Etat de l’Environnement wallon Etudes - Expertises L’érosion de la biodiversité : Les papillons de jour Dossier scientifique réalisé dans le cadre de l’élaboration du Rapport analytique 2006-2007 sur l’état de l’environnement wallon Ce Rapport est réalisé sous la responsabilité exclusive de son auteur et n'engage pas la Région wallonne Violaine FICHEFET Convention Région wallonne - UCL (Unité d'Ecologie et de Biogéographie) Centre de Recherche de la Nature, des Forêts et du Bois Décembre 2006 Violaine FICHEFET est biologiste de formation. Depuis 2002, elle est responsable de la convention de suivi des libellules et papillons de jour (convention Région wallonne - UCL) lancée en 1989. Cette convention d'étude a pour but d'effectuer "le suivi de l’état de l’environnement wallon par les indicateurs biologiques" ainsi que "l’inventaire et la surveillance de la biodiversité". Outre les recherches sur le terrain ou les analyses des tendances évolutives, une part importante de son travail est de dynamiser les groupes de travail naturalistes bénévoles afin de permettre la récolte d'un maximum de données sur tout le territoire wallon. Les Rapports sur “l’état de l’environnement wallon” sont établis par la Direction générale des Ressources naturelles et de l’Environnement (DGRNE) du Ministère de la Région wallonne, en étroite collaboration avec les universités et les centres de recherche francophones de Wallonie et de Bruxelles (Art. 5 du Décret du 21 avril 1994 relatif à la planification en matière d’environnement dans le cadre du développement durable). Le 31 mai 2002, le Gouvernement wallon a adopté une convention -cadre pour financer la mise en place d’une coordination inter-universitaire, fondée sur une équipe scientifique permanente et sur un réseau d’expertise. Cette convention-cadre a été passée avec le Centre d’Etude du Développement Durable (CEDD) de l’Institut de Gestion de l’Environnement et d’Aménagement du Territoire (IGEAT) de l’Université Libre de Bruxelles (ULB). L’équipe scientifique est pluridisciplinaire et travaille avec la DGRNE qui assure la coordination générale. Les chercheurs comme les experts scientifiques sont issus de différentes universités. http://environnement.wallonie.be/eew 2 TABLE DES MATIERES 1. CONTEXTE GÉNÉRAL ........................................................................................................4 2. MISE EN PLACE DE STRUCTURES DE SURVEILLANCE PÉRIODIQUE OU PERMANENTE .............................................................................................................................4 3. LES PRINCIPAUX "PRODUITS" DE LA CONVENTION..............................................5 4. COMPLÉMENTS D'INFORMATIONS À LA SYNTHÈSE PRODUITE DANS LE RAPPORT DE L'ÉTAT DE L'ENVIRONNEMENT 2007........................................................6 PARAGRAPHE 1 : "PLUS DE LA MOITIÉ DES ESPÈCES REPRODUCTRICES EN SITUATION DÉFAVORABLE"..............................................................................................................................6 4.2 PARAGRAPHE 2 : " LA FERMETURE DES MILIEUX, LE MANQUE DE LUMIÈRE AU SOL ET L'ENRICHISSEMENT EN NUTRIMENTS MIS EN CAUSE" ......................................................................6 4.3 PARAGRAPHE 3 : "PRIVILÉGIER LES PRATIQUES EXTENSIVES DE GESTION"..........................7 4.4 SOUS-ARTICLE "IMPLICATION DES AGENTS FORESTIERS".....................................................7 4.5 PARAGRAPHE 4 : ENJEUX ET PERSPECTIVES .........................................................................8 4.1 3 1. Contexte général Cette expertise est réalisée dans le cadre d'une convention financée par la RW, visant initialement à surveiller notre environnement wallon par l'étude des bioindicateurs que sont les Rhopalocères. Ce programme de surveillance "SURWAL" a débuté en 1990, et s'est rapidement étoffé d'un second programme d'"Inventaire et de Surveillance de la Biodiversité" (ISB) en 1996. Ces deux programmes ont permis de rassembler une somme d'informations très importante sur la distribution, l'écologie, la conservation des papillons de jour et des habitats terrestres qu'ils fréquentent en Wallonie, grâce aux nombreux collaborateurs bénévoles du Groupe de travail "Lycaena". 2. Mise en place de structures de surveillance périodique ou permanente Un programme continu de surveillance de la qualité de l'environnement wallon par bioindicateurs a été lancé en 1989 (Devillers et al, 1992). En 1990, les papillons de jour se sont greffés à ce programme. Chaque année, il s'agissait de définir, sur la base d'inventaires biologiques, la valeur d'un indice régional dont les différences interannuelles ou l'évolution se devaient d'être représentatives de l'évolution de la qualité de l'environnement. Cet indice était établit à partir d'un inventaire biologique dans un réseau de sites supposés être représentatifs des modifications que subissent les paysages wallons. Le but initial du programme de surveillance de l'état de l'environnement (SURWAL) était donc de mettre en évidence certaines tendances et évolutions générales de l'environnement wallon en tirant parti du caractère " bioindicateur " des papillons de jour. Vu l'importante variation de l'effort d'échantillonnage de la part des collaborateurs au cours du temps (et donc la difficulté d'interpréter les résultats obtenus) et vu l'émergence de nouvelles priorités, un second volet est né en 1996. Cette nouvelle option imposait de revoir la structure du protocole d'échantillonnage. Ce volet ISB focalise d'avantage sur les espèces que sur les sites, et permet de fournir une image actuelle la plus précise possible de la situation des espèces en région wallonne, d'identifier les plus menacées ainsi que les sites qui les abritent; de dégager les tendances évolutives des populations, en particulier celles des espèces les plus menacées et d'élaborer des stratégies de conservation, visant à préserver les populations en sursis et, si possible, à favoriser leur redéploiement. Cet objectif se traduit concrètement par : - la mise en place d'une structure d'échantillonnage pour les espèces prioritaires. Un objectif idéal est de passer périodiquement (5 ans maximum) sur une grande proportion (min. 50%) des sites connus de chaque espèce prioritaire. - La mise en place de structures organisées de récolte de l'information visant à permettre une évaluation de la dynamique de l'ensemble du groupe biologique comme la réalisation ou la mise à jour d'atlas de répartition,… - L'identification des menaces existantes et identifiables sur les différents sites. Le programme SURWAL est présenté à partir de la page web http://biodiversite.wallonie.be/especes/ecologie/papillons/ISB_SURWAL/surwal_home.html, où sont décrits la méthodologie du programme, la synthèse de l'échantillonnage, les résultats, discussion et conclusions. Le programme ISB est décrit plus en détails sur la page web http://biodiversite.wallonie.be/especes/ecologie/papillons/ISB_SURWAL/ISB_home.html, où sont présentés divers "produits" de ce volet, et notamment les projets d'atlas, les listes rouges,… 4 3. Les principaux "produits" de la convention Concrètement, le Groupe de travail permet, par la récolte de données anciennes (collections) et actuelles, de constituer une base de données détaillées rassemblant l'ensemble des observations connues de chaque espèce. En 2006, le nombre total de données s'élève à 135.000. Cette base de données sert de référence pour établir des bilans sur des bases solides et permettre plus facilement les mises à jour. C'est son analyse qui permet tous les travaux de synthèse dont : - L'élaboration d'une liste rouge (régulièrement mise à jour), qui fournit un statut aux différentes espèces et identifie celles devant faire l'objet d'une attention particulière. - Les contribution aux Tableaux de Bord de l'Environnement wallon (dernière publication) et Rapports de l'Etat de l'Environnement wallon - La rédaction d'une liste à jour des espèces wallonnes, accompagnées de fiches écologique résumées. http://biodiversite.wallonie.be/cgi/sibw.esp.list2.pl?VAR=Papillon. Pour une grande partie d'entre elles, des fiches signalétiques plus détaillées sont également proposées. Chaque fiche comprend au minimum une brève description morphologique, des informations sur les exigences écologiques, une justification de l'importance accordée à l'espèce et une carte de répartition en Wallonie. http://biodiversite.wallonie.be/especes/ecologie/papillons/home.html - Lorsque c'est possible, les sites qui recèlent encore des populations des espèces prioritaires et/ou les sites dont le potentiel d'accueil est très important sont identifiés. Le but de cette démarche est de pouvoir, pour ces espèces, évaluer les déficits de protection et définir, sur base des menaces potentielles, la meilleure stratégie de protection des populations nonprotégées (proposition d'acquisitions, informations du propriétaire, conseils de gestion ...). Cet objectif se traduit concrètement par la réalisation de nouvelles fiches ou la complétion des fiches d'identification des Sites de Grand Intérêt Biologique (SGIB). Il s'agit notamment de compléter les listes d'espèces remarquables présentes dans ces sites et les mesures de gestion recommandées. Les renseignements détaillés correspondant aux informations synthétiques fournies dans cet inventaire sont gérés dans la base de données détaillées. - La réalisation d'atlas est un élément clé dans le processus de dynamisation du groupe de travail. C'est ainsi que l'atlas préliminaire de Wallonie a vu le jour en 2000, et qu'une mise à jour est prévue pour le printemps 2007 http://biodiversite.wallonie.be/especes/ecologie/papillons/ISB_SURWAL/papillons.html. 5 4. Compléments d'informations à la synthèse produite dans le Rapport de l'État de l'Environnement 2007 La synthèse telle que parue dans le Rapport de l'Etat de l'Environnement 2007 est présentée ci-dessous, accompagnée de compléments d'informations (dans des tableaux) lorsque cela s'avère nécessaire. 4.1 Paragraphe 1 : "Plus de la moitié des espèces reproductrices en situation défavorable" Sur les 114 espèces répertoriées en Wallonie, 103 sont reproductrices. Parmi celles-ci, 19 sont déjà éteintes, et 47 sont menacées à des degrés divers (VU, EN ou CR). Parmi ces espèces ayant un statut défavorable, 68 % sont actuellement protégées. Seules 35 espèces sont, pour l'instant, hors de danger. Il s'agit pour la plupart d'espèces ubiquistes et moins exigeantes quant à la qualité de leur milieu. Toutes les informations relatives au statut des espèces sont disponibles à partir de la page : http://biodiversite.wallonie.be/especes/ecologie/papillons/ISB_SURWAL/liste_rouge.html 4.2 Paragraphe 2 : " La fermeture des milieux, le manque de lumière au sol et l'enrichissement en nutriments mis en cause" Si les pelouses calcaires et les forêts feuillues sont les milieux initialement les plus riches en papillons de jour, ils comptent aussi le plus grand nombre d’espèces éteintes et menacées. Les espèces étroitement liées aux pelouses calcaires sont 35 % à avoir disparu et 50 % d’entre-elles sont actuellement menacées. L'exploitation forestière au cours du XXe siècle (plantation de pins noirs) a fortement réduit les surfaces de pelouses disponibles. En parallèle, l’abandon des pelouses restantes par l’agriculture a entraîné leur recolonisation par les ligneux et l'extension des graminées sociales. Favorisées en outre par l'augmentation artificielle de la fertilité des sols, ces graminées peuvent empêcher le développement de plantes-hôtes sensibles. Pour plus d'informations, voir http://biodiversite.wallonie.be/especes/ecologie/papillons/ISB_SURWAL/life_hte_meuse.html La faune des papillons forestiers s’est également appauvrie depuis un siècle : elle compte 52 % d'espèces menacées et 8 % d'espèces disparues. C'est surtout au nord du sillon Sambre-et-Meuse et en Ardenne que le déclin a été le plus important, tandis que les derniers grands massifs feuillus de Fagne-Famenne-Calestienne et Lorraine abritent encore une faune forestière diversifiée, et les dernières populations des espèces les plus sensibles. Il s'agit de zones forestières largement dominées par les chênes indigènes dans lesquelles les taillis et taillis-sous-futaie sont encore bien représentés. Les autres ont souffert soit d'un enrésinement important, soit de régimes d'exploitation privilégiant les futaies feuillues laissant peu pénétrer la lumière. Pour plus d'informations au sujet des normes de gestion pour favoriser la biodiversité dans les bois soumis au régime forestier, consulter la circulaire biodiversité (pdf = 1,7 Mo) Pour plus d'informations au sujet des papillons forestiers, voir la publication récente (2006) http://biodiversite.wallonie.be/especes/ecologie/papillons/images/ISB_SURWAL/papsforestiers_200612.pdf (pdf = 508.92 Ko) ou la publication plus ancienne (1999) http://biodiversite.wallonie.be/especes/ecologie/papillons/ISB_SURWAL/foretsrw.html Plus de la moitié des espèces liées aux prairies humides sont menacées ou éteintes. Ce constat est dû à l'exploitation sylvicole ou agricole (en particulier si des fertilisations pour l'élevage sont réalisées), mais aussi à la recolonisation spontanée par les ligneux. Il en va de même pour les prairies mésophiles, souvent surfertilisées et soumises à l'urbanisation. Abritant des populations relictuelles d'origine glaciaire, les tourbières sont extrêmement intéressantes pour les papillons. Les espèces y sont peu diversifiées mais très particulières et menacées au niveau régional. 6 Anciennement, les pratiques de drainage, détourbage et d’enrésinement ont entraîné des effets particulièrement néfastes sur les communautés végétales et les papillons qui leur sont associés. Trois des quatre espèces typiques des friches et des landes sont également menacées. L’abandon des pratiques agro-pastorales anciennes a mené à la dégradation et à la disparition d’importantes surfaces de ces milieux. Pour plus d'informations sur certaines espèces des prairies humides, des prairies mésophiles, des tourbières ou des bas-marais, consulter la brochure "Gestion des milieux semi-naturels et restauration de populations menacées de papillons de jour" Thème "Environnement en général" Collection "Brochures techniques ". Ed. 2000, MRWDGRNE, brochure, français, 125 pp., gratuit (sur commande). Le statut des Rhopalocères dans les 7 grands types de milieux a été mis au point sur base d'un tableau reprenant l'affectation de chaque espèce à un type de milieu, ainsi que son statut sur la liste rouge. Ce tableau et les commentaires sont présentés à la page http://biodiversite.wallonie.be/especes/ecologie/papillons/ISB_SURWAL/reew07_complements.html#evolution Un tableau reprenant les différentes menaces pesant sur chacune des espèces (regroupées par milieu) est présenté à la page http://biodiversite.wallonie.be/especes/ecologie/papillons/ISB_SURWAL/reew07_complements.html#menaces 4.3 Paragraphe 3 : "Privilégier les pratiques extensives de gestion" Il est devenu capital et urgent d'adopter des techniques de gestion plus extensives. Dans ce sens, le suivi des mesures indiquées dans la circulaire biodiversitéet le développement des mesures agri-environnementales (principalement les mesures favorisant les éléments du maillage écologique et la gestion extensive des prairies et bords de cultures ) sont préconisés. A ce travail de fond doit s'ajouter la gestion des sites Natura 2000 pour maintenir dans un état favorable voire restaurer des milieux fragiles abritant des espèces rares tels que les landes et pelouses sèches, les pelouses calaminaires, les prairies maigres de fauche, les tourbières ou les chênaies. En outre, la création de réserves naturelles est recommandée dans des cas plus précis, notamment afin de protéger les dernières stations d'espèces très sensibles pour lesquelles la gestion doit être particulièrement fine. Des projets Life ont déjà permis de restaurer et d'entretenir durablement des habitats d'espèces très sensibles (pelouses sèches, tourbières, marais…). Pour plus d'informations sur la gestion extensive des milieux : http://biodiversite.wallonie.be/especes/ecologie/papillons/ISB_SURWAL/gestion_entomo.html Pour plus d'informations sur les projets life terminés ou en voie de finalisation : http://biodiversite.wallonie.be/offh/life_tourbieres/ http://users.skynet.be/life.hautemeuse/ 4.4 Sous-article "Implication des agents forestiers" Des collaborations avec les services extérieurs de la DNF ont été mises en place récemment. Elles ont pour triple but de sensibiliser les agents forestiers aux problèmes liés au déclin des papillons de jour, d'établir des aménagements "biodiversité" intégrés dans la gestion quotidienne des forêts, et de rassembler les données récoltées dans le cadre de leurs travaux de terrain. 7 Un appel à la collaboration entre le C.R.N.F.B. et les services extérieurs de la D.N.F. a été lancé fin juin 2004 par le biais du trimestriel "les Nouvelles de la D.N.F.". Dans cet appel, le C.R.N.F.B. offrait à chaque agent la possibilité de demander des informations sur diverses enquêtes "biodiversité" et/ou de s’y impliquer personnellement. Une description fine de chacune de ces enquêtes a été rédigée et placée sur le Système d'Informations sur la Biodiversité en Wallonie. Ces pages web présentent les différentes enquêtes et proposent également des outils d’utilisation (fiches espèces, clés de détermination, …) ainsi que des formulaires d’encodage. Ces pages sont disponibles à partir de l'adresse http://biodiversite.wallonie.be/OFFH/inventaires/home.html 89 personnes se sont dites intéressées par l'enquête "papillons de jour". 9 formations de terrain ont dès lors été proposées en 2006, rassemblant 80 personnes des services extérieurs de la D.N.F.. A cette occasion, 55 guides d'identification et 70 filets à papillons ont été achetés et distribués. Afin de faciliter le contact avec les agents des cantons de l'est, tous les supports écrits ont été traduits en allemand. La présentation orale était également accompagnée d'un support écrit en allemand (traduit par un agent local). Depuis ces formations, environ 500 données ont déjà été transmises et encodées dans la base de données du Centre de Recherche de la Nature, de la Forêt et du bois "Data Fauna Flora". Diverses motivations sont invoquées par les agents: - Pouvoir identifier les espèces protégées, de manière à pouvoir faire respecter la Loi de la Conservation de la Nature - Améliorer la compréhension et le suivi de dossiers sur la conservation de la nature - Élargir le domaine de compétences - Poser un diagnostic éclairé concernant la valeur biologique de sites et leur gestion - Valoriser des zones non productives en forêt - Améliorer la connaissance sur la diversité biologique du triage - Participer aux inventaires de biodiversité sur le territoire wallon - Suivre des sites ou des espèces de façon récurrente, de manière à pouvoir mettre en évidence des tendances sur le long terme - … 4.5 Paragraphe 4 : Enjeux et perspectives Le financement par la Région wallonne d'un programme de surveillance des papillons de jour depuis 1990 a non seulement permis d'acquérir une bonne connaissance du statut des espèces, mais aussi de révéler un déclin net des populations. L’intensification des pratiques d’exploitation, l’enrichissement des milieux en nutriments et l’envahissement par les ligneux sont en cause. La perte, la fragmentation et l'isolement des habitats constituent des facteurs de déclin dans toute l'Europe. L'urgence de mettre en place des mesures adéquates de gestion est devenue incontestable. Mais si les causes profondes de cette importante régression sont maintenant bien connues, elles n'en restent pas moins difficilement maîtrisables. Sensibiliser, informer et conseiller les gestionnaires sont donc des actions devenues prioritaires pour tenter d'enrayer l'érosion de la biodiversité pour 2010. Les deux grands objectifs généraux à poursuivre sont (1) la conversion des modes actuels d’exploitation vers des modes garantissant une restauration des conditions écologiques favorables à la biodiversité et (2) la préservation de sites « réservoirs » d’espèces menacées. Pour cela, il est nécessaire de prévoir un programme complémentaire d'inventaire des habitats wallons, afin de définir les priorités d'actions dans le cadre d'une structure écologique. 8 A l'heure actuelle, l'objectif de stopper la perte de biodiversité d'ici 2010 n'est envisageable qu'au travers d'un suivi bien organisé et structuré de la biodiversité, permettant au fil des ans d'acquérir d'excellentes connaissances de la situation des espèces menacées et de leurs exigences. Le programme ISB-SURWAL, qui assure depuis 15 ans la récolte et l’analyse de données relatives à deux groupes de bioindicateurs, à savoir les libellules et les papillons de jour, a permis de former deux scientifiques spécialisés dans le recensement de ces deux groupes biologiques en Wallonie ainsi que dans la coordination de groupes de travail naturalistes spécialisés. Ce système repose en effet essentiellement sur une collaboration très étroite avec les amateurs, qui récoltent des milliers de données sur tout le territoire wallon et améliorent ainsi les connaissances relatives à la distribution et aux exigences écologiques des espèces. Cette connaissance est fondamentale puisqu’elle permet de mieux déceler les changements environnementaux, de cerner les causes majeures des perturbations et de proposer des mesures de conservation et de restauration pertinentes. Un programme basé sur le suivi des espèces devrait idéalement être mis en relation avec un inventaire des habitats wallons, pour définir à long terme des objectifs cohérents de développement durable des écosystèmes et définir des priorités d'actions dans le cadre de la construction de réseaux écologiques. Cet inventaire, nécessaire, est malheureusement encore indisponible à l’heure actuelle. Les connaissances acquises depuis le début du programme ont très souvent permis de tirer des sonnettes d'alarme dans les cas les plus urgents, et de proposer des mesures de gestion précises pour préserver les populations en danger. Ces actions sont encore trop souvent localisées et isolées, et seule une intervention plus large (application générale de pratiques favorables à la vie sauvage, création de réserves naturelles,…) résoudra, à terme, les problèmes liés au déclin de la biodiversité. Une prise de conscience générale par les différents acteurs (notamment gestionnaires forestiers et agriculteurs) permettra, à terme, de retrouver des modes de gestion favorables au maintien ou à la restauration de la biodiversité. C'est pour cette raison que les contacts et les échanges d'informations avec les gestionnaires devront se poursuivre et se renforcer à l'avenir. 9