réhabilitation de patients souffrant d`une maladie tumorale avancée

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RÉHABILITATION DE PATIENTS SOUFFRANT D'UNE MALADIE
TUMORALE AVANCÉE: POINT DE VUE D'UNE EXPÉRIENCE
PALLIATIVE
Gianfranco Ferrero et Libero Ciuffreda
Médecine & Hygiène | Revue internationale de soins palliatifs
2002/4 - Vol. 17
pages 135 à 137
ISSN 1664-1531
Article disponible en ligne à l'adresse:
-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------http://www.cairn.info/revue-infokara-2002-4-page-135.htm
Pour citer cet article :
-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------Ferrero Gianfranco et Ciuffreda Libero, « Réhabilitation de patients souffrant d'une maladie tumorale avancée: point de
vue d'une expérience palliative »,
Revue internationale de soins palliatifs, 2002/4 Vol. 17, p. 135-137. DOI : 10.3917/inka.024.0135
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Echos du terrain
Réhabilitation de patients souffrant
d’une maladie tumorale avancée :
point de vue d’une expérience palliative
Gianfranco Ferrero et Libero Ciuffreda
Médecins oncologues, Centre d’onco-hématologie, Hôpital S. Giovanni Batista, Turin
Résumé : Réhabilitation de patients souffrant d’une maladie tumorale avancée: point de vue d’une expérience palliative – Etant donné la fréquence
très élevée de la maladie cancéreuse, les soignants1 se trouvent souvent dans une situation où le traitement de réhabilitation n’est pas à proprement parler curatif mais plutôt palliatif. Ce travail fait le point sur les possibilités de contrôler les problèmes liés à la maladie cancéreuse en utilisant un instrument de soins à visée purement palliative.
Summary : Rehabilitation of patients suffering from advanced cancer: interest of a palliative approach – According to the high incidence of cancer,
care givers may find themselves in a difficult situation where rehabilitation is no longer curative but becomes palliative. We show in this
paper how cancer related problems may be controlled in a palliative way by using specific therapeutic tool.
Mots-clés : Accompagnement – Alliances – Réhabilitation – Soins palliatifs.
Introduction
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Comme d’autres affections de pronostic défavorable, la
maladie oncologique place les soignants dans une situation difficile puisqu’ils doivent prendre en charge des
malades sans espoir de guérison malgré les progrès thérapeutiques réels réalisés ces dernières années. Pourtant,
cette perspective ne devrait pas entraîner les soignants à
vivre leur travail quotidien de manière fataliste, mais plutôt stimuler la valorisation de chacun des aspects de la vie
d’une personne qui fait face à une maladie potentiellement mortelle.
Favoriser la réhabilitation
Principes
Dans la phase avancée d’une maladie cancéreuse, il est
fondamental de contrôler tous les éléments de cette
maladie en laissant le patient mener une vie la plus normale possible avec sa famille. De cette manière, et fort
des succès thérapeutiques obtenus dans certaines affections où l’augmentation de la survie a maintenant été
démontrée, chaque patient disposera, grâce au réseau
constitué par une équipe spécialisée, des meilleurs traitements et d’un soutien efficace dans une perspective de
réhabilitation.
Correspondance: Dr Gianfranco Ferrero, via Vanchiglia 11, I-10124
Torino.
1
Soignant: toute personne effectuant des soins.
INFOKara, vol. 17 , N° 4/2002
La mise en œuvre d’un traitement palliatif intégré
peut entraîner une morbidité liée aux toxicités de la radiothérapie, aux mutilations de la chirurgie et aux traitements médicaux porteurs de toxicités à long terme
comme c’est le cas dans un traitement à visée curative.
En conséquence, une approche thérapeutique globale de
la maladie néoplasique est indispensable en même
temps que l’évaluation ponctuelle des aspects de prévention, de traitement et de réhabilitation.
Objectifs
Il n’y a pas de doute: le patient guéri ou celui qui survit au
long cours doit être mis dans une situation où il lui est possible de réussir sa réinsertion dans le tissu social et économique. A fortiori, le patient qui souffre d’une affection
évolutive le conduisant rapidement à la mort, requiert
encore plus de moyens pour atteindre un niveau de qualité de vie le plus élevé possible. Les soignants qui prennent en charge un tel patient doivent être les garants de
ces objectifs. Un programme d’appui multidisciplinaire
aide à consulter le bon spécialiste au bon moment et
donne également la possibilité de résoudre ou de limiter
les problèmes médicaux ainsi que la charge émotive ressentie par chacun.
Dans le plan de traitement du patient, on impliquera
aussi sa famille et ses proches comme de véritables acteurs. Le travail d’équipe est donc une organisation qui
favorise le patient et sa propre vie afin d’améliorer la qualité même de cette dernière laquelle est en rapport étroit
avec la qualité du traitement. Il est d’ailleurs nécessaire
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Key-words : Accompaniment – Alliances – Rehabilitation – Palliative care.
G. Ferrero et L. Ciuffreda, Réhabilitation de patients souffrant d’une maladie tumorale avancée: point de vue d’une expérience palliative
que l’équipe thérapeutique soit flexible afin de s’adapter
aux diverses conditions imposées par les événements.
• sauvegarder l’indépendance;
• contenir la détérioration physique;
• maîtriser les œdèmes;
Gérer les symptômes
Le plan sanitaire national actuellement en vigueur en
Italie a placé, dans son programme prioritaire, l’humanisation des traitements médicaux et l’optimisation des
thérapeutiques avec, comme objectif, de prévenir les
complications et d’évaluer les résultats. Une importance
particulière a également été accordée aux aspects de
réhabilitation, notamment dans la phase avancée d’une
maladie cancéreuse.
• enseigner l’hygiène respiratoire;
• favoriser les postures adéquates;
• suivre le contrôle de la douleur.
Créer des alliances
L’équipe interdisciplinaire doit communiquer en son
sein à un très haut niveau et obliger ses membres à créer
des alliances avec le malade, avec sa famille et avec les
responsables des traitements.
Le rôle dominant de l’hôpital
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Une expertise essentielle
L’importance accordée à la gestion des symptômes augmente très rapidement et l’expertise dans un tel domaine
est essentielle pour les soins médicaux. L’approche holistique de la médecine palliative en oncologie ne confère
pas à la réhabilitation l’objectif de récupérer la fonction à
tout prix. Son but est de maintenir ou d’améliorer la qualité de la vie qui reste, en aidant le malade à cohabiter
avec sa maladie ainsi qu’avec les changements de l’image
de lui-même et les conséquences psychologiques du
poids d’une maladie stressante.
Dans notre expérience, les traitements physiques soignent les symptômes liés à l’évolution de la maladie. Les
objectifs de satisfaction des besoins du patient doivent
être simples, variables et à court terme. En premier lieu,
il est fondamental de rappeler l’énergie limitée que possède un patient cancéreux en phase avancée de sa maladie. Les objectifs et les instruments thérapeutiques
utilisés doivent souvent être passés en revue de manière
critique et être adaptés aux changements cliniques observés ainsi qu’à la réaction du patient au traitement.
Il est primordial de soigner l’incapacité de manière
appropriée et d’insister sur l’obtention d’améliorations
ponctuelles telles que:
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Alliance avec le malade
Celle-ci permet de maintenir les compétences acquises et
stimule les possibilités restantes des malades. Aujourd’hui,
ceci est quasiment impossible dans le modèle clinique traditionnel. L’alliance rend aux personnes la force de participer aux projets décisionnels.
De la même façon, il convient de respecter leurs habitudes, leur rythme de vie, leur volonté et leurs besoins
réels. L’aide apportée utilisera le moins de médicaments
possible et, si possible, n’envisagera pas d’intervention
agressive.
Finalement, il ne s’agit pas simplement de traiter ni
même de soigner, mais bien d’accompagner, par une présence aussi discrète qu’efficace et continue, jusqu’à la fin
de la vie.
Alliance avec la famille
Ici c’est le soutien qu’ils reçoivent et la satisfaction qu’ils
ressentent que la famille et les proches peuvent exprimer
activement lorsqu’ils participent aux soins. La possibilité
leur est ainsi offerte de pouvoir communiquer leurs émotions et de manifester leur affection. Il faut veiller à prendre
en compte leur fatigue, la lourdeur de la tâche, la solitude
vécue au cours des longues heures de présence, la crainte et
la peur tant de l’inattendu que des tensions et des crises qui
peuvent survenir dans des rapports familiaux.
Alliance avec les soignants
Il est essentiel de reconnaître le travail effectué par toute
l’équipe, d’avoir de la considération pour la compétence
d’un autre collaborateur, de communiquer l’état de la situation du malade et de le remettre à jour périodiquement
INFOKara, vol. 17, N° 4/2002
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L’hôpital général joue un rôle dominant dans la mise à
disposition des soins pour tous les patients, à toutes les
étapes du voyage d’une maladie cancéreuse. En fait, une
grande proportion de patients reçoit le diagnostic de cancer à l’hôpital et presque la moitié de tous les patients
cancéreux y terminent leur vie.
En 1998, la direction opérationnelle de l’hôpital
Azienda S. Giovanni Battista de Turin a créé un nouveau
service hospitalier, en l’occurrence une unité de soins palliatifs (PCU) capable de gérer les symptômes présentés
par des patients souffrant de cancers avancés.
G. Ferrero et L. Ciuffreda, Réhabilitation de patients souffrant d’une maladie tumorale avancée: point de vue d’une expérience palliative
Figure 1.
à travers des réunions. Ces réunions servent à faire émerger l’émotion propre des soignants, à décharger des tensions, voire des conflits, et à émettre des critiques.
Finalement, cette alliance implique de renoncer aux
droits d’aînesse, aux prébendes, instruments anachroniques, et aux présomptions hautaines et suffisantes.
La tâche palliative en oncologie est de permettre à
l’individu de s’ajuster sur les changements présentés par
son corps en utilisant les approches et les techniques qui
ont fait leurs preuves chez des patients souffrant de
maladies chroniques non cancéreuses.
Conclusion
Il est généralement admis que le besoin physique
complexe des patients souffrant de cancers avancés est le
mieux satisfait par une approche intégrée au moyen
d’une équipe multidisciplinaire. Toutefois, le risque
d’échec est toujours présent à partir du moment où il est
difficile de fournir une information complète, où la communication soignant/patient n’est pas saine et où on
élude les moments difficiles, tout en continuant d’administrer des soins dont la finalité curative est absente et qui
ne contiennent pas l’essence même de la palliation.
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1.
Bonadonna G, Robustelli della Cuna G. Medicina Oncologica. Milano:
Masson, 2000.
3.
Bonaldi A, Focarile F, Torreggiani A. Curare la qualità. Milano: Guerini e
Associati, 1994.
2.
Bozek PE. Comunicare con efficacia. Milano: Franco Angeli, 1994.
4.
Lovera G : Il malato tumorale. Torino: C.G. Edizioni Medico Scientifiche, 1999.
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RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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