2 2012 Le magazine destiné aux clients d’Ascenseurs Schindler SA next floor Des performances de pointe pour atteindre des sommets En Chine et en Inde, les mégapoles se multiplient Une vie créative dans une ruine: la Torre David, à Caracas «Hochzwei» – séduisantes perspectives à Lucerne Tour Roche de Rotkreuz – raffinements d’ingénierie Sommaire 4 L’efficience jusque dans les nuages – entretien avec Holger Wallbaum 6 10 12 Chine et Inde – multiplication des mégapoles Schindler et le défi asiatique La Torre David, à Caracas: une vie créative dans une ruine 15 Entretien avec Hubert Klumpner et Alfredo Brillembourg: «L’innovation, notre seule chance» 16 Projet d’urbanisme Praille-Acacias-Vernets – Genève se réinvente 18 20 Technologie PORT – la communication, clé du succès Tribunal administratif fédéral à Saint-Gall – entre sobriété et prestance 23 26 29 30 Tour Roche de Rotkreuz – raffinements d’ingénierie «Hochzwei» – séduisantes perspectives à Lucerne Schindler Award – une finale passionnante à Berne Supercalculateur «Monte Rosa» – l’EPFZ parée pour l’avenir Photo de couverture La fascinante ligne d’horizon de Shanghai, métropole économique chinoise. Impressum Editeur Ascenseurs Schindler SA, Marketing & Communication, CH-6030 Ebikon Rédaction Beat Baumgartner Adresse de la rédaction next floor, ­Zugerstrasse 13, CH-6030 Ebikon / Lucerne, nextfloor @ ch.schindler.com Gestion des adresses address @ ch.schindler.com Photo de couverture ­Getty Images Mise en page aformat.ch Litho click it AG Impression Multicolor Print AG Tirage 32 000 ex. Edition next floor paraît deux fois par an en allemand, en français et en italien Copyright Ascenseurs Schindler SA, reproduction sur autorisation et avec indication de la source www.schindler.ch Editorial Défis Chères lectrices, chers lecteurs, En Chine et en Inde, l’urbanisation progresse à pas de géant. La Chine compte aujourd’hui 164 villes de plus d’un million d’habitants et l’Inde pas moins de 46. Des chiffres en hausse constante. Actuellement, ce sont ces deux pays qui accueillent 50% des nouvelles tours construites dans le monde et 70% des nouveaux ascenseurs et escaliers roulants. Schindler a rapidement pressenti cette évolution et a été la première entreprise occidentale, il y a 30 ans, à s’engager dans une joint venture avec une entreprise publique chinoise. Au fil des ans, nous n’avons cessé de renforcer notre position en Asie. Dernière étape en date, la construction de deux nouvelles usines dotées de centres de recherche à Jiading, Chine, et à Pune, Inde. La situation est toute autre sur les marchés européens, développés et saturés. Là, il s’agit principalement – de densifier les centres urbanisés et d’arrêter ainsi l’étalement urbain et l’artificialisation des sols; – de revitaliser le bâti ancien des villes et, parallèlement, de construire de nouveaux bâtiments aussi efficients que possible sur le plan énergétique; – d’améliorer la mobilité et les flux de circulation dans les bâtiments avec des produits novateurs tels que la commande d’appel de destination Schindler PORT Cependant, «la densification, le renouvellement et l’innovation» ne suffisent pas pour répondre aux défis urbanistiques de demain. Il apparaît de plus en plus clairement que l’urbanisme moderne doit tout particulièrement prendre également en compte les besoins des personnes à mobilité réduite. Il s’agit de «mobilité sans obstacle pour tous» – une devise portée bien haut par le concours d’architecture Schindler Award depuis 2003. Dans quelques jours, nous saurons qui en a remporté la cinquième édition. Laissez-vous surprendre! Christoph Lindenmeyer CEO Schindler Suisse next floor 3 Thème Les tours séduisent aujourd’hui par leur efficience énergétique et leur bon bilan écologique. Sont-elles simple­ ment les éléments phares d’une société durable ou constituent-elle aussi la solution contre la pénurie de loge­ ments et l’étalement urbain? Holger Wallbaum, expert en construction durable, nous donne des explications. L’efficience jusque dans les nuages Dans les tours, la haute technologie est à la base d’une efficience énergétique élevée – comme au Costanera Center à Santiago du Chili, actuellement en construction, ou à la Hearst Tower (à droite) de Manhattan, New York. TEXTe Raphael Hegglin photo Thomas WEDDERWILLE & fabrikstudios L e XXIe siècle est synonyme de changement: pour la première fois, les ­citadins sont plus nombreux que les ­ruraux. Et les statisticiens des Nations unies pensent que la tendance à l’urbanisation va se poursuivre. Dans leurs «World Urbanization Prospects», ils ­estiment qu’en 2030 au moins 80% de la population des pays développés vivra dans des villes – contre près de 50% dans les pays moins avancés. Une chose apparaît d’ores et déjà: dans les zones urbaines, les terrains constructibles se font rares. Cela a des implications sur l’architecture et la ­façon de vivre des gens – la densification du bâti est une solution possible. Mais vivrons-nous et travaillerons-nous tous un jour dans des tours? «En Suisse, les tours resteront à l’avenir une réponse parmi d’autres au nombre restreint de logements et d’espaces de travail, déclare Holger Wallbaum. Mais elles ont une puissance de rayonnement, elles deviennent de plus en plus 4 des emblèmes qui attirent le public.» Et elles offriraient un espace de vie et de travail attrayant qui serait aujourd’hui associé à une grande efficience énergétique et à de bonnes caractéristiques écologiques. Exploitation de l’énergie solaire En termes d’efficience énergétique, les tours ont connu une évolution similaire à celle des maisons individuelles ou des immeubles d’habitation. Elles sont ­aujourd’hui pourvues d’une ­isolation thermique importante et sont conçues de manière à éviter les ponts thermiques. Alors que, jusqu’au ­tournant du millénaire, les tours étaient gourmandes en énergie, les nouvelles constructions et les bâtiments rénovés profitent désormais de solutions ­innovantes. En raison de leur forme haute et élancée, les tours présentent cependant une faible compacité. Les surfaces extérieures importantes – relativement à l’espace intérieur – sont synonymes d’une perte thermique correspondante. Mais cet inconvénient va de pair avec un atout: «Les façades de grandes ­dimensions des tours permettent d’exploiter l’énergie solaire de manière ­profitable», déclare Holger Wallbaum. Et ce, de manière active ou passive: dans le premier cas sous forme d’une façade composée de cellules solaires produisant du courant; dans le second avec une façade vitrée utilisant le rayonnement solaire pour chauffer. «Le bilan énergétique global des tours de nouvelle génération est donc souvent très bon.» Espace au sol optimisé De plus, les tours ont pour atout d’exploiter de manière optimale l’espace au sol – sur une surface relativement réduite, on crée beaucoup d’espace de travail et d’habitation. Cependant, on critique souvent la consommation élevée d’énergie grise et l’importance des Holger Wallbaum Holger Wallbaum est professeur en construction durable à la Chalmers ­University of Technology de Göteborg, Suède. Il était précédemment professeur assistant en construction durable à ­l’institut de gestion des constructions et des infrastructures de l’EPFZ. Depuis 2002, il est sociétaire et gérant de triple innova GmbH für Nachhaltiges Wirt­ schaften, à Wuppertal, Allemagne. De plus, il est membre de différents ­groupements internationaux tels que l’International Council for Research and Innovation in Building and Construction (CIB) ou la Deutsche Gesellschaft für ­Nachhaltiges Bauen (DGNB). techniques du bâtiment requises dans les tours. S’ajoute à cela la dépense énergétique potentielle nécessaire pour surmonter les étages – c’est-à-dire pour pomper l’eau de chauffage et l’eau sanitaire, mais aussi pour transporter les personnes et les biens en ascenseur. Holger Wallbaum relativise: «Là encore, la dépense énergétique est à mettre en relation avec la grande surface utile d’une tour.» Par ailleurs, le type d’utili- sation d’une tour influe selon lui sur sa consommation énergétique: «La consommation d’eau sanitaire est par exemple plus faible dans des bureaux que dans des appartements. En conséquence, on dépense moins d’énergie dans une tour de bureaux pour le pompage de l’eau sanitaire.» Par ailleurs, les équipements de bureau ainsi que les collaborateurs produisent beaucoup de chaleur résiduelle qui ­réchauffe l’atmosphère. «On ne peut donc pas définir de hauteur ou de ­dimension critique pour une tour. Chaque bâtiment a son propre bilan écologique.» Un point doit cependant être noté: tandis que des concepts avec peu de technologie permettent une ­efficience énergétique maximale dans les petits bâtiments, la haute technologie est à la base d’une efficience énergétique élevée dans les tours. Les ascenseurs, des axes vitaux Dans une tour, les ascenseurs ont un rôle central. Holger Wallbaum les qualifie d’axes vitaux. «On sous-estime ­souvent l’importance des ascenseurs: sans eux, on ne pourrait pas construire en hauteur.» La construction des gratte-ciel américains à la fin du XIXe siècle n’a ainsi été possible qu’à partir du moment où des ascenseurs de ­personnes sûrs et fiables ont été disponibles. «Dans le même temps, on ne prête quasiment pas attention aux ­ascenseurs. Il apparaît d’une manière générale comme une évidence qu’ils fonctionnent en permanence.» Il est à cet égard étonnant de voir à quel point les ascenseurs ont évolué tant sur le plan technique qu’énergétique. La clé d’une plus grande efficience énergétique et d’un meilleur bilan écologique pour les ascenseurs: des systèmes d’entraînement économiques, la récupération de l’énergie de freinage, une faible consommation en veille et une bonne gestion du trafic. Cette combinaison agit à deux niveaux: d’une part, les ascenseurs consomment euxmêmes moins de courant; d’autre part, ils sont plus efficaces – on a besoin de moins d’ascenseurs pour assurer une capacité de transport donnée, ce qui réduit la consommation d’énergie grise et de surface. Holger Wallbaum: «Construire des tours qui se distinguent par un bon bilan écologique ne pose aujourd’hui quasiment pas de problème sur le plan technique.» n next floor 5 Thème En Asie, la construction de logements est en plein boom. Aujourd’hui, une tour sur deux voit le jour en Chine ou en Inde. Partant, la demande d’ascenseurs et d’escaliers roulants connaît aussi une forte hausse. Aujourd’hui la Chine, demain l’Inde – l’Asie voit se multiplier les mégapoles 6 La ligne d’horizon de Shanghai. Dans aucun autre pays on ne construit autant de tours qu’en Chine. Hong Kong et son Inter­ national Commerce Center (à gauche sur la photo), équipé de l’ultrarapide Schindler 7000. TEXTE PIRMIN SCHILLIGER photo Getty / Keystone Q uoi de plus parlant pour illustrer le développement de l’Asie que la ligne d’horizon de mégapoles telles que Shanghai, Pékin, Bombay, Delhi, Manille, Séoul ou Djakarta? Ce sont des points de repère à l’échelle internationale. Mais qui a déjà entendu parler de Anshan, Baoding, Benxi ou Huaibei? Ce sont quatre représentantes plus «modestes» parmi les plus de 160 villes chinoises ayant dépassé le million ­d’habitants. Un nombre qui ne cesse de croître. Il s’agit en partie de villes ­entièrement nouvelles sorties de nulle part. Partout, de nouveaux immeubles poussent comme des champignons. Et tous ces bâtiments ont aussi besoin d’ascenseurs. Le poids lourd chinois donne le ton La construction de logements et, partant, la demande d’ascenseurs connaît en Asie une croissance plus rapide que partout ailleurs. La Chine joue à cet égard un rôle majeur. L’année dernière, près de 60% de tous les nouveaux ­ascenseurs et escaliers roulants ont été installés dans le pays le plus peuplé de la Terre. Le marché mondial a augmenté de 17,3% pour atteindre 665 000 unités. Les quatre cinquièmes de cette croissance sont à porter au crédit de la Chine. «Nous assistons en Chine à un séisme économique», déclare Kurt Haerri, chef de la Top Range Division (TRD) de Schindler et président de la chambre de commerce Suisse-Chine. Depuis le début de l’ouverture progressive de la Chine au marché mondial, en 1978, le volume du commerce extérieur a ­littéralement explosé, passant de 20 à 3000 milliards de dollars US. S’il ne p ­ rofite pas à tous, le boom économique actuel concerne de plus en plus de gens. Chine. Ce pays de 1,2 milliard d’habitants sera plus peuplé que la Chine d’ici les 15 prochaines années. Par rapport à l’empire du Milieu, l’Inde est encore un géant endormi dans le domaine du bâtiment. «Les standards y sont ­aujourd’hui bien moins élevés. Mais les potentiels sont considérables, d’autant plus que des tendances lourdes se r­ etrouvent dans les deux pays», souligne Bernard Schwegler, chef de la TRD dans la région Asie/Pacifique. Toutes voiles dehors Le développement ne concerne pas ­encore tout le territoire des deux pays. Le fossé économique entre les régions a entraîné des migrations des régions rurales vers les villes dynamiques. Rien que l’année dernière, la population ­urbaine en Chine comme en Inde a augmenté de 20 millions de personnes. c L’éveil d’un géant endormi En Inde, la prospérité croissante entraîne aussi une augmentation de la demande dans le secteur de la construction. 200 à 300 millions d’Indiens font aujourd’hui partie d’une classe moyenne au fort pouvoir d’achat. Mais le sous-continent ne se trouve qu’au début du boom immobilier que vit la next floor 7 Aujourd’hui, plus de la moitié des Chinois vivent dans des villes. En Inde, la proportion de la population ­urbaine a récemment dépassé les 30%. D’ici 2050, elle devrait atteindre 75%. L’évolution démographique continue à booster le marché de l’immobilier dans les deux pays: l’Inde compte chaque année 15 millions d’habitants en plus et la Chine 10 millions malgré la politi­ que de l’enfant unique. Plusieurs facteurs concourent donc à faire augmenter la demande d’ascenseurs à long terme. S’ajoutent à cela des décisions politiques. Le gouvernement chinois, par exemple, investit massivement dans la construction de logements sociaux. L’année dernière, près d’un tiers des nouveaux ascenseurs ont été installés dans ce segment. Si le gouvernement indien devait un Ceux qui ne peuvent pas suivre perdent un des principaux avantages, celui du leadership en matière de coûts», déclare Kurt Haerri. Tôt ou tard, l’Inde sera également incontournable. D’ici 2050, en effet, ce pays pourrait rattraper, voire dépasser la Chine sur le plan économique. c jour se décider à lutter de même contre la pénurie de logements, la demande d’ascenseurs augmenterait également de manière exponentielle sur le souscontinent. La dynamique de croissance asiatique influe de plus en plus sur les stratégies des grands acteurs internationaux du secteur des ascenseurs. Pour béné­ ficier de ce gigantesque potentiel et réussir à se positionner, il faut investir en conséquence dans l’exploitation de ces marchés. «De par sa taille, le marché intérieur chinois est devenu décisif pour tous les prestataires. L’un des immeubles d’habitation les plus hauts au monde, la résidence privée de 163 mètres de l’entrepreneur indien Mukesh Ambani à Bombay. Vue sur Hong Kong la nuit. 8 Entre surchauffe et sain ralentissement Dernièrement, la locomotive de la croissance de l’économie mondiale, la Chine, a cependant perdu de la vitesse. Les taux de croissance du PIB ne sont plus aussi élevés au deuxième trimestre. Ce qui n’empêche pas la Chine d’affi- Thème Tandis que l’ancienne colonie britannique de Hong Kong (ci-dessus) présente une forte densité de tours, Bombay (ci-dessous), en Inde, n’en compte encore que quelques-unes. cher des chiffres toujours enviables. Des économistes jugent même souhaitable que la Chine réduise la cadence. Au cours des dernières années, en ­effet, on observait une tendance à la surchauffe, notamment dans le secteur du bâtiment. Dans les régions industrielles clés de l’est de la Chine, les prix des terrains constructibles et de l’immobilier explosaient et on manquait de personnel dirigeant et d’ouvriers s­ pécialisés. On assiste à présent à un sain ralentissement. Avec des ­décrets ­limitant la construction ­spéculative de logements secondaires, les autorités chinoises ont réussi à ­freiner le rythme des projets de construction privés. ­Parallèlement, l’Etat a continué à ­stimuler la construction de logements sociaux, si bien que la situation s’est dans l’ensemble stabilisée. n next floor 9 Thème Schindler mène l’offensive sur les marchés d’Asie en pleine expansion et y renforce ses activités. En Chine et en Inde, de nouveaux sites de production sont créés. Et les sites de développement existants sont agrandis. Schindler et le défi asiatique TEXTE PIRMIN SCHILLIGER PHOTO COM S ur les marchés les plus dynamiques et les plus importants d’Asie, ­Schindler fait de gros investissements pour devenir leader dans tous les segments. Bernard Schwegler, chef de la Top Range Division de la région Asie/ Pacifique: «Nous sommes sur la bonne voie, avec une croissance déjà supérieure à celle du marché.» Schindler a défini dans une stratégie complète com­ ment renforcer et développer la position de l’entreprise dans les pays clés que constituent la Chine et l’Inde. Principale étape: créer de nouveaux centres de production dans ces deux pays. Plus grande usine d’escaliers roulants au monde L’usine chinoise d’ascenseurs et d’escaliers roulants est en cours de construction à Jiading, un district industriel à quelque 30 kilomètres de Shanghai. Les travaux de fondation ont débuté en août dernier sur le site de 280 000 mètres carrés. La nouvelle usine doit être achevée d’ici 2015. A plein régime, elle sera la plus grande usine d’escaliers roulants au monde. Pour les quelque 3000 collaborateurs, on a prévu un centre de restauration et de détente avec une cantine, un café, des salles de fitness et de gymnastique, ainsi qu’une bibliothèque. 10 La nouvelle usine indienne d’ascenseurs et d’escaliers roulants, à Pune, au sudouest de Bombay, est quant à elle plus avancée. Elle entrera en service en 2014. Jörg Mächler, responsable des projets du groupe: «Selon les besoins, la production pourra par la suite être relevée par paliers.» Avec ses nouvelles usines en Chine et en Inde, qui représentent près de 200 millions de francs d’investissement, Schindler pourra quadrupler ses capacités actuelles. Trois centres de R&D complets Les sites de Jiading et de Pune accueilleront par ailleurs des centres de ­recherche et développement (R&D). Parmi les infrastructures de Jiading, une tour d’essais de 200 mètres de haut avec un banc d’essais pour les chutes libres. On pourra y tester des applications dans le domaine des ascenseurs hautes performances. Guntram Begle, CTO (Chief Technology Officer) de Schindler, s’en réjouit. «Il serait difficile d’obtenir une autorisation pour une telle tour à Ebikon. En Chine, par contre, les autorités ont donné leur feu vert relativement rapidement», explique-t-il. D’ici 2015, la R&D occupera 150 collaborateurs à Jiading et entre 100 à 120 à Pune. Avec les deux ­nouveaux centres en Asie et le centre Le nouveau centre de recherche et l’équipe de chercheurs Schindler à Pune, Inde. Depuis 1980 Schindler est présent en Chine depuis 1980. La région Asie/Australie/Afrique, à laquelle sont rattachées la Chine et l’Inde, a été à l’origine de près de 21% du chiffre d’affaires global en 2011. Plus d’un quart des effectifs, à savoir quelque 12 000 personnes, travaillaient dans cette région, principalement en Chine et en Inde. L’importance de ces marchés va encore croître à l’avenir, comme en témoignent les chiffres du premier ­semestre 2012: c’est dans la région Asie/ Australie/Afrique que Schindler a enregistré sa plus forte croissance – 23%. Cette région contribue aujourd’hui à près d’un quart du chiffre d’affaires ­global. Dans le segment des ascenseurs hautes performances, la position de la Chine est encore plus nette. compétent et bien formé est une condition sine qua non pour pouvoir satisfaire, en Asie également, aux ­standards de qualité Schindler pour l’installation et l’entretien des ascenseurs et des escaliers roulants. Concentration et proximité existant à Ebikon, Schindler disposera à l’avenir de trois sites de recherche et développement à part entière. Acquisitions et formation La nouvelle usine chinoise de Jiading avec son imposante tour d’essais de 200 mètres. Les acquisitions font aussi partie de la stratégie de croissance ciblée en Asie. Ainsi, l’année dernière, Schindler a ­repris 46% des parts de Xuchang Xiji Elevator Co. Ltd., dans la province du Henan. Cela a permis de renforcer la position de l’entreprise sur le segment en forte croissance de la construction de logements sociaux. En Chine et en Inde, on accorde en outre un poids plus grand à la formation. Sur le nouveau site de Jiading, un centre de formation va permettre de former plus d’un millier de personnes par an: concepteurs ­d’applications, ingénieurs, dessinateurs, vendeurs techniques, etc. Un personnel Schindler renforce par ailleurs en continu son réseau de succursales ­régionales dans ces deux pays clés. En Chine, Schindler est désormais aussi présent dans des villes de moindre ­importance qui affichent des taux de croissance particulièrement élevés dans le domaine de la construction. Cette stratégie d’expansion permet également d’optimiser la chaîne de création de valeur, de mieux faire face à la pression exercée sur les prix et de réduire les coûts. «Sur les sites de Jiading et de Pune, tout est réuni, du développement à la production de série, en passant par l’élaboration de prototypes», déclare Jörg Mächler. Les progrès réalisés en électronique, en ingénierie et au niveau des matériaux utilisés doivent au final permettre à chaque nouveau modèle d’être moins cher et plus performant que le précédent. n next floor 11 Thème Près de 2500 personnes vivent illégalement dans la Torre David, un gratte-ciel de 45 étages jamais achevé à Caracas, Venezuela. La population a pris possession de cette ruine de béton qui aurait dû devenir une tour de bureaux. 12 En haut: l’intérieur de la Torre David inachevée avec deux puits d’ascenseur vides. En bas: la métropole de Caracas – les quartiers de gratte-ciel se mêlent aux bidonvilles. Vivre dans une ruine: la Torre David, à Caracas Quasiment tous les appartements de la Torre David sont occupés. 2500 personnes vivent dans cette tour de 190 mètres. TEXTE Martin Behr /«Salzburger Nachrichten» photo Iwan Baan Q uelle construction, quel projet! Une tour de bureaux de 190 mètres aurait dû voir le jour, mais la crise économique au ­Venezuela en a décidé autrement. Le chantier a été stoppé en 1994 et, depuis, le projet de construction «Centro Financiera Confinanzas», à Caracas, a été abandonné. C’est devenu un mémorial de la crise: des tonnes de béton pour rien ni personne. Jusqu’en 2007. Là, de premiers habitants des barrios, les quartiers pauvres, sont ­venus prendre possession de la tour vide et l’ont aménagée pour y vivre, quittant pour cela les bidonvilles de la périphérie pour le centre où se trouve la Torre David – cette ruine qui doit son surnom à David Brillembourg, investisseur malheureux de ce projet. La tour est aujourd’hui pleine de vie. Elle offre à plus de 750 familles un nouveau logement, il est vrai improvisé. Au moins 2500 personnes vivent donc ici. Il n’y a ni ascenseurs ni crépi sur les façades. Pas non plus de rambardes sur les balcons ni de parois de séparation à certains étages. Partout, des débris de verre, des morceaux de ­béton et des matériaux de construction. Mais cela ne dérange personne. Ce qui compte, c’est d’avoir un toit pour s’abriter. Autogestion créative La Torre David abrite, en plus des logements, des cabinets médicaux, des magasins, des cafés et des salles de fitness improvisés. L’approvisionnement en eau est assuré par des réservoirs et des pompes, et les habitants ont aussi réussi à se procurer l’électricité. L’activité dans la Torre David est tolérée par les autorités et la police. Et elle est observée et analysée par des experts en architecture. Durant plus d’une année, les membres du collectif interna­ tional Urban-Think Tank ont étudié l’organisation physique et sociale de cette communauté de squatters. Le squat est une ­occupation créative de lieux abandonnés. «Nous portons d’une manière générale un regard critique sur cette invasion. Nous ne plaidons pas pour une occupation des bâtiments inachevés, d’autant que la vie dans la tour est dangereuse. Mais notre objectif est à présent de trouver des moyens de rendre cette tour encore plus fonctionnelle et habitable», déclare Hubert Klumpner, qui dirige Urban-Think Tank avec Alfredo Brillembourg (petit-neveu du banquier et investisseur David Brillembourg). Hubert Klumpner qui, comme son collègue, est professeur d’architecture et d’urbanisme à l’EPF Zurich, se consacre depuis des années à des projets ­urbanistiques et architecturaux dans des quartiers pauvres. On ­estime aujourd’hui à près d’un milliard le nombre d’habitants des ­bidonvilles. «Nous pensons que ce n’est pas seulement un problème des villes de l’hémisphère Sud. Nous sommes tous concernés», ­déclare Hubert Klumpner. La Torre David fait aujourd’hui partie d’un fonds de liquidation ­appartenant aux autorités du Venezuela. «On ferme les yeux à dessein sur ce qui se passe dans le bâtiment. Une évacuation n’a jamais été à l’ordre du jour», déclare Hubert Klumpner. Le fait est que c next floor 13 Thème les gens ont bien organisé leur vie dans des conditions difficiles. Au 28e étage, les enfants font du tricycle à un endroit où il n’y a ni main courante ni garde-fou. Un hall a été transformé en terrain de foot. De nombreux endroits sont équipés de l’internet sans fil. Les familles nombreuses ont mis en place un système d’aide entre voisins. «Cette structure sociale de soutien nous intéresse beaucoup. On doit s’en remettre les uns aux autres. Les infrastructures qui font défaut sont remplacées par des relations humaines: c’est un phénomène captivant.» Il faut par ailleurs savoir que Caracas est une ville singulière et ­dangereuse. L’eau potable coûte ici plus cher que l’essence, le taux de criminalité est élevé. c photos de la tour et, sur les tables, des supports d’information. ­Hubert Klumpner: «Nous avons créé un espace social se rapprochant de ­celui des habitants de la Torre David.» Le jury de Venise a justifié sa décision par le fait que le prix était aussi adressé aux gens de Caracas qui, sous la forme d’une communauté informelle, ont créé par leurs propres moyens un nouveau lieu d’habitation dans un bâtiment inachevé. Une position qui ­suscite le débat au Venezuela. Le succès international a attisé la ­discussion sur place. Enfin! n «Less stupid cities» La Torre David n’est pas un cas isolé. Selon Hubert Klumpner, il existe ­notamment à Johannesburg, Bangkok ou Bombay des cas ­similaires où des pauvres ont trouvé refuge dans des gratte-ciel abandonnés. Le professeur est convaincu que la société occidentale pourrait tirer des enseignements des approches élaborées dans ces «bidonvilles verticaux». Et pas seulement des capacités d’improvisation des ­habitants: «Il s’agit également de considérer d’un œil ­critique nos technologies coûteuses et perfectionnées qui ne sont pas nécessairement durables.» Hubert Klumpner espère qu’une ­nouvelle génération d’urbanistes et d’architectes s’intéressera moins aux «smart cities» qu’aux «less stupid cities». La Torre David serait à cet égard un «laboratoire idéal» pour tester des technologies ­allégées en collaboration avec l’industrie et les habitants: «Nous ­devons enfin nous ­occuper du milliard de personnes qui vivent dans les bidonvilles.» C’est pourquoi Urban-Think Tank a par exemple conçu à Caracas, où l’espace est une denrée rare, un solide téléphérique citadin, des installations sportives verticales, ainsi que des ­sanitaires fonctionnant sans eau. «Il ne suffit pas d’observer, il faut aussi agir», déclare Hubert Klumpner. Lion d’or à la Biennale d’architecture de Venise A la Biennale d’architecture de Venise, Urban-Think Tank a reçu pour l’installation «Torre David / Gran Horizonte» le Lion d’or du meilleur projet dans le cadre de l’exposition «Common Ground» du ­directeur de la Biennale, David Chipperfield. A l’Arsenale, le collectif a installé un restaurant vénézuélien improvisé. Aux murs, des 14 Livre Torre David Informal Vertical Communities Publié par Alfredo Brillembourg et Hubert Klumpner, Urban-Think Tank, chaire d’architecture et d’urbanisme, EPF Zurich. La publication de l’étude «Torre David – Informal Vertical Communities» a été rendue possible par Schindler. Photos Iwan Baan. 480 pages, 300 illustrations Lars Müller Publishers, Zurich, 2012 ISBN 978-3-03778-298-9, anglais «L’innovation, notre seule chance» Hubert Klumpner (à gauche) et Alfredo Brillembourg en pleine discussion – et devant un bidonville à Caracas (photo à gauche). PHOTO U-TT / Daniel Schwartz L ors de la dernière Biennale d’architecture de Venise, Hubert Klumpner et Alfredo Brillembourg, d’Urban-Think Tank, ont reçu un Lion d’or pour l’installation «Torre David / Gran Horizonte». Nous avons d’abord demandé au duo quelles ­missions centrales il remplissait concrètement avec cet institut. Hubert Klumpner: Nous travaillons depuis plus de dix ans à des thèmes en lien avec la ville dans l’hémisphère Sud. Il s’agit de défis, mais aussi de potentiels qui s’offrent ainsi au «monde développé» et à ses villes. Notre chaire à l’EPFZ essaie d’établir une base pour la thématique de l’urbanisme en Suisse. Notre chaire n’est pas la seule à se consacrer à ce domaine, mais notre orientation sur les villes de ­l’hémisphère Sud et les problèmes qui y sont liés – villes disposant de peu de moyens financiers, infrastructures distendues et ressources ­limitées, mais aussi densité croissante de la population et du bâti – complète le potentiel d’enseignement et de recherche du département d’architecture de l’EPFZ. Votre recherche d’approches innovantes est omniprésente. Comment évaluez-vous les chances que ces impulsions ­synonymes d’innovation deviennent plus que de fascinantes ­réflexions dans la pratique – dans l’architecture et le déve­ loppement des villes? Alfredo Brillembourg: L’innovation est notre seule chance de toucher les villes et leurs habitants avant qu’il ne soit réellement trop tard. On pourrait aussi dire que «l’innovation est aux manettes». Le défi à cet égard est de créer une atmosphère encourageant et rendant possible une pensée avant-gardiste. La première étape pour cela consiste à se montrer et à rester critique envers soi-même. Quel est le rôle de votre chaire au sein de l’EPFZ? Hubert Klumpner: Alfredo et moi sommes très bien intégrés au domaine «Network City Landscape». C’est, en plus du Studio Basel et du Future City Lab de Singapour, un lieu où, au sein de l’EPFZ, on peut s’atteler à des questions portant sur le territoire, le développement urbain et la ville comme conquête et défi culturels. En plus de questions techniques, il s’agit là avant tout de comprendre la ­dimension culturelle, sociale et économique de la ville. Comment Urban-Think Tank doit-il évoluer? Hubert Klumpner: Urban-Think Tank a été créé à l’origine en Amérique du Sud comme une organisation à but non lucratif. Il s’agissait d’emblée de trouver comment mieux comprendre le phénomène du développement urbain dans les pays en voie de développement dans le contexte actuel, mais aussi comment intervenir dans la pratique. Le maillage international et le lien entre mission, vision et action nous ont menés à l’EPFZ, via Columbia University, où nous avions créé le SLUM_Lab. Notre objectif, dans la lignée naturelle de cette évolution, est de former en Suisse une nouvelle génération d’architectes. Vous considérez-vous comme le pendant critique de l’enseignement classique de l’architecture? Alfredo Brillembourg: Notre approche s’inscrit dans la lignée de l’époque précédant la postmodernité, où l’on ne se concentrait pas encore sur le précepte «forme = contenu». Il s’agissait d’une époque où, dans l’Europe de l’après-guerre, on se préoccupait encore, en plus des questions classiques de la modernité, de questions plus étendues sur notre société. La visite du projet Previ à Lima, Pérou, a à cet égard été pour nous une expérience décisive. L’Amérique du Sud comme laboratoire et les mises en forme à long terme des idées abordées par des architectes tels que Team 10, Aldo van Eyck, Ralph Erskine ou Yona Friedmann sont pour nous des points d’accroche très intéressants pour positionner à nouveau l’enseignement de l’architecture sur une plus large base. Quelle est votre définition de l’enseignement de l’urbanisme? Hubert Klumpner: Il existe de nombreuses façons d’aborder l’urbanisme. En Asie ou en Afrique, nous allons aujourd’hui – comme il y a quelques dizaines d’années en Amérique du Sud – réellement devoir développer de nouvelles villes ou multiplier par cinq ou six les dimensions de villes existantes à condition que se réalisent les prévisions selon lesquelles plus de 50% de la population vivra dans des centres urbains là-bas aussi. Pour nous, la question est cependant de savoir comment nous allons transposer de telles expériences dans des tissus urbains construits. n next floor 15 Urbanisme Genève – une ville se réinvente Au cœur de la ville de Genève, le quartier de La Marbrerie sera l’un des premiers à être réalisé dans le cadre de l’important projet de mutation urbaine du périmètre PAV (Praille-Acacias-Vernets). Deux tours d’habitation de 16 étages s’élèveront dans un environnement urbain totalement repensé. TEXTE Jean-Louis Emmenegger PHOTO Ville de Genève et CLR architectes A l’instar d’autres villes en Europe, Genève fait face depuis plusieurs années à une forte croissance: hausse du nombre d’habitants, développement des activités économiques et tertiaires, ­expansion des surfaces commerciales, augmentation de la densité du trafic urbain, etc. Dans ces conditions, le défi de Genève est de savoir ce qu’il faut entreprendre pour maintenir, voire améliorer la qualité de vie de ses habitants. Objectif: la densification Pour atteindre cet objectif, la ville et le canton de Genève prévoient des investissements importants pour la construction de logements, l’aménagement de quartiers d’habitation, l’amélioration d’axes ­routiers, etc. La construction de nouvelles lignes de tram et le projet de liaison ferroviaire CEVA (Cornavin–Eaux-Vives–Annemasse) viennent s’y ajouter. Seules deux solutions existent pour permettre une croissance ­urbaine: l’étalement (comme aux USA) ou, à l’opposé, la densification. En Suisse, et à Genève en particulier, le terrain disponible est très limité: l’étalement est donc impossible. Reste la densification, qui devient le seul principe réaliste de planification urbaine. Il faut construire en hauteur! D’ailleurs, toutes les villes suisses s’y mettent: Zurich (Prime Tower), Bâle, Grand-Lausanne, Fribourg, Zoug, Lucerne, etc. blique et Canton de Genève, «Genève a la grande chance de ­pouvoir disposer d’une surface de 230 hectares, situés près du centre-ville. Cette opportunité est unique: Genève peut se développer – à proximité de l’hyper-centre! Cela fait du périmètre PAV (Praille-Acacias-Vernets) un projet essentiel de mutation urbaine pour l’avenir de Genève.» Le PAV est le périmètre situé au cœur de Genève qui regroupe la zone industrielle de La Praille (gare des marchandises) et les quartiers des Acacias et des Vernets. Il touche trois communes: Carouge, Genève et Lancy. Ce territoire est dit «mixte», car on y trouve de l’habitat (logements) et des activités économiques (artisanat, commerce et petite industrie), avec 20 000 emplois. Mutation urbaine par excellence 140 des 230 hectares du PAV seront réaffectés, mais les infrastructures existantes (routes, rues, etc.) seront maintenues. L’objectif des urbanistes est de réaliser la mutation d’une zone industrielle et artisanale très active en un nouveau centre ville mixte et dense. Le défi est d’imaginer une nouvelle répartition entre l’habitat (la construction de 11 000 logements est prévue) et les activités ­économiques, avec de nouveaux bâtiments permettant la densification des surfaces à disposition tout en aménageant des espaces ­publics qui soient les garants de la qualité du cadre de vie. Le PAV: une chance unique Le nouveau quartier de La Marbrerie Comme l’explique Nathalie Luyet Girardet, directrice des ­missions opérationnelles (DMO) au Département de l’urbanisme de la Répu- La première parcelle (propriété de l’Etat de Genève) à entrer dans la phase de démarrage est le quartier de La Marbrerie (Carouge). Lors 16 Dans le nouveau quartier, deux tours (Castor et Pollux) sont prévues, de 16 étages ­chacune (dessin de CLR architectes Genève). du premier concours d’architecture du PAV, c’est le projet du ­bureau CLR architectes (Genève) qui a été primé. L’un des auteurs, l’architecte Patrick Longchamp, résume ainsi son projet: «Notre ­projet ­permet la cohabitation de l’habitat et des activités des PME et des commerces. Ces entités se trouveront sur deux niveaux, avec 6000 m2 de surface. A partir du troisième niveau s’élèveront deux tours (de logements) de 14 étages, soit 50 m de haut.» Les deux tours Castor et Pollux Le mur qui longera une route passante créera une cour arborisée, sorte d’oasis de tranquillité au milieu de l’activité économique et urbaine, et offrira un espace privatif aux locataires. Une terrasse végétalisée, une crèche et une place de jeux sont prévues. Au sommet des deux tours Castor et Pollux, les locataires des 158 logements disposeront d’une terrasse et d’un espace social. Le concept énergétique des bâtiments répondra à des critères très stricts. Le maître d’ouvrage prévoit l’ouverture du chantier en 2014 et l’inauguration en 2017. Après le quartier de La Marbrerie, d’autres zones au sein du PAV seront réaménagées. Genève vient d’entamer une profonde mutation: elle se redessine pour devenir une agglomération résolument moderne, dans l’esprit du design urbain du troisième millénaire. n Facts & Figures Le projet de La Marbrerie 2005Lancement d’un concours international d’architecture et d’urbanisme pour la densification du secteur PAV «Genève 2020» (Fédération des architectes suisses) 2007Présentation d’un masterplan (première délimitation du périmètre PAV) 2009 Projet de loi de déclassement des zones 2011Le Grand Conseil accepte à l’unanimité le déclassement du périmètre du PAV Septembre 2011 Premier concours d’architecture du PAV, projet La Marbrerie Février 2012Projet primé «Castor & Pollux» du bureau CLR architectes, Genève 2014 Début du chantier 2017 Inauguration du nouveau quartier La Marbrerie La quartier de La Marbrerie sera l’un des premiers à être réalisé dans le cadre de l’important projet de mutation urbaine du périmètre Praille-Acacias-Vernets. next floor 17 Accessibilité La communication, clé du succès La technologie Schindler PORT assure un remplissage optimal des ascenseurs. Mais ce n’est pas tout: elle guide les visiteurs efficacement et leur donne des informations importantes. La gestion du transit réduit les temps d’attente et la consommation énergétique des ascenseurs, mais permet aussi d’économiser un espace de construction précieux. TEXTE Raphael Hegglin photo ALBERT ZIMMERMANN L es bâtiments sont de plus en plus grands et complexes. Les réserves limitées de terrains constructibles et la croissance démographique impliquent une densification du bâti. Dans les grands immeubles, il est essentiel de ne pas laisser les visiteurs livrés à eux-mêmes. En effet, aux heures de pointe, des centaines, voire des milliers de personnes rejoignent leur poste de travail. Les ascenseurs et les escaliers roulants sont essentiels pour gérer ce flux. Lorsqu’ils sont coordonnés, on évite les temps d’attente. Quand 18 l­’ancien principe «premiers arrivés, premiers servis» s’applique, des queues se forment. Gestion du transit La communication est la clé du succès pour une gestion efficace du transit. La nouvelle technologie PORT dirige les visiteurs de manière facilement compréhensible vers l’ascenseur adéquat et, à travers le bâtiment, jusqu’à leur destination. Schindler PORT coordonne l’ensemble des ascenseurs et calcule en continu com- ment un usager arrivera le plus rapidement à l’étage souhaité. Le remplissage des ascenseurs est donc optimal et le nombre de trajets à vide et d’arrêts intermédiaires est réduit au minimum. Au final, on a besoin de moins d’ascenseurs et on libère un espace précieux pour des appartements ou des activités professionnelles. d’un handicap: les malvoyants sont guidés vocalement et les personnes en fauteuil roulant – identifiées comme telles par leur carte d’accès – bénéficient d’un temps d’ouverture des portes plus long et sont dirigées vers les ascenseurs les plus spacieux. Le temps où l’on choisissait sa destination en appuyant sur une touche en cabine fait désormais partie du passé. Service à la carte Grâce à la technologie PORT, le visiteur est dirigé vers l’ascenseur qui le mènera le plus rapidement à destination. Le terminal utilisateur (photo à gauche) peut aussi être utilisé avec un badge. Des terminaux installés dans le bâtiment se chargent de la communication. Ils sont appelés «Personal ­Occupant Requirements Terminals» (PORT). Ils disposent d’un lecteur de badge. Les visiteurs avec une carte d’accès sont ainsi identifiés et dirigés vers l’étage souhaité selon la programmation. Les terminaux PORT sont par ailleurs dotés d’écrans TFT tactiles et d’un haut-parleur – aux instructions visuelles s’ajoutent ainsi des instructions vocales. PORT permet donc aussi un accès adapté aux personnes porteuses Efficacité et rendement énergétique La technologie PORT peut être intégrée aux systèmes de commande du bâtiment et aux concepts de ­sécurité existants. Le contrôle d’accès peut ainsi être étendu aux ascenseurs et, en cas d'urgence, les ­terminaux donnent des instructions d’évacuation, sous forme vocale également. Schindler PORT ­améliore l’efficacité des déplacements et le rendement énergétique, et mène les visiteurs rapidement et simplement à destination. n next floor 19 Construire et rénover Un style épuré et majestueux La ville de Saint-Gall est le nouveau siège du Tribunal administratif fédéral. La nouvelle construction signée par les architectes Staufer&Hasler fait preuve de prestance et offre un cadre discret et néanmoins racé pour cette grande institution nationale. 20 Le nouveau bâtiment du Tribunal administratif fédéral est bien visible de l’ouest de Saint-Gall et marque l’entrée du centre-ville. TEXTe Katrin Ambühl photo ALBERT ZIMMERMANN I l y a quelques années encore, des mûres et des fleurs sauvages poussaient sur le site du Chrüzacker. Depuis l’été 2012, cette ancienne friche proche du centre est le nouveau lieu de travail de 400 collaborateurs du Tribunal administratif fédéral. Le déménagement de cette institution de Berne à Saint-Gall a marqué la fin d’un long processus qui a débuté en l’an 2000 avec la réforme de la justice validée par la voix du peuple. Il s’agissait entre autres de délester le Tribunal fédéral et de simplifier les procédures. Par ailleurs, le Tribunal administratif fédéral, qui était réparti sur trois sites, devait être réuni en un même lieu. Le choix de SaintGall a tout particulièrement constitué un acte démo Maître d’ouvrage Service des bâtiments du canton de Saint-Gall cratique, selon la Conseillère fédérale Simonetta ArchitectureStaufer & Hasler Architekten, Frauenfeld ­Sommaruga: «Les Tribunaux fédéraux à Lausanne, Entreprise généraleGros œuvre et enveloppe: Bellinzone et Saint-Gall forment avec le Tribunal des HRS Real Estate SA, Saint-Gall assurances à Lucerne un ensemble des plus équilibrés DirectionAménagement intérieur et technique du bâtiment: et des plus justes à l’échelle confédérale.» Staufer & Hasler Architekten, Frauenfeld Durée du chantier 2009 à 2012 Esthétique franche et affirmée Coûts 106 millions de francs Le nouveau bâtiment peut lui aussi être qualifié Ascenseurs4 ascenseurs Schindler 5400 d’équilibré. L’ensemble composé d’un bâtiment laté 2 Schindler 5300 ral de deux étages et d’une tour de 50 mètres fait la part des choses entre retenue et monumentalité, entre une esthétique honorable et affirmée. Cette structure est le fruit de réflexions d’ordre urbanistique et pratique. L’immeuble de 13 étages est l’espace réservé à l’administration. Le bas de la tour et le bâtiments importants, à savoir l’hôtel de ville près de la ment latéral abritent les espaces semi-publics – cafegare, le nouveau centre de la haute école spécialisée, teria, bibliothèque, salles de réunion et salles ou encore la tour de l’hôpital cantonal. «La tour est d’audience. bien visible de l’ouest et des collines environnantes. «L’une des questions centrales était de savoir comLe bâtiment marque l’entrée occidentale du centrement placer un volume aussi important – 86 000 ville», déclare Patrick Bünter, du service des bâtiments mètres cubes – à cet emplacement proéminent, sur du canton de Saint-Gall. un contrefort du Rosenberg», déclare Rico Lauper, Doubles niveaux responsable du projet au sein du cabinet d’architectes Pour la conception de la tour, les architectes ont Staufer & Hasler. La réponse des architectes consiste choisi une approche qui va à l’encontre de la tenen un bâtiment bas intégré à la pente, qui, avec la dance actuelle. Ils ont placé les éléments de statique villa existante, forme un espace public extérieur, et en à l’extérieur, alors que la plupart des tours modernes une tour. Cette dernière se situe sur le contrefort ocles cachent et ne donnent à voir que leur façade. c cidental du Rosenberg et complète une série de bâti- Facts & Figures next floor 21 Construire et rénover Sécurité et rapidité Des centaines de personnes utilisent chaque jour les ascenseurs du nouveau Tribunal administratif fédéral. Tous ont un objectif: arriver aussi rapidement que possible. Pour y parvenir, les ascenseurs de la tour sont équipés d’une commande d’appel de destination qui regroupe les personnes se rendant à un même étage. La commande centrale calcule quel ­ascenseur est le plus adapté pour que le passager ­arrive à destination aussi directement que possible. Au Tribunal administratif fédéral, tous les éléments visibles ont une fonction portante. La structure en acier et béton de la tour s’appuie sur une construction de base de trois niveaux avec façade ajourée et hall d’entrée interne. Cette construction de base est surmontée de cinq unités de deux niveaux. L’organisation en cinq doubles niveaux reflète la structure de cette administration composée de cinq sections. «Par son esthétique communicative renvoyant aux ­relations internes, la construction dispose d’un caractère représentatif adéquat et d’une majesté contemporaine», déclare l’architecte Rico Lauper. c Objectifs atteints La tour a été dotée d’une installation regroupant trois ascenseurs de personnes Schindler 5400. Un quatrième ascenseur de même type est spécialement conçu comme ascenseur pour les pompiers. Le ­bâtiment bas latéral est doté de deux ascenseurs Schindler 5300 en version standard. Les trois ascenseurs de la tour ont été installés tôt, car deux d’entre eux ont servi d’ascenseurs de chantier. Durant cette phase, ils ont été équipés d’un habillage intérieur spécial et de portes robustes. 22 Le style épuré et majestueux se poursuit à l’intérieur, ce qui est particulièrement visible dans le hall d’entrée: le béton nu est complété par du stucco lustro, les panneaux muraux et les armoires murales sont en chêne huilé, et, pour les sols, c’est un revêtement ­terrazzo relevé d’inserts décoratifs qui a été choisi. Autant de matériaux traditionnels de grande qualité dont la mise en œuvre a nécessité un haut degré de savoir-faire artisanal et de précision. Tout particulièrement pour les sols en pierre polie: les inserts décoratifs sont composés de différents types de pierre dans des tons jaune, rouge ou vert. Ils confèrent à chaque pièce une coloration et une atmosphère particulières. Le projet a été lancé en 2005 avec un concours en deux étapes mis en œuvre par le canton de Saint-Gall. Près de 200 propositions ont été transmises lors de la première étape. Les prescriptions pour le concours étaient claires: le bâtiment du tribunal se devait d’être accueillant, de refléter la justice et de matérialiser la représentation du droit. «Cet objectif fondamental a été parfaitement atteint par les architectes Staufer & Hasler avec l’esthétique extérieure, l’organisation intérieure et les matériaux utilisés», déclare Patrick Bünter, du service des bâtiments du canton de Saint-Gall. Le canton est le maître d’ouvrage de ce bâtiment qui fait l’objet d’un contrat de leasing avec la Confédération. Cette dernière le loue au Tribunal administratif fédéral qui emploie 75 juges et 320 collaborateurs et greffiers. Chaque année, ils traitent jusqu’à 17 000 cas et rendent quelque 9000 jugements. Avec ce nouveau bâtiment, l’institution dispose désormais d’un cadre qui reflète son sérieux et son importance. n Architecture Suisse Raffinements d’ingénierie L’immeuble attire immanquablement les regards des automobilistes. Il est au bord de l’A14, à l’embranchement Rütihof, aux portes du canton de Zoug. Le nouveau bâtiment administratif de Roche Diagnostics International SA se distingue non seulement par son architecture marquante, mais aussi par son concept intelligent de gestion énergétique et de technique du bâtiment. next floor 23 Architecture Suisse TEXTe Stefan Doppmann photo Albert Zimmermann L e bâtiment 5, comme est sobrement nommé ­l’immeuble, sert de centre administratif à Roche Diagnostics International depuis le milieu de l’année 2011. Au cours des dernières années, l’entreprise a concentré et fortement développé ses activités à Rotkreuz. Différentes constructions remarquables sur le plan architectural ont peu à peu vu le jour. Leur ­disposition suit un plan directeur des architectes ­lucernois Scheitlin & Syfrig. C’est ainsi qu’a pris forme un véritable site dont le point final provisoire est constitué par le bâtiment administratif culminant à 68 mètres. Le bâtiment 5 peut accueillir près de 625 postes de travail, répartis sur des espaces ouverts alternant avec bureaux individuels et salles de réunion vitrés. Les 13 étages de bureaux sont reliés par des escaliers en colimaçon généreusement dimensionnés. Cela réduit les trajets et facilite la communication. Aux deux niveaux supérieurs, différentes salles de réunion ont été aménagées. Les collaborateurs et les visiteurs peuvent ici profiter d’une vue époustouflante sur le lac de Facts & Figures Hauteur68 m, 18 niveaux, 2 SS, 1 RDC, 13 étages standard, 2 étages de salles de conférence Superficie956 m2 de surface au sol, 17 236 m2 de surfaces brutes au plancher Utilisation Bureaux (600 postes de travail), salles de réunion Situation Site de Rotkreuz de Roche Diagnostics International SA Maître d’ouvrage Roche Diagnostics International SA Représentation projektrosenberg, Zurich Architectes & pg Burckhardt+Partner AG, Bâle Emménagement Mi-2011 Ascenseurs3 ascenseurs de personnes Schindler 5400 1 ascenseur mixte (marchandises / personnes / pompiers), Schindler Custom Design 24 Zoug, avec en arrière-plan les sommets des Alpes. Tout en haut, on trouve aussi une salle de conférence de 100 places avec un foyer pour les rencontres, les apéros et la restauration. Concept statique innovant C’est Burckhardt+Partner, Bâle, qui a été chargé de la conception de la tour – suite à un concours entre cinq cabinets d’architectes suisses de renom. Son projet se distingue tout particulièrement par son concept statique tout aussi imposant qu’économique. Les ­piliers en forme de V et de A, qui caractérisent l’esthétique de la façade transparente, sont l’élément central de la statique. Ces composants préfabriqués supportent une part essentielle des forces, soulageant ainsi considérablement le noyau en béton. De cette manière, il a été possible de réduire l’épaisseur des murs porteurs dans l’immeuble de 50 à 30 centimètres, ce qui a permis d’accroître la surface utile. Consommation réduite – pas de climatisation Le concept de gestion énergétique et de technique du bâtiment est tout aussi novateur. La consommation énergétique annuelle du bâtiment est d’environ 81 kilowattheures par mètre carré. Ce qui est nettement mieux que les prescriptions internes à Roche – 100 kilowattheures. Le chauffage est assuré par une pompe à chaleur ­reliée à des sondes géothermiques. En été, les pièces sont rafraîchies par activation du noyau en béton: de l’eau circule dans un circuit de tuyaux intégré aux dalles de béton. L’eau en circulation abaisse la température des dalles de béton massives de l’intérieur. Ce froid stocké dans le noyau en béton est diffusé ­durant plusieurs heures dans la pièce, assurant ainsi une température intérieure équilibrée et agréable même lorsqu’il fait chaud dehors. On a ainsi pu ­renoncer à mettre en œuvre des climatiseurs gourmands en énergie. L’isolation acoustique a représenté un défi tout particulier pour les architectes. Pour que l’activation du noyau en béton soit optimale, la dalle en béton doit rester en grande partie dégagée. Pour obtenir malgré tout une bonne acoustique intérieure, les responsables du projet ont développé une solution novatrice en collaboration avec le célèbre Institut Fraunhofer de physique des bâtiments de Stuttgart: dans la dalle, on a inséré par bandes des profilés en fibres de ciment remplis de granulés de verre. Puis la dalle a été revêtue d’un crépi acoustique. De cette manière, une grande partie du bruit est absorbée sans que l’efficacité de l’activation du noyau en béton ne soit entravée. Avec la commande d’appel de destination, les utilisateurs des ascenseurs rejoignent leur étage rapidement. La façade remarquable du bâtiment 5. Enfin, la façade est elle aussi novatrice. Elle est constituée d’une structure en aluminium, avec un triple vitrage vers l’intérieur et un simple vitrage vers l’extérieur. La protection solaire se trouve entre les deux, ce qui lui évite d’être exposée au vent et aux intempéries. La ventilation permanente de l’espace vide entre les deux vitrages permet d’éviter la formation d’eau de condensation sur l’extérieur de la façade. Le mode de construction choisi facilite le nettoyage tout en assurant une protection efficace contre le rayonnement solaire. Un appareil de ventilation décentralisé équipe un axe sur deux de la façade. L’air est évacué de l’espace de manière centrale via l’équipement d’évacuation de l’air sur le toit. Commande intelligente des ascenseurs La gestion de la mobilité à l’intérieur contribue aussi à une exploitation efficiente du bâtiment. Des calculs effectués lors de simulations avaient permis d’établir que la capacité des trois ascenseurs de personnes ­prévus pourrait être insuffisante aux heures de pointe. C’est pourquoi le monte-charge a été configuré de manière à satisfaire aux standards pour le transport des personnes. La commande d’appel de destination PORT veille à présent à ce que tous les passagers ­arrivent à leur étage au plus vite. La tour Roche de Rotkreuz est le premier bâtiment de Suisse à être équipé de la nouvelle technologie PORT. n next floor 25 Architecture Suisse «Hochzwei» – séduisantes perspectives à Lucerne 26 Contestées lors de la votation et aujourd’hui acceptées. Les deux tours d’habitation sur le site lucernois de l’Allmend. Le nouveau stade de foot, le complexe sportif avec ­piscine et les tours d’habita­ tion forment une unité. Hier, l’armée; aujourd’hui, le sport, les foires et salons, la nature et les loisirs – la zone de l’Allmend, à Lucerne, a toujours eu beaucoup à offrir. La conception et la réalisation du nouveau stade flanqué des deux tours d’habitation «Hochzwei» ont donc représenté un défi de taille pour les architectes. TEXTe Beat Christen­­photo ALBERT ZIMMERMANN I l y a d’abord eu une maquette en plâtre. Puis des simulations tridimensionnelles présentant le nouveau visage du site de l’Allmend, à Lucerne, une fois achevée la construction du nouveau stade et des deux tours d’habitation. «Il n’a pas toujours été simple de faire comprendre notre concept urbanistique sur la base de ces visualisations», se souvient l’architecte lucernois Iwan Bühler. Avec Daniele Marques, un autre architecte lucernois, il a développé le projet lauréat d’un concours d’architecture pour le nouveau stade de foot de Lucerne. Iwan Bühler: «Pour comprendre, il faut appréhender le caractère tout à fait particulier que revêt l’Allmend pour les Lucernois.» Si le projet Marques/Bühler a finalement remporté l’adhésion du jury, c’est pour deux raisons: d’une part, les constructions sont clairement positionnées; d’autre part, les architectes ont réussi, malgré les dimensions exigées, à tenir compte de l’espace paysager de l’Allmend. La décision de séparer les différentes utilisations – stade de foot, complexe sportif avec piscine et centre de f­ itness, et tours d’habitation – s’est révélée être la clé du succès. Tous les éléments construits ont ainsi pu être réalisés indépendamment les uns des autres. Deux architectes – une équipe Si le duo d’architectes Marques/Bühler a d’abord eu des airs de communauté d’intérêts, chaque étape de plani­ fication les a rapprochés pour en faire une véritable équipe – un coup de chance pour l’ensemble du projet. Daniele Marques a un côté artiste et esthète. Ses réalisations se distinguent clairement d’autres constructions grâce à son langage architectural original. c next floor 27 Facts & Figures Développement/entreprise générale ARGE Halter/Eberli Maîtrise d’ouvrage: Stade Stadion Luzern AG Complexe sportifCSA Real Estate Switzerland, un groupe immobilier de Credit Suisse Fondation de placement Immeubles d’habitationCS Real Estate Fund Living Plus, un fonds immobilier de Credit Suisse Equipements sportifs Ville de Lucerne ArchitectesArchitekturgemeinschaft Marques AG, Lucerne, et Architekturbüro Iwan Bühler GmbH, Lucerne Durée du chantier 2009 à 2012 Ascenseurs Swissporarena: 2 Schindler 3300, 2 Schindler 2600 Complexe sportif: 3 Schindler 3300, 1 Schindler 2600 Salle de tir: 1 Schindler 3300 Immeubles d’habitation: 6 Schindler 5400 parc et d’installations sportives d’extérieur, déclarent les deux architectes pour expliquer leur approche. Bien que répondant à des usages divers, les bâtiments présentent des structures simples.» Acceptation grâce à l’architecture La combinaison de bleu, de blanc et d’or est un hommage aux couleurs du club de foot de ­Lucerne. A présent, les deux immeubles d’habitation baptisés «Hochzwei», qui comptent 285 appartements, ainsi que le complexe sportif sont achevés. Dès lors, ce projet architectural, qui est d’abord perçu par le biais des tours d’habitation, exhale toute sa puissance. Les deux bâtiments de 88 et 77 mètres de haut étaient encore contestés lors de la première votation populaire. Aujourd’hui, le projet est bien accepté par la population et ce, notamment grâce à l’architecture. La forme galbée développée à partir d’un carré, associée à la structure filigrane adoptée par le stade de foot et le complexe sportif, confère aux deux immeubles d’habitation un caractère noble et hors du commun. L’élément le plus caractéristique du nouvel ensemble sportif est la structure dorée qui provient des barres en aluminium revêtues par pulvérisation. Le stade est enveloppé par une structure de barres qui englobe également les accès. A travers la façade en aluminium perméable à l’air, on voit briller la coque intérieure bleue du stade à proprement parler. La combinaison de bleu, de blanc et d’or est un hommage aux couleurs du club de foot de Lucerne. Quatre bâtiments – une unité Iwan Bühler se démarque quant à lui par son amour du détail, combiné à une approche contemporaine de l’architecture et à une compétence en matière de gestion des bâtiments historiques. Cette association a finalement permis de trouver le juste équilibre entre des aspects économiques et une intégration urbanistique dans l’environnement délicat de l’Allmend. L’architecture comprend des éléments classiques de parcs tels que des clôtures, des grilles et des arcades. «L’expression filigrane qui ressort de ­l’architecture doit faire penser à l’atmosphère d’un c 28 Le nouveau stade de foot comptant quelque 16 000 places assises et le complexe sportif comprenant une piscine avec un bassin de 25 mètres forment une unité avec les deux tours d’habitation. Et ce n’est pas tout. Le nouvel ensemble sportif de l’Allmend applique des préceptes que la ville de Lucerne s’attache à mettre en œuvre depuis 2004: la préservation et le renforcement de la qualité des espaces verts, et une densification du bâti. Le stade est un véritable complément de l’espace de loisirs de proximité de l’Allmend. n Schindler Award Une finale passionnante aura lieu le 7 décembre 2012 au musée Paul Klee de Berne. Le lauréat du Schindler Award de cette année sera choisi parmi dix projets nominés. Une contribution suisse fait de nouveau partie des finalistes. Finale passionnante au musée Klee de Berne Le jury du Schindler Award 2012. TEXTe Beat Baumgartner photo Raffael Waldner L es dix nominés du concours d’architecture Schindler sont issus de six pays européens. Un jury composé de membres éminents les a sélectionnés parmi les 113 projets qui ont été transmis par des étudiants en architecture ou des équipes d’écoles d’architecture de toute l’Europe. Le 7 décembre 2012, à 16 h 00, à l’occasion de la remise du prix, les projets feront l’objet d’une présentation spéciale au musée Paul Klee de Berne. Le lauréat du concours et les quatre autres meilleurs projets recevront une dotation. En plus des auteurs des contributions les plus convaincantes, le jury a également sélectionné trois écoles d’architecture. Des prix d’une valeur totale de 50 000 euros leur ­seront attribués à titre de soutien à la recherche et de reconnaissance pour l’évaluation préliminaire des projets de leurs étudiants, mais aussi, d’une ma- nière générale, pour avoir intégré le thème dans leur programme d’enseignement. Le concours de cette année a placé les étudiants en architecture devant un défi particulier: comment réaménager la zone de la Schützenmatte, juste à côté de la mondialement célèbre vieille ville de Berne, et la rendre accessible pour tous, y compris les personnes porteuses d’un handicap? La Schützenmatte est un lieu présentant une grande diversité de possibilités d’utilisation et différents niveaux topographiques insuffisamment reliés entre eux. On a demandé aux étudiants de donner des idées sur la manière de mettre en valeur et de mieux exploiter cet espace public. Il s’agissait aussi de faire des propositions sur la façon d’intégrer au lieu d’exclure les différents groupes culturels et marginaux installés dans cette zone. www.schindleraward.com Les nominés du Schindler Award 2012 Projet N° 3Ensembles N° 5The N° 14New N° 60Joining Lund School of Architecture, Suède Hub Lund School of Architecture, Suède spaces for democracy Sint-Lucas School of Architecture, Belgique Haute école zurichoise de sciences appliquées, Suisse N° 62Convergent Diversity Voles Higher School of Architecture, Espagne N° 81No N° 98No N° 100lmpuls N° 101Bridging N° 104The title Université technique de Berlin, Allemagne title Université technique de Berlin, Allemagne Kraft Université technique de Berlin, Allemagne Barriers Université technique de Berlin, Allemagne Valley Sint-Lucas School of Architecture, Belgique next floor 29 Visions La Suisse fixe de nouvelles références Récemment, le nouveau Centre suisse de calcul scientifique a ouvert ses portes à Lugano. La nouvelle construction abritant des supercalculateurs doit permettre à la Suisse de rester un pays d’accueil compétitif pour la recherche scientifique. 30 Plutôt discret – le bâtiment administratif du nouveau Centre suisse de calcul scientifique. Facts & Figures Donneur d’ordres Entreprise de construction EPF Zurich Implenia Impresa Generale SA, Lugano Durée du chantierJanvier 2010 à janvier 2012 Inauguration officielle 31 août 2012 Estimation des coûts 67 millions de francs Ascenseurs1 ascenseur de personnes Schindler 5300 1 monte-charges Schindler 2600, hydraulique Un élément de la stratégie HPCN TEXTE Simone Ulmer, ETH Zürich Photo ALBERT ZIMMERMANN L Le nouveau bâtiment du CSCS fait partie de la stratégie High Performance Computing and Networking (HPCN). Elle a été développée par le conseil des EPF et validée par le Conseil fédéral et le Parlement en 2009. Les coûts pour le nouveau bâtiment, y compris le refroidissement par l’eau du lac, ont été estimés à 67,5 millions de francs suisses. Le canton du Tessin a apporté une contribution de cinq millions de francs au projet. La ville de Lugano a concédé au CSCS à titre gracieux le droit de superficie pour une durée de 40 ans. De plus, la ville a permis la mise en œuvre et la réalisation du refroidissement par l’eau du lac. e chantier a duré près de deux ans, avec à la clé pour la Suisse un nouveau centre de calcul de grande puissance qui compte parmi les plus efficients au monde sur le plan énergétique. Le CSCS (Centro Svizzero di Calcolo Scientifico) de Lugano-Cornaredo est la partie émergée du Plan national suisse pour le calcul de grande puissance et sa mise en réseau. Assurer la compétitivité Avec ce nouveau bâtiment, les futurs supercalculateurs du CSCS doivent pouvoir être exploités de manière optimale et efficiente sur le plan énergétique. Ces ordinateurs sont à la disposition de tous les établissements d’enseignement supérieur et instituts de recherche du pays. Grâce à ce nouveau site, la recherche suisse profitera mieux encore du calcul de grande puissance. «Les ordinateurs de grande puissance constituent un élément central pour la compétitivité mondiale de nos établissements d’enseignement supérieur», a souligné Fritz Schiesser, président du conseil des EPF. Les scientifiques utilisent les supercalculateurs pour trouver des ­solutions à des problèmes complexes. Aujourd’hui, les simulations prennent le relais là où les expérimentations et les méthodes classiques atteignent leurs limites. Elles permettent ainsi aux chercheurs de faire des prévisions météorologiques, de mieux évaluer des dangers naturels, de modéliser de nouveaux matériaux ou d’établir des diagnostics médicaux. Dans de nombreuses disciplines de recherche, le calcul de grande puissance complète aujourd’hui la théorie et l’expérimentation. ­Depuis 2010, la demande de temps de calcul a ainsi presque doublé au CSCS. En 2012, quelque 325 millions d’heures de calcul ont été réparties entre les utilisateurs. Coopération avec des scientifiques de l’université de Lugano La demande de puissance de calcul ne cessant d’augmenter, les ­locaux et les capacités techniques de l’ancien site, à Manno, n’y ­suffisaient plus. C’est ce qui a motivé la nouvelle construction sur la Via Trevano, à Lugano. Ralph Eichler, président de l’EPF Zurich et maître d’ouvrage du centre de calcul, voit deux avantages dans le nouveau site: «D’une part, on peut refroidir les ordinateurs avec l’eau du lac de Lugano et, d’autre part, la collaboration avec les scien­tifiques de l’Università della Svizzera italiana toute proche constitue un énorme enrichissement et favorise la diversité intellectuelle et culturelle.» Pour l’EPF Zurich, il était essentiel que le nouveau centre puisse ­héberger l’infrastructure de calcul de grande puissance pour les 40 prochaines années au moins. C’est pourquoi il a été conçu de ­façon modulaire et peut être agrandi sans difficulté en cas de ­besoin. Un ordinateur de classe pétaflops sera mis en service au CSCS dès 2013. Les supercalculateurs étant refroidis par un système élaboré, le CSCS est actuellement l’un des centres de calcul les plus efficients au monde sur le plan énergétique. n next floor 31 Rubrik One Central, Macau Mobilité. A Berne et dans ses environs. Un milliard de personnes utilisent chaque jour les ascenseurs, escaliers mécaniques et solutions de mobilité innovantes de Schindler. Nous devons ce succès à nos 44 000 collaborateurs actifs sur tous les continents. www.schindler.ch 32