Végétations des tourbières basses acides ou alcalines Scheuchzerio palustris - Caricetea fuscae Scheuchzerio palustris - Caricetea fuscae 1 Photo : V. Levy 396 G u i d e d e s v é g é tat i o n s f o r e s t i è r e s e t p r é f o r e s t i è r e s d e l a r é g i o n N o r d - Pa s d e C a l a i s Description de la classe Flore caractéristique La classe comprend des associations souvent dominées par les cypéracées (laîches, linaigrettes, rhynchospores) et riches en mousses (notamment des sphaignes). Ces végétations se développent sur des sols gorgés d’eau tout au long de l’année, dans des stations naturelles non boisées (dépressions des tourbières, gouilles, pannes dunaires) ou dans des stations secondaires, issues du défrichement, de la fauche ou de l’extraction de tourbe en forêts marécageuses ou en tourbières boisées. Les sols sont souvent tourbeux (mais parfois minéraux plus ou moins enrichis en matière organique) et plus ou moins pauvres en nutriments. La majeure partie de ces végétations est liée aux différents types de tourbières, qui peuvent être considérées comme des reliques de l’ère glaciaire. Dans la région Nord-Pas de Calais, compte tenu de la présence restreinte de biotopes favorables (tourbières en particulier), la classe est peu représentée. La flore caractéristique de la classe se compose de cypéracées de taille petite à moyenne : Carex nigra, Carex panicea, Carex lasiocarpa, Eriophorum angustifolium, ainsi que de Comarum palustre, Menyanthes trifoliata, Equisetum palustre. Les mousses sont aussi bien représentées : Drepanocladus revolvens, Warnstorfia exannulata, Pseudocalliergon trifarium, Scorpidium scorpioides, Bryum pseudotriquetrum, Sphagnum subsecundum, Sphagnum fallax. Les milieux tourbeux sont aussi le refuge de nombreuses espèces d’intérêt patrimonial, souvent rares et menacées. Dans le Nord-Pas de Calais, toutes les espèces vasculaires caractéristiques sont, à l’exception d’Equisetum palustre, assez rares à très rares donc présentent un réel intérêt floristique. 1 Carex panicea , 2 Carex nigra, 3 Eriophorum angustifolium, 4 Comarum palustre, 5 Menyanthes trifoliata 3 4 5 G u i d e d e s v éGgué itdaet idoenss vféogréetsattiièorness deets pzroé nf eo sr ehsutmi èi dr e s d e l a r é g i o n N o r d - P a s d e C a l a i s 397 Scheuchzerio palustris - Caricetea fuscae 2 Distribution géographique et statut régional La classe a une répartition holarctique limitée aux régions froides (RIVAS-MARTINEZ et al., 2001). Elle est surtout bien représentée dans les pays nordiques (Scandinavie, etc.) et ailleurs, dans les zones d’altitude (moyenne à haute montagne) où les tourbières sont nombreuses. En Nord-Pas de Calais, les substrats tourbeux sont assez rares : en dehors des marais arrière-littoraux, notamment ceux de la plaine maritime picarde, des vallées et marais tourbeux intérieurs (marais de Guînes, marais audomarois, vallée de l’Authie, la vallée de la Sensée, etc.), des plateaux acides (Helfaut, SaintJosse) et des pannes et plaines arrière-dunaires, les substrats favorables sont extrêmement localisés. À cet état de fait naturel s’ajoutent les multiples dégradations de ces espaces considérés comme “inutiles” : drainages, cultures, plantations de peupliers, constructions, décharges, etc. Par conséquent, les végétations de cette classe sont très menacées dans la région. Analyse synsystématique Scheuchzerio palustris - Caricetea fuscae La conception de la classe a subi différents changements depuis sa description originelle par NORDHAGEN (1936). DUVIGNEAUD (1949), dans sa “classification phytosociologique des tourbières de l’Europe”, suivait le système de NORDHAGEN. Son prodrome incluait à l’époque les classes actuelles des prairies hygrophiles maigres (Molinio caeruleae - Juncetea acutiflori), des mégaphorbiaies (Filipendulo ulmariae - Convolvuletea sepium), ainsi que des landes turficoles atlantiques à Erica tetralix (Oxycocco palustris - Sphagnetea magellanici). Actuellement, seuls 3 ordres sont retenus, dans le Prodrome des végétations de France (2004), conformément à la conception de OBERDORFER et al. (1977). Scheuchzerio palustris - Caricetea fuscae Tüxen 1937 Scheuchzerietalia palustris Nordhagen 1936 Rhynchosporion albae Koch 1926 Drosero intermediae - Rhynchosporetum albae (Allorge & Denis 1923) Allorge 1926 cf. fiche “Rhynchosporion albae” ‘Lycopodiello inundatae - Rhynchosporetum fuscae’ Allorge & Gaume 1925 cf. fiche “Rhynchosporion albae” Caricion lasiocarpae Vanden Berghen in Lebrun, Noirfalise, Heinemann & Vanden Berghen 1949 Junco acutiflori - Caricenion lasiocarpae (Julve 1993 nom. inval.) Royer in Bardat et al. 2004 prov. Groupement à Comarum palustre et Epilobium palustre (Wattez 1968) de Foucault 1984 nom. ined. Végétation n’appartenant pas aux systèmes forestiers et préforestiers, non traitée dans ce guide. Junco subnodulosi - Caricenion lasiocarpae (Julve 1993 nom. inval.) Royer in Bardat et al. 2004 prov. Junco subnodulosi - Caricetum lasiocarpae (Wattez 1968) de Foucault 2008 Végétation n’appartenant pas aux systèmes forestiers et préforestiers, non traitée dans ce guide. Groupement à Eriophorum gracile et Carex limosa (Wattez 1968) de Foucault 1984 nom. ined. Végétation n’appartenant pas aux systèmes forestiers et préforestiers, non traitée dans ce guide. Potentillo palustris - Caricetum rostratae Wheeler (1980) 1984 Végétation n’appartenant pas aux systèmes forestiers et préforestiers, non traitée dans ce guide. Caricetalia fuscae Koch 1926 Caricion fuscae Koch 1926 Caricetum canescenti - echinatae Vlieger 1937 Hydrocotylo vulgaris - Anagallidetum tenellae de Foucault, Wattez & Santune 1999 prov. Végétation n’appartenant pas aux systèmes forestiers et préforestiers, non traitée dans ce guide. Groupement à Eleocharis multicaulis et Agrostis canina de Foucault 1984 nom. ined. Végétation n’appartenant pas aux systèmes forestiers et préforestiers, non traitée dans ce guide. Comaro palustris - Juncetum acutiflori Passarge 1964 Végétation n’appartenant pas aux systèmes forestiers et préforestiers, non traitée dans ce guide. 398 G u i d e d e s v é g é tat i o n s f o r e s t i è r e s e t p r é f o r e s t i è r e s d e l a r é g i o n N o r d - Pa s d e C a l a i s G u i d e d e s v éGgué itdaet idoenss vféogréetsattiièorness deets pzroé nf eo sr ehsutmi èi dr e s d e l a r é g i o n N o r d - P a s d e C a l a i s 399 Scheuchzerio palustris - Caricetea fuscae Photo : JC. Hauguel Caricetum trinervi - fuscae Westhoff 1947 ex de Foucault 1984 nom. ined. Végétation n’appartenant pas aux systèmes forestiers et préforestiers, non traitée dans ce guide. Caricetalia davallianae Braun-Blanq.1949 Hydrocotylo vulgaris - Schoenion nigricantis de Foucault 2008 Caricenion pulchello - trinervis Julve ex de Foucault 2008 Drepanoclado adunci - Caricetum trinervis Duvigneaud 1947 prov. Végétation susceptible de se rencontrer au niveau de dépressions longuement inondées au sein de fourrés ou de forêts dunaires hygrophiles de plaines dunaires boisées, mais non traitée dans ce guide. Calamagrostio epigeji - Juncetum subnodulosi Duvigneaud 1947 Végétation susceptible de se rencontrer au niveau de dépressions longuement inondées au sein de fourrés ou de forêts dunaires hygrophiles de plaines dunaires boisées, mais non traitée dans ce guide. Ophioglosso vulgati - Calamagrostietum epigeji Westhoff & Segal 1961 Carici pulchellae - Agrostietum ‘maritimae’ (Wattez 1975) de Foucault 2008 Végétation n’appartenant pas aux systèmes forestiers et préforestiers, non traitée dans ce guide. Carici trinervis - Schoenetum nigricantis de Foucault 2008 Acrocladio cuspidati - Salicetum arenariae Braun-Blanq.& De Leeuw 1936 Samolo valerandi - Eleocharitetum quinqueflorae Julve 1992 prov. Végétation susceptible de se rencontrer au niveau de dépressions longuement inondées au sein de fourrés ou de forêts dunaires hygrophiles de plaines dunaires boisées, mais non traitée dans ce guide. ‘Loto glaberi (tenuis) - Juncetum subnodulosi’ (de Foucault 1984) Julve 1992 prov. Végétation n’appartenant pas aux systèmes forestiers et préforestiers, non traitée dans ce guide. Hydrocotylo vulgaris - Schoenenion nigricantis Royer in Bardat et al. 2004 prov. Anagallido tenellae - Eleocharitetum quinqueflorae (Bournérias 1952) de Foucault in Royer et al. 2006 Végétation n’appartenant pas aux systèmes forestiers et préforestiers, non traitée dans ce guide. Cirsio dissecti - Schoenetum nigricantis (Allorge 1922) Braun-Blanq. & Tüxen 1952 Végétation n’appartenant pas aux systèmes forestiers et préforestiers, non traitée dans ce guide. Hydrocotylo vulgaris - Juncetum subnodulosi (Wattez 1968) de Foucault in Royer et al. 2006 Végétation n’appartenant pas aux systèmes forestiers et préforestiers, non traitée dans ce guide. Végétations des sables tourbeux acides Rhynchosporion albae Koch 1926 Rhynchospora alba (Rhynchospore blanc), Rhynchospora fusca (Rhynchospore brun), Lycopodiella inundata (Lycopodielle inondée) CORINE biotopes Drosera rotundifolia (Rossolis à feuilles rondes), Erica tetralix (Bruyère quaternée), Molinia caerulea subsp. caerulea (Molinie bleue), Sphagnum denticulatum (Sphaigne denticulée), Sphagnum tenellum (Sphaigne délicate), Sphagnum cuspidatum (Sphaigne cuspide), Eriophorum angustifolium (Linaigrette à feuilles étroites) 54.6 7150 UE Cahiers d'habitats 7150-1 Physionomie Photo : B. Toussaint Scheuchzerio palustris - Caricetea fuscae “Pelouses” éparses d’hémicryptophytes en rosettes, en touffes ou rampantes. La pauvreté du substrat limite la biomasse de la végétation et impose des adaptations (plantes carnivores : Drosera sp.). Végétations monostrates assez peu diversifiées (5-10 espèces), structurées par des populations disjointes des différentes espèces constitutives. Dans certains cas, les sphaignes (Sphagnum sp.) forment un tapis plus ou moins recouvrant. Végétations discontinues, abstraction faite du tapis éventuel de sphaignes, de recouvrement compris entre 30 et 85 %. Hauteur faible : 30 cm maximum, la majorité des organes végétatifs étant située dans les 5-10 premiers centimètres. Optimum phénologique estival. Végétations le plus souvent ponctuelles dans de petites dépressions en contexte de lande hygrophile à turficole. Écologie 400 Développement optimal : début d’été Dépressions de faible profondeur au sein des landes turficoles : bauges, sentiers, surfaces étrépées, c’est-à-dire dénudées à la suite de l’enlèvement de la couche tourbeuse superficielle (“terre de bruyère”) sur 10 cm environ, petites mares. Substrat : argiles à silex, sables tourbeux ou tourbes, oligotrophes. Eau acide d’origine météorique ou phréatique. Inondations hivernales, gley superficiel. Communautés à caractère climatique atlantique ou boréal, liée à la formation de tourbes acides : humidité atmosphérique élevée, évapotranspiration limitée. Communautés liées à des sols décapés : actuellement, il s’agit essentiellement de décapages anthropiques accidentels (chemins) ou intentionnels (étrépages). G u i d e d e s v é g é tat i o n s f o r e s t i è r e s e t p r é f o r e s t i è r e s d e l a r é g i o n N o r d - Pa s d e C a l a i s Dynamique et végétations de contact et à rechercher dans les collines de Flandre intérieure (plateau d’Helfaut). Végétations pionnières très instables, concurrencées par l’installation des sphaignes qui “étouffent” les espèces basses, rapidement colonisées par la lande hygrophile (Groupement à Genista anglica et Erica tetralix) ou turficole (Ericion tetralicis), les végétations prairiales ou les moliniaies (Juncion acutiflori) voire directement par le Bouleau pubescent (Betula pubescens). Dynamique naturelle : voir paragraphe “variations”. Végétation liée à des décapages épisodiques du substrat (fréquence de l’ordre de 10 ans), peu profonds (10 cm environ). Les espaces favorables à ces communautés végétales ont beaucoup souffert des drainages, des plantations de pins, de l’abandon de l’exploitation traditionnelle avec reboisement important des habitats concernés (landes, pelouses, bas-marais, etc.). Contacts principaux : voir paragraphe “variations”. Valeur patrimoniale et intérêt écologique On peut distinguer deux associations d’écologie distincte : - le “Drosero intermediae - Rhynchosporetum albae”, caractérisé par Rhynchospora alba, Drosera rotundifolia, Eriophorum angustifolium, Sphagnum denticulatum. Écologie et dynamique : tourbes dénudées en contexte de tourbière à Bruyère quaternée (Ericion tetralicis), vers laquelle elle évolue par dynamique progressive. En relation topographique et temporelle avec les dépressions à utriculaires (Utricularietea intermedio minoris), dont elles peuvent résulter par accumulation de matières organiques dans les gouilles. Présence dans le Montreuillois (plateau de Sorrus/SaintJosse). - le “Lycopodiello inundatae - Rhynchosporetum fuscae”, caractérisé par Lycopodiella inundata, Rhynchospora fusca, Rhynchospora alba, Erica tetralix, Drosera rotundifolia. Écologie et dynamique : sables tourbeux dénudés en contexte de lande hygrophile à Bruyère quaternée (Groupement à Genista anglica et Erica tetralix) vers laquelle il évolue par dynamique progressive. Présence dans la plaine de la Scarpe et de l’Escaut (sablière du Lièvre). La valeur nomenclaturale de ces deux associations, leur indépendance syntaxinomique (deux associations distinctes ou deux sous-associations d’une même association) et leurs relations avec les végétations médioeuropéennes (associations identiques ou vicariantes) devraient être précisées par des travaux de synthèse et des recherches complémentaires à plus grande échelle (aire de répartition potentielle de ces associations). Répartition géographique et distribution régionale Alliance d’affinités montagnardes et subatlantiques. Signalée dans les Pays-Bas, en Allemagne, en Grande-Bretagne et dans la péninsule ibérique. Dans le Nord-Pas de Calais, alliance présente dans le Montreuillois (plateau de Sorrus/St-Josse), la plaine de la Scarpe et de l’Escaut Gestion Une étude de la banque de semences du sol permettra de localiser les endroits à fortes potentialités où doivent être réalisés les travaux d’étrépage, de débroussaillage et de dessouchage (cf. fiche), ce dernier aboutissant en quelque sorte à une forme d’étrépage local non contrôlé. Il est à noter que ce sont des travaux de ce type menés par le Conservatoire des sites naturels du Nord et du Pas-de-Calais et l’Office national des forêts qui ont permis de régénérer pour partie ces communautés végétales là où elles subsistent aujourd’hui. Les communautés restaurées seront envahies plus ou moins rapidement par la lande à Bruyère quaternée ou d’autres végétations. Donc, pratiquer régulièrement des étrépages par placettes afin d’offrir toujours les substrats adaptés à ce type de végétation. Il serait également souhaitable que les systèmes landicoles relictuels qui abritent ces végétations puissent s’exprimer sur des surfaces plus importantes, ce qui nécessiterait des déboisements conséquents des parcelles périphériques, que ce soit en forêt domaniale de St-Amand ou sur le plateau de Sorrus-St-Josse ! Les stations historiques des principales espèces constitutives (Rhynchospora sp., Drosera rotundifolia et Lycopodium inundatum) pourraient aussi être un fil conducteur pour rechercher les secteurs qui pourraient encore de nos jours être favorables à la réapparition du Rhynchosporion albae dans la région Nord-Pas de Calais . Références ALLORGE & DENIS, 1923 ALLORGE, 1926 ALLORGE & GAUME, 1931 de FOUCAULT, 1984 de FOUCAULT, 1988 BLANCHARD et al., 1997 (1) GÉHU, 1998 BOURNÉRIAS et al., 2001 BASSO et al, 2002 HENDOUX & WATTEZ, 2008 G u i d e d e s v éGgué itdaet idoenss vféogréetsattiièorness deets pzroé nf eo sr ehsutmi èi dr e s d e l a r é g i o n N o r d - P a s d e C a l a i s 401 Scheuchzerio palustris - Caricetea fuscae Variations Intérêt patrimonial extrêmement élevé. Végétations en forte régression à l’échelle européenne, souvent très localisées. Diversité floristique assez faible mais communautés hautement spécialisées abritant des espèces extrêmement exigeantes dont beaucoup sont exclusives de ce type de végétation et ont donc un intérêt patrimonial exceptionnel. Végétations en outre d’intérêt communautaire au niveau européen. Petite cariçaie à Laîche blanchâtre et Laîche étoilée Caricetum canescenti -echinatae Vlieger 1937 Carex canescens (Laîche blanchâtre), Carex echinata (Laîche étoilée), Comarum palustre (Comaret des marais), Hydrocotyle vulgaris (Hydrocotyle commune), Menyanthes trifoliata (Ményanthe trèfle-d’eau) CORINE biotopes 54.22 NI UE Agrostis canina (Agrostide des chiens), Carex nigra (Laîche noire), Eriophorum angustifolium (Linaigrette à feuilles étroites), Carex panicea (Laîche bleuâtre) Cahiers d'habitats NI Végétation hémicryptophytique à structure de petite cariçaie. Les espèces caractéristiques sont issues des bas-marais : espèces basses à biomasse faible, floraisons discrètes. Les Cypéracées sont abondantes (Carex, Eriophorum). La présence de Carex canescens ne constitue pas un diagnostic suffisant ; l’association est surtout caractérisée par la présence d’espèces hygrophiles de basmarais (Hydrocotyle vulgaris, Comarum palustre, Menyanthes trifoliata, Eriophorum angustifolium). Végétation monostrate laissant souvent paraître des trouées. Diversité floristique à étudier. Dans certains cas, présence d’une strate bryophytique de sphaignes. Végétation haute de 20 à 40 cm, peu dense (60 à 100 %). Végétation pérenne d’optimum en début d’été. Végétation ponctuelle, souvent dans des cuvettes dans les paysages de landes et de forêts, trés rarement en contexte prairial tourbeux. Développement optimal : début d’été Photo : E. Catteau Scheuchzerio palustris - Caricetea fuscae Physionomie 402 G u i d e d e s v é g é tat i o n s f o r e s t i è r e s e t p r é f o r e s t i è r e s d e l a r é g i o n N o r d - Pa s d e C a l a i s Valeur patrimoniale et intérêt écologique Layons et chemins avec dépressions et creux topographiques longuement inondés dans les landes humides et les forêts, bas de versants très engorgé en système prairial maigre relictuel. Humus tourbeux, de réaction acide, oligotrophe, sur sol sableux, argileux, schisteux ou colluvial. Substrat constamment engorgé, avec présence d’une nappe d’eau une grande partie de l’année. Rôle de l’homme probablement secondaire dans la genèse de cette association (ouverture de layons et de chemins, prairies maigres non amendées). Dynamique et végétations de contact Végétation secondaire régressive issue probablement du défrichement puis de l’exploitation extensive de milieux ouverts intra ou périforestiers (série du Sphagno palustris - Alnion glutinosae), relativement stable tant que les conditions qui bloquent la dynamique arbustive restent actives (fréquentation modérée des chemins et layons, pâturage extensif ou fauche). Par assèchement et/ou eutrophisation modérée des eaux ou des sols, évolue vers des prairies du Juncion acutiflori voire du Calthion palustris vers le sud-est de la région. Des ouvertures dans cette parvocariçaie pourraient être colonisées par l’Hydrocotylo vulgaris - Anagallidetum tenellae. Les végétations en contact peuvent relever du Molinio caeruleae - Quercion roboris voire du Sphagno palustris - Alnion glutinosae en contexte forestier. En contexte de prairies ou de landes, celles-ci peuvent relever du Juncion acutiflori et de l’Ulici minoris - Ericion ciliaris (en limite orientale de son aire de répartition) ou du Genisto pilosae - Vaccinion uliginosi voire de végétations herbacées très différentes qui restent à préciser. Association de très grande valeur patrimoniale, extrêmement sensible aux perturbations du biotope et remarquablement riche en espèces d’intérêt patrimonial (Carex canescens, en limite d’aire dans le Nord-Pas de Calais , Carex echinata, Comarum palustre, Menyanthes trifoliata…). Il est également probable que le biotope qui héberge cette parvocariçaie soit aussi favorable à la conservation d’une entomofaune originale qui reste en partie à étudier (libellules notamment). Gestion Maîtriser la qualité physico-chimique des eaux d’écoulement (cf. fiche) et préserver le fonctionnement hydrologique superficiel (suintements, engorgement des sols, etc.). Dans les sites dégradés, une étude de la banque de semences du sol (cf. fiche) pourrait mettre en évidence des potentialités qu’il s’agira d’exprimer par un étrépage adéquat (cf. fiche). La restauration de l’inondabilité des dépressions et cuvettes concernées pourrait aussi permettre de régénérer les espèces concernées, après un éventuel étrépage/décapage des horizons superficiels minéralisés. Enfin, des débroussaillages/déboisements locaux pourraient être envisagés là où cette communauté végétale s’exprime déjà, ceci pour favoriser son extension spatiale et accroître sa diversité floristique. Enfin, une fauche exprotatrice (cf. fiche) en fin d’été début d’automne peut s’avérer nécessaire pour limiter le développement d’espèces qui témoigneraient d’une perturbation du milieu (Juncus acutiflorus, Juncus effusus…). Références TÜXEN, 1937 VLIEGER, 1937 Variations Aucune variation n’a été décrite. Répartition géographique et distribution régionale Association sans doute présente dans une grande partie de l’Europe moyenne, dans les territoires à climat plutôt médioeuropéen à tendance montagnarde. Signalée en Allemagne et aux Pays-Bas. Dans la région, l’association semble être présente dans la plaine de la Scarpe et de l’Escaut et dans la Fagne. Elle est à rechercher dans l’Ardenne, le Boulonnais et le Montreuillois. G u i d e d e s v éGgué itdaet idoenss vféogréetsattiièorness deets pzroé nf eo sr ehsutmi èi dr e s d e l a r é g i o n N o r d - P a s d e C a l a i s 403 Scheuchzerio palustris - Caricetea fuscae Écologie Prairie naturelle à Calamagrostide commune et Ophioglosse commune Ophioglosso vulgati - Calamagrostietum epigeji Westhoff & Segal 1961 Calamagrostis epigejos (Calamagrostide commune), Ophioglossum vulgatum (Ophioglosse commune) Iris pseudacorus (Iris faux-acore), Hydrocotyle vulgaris (Hydrocotyle commune), Lysimachia vulgaris (Lysimaque commune), Salix repens subsp. dunensis (Saule argenté), Carex nigra (Laîche noire), Lythrum salicaria (Salicaire commune), Eupatorium cannabinum (Eupatoire chanvrine), Rubus caesius (Ronce bleuâtre), Cirsium arvense (Cirse des champs), Epipactis palustris (Épipactis des marais), Oenanthe lachenalii (Oenanthe de Lachenal) CORINE biotopes 16.33 x 54.21 2190 UE Cahiers d'habitats 2190-3 Physionomie (15- 20 espèces par relevé), Calamagrostis epigejos dominant la végétation. Végétation dense et assez élevée (de 0,5 à 0,7 m). L’optimum phénologique de ce type de végétation est estival, avec le développement des espèces de la strate inférieure et la floraison de Calamagrostis epigejos. Végétation souvent spatiale. Photo : F. Duhamel Scheuchzerio palustris - Caricetea fuscae Prairie à hautes herbes dominée par Calamagrostis epigejos et assez riche en espèces hygrophiles turficoles (Ophioglossum vulgatum, Hydrocotyle vulgaris, Carex nigra, Epipactis palustris, etc.). Végétation bistratifiée avec une strate haute à Calamagrostis epigejos et une strate basse avec Ophioglossum vulgatum, Hydrocotyle vulgaris. Diversité floristique assez faible Développement optimal : début d’été 404 G u i d e d e s v é g é tat i o n s f o r e s t i è r e s e t p r é f o r e s t i è r e s d e l a r é g i o n N o r d - Pa s d e C a l a i s Écologie Répartition géographique et distribution régionale Association développée des îles de la Frise à l’estuaire de la Somme. Elle existerait encore de manière ponctuelle sur la façade atlantique française. Dans le Nord-Pas de Calais, elle est plus développée sur le littoral flamand et le littoral picard (en particulier entre Canche et Authie), mais elle est également présente sur le littoral boulonnais. Dynamique et végétations de contact Végétation inscrite dans l’évolution des plaines dunaires par assèchement progressif et accumulation de matière organique. L’association dériverait du Calamagrostio epigeji - Juncetum subnodulosi par évolution des substrats sableux qui s’enrichissent en matières organiques. En cas d’inondations plus importantes et de fauches ou gyrobroyages plus fréquents, le sol devient de plus en plus organique et cette mégaphorbiaie évolue alors vers un bas-marais dunaire très original, le Carici trinervis - Schoenetum nigricantis. Elle peut également s’embroussailler et évoluer vers le Groupement à Salix cinerea des dépressions dunaires (Salicion cinereae) puis vers le Groupement dunaire à Ribes nigrum et Alnus glutinosa (Alnion glutinosae). L’association peut être dégradée par eutrophisation. Elle évolue alors vers une forme dunaire du Pulicario dysentericae - Juncetum inflexi, vers une mégaphorbiaie dunaire mésoeutrophile (Groupement à Eupatorium cannabinum et Calamagrostis epigejos) voire vers une mégaphorbiaie nitrophile du Convolvulion sepium. En contact avec les différentes associations précitées, également avec diverses roselières présentes dans les dépressions (roselière dérivée relevant du Phragmition communis ou Cladietum marisci sur les sols les plus tourbeux). Variations GÉHU & FRANCK (1982) ont distingué une sousassociation à Schoenus nigricans sur les substrats les plus tourbeux. Elle est différenciée par Schoenus nigricans, Valeriana dioica, Carex panicea, Juncus subnodulosus. Mais, à l’époque, le Carici trinervis Schoenetum nigricantis n’avait pas encore été décrit. Il est cependant probable qu’une végétation de transition existe entre ces deux syntaxons. Valeur patrimoniale et intérêt écologique Association de haute valeur patrimoniale régionale et d’intérêt communautaire au niveau européen, d’aire géographique assez limitée, et très sensible aux modifications du fonctionnement hydrologique. Elle est de plus caractéristique des systèmes de plaines arrière-dunaires nord-atlantiques. Habitat de diverses espèces d’intérêt patrimonial régional comme Ophioglossum vulgatum, Carex nigra, Oenanthe lachenalii, Hydrocotyle vulgaris, etc. Gestion Préserver le fonctionnement hydrologique naturel des pannes et plaines dunaires en maintenant les variations saisonnières et interannuelles des niveaux d’eau. Maintenir la qualité physicochimique des eaux. Proscrire tout pompage dans des nappes phréatiques profondes pour alimenter les pannes, de même que tout détournement de ruisseau côtier alimenté par la nappe de la craie (eaux toujours plus eutrophes que les eaux de pluie). Restaurer ou conserver ces communautés par une fauche exportatrice (cf. fiche) dont la fréquence et la période devraient être étudiées, ou par un débroussaillage épisodique des pannes dunaires (cf. fiche "Débroussaillage"). Dans le cas d’une fauche annuelle estivale, il est probable que cette mégaphorbiaie évolue vers le bas-marais du Carici trinervis - Schoenetum nigricantis si l’inondation hivernale est suffisante. Cette dynamique serait à favoriser sur un certain nombre de sites. Le gyrobroyage est à éviter en raison des risques d’eutrophisation par minéralisation de la matière organique en période de sécheresse. Références WESTHOFF, 1947 WESTHOFF & SEGAL, 1961 WESTHOFF & KETNER, 1967 GEHU & FRANCK, 1982 de FOUCAULT, 1984 DUHAMEL, 1994 DUHAMEL, 1996 (1) BASSO et al, 2001 (1) MORA et al, 2009 G u i d e d e s v é g é tat i o n s f o r e s t i è r e s e t p r é f o r e s t i è r e s d e l a r é g i o n N o r d - Pa s d e C a l a i s 405 Scheuchzerio palustris - Caricetea fuscae Larges plaines arrière-dunaires et grandes pannes vieillies. Sables enrichis en matières organiques, voire paratourbeux,, mésotrophes à méso-eutrophes. Inondations hivernales de durée variable, expliquant les variations de niveau trophique. Situations ensoleillées. Végétation souvent favorisée par l’homme dans les plaines arrière-dunaires fauchées ou gyrobroyées épisodiquement et par rotation pour la création de platières à bécassines. Prairie naturelle à Laîche trinervée et Choin noirâtre Carici trinervis - Schoenetum nigricantis de Foucault 2008 Carex trinervis (Laîche trinervée), Schoenus nigricans (Choin noirâtre), Carex panicea (Laîche bleuâtre), Valeriana dioica (Valériane dioïque) Hydrocotyle vulgaris (Hydrocotyle commune), Carex flacca (Laîche glauque), Oenanthe lachenalii (Oenanthe de Lachenal), Dactylorhiza praetermissa (Dactylorhize négligée (s.l.)), Galium uliginosum (Gaillet des fanges), Mentha aquatica (Menthe aquatique), Pulicaria dysenterica (Pulicaire dysentérique), Potentilla reptans (Potentille rampante), Ranunculus repens (Renoncule rampante), Carex nigra (Laîche noire), Salix repens subsp. dunensis (Saule argenté), Carex pulicaris (Laîche puce), Triglochin palustre (Troscart des marais) CORINE biotopes 16.33 x 54.21 2190 UE 90-3 Cahiers d'habitats 21 Physionomie proportions très équilibrées. Présence d’une strate rampante à Hydrocotyle vulgaris et Anagallis tenella. Végétation très dense (recouvrement 100%), mi-haute (50 cm). Optimum phénologique estival, avec la floraison des nombreuses dicotylédones et des orchidées. Végétation pouvant occuper une certaine surface... mais les cas de figure sont très rares ! Photo : F. Duhamel Scheuchzerio palustris - Caricetea fuscae Végétation riche en Cypéracées, mais contenant également un nombre important de dicotylédones. Plusieurs groupes d’espèces cohabitent : espèces turficoles basiphiles (Oenanthe lachenalii, Dactylorhiza incarnata, Triglochin palustre), espèces dunaires (Carex trinervis, Salix repens subsp. dunensis), espèces des sols basiques plus minéraux (Pulicaria dysenterica, Dactylorhiza praetermissa). Végétation très diversifiée, accueillant de 30 à 40 espèces en Développement optimal : début d’été 406 G u i d e d e s v é g é tat i o n s f o r e s t i è r e s e t p r é f o r e s t i è r e s d e l a r é g i o n N o r d - Pa s d e C a l a i s Écologie Seules les grandes pannes et plaines dunaires anciennement stabilisées semblent favorables au développement de ce bas-marais dunaire. Répartition géographique et distribution régionale Bas-marais dunaires (dépressions des plaines inter- ou intradunaires et grandes pannes longuement inondables). Sables très enrichis en matières organiques, avec un horizon paratourbeux développé. Inondation hivernale prolongée. Situations ensoleillées. Probablement lié à des pratiques agropastorales extensives très anciennes (pâturage, fauche, etc.), au niveau de dunes depuis longtemps stabilisées et végétalisées. Répartition générale à étudier. Connu en Picardie (où elle est peutêtre en voie de disparition, le relevé type de cette association ayant été réalisé dans le marais communal du Crotoy où cette végétation n’est plus présente de nos jours) et dans le Nord-Pas de Calais. Selon de FOUCAULT (1984), cette association est remplacée par le Junco baltici - Schoenetum nigricantis à partir des Pays-Bas. Dans la région, ce syntaxon n’est connu que sur le littoral picard où il est particulièrement bien exprimé dans le vaste complexe dunaire s’étendant entre Berck et Merlimont. Il était également présent dans le marais dunaire de Dannes mais son maintien reste à confirmer. Valeur patrimoniale et intérêt écologique Variations Dynamique et végétations de contact Végétation transitoire, sans doute stabilisée par des pratiques agropastorales. Peut dériver de l’Ophioglosso vulgati - Calamagrostietum epigeji ou du Carici pulchellae - Agrostietum “maritimae” par évolution pédologique (développement d’un horizon paratourbeux), suite à un engorgement plus important des sols dans certains cas. En cas d’eutrophisation due au surpâturage, cette végétation peut évoluer assez rapidement vers un Pulicario dysentericae - Juncetum inflexi. L’eutrophisation peut également se produire par minéralisation de l’humus suite à un abaissement prolongé du niveau moyen de la nappe phréatique entraînant un déficit d’inondation hivernale. L’association est souvent en contact avec l’Ophioglosso vulgati Calamagrostietum epigeji qui semble occuper les niveaux supérieurs mieux drainés ou les espaces qui ne sont fauchés qu’irrégulièrement (gestion conservatoire différenciée, platières à bécassines, etc.). Valeur patrimoniale difficile à estimer à l’échelle européenne mais probablement exceptionnelle car la répartition de cette association semble assez limitée. On y relève un lot très important d’espèces d’intérêt patrimonial régional. Cette végétation marque une phase clé dans l’évolution des systèmes dunaires, avec le développement d’un horizon tourbeux significatif. Végétation par ailleurs inscrite à l’annexe I de la directive HabitatsFaune-Flore. Gestion Il est indispensable de maintenir le fonctionnement hydrologique naturel des systèmes dunaires et la qualité physico-chimique des eaux (cf. fiche) afin d’éviter une eutrophisation, même limitée, du substrat par minéralisation de la tourbe ou par des apports exogènes d’eaux enrichies en nitrates notamment. Conserver ces communautés par une fauche exportatrice (cf. fiche) dont la fréquence et la date devraient être étudiées (à adapter au niveau d’inondation et au degré d’engorgement des sols), ou par un débroussaillage épisodique des plaines dunaires (cf. fiche “Contrôle de la végétation ligneuse”). Maintenir impérativement les sols en place sans étrépage pour éviter le retour à des communautés de substrats plus minéraux, sauf localement et sur quelques centimètres pour favoriser l’Anagallido tenellae - Eleocharitetum quinqueflorae qui colonise les sols tourbeux dénudés et lui est souvent associé. Références de Foucault, 1984 DUHAMEL, 1996 BASSO et al., 2003 BASSO et al., 2006 BASSO & DUHAMEL, 2007 G u i d e d e s v é g é tat i o n s f o r e s t i è r e s e t p r é f o r e s t i è r e s d e l a r é g i o n N o r d - Pa s d e C a l a i s 407 Scheuchzerio palustris - Caricetea fuscae Des communautés dunaires de Merlimont dérivées du Carici trinervis - Schoenetum nigricantis semblent proches du Cirsio dissecti - Schoenetum nigricantis. On pourrait considérer que cette dernière association marque un nouveau stade d’évolution pédologique dans lequel le substrat tourbeux prend une épaisseur suffisante pour que la végétation s’affranchisse de son caractère littoral et converge vers une association “intérieure” de tourbière basse alcaline. Cette hypothèse devrait être étayée par une étude de grande ampleur dépassant les limites de notre région, où ces communautés sont si peu développées qu’il est difficile de généraliser certaines observations. Par ailleurs, toujours dans les dunes de Merlimont, certaines végétations moins hygrophiles mais toujours aussi oligotrophiles évoquent certains relevés du Cirsio dissecti - Molinietum caeruleae décrit pour partie par Sissingh et De Vries dans des dunes plus ou moins calcarifères des îles de la Frise (variation à Potentilla erecta, Sieglingia decumbens, Succisa pratensis, Molinia caerulea subsp. caerulea, etc.). Bas-fourré à Saule argenté Acrocladio cuspidati - Salicetum arenariae Braun-Blanquet & de Leeuw 1936 Salix repens subsp. dunensis (Saule argenté), Calliergonella cuspidata (= Acrocladium cuspidatum, Calliergonelle cuspide) Calamagrostis epigejos (Calamagrostide commune), Hydrocotyle vulgaris (Hydrocotyle commune), Juncus subnodulosus (Jonc à fleurs obtuses), Eupatorium cannabinum (Eupatoire chanvrine), Mentha aquatica subsp. aquatica (Menthe aquatique), Rubus caesius (Ronce bleuâtre), Cirsium palustre (Cirse des marais), Carex trinervis (Laîche trinervée), Lysimachia vulgaris (Lysimaque commune) CORINE biotopes 16.33 x 16.26 2190 UE Cahiers d'habitats 2190-4 Physionomie branches. Strate herbacée plus ou moins riche en espèces mais souvent assez éparse. Végétation atteignant 0,5 à 1,5 m. Végétation pérenne à floraison printanière à estivale. Bas-fourré localisé dans les dépressions dunaires, sous forme spatiale ou circulaire, en périphérie des pannes, ou au sein des plaines dunaires. Toussaint : B. saint : B. Tous PhotoPhoto Scheuchzerio palustris - Caricetea fuscae Bas-fourré inondable dominé par le Saule argenté, accompagné de quelques autres arbustes précurseurs des stades arbustifs et d’espèces des bas-marais dunaires. Végétation bistratifiée, avec une strate buissonnante entrouverte dominée exclusivement par le Saule argenté et une strate riche en bryophytes sur le sol et les basses Développement optimal : printemps et début d’été 408 G u i d e d e s v é g é tat i o n s f o r e s t i è r e s e t p r é f o r e s t i è r e s d e l a r é g i o n N o r d - Pa s d e C a l a i s Écologie Répartition géographique et distribution régionale Association des rivages de la mer du Nord et de la Manche orientale, des îles de la Frise à la Somme. Dans la région, elle est présente sur les trois littoraux, dans les pannes et les plaines dunaires les plus humides, mais aussi certaines dépressions moins longuement inondables. Dynamique et végétations de contact Végétation transitoire dans la dynamique de fermeture des pannes dunaires, mais néanmoins assez durable et marquant un palier dans l’évolution et le reboisement naturel des pannes et plaines dunaires. Sous l’effet de la diminution du niveau d’inondation, ce syntaxon peut succèder directement au Samolo valerandi - Littorelletum uniflorae et au Drepanoclado adunci - Caricetum trinervis. Ce type de végétation s’appauvrit beaucoup en cas d’eutrophisation des sols ou des eaux. Il peut ensuite se développer au détriment du Calamagrostio epigeji - Juncetum subnodulosi ou du Carici pulchellae - Agrostietum "maritimae" et entre alors en contact avec le Pyrolo rotundifoliae - Hippophaetum rhamnoidis dans les niveaux supérieurs externes. Un assèchement prolongé des pannes peut aussi faire évoluer ce fourré bas vers le Pyrolo rotundifoliae - Hippophaetum rhamnoidis. Enfin, le taillis dunaire à Saule cendré du Salicion cinereae tend à coloniser les pannes les plus évoluées occupées par le bas-fourré inondable à Saule argenté. Variations Aucune variation écologique n’a été décrite mais on peut noter l’existence de deux formes, l’une typique longuement inondable et riche en bryophytes, l’autre liée aux pannes en voie d’assèchement où les bryophytes sont absentes et qui commence à être colonisée par l’Argousier faux-nerprun et des nitrophytes (Cirsium vulgare, Urtica dioica, Geranium robertianum, etc.). Végétation en raréfaction sous sa forme typique en raison de l’abaissement général des niveaux d’eau dans les dunes. Elle joue un rôle fonctionnel important dans la mosaïque dynamique et paysagère des végétations de pannes dunaires nord-atlantiques mais tend parfois à s’étendre au détriment des bas-marais. Elle est inscrite à l’annexe I de la directive HabitatsFaune-Flore. Gestion Conserver le fonctionnement hydrologique naturel des pannes en maintenant les variations saisonnières et interannuelles des niveaux d’eau. Préserver la qualité physico-chimique des eaux. La technique de lutte contre la fermeture et l’assèchement des pannes semble être le débroussaillage périodique lorsque la végétation atteint le stade arbustif (cf. fiche "Débroussaillage"), celui-ci étant accompagné éventuellement d’un léger étrépage. Ceci permet de garantir l’expression de l’ensemble des végétations de la séquence dynamique liée à l’hygrosère dunaire. Proscrire tout pompage et toute alimentation par des eaux autres que celles de la nappe phréatique superficielle des sables, ceci pour maintenir des niveaux trophiques les plus bas possibles. Veiller également, dans certains cas, à ce que ce fourré soit limité à une auréole concentrique sur les marges externes des pannes afin que son développement ne nuise pas aux végétations herbacées dunaires les plus menacées des niveaux topographiques moyens et inférieurs. Références BRAUN-BLANQUET & de LEEUW, 1936 GÉHU & GÉHU-FRANCK, 1982 DUHAMEL, 1996 BASSO et al., 2001 (1) BASSO et al., 2006 LE BRAS et al., 2006 MORA et al., 2009 DUHAMEL & BLONDEL, 2009 G u i d e d e s v é g é tat i o n s f o r e s t i è r e s e t p r é f o r e s t i è r e s d e l a r é g i o n N o r d - Pa s d e C a l a i s 409 Scheuchzerio palustris - Caricetea fuscae Dépressions dunaires humides à longuement inondables (pannes et plaines intra- ou interdunaires). Sur substrat sablonneux encore calcarifère, plus ou moins enrichi en matières organiques voire paratourbeux. Nappe phréatique proche de la surface, inondant pendant une bonne partie de l’année ces dépressions, généralement tout l’hiver mais souvent aussi en automne et au printemps. Situations ensoleillées. Végétation non influencée par des éléments biotiques extérieurs. Valeur patrimoniale et intérêt écologique