Dossier - Clinique Générale Beaulieu

publicité
Interface
périodique de la Clinique Générale-Beaulieu
www.beaulieu.ch
n° 12 - hiver 2013-14
Dossier: un Centre ophtalmologique de longue tradition ■
25es Entretiens de Beaulieu: le sommeil dans tous ses états
le mot du directeur
sommaire
2
le mot du directeur
3
dossier
ophtalmologie
11
compte-rendu
25es Entretiens de Beaulieu
Des signaux forts et prometteurs
L’année qui s’achève est conforme à nos attentes, tant en termes d’activité que de
chiffre d’affaires. Par ailleurs, nous avons poursuivi nos chantiers matérialisés
notamment par l’inauguration de notre nouvelle maternité - bloc obstétrical et unité
postpartum - et la création d’une nouvelle salle d’opération qui accueille principalement la chirurgie robotisée. Nous avons également repensé et modernisé la cuisine et la cafétéria.
Autre fait marquant de l’année 2013: la fusion des instituts de médecine nucléaire
respectifs de la Clinique des Grangettes et de la Clinique Générale-Beaulieu au sein
impressum
d’une société créée spécialement à cet effet. Nous avons donc contribué avec notre
partenaire à la naissance d’un nouveau centre d’Imagerie Moléculaire Genève donnant un signal fort aux autorités politiques, aux assureurs et au grand public gene-
Ligne éditoriale:
Philippe Cassegrain
Nicolas Brunschwig
vois. C’est, en effet, la première fois que deux cliniques concurrentes réalisent un tel
Rédacteur responsable:
Philippe Amez-Droz
ainsi la qualité de la prise en charge.
projet en commun dans le but de rationaliser les investissements particulièrement
lourds dans ce domaine, partager le savoir-faire médical et technique et améliorer
L’année 2014 verra s’achever ce long programme de rénovation et d’agrandissement
Ont notamment collaboré
à ce numéro:
Dresse Gordana Sunaric Mégevand.
Mme Sigrid Pausier. Drs Alain Munier et
Claudio Soravia. Mmes Françoise Dimier et
Christina Otero. M. Philippe Cassegrain.
de la clinique par la création d’un pôle fort de radiologie neuro-ORL, d’un hôpital
Crédits photos:
Clinique Générale-Beaulieu
Thierry Védrenne
la médecine hautement spécialisée, puis le retour du moratoire sur les cabinets
Graphisme & production:
Agence PM
qu’est la Clinique Générale-Beaulieu.
Tirage: 1’500 exemplaires
Contact: [email protected]
Site: www.beaulieu.ch
pour la confiance qu’ils nous témoignent et pour leur fidélité. Ma gratitude va éga-
de jour, d’un lounge et d’un restaurant situés à l’entrée de la clinique.
Je tiens à remercier le conseil d’administration de sa confiance et de son soutien dans
une période mouvementée où nous avons dû accompagner les changements
majeurs que sont la nouvelle planification hospitalière, l’introduction des DRG et de
médicaux. Le conseil a également accepté des investissements massifs répartis sur
plusieurs années pour rénover, agrandir et adapter ce formidable outil de travail
En cette période de forte activité, j’exprime toute ma reconnaissance aux médecins
lement aux cadres et aux collaborateurs de la clinique qui contribuent largement au
succès de notre maison.
Je vous laisse découvrir le dossier passionnant et très complet consacré à l’ophtalmologie, preuve que la Clinique Générale-Beaulieu n’a rien perdu de son esprit
créatif et innovant, ni de sa volonté de développer des partenariats.
En conclusion, je vous souhaite, ainsi qu’à vos proches de joyeuses fêtes de Noël
et forme mes meilleurs vœux de bonne et heureuse Nouvelle Année.
PHILIPPE CASSEGRAIN
2
Interface
dossier
Groupement des médecins du Mémorial A. de Rothschild
Un Centre ophtalmologique
de longue tradition
De gauche à droite: Drs Francesca Panarello, Nadia Bouchenaki, Alain Munier et Gordana Sunaric Mégevand,
membres du comité du Groupement. En médaillon: Dr Jean-Marc Schepens, absent le jour de la photo.
Notre dossier consacré au Service d'ophtalmologie du
22, chemin Beau-Soleil permet de mesurer l'importance
et les origines historiques du Mémorial A. de Rotschild,
à travers les activités de son Groupement des médecins
ophtalmologues et du Centre de recherche en ophtalmologie. Un service d'urgences est également à disposition.
3
Interface
dossier
Interview du Dr Alain Munier
Une plateforme de travail
exceptionnelle
Spécialiste en ophtalmologie et ophtalmochirurgie, le Dr Alain Munier préside le
Groupement des médecins du Mémorial
Adolphe de Rothschild qui est établi à
la Clinique Générale-Beaulieu depuis des
décennies (voir encadré).
Dr Munier, quelle est la première vocation du
Groupement des médecins du Mémorial Adolphe de
Rothschild (ci-après: le Groupement)?
Dr ALAIN MUNIER: «Le Groupement offre une plateforme
de travail pour ophtalmologues indépendants mettant à
leur disposition ainsi qu’à celle de leurs patients un équipement comportant des appareils à visée diagnostique et
thérapeutique, moyennant contribution financière. Cette
formule présente l’avantage pour les médecins de disposer, en un seul lieu, d’équipements de pointe sans avoir la
pression d’en fournir le financement, ni de devoir rentabiliser l’investissement, tout en leur permettant d’offrir à
leurs patients une médecine de qualité.
Le Groupement compte aujourd’hui 48 ophtalmologues,
tous obligatoirement agréés auprès de la Clinique
Générale-Beaulieu.»
Un fonctionnement autonome
Le Groupement doit-il être distingué du Mémorial
A. de Rothschild proprement dit?
Dr ALAIN MUNIER: «Effectivement. Le Mémorial est une
fondation gérée par la famille de Rothschild, avec un
4
Interface
intérêt particulier pour l’ophtalmologie et les neurosciences. Nous ne sommes pas les seuls à profiter de leur
générosité. Selon la volonté du baron Edmond (19261997), le Mémorial A. de Rothschild a financé l’acquisition du matériel diagnostique et thérapeutique pendant
de nombreuses années. Ce n’est plus le cas aujourd’hui,
le Mémorial ayant pris la décision d’orienter son soutien
vers la recherche. Ce changement d’optique a servi d’impulsion et c’est grâce au dynamisme du comité du
Groupement et du Dr Gordana Sunaric Mégevand qu’est
né le Centre de recherche clinique. Les liens avec le
Mémorial sont restés étroits.»
Urgence ophtalmologique
Quelles autres activités le Groupement organise-t-il ?
Dr ALAIN MUNIER: «Nous organisons des conférences,
notamment à la Salle Beaulieu, à l’attention de nos
membres et d’invités. Nous avons aussi mis sur pied,
depuis le 1er octobre dernier, une garde d’urgence en
ophtalmologie (022 839 54 20). L’équipe infirmière du
Centre ophtalmologique oriente le patient vers un médecin ophtalmologue de garde.»
Au cours des dernières années, quels sont les principaux changements observables?
Dr ALAIN MUNIER: «Par le passé, les ophtalmologues,
comme d’ailleurs dans d’autres spécialités médicales,
pratiquaient une ophtalmologie générale. Aujourd’hui,
de nombreux collègues suivent une formation de sousspécialisation pour acquérir des connaissances et une
Dr Alain Munier
Né à Genève en 1962, marié et père de deux enfants, le Dr Alain Munier
est médecin spécialiste en ophtalmologie et ophtalmo-chirurgie. Suisse
et Irlandais, il est bilingue français-anglais. Il obtient son diplôme de
médecin en 1987, son doctorat et son titre FMH en ophtalmologie à
Genève en 1995, suivi d’une spécialisation (Fellowship) effectuée de 1995
à 1997 à Dublin, Irlande, en milieu universitaire où il acquiert des compétences en ophtalmologie pédiatrique et en chirurgie réfractive. Il passe
avec succès l’examen européen EBOD.
Il ouvre son cabinet d’ophtalmologie à Genève en 1998. Président du
Groupement des médecins du Mémorial Adolphe de Rothschild depuis
2006, il est également médecin ophtalmologue répondant du Service
Santé de la Jeunesse du canton de Genève.
expérience plus pointues dans un domaine donné tels
que les uvéites, la cataracte, le glaucome, la vitréo-rétine
médicale ou chirurgicale, la neuro-ophtalmologie, l’ophtalmo-pédiatrie et l’oncologie. Nous avons la chance à
Genève de compter un grand nombre d’excellents spécialistes en pratique privée qui couvrent quasiment
toutes les sous-spécialités de l’ophtalmologie.»
Laser de la dernière génération
Parmi les appareils qui équipent le Centre d’ophtalmologie, lequel est le plus récent et à quoi sert-il?
Dr ALAIN MUNIER: «La Clinique Générale-Beaulieu a
récemment acquis un nouveau laser excimer de dernière
génération qui sert à corriger les principaux vices de
réfraction, en particulier la myopie et l’astigmatisme.
Cette chirurgie «réfractive» n’est pas prise en charge par
les assurances maladies.
En tant que président du Groupement je suis très fier et
honoré de m’occuper depuis quelques années du Centre
ophtalmologique et j’apprécie tout particulièrement l’excellente et étroite collaboration avec la direction de la
Clinique Générale-Beaulieu.» ■
Historique du Groupement
En regagnant Genève en train, le baron Adolphe de Rothschild reçut un grain de charbon dans l’œil. Il recourut aux soins d’un oculiste et le corps étranger fut extrait. Déplorant l’insuffisance à Genève d’un établissement approprié aux soins d’indigents atteints d’affections oculaires, Adolphe de Rothschild créa le premier
hôpital ophtalmique de Genève en 1874. La baronne Julie de Rothschild, au décès de son époux en 1900,
décida de poursuivre son œuvre en créant la Fondation Adolphe de Rothschild. Durant 104 ans plus de
266'000 consultations furent donnéesgratuitement. L‘hôpital ferma en 1978. Le baron Edmond de
Rothschild, président de la Fondation, décida alors de participer à l’acquisition de l’équipement chirurgical
de pointe de la Clinique Générale-Beaulieu en construction. En 1982, il renomma la Fondation Mémorial
Adolphe de Rothschild et les médecins ophtalmologues se con-stituèrent en Groupement des Médecins du
Mémorial. Les microscopes opératoires et autres instruments chirurgicaux furent installés au bloc alors que
les lasers et autres appareils diagnostiques étaient installés dans les locaux qui sont aujourd’hui dévolus à
la maternité. En juillet 2012, le Centre d’ophtalmologie et tous ses appareils ont déménagé dans des locaux
plus spacieux au 22, chemin Beau-Soleil.
5
Interface
dossier
Interview du Dr Gordana Sunaric Mégevand
Un Centre de recherche novateur
Spécialiste FMH en ophtalmologie et
ophtalmo-chirurgie, le Dr Gordana Sunaric
Mégevand préside le comité du tout nouveau Centre de recherche clinique
du Mémorial Adolphe de Rothschild
constitué par les Drs Alain Munier, Nadia
Bouchenaki,
Jean-Marc
Schepens,
Constantin Pournaras, Ian Schwieger
et Peter Leuenberger. Nouveau, car institutionnellement détaché du service et
disposant de statuts propres, le centre
n’en demeure pas moins attaché à la
longue tradition d’excellence du Mémorial
et de sa Fondation.
Dr Sunaric Mégevand, pourquoi créer un centre de
recherche détaché du Mémorial A. de Rothschild, qui
est à l’origine du succès de l’actuel Service ophtalmologique?
D GORDANA SUNARIC MÉGEVAND: «Récemment la Fondation A. de Rothschild, a émis le souhait de cesser de
financer l’acquisition de matériel de pointe destiné au plateau technique du Service d’ophtalmologie du Mémorial
établi au sein de la Clinique Générale-Beaulieu. Cette
décision a généré, au sein d’un petit groupe de membres
- qui par la suite a constitué le comité du centre - une
réflexion de fond sur son fonctionnement et ses aspirations; l’idée a germé de créer un Centre de recherche clinique en partenariat avec la Fondation A. de Rothschild,
détaché du service opérationnel, et destiné à soutenir des
travaux scientifiques. Cette collaboration permettant de
se rapprocher davantage de la vocation première de la
Fondation qui est de soutenir la recherche médicale dans
les neurosciences et l’ophtalmologie.
Le processus a pris deux années et a nécessité un important travail juridique car nous souhaitions répondre à des
critères éthiques et scientifiques élevés. Cela a abouti, for-
R
6
Interface
Coupe OCT de la rétine.
mellement, en janvier 2013, avec la signature du document
qui certifie que nous avons posé des bases scientifiques
pour nouer un nouveau partenariat avec la Fondation A.
de Rothschild. Ceci nous a permis d’une part de garder les
liens traditionnels avec cette institution dont la réputation
internationale est unanimement reconnue et d’autre part
de nous rapprocher de sa mission philanthropique.»
Pouvez-vous préciser la procédure?
D GORDANA SUNARIC MÉGEVAND: «L’activité des membres
au sein du centre est bénévole et s’effectue en plus de leur
activité professionnelle habituelle. La Fondation A. de
Rothschild nous soutient par le financement d’un médecin assistant à 50% engagé pour l’élaboration et la mise
en pratique des protocoles.
Nous avons déjà pu bénéficier d’un financement issu
d’un fonds européen situé à Bruxelles pour une étude
multicentrique et d’un soutien privé genevois (Fondation
Provisu) qui encourage la recherche ophtalmologique à
l’échelon suisse romand.
Dans le futur nous espérons pouvoir compter sur
d’autres sources de financement pour nous permettre de
mener à bien nos objectifs. Nos statuts prévoient que
chaque protocole fasse l’objet d’un examen minutieux
par les membres du Conseil exécutif du Centre de
recherche. Une fois acceptés par le Conseil exécutif, les
projets sont soumis à l’approbation de la Commission
d’éthique des HUG. C’est un «tamis» extrêmement fin et
exigeant qui signifie que tous les projets doivent être
rigoureux sur le plan scientifique, éthique et administratif. Nous sommes le premier centre de recherche médicaR
le non universitaire privé de Suisse, reconnu officiellement, et déjà associé à d’importants centres européens de
recherche clinique. Le groupement European Vision
Institute for Research qui compte une vingtaine de
centres en Europe nous a accepté en qualité de membre,
ce qui représente une reconnaissance internationale et
nous ouvre les portes à la participation à des études multicentriques, gérées par cette institution.»
De quelle recherche s’agit-il?
D GORDANA SUNARIC MÉGEVAND: «Nous nous concentrons sur la recherche clinique, évaluant des nouveaux
moyens diagnostiques et thérapeutiques, médicaux ou
chirurgicaux, dans les divers domaines de l’ophtalmologie. Il s’agit toujours de projets entrant dans la catégorie
d’études de phase IV, c’est-à-dire des produits pharmacologiques ou chirurgicaux déjà commercialisés mais
dont l’utilité dans certains domaines particuliers mérite
des évaluations plus approfondies. Aucune de nos
études n’est l’objet d’essais de pré-commercialisation.
Actuellement nous avons soumis des projets à la
Commission d’éthique, dont une étude multicentrique
>>
impliquant d’autres centres européens.»
R
Dr Gordana Sunaric Mégevand
Après une formation en recherche fondamentale puis activité clinique
et chirurgicale à la clinique ophtalmologique des HUG, Gordana
Sunaric Mégevand poursuit un Fellowship de 2 ans en Glaucome et
chirurgie du segment antérieur à Capetown, Afrique du Sud.
Responsable de la consultation de glaucome entre 1996 et 2003 puis
installée en pratique privée, affiliée au Mémorial A. de Rothschild, elle
est co-fondatrice et membre du 1er comité exécutif du Groupe
Glaucome Suisse et présidente du comité CME international du
European Glaucoma Society. Depuis 8 ans, elle est vice-présidente du
European Board of Ophthalmology, et présidente du Residency Review
Committee. Depuis 2011, elle est en charge de l’accréditation des
congrès et du matériel e-learning européennes (EACCME: European
Accreditation Council for Continuous Medical Education).
Depuis 2005, elle est déléguée de la Société Suisse d’Ophtalmologie auprès de l’UEMS (Union Européenne des
Médecins Spécialistes) et exerce de nombreuses activités au sein de divers comités de la SSO, EBO et EGS.
Depuis janvier 2013, elle préside le Centre de recherche clinique du Mémorial A. de Rothschild à Genève.
7
Interface
dossier
Les liens du Centre de recherche avec la clinique
sont-ils aussi importants?
D GORDANA SUNARIC MÉGEVAND: «Bien que le Centre de
recherche soit une entité indépendante de la Clinique
Générale-Beaulieu, nos liens sont étroits par la généreuse
mise à disposition des locaux et du personnel et l’encouragement permanent témoigné par la direction de la clinique.
Nous lui en sommes infiniment reconnaissants. Ainsi nous
profitons de l’excellente réputation de la Clinique GénéraleBeaulieu tant par la qualité des soins médicaux que du haut
niveau des prestations de son bloc opératoire. Le tout crée
effectivement un environnement précieux et propice à la
recherche. Le niveau d’excellence des médecins agréés,
préalablement validés par le Comité du Groupement du
Mémorial A. de Rothschild, a également d’importantes
répercussions sur la qualité de nos recherches.»
R
Existe-t-il encore beaucoup de champs de
recherches en ophtalmologie, ou l’essentiel est-il
déjà connu?
D GORDANA SUNARIC MÉGEVAND: «Il existe encore de
vastes domaines à explorer en ce qui concerne l’œil et la
vision. Si l’on a effectivement assisté à des progrès spectaculaires ces vingt dernières années en matière de diagnostics et de traitements (nouveaux lasers et méthodes
d’imagerie médicale notamment), les chercheurs s’attendent à réaliser encore de nouvelles découvertes, notamment dans les traitements pharmacologiques ainsi qu’en
neurosciences avec le développement d’appareillages
visuels et sensoriels et l’espoir de permettre la réhabilitation de patients malvoyants.
R
Face aux défis que représente le vieillissement de la
population avec le développement des maladies liées
non pas à l’âge mais bien au grand-âge et l’augmentation des demandes individuelles quant à la qualité de
la vision, donc de la qualité de vie, notre métier sera
soumis dans le futur à d’intenses exigences. Cela représente un important défi pour notre Centre de
recherche.» ■
Laser excimer: un essor considérable
L’idée d’opérer la cornée pour corriger la myopie et autres
vices de réfraction date de la fin du 19e siècle, mais n’a été
mise en pratique que dans les années 1970 avec la kératotomie radiaire. Des incisions cornéennes étaient pratiquées avec une lame. En 1980, un technicien IBM eut
l’idée d’utiliser un laser excimer - alors utilisé pour couper
des composants électroniques - sur des tissus humains.
En 1983, la première kératotomie photo réfractive (PRK) a
lieu en Allemagne. Depuis, cette technique a connu un
essor considérable et de nombreux perfectionnements.
Le recul permet maintenant d’affirmer la sécurité et la précision de la technique et nous connaissons actuellement
bien ses limites. Un bilan préopératoire permet de vérifier
la bonne indication. Si tous les paramètres pour un excellent résultat ne sont pas présents, il est préférable d’orienter le patient vers un autre moyen de correction optique.
Les lasers excimer modernes sont équipés d’un «eyetracker» qui permet au rayon laser de suivre les mouvements oculaires. Les paramètres de puissance du rayon
sont tels que le laser fonctionne moins d’une minute
lorsque le patient est installé et l’œil préparé.
8
Interface
Interview de Mme Sigrid Pausier,
infirmière responsable
Coup d’œil sur le Service
d’ophtalmologie
Infirmière reférente du Centre d’ophtalmologie du Mémorial A. de Rothschild,
aussi dénommé le «Service d’ophtalmologie», Mme Sigrid Pausier présente son
équipe, deux infirmières et une aide soignante, le fonctionnement du service et
ses principaux équipements.
Il faut d’abord préciser que notre centre n’est pas un lieu
de consultation à proprement parler puisque nous ne disposons pas d’un médecin présent en permanence. Il
s’agit d’un lieu dédié à des actes diagnostiques et thérapeutiques pour lesquels des équipements sont mis à disposition des médecins ophtalmologues agréés. Nous
sommes chargées, mes collègues et moi, de l’organisation
et de la planification de ce plateau technique selon des
plages horaires dévolues à chaque médecin. En effet,
après prise de rendez-vous, l’ophtalmologue et ses
patients se rencontrent au Centre d’ophtalmologie pour
effectuer l’examen ou le traitement programmé.
Hormis les interventions de chirurgie réfractive, tous les
actes effectués ambulatoirement dans le Service d’ophtalmologie sont couverts par l’assurance de base obligatoire
(LAMal), tous les assurés peuvent donc accéder au
centre.
Notre rôle est d’accueillir les patients, de répondre à leurs
éventuelles questions et souvent de les rassurer. Nous
sommes également impliquées dans la préparation des
patients, puisque l’instillation de collyres est souvent
9
Interface
nécessaire pour effectuer certains examens et traitements
ophtalmologiques, de même que la mise en place d’une
voie veineuse pour effectuer les examens angiographiques. Nous participons également à l’instrumentation
de certains actes de chirurgie réfractive par exemple.
De plus, depuis le 1er octobre dernier, suite à l’instauration d’un système de garde, nous sommes responsables
de l’accueil téléphonique des appels d’urgence et de
l’orientation du patient vers le cabinet du médecin
ophtalmologue de garde. Ce service de garde fonctionne
les jours ouvrables de 8h30 à 17h00 et peut être joint par
téléphone au 022 839 54 20.
Le Service d’ophtalmologie de la Clinique GénéraleBeaulieu est principalement composé d’une salle de
soins, de différents lasers à visée thérapeutique, de nombreux appareils diagnostiques permettant la visualisation des différentes structures oculaires tels que l’OCT
(Optical Coherence Tomography), l’UBM (Ultrasound
Biomicroscope) et d’une salle d’angiographie.
Nous sommes particulièrement sollicitées lors des angiographies fluoréscéiniques, une technique d’imagerie médicale qui permet l’observation dynamique de la vascularisation et de certaines structures rétiniennes et choroïdiennes.
Cet examen invasif peut rarement induire des réactions de
type allergique ou anaphylactique, or nous avons la possibilité d’offrir une sécurité optimale avec la proximité de la
clinique et, si cela devait être nécessaire, de son équipe de
réanimation. Fort heureusement, nous n’avons jamais rencontré de problèmes majeurs. ■
dossier
De gauche à droite: Mmes Ghislaine Burri, Mylene Mathys, Dr Alain Munier et Mme Sigrid Pausier.
Liste des appareils
L’infrastructure du 22, chemin Beau-Soleil est régulièrement utilisée par une trentaine de médecins du
Groupement du Mémorial.
Biomètre: Biométrie, mesure de l’œil pour calcul de l’implant (cristallin artificiel) avant opération de cataracte.
GdX: Imagerie du nerf optique et mesure de la couche des fibres nerveuses. Utilisé pour suivre les
patients atteints de glaucome.
Compteur endothélial: Mesure de l’épaisseur de la cornée (pachymétrie) et numération des cellules
endothéliales par mm2. Important pour les patients avec une lentille de chambre antérieure.
Topographe: Mesure de la forme de la cornée (topographie) et son épaisseur. Pour le bilan des patients
candidats à une opération de chirurgie réfractive ou atteint de kératocône.
Angiographe: Pour angiographie à la fluorescéine ou au vert d’indocyanine et photos du fond de l’œil.
UBM: Ultrasons pour l’analyse fine de l’angle irido cornéen. En cas de glaucome.
Cross linking: Pour traitement des kératocônes et ectasies cornéennes.
Laser excimer: Pour correction chirurgicale des vices de réfraction.
Kératome: Coupe du volet cornéen en cas de lasik.
OCT: Pour «Optical Coherence Tomography». Analyse de la rétine et du nerf optique assistée par laser.
Une révolution dans l’analyse de la macula. C’est actuellement l’appareil le plus utilisé au centre.
Lampe à fente: Lampe à fente Haag Streit pour examen de l’œil et possibilité de monter le laser pour
les traitements de DMLA par photothérapie dynamique.
SLT: Laser pour trabeculoplastie, traitement du glaucome.
Yag Laser: Traitement des cataractes secondaires et iridotomies.
Laser argon: Traitement par photocoagulation laser de lésions rétiniennes diabétiques, de déchirures
rétiniennes et autres.
Oxymètre: Mesure de l’oxymétrie rétinienne, instrument de recherche.
10
Interface
compte-rendu
25es Entretiens de Beaulieu
«Le sommeil dans tous ses états»
Remise du Prix Beaulieu au Dr Jean-Pierre Grillet par le
Dr Claudio Soravia.
Des chiffres révélateurs
Le Dr Claudio Soravia qui a adressé les mots de bienvenue à l’assemblée a été frappé par l’homogénéité des
interventions, qui portaient sur les troubles du sommeil
et de la vigilance (Prof. Claudio Bassetti, Hôpital de l’Ile
à Berne), la neuro-anatomie et neurophysiologie du sommeil (Dresse Laurence Bayer, HUG), les rythmes circadiens
(Prof. Ueli Schibler, Sciences III, Genève), les troubles du
sommeil de l’âge avancé (Dr Stephen Perrig, HUG),
les apnées du sommeil en haute altitude (Dr Raphael
Heinzer, CHUV), les troubles du sommeil chez l’enfant
(Dresse Caroline Menache Starobinski, Clinique des
Grangettes).
Spécialité encore relativement récente, réunissant les
savoirs allant de la neurologie à la pneumologie en pas-
11
Interface
La problématique soulevée le 23
novembre par les 25es Entretiens
de Beaulieu, organisés à l’initiative de la Société Coopérative
Médicale de Beaulieu (SMB), est
d’actualité: dans son édition
du même jour, La Tribune de
Genève consacrait deux pages au
sommeil, «l’ami oublié de notre
société» et relevait d’emblée que
«le temps passé au lit a diminué
de 1,5 heure par jour en cinquante
ans.»
sant par la chronobiologie, la compréhension des troubles
du sommeil s’est beaucoup développée ces dernières
années grâce aux examens cliniques (anamnèse) et à l’examen d’un patient muni d’électrodes et filmé durant son
sommeil (polysomnographie). Les troubles du sommeil
chez l’adulte sont évalués de 10 à 20%, l’apnée du sommeil concerne 15 à 20% de la population adulte, 10% souffrent de parasomnie et 15% du syndrome des jambes sans
repos. Près de 20% des accidents de voiture proviennent
de phénomènes liés à l’endormissement.
De multiples horloges internes
Le lien entre troubles du sommeil et maladies cardio-vasculaires est établi. Lors de son intervention, le Dr Schibler
a mis en exergue le fonctionnement de nos horloges >>
compte-rendu
25es Entretiens de Beaulieu: quelques conférenciers réunis.
internes. Si l’horloge «centrale», dans le cerveau, est
connue, le fonctionnement des horloges «périphériques»
- celles qui dépendent de notre foie, de nos muscles ou
encore de notre système digestif - révèle la complexité des
liens qui les relient à l’horloge centrale. La chronobiologie
permet de prendre la mesure de l’existence d’horloges
dans chacune de nos cellules et des conséquences de leur
dérèglement, qu’il s’agisse d’un simple jetlag ou, plus
grave, de l’apparition de la maladie d’Alzheimer.
«Le fait que notre sommeil contribue à éliminer les
“déchets“ ou métabolites qui s’accumulent dans notre
organisme a été souligné et cela a été très bien montré, à
travers de multiples exemples», relève le Dr Soravia.
Des cas particuliers
Si la quantité d’heures de sommeil nécessaire à la récupération diffère sensiblement d’un individu à l’autre, certains ayant l’aptitude à se reposer grâce à de microsiestes, d’autres observations, plus systématiques, révèlent des troubles issus de certains contextes, comme l’altitude. Le Dr Heinzer a ainsi souligné des cas d’apnée du
sommeil fréquemment observés chez les alpinistes et
12
Interface
auprès de populations vivant en haute altitude, comme
au Pérou. Le lien avec l’oxygénation est frappant.
D’autres cas particuliers ont été évoqués, comme celui de
l’hyperactivité chez l’enfant (Dresse Menache Starobinski)
qui est également en lien avec des troubles du sommeil
tels que le somnambulisme, observable entre 8 et 12 ans,
et d’autres formes de troubles comportementaux.
Prix Beaulieu 2012
Les 25es Entretiens de Beaulieu ont été conclus par une
table ronde, alimentée par de nombreuses questions de
l’assistance, et une passionnante description du rapport
au sommeil dans des conditions extrêmes par le navigateur Dominique Wavre, qui alterne petites siestes de
10 à 15 minutes avec des temps de repos d’une heure à
une heure et demie, si les conditions de navigation le permettent… La manifestation officielle s’est achevée avec la
remise du Prix Beaulieu de la SMB au Dr Jean-Pierre
Grillet, ancien président du Groupe des dermatologues
et ancien membre du Conseil de l’AMGe, pour sa défense de la médecine libérale. ■
Site de la SMB: www.smb-cgb.ch
Téléchargement