M16 - Association pour la protection du boisé Sainte

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La conservation
et la mise en valeur
de la forêt de
Sainte-Dorothée
Mémoire présenté par l’Association pour la protection
du boisé Sainte-Dorothée dans le cadre des assemblées
publiques sur le Projet de schéma métropolitain
d’aménagement et de développement de la
Communauté métropolitaine de Montréal
Mai 2005
1. Introduction
La forêt de Ste-Dorothée, située en zone agricole, constitue l'un des derniers îlots
forestiers à subsister sur le territoire de Laval. D’une superficie d’environ 280 hectares
(ha) 1, elle se situe dans l'ouest de l'Île Jésus et est ceinturée par la Route des Fleurs, un
circuit agro et hortitouristique bien connu (délimité par l’avenue des bois au nord, le
boulevard St-Martin au sud, la montée Champagne à l’est et la rue principale à l’ouest).
Elle est constituée d’une grande variété de paysages, de peuplements forestiers de grande
valeur et elle abrite au moins trois espèces de plantes à statut précaire 2. On y retrouve une
magnifique prucheraie très ancienne (11 ha) qui est reconnue comme un écosystème
forestier exceptionnel (EFE) par le Ministère des ressources naturelles et de la faune 3,4.
De plus, en raison de ses caractéristiques hydrologiques, une portion importante (20-30%)
du territoire est recouverte de milieux humides divers (étangs, marais, marécages
forestiers)
1,2,3,4
. La partie centrale de cette forêt a d'ailleurs été désignée d'intérêt
écologique dans le cadre du règlement de contrôle intérimaire de la Communauté
métropolitaine de Montréal 1,5.
2. Écosystèmes menacés
Depuis quelques décennies, les bois sont en nette régression dans la région
métropolitaine 5. Selon des informations obtenues du Conseil régional en environnement
de Laval (CRE-Laval), entre 1992 et 1997, 236 ha ont été perdus au profit du
développement. C'est presque l'équivalent de la superficie de la forêt de Ste-Dorothée.
Actuellement, les 3 grandes forêts lavalloises (Duvernay, St-François et Ste-Dorothée)
couvrent à peine 7 % du territoire. Les espaces verts et bleus actuellement protégés
représentent quant à eux à peine 2 % du territoire. L'ouest de Laval ne fait pas exception.
La construction résidentielle y a été très importante. Le secteur qui englobe la forêt de
Ste-Dorothée appartient presque exclusivement à des intérêts privés (3 lots appartiennent
à la municipalité parmi une quarantaine) et est actuellement inclus à l’intérieur des limites
de la zone agricole permanente établies par le décret de juin 1990 et reconduit en 2004 3,6.
2
Son urbanisation est ainsi prohibée aussi longtemps que la zone agricole permanente sera
maintenue. Malgré le zonage actuel, la forêt demeure potentiellement menacée compte
tenu de la rareté imminente de terrains disponibles pour le développement domiciliaire 6,7.
Ce contexte engendre une pression d’urbanisation supplémentaire sur les territoires
agricoles et favorise la spéculation foncière dans le secteur. De plus, on estime que près
de la moitié des 22 propriétaires concernés n’exercent aucune activité agricole, certains
ayant même entrepris des démarches afin de faire modifier le zonage.
En plus de l'urbanisation, l'activité agricole exerce également des pressions sur les
zones boisées : « on enregistre actuellement plus de perte de bois en milieu agricole qu'en
milieu urbain » 5.. Le peu de mesures législatives visant à encadrer l’exploitation
forestière en zone agricole fait en sorte que le devenir de la forêt de Ste-Dorothée dépend
actuellement de la « bonne volonté » des propriétaires terriens. Malgré les intentions
clairement exprimées par les représentants du milieu agricole de Laval de maintenir les
zones boisées et de préserver ce patrimoine naturel pour les générations futures 8,
certaines interventions (e.g. coupe d’arbres, coupes à blanc, drainage) dans la forêt de
Ste-Dorothée mettent en péril la survie les écosystèmes forestiers et les milieux humides
exceptionnels qu’on y retrouve. 3,4.
Finalement, certaines activités illicites menées à l’intérieur des limites de la forêt
ajoutent une menace supplémentaire à son intégrité écologique (e.g. vandalisme, feu,
dépotoirs, destruction des barrages de castor, circulation intensive en VTT hors des
périodes réglementées et même en véhicule automobile 4x4) 2,3,4.
En
plus
des
différentes
menaces,
la
forêt
de
Ste-Dorothée
constitue
malheureusement un patrimoine naturel légalement inaccessible aux citoyens de Laval
puisque plus de 90% est en tenure privée 3. Toutes ces constatations ont donc poussé les
citoyens à s'organiser afin de mettre sur pied des stratégies visant à protéger et à mettre en
valeur la forêt de Ste-Dorothée pour que la population lavalloise puisse bénéficier de ce
magnifique patrimoine naturel. Ainsi, en novembre 2003, l’Association pour la
protection du boisé Ste-Dorothée a vu le jour. Cet organisme sans but lucratif regroupe
3
environ 35 membres et vise: la conservation et la protection écologique de la forêt de SteDorothée, sa mise en valeur et la promotion d'activités éducatives visant à faire découvrir
la beauté et la fragilité des milieux naturels. Pour atteindre ses objectifs, l’association
compte se développer en une entreprise d’économie sociale et mettre sur pied des
partenariats avec les intervenants du milieu agricole et horticole concernés afin de
promouvoir la conservation des milieux naturels existants.
3. Des objectifs communs
Les objectifs de l’association cadrent donc parfaitement avec ceux énoncés par la
Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) dans son projet de schéma
métropolitain d’aménagement et de développement (PSMAD), notamment en ce qui a
trait i) à la protection ii) à la mise en valeur des espaces verts et bleus et des milieux
naturels iii) et à la protection et la mise en valeur de la zone agricole 6. Nous sommes
totalement en accord avec la CMM qui vise la protection de 10% du territoire. Les
grandes forêts, tout comme les milieux humides situés au centre des terres, doivent faire
partie de ces aires naturelles protégées. Actuellement, aucun statut légal n'assure
l'intégrité de la forêt de Ste-Dorothée et des milieux fragiles qu'elle renferme (eg.
Prucheraie, étangs, marais).
Dans son règlement de contrôle intérimaire, la CMM a déjà identifié une partie de
la forêt de Ste-Dorothée comme un des milieux boisés à préserver 5. La superficie de cette
forêt tout comme la qualité des écosystèmes qu'on y rencontre en fait un milieu à
privilégier dans l'ouest de Laval. La protection et la mise en valeur des milieux humides
du bois doit également être au centre des priorités. Nous souhaiterions donc que
l’Association pour la protection du boisé Ste-Dorothée, Ville de Laval et la CMM
unissent leurs efforts et développent conjointement un plan d’action visant à protéger
cette forêt tout en favorisant l’émergence d’activités récréatives et interprétatives douces
et respectueuses de l’environnement. Ainsi la qualité de vie des citoyens sera doublement
assurée. Nous croyons également que notre organisme serait en mesure de développer la
gestion et la mise en valeur de ce site.
4
4. Valeur récréative et écologique du bois de Ste-Dorothée
4.1 Un apport à la vie urbaine
La forêt de Ste–Dorothée constitue un apport incontestable à la qualité de vie des
résidants du secteur de Ste-Dorothée. C'est en quelque sorte le « poumon vert » de l'ouest
de l'Île Jésus. En dépit du fait que la presque totalité du bois de Ste-Dorothée se situe sur
des propriétés privées, de nombreux citoyens s’y rendent afin de pratiquer différentes
activités comme la randonnée, la photographie, l’ornithologie, la mycologie et même le
ski de fond. D’ailleurs, dès la fin des années 70, le Club de ski de fond de Laval,
regroupant des adeptes de ski de fond et de nature, avait mis sur pied un projet de
préservation des espaces verts dans l’espoir de sensibiliser nos instances publiques à
l’importance de conserver et de mettre en valeur le bois de Ste-Dorothée. Depuis, l’accès
à la forêt est facilité par l’existence d’un important réseau de sentiers créés par les adeptes
de VTT du club QUAD qui ont obtenu l’autorisation des propriétaires terriens de pouvoir
circuler du 1er décembre au 1er avril. L’attrait du bois de Ste-Dorothée tient à sa grande
superficie, à la diversité des paysages et aux caractéristiques écologiques du milieu.
Également, son emplacement privilégié (entouré par la Route des Fleurs et en zone
agricole) permet d’envisager l’élaboration de projets touchant aux secteurs récréatifs,
agricoles, horticoles et éducatifs qui pourraient entraîner des retombées économiques
intéressantes pour les producteurs et commerçants environnants (voir section 5 du
document). Sa mise en valeur offrirait une plus grande accessibilité et de belles
opportunités pour sensibiliser et informer la population sur l’importance de protéger un
tel environnement, tout en permettant d’apporter un nouvel élément de grande valeur
dans le magnifique réseau vert que l’on retrouve à Laval.
4.2 Un milieu naturel unique à protéger
Les milieux humides
On estime que environ 20% à 30% de ce territoire se compose de milieux humides
(étangs, marais, marécages)
1,2,3,4
, dont une partie est formée d’un étang attenant à un
5
réseau de marais créés par la présence d’une population de castors. Ce milieu humide,
d’une superficie d’environ 5 ha, abrite au moins une espèces floristique aquatique à statut
précaire, Ranunculus flabellaris, et il a été classé comme étant l’un des plus important
milieu humide de Laval par le Conseil régional de l’environnement (CRE) de Laval qui a
récemment caractérisé plus d’une centaine de milieux humides 9. Dans cette étude, le
CRE a également visité neuf autres milieux humides de taille moins importante situés à
l’intérieur du périmètre de la forêt Ste-Dorothée 9. Néanmoins, la majeure partie des
zones humides du secteur est constituée de ruisseaux et de marécages forestiers contigus.
Les principales menaces qui pèsent sur les milieux humides sont la pollution
agricole, la circulation des véhicules tout-terrain, le drainage et le remblaiement. Les
milieux humides sont des écosystèmes très productifs qui abritent une faune et une flore
des plus diversifiées. Ils procurent un environnement favorable à plus de 1700 espèces
d’insectes et jouent un rôle fondamental pour la survie des reptiles, des amphibiens, de
certains mammifères et de plusieurs espèces d’oiseaux (e.g. la sauvagine), notamment en
période de migration 10. Leur dégradation a contribué à mettre en péril de nombreuses
espèces animales et végétales. Au Québec, par exemple, on estime que 76% (11 espèces
sur 15) des amphibiens et reptiles ayant un statut précaire sont des espèces dépendantes
des milieux humides, alors que chez les oiseaux, la proportion serait d’environ 50% (11
espèces sur 22) 10. En ce qui a trait à la flore, environ 35% des plantes menacées ou
vulnérables seraient associées aux milieux humides 11 (voir la liste des espèces menacées
établie par la Société de la faune et des parcs du Québec (FAPAQ) 12). Les milieux
humides constituent donc des zones de conservation prioritaires afin d’assurer le maintien
de la biodiversité québécoise. Ces écosystèmes sont également d’une importance capitale
pour l’homme puisqu’ils contribuent, entre autre, à améliorer la qualité de l’eau (par
filtration et décontamination) et à recharger les aquifères qui constituent des sources
importantes d’eau potable 13.
6
La flore et les peuplements forestiers
Plusieurs études menées à l’intérieur du bois de Ste-Dorothée révèlent l’existence
de nombreux peuplements forestiers de grande valeur. L’une d’entre elles, réalisée par la
firme d’ingénieurs forestiers Option Aménagement et mandatée par la ville de Laval en
1991 pour réaliser une étude de foresterie urbaine , mentionne que « la composition et la
structure des peuplements forestiers de cette forêt sont, en tout et de loin, les plus
diversifiés et les plus beaux de l’Île Jésus » 3. La valeur des peuplement est fonction de
leur composition, de leur rareté et de l’âge des arbres qu’on y retrouvent. La forêt
lavalloise est relativement jeune, et les peuplements ayant plus de 70 ans comptent parmi
les plus âgés encore existants. Or, on compte, dans le bois de Ste-Dorothée, au moins huit
peuplements matures (sur 23) ayant dépassé 70 ans et recouvrant plus de 25% du
territoire, dont une prucheraie et une érablière plus que centenaire
1,3
. On y retrouve
également les « seuls peuplements purs de pruche de l’est sur le territoire
Lavallois » 1 et une prucheraie âgée d’au moins 130 ans considérée par Option
Aménagement comme étant « l’un des plus beaux et plus rares [peuplements] de l’Île
Jésus » 3. Certains arbres auraient même atteint l’âge vénérable de 350 ans 4! Cette
prucheraie fait d’ailleurs partie des écosystèmes forestiers exceptionnels (EFE) recensés
par le Ministère des ressources naturelles et de la faune. La forêt de Ste-Dorothée abrite
également une érablière à caryers cordiformes âgée de plus de 70 ans, un peuplement
considéré comme étant rare à l’échelle du Québec 3. Il est important de noter qu’il est peu
fréquent de rencontrer un tel complexe forestier où se côtoient les trois principaux types
d’érablières (érables à sucre, érables rouges et érables argentés) 2.
Enfin, en plus de la richesse de ses peuplements forestiers, la forêt abrite au moins
trois espèces de plantes rares qui font partie des espèces susceptibles d’être désignées
comme étant vulnérables ou menacées par le ministère de l’environnement du Québec 1,2.
Il s’agit de l’érable noir (Acer nigrum), du micocoulier occidental (Celtis occidentalis) et
d’une plante aquatique, la renoncule à éventail (Ranunculus flabellaris) 1,2.
7
La conservation des forêts est essentielle pour la qualité de vie des citoyens. Elles
contribuent à la qualité de l'air du milieu mais préviennent aussi l'érosion du sol,
régularisent les eaux (eg. surface, nappe phréatique), absorbent les polluants, permettent
de maintenir la diversité biologique en créant des habitats uniques pour la flore et la
faune. Les forêts et les bois ont aussi un rôle récréatif; ce sont des lieux d'éducation à
l'environnement uniques et leurs impacts économiques (acériculture, micro-climat pour
les producteurs voisins) sont incontestables. Un autre rôle majeur des forêts réside dans la
qualité des paysages qui y sont associées.
La forêt de Ste-Dorothée est caractérisée par une grande diversité de paysages en
raison de l’hétérogénéité des conditions de drainage des sols et de l’exploitation forestière
et agricole passée qui a créé un éventail de peuplements forestiers ayant atteint divers
stades de maturité. L’ensemble est donc constitué d’une mosaïque de peuplements et de
milieux humides divers (étangs, marais, marécages forestiers) intégrés au cœur d’une
zone agricole partiellement exploitée où se côtoient des champs cultivés et des terres
abandonnés ou en friche.
Un potentiel faunique à découvrir
Cette hétérogénéité des paysages procure une grande diversité d’habitats pour la
faune locale. La taille relativement importante de cette forêt permet également
l'établissement d'espèces ayant besoin d'un territoire plus grand (e.g. rapaces, chevreuils).
La prépondérance des milieux humides en fait un endroit important pour le maintien de
plusieurs espèces de mammifères (e.g. castors, rat musqué), d’oiseaux (e.g. sauvagine,
hérons) et d’amphibiens (e.g. grenouilles, rainettes, salamandres) 4, et la présence de
nombreux écotones semble particulièrement favorable à l’établissement d’une grande
diversité d’oiseaux. Au chapitre de l’avifaune, on doit souligner la coexistence de
plusieurs espèces d’oiseaux de proies qui bénéficient à la fois de la présence de zones
boisées matures pour la nidification et d’espaces ouverts pour la chasse. Des espèces
comme le grand duc d’Amérique, l’autour des palombes, l’épervier brun et la buse à
queue rousse sont régulièrement observées et sont considérées comme des nicheurs
8
probables, alors que d’autres, comme la buse pattue et la chouette lapone, ne visitent le
secteur qu’en hiver lors de leurs déplacements migratoires. D’autres rapaces plus discrets
fréquentent probablement la forêt en période de nidification (e.g. petite nyctale, petit duc
maculé, hibou moyen duc, chouette rayée) et le site offre un habitat qui correspond aux
exigences d’espèces moins fréquentes comme la buse à épaulettes et l’épervier de
Cooper 14.
En ce qui a trait aux mammifères, en plus des espèces fréquemment observées
(raton-laveur, renard roux, moufettes, écureuils, marmottes, taupes, chauve-souris), on
doit noter la présence d’une population de cerfs de Virginie et d’au moins une famille de
castors qui joue un rôle important dans l’existence de certaines zones humides de grand
intérêt 4. Quoique nos connaissances sur la présence de micro-mammifères (dont
plusieurs figurent sur la liste des espèces à statut précaire du Québec)dans la forêt soient
insuffisantes à ce jour, il est probable que de nombreuses espèces y vivent. En étudiant la
répartition géographique et les habitats fréquentés par les différentes espèces à statut
précaire (mammifères 15, oiseaux 14, reptiles et amphibiens 16), on constate que la forêt de
Ste-Dorothée et ses environs pourrait potentiellement abriter un certains nombre
d’espèces animales à statut précaire. Il est donc primordial de réaliser des inventaires
fauniques et floristiques afin de vérifier si ces espèces sont présentes et de mettre sur
pied, le cas échéant, une stratégie de conservation visant à assurer leur pérennité. Les
inventaires permettront également de tracer un portrait de la biodiversité de la forêt de
Ste-Dorothée. Bien que fragmentaires, les données recueillies jusqu’à maintenant ont
permis d’identifier des espèces végétales, des peuplements et même des écosystèmes (e.g.
milieux humides) donnant au site une valeur exceptionnelle.
9
5. L’Association pour la protection du bois de Ste-Dorothée
L’Association pour la protection du boisé Ste-Dorothée s’est fixé comme mission
de :
•
Conserver et protéger l’intégrité territoriale et écologique du boisé SteDorothée
•
Favoriser sa mise en valeur pour le bénéfice des citoyens, qui soit
cohérente avec les objectifs de conservation
•
Promouvoir les activités éducatives visant à faire découvrir la beauté et
la fragilité des milieux naturels
Conservation et protection
L’Association pour la protection du boisé Ste-Dorothée compte poursuivre les
campagnes d’inventaires fauniques (mammifères, oiseaux, amphibiens reptiles, chauvessouris) et floristiques afin d’aider à mieux caractériser la richesse biologique du milieu.
Ces connaissances sont nécessaires à la mise en place de mesures de conservation
permettant d’assurer l’intégrité écologique du territoire. Les inventaires fauniques et
floristiques serviront à dresser un plan d’aménagement du territoire qui permettra
d’identifier les zones de conservation prioritaires (zones sensibles) et les mesures à
prendre afin d’en assurer la protection (e.g. limiter ou interdire certaines activités).
Mise en valeur
Afin que la population puisse jouir de ce patrimoine naturel unique, l’Association
pour la protection du boisé Ste-Dorothée souhaite promouvoir la pratique d’activités
récréatives extensives. Toutefois, nous croyons qu’il est important que ces activités soient
encadrées afin d’assurer la protection de la faune et de la flore et pour éviter les éventuels
conflits d’usages qui pourraient survenir. En tant que gestionnaire du territoire,
l’association serait en mesure de favoriser une mise en valeur cohérente. De plus,
reconnaître l’Association pour la protection du boisé Sainte-Dorothée comme intervenant
10
et gestionnaire du territoire, permettrait de coordonner des activités qui impliqueraient et
éduqueraient la population à conserver et protéger ce patrimoine écologique unique sur le
territoire de Laval du bois de Ste-Dorothée empreinte d’une vision à long terme.
Éducation et sensibilisation
L’association organisera des activités ponctuelles et/ou saisonnières visant à faire
connaître les différents attraits et la richesse écologique du bois de Ste-Dorothée. Les
citoyens pourront ainsi prendre conscience de l’importance qu’ont les zones boisées dans
l’amélioration de la qualité de vie de leur quartier. Des corvées de nettoyage, entretien des
sentiers, journées thématiques éducatives sur l’écologie, activités récréatives douces
(randonnée pédestre, interprétation de la nature, ski de fond, observation d’oiseaux avec
guide, etc.) et l'installation de panneaux éducatifs en sont quelques exemples. De plus,
l’association aimerait développer des partenariats avec d’autres organismes à but non
lucratif qui ont mis sur pied, dans les écoles, des projets éducatifs qui visent à faire
découvrir la nature par des sorties en forêt où les jeunes participent à divers activités
d’animation scientifique interactive ou à la réalisation de projets à plus long terme 17.
Enfin, l’emplacement privilégié du bois, entouré de terres agricoles et bordé par la
Route des Fleurs, offre une occasion unique de développer une entreprise d’économie
sociale orientée vers la communauté. Une telle initiative permettrait de créer des emplois
et une partie des bénéfices servirait à soutenir nos efforts de conservation du bois SteDorothée. L’Association pourrait ainsi allier développement économique régional et
conservation. Voici quelques exemples concrets de projets pouvant être bénéfiques à
l’association tout en créant des emplois locaux et en fournissant des services à la
communauté :
•
Centre d’interprétation de la nature
La construction d’un centre d’interprétation jouerait un rôle central dans
le mission éducative de l’association en assurant la tenue d’expositions
permanentes (i.e. panneau d’interprétation) et en permettant l’organisation
d’activités ponctuelles comme des conférences grand public, des activités
11
scolaires d’éducation environnementale, des camps de jour, des visites
thématiques guidées pour jeunes et moins jeunes etc.
•
Développement de jardins communautaires
En bordure de la zone boisée, des lopins de terre en friche permettraient
d’aménager des jardins communautaires au bénéfice de plusieurs familles.
La location des jardins assurerait l’autofinancement du projet. De plus, en
favorisant des méthodes de jardinage non dommageables pour
l’environnement (e.g. sans pesticides ni engrais chimiques), l’association
aurait l’opportunité de faire de l’éducation sur l’agriculture écologique et
le développement durable avec, entre autres, un site de compostage, des
ateliers/conférences pour des cultures sans pesticide, etc..
•
Horticulture
L’orientation horticole que prend le secteur de Sainte-Dorothée, offre un
contexte très inspirant pour développer des partenariats avec les
producteurs voisins et les écoles de formation horticole dans le but de
mettre en valeur les terres non cultivées (champs en friches) que l’on
retrouve en périphérie de la zone boisée. Des conférences-ateliers sur
l’horticulture et autres sujets reliés pourraient être présentés à l’année et
assureraient une source de financement. Une fois de plus, une orientation
écologique et sans pesticide serait favorisée, toujours dans l’optique d’un
développement durable. Le même type de partenariat pourrait voir le jour
avec certains agriculteurs, notamment avec des producteurs de fruits et
légumes biologiques dans le but de promouvoir une approche
environnementale cohérente et continue. Enfin, par ces initiatives,
l’association cherche également à rendre hommage à la vocation agricole
de Laval, une richesse collective qui a joué un rôle important dans
l’histoire de la ville.
12
6. Réalisations à ce jour
Depuis la création du conseil d’administration de l’association en avril 2004, quatre
comités ont été mis sur pied afin de coordonner le travail des nombreux bénévoles qui ont
manifesté le désir de s’impliquer concrètement dans la protection du bois de SteDorothée. Leur mission sera de faire connaître l’Association pour la protection du boisé
Ste-Dorothée (comité d’information), de chercher des sources de financement (comité de
financement) et d’approfondir nos connaissances du territoire (comité de cartographie et
comité des inventaires fauniques et floristiques). De plus, l’association prendra bientôt
contact avec tous les propriétaires afin de faire connaissance et d’exprimer nos intentions,
et, ensuite, pour tenter d'établir des ententes sur les droits de passage (étape essentielle) et
de gestion des sentiers qui traversent leurs propriétés. Une rencontre avec les
représentants du milieu agricole (AGROPÔLE, UPA) a déjà eu lieu ce printemps. Des
recherches afin d’obtenir des assurances qui limiteront la responsabilité des propriétaires
en cas d’accident et protégeront les membres de l’association sont déjà en cours. Ces
démarches sont indispensables pour que nous puissions initier des activités concrètes sur
le terrain, comme les corvées de nettoyage, les inventaires biologiques ou l’entretien des
sentiers et ce , dans le respect des propriétaires concernés.
L'Association pour la protection du boisé Ste-Dorothée a organisé en avril 2005 des
rencontres d'information auprès des jeunes de l'École d'éducation internationale de Laval
et des écoles primaires du quartier afin de faire connaître cet environnement unique. Elle
s'est également associée à des groupes de jeunes soucieux d'environnement qui ont
déposé des demandes d'adoption d'un coin nature à Laval dans le cadre du projet « 40
coins nature pour 40 regroupements de jeunes ».
13
Dans une perspective à plus long terme, l’association devra, pour réaliser ses
objectifs, envisager l’acquisition de certaines propriétés ou la signature d’ententes de
conservation (avec les propriétaires) donnant à l’association un rôle de gestionnaire du
territoire. Ces questions seront examinées sous peu, ainsi que la recherche des différents
partenaires financiers, publics ou privés, qui collaboreront à la mise en place de projets
voués à la conservation et la mise en valeur de tels milieux naturels 17.
7. Conclusion
L’Association pour la protection du bois Ste-Dorothée désire oeuvrer à protéger
l’un des plus beaux secteurs forestiers qui subsiste sur le territoire de la ville de Laval.
Nous cherchons ainsi à préserver les écosystèmes, la faune et la flore qu’on y retrouve
pour le bénéfice de la population lavalloise d’aujourd’hui et de demain. Aussi, notre
implication dans la mise en valeur du bois s’orientera toujours vers la sensibilisation et
l'éducation de la population à conserver et à protéger un espace vert d’une grande richesse
et qui contribue grandement à leur qualité de vie. De plus, par l’entremise de différents
partenariats, notre organisme aspire à devenir une entreprise d’économie sociale alliant
développement régional et conservation. Finalement, nous croyons que pour assurer la
pérennité et la mise en valeur du bois Ste-Dorothée, il est primordial qu’un organisme
unique soit reconnu comme gestionnaire afin de développer un projet de conservation et
de mise en valeur cohérent et empreint d’une vision à long terme.
6. Références
1
Secrétariat de mise en valeur des espaces bleus et verts de la Communauté
métropolitaine de Montréal. 2002. Fiches techniques des bois d’intérêt écologique de la
Communauté métropolitaine de Montréal. Communauté métropolitaine de Montréal.
2
Sabourin, A. 2002. Inventaire des groupements végétaux et des plantes rares du bois de
Sainte-Dorothée, à Laval. Flora Quebeca
3.
Option Aménagement. 1992. Étude de foresterie urbaine. Ville de Laval
4
Claude Tiffault. Communications personnelles
14
5
Communauté métropolitaine de Montréal. 2005. Projet de schéma métropolitain
d'aménagement et de développement. Québec, 133 p.
6
MRC de Laval, Juillet 2004. Second projet de schéma d’aménagement révisé de la
municipalité régionale de comté de Laval. Annexe A au projet de règlement numéro
M.R.C.L.-6.
7
St-Amour, S. 2002. Encore 20 ans et Laval affichera complet!. Connexion affaire, Laval
8
Division AGROPÔLE de Laval Technopole, Table de concertation agro-alimentaire de
Laval, Syndicat de base de l'Union des Producteurs agricoles de Laval et Luc Nadeau.
2002. Les boisés en milieu agricole. Mémoire présenté dans le cadre de la consultation
régionale sur le Projet de politique de consultation sur les Orientations du Québec en
matière de gestion et mise en valeur du milieu forestier. CRD-Laval.
9.
Conseil régional de l'environnement de Laval. 2004. Les milieux humides de Laval :
inventaire et caractérisation. 41 p. et annexes.
10. .
Ministère de l’environnement du Québec : www.menv.gouv.qc.ca
11.
Bernard F. 2003. La conservation des milieux humides par Canards Illimités. Les
ateliers de formation de l’UQCN sur les techniques de conservation de la nature. Cahier
de notes du participant.
12.
Ministère de l’environnement du Québec, société de la faune et des parcs :
www.fapaq.gouv.qc.ca
13
Conseil régional en environnement (CRE) de la capitale nationale : www.crecapitale.org/milieuxhumides.html
14.
J. Gauthier et Y. Aubry (sous la direction de). 1995. Les oiseaux nicheurs du Québec :
Atlas des oiseaux nicheurs du Québec méridional. Association québécoise des groupes
d’ornithologues, Société québécoise de protection des oiseaux, Service canadien de la
faune, Environnement Canada, région du Québec, Montréal (Canada), 1295p.
15.
J. Prescott et P. Richard. 2004. Mammifères du Québec et de l’est du Canada. Éditions
Michel Quintin, Waterloo (Canada). 399p.
16.
Jean-François Déry, communications personnelles
17
Union québécoise pour la conservation de la nature (UQCN). 2003. Les ateliers de
formation de l’UQCN sur les techniques de conservation de la nature. Répertoire de
ressources environnementales.
15
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