisfaite ou violée. 86 Chapitre VI Corrélations quantiques globales dans des états tripartites non orthogonaux et les propriétés de la monogamie 1 Introduction Des réalisations remarquables dans la caractérisation, l’identification et la quantification des corrélations quantiques dans les systèmes quantiques bipartites ont été accomplies dans les deux dernières décennies [132–136]. L’intrication quantique a été généralement considérée comme un synonyme de corrélation quantique et par conséquent considérée comme le seul type de corrélation non classique existant dans un système quantique multipartite. Cependant, l’intrication quantique ne rend pas compte de tous les aspects des corrélations quantiques et des états mixtes non intriqués peuvent posséder des corrélations quantiques. A cet égard, d’autres mesures des corrélations quantiques au-delà de l’intrication ont été proposées et étudiées [106, 107]. La discorde quantique coïncide avec l’intrication de formation pour les états purs. Pour des états mixtes, l’évaluation explicite de la discorde quantique requiert une procédure d’optimisation potentiellement complexe et cette procédure a été faite pour un ensemble limité de système à deux qubits [66, 67, 109–113] (voir chapitre II, section 5.3). D’autre part, la caractérisation des corrélations quantiques présentes dans les systèmes multipartites rencontre beaucoup d’obstacles et l’extension des mesures bipartites habituelles 87 Chapitre VI. Corrélations quantiques globales dans des états tripartites non orthogonaux et les propriétés de la monogamie pour les systèmes à plusieurs particules n’est pas bien comprise [137]. Malgré d’intenses efforts par résoudre ce problème [138–142], il reste encore beaucoup de questions non résolues. Les différentes approches pour quantifier les corrélations multipartites dans les systèmes quantiques ont été proposées dans la littérature [146–148]. En particulier, Rulli et Sarandy [147] ont définit la mesure de corrélation quantique globale dans un système multipartite comme le maximum de la corrélation existant entre toutes les bipartitions possibles du système quantique multipartite. Dans cet article, et dans l’esprit des idées discutées dans [148], nous définissons la corrélation quantique globale présente dans un système tripartite ABC de type (VI.2) comme la somme de tous les corrélations bipartites du système. Explicitement, la corrélation quantique globale est donnée par Q(A,B,C) = 1 QAB + QBA + QAC + QCA + QBC + QCB 12 ! + QA(BC) + Q(BC)A + QB(AC) + Q(AC)B + QC(AB) + Q(AB)C , (VI.1) où la mesure Q désigne la concurrence, l’intrication de formation, la discorde quantique ou entropique (basé sur la notion d’entropie) la discorde quantique géométrique. Une autre caractéristique importante dans l’étude des corrélations quantiques multipartites est la relation de la monogamie. Cette relation a été discutée dans les chapitres précédents. Elle qui impose une restriction sévère de distribution des corrélations quantiques dans un système quantique comprenant trois parties ou plus. Dans ce chapitre, nous dérivons les corrélations quantiques globales, dans les états tripartites purs non orthogonaux, comme étant la somme des corrélations de toutes les bipartitions possibles. Ceci est fait pour des mesures largement utilisées dans la littérature : la concurrence, l’intrication de formation, la discorde quantique et la discorde quantique géométrique. Pour convertir les états non orthogonaux en qubits, un état tripartite à trois qubits est réalisé. Cette réalisation est similaire à celle récemment utilisée dans l’analyse des propriétés d’intrication bipartites sans les états cohérents bipartites [103, 104, 112, 113, 117, 152], Comme cas particulier des superpositions d’états non orthogonaux, nous considérons les états chat de Schrödinger à trois modes, définis à l’aide des états cohérents de Glauber. Nous donnons les expressions explicites des corrélations tripartites globales. Nous discuterons également les limites de la distribution des corrélations quantiques entre les trois modes. Ce chapitre est organisé comme suit. Afin de discuter les corrélations quantiques bipartites dans les états tripartites non orthogonaux, nous introduirons, dans la seconde section, deux différents schémas de bipartition. Dans la troisième section, nous donnerons les expressions 88 VI.2 Etats tripartites non orthogonaux analytiques de l’intrication de formation bipartite et de la discorde quantique. Nous discutons la relation de conservation entre ces deux mesures entropiques qui implique que la mesure globale tripartite de la discorde quantique et l’intrication de la formation sont identiques. Dans la quatrième section, nous dérivons la discorde quantique géométrique pour tous les sous-systèmes bipartites possibles. A titre d’illustration, nous considérons dans la cinquième section, les états chat de Schrödinger à trois modes basés sur les états cohérents de Glauber. En particulier, nous discutons la propriété de la monogamie de l’intrication mesurée par la concurrence, l’intrication de formation, de la discorde quantique et la discorde quantique géométrique. 2 Etats tripartites non orthogonaux Un état tripartie partagé entre trois parties A, B et C, est noté par l’opérateur ρABC de trace unité. Dans ce paragraphe, nous allons examiner l’état pur tripartite comprenant trois sous-systèmes identiques vivant dans l’espace de Hilbert H ⊗ H ⊗ H. La dimension de H peut être finie ou infinie. Pour simplifier notre travail, nous nous focalisons sur un état intriqué tripartite de la forme |Ψ, mi = N(|ψ1 i ⊗ |ψ2 i ⊗ |ψ3 i + eimπ |φ1 i ⊗ |φ2 i ⊗ |φ3 i), (VI.2) où m ∈ Z, |ψi i et |φi i sont les états normalisés du sous-système i (i = 1, 2, 3). Ils sont les superpositions linéaires des états propres {|en i} du sous-système i. Les produits scalaires hψi |φi i = pi sont en général non nulls. Dans l’équation (VI.2), le facteur de normalisation N de l’état tripartite est donné par h i−1/2 N = 2 + 2p1 p2 p3 cos mπ . Nous supposons que p1 , p2 et p3 sont réels. Pour déterminer les expressions explicites des corrélations quantiques bipartites dans l’équation (VI.2). L’ensemble du système peut être divisé de deux façons différentes. Pour chaque bipartition, les sous-systèmes sont convertis en des systèmes à deux qubits. Cette transformation fait passer par d’états non orthogonaux à une base orthonormale. Cette technique est similaire à celle utilisée dans [153–156], qui s’est avéré utile pour examiner les propriétés d’intrication pour les états cohérents multipartites. 2.1 Bipartitions purs d’un état tripartite Nous considérons d’abord la bipartition pure du système tripartite (VI.2). Dans ce cas, l’ensemble du système se divise en deux sous-systèmes : un sous-système contenant une particule 89 Chapitre VI. Corrélations quantiques globales dans des états tripartites non orthogonaux et les propriétés de la monogamie et l’autre contenant les particules restantes. Trois partitions sont possibles. En effet, l’état |Ψ, mi peut être décomposé comme |Ψ, mi = N(|ψik ⊗ |ψiij + eimπ |φik ⊗ |φiij ), (VI.3) où |ψik = |ψk i, |φik = |φk i k = 1, 2 ou 3, et |ψiij = |ψii ⊗ |ψij i, j 6= k. L’état du système |Ψ, mi peut être exprimé en terme des états de deux qubits logiques. Ceci peut être réalisé en introduisant la base orthogonale {|0ik , |1ik } définie comme |ψik − |φik |1ik = q . 2(1 − pk ) |ψik + |φik |0ik = q 2(1 + pk ) (VI.4) Pour le sous-système indexé par k(k = 1,2 ou 3). Pour le deuxième sous-système (ij), nous introduirons, la base orthogonale {|0iij , |1iij } donnée par |ψiij − |φiij |1iij = q . 2(1 − pi pj ) |ψiij + |φiij |0iij = q 2(1 + pi pj ) (VI.5) L’insertion (VI.4) et (VI.5) dans (VI.3), nous fournit l’expression de l’état pur |Ψ, mi dans la base {|0ik ⊗ |0iij , |0ik ⊗ |1iij , |1ik ⊗ |0iij , |1ik ⊗ |1iij }. Elle est donnée par |Ψ, mi = X X Cα,β |αik ⊗ |βiij , α=0,1 β=0,1 où les coefficients Cα,β sont + C0,0 = N(1 + eimπ )c+ k cij , − C0,1 = N(1 − eimπ )a+ k cij , − C1,0 = N(1 − eimπ )c+ ij ck , − C1,1 = N(1 + eimπ )c− k cij , en termes des quantités s c± k = 90 1 ± pk 2 s c± ij = 1 ± pi pj . 2 (VI.6) VI.2 Etats tripartites non orthogonaux 2.2 Bipartitions mixtes d’un état tripartite La seconde bipartition peut être réalisée en considérant la matrice densité réduite bipartite ρij qui est obtenue par la trace partielle de la matrice ρijk du troisième qubit logique k ρij = Trk6=i,j (|Ψ, mihΨ, m|). (VI.7) Dans ce cas, les trois différents états bipartites mixtes possibles sont : ρ12 , ρ13 et ρ23 . La matrice densité réduite ρij est donnée par ρij = N2 (|ψi , ψj ihψi , ψj | + |φi , φj ihφi , φj | + eimπ qij |φi , φj ihψi , ψj | + e−imπ qij |ψi , ψj ihφi , φj |), (VI.8) avec qij ≡ p1 p2 p3 /pi pj . Il est intéressant de noter que la densité ρij est un état mixte de rang 2. En Effet, l’état (VI.8) peut être écrit comme N2 ρij = 2 a2ij |Ψij ihΨij | + b2ij Z|Ψij ihΨij |Z , Nij " # (VI.9) où Nij est le facteur de normalisation de l’état bipartite |ψij i donné par |Ψij i = Nij (|ψi , ψj i + eimπ |φi , φj i), (VI.10) et l’opérateur Z est le troisième générateur de Pauli défini par Z|Ψij i = Nij (|ψi , ψj i − eimπ |φi , φj i). (VI.11) Les coefficients aij et bij sont exprimés en termes de quantités qij comme suit s aij = 1 + qij 2 s bij = 1 − qij . 2 Dans ce cas aussi la matrice densité réduite ρij peut s’exprimer dans une base de l’espace des états de deux qubits logiques. En effet, nous définissons, pour le sous-systèmes i et j dans les bases orthogonales {|0i i, |1i i} et {|0j i, |1j i} par |ψi i ≡ ai |0i i + bi |1i i |φi i ≡ ai |0i i − bi |1i i , (VI.12) |ψj i ≡ aj |0j i + bj |1j i |φj i ≡ aj |0j i − bj |1j i , (VI.13) 91 Chapitre VI. Corrélations quantiques globales dans des états tripartites non orthogonaux et les propriétés de la monogamie où s ai = 1 + pi 2 s bi = 1 − pi . 2 En substituant les équations (VI.12) et (VI.13) dans l’équation (VI.8), il est simple de réexprimer la matrice densité(VI.9) dans la base de deux qubits {|0i 0j i, |0i 1j i, |1i 0j i, |1i 1j i}. 3 La discorde quantique et l’intrication de formation dans des états tripartite non orthogonaux 3.1 Mesures bipartites de l’intrication de formation et de la discorde quantique Dans un système bipartite AB, l’information mutuelle IAB est la somme des corrélations quantiques DAB et classiques CAB IAB = DAB + CAB , (VI.14) avec CAB = max SB − M X pB,k SB,k k = S(ρB ) − Semin , (VI.15) où Semin désigne la valeur minimale de l’entropie conditionnelle (voir chapitres précédents) Se = X pB,k SB,k . (VI.16) k Lorsque l’optimisation est prise sur toutes les mesures possibles, la discorde quantique s’écrit → DAB ≡ DAB = IAB − CAB = SA + Semin − SAB . (VI.17) Ainsi, la dérivation de la discorde quantique nécessite la minimisation de l’entropie conditionnelle. Ceci constitue un problème complexe lorsqu’il s’agit d’un état mixte arbitraire. Les expressions analytiques explicites de la discorde quantique ont été obtenues seulement pour quelques systèmes d’états particulière, et spécialement ceux de rang 2. On peut citer par exemple les résultats obtenus dans [67, 149] [112, 113, 117]. Pour la matrice densité de rang 2, la minimisation de l’entropie conditionnelle (VI.16) peut être réalisée en purifiant la matrice densité ρAB et en 92 VI.3 La discorde quantique et l’intrication de formation dans des états tripartite non orthogonaux utilisant la relation de Koashi-Winter [65, 66]. Cette relation établit une relation directe entre la corrélation classique d’un état bipartite ρAB et l’intrication de formation de son complément ρBC . Après, nous discuterons brièvement cette relation. Pour un état quantique de rang 2, la matrice densité ρAB se décompose comme ρAB = λ+ |φ+ ihφ+ | + λ− |φ− ihφ− |, (VI.18) où λ+ et λ− sont les valeurs propres de ρAB et les états propres sont notés par |φ+ i et |φ− i respectivement. En attachant un qubit C au système des deux qubit A et B, la purification du système s’écrit q q (VI.19) |φi = λ+ |φ+ i ⊗ |0i + λ− |φ− i ⊗ |1i, de sorte que l’ensemble du système ABC est décrit par l’état pur ρABC = |φihφ|. Il est facile de voir que ρAB = TrC ρABC . D’après la relation de Koachi-Winter, la valeur minimale de l’entropie conditionnelle coïncide avec l’intrication de formation de ρBC [65]. Cette relation conduit à 1 1q Semin = E(ρBC ) = H( + 1 − |C(ρBC )|2 ), 2 2 (VI.20) où H(x) = −x log2 x − (1 − x) log2 (1 − x) est la fonction d’entropie binaire et C(ρBC ) est la concurrence de la densité ρBC = T rA ρABC . Nous rappelons que pour une matrice densité ρ12 associée à une paire de deux qubits 1 et 2, la concurrence est [150] C12 = max {λ1 − λ2 − λ3 − λ4 , 0} (VI.21) où λ1 ≥ λ2 ≥ λ3 ≥ λ4 sont les racines carrées des valeurs propres de la matrice densité définie par %12 ≡ ρ12 (σy ⊗ σy )ρ?12 (σy ⊗ σy ), (VI.22) où le symbole * désigne le complexe conjugué dans la base {|00i, |01i, |10i, |11i}. Il en résulte que la relation de Koachi-Winter et la procédure de purification nous fournissent une expression analytique de la discorde quantique → DAB = SA − SAB + EBC , (VI.23) lorsque la mesure est effectuée sur le sous-système A. De la même manière, si on effectue la mesure sur le sous-système B, on obtient ← = SB − SAB + EAC . DAB (VI.24) 93 Chapitre VI. Corrélations quantiques globales dans des états tripartites non orthogonaux et les propriétés de la monogamie Il est simple de vérifier que pour la matrice densité pur. La discorde quantique se réduite à l’intrication de formation donnée par l’entropie de la densité réduite de sous-système A. 3.2 La discorde quantique dans des états tripartites purs non orthogonaux Dans le schéma de bipartition pur (VI.3), il est simple de vérifier que la concurrence bipartite entre les sous-systèmes k et (ij) est q Ck(ij) = (1 − p2k )(1 − p2i p2j ) 1 + p1 p2 p3 cos mπ (VI.25) . Il en résulte que l’intrication de formation s’écrit ! Ek(ij) 1 1 pk + pi pj cos mπ =H + , 2 2 1 + p1 p2 p3 cos mπ (VI.26) et coïncide avec la discorde quantique Ek(ij) = Dk(ij) . (VI.27) Pour l’état mixte ρij résultat dans le second schéma de bipartition (VI.9), la concurrence (VI.21) prend la forme suivante q (1 − p2i )(1 − p2j ) . (VI.28) Cij = qij 1 + p1 p2 p3 cos mπ En utilisant la procédure présentée dans le paragraphe précédent. La discorde quantique bipartite dans les états mixtes ρij peut être facilement calculée. Ainsi, lorsque la mesure est effectuée sur le sous-système A ≡ i, la discorde quantique est → = Si − Sij + Ejk , Dij (VI.29) où k représente le troisième qubit logique. L’entropie de von Neumann de la densité réduite ρi est ! 1 (1 + pi )(1 + pj qij cos mπ) Si = H , (VI.30) 2 1 + p1 p2 p3 cos mπ et l’entropie de la densité bipartite ρij est explicitement donnée par ! 1 (1 + pi pj cos mπ)(1 + qij ) Sij = H . 2 1 + p1 p2 p3 cos mπ 94 (VI.31) VI.3 La discorde quantique et l’intrication de formation dans des états tripartite non orthogonaux L’intrication de formation, qui mesure le degré d’intrication entre le sous-système j et le qubit k, est donnée par v ! u 2 2 2 (1 − p )(1 − p ) p 1 1u i j k + t1 − . (VI.32) Ejk = H 2 2 (1 + p1 p2 p3 cos mπ)2 En utilisant les équations (VI.30), (VI.31) et (VI.32), on obtient ! → Dij (1 + pi )(1 + pj qij cos mπ) (1 + pi pj )(1 + qij cos mπ) =H −H 2(1 + p1 p2 p3 cos mπ) 2(1 + p1 p2 p3 cos mπ) v u p2 (1 − p2j )(1 − qij2 ) 1 1u +H + t1 − i , 2 2 (1 + p1 p2 p3 cos mπ)2 ! ! (VI.33) Il faut noter que, puisque l’ensemble du système est pur, nous avons les relations suivantes Sij = Sk i, j 6= k. (VI.34) A l’aide des équations (VI.30), (VI.31) et (VI.32), on obtient la relation de conservation importante suivante → → → D12 + D23 + D31 = E12 + E13 + E23 , (VI.35) Cette relation de conservation traduit que la somme de la discorde quantique bipartite présente dans tous les états mixtes ρij est exactement la somme de l’intrication de formation bipartite dans les systèmes ρij . Il est important de noter que la loi de conservation pour la distribution de l’intrication de formation et de la discorde quantique, dans un système tripartite pur, a été tout d’abord dérivé dans [158, 159]. On note également que lorsque la mesure est effectué sur le qubit j, la discorde est ← Dij = Sj − Sij + Eik . (VI.36) Il est important de souligner la relation d’asymétrie suivant ← → Dij = Dji . (VI.37) ← → La discorde quantique Dij (resp. Dij ) est la partie de l’information mutuelle dans l’état bipartite ρij qui est localement inaccessible par i (resp. j). Dans ce sens la discorde quantique peut être interprétée comme la fraction de l’information mutuelle bipartite qui ne peut pas être accessible par une mesure locale. Vue la relation (VI.37), nous introduisons les deux quantités 95 Chapitre VI. Corrélations quantiques globales dans des états tripartites non orthogonaux et les propriétés de la monogamie utiles suivantes [159] ∆+ ij = 1 → ← Dij + Dij 2 ∆− ij = 1 → ← . Dij − Dij 2 La somme ∆+ ij représente la moyenne de l’information localement inaccessible lorsque les mesures sont effectuées sur des sous-systèmes i et j. Elle quantifie la perturbation causée par n’importe quelle mesure locale. La différence ∆− ij a été appelée par Fanchini et al [159] l’équilibre de l’information au niveau local inaccessible et quantifie l’asymétrie entre les sous-systèmes pour répondre à la perturbation de la mesure. En utilisant les expressions de la discorde quantique donnée par (VI.33) et la relation asymétrique (VI.37), on vérifie que les quantités ∆+ ij et − ∆ij vont satisfaire les relations de distribution suivantes + + ∆+ 12 + ∆13 + ∆23 = E12 + E13 + E23 , (VI.38) − − ∆− 12 + ∆13 + ∆23 = 0. (VI.39) et Par conséquent, en utilisant les résultats (VI.27) et (VI.38), la discorde quantique globale (VI.1) ! D(1,2,3) 1 = E12 + E13 + E23 + E1(23) + E2(13) + E3(12) , 6 (VI.40) s’exprime simplement en termes des entropies de formation bipartites. Cela montre que la somme de la discorde quantique pour toutes les partitions possibles coïncide avec l’intrication de formation globale D(1,2,3) = E(1,2,3) . (VI.41) 4 La discorde quantique géométrique dans un état tripartite 4.1 Mesure géométrique de la discorde quantique pour les états bipartites pures En utilisant les outils présentés dans le chapitre II, nous allons déterminer la discorde quantique géométrique globale dans l’état tripartite (VI.2). Nous évaluerons d’abord la discorde géométrique bipartite dans les états bipartites pures (VI.3). Pour cela, en utilisant la décom- 96 VI.4 La discorde quantique géométrique dans un état tripartite position de Schmidt, nous écrivons l’état |Ψ, mi comme |Ψ, mi = q λ+ |+ik ⊗ |+iij + q λ− |−ik ⊗ |−iij , (VI.42) où |±ik et |±iij représentant les vecteurs propres de la matrice densité réduite associée au premier sous-système contenant la particule k et le deuxième sous-système comprenant les particules i et j respectivement. Les valeurs propres λ± sont données par ! q 1 2 1 ± 1 − Ck(ij) λ± = , 2 (VI.43) où la concurrence bipartite Ck(ij) est donnée par l’équation (VI.25). Dans ce cas, la matrice K, (voir la définition dans le chapitre II) prend la forme diagonale K = diag(4λ+ λ− , 4λ+ λ− , 2(λ2+ + λ2− )). Il s’en suit que, la discorde géométrique bipartite est donnée par g Dk(ij) = 1 (1 − p2k )(1 − p2i p2j ) . 2 (1 + p1 p2 p3 cos mπ)2 (VI.44) Nous faisons remarquer que la discorde quantique géométrique peut être exprimé comme g Dk(ij) = 1 2 C . 2 k(ij) (VI.45) Cette équation établit une relation remarquable entre la discorde géométrique et la concurrence pour les états bipartites pures. 4.2 Mesure géométrique de la discorde quantique pour les états bipartites mixtes Nous considérons maintenant les états mixtes de la forme (VI.8) obtenue dans le deuxième schéma de bipartition. Dans cet ordre d’idées, nous écrivons la matrice ρij comme suite ρij = X Rαβ σα ⊗ σβ , (VI.46) αβ 97 Chapitre VI. Corrélations quantiques globales dans des états tripartites non orthogonaux et les propriétés de la monogamie où les éléments non nuls de la matrice de corrélation Rαβ (α, β = 0, 1, 2, 3) sont donnés par q q R33 = 2N2 (pi pj + pk cos mπ), R03 = 2N2 (pj + pi pk cos mπ), R00 = 1, R11 = 2N2 (1 − p2i )(1 − p2j ) R22 = −2N2 (1 − p2i )(1 − p2j ) pk cos mπ, R30 = 2N2 (pi + pj pk cos mπ). Dans ce cas, les valeurs propres de la matrice K s’écrivent comme " 4 λ1 = 4N (1 + # p2i )(p2j + p2k ) + 4(p1 p2 p3 ) cos mπ , λ2 = 4N4 (1 − p2i )(1 − p2j ), λ3 = 4N4 (1 − p2i )(1 − p2j )p2k . Puisque 0 ≤ pi ≤ 1, il est facile de voir que λ3 ≤ λ2 . La mesure géométrique de discorde quantique est donnée par (voir chapitre II) 1 g Dij = min{λ1 + λ3 , λ2 + λ3 }. 4 (VI.47) Par conséquent, pour les états mixtes ρij , l’expression explicite de la discorde quantique géométrique s’écrit 1 (1 − p2i )(1 − p2j )(1 + p2k ) g , (VI.48) Dij = 4 (1 + p1 p2 p3 cos mπ)2 lorsque la condition λ1 > λ2 est satisfaite ou alternativement elle est donnée par g Dij = 1 (1 + p2i )(p2j + p2k ) + (1 − p2i )(1 − p2j )p2k + 4(p1 p2 p3 ) cos mπ , 4 (1 + p1 p2 p3 cos mπ)2 (VI.49) dans le cas où λ1 < λ2 . Finalement la mesure de la corrélation quantique multipartite (VI.1) pour la discorde quantique géométrique, dans l’état tripartite pur (VI.2) s’écrit ! g D(1,2,3) 5 ! 1 1 g g g g g g 2 2 2 = D12 + D21 + D13 + D31 + D23 + D23 + C1(23) + C2(13) + C3(12) . 6 12 (VI.50) Illustration : Les états chat de Schrödinger à trois modes Pour illustrer les résultats obtenus dans les paragraphes précédents, nous considérons un exemple particulier de système tripartite impliquant des états non orthogonaux. Dans ce sens, 98 VI.5 Illustration : Les états chat de Schrödinger à trois modes on considère les états chat de Schrödinger à trois modes ! |α, mi = Nm (|α|) |αi1 |αi2 |αi3 + e imπ | − αi1 | − αi2 | − αi3 , (VI.51) définis à l’aide des états cohérents de Glauber |αi |αi = e− |α|2 2 ∞ X αn √ |ni, n! n=0 (VI.52) où le nombre complexe α caractérise l’amplitude de l’état cohérent |αi et |ni est un état de Fock (aussi connu comme un état nombre). Le facteur de normalisation dans (VI.51) est donné par 1 2 Nm (|α|) = (2 + 2e−6|α| cos mπ)− 2 . En considérant ce type d’état tripartite, nous allons dans, ce qui suit, donner les corrélations quantiques globales Q(1,2,3) (voir (VI.1)) lorsque les corrélations bipartite sont mesurées par la concurrence, l’intrication de formation, la discorde quantique et sa variante géométrique. De plus, cet état particulier tripartite, nous permet de décider de la monogamie de chacune de ces mesures. Deux limites intéressantes des états chat de Schrödinger (VI.51) sont obtenus lorsque α → ∞ et α → 0. Nous considérons d’abord la limite asymptotique α → ∞. Dans cette limite, les deux états |αi et | − αi deviennent orthogonaux, c’est à dire |0i ≡ |αi et |1i ≡ | − αi. Ainsi, l’état |α, mi s’approche d’un état tripartite de type GHZ 1 |α, mi ∼ |GHZi3 = √ (|0i ⊗ |0i ⊗ |0i + eimπ |1i ⊗ |1i ⊗ |1i). 2 (VI.53) Dans le cas où α → 0, il convient de distinguer séparément les cas m = 0 (mod 2) et m = 1 (mod 2). Pour m pair, la superposition tripartite (VI.51) se réduit à l’état fondamental |0, 0 (mod 2)i ∼ |0i ⊗ |0i ⊗ |0i, (VI.54) et pour m impair, l’état |α, 1 (mod 2)i se réduit à un état multipartite de type W [24] 1 |0, 1 (mod 2)i ∼ |Wi3 = √ (|1i ⊗ |0i ⊗ |0i + |0i ⊗ |1i ⊗ |0i + |0i ⊗ |0i ⊗ |1i) . 3 (VI.55) Ici |ni (n = 0, 1) indiquent les états de Fock. Il en résulte que les états |α, m = 0 (mod 2)i, interpolent entre les états de type GHZ 99 Chapitre VI. Corrélations quantiques globales dans des états tripartites non orthogonaux et les propriétés de la monogamie (α → ∞) et un état séparable |0i⊗|0i⊗|0i (α → 0). D’autre part, les états |α, m = 1 (mod 2)i, peuvent être considérés comme une interpolation entre les états de type GHZ (α → ∞) et les états de type W (α → 0). 5.1 5.1.1 Corrélations quantiques globales et la relation de monogamie La concurrence En utilisant l’équation (VI.25) et en remarquant que les états ρ1(23) , ρ2(13) et ρ3(12) sont identiques, il est simple de vérifier que les concurrences dans la bipartition pure sont égales. Explicitement, elles sont données par q C1(23) = C2(13) = C3(12) = (1 − p2 )(1 − p4 ) 1 + p3 cos mπ . (VI.56) 2 où p = hα| − αi = e−2|α| . Dans le cas de la deuxième bipartition (VI.7), les matrices densités mixtes ρ12 , ρ23 et ρ13 sont identiques et la concurrence (VI.28) prend la valeur C12 = C23 = C13 = p(1 − p2 ) . 1 + p3 cos mπ (VI.57) Pour étudier la relation de monogamie de l’intrication mesurée par la concurrence de systèmes quantiques à trois qubits, Coffman et al introduit la notion de tangle qui définie comme suite 2 2 τi|jk = Ci(jk) − Cij2 − Cik . (VI.58) En injectant les équations (VI.56) et (VI.57) dans (VI.58), on obtient τ1|23 = τ2|13 = τ3|12 ≡ τ, avec τ= (1 − p2 )2 (1 − p)2 . (1 + p3 cos mπ)2 (VI.59) Le tangle τ est toujours positif. Ce résultat reflète la monogamie de l’intrication mesurée par le concurrence. D’autre part, en utilisant les expressions (VI.56) et (VI.57) et en remplaçant la corrélation quantique bipartite Q dans (VI.1) par la concurrence, la corrélation quantique globale tripartite (VI.1), dans les états chat de Schrödinger tripartites (VI.51), prend la forme 100 VI.5 Illustration : Les états chat de Schrödinger à trois modes suivante 2 C(1,2,3) 5.1.2 1 (1 + 2p2 )(1 − p2 )2 = . 2 (1 + p3 cos mπ)2 (VI.60) L’intrication de formation et la discorde quantique Quand la corrélation quantique est quantifiée par l’intrication de formation, la monogamie est étudiée par le biais de la quantité Ei|jk = Ei(jk) − Eij − Eik . (VI.61) Pour les états chat de Schrödinger, l’intrication de formation correspondant au schéma de bipartition pur (VI.3) peut être obtenue à partir de l’équation (VI.26). Nous obtenons E1(23) = E2(13) = E3(12) 1 1 p + p2 cos mπ + =H 2 2 1 + p3 cos mπ ! (VI.62) Dans le second schéma de bipartition (VI.7), nous avons ρ12 = ρ23 = ρ13 . Dans ce cas, le résultat (VI.32) conduit à E12 = E23 = E13 v u 1u t1 − 1 + =H 2 2 ! p2 (1 − p2 )2 . (1 + p3 cos mπ)2 (VI.63) En substituant les expressions (VI.62) et (VI.63) dans l’équation (VI.61), nous avons E1|23 = E2|13 = E3|12 ≡ E, (VI.64) où la quantité E est donnée par 1 1 p + p2 cos mπ E=H + 2 2 1 + p3 cos mπ ! v u ! 1 1u p2 (1 − p2 )2 − 2H + t1 − . 2 2 (1 + p3 cos mπ)2 (VI.65) Le comportement de la quantité E en fonction du paramétre de recouvrement p est représenté dans la figure (VI.1). 101 Chapitre VI. Corrélations quantiques globales dans des états tripartites non orthogonaux et les propriétés de la monogamie Figure VI.1 – E = Ei|jk en fonction du paramétre de recouvrement p pour m = 0 et m = 1. L’intrication de formation est monogame pour les états chat de Schrödinger à trois modes symétriques (m = 0) pour toute valeur de p. les états anti-symètiques (m = 1) possèdent la propriété de monogamie lorsque 0 ≤ p . 0.8. La figure (VI.3) montre que l’état |GHZi3 (p → 0) suit la monogamie et l’état |W i3 (p → 1) la viole. La somme de l’intrication de formation bipartite, dans l’ensemble des bipartitions possibles, est alors donnée par " E(1,2,3) v u 1u t1 − 1 1 + = H 2 2 2 p2 (1 − p2 )2 (1 + p3 cos mπ)2 ! 1 1 p + p2 cos mπ +H + 2 2 1 + p3 cos mπ !# . (VI.66) Pour calculer la discorde quantique globale dans les états (VI.51) et examiner la relation de la monogamie, deux remarques importantes sont à signaler. Dans un état pur, l’intrication de formation et la discorde quantique coïncident. Il s’en suit que, dans le schéma de bipartition pur (VI.3), nous avons E1|23 = D1|23 E2|13 = D2|13 E3|12 = D3|12 . (VI.67) De plus, en utilisant les équations (VI.32) et (VI.33), on peut vérifier que pour les états mixtes réduits ρ12 = ρ13 = ρ23 , l’intrication de formation coïncide avec la discorde quantique. En effet, nous avons E12 = D12 E23 = D23 E13 = D13 . (VI.68) Il est très important de signaler que les états mixtes bipartites ρ12 ρ13 et ρ23 constituent 102 VI.5 Illustration : Les états chat de Schrödinger à trois modes une classe particulière des états mixtes où l’intrication de formation coïncide avec la discorde quantique. Dans les états chat de Schrödinger (VI.51), la discorde quantique globale coïncide avec l’intrication globale de formation donnée par (VI.66). 5.1.3 La discorde quantique géométrique Nous considérons la corrélation quantique globale mesurée par la distance de HilbertSchmidt. Pour les états (VI.51), et à partir de l’équation (VI.44), nous obtenons avec g g g D1(23) = D2(13) = D3(12) , (VI.69) 1 (1 − p2 )(1 − p4 ) 1 2 g = . D1(23) = C1(23) 2 2 (1 + p3 cos mπ)2 (VI.70) Pour les états mixtes ρ12 , ρ13 et ρ23 qui sont identiques, nous traitons les cas symétriques et antisymétriques séparément. Pour m = 0, en utilisant (VI.48), la discorde quantique géométrique s’écrit 1 p2 (1 + p)2 (2 + (1 − p)2 ) g g g = = D13 , (VI.71) = D23 D12 4 (1 + p3 )2 √ pour 0 ≤ p ≤ 2 − 1, et à l’aide de (VI.49), on obtient g D12 = g D23 = g D13 1 (1 + p2 )(1 + p)2 (1 − p)2 = , 4 (1 + p3 )2 (VI.72) √ lorsque 2−1 ≤ p ≤ 1. Pour les états chat de Schrödinger antisymétriques (m = 1), la discorde quantique géométrique est g g g D12 = D23 = D13 = 1 p2 (2 + (1 + p)2 ) . 4 (1 + p + p2 )2 (VI.73) Il en résulte que, même pour les états chat de Schrödinger tripartites (m = 0), la quantité totale de la corrélation quantique mesurée par la discorde géométrique est g D(1,2,3) = pour 0 ≤ p ≤ √ 1 (1 + p)2 (2p2 + (1 − p2 )(2 + 3p2 )) , 8 (1 + p3 )2 (VI.74) 3 (1 + p2 )(1 − p2 )2 , 8 (1 + p3 )2 (VI.75) 2 − 1, et g D(1,2,3) = 103 Chapitre VI. Corrélations quantiques globales dans des états tripartites non orthogonaux et les propriétés de la monogamie √ lorsque 2−1 ≤ p ≤ 1. Pour les états chat de Schrödinger impairs (m = 1), la somme de toutes les paires possibles de la discorde quantique géométrique est donnée par l’équation suivante g D(1,2,3) = 1 2p2 + (1 + p)2 (2 + 3p2 ) 8 (1 + p + p2 )2 (VI.76) pour 0 ≤ p ≤ 1. On note que la valeur maximale de la discorde quantique, pour les états de deux qubits est 1/2 et elle n’est pas normalisée à l’unité. Ainsi, si pour comparer avec les autres mesures qui sont normalisées, nous considérons que 2Dg comme une mesure appropriée. Une comparaison des corrélations quantiques tripartite pour la concurrence au carré, la discorde quantique habituelle et sa version géométrisée sont représentées dans les figures (VI.2) et (VI.3). La figure (VI.2) montre que ces trois mesures donnent approximativement la même quantité de corrélation quantique pour m = 0. Cela confirme que l’intrication de formation, la discorde quantique et la discorde géométrique possèdent la propriété de la monogamie comme la concurrence prise au carré. La figure (VI.2), montre que pour m = 1 la somme de l’intrication de formation (ou de manière équivalente la discorde quantique habituelle) devient plus grande que la somme des corrélations quantiques bipartites mesurées par la concurrence et la discorde quantique, et particulièrement quand p s’approche de l’unité. Il y a lieu de remarquer que, la somme globale des concurrences se comporte comme la somme de la discorde géométrique bipartite pour 0 ≤ p ≤ 0.5 et augmente lentement après, bien que ce comportement reste légèrement le même que celui de discorde géométrique. Figure VI.2 – Corrélations quantiques tripartites en fonction du paramétre de recouvrement p pour m = 0. 104 VI.5 Illustration : Les états chat de Schrödinger à trois modes Figure VI.3 – Corrélations quantiques tripartites en fonction du paramétre de recouvrement p pour m = 1. Enfin, pour examiner la monogamie de discorde quantique géométrique, on doit analyser la positivité de la quantité g g g g Di|jk = Di(jk) − Dij − Dik . (VI.77) Pour les états tripartite (VI.51), nous avons g g g D1|23 = D2|13 = D3|12 ≡ Dg . Dans le cas symétrique (m = 0), la quantité Dg s’annule pour par (VI.78) √ 2 − 1 ≤ p ≤ 1 et elle est donnée √ √ 1 (1 + p)2 (1 − ( 2 + 1)p)(1 − ( 2 − 1)p) D = , 2 (1 + p3 )2 g (VI.79) √ pour 0 ≤ p ≤ 2 − 1. Il est simple de vérifier que, dans ce cas, la discorde géométrique est monogame. Pour les états chat de Schrödinger antisymétriques (m = 1), on obtient 1 (1 + 2p − p2 ) D = , 2 (1 + p + p2 )2 g (VI.80) qui est toujours positive. À cet égard, La discorde quantique géométrique suit la propriété de monogamie pour toute valeur de p. 105 Chapitre VI. Corrélations quantiques globales dans des états tripartites non orthogonaux et les propriétés de la monogamie 6 Conclusion En résumé, nous avons dérivé explicitement les corrélations quantiques dans un système tripartite impliquant des états non orthogonaux. La quantité totale de corrélations quantiques est définie comme la somme de toutes les corrélations bipartite quantiques. Elle est évaluée en utilisant des mesures qui vont au-delà de l’intrication, par exemple, la discorde quantique entropique et sa version géométrique. Nous avons montré que la somme de toutes les intrications de formation bipartite dans un état tripartite pure intriqué, est exactement la somme de discorde quantique bipartite dans toutes les bipartitions possibles. Ce résultat particulier provient de la relation de conservation de l’intrication de formation et de la discorde quantique. Nous avons aussi examiné la relation de monogamie de la concurrence, l’intrication de formation, de la discorde quantique et la discorde quantique géométrique dans le cas particulier des états chat de Schrödinger à trois modes non orthogonaux. L’intrication de formation et la discorde quantique suivent la propriété de monogamie dans les états tripartites symétriques (m = 0). Toutefois, dans le cas antisymétrique (m = 1), ces mesures cessent d’être monogames lorsque les états chat à trois modes approchent les états à trois qubits de type W3 correspondant à la situation p → 1. Finalement, il faut noter que l’étude de la monogamie et la polygamie des corrélations quantiques dans les systèmes quantiques multipartites est très dépendant du choix des mesures des corrélations. Beaucoup de questions intéressantes, en ce qui concerne ce problème, ils restent ouvertes. La quantification des corrélations multipartites réelles constitue un défi majeur dans le domaine de la théorie de l’information quantique pour comprendre la distribution des corrélations quantiques dans les systèmes comprenant plusieurs parties. 106 Conclusion générale Cette thèse porte sur la dynamique des corrélations quantiques dans des systèmes multipartites. En effet, la principale motivation de ce travail concerne le développement des moyens et outils pour stabiliser la quantité de corrélations dans un système quantique composite. Le couplage inévitable du système avec son environnement conduit à la dégradation de la quantité de l’information quantique et conduit à la décohérence du système. Pour un qubit optique codé dans un état cohérent de type Glauber, l’influence de l’environnement se manifeste par une perte de l’énergie. Cette perte peut être modélisée par un opérateur unitaire qui représente un diviseur de faisceau. Cette modélisation mathématique fournit un moyen simple pour comprendre la perte de l’information et la dynamique conduisant à la décohérence du système. De ce fait, il devient possible d’imaginer les stratégies adéquates pour prévenir contre ces effets indésirables. Un autre aspect important dans l’analyse des processus de décohérence concerne la distributions des corrélations entre un système bipartite et son environnement. Cette distribution obéit à une relation assez restrictive connue dans la littérature comme la relation de monogamie. Dans ce sens, nous étudions cette propriété pour des états cohérents et des états non orthogonaux pour établir les conditions de distribution des corrélations quantiques dans des systèmes tripartites. Dans le chapitre 1, nous avons introduit les concepts de base de la théorie de l’information classique. Ensuite, nous avons défini les notions importantes de cette théorie à savoir l’entropie de Shannon, entropie conjointe, conditionnelle et l’information mutuelle. Nous avons introduit également les notions essentielles de l’information quantique, tels que l’entropie de von Neumann, espace de Hilbert, les mesures quantiques et OMVP, la notion qubit, et le formalisme de l’opérateur densité. 107 Conclusion générale Le chapitre 2 est consacré à la quantification de l’intrication des systèmes bipartite qui est le plus utilisé dans les processus de traitement de l’information quantique. La définition des états séparables et non séparables (intriqués) est donnée aussi lien pour les états purs que pour les états mixtes. Nous avons introduit plusieurs mesures des corrélations quantiques comme : la négativité logarithmique, la concurrence, l’intrication de formation, la discorde quantique et sa variante géométrique. Finalement, nous avons définit un schéma unificateur géométrique pour les corrélations (totale, quantique et classique) des états mixtes dans des systèmes bipartites. Nous avons obtenu des expressions explicites pour la discorde quantique, la mesure géométrique. Un schéma unificateur des corrélations pour la classe des états X est établit. Dans le chapitre 3, nous avons introduit la dynamique des systèmes ouverts ainsi que l’équation de Schrödinger (ou von Neumann). Nous avons précisé le rôle des différentes approximations (Born-Markov, l’onde tournante) appliqués, pour la dérivation de l’équation d’évolution pour l’opérateur de densité réduite du système et nous avons discuté la représentation matricielle qui décrit les phénomènes de dissipation et de décohérence. Enfin, nous avons étudié les opérateurs de Kraus pour différents canaux quantiques. Cette approche est utilisée en théorie de l’information quantique et se généralise aisément aux systèmes multipartites. Le chapitre 4 est consacré à l’étude de l’intrication et la monogamie de l’intrication pour des cas simples. Nous avons examiné la relation de monogamie dans les états de type W et GHZ. Nous avons aussi défini les mesures d’intrication bipartites pour des états purs et mixtes. Nous avons évalué ces mesures pour des systèmes en basse dimension afin de disposer des outils pour discuter leurs propriétés de monogamie. Nous avons aussi mis en évidence les différentes approches pour traiter la monogamie d’intrication. Enfin nous avons étudié la monogamie d’intrication et la notion de tangle moyen dans des états à trois qubits. Dans le chapitre 5, nous avons étudié les propriétés de la décohérence des états de type Bell définis en termes des états cohérents de Glauber. Les effets de décohérence sont qualitativement modélisés par l’action d’un diviseur de faisceau 50/50. Cet effet est paramétré par un coefficient de transmission t pour tenir compte de la perte de l’information. Nous avons utilisé un codage en qubits logiques pour convertir les variables continues (états cohérents pairs et impairs de Glauber) en qubits discrets. Par la concurrence, l’intrication de formation, la discorde quantique et sa variante géométrique, nous avons caractérisé les corrélations quantiques entre les états de type Bell à deux modes. Les expressions analytiques explicites de ces mesures ont été obtenues. Enfin, nous avons étudié la distribution de l’intrication de formation, de la discorde quantique et de la discorde géométrique entre les états de type Bell et l’environnement. Nous avons démontré que les corrélations quantiques mesurées par la concurrence satisfont la relation de la monogamie. Nous avons aussi montré que lorsque les corrélations sont mesurées par des mesures 108 Conclusion générale entropiques ou géométriques comme l’intrication de formation et la discorde quantique ou sa mesure géométrique, la monogamie est satisfaite dans certains cas particuliers pour des valeurs spécifiques de la force du couplage avec l’environnement. En particulier, pour chacune des mesures mentionnées ci-dessus, nous avons déterminé les valeurs critiques du paramètre de transmission t et du paramètre du recouvrement p pour les quelles la relation de la monogamie est satisfaite ou violée. Enfin, dans le chapitre 6, nous avons dérivé explicitement les corrélations quantiques dans un système tripartite impliquant des états non orthogonaux. La quantité totale de corrélations quantiques est définie comme la somme de toutes les corrélations bipartite quantiques. Elle est évaluée en utilisant des mesures qui vont au-delà de l’intrication, par exemple, la discorde quantique entropique et sa version géométrique. Nous avons montré que la somme de toutes les intrications de formation bipartite dans un état tripartite pure intriqué, est exactement la somme de discorde quantique bipartite dans toutes les bipartitions possibles. Ce résultat particulier provient de la relation de conservation de l’intrication de formation et de la discorde quantique. Nous avons aussi examiné la relation de monogamie de la concurrence, l’intrication de formation, de la discorde quantique et la discorde quantique géométrique dans le cas particulier des états chat de Schrödinger à trois modes non orthogonaux. L’intrication de formation et la discorde quantique suivent la propriété de monogamie dans les états tripartites symétriques m = 0. Toutefois, dans le cas antisymétrique m = 1, ces mesures cessent d’être monogames lorsque les états chat à trois modes approchent les états à trois qubits de type W3 correspondant à la situation p → 1. Finalement, il faut noter que l’étude de la monogamie et la polygamie des corrélations quantiques dans les systèmes quantiques multipartites est très dépendante du choix des mesures des corrélations. Beaucoup de questions intéressantes, en ce qui concerne ce problème, restent ouvertes. La quantification des corrélations multipartites réelles constitue un défi majeur dans le domaine de la théorie de l’information quantique pour comprendre la distribution des corrélations quantiques dans les systèmes comprenant plusieurs parties. 109 Conclusion générale 110 Bibliographie [1] C.Cohen-Tannoudji, B. Diu, and F. Laloë. Quantum Mechanics, Vol. I. Wiley, New York (1977). 1 [2] M. 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Scr Volume 89 Number 6 (2014) 12 pages. Communication orale et poster : 1. Geometric quantum discord for multi-mode even and odd Glauber states, à l’école de l’information quantique, Rabat les 30 Novembre et 01 décembre (2012). 2. Autour de la Discorde quantique, Ecole Nationale : Cryptography and Quantum Information Theory, 31 Janvier et 01 février (2014), ENSET-Rabat and Fac SciencesRabat. 3. Poster "The Evolution of geometric quantum discord of Two Qubits in Independent Reservoirs", à l’école CIMPA de Meknès, "Operator theory and the principle of quantum mechanics", 8-17 September (2014). 4. Evolution de la discorde quantique dans des systèmes bipartites couplés à l’environnement, Ecole de la théorie de l’information quantique et cryptologie, 6-7 Février (2015). 5. Schéma unificateur pour les corrélations des états mixtes dans des systèmes bipartites, les journées doctorales CPM-2015, Juin 11-13, (2015), Institut Scientifique. ESSABER Rim ([email protected]) Université Mohammed V de Rabat - Maroc Lab/UFR de Physique des Hautes Energies Modélisation et Simulation UNIVERSITÉ MOHAMMED V FACULTÉ DES SCIENCES Rabat DOCTORAT Résumé de la Thèse Discipline : Physique Spécialité : Physique Mathématique Laboratoire : Physique des Hautes Energies, Modélisation et Simulations Responsable de laboratoire : El Hassan SAIDI Titre de la thèse : Evolution des corrélations quantiques et processus de décohérence en théorie quantique de l’information Prénom, Nom : ESSABER Rim Résumé: Dans le domaine de la physique de l’information quantique, les corrélations quantiques constituent un outil essentiel pour améliorer certains processus de traitement de l’information par rapport à leurs analogues classiques. Dans ce sens, la quantification, la caractérisation et l’identification des mesures adéquates de ces corrélations revêt une importance capitale. D’un autre côté, l’information codée dans un système quantique peut être facilement détruite au vue de l’intrication du système avec son environnement et qui induit la décohérence du système quantique. Dans cette thèse intitulée "Evolution des corrélations quantiques et processus de décohérence en théorie quantique de l’information", nous étudions les mesures bipartites des corrélations quantiques dans des systèmes multipartites. Ces mesures sont faites par le biais de la concurrence, l’entropie de formation, la discorde quantique et sa variante géométrique basée sur le concept de la distance de Hilbert-Schmidt. Afin de tenir compte des effets du couplage des états cohérents avec l’environnement, nous avons développé un modèle simple où les effets de décohérence sont modélisés par un diviseur de faisceau. La distribution des corrélations quantiques entre le système bipartite et l’environnement est étudiée en détail. En effet, nous avons établit les conditions de violation de la relation de la monogamie de l’entropie de formation, la discorde quantique et la discorde géométrique. Un autre aspect de ce travail concerne la distribution des corrélations quantiques dans un état tripartite constituée par des systèmes préparés dans des états non-orthogonaux. Une relation de conservation entre les entropies de formation et les discordes quantiques bipartites est obtenue. De plus une étude détaillée de la relation de monogamie est présentée. Mots clés: Discorde quantique - Intrication quantique - Etats cohérents Séparabilité – Systèmes quantiques ouverts - Equation d’évolution - Opérateurs de Krauss - Canaux quantiques –Décohérence - Monogamie. Faculté des sciences, 4 Avenue Ibn Battouta B.P. 1014 RP, Rabat-Maroc Tel +212 (0) 37 77 18 34/35/38, Fax : +212 (0) 37 77 42 61, http :/www.fsr.ac.ma