Interface périodique de la Clinique Générale-Beaulieu www.beaulieu.ch n° 12 - hiver 2013-14 Dossier: un Centre ophtalmologique de longue tradition ■ 25es Entretiens de Beaulieu: le sommeil dans tous ses états le mot du directeur sommaire 2 le mot du directeur 3 dossier ophtalmologie 11 compte-rendu 25es Entretiens de Beaulieu Des signaux forts et prometteurs L’année qui s’achève est conforme à nos attentes, tant en termes d’activité que de chiffre d’affaires. Par ailleurs, nous avons poursuivi nos chantiers matérialisés notamment par l’inauguration de notre nouvelle maternité - bloc obstétrical et unité postpartum - et la création d’une nouvelle salle d’opération qui accueille principalement la chirurgie robotisée. Nous avons également repensé et modernisé la cuisine et la cafétéria. Autre fait marquant de l’année 2013: la fusion des instituts de médecine nucléaire respectifs de la Clinique des Grangettes et de la Clinique Générale-Beaulieu au sein impressum d’une société créée spécialement à cet effet. Nous avons donc contribué avec notre partenaire à la naissance d’un nouveau centre d’Imagerie Moléculaire Genève donnant un signal fort aux autorités politiques, aux assureurs et au grand public gene- Ligne éditoriale: Philippe Cassegrain Nicolas Brunschwig vois. C’est, en effet, la première fois que deux cliniques concurrentes réalisent un tel Rédacteur responsable: Philippe Amez-Droz ainsi la qualité de la prise en charge. projet en commun dans le but de rationaliser les investissements particulièrement lourds dans ce domaine, partager le savoir-faire médical et technique et améliorer L’année 2014 verra s’achever ce long programme de rénovation et d’agrandissement Ont notamment collaboré à ce numéro: Dresse Gordana Sunaric Mégevand. Mme Sigrid Pausier. Drs Alain Munier et Claudio Soravia. Mmes Françoise Dimier et Christina Otero. M. Philippe Cassegrain. de la clinique par la création d’un pôle fort de radiologie neuro-ORL, d’un hôpital Crédits photos: Clinique Générale-Beaulieu Thierry Védrenne la médecine hautement spécialisée, puis le retour du moratoire sur les cabinets Graphisme & production: Agence PM qu’est la Clinique Générale-Beaulieu. Tirage: 1’500 exemplaires Contact: [email protected] Site: www.beaulieu.ch pour la confiance qu’ils nous témoignent et pour leur fidélité. Ma gratitude va éga- de jour, d’un lounge et d’un restaurant situés à l’entrée de la clinique. Je tiens à remercier le conseil d’administration de sa confiance et de son soutien dans une période mouvementée où nous avons dû accompagner les changements majeurs que sont la nouvelle planification hospitalière, l’introduction des DRG et de médicaux. Le conseil a également accepté des investissements massifs répartis sur plusieurs années pour rénover, agrandir et adapter ce formidable outil de travail En cette période de forte activité, j’exprime toute ma reconnaissance aux médecins lement aux cadres et aux collaborateurs de la clinique qui contribuent largement au succès de notre maison. Je vous laisse découvrir le dossier passionnant et très complet consacré à l’ophtalmologie, preuve que la Clinique Générale-Beaulieu n’a rien perdu de son esprit créatif et innovant, ni de sa volonté de développer des partenariats. En conclusion, je vous souhaite, ainsi qu’à vos proches de joyeuses fêtes de Noël et forme mes meilleurs vœux de bonne et heureuse Nouvelle Année. PHILIPPE CASSEGRAIN 2 Interface dossier Groupement des médecins du Mémorial A. de Rothschild Un Centre ophtalmologique de longue tradition De gauche à droite: Drs Francesca Panarello, Nadia Bouchenaki, Alain Munier et Gordana Sunaric Mégevand, membres du comité du Groupement. En médaillon: Dr Jean-Marc Schepens, absent le jour de la photo. Notre dossier consacré au Service d'ophtalmologie du 22, chemin Beau-Soleil permet de mesurer l'importance et les origines historiques du Mémorial A. de Rotschild, à travers les activités de son Groupement des médecins ophtalmologues et du Centre de recherche en ophtalmologie. Un service d'urgences est également à disposition. 3 Interface dossier Interview du Dr Alain Munier Une plateforme de travail exceptionnelle Spécialiste en ophtalmologie et ophtalmochirurgie, le Dr Alain Munier préside le Groupement des médecins du Mémorial Adolphe de Rothschild qui est établi à la Clinique Générale-Beaulieu depuis des décennies (voir encadré). Dr Munier, quelle est la première vocation du Groupement des médecins du Mémorial Adolphe de Rothschild (ci-après: le Groupement)? Dr ALAIN MUNIER: «Le Groupement offre une plateforme de travail pour ophtalmologues indépendants mettant à leur disposition ainsi qu’à celle de leurs patients un équipement comportant des appareils à visée diagnostique et thérapeutique, moyennant contribution financière. Cette formule présente l’avantage pour les médecins de disposer, en un seul lieu, d’équipements de pointe sans avoir la pression d’en fournir le financement, ni de devoir rentabiliser l’investissement, tout en leur permettant d’offrir à leurs patients une médecine de qualité. Le Groupement compte aujourd’hui 48 ophtalmologues, tous obligatoirement agréés auprès de la Clinique Générale-Beaulieu.» Un fonctionnement autonome Le Groupement doit-il être distingué du Mémorial A. de Rothschild proprement dit? Dr ALAIN MUNIER: «Effectivement. Le Mémorial est une fondation gérée par la famille de Rothschild, avec un 4 Interface intérêt particulier pour l’ophtalmologie et les neurosciences. Nous ne sommes pas les seuls à profiter de leur générosité. Selon la volonté du baron Edmond (19261997), le Mémorial A. de Rothschild a financé l’acquisition du matériel diagnostique et thérapeutique pendant de nombreuses années. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, le Mémorial ayant pris la décision d’orienter son soutien vers la recherche. Ce changement d’optique a servi d’impulsion et c’est grâce au dynamisme du comité du Groupement et du Dr Gordana Sunaric Mégevand qu’est né le Centre de recherche clinique. Les liens avec le Mémorial sont restés étroits.» Urgence ophtalmologique Quelles autres activités le Groupement organise-t-il ? Dr ALAIN MUNIER: «Nous organisons des conférences, notamment à la Salle Beaulieu, à l’attention de nos membres et d’invités. Nous avons aussi mis sur pied, depuis le 1er octobre dernier, une garde d’urgence en ophtalmologie (022 839 54 20). L’équipe infirmière du Centre ophtalmologique oriente le patient vers un médecin ophtalmologue de garde.» Au cours des dernières années, quels sont les principaux changements observables? Dr ALAIN MUNIER: «Par le passé, les ophtalmologues, comme d’ailleurs dans d’autres spécialités médicales, pratiquaient une ophtalmologie générale. Aujourd’hui, de nombreux collègues suivent une formation de sousspécialisation pour acquérir des connaissances et une Dr Alain Munier Né à Genève en 1962, marié et père de deux enfants, le Dr Alain Munier est médecin spécialiste en ophtalmologie et ophtalmo-chirurgie. Suisse et Irlandais, il est bilingue français-anglais. Il obtient son diplôme de médecin en 1987, son doctorat et son titre FMH en ophtalmologie à Genève en 1995, suivi d’une spécialisation (Fellowship) effectuée de 1995 à 1997 à Dublin, Irlande, en milieu universitaire où il acquiert des compétences en ophtalmologie pédiatrique et en chirurgie réfractive. Il passe avec succès l’examen européen EBOD. Il ouvre son cabinet d’ophtalmologie à Genève en 1998. Président du Groupement des médecins du Mémorial Adolphe de Rothschild depuis 2006, il est également médecin ophtalmologue répondant du Service Santé de la Jeunesse du canton de Genève. expérience plus pointues dans un domaine donné tels que les uvéites, la cataracte, le glaucome, la vitréo-rétine médicale ou chirurgicale, la neuro-ophtalmologie, l’ophtalmo-pédiatrie et l’oncologie. Nous avons la chance à Genève de compter un grand nombre d’excellents spécialistes en pratique privée qui couvrent quasiment toutes les sous-spécialités de l’ophtalmologie.» Laser de la dernière génération Parmi les appareils qui équipent le Centre d’ophtalmologie, lequel est le plus récent et à quoi sert-il? Dr ALAIN MUNIER: «La Clinique Générale-Beaulieu a récemment acquis un nouveau laser excimer de dernière génération qui sert à corriger les principaux vices de réfraction, en particulier la myopie et l’astigmatisme. Cette chirurgie «réfractive» n’est pas prise en charge par les assurances maladies. En tant que président du Groupement je suis très fier et honoré de m’occuper depuis quelques années du Centre ophtalmologique et j’apprécie tout particulièrement l’excellente et étroite collaboration avec la direction de la Clinique Générale-Beaulieu.» ■ Historique du Groupement En regagnant Genève en train, le baron Adolphe de Rothschild reçut un grain de charbon dans l’œil. Il recourut aux soins d’un oculiste et le corps étranger fut extrait. Déplorant l’insuffisance à Genève d’un établissement approprié aux soins d’indigents atteints d’affections oculaires, Adolphe de Rothschild créa le premier hôpital ophtalmique de Genève en 1874. La baronne Julie de Rothschild, au décès de son époux en 1900, décida de poursuivre son œuvre en créant la Fondation Adolphe de Rothschild. Durant 104 ans plus de 266'000 consultations furent donnéesgratuitement. L‘hôpital ferma en 1978. Le baron Edmond de Rothschild, président de la Fondation, décida alors de participer à l’acquisition de l’équipement chirurgical de pointe de la Clinique Générale-Beaulieu en construction. En 1982, il renomma la Fondation Mémorial Adolphe de Rothschild et les médecins ophtalmologues se con-stituèrent en Groupement des Médecins du Mémorial. Les microscopes opératoires et autres instruments chirurgicaux furent installés au bloc alors que les lasers et autres appareils diagnostiques étaient installés dans les locaux qui sont aujourd’hui dévolus à la maternité. En juillet 2012, le Centre d’ophtalmologie et tous ses appareils ont déménagé dans des locaux plus spacieux au 22, chemin Beau-Soleil. 5 Interface dossier Interview du Dr Gordana Sunaric Mégevand Un Centre de recherche novateur Spécialiste FMH en ophtalmologie et ophtalmo-chirurgie, le Dr Gordana Sunaric Mégevand préside le comité du tout nouveau Centre de recherche clinique du Mémorial Adolphe de Rothschild constitué par les Drs Alain Munier, Nadia Bouchenaki, Jean-Marc Schepens, Constantin Pournaras, Ian Schwieger et Peter Leuenberger. Nouveau, car institutionnellement détaché du service et disposant de statuts propres, le centre n’en demeure pas moins attaché à la longue tradition d’excellence du Mémorial et de sa Fondation. Dr Sunaric Mégevand, pourquoi créer un centre de recherche détaché du Mémorial A. de Rothschild, qui est à l’origine du succès de l’actuel Service ophtalmologique? D GORDANA SUNARIC MÉGEVAND: «Récemment la Fondation A. de Rothschild, a émis le souhait de cesser de financer l’acquisition de matériel de pointe destiné au plateau technique du Service d’ophtalmologie du Mémorial établi au sein de la Clinique Générale-Beaulieu. Cette décision a généré, au sein d’un petit groupe de membres - qui par la suite a constitué le comité du centre - une réflexion de fond sur son fonctionnement et ses aspirations; l’idée a germé de créer un Centre de recherche clinique en partenariat avec la Fondation A. de Rothschild, détaché du service opérationnel, et destiné à soutenir des travaux scientifiques. Cette collaboration permettant de se rapprocher davantage de la vocation première de la Fondation qui est de soutenir la recherche médicale dans les neurosciences et l’ophtalmologie. Le processus a pris deux années et a nécessité un important travail juridique car nous souhaitions répondre à des critères éthiques et scientifiques élevés. Cela a abouti, for- R 6 Interface Coupe OCT de la rétine. mellement, en janvier 2013, avec la signature du document qui certifie que nous avons posé des bases scientifiques pour nouer un nouveau partenariat avec la Fondation A. de Rothschild. Ceci nous a permis d’une part de garder les liens traditionnels avec cette institution dont la réputation internationale est unanimement reconnue et d’autre part de nous rapprocher de sa mission philanthropique.» Pouvez-vous préciser la procédure? D GORDANA SUNARIC MÉGEVAND: «L’activité des membres au sein du centre est bénévole et s’effectue en plus de leur activité professionnelle habituelle. La Fondation A. de Rothschild nous soutient par le financement d’un médecin assistant à 50% engagé pour l’élaboration et la mise en pratique des protocoles. Nous avons déjà pu bénéficier d’un financement issu d’un fonds européen situé à Bruxelles pour une étude multicentrique et d’un soutien privé genevois (Fondation Provisu) qui encourage la recherche ophtalmologique à l’échelon suisse romand. Dans le futur nous espérons pouvoir compter sur d’autres sources de financement pour nous permettre de mener à bien nos objectifs. Nos statuts prévoient que chaque protocole fasse l’objet d’un examen minutieux par les membres du Conseil exécutif du Centre de recherche. Une fois acceptés par le Conseil exécutif, les projets sont soumis à l’approbation de la Commission d’éthique des HUG. C’est un «tamis» extrêmement fin et exigeant qui signifie que tous les projets doivent être rigoureux sur le plan scientifique, éthique et administratif. Nous sommes le premier centre de recherche médicaR le non universitaire privé de Suisse, reconnu officiellement, et déjà associé à d’importants centres européens de recherche clinique. Le groupement European Vision Institute for Research qui compte une vingtaine de centres en Europe nous a accepté en qualité de membre, ce qui représente une reconnaissance internationale et nous ouvre les portes à la participation à des études multicentriques, gérées par cette institution.» De quelle recherche s’agit-il? D GORDANA SUNARIC MÉGEVAND: «Nous nous concentrons sur la recherche clinique, évaluant des nouveaux moyens diagnostiques et thérapeutiques, médicaux ou chirurgicaux, dans les divers domaines de l’ophtalmologie. Il s’agit toujours de projets entrant dans la catégorie d’études de phase IV, c’est-à-dire des produits pharmacologiques ou chirurgicaux déjà commercialisés mais dont l’utilité dans certains domaines particuliers mérite des évaluations plus approfondies. Aucune de nos études n’est l’objet d’essais de pré-commercialisation. Actuellement nous avons soumis des projets à la Commission d’éthique, dont une étude multicentrique >> impliquant d’autres centres européens.» R Dr Gordana Sunaric Mégevand Après une formation en recherche fondamentale puis activité clinique et chirurgicale à la clinique ophtalmologique des HUG, Gordana Sunaric Mégevand poursuit un Fellowship de 2 ans en Glaucome et chirurgie du segment antérieur à Capetown, Afrique du Sud. Responsable de la consultation de glaucome entre 1996 et 2003 puis installée en pratique privée, affiliée au Mémorial A. de Rothschild, elle est co-fondatrice et membre du 1er comité exécutif du Groupe Glaucome Suisse et présidente du comité CME international du European Glaucoma Society. Depuis 8 ans, elle est vice-présidente du European Board of Ophthalmology, et présidente du Residency Review Committee. Depuis 2011, elle est en charge de l’accréditation des congrès et du matériel e-learning européennes (EACCME: European Accreditation Council for Continuous Medical Education). Depuis 2005, elle est déléguée de la Société Suisse d’Ophtalmologie auprès de l’UEMS (Union Européenne des Médecins Spécialistes) et exerce de nombreuses activités au sein de divers comités de la SSO, EBO et EGS. Depuis janvier 2013, elle préside le Centre de recherche clinique du Mémorial A. de Rothschild à Genève. 7 Interface dossier Les liens du Centre de recherche avec la clinique sont-ils aussi importants? D GORDANA SUNARIC MÉGEVAND: «Bien que le Centre de recherche soit une entité indépendante de la Clinique Générale-Beaulieu, nos liens sont étroits par la généreuse mise à disposition des locaux et du personnel et l’encouragement permanent témoigné par la direction de la clinique. Nous lui en sommes infiniment reconnaissants. Ainsi nous profitons de l’excellente réputation de la Clinique GénéraleBeaulieu tant par la qualité des soins médicaux que du haut niveau des prestations de son bloc opératoire. Le tout crée effectivement un environnement précieux et propice à la recherche. Le niveau d’excellence des médecins agréés, préalablement validés par le Comité du Groupement du Mémorial A. de Rothschild, a également d’importantes répercussions sur la qualité de nos recherches.» R Existe-t-il encore beaucoup de champs de recherches en ophtalmologie, ou l’essentiel est-il déjà connu? D GORDANA SUNARIC MÉGEVAND: «Il existe encore de vastes domaines à explorer en ce qui concerne l’œil et la vision. Si l’on a effectivement assisté à des progrès spectaculaires ces vingt dernières années en matière de diagnostics et de traitements (nouveaux lasers et méthodes d’imagerie médicale notamment), les chercheurs s’attendent à réaliser encore de nouvelles découvertes, notamment dans les traitements pharmacologiques ainsi qu’en neurosciences avec le développement d’appareillages visuels et sensoriels et l’espoir de permettre la réhabilitation de patients malvoyants. R Face aux défis que représente le vieillissement de la population avec le développement des maladies liées non pas à l’âge mais bien au grand-âge et l’augmentation des demandes individuelles quant à la qualité de la vision, donc de la qualité de vie, notre métier sera soumis dans le futur à d’intenses exigences. Cela représente un important défi pour notre Centre de recherche.» ■ Laser excimer: un essor considérable L’idée d’opérer la cornée pour corriger la myopie et autres vices de réfraction date de la fin du 19e siècle, mais n’a été mise en pratique que dans les années 1970 avec la kératotomie radiaire. Des incisions cornéennes étaient pratiquées avec une lame. En 1980, un technicien IBM eut l’idée d’utiliser un laser excimer - alors utilisé pour couper des composants électroniques - sur des tissus humains. En 1983, la première kératotomie photo réfractive (PRK) a lieu en Allemagne. Depuis, cette technique a connu un essor considérable et de nombreux perfectionnements. Le recul permet maintenant d’affirmer la sécurité et la précision de la technique et nous connaissons actuellement bien ses limites. Un bilan préopératoire permet de vérifier la bonne indication. Si tous les paramètres pour un excellent résultat ne sont pas présents, il est préférable d’orienter le patient vers un autre moyen de correction optique. Les lasers excimer modernes sont équipés d’un «eyetracker» qui permet au rayon laser de suivre les mouvements oculaires. Les paramètres de puissance du rayon sont tels que le laser fonctionne moins d’une minute lorsque le patient est installé et l’œil préparé. 8 Interface Interview de Mme Sigrid Pausier, infirmière responsable Coup d’œil sur le Service d’ophtalmologie Infirmière reférente du Centre d’ophtalmologie du Mémorial A. de Rothschild, aussi dénommé le «Service d’ophtalmologie», Mme Sigrid Pausier présente son équipe, deux infirmières et une aide soignante, le fonctionnement du service et ses principaux équipements. Il faut d’abord préciser que notre centre n’est pas un lieu de consultation à proprement parler puisque nous ne disposons pas d’un médecin présent en permanence. Il s’agit d’un lieu dédié à des actes diagnostiques et thérapeutiques pour lesquels des équipements sont mis à disposition des médecins ophtalmologues agréés. Nous sommes chargées, mes collègues et moi, de l’organisation et de la planification de ce plateau technique selon des plages horaires dévolues à chaque médecin. En effet, après prise de rendez-vous, l’ophtalmologue et ses patients se rencontrent au Centre d’ophtalmologie pour effectuer l’examen ou le traitement programmé. Hormis les interventions de chirurgie réfractive, tous les actes effectués ambulatoirement dans le Service d’ophtalmologie sont couverts par l’assurance de base obligatoire (LAMal), tous les assurés peuvent donc accéder au centre. Notre rôle est d’accueillir les patients, de répondre à leurs éventuelles questions et souvent de les rassurer. Nous sommes également impliquées dans la préparation des patients, puisque l’instillation de collyres est souvent 9 Interface nécessaire pour effectuer certains examens et traitements ophtalmologiques, de même que la mise en place d’une voie veineuse pour effectuer les examens angiographiques. Nous participons également à l’instrumentation de certains actes de chirurgie réfractive par exemple. De plus, depuis le 1er octobre dernier, suite à l’instauration d’un système de garde, nous sommes responsables de l’accueil téléphonique des appels d’urgence et de l’orientation du patient vers le cabinet du médecin ophtalmologue de garde. Ce service de garde fonctionne les jours ouvrables de 8h30 à 17h00 et peut être joint par téléphone au 022 839 54 20. Le Service d’ophtalmologie de la Clinique GénéraleBeaulieu est principalement composé d’une salle de soins, de différents lasers à visée thérapeutique, de nombreux appareils diagnostiques permettant la visualisation des différentes structures oculaires tels que l’OCT (Optical Coherence Tomography), l’UBM (Ultrasound Biomicroscope) et d’une salle d’angiographie. Nous sommes particulièrement sollicitées lors des angiographies fluoréscéiniques, une technique d’imagerie médicale qui permet l’observation dynamique de la vascularisation et de certaines structures rétiniennes et choroïdiennes. Cet examen invasif peut rarement induire des réactions de type allergique ou anaphylactique, or nous avons la possibilité d’offrir une sécurité optimale avec la proximité de la clinique et, si cela devait être nécessaire, de son équipe de réanimation. Fort heureusement, nous n’avons jamais rencontré de problèmes majeurs. ■ dossier De gauche à droite: Mmes Ghislaine Burri, Mylene Mathys, Dr Alain Munier et Mme Sigrid Pausier. Liste des appareils L’infrastructure du 22, chemin Beau-Soleil est régulièrement utilisée par une trentaine de médecins du Groupement du Mémorial. Biomètre: Biométrie, mesure de l’œil pour calcul de l’implant (cristallin artificiel) avant opération de cataracte. GdX: Imagerie du nerf optique et mesure de la couche des fibres nerveuses. Utilisé pour suivre les patients atteints de glaucome. Compteur endothélial: Mesure de l’épaisseur de la cornée (pachymétrie) et numération des cellules endothéliales par mm2. Important pour les patients avec une lentille de chambre antérieure. Topographe: Mesure de la forme de la cornée (topographie) et son épaisseur. Pour le bilan des patients candidats à une opération de chirurgie réfractive ou atteint de kératocône. Angiographe: Pour angiographie à la fluorescéine ou au vert d’indocyanine et photos du fond de l’œil. UBM: Ultrasons pour l’analyse fine de l’angle irido cornéen. En cas de glaucome. Cross linking: Pour traitement des kératocônes et ectasies cornéennes. Laser excimer: Pour correction chirurgicale des vices de réfraction. Kératome: Coupe du volet cornéen en cas de lasik. OCT: Pour «Optical Coherence Tomography». Analyse de la rétine et du nerf optique assistée par laser. Une révolution dans l’analyse de la macula. C’est actuellement l’appareil le plus utilisé au centre. Lampe à fente: Lampe à fente Haag Streit pour examen de l’œil et possibilité de monter le laser pour les traitements de DMLA par photothérapie dynamique. SLT: Laser pour trabeculoplastie, traitement du glaucome. Yag Laser: Traitement des cataractes secondaires et iridotomies. Laser argon: Traitement par photocoagulation laser de lésions rétiniennes diabétiques, de déchirures rétiniennes et autres. Oxymètre: Mesure de l’oxymétrie rétinienne, instrument de recherche. 10 Interface compte-rendu 25es Entretiens de Beaulieu «Le sommeil dans tous ses états» Remise du Prix Beaulieu au Dr Jean-Pierre Grillet par le Dr Claudio Soravia. Des chiffres révélateurs Le Dr Claudio Soravia qui a adressé les mots de bienvenue à l’assemblée a été frappé par l’homogénéité des interventions, qui portaient sur les troubles du sommeil et de la vigilance (Prof. Claudio Bassetti, Hôpital de l’Ile à Berne), la neuro-anatomie et neurophysiologie du sommeil (Dresse Laurence Bayer, HUG), les rythmes circadiens (Prof. Ueli Schibler, Sciences III, Genève), les troubles du sommeil de l’âge avancé (Dr Stephen Perrig, HUG), les apnées du sommeil en haute altitude (Dr Raphael Heinzer, CHUV), les troubles du sommeil chez l’enfant (Dresse Caroline Menache Starobinski, Clinique des Grangettes). Spécialité encore relativement récente, réunissant les savoirs allant de la neurologie à la pneumologie en pas- 11 Interface La problématique soulevée le 23 novembre par les 25es Entretiens de Beaulieu, organisés à l’initiative de la Société Coopérative Médicale de Beaulieu (SMB), est d’actualité: dans son édition du même jour, La Tribune de Genève consacrait deux pages au sommeil, «l’ami oublié de notre société» et relevait d’emblée que «le temps passé au lit a diminué de 1,5 heure par jour en cinquante ans.» sant par la chronobiologie, la compréhension des troubles du sommeil s’est beaucoup développée ces dernières années grâce aux examens cliniques (anamnèse) et à l’examen d’un patient muni d’électrodes et filmé durant son sommeil (polysomnographie). Les troubles du sommeil chez l’adulte sont évalués de 10 à 20%, l’apnée du sommeil concerne 15 à 20% de la population adulte, 10% souffrent de parasomnie et 15% du syndrome des jambes sans repos. Près de 20% des accidents de voiture proviennent de phénomènes liés à l’endormissement. De multiples horloges internes Le lien entre troubles du sommeil et maladies cardio-vasculaires est établi. Lors de son intervention, le Dr Schibler a mis en exergue le fonctionnement de nos horloges >> compte-rendu 25es Entretiens de Beaulieu: quelques conférenciers réunis. internes. Si l’horloge «centrale», dans le cerveau, est connue, le fonctionnement des horloges «périphériques» - celles qui dépendent de notre foie, de nos muscles ou encore de notre système digestif - révèle la complexité des liens qui les relient à l’horloge centrale. La chronobiologie permet de prendre la mesure de l’existence d’horloges dans chacune de nos cellules et des conséquences de leur dérèglement, qu’il s’agisse d’un simple jetlag ou, plus grave, de l’apparition de la maladie d’Alzheimer. «Le fait que notre sommeil contribue à éliminer les “déchets“ ou métabolites qui s’accumulent dans notre organisme a été souligné et cela a été très bien montré, à travers de multiples exemples», relève le Dr Soravia. Des cas particuliers Si la quantité d’heures de sommeil nécessaire à la récupération diffère sensiblement d’un individu à l’autre, certains ayant l’aptitude à se reposer grâce à de microsiestes, d’autres observations, plus systématiques, révèlent des troubles issus de certains contextes, comme l’altitude. Le Dr Heinzer a ainsi souligné des cas d’apnée du sommeil fréquemment observés chez les alpinistes et 12 Interface auprès de populations vivant en haute altitude, comme au Pérou. Le lien avec l’oxygénation est frappant. D’autres cas particuliers ont été évoqués, comme celui de l’hyperactivité chez l’enfant (Dresse Menache Starobinski) qui est également en lien avec des troubles du sommeil tels que le somnambulisme, observable entre 8 et 12 ans, et d’autres formes de troubles comportementaux. Prix Beaulieu 2012 Les 25es Entretiens de Beaulieu ont été conclus par une table ronde, alimentée par de nombreuses questions de l’assistance, et une passionnante description du rapport au sommeil dans des conditions extrêmes par le navigateur Dominique Wavre, qui alterne petites siestes de 10 à 15 minutes avec des temps de repos d’une heure à une heure et demie, si les conditions de navigation le permettent… La manifestation officielle s’est achevée avec la remise du Prix Beaulieu de la SMB au Dr Jean-Pierre Grillet, ancien président du Groupe des dermatologues et ancien membre du Conseil de l’AMGe, pour sa défense de la médecine libérale. ■ Site de la SMB: www.smb-cgb.ch