Pratique infirm n4 vol9 bis 16/12/09 18:10 Page 132 Pratique infirmière Les biphosphonates Copyright © 2016 John Libbey Eurotext. Téléchargé par UNIVERSITE DE FRANCHE COMTE BU SANTE le 27/06/2016. Nicole Rama IDE coordinatrice, Service d’oncologie, Toulouse L Lors de maladie cancéreuse, les ostéoclastes sont influencés par des facteurs sécrétés par des cellules néoplasiques telles que les cytokines, les prostaglandines, etc. La formation osseuse est produite par les ostéoblastes, activés par le facteur (OBGF). Ces cellules proviennent de cellules mésenchymateuses et s’apparentent aux fibroblastes. Elles fabriquent du collagène, de l’ostéocalcine ainsi que d’autres protéines de la matrice osseuse et contribuent à la minéralisation de l’os. Les biphosphonates sont porteurs d’une liaison stable phosphore-carbone-phosphore (PCP) qui se lie à la matrice osseuse, cela notamment aux sites actifs du remodelage osseux. Sous leurs effets, les ostéoclastes absorbent l’os chargé en biphosphonate au cours de l’endocytose (pénétration cellulaire de larges molécules ou particules par des régions localisées de la membrane plasmatique ou de la paroi cellulaire) pendant que les ostéoblastes fabriquent de l’os nouveau. Les fortes concentrations de biphosphonates dans les ostéoclastes perturbent leur capacité de résorption et leur nombre. Ce faisant, ils ralentissent la progression de la métastase osseuse (MO). Les biphosphonates sont considérés comme le traitement standard des MO. Il faut retenir que : L’adulte renouvelle environ 10 % de son squelette en un an, lors du processus normal de remodelage osseux. Les ostéoclastes, sous l’effet des tumeurs induisent une destruction osseuse. es biphosphonates sont des molécules indiquées dans les traitements de l’ostéoporose et des métastases osseuses (MO) secondaires à des cancers tels que celui du sein, de la prostate, du poumon ou à un myélome multiple. Ils ciblent les mécanismes physiopathologiques des MO ainsi que les complications associées, telles la douleur, les fractures pathologiques, la compression médullaire, l’hypercalcémie. Ils sont souvent utilisés en tant que traitement de prédilection pour l’hypercalcémie (HCM) paranéoplasique (tumorale) en inhibant la résorption osseuse pathologique, de par leur régulation de l’activité des ostéoclastes. L’HCM est une augmentation du taux de calcium causée par la destruction osseuse. L’introduction de traitement par biphosphonates réduit la destruction et la résorption osseuse ; c’est le cas pour le taux de calcium, qui dans 70-90 % revient vers la normale. Les biphosphonates peuvent être associés à un traitement d’hormonothérapie ou à une chimiothérapie. Que sont les biphosphonates ? Ce sont des analogues artificiels de la molécule de pyrophosphate, substance trouvée naturellement dans l’os, qui inhibe le dépôt de minéraux. Leur action est de stimuler. Physiologiquement le remodelage osseux est constant et assure la solidité et l’intégrité structurale de l’os, ainsi que la régulation calcique. Il résulte de l’équilibre entre la résorption et la formation osseuse produit par les ostéoclastes (résorption) et les ostéoblastes (formation). Bulletin Infirmier du Cancer 132 Vol.9-n°4-octobre-novembre-décembre 2009 Pratique infirm n4 vol9 bis 16/12/09 18:10 Page 133 Copyright © 2016 John Libbey Eurotext. Téléchargé par UNIVERSITE DE FRANCHE COMTE BU SANTE le 27/06/2016. Pratique infirmière Les formes orales Lors de MO, le renouvellement osseux est perturbé et entraîne une activité accrue des ostéoclastes. En inhibant l’activité des ostéoclastes, les biphosphonates réduisent la destruction osseuse excessive induite par la tumeur caractéristique de la métastase osseuse. Des données précliniques suggèrent que les biphosphonates, en plus de leur action directe sur les ostéoclastes, sont capables d’induire une apoptose (mort cellulaire programmée) des ostéoclastes et de diminuer l’adhérence des cellules tumorales à l’os (Neville-Webbe et al., 2002 ; van der Pluijm et al., 1996). Par conséquent, les bénéfices cliniques d’un traitement par biphosphonates incluent une réduction de l’incidence des fractures pathologiques et le soulagement de la douleur osseuse (Coleman, 2001) et contribuent à l’amélioration de la qualité de vie. Ainsi ils peuvent limiter le recours à la radiothérapie palliative. En Europe, quatre biphosphonates sont principalement utilisés pour traiter les métastases osseuses : Le clodronate, l’ibandronate, le pamidronate, et l’acide zolédronique. Clodronate • Clastoban®, Lytos®. Voie orale. • Prescrit à la dose de 1 600 mg/jour réparti en 2 prises pour améliorer la tolérance gastro-intestinale (peut être augmentée jusqu’à 3 200 mg maximum). • Il est à administrer avec un grand verre d’eau, et au moins 2 heures avant ou après le repas (Bonefos® PI). • Les capsules peuvent être ouvertes et mélangées à un peu d’eau, le contenu de celle-ci est acide et susceptible de causer une œsophagite. Ibandronate • Voie orale, comprimés pelliculés d’ibandronate 50 mg. • Doivent être avalés en entier avec un grand verre d’eau plate uniquement (180 à 240 mL). Les autres eaux risquent de présenter une forte concentration de calcium. • Risque potentiel d’ulcère de l’oropharynx si les comprimés sont sucés ou croqués. • Après une nuit de jeûne (au moins 6 heures) et avant la première ingestion de nourriture ou de boisson de la journée. • Le patient doit être en position debout ou assis bien droit et ne doit pas s’allonger pendant 1 heure après la prise du comprimé. • Rester à jeun pendant au moins 30 minutes après la prise du comprimé (possibilité de boire de l’eau à tout moment). • Les produits et suppléments médicaux (y compris le calcium) doivent être évités avant la prise du comprimé. Tableau des différents biphosphonates Substance active Nom commercial Administration Étidronate ou acide étidronique orale Didronel®, Osteodidronel® Clodronate ou acide clodronique Bonefos®, orale ou Clastoban®, Lytos® parentérale Tiludronate ou acide tiludronique Skelid® Les formes injectables orale • Elles sont administrées toutes les 3 à 4 semaines et peuvent être perfusées sur une voie veineuse périphérique de bonne perméabilité ou une voie veineuse centrale (VVC). • Attention de ne pas les reconstituer dans un soluté à base de calcium. • Penser à vérifier l’état d’hydratation de la personne, ses résultats biologiques et la tolérance de la cure précédente. • Respecter le temps de passage du produit. Pamidronate ou acide Aredia®, Ostepam®, parentérale pamidronique Pamidrin®, Paminject® Alendronate ou acide Fosamax® alendronique orale Risédronate ou acide Actonel® risédronique orale Ibandronate ou acide Bondronat®, ibandronique Bonviva® orale ou parentérale Zolédronate ou acide Zometa®, Aclasta® zolédronique parentérale Bulletin Infirmier du Cancer Pamidronate • Aredia® PI (poudre 90 mg). • Reconstituer avec les 10 mL d’eau stérile fournie. 133 Vol.9-n°4-octobre-novembre-décembre 2009 Pratique infirm n4 vol9 bis 16/12/09 18:10 Page 134 Pratique infirmière • Diluer dans une solution de chlorure de sodium 0,9 %. • Administrer en 2 heures minimum. • Vérifier bilan rénal. • Vérifier si problème et soins dentaires. • Les biphosphonates intraveineux peuvent entraîner une réaction inflammatoire aiguë (APR ou Acute Phase Reaction) pour un tiers des patients lors de la première séance. (Body et al., 2001b) • Elle peut se manifester par une hyperthermie, des céphalées, un symptôme grippal, des troubles digestifs de type nausées et anorexie. • À savoir : à la première injection, les douleurs osseuses ressenties peuvent être majorées. • Ces symptômes durent généralement quelques jours, d’où l’importance d’éduquer et d’informer le patient sur ces réactions et la régression de ceux-ci lors des traitements suivants. Copyright © 2016 John Libbey Eurotext. Téléchargé par UNIVERSITE DE FRANCHE COMTE BU SANTE le 27/06/2016. Ibandronate • Bondronat® PI (6 mg dans un concentré de 6 mL). • Prélever la dose prescrite et diluer dans 500 ml de solution de NaCl 0,9 % ou G 5 %. • Administrer immédiatement. • S’assurer de la bonne hydratation du patient. Acide zolédronique • Zometa® PI (poudre 4 mg). • Prélever la dose prescrite et diluer dans 100 mL de solution de NaCl 0,9 % ou G 5 %. • Supplémentation orale de 500 mg et 400 UI de vitamine D. 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