Guide des végétations forestières et préforestières p 396-409

publicité
Végétations des tourbières basses acides
ou alcalines
Scheuchzerio palustris - Caricetea fuscae
Scheuchzerio palustris - Caricetea fuscae
1
Photo : V. Levy
396
G u i d e d e s v é g é tat i o n s f o r e s t i è r e s e t p r é f o r e s t i è r e s d e l a r é g i o n N o r d - Pa s d e C a l a i s
Description de la classe
Flore caractéristique
La classe comprend des associations souvent dominées par
les cypéracées (laîches, linaigrettes, rhynchospores) et riches
en mousses (notamment des sphaignes). Ces végétations se
développent sur des sols gorgés d’eau tout au long de l’année,
dans des stations naturelles non boisées (dépressions des
tourbières, gouilles, pannes dunaires) ou dans des stations
secondaires, issues du défrichement, de la fauche ou de
l’extraction de tourbe en forêts marécageuses ou en tourbières
boisées. Les sols sont souvent tourbeux (mais parfois minéraux
plus ou moins enrichis en matière organique) et plus ou moins
pauvres en nutriments. La majeure partie de ces végétations
est liée aux différents types de tourbières, qui peuvent être
considérées comme des reliques de l’ère glaciaire.
Dans la région Nord-Pas de Calais, compte tenu de la présence
restreinte de biotopes favorables (tourbières en particulier), la
classe est peu représentée.
La flore caractéristique de la classe se compose de cypéracées
de taille petite à moyenne : Carex nigra, Carex panicea,
Carex lasiocarpa, Eriophorum angustifolium, ainsi que de
Comarum palustre, Menyanthes trifoliata, Equisetum palustre.
Les mousses sont aussi bien représentées : Drepanocladus
revolvens, Warnstorfia exannulata, Pseudocalliergon trifarium,
Scorpidium scorpioides, Bryum pseudotriquetrum, Sphagnum
subsecundum, Sphagnum fallax.
Les milieux tourbeux sont aussi le refuge de nombreuses
espèces d’intérêt patrimonial, souvent rares et menacées.
Dans le Nord-Pas de Calais, toutes les espèces vasculaires
caractéristiques sont, à l’exception d’Equisetum palustre, assez
rares à très rares donc présentent un réel intérêt floristique.
1 Carex panicea , 2 Carex nigra,
3 Eriophorum angustifolium, 4 Comarum palustre,
5 Menyanthes trifoliata
3
4
5
G u i d e d e s v éGgué itdaet idoenss vféogréetsattiièorness deets pzroé nf eo sr ehsutmi èi dr e s d e l a r é g i o n N o r d - P a s d e C a l a i s
397
Scheuchzerio palustris - Caricetea fuscae
2
Distribution géographique
et statut régional
La classe a une répartition holarctique limitée aux régions froides
(RIVAS-MARTINEZ et al., 2001). Elle est surtout bien représentée
dans les pays nordiques (Scandinavie, etc.) et ailleurs, dans les
zones d’altitude (moyenne à haute montagne) où les tourbières
sont nombreuses.
En Nord-Pas de Calais, les substrats tourbeux sont assez rares :
en dehors des marais arrière-littoraux, notamment ceux de la
plaine maritime picarde, des vallées et marais tourbeux intérieurs
(marais de Guînes, marais audomarois, vallée de l’Authie, la
vallée de la Sensée, etc.), des plateaux acides (Helfaut, SaintJosse) et des pannes et plaines arrière-dunaires, les substrats
favorables sont extrêmement localisés. À cet état de fait naturel
s’ajoutent les multiples dégradations de ces espaces considérés
comme “inutiles” : drainages, cultures, plantations de peupliers,
constructions, décharges, etc. Par conséquent, les végétations
de cette classe sont très menacées dans la région.
Analyse synsystématique
Scheuchzerio palustris - Caricetea fuscae
La conception de la classe a subi différents changements depuis sa description originelle par NORDHAGEN (1936). DUVIGNEAUD (1949),
dans sa “classification phytosociologique des tourbières de l’Europe”, suivait le système de NORDHAGEN. Son prodrome incluait à
l’époque les classes actuelles des prairies hygrophiles maigres (Molinio caeruleae - Juncetea acutiflori), des mégaphorbiaies (Filipendulo
ulmariae - Convolvuletea sepium), ainsi que des landes turficoles atlantiques à Erica tetralix (Oxycocco palustris - Sphagnetea magellanici).
Actuellement, seuls 3 ordres sont retenus, dans le Prodrome des végétations de France (2004), conformément à la conception de
OBERDORFER et al. (1977).
Scheuchzerio palustris - Caricetea fuscae Tüxen 1937
Scheuchzerietalia palustris Nordhagen 1936
Rhynchosporion albae Koch 1926
Drosero intermediae - Rhynchosporetum albae (Allorge & Denis 1923) Allorge 1926
cf. fiche “Rhynchosporion albae”
‘Lycopodiello inundatae - Rhynchosporetum fuscae’ Allorge & Gaume 1925
cf. fiche “Rhynchosporion albae”
Caricion lasiocarpae Vanden Berghen in Lebrun, Noirfalise, Heinemann & Vanden Berghen 1949
Junco acutiflori - Caricenion lasiocarpae (Julve 1993 nom. inval.) Royer in Bardat et al. 2004 prov.
Groupement à Comarum palustre et Epilobium palustre (Wattez 1968) de Foucault 1984 nom. ined.
Végétation n’appartenant pas aux systèmes forestiers et préforestiers, non traitée dans ce guide.
Junco subnodulosi - Caricenion lasiocarpae (Julve 1993 nom. inval.) Royer in Bardat et al. 2004 prov.
Junco subnodulosi - Caricetum lasiocarpae (Wattez 1968) de Foucault 2008
Végétation n’appartenant pas aux systèmes forestiers et préforestiers, non traitée dans ce guide.
Groupement à Eriophorum gracile et Carex limosa (Wattez 1968) de Foucault 1984 nom. ined.
Végétation n’appartenant pas aux systèmes forestiers et préforestiers, non traitée dans ce guide.
Potentillo palustris - Caricetum rostratae Wheeler (1980) 1984
Végétation n’appartenant pas aux systèmes forestiers et préforestiers, non traitée dans ce guide.
Caricetalia fuscae Koch 1926
Caricion fuscae Koch 1926
Caricetum canescenti - echinatae Vlieger 1937
Hydrocotylo vulgaris - Anagallidetum tenellae de Foucault, Wattez & Santune 1999 prov.
Végétation n’appartenant pas aux systèmes forestiers et préforestiers, non traitée dans ce guide.
Groupement à Eleocharis multicaulis et Agrostis canina de Foucault 1984 nom. ined.
Végétation n’appartenant pas aux systèmes forestiers et préforestiers, non traitée dans ce guide.
Comaro palustris - Juncetum acutiflori Passarge 1964
Végétation n’appartenant pas aux systèmes forestiers et préforestiers, non traitée dans ce guide.
398
G u i d e d e s v é g é tat i o n s f o r e s t i è r e s e t p r é f o r e s t i è r e s d e l a r é g i o n N o r d - Pa s d e C a l a i s
G u i d e d e s v éGgué itdaet idoenss vféogréetsattiièorness deets pzroé nf eo sr ehsutmi èi dr e s d e l a r é g i o n N o r d - P a s d e C a l a i s
399
Scheuchzerio palustris - Caricetea fuscae
Photo : JC. Hauguel
Caricetum trinervi - fuscae Westhoff 1947 ex de Foucault 1984 nom. ined.
Végétation n’appartenant pas aux systèmes forestiers et préforestiers, non traitée dans ce guide.
Caricetalia davallianae Braun-Blanq.1949
Hydrocotylo vulgaris - Schoenion nigricantis de Foucault 2008
Caricenion pulchello - trinervis Julve ex de Foucault 2008
Drepanoclado adunci - Caricetum trinervis Duvigneaud 1947 prov.
Végétation susceptible de se rencontrer au niveau de dépressions longuement inondées au sein de fourrés ou de
forêts dunaires hygrophiles de plaines dunaires boisées, mais non traitée dans ce guide.
Calamagrostio epigeji - Juncetum subnodulosi Duvigneaud 1947
Végétation susceptible de se rencontrer au niveau de dépressions longuement inondées au sein de fourrés ou de
forêts dunaires hygrophiles de plaines dunaires boisées, mais non traitée dans ce guide.
Ophioglosso vulgati - Calamagrostietum epigeji Westhoff & Segal 1961
Carici pulchellae - Agrostietum ‘maritimae’ (Wattez 1975) de Foucault 2008
Végétation n’appartenant pas aux systèmes forestiers et préforestiers, non traitée dans ce guide.
Carici trinervis - Schoenetum nigricantis de Foucault 2008
Acrocladio cuspidati - Salicetum arenariae Braun-Blanq.& De Leeuw 1936
Samolo valerandi - Eleocharitetum quinqueflorae Julve 1992 prov.
Végétation susceptible de se rencontrer au niveau de dépressions longuement inondées au sein de fourrés ou de
forêts dunaires hygrophiles de plaines dunaires boisées, mais non traitée dans ce guide.
‘Loto glaberi (tenuis) - Juncetum subnodulosi’ (de Foucault 1984) Julve 1992 prov.
Végétation n’appartenant pas aux systèmes forestiers et préforestiers, non traitée dans ce guide.
Hydrocotylo vulgaris - Schoenenion nigricantis Royer in Bardat et al. 2004 prov.
Anagallido tenellae - Eleocharitetum quinqueflorae (Bournérias 1952) de Foucault in Royer et al. 2006
Végétation n’appartenant pas aux systèmes forestiers et préforestiers, non traitée dans ce guide.
Cirsio dissecti - Schoenetum nigricantis (Allorge 1922) Braun-Blanq. & Tüxen 1952
Végétation n’appartenant pas aux systèmes forestiers et préforestiers, non traitée dans ce guide.
Hydrocotylo vulgaris - Juncetum subnodulosi (Wattez 1968) de Foucault in Royer et al. 2006
Végétation n’appartenant pas aux systèmes forestiers et préforestiers, non traitée dans ce guide.
Végétations des sables tourbeux acides
Rhynchosporion albae
Koch 1926
Rhynchospora alba (Rhynchospore blanc), Rhynchospora
fusca (Rhynchospore brun), Lycopodiella inundata
(Lycopodielle inondée)
CORINE biotopes
Drosera rotundifolia (Rossolis à feuilles rondes), Erica tetralix
(Bruyère quaternée), Molinia caerulea subsp. caerulea (Molinie
bleue), Sphagnum denticulatum (Sphaigne denticulée), Sphagnum
tenellum (Sphaigne délicate), Sphagnum cuspidatum (Sphaigne
cuspide), Eriophorum angustifolium (Linaigrette à feuilles étroites)
54.6
7150
UE
Cahiers d'habitats
7150-1
Physionomie
Photo : B. Toussaint
Scheuchzerio palustris - Caricetea fuscae
“Pelouses” éparses d’hémicryptophytes en rosettes, en touffes
ou rampantes. La pauvreté du substrat limite la biomasse de
la végétation et impose des adaptations (plantes carnivores :
Drosera sp.).
Végétations monostrates assez peu diversifiées (5-10 espèces),
structurées par des populations disjointes des différentes
espèces constitutives. Dans certains cas, les sphaignes
(Sphagnum sp.) forment un tapis plus ou moins recouvrant.
Végétations discontinues, abstraction faite du tapis éventuel de
sphaignes, de recouvrement compris entre 30 et 85 %. Hauteur
faible : 30 cm maximum, la majorité des organes végétatifs
étant située dans les 5-10 premiers centimètres.
Optimum phénologique estival.
Végétations le plus souvent ponctuelles dans de petites
dépressions en contexte de lande hygrophile à turficole.
Écologie
400
Développement optimal : début d’été
Dépressions de faible profondeur au sein des landes turficoles :
bauges, sentiers, surfaces étrépées, c’est-à-dire dénudées à
la suite de l’enlèvement de la couche tourbeuse superficielle
(“terre de bruyère”) sur 10 cm environ, petites mares.
Substrat : argiles à silex, sables tourbeux ou tourbes, oligotrophes. Eau acide d’origine météorique ou phréatique.
Inondations hivernales, gley superficiel.
Communautés à caractère climatique atlantique ou boréal,
liée à la formation de tourbes acides : humidité atmosphérique
élevée, évapotranspiration limitée.
Communautés liées à des sols décapés : actuellement, il
s’agit essentiellement de décapages anthropiques accidentels
(chemins) ou intentionnels (étrépages).
G u i d e d e s v é g é tat i o n s f o r e s t i è r e s e t p r é f o r e s t i è r e s d e l a r é g i o n N o r d - Pa s d e C a l a i s
Dynamique et végétations
de contact
et à rechercher dans les collines de Flandre intérieure (plateau
d’Helfaut).
Végétations pionnières très instables, concurrencées par
l’installation des sphaignes qui “étouffent” les espèces basses,
rapidement colonisées par la lande hygrophile (Groupement à
Genista anglica et Erica tetralix) ou turficole (Ericion tetralicis), les
végétations prairiales ou les moliniaies (Juncion acutiflori) voire
directement par le Bouleau pubescent (Betula pubescens).
Dynamique naturelle : voir paragraphe “variations”.
Végétation liée à des décapages épisodiques du substrat
(fréquence de l’ordre de 10 ans), peu profonds (10 cm environ). Les
espaces favorables à ces communautés végétales ont beaucoup
souffert des drainages, des plantations de pins, de l’abandon
de l’exploitation traditionnelle avec reboisement important des
habitats concernés (landes, pelouses, bas-marais, etc.).
Contacts principaux : voir paragraphe “variations”.
Valeur patrimoniale
et intérêt écologique
On peut distinguer deux associations d’écologie distincte :
- le “Drosero intermediae - Rhynchosporetum albae”,
caractérisé par Rhynchospora alba, Drosera rotundifolia,
Eriophorum angustifolium, Sphagnum denticulatum.
Écologie et dynamique : tourbes dénudées en contexte
de tourbière à Bruyère quaternée (Ericion tetralicis),
vers laquelle elle évolue par dynamique progressive.
En relation topographique et temporelle avec les
dépressions à utriculaires (Utricularietea intermedio minoris), dont elles peuvent résulter par accumulation
de matières organiques dans les gouilles.
Présence dans le Montreuillois (plateau de Sorrus/SaintJosse).
- le “Lycopodiello inundatae - Rhynchosporetum fuscae”,
caractérisé par Lycopodiella inundata, Rhynchospora fusca,
Rhynchospora alba, Erica tetralix, Drosera rotundifolia.
Écologie et dynamique : sables tourbeux dénudés
en contexte de lande hygrophile à Bruyère quaternée
(Groupement à Genista anglica et Erica tetralix) vers
laquelle il évolue par dynamique progressive.
Présence dans la plaine de la Scarpe et de l’Escaut
(sablière du Lièvre).
La valeur nomenclaturale de ces deux associations,
leur indépendance syntaxinomique (deux associations
distinctes ou deux sous-associations d’une même
association) et leurs relations avec les végétations
médioeuropéennes (associations identiques ou
vicariantes) devraient être précisées par des travaux
de synthèse et des recherches complémentaires à plus
grande échelle (aire de répartition potentielle de ces
associations).
Répartition géographique
et distribution régionale
Alliance d’affinités montagnardes et subatlantiques. Signalée
dans les Pays-Bas, en Allemagne, en Grande-Bretagne et dans
la péninsule ibérique.
Dans le Nord-Pas de Calais, alliance présente dans le Montreuillois
(plateau de Sorrus/St-Josse), la plaine de la Scarpe et de l’Escaut
Gestion
Une étude de la banque de semences du sol permettra de
localiser les endroits à fortes potentialités où doivent être réalisés
les travaux d’étrépage, de débroussaillage et de dessouchage
(cf. fiche), ce dernier aboutissant en quelque sorte à une forme
d’étrépage local non contrôlé. Il est à noter que ce sont des
travaux de ce type menés par le Conservatoire des sites naturels
du Nord et du Pas-de-Calais et l’Office national des forêts qui ont
permis de régénérer pour partie ces communautés végétales là
où elles subsistent aujourd’hui.
Les communautés restaurées seront envahies plus ou moins
rapidement par la lande à Bruyère quaternée ou d’autres
végétations. Donc, pratiquer régulièrement des étrépages par
placettes afin d’offrir toujours les substrats adaptés à ce type
de végétation.
Il serait également souhaitable que les systèmes landicoles
relictuels qui abritent ces végétations puissent s’exprimer sur des
surfaces plus importantes, ce qui nécessiterait des déboisements
conséquents des parcelles périphériques, que ce soit en forêt
domaniale de St-Amand ou sur le plateau de Sorrus-St-Josse !
Les stations historiques des principales espèces constitutives
(Rhynchospora sp., Drosera rotundifolia et Lycopodium
inundatum) pourraient aussi être un fil conducteur pour
rechercher les secteurs qui pourraient encore de nos jours être
favorables à la réapparition du Rhynchosporion albae dans la
région Nord-Pas de Calais .
Références
ALLORGE & DENIS, 1923
ALLORGE, 1926
ALLORGE & GAUME, 1931
de FOUCAULT, 1984
de FOUCAULT, 1988
BLANCHARD et al., 1997 (1)
GÉHU, 1998
BOURNÉRIAS et al., 2001
BASSO et al, 2002
HENDOUX & WATTEZ, 2008
G u i d e d e s v éGgué itdaet idoenss vféogréetsattiièorness deets pzroé nf eo sr ehsutmi èi dr e s d e l a r é g i o n N o r d - P a s d e C a l a i s
401
Scheuchzerio palustris - Caricetea fuscae
Variations
Intérêt patrimonial extrêmement élevé. Végétations en forte
régression à l’échelle européenne, souvent très localisées.
Diversité floristique assez faible mais communautés hautement
spécialisées abritant des espèces extrêmement exigeantes dont
beaucoup sont exclusives de ce type de végétation et ont donc
un intérêt patrimonial exceptionnel. Végétations en outre d’intérêt
communautaire au niveau européen.
Petite cariçaie à Laîche blanchâtre
et Laîche étoilée
Caricetum canescenti -echinatae
Vlieger 1937
Carex canescens (Laîche blanchâtre), Carex echinata (Laîche
étoilée), Comarum palustre (Comaret des marais), Hydrocotyle
vulgaris (Hydrocotyle commune), Menyanthes trifoliata
(Ményanthe trèfle-d’eau)
CORINE biotopes
54.22
NI
UE
Agrostis canina (Agrostide des chiens), Carex nigra (Laîche noire),
Eriophorum angustifolium (Linaigrette à feuilles étroites), Carex
panicea (Laîche bleuâtre)
Cahiers d'habitats
NI
Végétation hémicryptophytique à structure de petite
cariçaie. Les espèces caractéristiques sont issues
des bas-marais : espèces basses à biomasse
faible, floraisons discrètes. Les Cypéracées sont
abondantes (Carex, Eriophorum). La présence de
Carex canescens ne constitue pas un diagnostic
suffisant ; l’association est surtout caractérisée
par la présence d’espèces hygrophiles de basmarais (Hydrocotyle vulgaris, Comarum palustre,
Menyanthes trifoliata, Eriophorum angustifolium).
Végétation monostrate laissant souvent paraître
des trouées. Diversité floristique à étudier. Dans
certains cas, présence d’une strate bryophytique
de sphaignes.
Végétation haute de 20 à 40 cm, peu dense (60
à 100 %).
Végétation pérenne d’optimum en début d’été.
Végétation ponctuelle, souvent dans des cuvettes
dans les paysages de landes et de forêts, trés
rarement en contexte prairial tourbeux.
Développement optimal :
début d’été
Photo : E. Catteau
Scheuchzerio palustris - Caricetea fuscae
Physionomie
402
G u i d e d e s v é g é tat i o n s f o r e s t i è r e s e t p r é f o r e s t i è r e s d e l a r é g i o n N o r d - Pa s d e C a l a i s
Valeur patrimoniale
et intérêt écologique
Layons et chemins avec dépressions et creux topographiques
longuement inondés dans les landes humides et les forêts, bas
de versants très engorgé en système prairial maigre relictuel.
Humus tourbeux, de réaction acide, oligotrophe, sur sol sableux,
argileux, schisteux ou colluvial.
Substrat constamment engorgé, avec présence d’une nappe
d’eau une grande partie de l’année.
Rôle de l’homme probablement secondaire dans la genèse de
cette association (ouverture de layons et de chemins, prairies
maigres non amendées).
Dynamique et végétations
de contact
Végétation secondaire régressive issue probablement du
défrichement puis de l’exploitation extensive de milieux ouverts
intra ou périforestiers (série du Sphagno palustris - Alnion
glutinosae), relativement stable tant que les conditions qui
bloquent la dynamique arbustive restent actives (fréquentation
modérée des chemins et layons, pâturage extensif ou fauche).
Par assèchement et/ou eutrophisation modérée des eaux ou
des sols, évolue vers des prairies du Juncion acutiflori voire du
Calthion palustris vers le sud-est de la région.
Des ouvertures dans cette parvocariçaie pourraient être
colonisées par l’Hydrocotylo vulgaris - Anagallidetum tenellae.
Les végétations en contact peuvent relever du Molinio caeruleae
- Quercion roboris voire du Sphagno palustris - Alnion glutinosae
en contexte forestier. En contexte de prairies ou de landes,
celles-ci peuvent relever du Juncion acutiflori et de l’Ulici minoris
- Ericion ciliaris (en limite orientale de son aire de répartition)
ou du Genisto pilosae - Vaccinion uliginosi voire de végétations
herbacées très différentes qui restent à préciser.
Association de très grande valeur patrimoniale, extrêmement
sensible aux perturbations du biotope et remarquablement riche
en espèces d’intérêt patrimonial (Carex canescens, en limite
d’aire dans le Nord-Pas de Calais , Carex echinata, Comarum
palustre, Menyanthes trifoliata…). Il est également probable que
le biotope qui héberge cette parvocariçaie soit aussi favorable à
la conservation d’une entomofaune originale qui reste en partie
à étudier (libellules notamment).
Gestion
Maîtriser la qualité physico-chimique des eaux d’écoulement (cf.
fiche) et préserver le fonctionnement hydrologique superficiel
(suintements, engorgement des sols, etc.).
Dans les sites dégradés, une étude de la banque de semences
du sol (cf. fiche) pourrait mettre en évidence des potentialités
qu’il s’agira d’exprimer par un étrépage adéquat (cf. fiche).
La restauration de l’inondabilité des dépressions et cuvettes
concernées pourrait aussi permettre de régénérer les espèces
concernées, après un éventuel étrépage/décapage des horizons
superficiels minéralisés.
Enfin, des débroussaillages/déboisements locaux pourraient
être envisagés là où cette communauté végétale s’exprime
déjà, ceci pour favoriser son extension spatiale et accroître sa
diversité floristique. Enfin, une fauche exprotatrice (cf. fiche)
en fin d’été début d’automne peut s’avérer nécessaire pour
limiter le développement d’espèces qui témoigneraient d’une
perturbation du milieu (Juncus acutiflorus, Juncus effusus…).
Références
TÜXEN, 1937
VLIEGER, 1937
Variations
Aucune variation n’a été décrite.
Répartition géographique et
distribution régionale
Association sans doute présente dans une grande partie de
l’Europe moyenne, dans les territoires à climat plutôt médioeuropéen à tendance montagnarde. Signalée en Allemagne et
aux Pays-Bas.
Dans la région, l’association semble être présente dans la
plaine de la Scarpe et de l’Escaut et dans la Fagne. Elle est
à rechercher dans l’Ardenne, le Boulonnais et le Montreuillois.
G u i d e d e s v éGgué itdaet idoenss vféogréetsattiièorness deets pzroé nf eo sr ehsutmi èi dr e s d e l a r é g i o n N o r d - P a s d e C a l a i s
403
Scheuchzerio palustris - Caricetea fuscae
Écologie
Prairie naturelle à Calamagrostide commune
et Ophioglosse commune
Ophioglosso vulgati - Calamagrostietum epigeji
Westhoff & Segal 1961
Calamagrostis epigejos (Calamagrostide commune),
Ophioglossum vulgatum (Ophioglosse commune)
Iris pseudacorus (Iris faux-acore), Hydrocotyle vulgaris
(Hydrocotyle commune), Lysimachia vulgaris (Lysimaque
commune), Salix repens subsp. dunensis (Saule argenté),
Carex nigra (Laîche noire), Lythrum salicaria (Salicaire
commune), Eupatorium cannabinum (Eupatoire chanvrine),
Rubus caesius (Ronce bleuâtre), Cirsium arvense (Cirse
des champs), Epipactis palustris (Épipactis des marais),
Oenanthe lachenalii (Oenanthe de Lachenal)
CORINE biotopes
16.33 x 54.21
2190
UE
Cahiers d'habitats
2190-3
Physionomie
(15- 20 espèces par relevé), Calamagrostis epigejos dominant la végétation.
Végétation dense et assez élevée (de 0,5 à 0,7 m).
L’optimum phénologique de ce type de végétation est estival,
avec le développement des espèces de la strate inférieure et
la floraison de Calamagrostis epigejos.
Végétation souvent spatiale.
Photo : F. Duhamel
Scheuchzerio palustris - Caricetea fuscae
Prairie à hautes herbes dominée par Calamagrostis
epigejos et assez riche en espèces hygrophiles turficoles
(Ophioglossum vulgatum, Hydrocotyle vulgaris, Carex nigra,
Epipactis palustris, etc.).
Végétation bistratifiée avec une strate haute à Calamagrostis
epigejos et une strate basse avec Ophioglossum vulgatum,
Hydrocotyle vulgaris. Diversité floristique assez faible
Développement optimal : début d’été
404
G u i d e d e s v é g é tat i o n s f o r e s t i è r e s e t p r é f o r e s t i è r e s d e l a r é g i o n N o r d - Pa s d e C a l a i s
Écologie
Répartition géographique
et distribution régionale
Association développée des îles de la Frise à l’estuaire de la
Somme. Elle existerait encore de manière ponctuelle sur la
façade atlantique française.
Dans le Nord-Pas de Calais, elle est plus développée sur le
littoral flamand et le littoral picard (en particulier entre Canche
et Authie), mais elle est également présente sur le littoral
boulonnais.
Dynamique et végétations
de contact
Végétation inscrite dans l’évolution des plaines dunaires par
assèchement progressif et accumulation de matière organique.
L’association dériverait du Calamagrostio epigeji - Juncetum
subnodulosi par évolution des substrats sableux qui
s’enrichissent en matières organiques. En cas d’inondations plus
importantes et de fauches ou gyrobroyages plus fréquents, le sol
devient de plus en plus organique et cette mégaphorbiaie évolue
alors vers un bas-marais dunaire très original, le Carici trinervis
- Schoenetum nigricantis. Elle peut également s’embroussailler
et évoluer vers le Groupement à Salix cinerea des dépressions
dunaires (Salicion cinereae) puis vers le Groupement dunaire à
Ribes nigrum et Alnus glutinosa (Alnion glutinosae).
L’association peut être dégradée par eutrophisation. Elle
évolue alors vers une forme dunaire du Pulicario dysentericae
- Juncetum inflexi, vers une mégaphorbiaie dunaire mésoeutrophile (Groupement à Eupatorium cannabinum et
Calamagrostis epigejos) voire vers une mégaphorbiaie nitrophile
du Convolvulion sepium.
En contact avec les différentes associations précitées, également
avec diverses roselières présentes dans les dépressions
(roselière dérivée relevant du Phragmition communis ou
Cladietum marisci sur les sols les plus tourbeux).
Variations
GÉHU & FRANCK (1982) ont distingué une sousassociation à Schoenus nigricans sur les substrats
les plus tourbeux. Elle est différenciée par Schoenus
nigricans, Valeriana dioica, Carex panicea, Juncus
subnodulosus. Mais, à l’époque, le Carici trinervis Schoenetum nigricantis n’avait pas encore été décrit. Il
est cependant probable qu’une végétation de transition
existe entre ces deux syntaxons.
Valeur patrimoniale
et intérêt écologique
Association de haute valeur patrimoniale régionale et d’intérêt
communautaire au niveau européen, d’aire géographique assez
limitée, et très sensible aux modifications du fonctionnement
hydrologique. Elle est de plus caractéristique des systèmes de
plaines arrière-dunaires nord-atlantiques.
Habitat de diverses espèces d’intérêt patrimonial régional
comme Ophioglossum vulgatum, Carex nigra, Oenanthe
lachenalii, Hydrocotyle vulgaris, etc.
Gestion
Préserver le fonctionnement hydrologique naturel des pannes
et plaines dunaires en maintenant les variations saisonnières et
interannuelles des niveaux d’eau. Maintenir la qualité physicochimique des eaux. Proscrire tout pompage dans des nappes
phréatiques profondes pour alimenter les pannes, de même que
tout détournement de ruisseau côtier alimenté par la nappe de
la craie (eaux toujours plus eutrophes que les eaux de pluie).
Restaurer ou conserver ces communautés par une fauche
exportatrice (cf. fiche) dont la fréquence et la période devraient
être étudiées, ou par un débroussaillage épisodique des pannes
dunaires (cf. fiche "Débroussaillage").
Dans le cas d’une fauche annuelle estivale, il est probable
que cette mégaphorbiaie évolue vers le bas-marais du Carici
trinervis - Schoenetum nigricantis si l’inondation hivernale est
suffisante. Cette dynamique serait à favoriser sur un certain
nombre de sites. Le gyrobroyage est à éviter en raison des
risques d’eutrophisation par minéralisation de la matière
organique en période de sécheresse.
Références
WESTHOFF, 1947
WESTHOFF & SEGAL, 1961
WESTHOFF & KETNER, 1967
GEHU & FRANCK, 1982
de FOUCAULT, 1984
DUHAMEL, 1994
DUHAMEL, 1996 (1)
BASSO et al, 2001 (1)
MORA et al, 2009
G u i d e d e s v é g é tat i o n s f o r e s t i è r e s e t p r é f o r e s t i è r e s d e l a r é g i o n N o r d - Pa s d e C a l a i s
405
Scheuchzerio palustris - Caricetea fuscae
Larges plaines arrière-dunaires et grandes pannes vieillies.
Sables enrichis en matières organiques, voire paratourbeux,,
mésotrophes à méso-eutrophes.
Inondations hivernales de durée variable, expliquant les
variations de niveau trophique.
Situations ensoleillées.
Végétation souvent favorisée par l’homme dans les plaines
arrière-dunaires fauchées ou gyrobroyées épisodiquement et
par rotation pour la création de platières à bécassines.
Prairie naturelle à Laîche trinervée
et Choin noirâtre
Carici trinervis - Schoenetum nigricantis
de Foucault 2008
Carex trinervis (Laîche trinervée), Schoenus nigricans
(Choin noirâtre), Carex panicea (Laîche bleuâtre),
Valeriana dioica (Valériane dioïque)
Hydrocotyle vulgaris (Hydrocotyle commune), Carex flacca (Laîche
glauque), Oenanthe lachenalii (Oenanthe de Lachenal), Dactylorhiza
praetermissa (Dactylorhize négligée (s.l.)), Galium uliginosum
(Gaillet des fanges), Mentha aquatica (Menthe aquatique), Pulicaria
dysenterica (Pulicaire dysentérique), Potentilla reptans (Potentille
rampante), Ranunculus repens (Renoncule rampante), Carex nigra
(Laîche noire), Salix repens subsp. dunensis (Saule argenté), Carex
pulicaris (Laîche puce), Triglochin palustre (Troscart des marais)
CORINE biotopes
16.33 x 54.21
2190
UE
90-3
Cahiers d'habitats 21
Physionomie
proportions très équilibrées. Présence d’une strate rampante
à Hydrocotyle vulgaris et Anagallis tenella.
Végétation très dense (recouvrement 100%), mi-haute
(50 cm).
Optimum phénologique estival, avec la floraison des
nombreuses dicotylédones et des orchidées.
Végétation pouvant occuper une certaine surface... mais les
cas de figure sont très rares !
Photo : F. Duhamel
Scheuchzerio palustris - Caricetea fuscae
Végétation riche en Cypéracées, mais contenant également
un nombre important de dicotylédones. Plusieurs groupes
d’espèces cohabitent : espèces turficoles basiphiles
(Oenanthe lachenalii, Dactylorhiza incarnata, Triglochin
palustre), espèces dunaires (Carex trinervis, Salix repens
subsp. dunensis), espèces des sols basiques plus minéraux
(Pulicaria dysenterica, Dactylorhiza praetermissa).
Végétation très diversifiée, accueillant de 30 à 40 espèces en
Développement optimal : début d’été
406
G u i d e d e s v é g é tat i o n s f o r e s t i è r e s e t p r é f o r e s t i è r e s d e l a r é g i o n N o r d - Pa s d e C a l a i s
Écologie
Seules les grandes pannes et plaines dunaires anciennement
stabilisées semblent favorables au développement de ce bas-marais
dunaire.
Répartition géographique
et distribution régionale
Bas-marais dunaires (dépressions des plaines inter- ou
intradunaires et grandes pannes longuement inondables).
Sables très enrichis en matières organiques, avec un horizon
paratourbeux développé.
Inondation hivernale prolongée.
Situations ensoleillées.
Probablement lié à des pratiques agropastorales extensives très
anciennes (pâturage, fauche, etc.), au niveau de dunes depuis
longtemps stabilisées et végétalisées.
Répartition générale à étudier. Connu en Picardie (où elle est peutêtre en voie de disparition, le relevé type de cette association ayant
été réalisé dans le marais communal du Crotoy où cette végétation
n’est plus présente de nos jours) et dans le Nord-Pas de Calais.
Selon de FOUCAULT (1984), cette association est remplacée par le
Junco baltici - Schoenetum nigricantis à partir des Pays-Bas.
Dans la région, ce syntaxon n’est connu que sur le littoral picard où
il est particulièrement bien exprimé dans le vaste complexe dunaire
s’étendant entre Berck et Merlimont. Il était également présent dans
le marais dunaire de Dannes mais son maintien reste à confirmer.
Valeur patrimoniale
et intérêt écologique
Variations
Dynamique et végétations
de contact
Végétation transitoire, sans doute stabilisée par des pratiques
agropastorales.
Peut dériver de l’Ophioglosso vulgati - Calamagrostietum epigeji
ou du Carici pulchellae - Agrostietum “maritimae” par évolution
pédologique (développement d’un horizon paratourbeux), suite à un
engorgement plus important des sols dans certains cas.
En cas d’eutrophisation due au surpâturage, cette végétation peut
évoluer assez rapidement vers un Pulicario dysentericae - Juncetum
inflexi. L’eutrophisation peut également se produire par minéralisation
de l’humus suite à un abaissement prolongé du niveau moyen de la
nappe phréatique entraînant un déficit d’inondation hivernale.
L’association est souvent en contact avec l’Ophioglosso vulgati Calamagrostietum epigeji qui semble occuper les niveaux supérieurs
mieux drainés ou les espaces qui ne sont fauchés qu’irrégulièrement
(gestion conservatoire différenciée, platières à bécassines, etc.).
Valeur patrimoniale difficile à estimer à l’échelle européenne mais
probablement exceptionnelle car la répartition de cette association
semble assez limitée. On y relève un lot très important d’espèces
d’intérêt patrimonial régional. Cette végétation marque une phase
clé dans l’évolution des systèmes dunaires, avec le développement
d’un horizon tourbeux significatif.
Végétation par ailleurs inscrite à l’annexe I de la directive HabitatsFaune-Flore.
Gestion
Il est indispensable de maintenir le fonctionnement hydrologique
naturel des systèmes dunaires et la qualité physico-chimique
des eaux (cf. fiche) afin d’éviter une eutrophisation, même
limitée, du substrat par minéralisation de la tourbe ou par des
apports exogènes d’eaux enrichies en nitrates notamment.
Conserver ces communautés par une fauche exportatrice (cf.
fiche) dont la fréquence et la date devraient être étudiées (à
adapter au niveau d’inondation et au degré d’engorgement des
sols), ou par un débroussaillage épisodique des plaines dunaires
(cf. fiche “Contrôle de la végétation ligneuse”).
Maintenir impérativement les sols en place sans étrépage pour
éviter le retour à des communautés de substrats plus minéraux,
sauf localement et sur quelques centimètres pour favoriser
l’Anagallido tenellae - Eleocharitetum quinqueflorae qui colonise
les sols tourbeux dénudés et lui est souvent associé.
Références
de Foucault, 1984
DUHAMEL, 1996
BASSO et al., 2003
BASSO et al., 2006
BASSO & DUHAMEL, 2007
G u i d e d e s v é g é tat i o n s f o r e s t i è r e s e t p r é f o r e s t i è r e s d e l a r é g i o n N o r d - Pa s d e C a l a i s
407
Scheuchzerio palustris - Caricetea fuscae
Des communautés dunaires de Merlimont dérivées
du Carici trinervis - Schoenetum nigricantis semblent
proches du Cirsio dissecti - Schoenetum nigricantis.
On pourrait considérer que cette dernière association
marque un nouveau stade d’évolution pédologique
dans lequel le substrat tourbeux prend une épaisseur
suffisante pour que la végétation s’affranchisse
de son caractère littoral et converge vers une
association “intérieure” de tourbière basse alcaline.
Cette hypothèse devrait être étayée par une étude de
grande ampleur dépassant les limites de notre région,
où ces communautés sont si peu développées qu’il
est difficile de généraliser certaines observations.
Par ailleurs, toujours dans les dunes de Merlimont,
certaines végétations moins hygrophiles mais
toujours aussi oligotrophiles évoquent certains relevés
du Cirsio dissecti - Molinietum caeruleae décrit pour
partie par Sissingh et De Vries dans des dunes plus
ou moins calcarifères des îles de la Frise (variation
à Potentilla erecta, Sieglingia decumbens, Succisa
pratensis, Molinia caerulea subsp. caerulea, etc.).
Bas-fourré à Saule argenté
Acrocladio cuspidati - Salicetum arenariae
Braun-Blanquet & de Leeuw 1936
Salix repens subsp. dunensis (Saule argenté), Calliergonella
cuspidata (= Acrocladium cuspidatum, Calliergonelle cuspide)
Calamagrostis epigejos (Calamagrostide commune), Hydrocotyle
vulgaris (Hydrocotyle commune), Juncus subnodulosus (Jonc à
fleurs obtuses), Eupatorium cannabinum (Eupatoire chanvrine),
Mentha aquatica subsp. aquatica (Menthe aquatique), Rubus
caesius (Ronce bleuâtre), Cirsium palustre (Cirse des marais),
Carex trinervis (Laîche trinervée), Lysimachia vulgaris (Lysimaque
commune)
CORINE biotopes
16.33 x 16.26
2190
UE
Cahiers d'habitats
2190-4
Physionomie
branches. Strate herbacée plus ou moins riche en espèces
mais souvent assez éparse.
Végétation atteignant 0,5 à 1,5 m.
Végétation pérenne à floraison printanière à estivale.
Bas-fourré localisé dans les dépressions dunaires, sous
forme spatiale ou circulaire, en périphérie des pannes, ou
au sein des plaines dunaires.
Toussaint
: B. saint
: B. Tous
PhotoPhoto
Scheuchzerio palustris - Caricetea fuscae
Bas-fourré inondable dominé par le Saule argenté, accompagné de quelques autres arbustes précurseurs des stades
arbustifs et d’espèces des bas-marais dunaires.
Végétation bistratifiée, avec une strate buissonnante
entrouverte dominée exclusivement par le Saule argenté
et une strate riche en bryophytes sur le sol et les basses
Développement optimal : printemps et début d’été
408
G u i d e d e s v é g é tat i o n s f o r e s t i è r e s e t p r é f o r e s t i è r e s d e l a r é g i o n N o r d - Pa s d e C a l a i s
Écologie
Répartition géographique
et distribution régionale
Association des rivages de la mer du Nord et de la Manche
orientale, des îles de la Frise à la Somme.
Dans la région, elle est présente sur les trois littoraux, dans les
pannes et les plaines dunaires les plus humides, mais aussi
certaines dépressions moins longuement inondables.
Dynamique et végétations
de contact
Végétation transitoire dans la dynamique de fermeture des
pannes dunaires, mais néanmoins assez durable et marquant
un palier dans l’évolution et le reboisement naturel des pannes
et plaines dunaires.
Sous l’effet de la diminution du niveau d’inondation, ce syntaxon
peut succèder directement au Samolo valerandi - Littorelletum
uniflorae et au Drepanoclado adunci - Caricetum trinervis.
Ce type de végétation s’appauvrit beaucoup en cas d’eutrophisation des sols ou des eaux. Il peut ensuite se développer au
détriment du Calamagrostio epigeji - Juncetum subnodulosi ou
du Carici pulchellae - Agrostietum "maritimae" et entre alors en
contact avec le Pyrolo rotundifoliae - Hippophaetum rhamnoidis
dans les niveaux supérieurs externes. Un assèchement prolongé
des pannes peut aussi faire évoluer ce fourré bas vers le Pyrolo
rotundifoliae - Hippophaetum rhamnoidis. Enfin, le taillis dunaire
à Saule cendré du Salicion cinereae tend à coloniser les pannes
les plus évoluées occupées par le bas-fourré inondable à Saule
argenté.
Variations
Aucune variation écologique n’a été décrite mais on
peut noter l’existence de deux formes, l’une typique
longuement inondable et riche en bryophytes, l’autre liée
aux pannes en voie d’assèchement où les bryophytes
sont absentes et qui commence à être colonisée par
l’Argousier faux-nerprun et des nitrophytes (Cirsium
vulgare, Urtica dioica, Geranium robertianum, etc.).
Végétation en raréfaction sous sa forme typique en raison
de l’abaissement général des niveaux d’eau dans les dunes.
Elle joue un rôle fonctionnel important dans la mosaïque
dynamique et paysagère des végétations de pannes dunaires
nord-atlantiques mais tend parfois à s’étendre au détriment des
bas-marais. Elle est inscrite à l’annexe I de la directive HabitatsFaune-Flore.
Gestion
Conserver le fonctionnement hydrologique naturel des pannes
en maintenant les variations saisonnières et interannuelles des
niveaux d’eau. Préserver la qualité physico-chimique des eaux.
La technique de lutte contre la fermeture et l’assèchement des
pannes semble être le débroussaillage périodique lorsque la
végétation atteint le stade arbustif (cf. fiche "Débroussaillage"),
celui-ci étant accompagné éventuellement d’un léger
étrépage. Ceci permet de garantir l’expression de l’ensemble
des végétations de la séquence dynamique liée à l’hygrosère
dunaire.
Proscrire tout pompage et toute alimentation par des eaux
autres que celles de la nappe phréatique superficielle des
sables, ceci pour maintenir des niveaux trophiques les plus
bas possibles. Veiller également, dans certains cas, à ce que
ce fourré soit limité à une auréole concentrique sur les marges
externes des pannes afin que son développement ne nuise pas
aux végétations herbacées dunaires les plus menacées des
niveaux topographiques moyens et inférieurs.
Références
BRAUN-BLANQUET & de LEEUW, 1936
GÉHU & GÉHU-FRANCK, 1982
DUHAMEL, 1996
BASSO et al., 2001 (1)
BASSO et al., 2006
LE BRAS et al., 2006
MORA et al., 2009
DUHAMEL & BLONDEL, 2009
G u i d e d e s v é g é tat i o n s f o r e s t i è r e s e t p r é f o r e s t i è r e s d e l a r é g i o n N o r d - Pa s d e C a l a i s
409
Scheuchzerio palustris - Caricetea fuscae
Dépressions dunaires humides à longuement inondables
(pannes et plaines intra- ou interdunaires).
Sur substrat sablonneux encore calcarifère, plus ou moins
enrichi en matières organiques voire paratourbeux.
Nappe phréatique proche de la surface, inondant pendant une
bonne partie de l’année ces dépressions, généralement tout
l’hiver mais souvent aussi en automne et au printemps.
Situations ensoleillées.
Végétation non influencée par des éléments biotiques extérieurs.
Valeur patrimoniale
et intérêt écologique
Téléchargement