Analyse des caractéristiques et de l`Etat

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Conférence régionale de la mer et du littoral
PLAN D’ACTION POUR LE MILIEU MARIN
SOUS-RÉGIONS MARINES
MANCHE MER DU NORD – MERS CELTIQUES ET
GOLFE DE GASCOGNE
ÉVALUATION INITIALE DES EAUX MARINES
ANALYSE DES CARACTERISTIQUES ET DE L’ETAT
ECOLOGIQUE
Guide de lecture à l'échelle bretonne
Juin 2012
-1-
-2-
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION GENERALE
1
INTRODUCTION DE L’ANALYSE DES CARACTERISTIQUES ET DE L’ETAT ECOLOGIQUE
3
1.
5
CARACTERISTIQUES PHYSIQUES
1.1.
1.2.
1.3.
1.4.
1.5.
1.6.
1.7.
1.8.
2.
CLIMATOLOGIE MARINE
DEBITS FLUVIAUX
COURANTOLOGIE
EXPOSITION AUX VAGUES
BATHYMETRIE DES FONDS MARINS
NATURE DES FONDS MARINS
REGIME DE LA TEMPERATURE ET DE LA SALINITE
TURBIDITE
CARACTERISTIQUES CHIMIQUES
2.1.
2.2.
2.3.
2.4.
2.5.
2.6.
3.
14
ACIDIFICATION DU MILIEU MARIN
REPARTITION SPATIO-TEMPORELLE DE L’OXYGENE
REPARTITION SPATIO-TEMPORELLE DES NUTRIMENTS
REPARTITION SPATIO-TEMPORELLE DE LA CHLOROPHYLLE
SUBSTANCES CHIMIQUES PROBLEMATIQUES
QUESTIONS SANITAIRES
14
14
15
18
19
19
DESCRIPTION DES PRINCIPAUX HABITATS OU BIOTOPES
21
DISTRIBUTION DES PRINCIPAUX BIOTOPES DE FONDS MARINS
DISTRIBUTION DES PRINCIPAUX BIOTOPES DE LA COLONNE D'EAU
21
24
3.1.
3.2.
4.
5
5
6
7
7
9
12
13
CARACTERISTIQUES BIOLOGIQUES ET BIOCENOSES
4.1.
4.2.
4.3.
4.4.
4.5.
4.6.
4.7.
4.8.
4.9.
4.10.
4.11.
4.12.
COMMUNAUTES DU PHYTOPLANCTON
COMMUNAUTES DU ZOOPLANCTON
BIOCENOSES DU MEDIOLITTORAL
BIOCENOSES DE L’INFRALITTORAL
BIOCENOSES DU CIRCALITTORAL
BIOCENOSES DU BATHYAL ET DE L’ABYSSAL
PEUPLEMENTS DEMERSAUX
POPULATIONS ICHTYOLOGIQUES PELAGIQUES
MAMMIFERES MARINS
REPTILES MARINS
OISEAUX MARINS
ESPECES INTRODUITES
26
26
26
26
27
29
29
31
32
33
34
34
35
-3-
-1-
INTRODUCTION GENERALE
La Directive cadre stratégie pour le milieu marin
La Directive Cadre Stratégie pour le Milieu Marin (DCSMM) (2008/56/CE), directive européenne, établit un
cadre d’action communautaire dans le domaine de la politique pour le milieu marin.
La motivation principale de la directive est de lutter contre les « nombreuses menaces qui pèsent sur le milieu
marin, telles que l'appauvrissement ou la dégradation de la diversité biologique et les modifications de sa
structure, la disparition des habitats, la contamination par les substances dangereuses et les substances
nutritives, et les répercussions du changement climatique », ce qui nécessite un cadre global pour coordonner
les actions locales des états-membres.
Cette directive européenne présente un double intérêt. D'une part, en définissant un cadre global, elle permet
l'intégration de l'ensemble des objectifs environnementaux inclus dans les politiques sectorielles existantes
s'intéressant au milieu marin. Par ailleurs, elle est le moyen de mettre en œuvre une nouvelle méthode,
intégrant les acteurs et usagers du milieu marin pour une meilleure appropriation des objectifs
environnementaux associés au milieu marin; enjeu essentiel pour l'acceptation et la bonne mise en œuvre des
politiques environnementales.
Un guide de lecture à l'échelle bretonne
Le décret relatif au Plan d'action pour le milieu marin (décret PAMM), traduisant la mise en œuvre de la
Directive Cadre Stratégie pour le milieu marin, publié le 5 mai 2011, découpe les eaux bordant la Bretagne en
trois sous-régions marines.
-1-
La Bretagne est ainsi concernée par les trois Sous-Régions Marines (SRM) :
-
la Bretagne nord, SRM Manche – mer du Nord, sous l'autorité du Préfet maritime de la Manche et de la mer
du Nord et du Préfet de la région Haute Normandie,
-
la Bretagne sud, SRM golfe de Gascogne, sous l'autorité du Préfet maritime de l'Atlantique et du Préfet de la
Région Pays de la Loire,
-
la SRM mers Celtiques, située à l'ouest de la mer d'Iroise, sous l'autorité du Préfet maritime de l'Atlantique
et du Préfet de la Région Pays de la Loire.
La directive a pour objectifs de comprendre le contexte et de percevoir les évolutions souhaitables pour
atteindre le bon état écologique des eaux marines. Il est donc nécessaire, pour une bonne mise en œuvre, de
préciser ces objectifs à une échelle pertinente et adaptée pour les acteurs. Or, l'appropriation par les acteurs
bretons, indispensable à la bonne mise en œuvre de cette directive, est rendue difficile par le découpage en
trois sous-régions marines des eaux bretonnes.
Le présent document constitue donc une synthèse des trois plans d'action pour le milieu marin visant à faciliter
l'appropriation des enjeux en lien avec la directive par les acteurs bretons. Ce document propose une lecture
bretonne des différents volets constituant les plans d'action; vision intégratrice des enjeux à l'échelle bretonne,
complémentaire de celle des sous-régions.
La méthode
Ce guide de lecture à l'échelle bretonne reprend le découpage des plans d'action pour le milieu marin des trois
sous-régions marines; soit trois volets comprenant une évaluation initiale (en trois parties), la définition du BEE
(définit à l'échelle nationale donc ne présentant pas de besoin de synthèse à l'échelle bretonne) et la définition
des objectifs environnementaux.
L’évaluation initiale (EI) de l’état écologique actuel des eaux marines (sol et sous-sol compris) et de l’impact
environnemental des activités humaines sur ces eaux constitue le premier élément du PAMM. Elle est composée de trois
analyses (caractéristiques et état écologique, pressions et impacts et analyse économique et sociale de l’utilisation des eaux
et du coût de la dégradation) et constitue le fondement du PAMM. Ces trois analyses sont synthétisées à l'échelle de la
Bretagne et constituent trois documents distincts.
La définition du bon état écologique (BEE), deuxième élément du PAMM, a été élaborée au niveau national, par référence à
l’évaluation initiale et en s’appuyant sur les connaissances existantes et disponibles récoltées lors de sa réalisation. Le bon
état écologique n'est pas un état de référence, c’est à dire non impacté par les activités humaines, mais un état permettant
de conserver les fonctionnalités et les usages de l'écosystème. Sa définition prend donc en compte, notamment, l’existence
de pressions anthropiques sur le milieu et leurs impacts, ainsi que la variabilité naturelle à long ou court termes des
écosystèmes, leur capacité de résilience, ainsi que les changements globaux. Elle est structurée sur la base de 11
descripteurs qualitatifs, précisés dans l’annexe I de la directive et de la décision de la Commission du 1er septembre 2010,
sur les critères et normes méthodologiques en vue de la définition du bon état écologique, établie afin d’assurer la
cohérence des approches entre États-membres.
Le troisième élément (objectifs environnementaux) est élaboré à l’échelle des sous-régions marines, sur la base du « Guide
méthodologique pour la définition des objectifs environnementaux et des indicateurs associés du PAMM en 2012 »
(Ministère de l’écologie, du développement durable, des transports et du logement, DGALN/DEB, 2011), en association
avec l’ensemble des acteurs concernés, sous la responsabilité des préfets coordonnateurs de la sous région. Etabli sur la
base des deux premiers éléments (évaluation initiale et bon état écologique), ils visent à établir les conditions voulues et à
orienter les efforts en vue de l'atteinte ou du maintien du bon état écologique pour les eaux marines de la sous-région
marine. Leur mise en œuvre concrète fera l'objet du programme de mesures qui sera élaboré en 2015 et mis en œuvre à
partir de 2016.
Le guide de lecture est donc constitué de quatre synthèses : trois concernant les trois analyses des évaluations
initiales (caractéristiques et état écologique, pressions et impacts et analyse économique et sociale de
l’utilisation des eaux et du coût de la dégradation) et une concernant les objectifs environnementaux.
Les plans de chacune de ces synthèses respectent les sommaires de chacun des volets des PAMM
correspondant. Les synthèses sont une extraction des parties des PAMM intéressant la Bretagne. Les termes
utilisés dans ces synthèses sont le plus proche possible de ceux utilisés dans les PAMM.
Les sous-régions marines seront donc étudiées dans "leur partie bretonne". En effet, l'évaluation initiale par
sous-région marine peut contenir des informations n'intéressant pas la Bretagne, ces informations ne sont pas
reprises dans ce document. D'autres caractéristiques du milieu marin, géographiquement non localisées en
-2-
Bretagne, peuvent avoir des conséquences sur les eaux marines bretonnes, ces informations sont alors reprises
dans ce document.
Les documents présentent donc une vision synthétique des PAMM à l'échelle bretonne et sont
complémentaires aux documents présentés par sous-région marine. Ils doivent faciliter l'appropriation des
objectifs des PAMM par les acteurs bretons. Par ailleurs, le décret relatif à la stratégie nationale pour la mer et
le littoral et aux documents stratégiques de façade institutionnalise la Conférence Régionale de la Mer et du
Littoral (CRML), créée à l’initiative de la Région Bretagne et de l’État et présidée conjointement par le président
du conseil régional de Bretagne, le préfet de région Bretagne et le préfet maritime de l'Atlantique. La CRML est
ainsi consultée par les préfets coordonnateurs lors de l'élaboration des trois PAMM intéressant la région
Bretagne ce qui doit permettre la prise en compte des problématiques spécifiques à ce territoire et, comme le
stipule le décret, la mise en cohérence de ces 3 PAMM. Le guide de lecture à l'échelle bretonne doit donc
faciliter ce travail de mise en cohérence.
Ce document est un extrait des Evaluations initiales des trois sous-régions marines Manche mer du Nord,
mers Celtiques et golfe de Gascogne. Il est réalisé à partir des versions non finalisées des Evaluations
initiales et des résumés de ces évaluations initiales de ces trois sous-régions marines.
Il traduit une lecture des documents visant à mettre en évidence les enjeux à l'échelle bretonne. Il
constitue ainsi un guide de lecture ayant pour objectif de donner une vision synthétique des Evaluations
initiales à l'échelle de la Bretagne, complémentaire à celle des façades.
INTRODUCTION DE L’ANALYSE DES CARACTERISTIQUES ET DE L’ETAT ECOLOGIQUE
L’analyse des caractéristiques et de l’état écologique constitue le premier volet de l’évaluation initiale des eaux
marines françaises. Il répond à l’article 8.1.a de la DCSMM.
En vertu de cet article, l’évaluation initiale doit comporter une analyse des spécificités et caractéristiques
essentielles et de l’état écologique de ces eaux. Cette analyse doit être fondée sur la liste indicative d’éléments
du tableau 1 de l’annexe III de la directive, et couvrir les caractéristiques physiques et chimiques, les types
d’habitats, les caractéristiques biologiques et l’hydromorphologie.
Ce document, disponible pour chacune des sous-régions marines Manche - mer du nord, mers Celtiques, golfe
de Gascogne et Méditerranée occidentale, renseigne dans la mesure du possible l’état écologique à l’échelle
spatiale et temporelle pertinente pour l’ensemble des items considérés.
Il a été construit à partir de contributions thématiques de 5 à 10 pages rédigées par des référents-experts qui
constituent le socle scientifique de cette évaluation. Ces synthèses avaient notamment pour objectif de mettre
en évidence les niveaux et tendances perceptibles, ainsi que le caractère lacunaire des données (séries
incomplètes, données manquantes, etc.) au regard de la couverture géographique et temporelle concernée.
L’analyse descriptive de l’état écologique identifie dans certains cas les zones sensibles au regard de la
thématique étudiée.
L’évaluation initiale se fonde sur les données existantes et disponibles. Elle utilise, lorsque cela est pertinent,
les méthodes d’évaluation et d’analyse existantes dans le cadre d’autres politiques communautaires (Directive
Cadre sur l’Eau (DCE), Directive Oiseaux (DO), Directive Habitat Faune Flore (DHFF), Politique Commune des
Pêches (PCP)) ou internationales (convention de protection de l’Atlantique Nord Est OSPAR, autres accords
internationaux). Elle tient notamment compte et est en cohérence avec les résultats préalablement rapportés à
la commission européenne dans le cadre de la DCE, la DHFF, la DO et la PCP.
-3-
Les différentes thématiques de l’état écologique sont ici regroupées en quatre parties :
-
les caractéristiques physiques,
-
les caractéristiques chimiques, naturelles ou résultantes des activités humaines,
-
les principaux biotopes (ou habitats),
-
le plancton et les biocénoses des fonds marins et la description de quelques populations.
Chacune de ces parties est découpée en sous-parties. Ces sous parties définissent dans un premier temps
la notion abordée puis abordent les caractéristiques de chacune des trois sous-régions marines
intéressant la Bretagne en détaillant les spécificités bretonnes. Cette analyse doit permettre de mettre
en évidence les différences majeures entre les trois sous-régions sur "leur partie bretonne" et les
similarités afin d'aboutir à une vision globale et opérationnelle des enjeux pour la mise en œuvre de la
DCSMM à l'échelle de la Bretagne.
-4-
1. CARACTERISTIQUES PHYSIQUES
Les vents soufflant sur les sous-région marine, les débits fluviaux y entrant, les courants et les vagues sont
autant de facteurs influençant les autres caractéristiques physiques, tels la bathymétrie, la nature des fonds, la
température et la salinité ou encore la turbidité.
1.1. Climatologie marine
La climatologie s’intéressera ici uniquement aux vents dominants qui ont une influence importante sur la
dynamique des écosystèmes marins et notamment sur la circulation océanique.
Les vents sont, de part et d’autre du détroit du Pas-de-Calais, canalisés par les reliefs côtiers selon deux
directions dominantes, sud-ouest et nord-est. En Bretagne nord, les vents dominants soufflent principalement
du sud à l’ouest et du nord-est.
Les vents de la sous-région marine mers Celtiques, largement ouverte sur l’océan Atlantique et donc peu
protégée par les terres, atteignent des vitesses élevées en particulier pour les directions dominantes comprises
entre le sud-ouest et le nord-ouest.
Au nord du golfe de Gascogne, les vents dominants soufflent du sud-ouest au nord-est.
Les nombreux enregistrements des stations météorologiques côtières permettent de décrire les
caractéristiques des vents tout au long de l’année, avec parfois des séries de données historiques. La
localisation des masses d’air (anticyclones ou dépressions), ainsi que le relief et l’orientation des côtes, sont les
principaux facteurs déterminant les directions et forces dominantes des vents dans les sous-régions marines.
L’influence de la présence des terres diminue en allant vers l’Atlantique où l’on rencontre les vents moyens les
plus forts et les hauteurs moyennes des vagues les plus hautes.
La climatologie marine ne présente pas d'enjeu particulier à l'échelle des eaux marines bretonnes et peut
être caractérisée de façon pertinente à l'échelle des sous-régions marines.
1.2. Débits fluviaux
Les débits fluviaux sont indispensables pour permettre d’évaluer l’importance des apports d’eau douce à la mer
ainsi que des contaminants solubles qui leur sont associés. Ces derniers peuvent avoir plusieurs rôles : soit de
fertilisation des eaux marines par apports d’éléments minéraux essentiels à la production primaire, soit de
perturbations des écosystèmes s’ils contiennent trop d’éléments toxiques. Enfin ils contribuent à la
diversification des écosystèmes en les structurant par rapport au degré de dessalure des eaux.
Les débits fluviaux de la sous-région Manche – mer du Nord correspondent en France à un bassin de 20 %
environ du territoire métropolitain où vivent 20 millions de personnes. L’occupation des sols est marquée à la
fois par une forte activité agricole, des zones urbaines densément peuplées et des espaces naturels peu
nombreux. La plus importante zone d’apports correspond à la Seine, qui draine à elle seule un peu plus de la
moitié de la surface et représente la moitié des débits. Le débit spécifique (débit par km² de bassin versant)
moyen est demeuré stable sur les deux dernières décennies.
Les débits fluviaux de la sous-région marine golfe de Gascogne, correspondent en France à un bassin versant de
263 041 km², soit près de la moitié du territoire métropolitain. 17 millions de personnes y vivent. L’occupation
des sols est marquée par une activité agricole importante, peu de zones urbaines et des espaces naturels
couvrant près de 30 % de la surface. La plus importante zone d’apports pour la sous-région marine golfe de
Gascogne correspond à la Loire (puis, dans une moindre mesure, à la Garonne). La Loire draine à elle seule près
de la moitié de la surface du bassin versant de cette façade : 110 178 km² (contre « seulement » 38 227 km²
pour la Garonne). Le débit spécifique de la Loire est en très légère hausse sur la période 1989-2009.
-5-
Les débits fluviaux des deux sous-régions marines Manche – mer du Nord et golfe de Gascogne
correspondent en France à un bassin de près de 70% environ du territoire métropolitain.
L'occupation des sols est différente entre les deux sous-régions marines. Si toutes deux présentent une
forte activité agricole, la sous-région marine Manche – mer du Nord est marquée par des zones urbaines
densément peuplées et des espaces naturels peu nombreux alors que le golfe de Gascogne est
caractérisé par peu de zones urbaines et des espaces naturels très présents.
Les évaluations initiales ne permettent pas pour cette thématique de caractériser les débits fluviaux à
l'échelle de la Bretagne.
1.3. Courantologie
La courantologie traduit l’importance et la nature de la circulation des eaux sur toute la colonne d’eau de
chaque sous-région marine. Les principaux facteurs qui interviennent sur les courants sont la marée, les vents,
les gradients de densité, certains ouvrages structurants (barrage, installations, etc.). Les courants interfèrent
avec la distribution des espèces animales et végétales, les sédiments sur l’ensemble de la colonne et sur le
fond.
Le principal processus physique à l'origine des courants en Manche est la marée semi diurne. C’est en Manche
que l’on trouve les marnages les plus importants et les courants de marée les plus forts de toutes les côtes
métropolitaines.
Ces courants de marée peuvent être alternatifs ou giratoires (Figure 1) et varient en intensité et en direction au
cours du cycle de la marée. En Manche, le régime des courants est généralement alternatif, le courant de flot
portant vers l’est - nord-est ou le nord-est accompagnant la marée montante tandis que le jusant porte vers
l’ouest à sud-ouest. En plusieurs endroits, notamment dans le golfe Normand Breton, le courant est giratoire et
porte donc successivement dans toutes les directions. Les courants résiduels moyens sont dirigés de
l’Atlantique vers la mer du Nord.
Figure 1 : Circulation générale des courants en Manche
-6-
En mers Celtiques, les courants sont liés à la fois à la grande circulation océanique et à la marée, portent en
moyenne vers le nord-ouest au large de la sous-région et sont alternatifs près de la pointe de la Bretagne. Les
courants de marée sont particulièrement violents aux abords de l’île d’Ouessant.
Les courants du golfe de Gascogne résultent des influences combinées de la marée, du vent, des différences de
densité de l’eau de mer et de la circulation à grande échelle, influencée par la bathymétrie. La circulation
générale de la couche de surface varie selon les saisons. Les courants de marée, faibles dans la plaine abyssale,
s’intensifient par petits fonds et peuvent être violents dans certaines zones côtières bretonnes.
Sur les côtes bretonnes, le principal processus physique à l'origine des courants est la marée avec de forts
marnages en Manche ouest et la présence de courants violents dans certaines zones côtières bretonnes.
1.4. Exposition aux vagues
Les états de mer (houles et vagues) sont la composante rapide de la dynamique océanique de surface, avec des
périodes généralement inférieures à 25 secondes dans les sous-régions considérées. Ces états de mer ont pour
conséquences des élévations de la surface libre dont la variation (de crête à creux) peut dépasser les 30 mètres,
mais aussi des fluctuations de vitesse et pression qui peuvent se faire ressentir jusqu'au fond, en fonction de la
longueur d'onde des vagues, ou encore une dérive moyenne.
En Manche - mer du Nord, les vagues sont en général peu élevées en raison de l’abri apporté par la proximité
des côtes, mais la sous-région peut connaître de fortes houles, supérieures à 2 ou 3 mètres, en particulier en
cas de vents forts et de courants de marée contraires.
En mers Celtiques, les vagues sont fortes, en raison à la fois des vents et de la houle due à l’ouverture sur
l’océan ; leur hauteur moyenne annuelle dépasse 2 mètres, voire 3 mètres en allant vers l’ouest. Le mois de
janvier se caractérise par les houles les plus marquées
Les vagues, conséquence de la large ouverture sur l'océan Atlantique de la sous-région marine golfe de
Gascogne, se caractérisent par de fortes houles, supérieures à 2, voire 3 mètres surtout dans le nord du golfe
en hiver, en particulier lors du passage des perturbations et de courants de marée contraires au vent.
Il n'existe pas, pour cette caractéristique, d'enjeu spécifique à la Bretagne.
1.5. Bathymétrie des fonds marins
La bonne connaissance de la topographie des fonds marins est fortement dépendante de deux aspects : le
recensement des données existantes et la qualité intrinsèque des données et leur niveau de traitement.
En Manche – mer du Nord, la bathymétrie se caractérise globalement par des fonds dépassant rarement 100
mètres (Figure 2). Les fonds les plus importants sont rencontrés à la jonction avec les mers Celtiques et dans
une longue faille qui s’étend au milieu de la Manche occidentale, atteignant ses plus grandes profondeurs au
nord des îles anglo-normandes. Le littoral peut être sujet à des évolutions relativement rapides causées par des
mouvements de dunes, dus à la marée et aux contraintes météorologiques, ou résultant de transits de
matières sédimentaires à l’embouchure des fleuves et des rivières. Plus au large, les courants de marée et la
houle peuvent être à l’origine de mouvements sédimentaires.
-7-
Figure 2 : Bathymétrie de la sous-région Manche - mer du Nord
En mers Celtiques, la bathymétrie se compose majoritairement d’un plateau continental s’achevant à son
extrémité occidentale par un talus (Figure 3). Le plateau continental se caractérise par une pente douce, peu
d’irrégularités, des fonds généralement compris entre 50 et 200 mètres. L’extrémité ouest de la zone présente
un talus abrupt et quasi-immédiat permettant d’atteindre des fonds supérieurs à 3000 mètres en 30 à 40
kilomètres. Les mouvements des fonds marins sont limités, en particulier sur la zone de plateau continental
dont la pente est faible, mais, à l’ouest, les nombreux canyons qui entaillent le talus sont le lieu de transits de
matières sédimentaires stockées momentanément, qui finissent par contribuer au remplissage de la plaine
abyssale.
Figure 3 : Bathymétrie de la sous-région mers celtiques
La bathymétrie du golfe de Gascogne (Figure 4) est caractérisée par la présence de trois ensembles : un large
plateau continental, un talus et une plaine abyssale. Le plateau continental se caractérise par une pente douce,
une largeur comprise entre 50 et 200 kilomètres et des fonds inférieurs à 200 mètres. Le talus continental,
interface entre le plateau et la plaine abyssale, se présente sous la forme d’un talus abrupt permettant
d’atteindre des fonds supérieurs à 3000 mètres en 30 à 40 kilomètres, entrecoupé de nombreux canyons et
comportant quelques plateaux. La plaine abyssale, zone d’accumulation des sédiments transitant par les
canyons qui les stockent momentanément, atteint des profondeurs d’environ 5000 mètres à l’extrémité ouest.
La répartition des sédiments dans la sous-région marine golfe de Gascogne est principalement contrôlée par les
courants marins qui sont importants près des côtes, la morphologie des fonds (distinction plateau
continental/talus) et les apports directs par les fleuves.
-8-
Figure 4 : Bathymétrie de la sous-région golfe de Gascogne
La Manche ouest est caractérisée par des eaux peu profondes (dépassant rarement les 100 mètres) alors
que la profondeur des deux autres sous-régions marines peut atteindre 5000 mètres.
1.6. Nature des fonds marins
En Manche – mer du Nord, la nature des fonds marins, très contrastée (Figure 5) en raison à la fois de la
géologie et de la distribution des sédiments meubles, présente les trois ensembles majeurs suivants : un socle
rocheux inférieur, une couche intermédiaire plate de cailloutis et une unité supérieure constituée de sédiments
sableux. Le long des côtes de Bretagne, le socle affleure sous la forme de reliefs rocheux résistants, allant
jusqu'à l'émersion d'îles et d'archipels. L'unité intermédiaire, constituée d'un épandage de cailloutis et de
graviers de quelques décimètres d’épaisseur, recouvre la majeure partie des fonds de la zone. L’unité
supérieure est composée de corps sableux remarquables que sont, par ordre de taille décroissante, les bancs,
les dunes de sable, les mégarides et les rubans.
-9-
Figure 5 : Carte de nature des fonds basée sur les cartes publiées de 1970 à 2010 – Manche – mer du Nord
En mers Celtiques, la nature des fonds marins, représentant également les habitats prédominants des fonds
marins, est beaucoup plus homogène que celle des autres sous-régions marines et la couche de sédiments
mobiles, majoritairement sableux, qui recouvre les fonds a été mise en place au cours des dernières glaciations
(Figure 6).
- 10 -
Figure 6 : Carte de nature des fonds basée sur les cartes publiées de 1970 à 2010 – mers Celtiques
La partie centrale de la sous-région comporte de nombreux bancs sableux anciens et stables, de grandes
dimensions recouverts par des dunes sableuses actuelles plus instables alors que sa frange orientale présente
des sédiments plus grossiers près des îles et des sables remodelés par les courants de marée. Des bancs et
dunes se forment également dans les zones plus calmes de ce secteur, comme aux extrémités du chenal du
Fromveur, ou de part et d'autre de la chaussée de Sein. Les vases, confinées sur la pente continentale, à
l'extrême ouest de la sous-région, se déposent par décantation lente et par débordement des courants sur les
flancs des cañyons, le fond de ceux-ci étant tapissé de sables fins.
Dans le golfe de Gascogne, la nature des fonds marins (Figure 7), représentant également les habitats
prédominants des fonds marins, montrent des sédiments sableux sur le plateau continental qui peuvent
transiter jusqu'aux grands fonds par les canyons ; les vases sont présentes en zones protégées côtières, mais
aussi dans les vasières du large, comme la Grande Vasière, ainsi que par grands fonds. Le golfe se caractérise
par une grande diversité de la côte aux grands fonds et, pour sa partie nord, par un socle de roches résistantes
(abords du Massif Armoricain).
- 11 -
Figure 7 : Carte de nature des fonds basée sur les cartes publiées de 1970 à 2010 – golfe de Gascogne
La nature des fonds présente des similitudes et des différences entre les trois sous-régions marines.
En Manche ouest, les fonds marins sont constitués de dépôts grossiers (cailloutis et graviers) et de reliefs
rocheux résistants. Dans le nord du golfe de Gascogne, la zone littorale est également occupée par des
reliefs rocheux résistants mais aussi par des vasières. L'extrême sud-ouest des mers Celtiques est
également occupé par les vases.
1.7. Régime de la température et de la salinité
La température et la salinité sont deux paramètres descriptifs d’hydrologie qui caractérisent les masses d’eaux
du milieu marin. Ils conditionnent la répartition, la migration, la nutrition et la reproduction des vertébrés et
invertébrés marins.
En Manche Ouest, la température et la salinité sont influencées par les panaches des fleuves et rivières du golfe
de Gascogne.
En mers Celtiques, la température et la salinité sont marquées par des eaux disposées en couches étagées
(eaux stratifiées) à l’ouest, présentant notamment un bourrelet froid vers 100 mètres de profondeur, et, à l’est,
par des eaux mélangées par les forts courants de marée. La zone de rencontre entre les eaux stratifiées du
large et les eaux côtières mélangées est appelée « front d’Ouessant ».
Dans le golfe de Gascogne, le régime de la température et de la salinité est la conséquence de plusieurs
processus hydrologiques :
- un bourrelet froid présent sur la Grande Vasière et à l’ouest d’Ouessant ;
- les panaches fluviaux des deux fleuves principaux, créant des dessalures et des eaux froides hivernales,
- des remontées d’eaux profondes (upwellings) locales sous l’influence des vents de secteur nord pendant la
belle saison ,
- une langue d’eau chaude automnale pouvant s’étendre du pays Basque à la Loire.
- 12 -
Les régimes de températures et de salinité sont interconnectés entre les trois sous-régions marines.
1.8. Turbidité
La turbidité constitue l’un des paramètres physiques descriptifs de la colonne d’eau (on entend ici par
« turbidité » l’obstruction à la pénétration de la lumière dans l’eau, due à la présence de particules solides en
suspension dans l’eau). Elle est reliée à la masse de ces particules en suspension (communément appelées
-1
« matières en suspension » : MES, exprimée en grammes par litre – g.l ). Hormis lorsque des filtrations d’eau
prélevée in situ sont effectuées (ce qui conduit, par pesée, à l’estimation de ces MES), la mesure de turbidité se
fait de manière indirecte, à partir de capteurs acoustiques ou optiques. La mesure obtenue, exprimée en unités
normalisées (le plus communément NTU : Nephelometric Turbidity Unit ou FNU : Formazin Nephelometric
-1
Unit), ne peut être transformée en g.l qu’à la suite d’une calibration, qui requiert systématiquement des
prélèvements d’eau in situ.
En mers Celtiques, la turbidité ne peut être décrite en l’absence d’un nombre suffisant de données disponibles
à l’échelle de la sous-région.
Pour les deux autres sous-régions, la turbidité est importante dans les régions côtières de faible profondeur en
raison du brassage par les courants et les vagues, qui entraîne la remise en suspension des particules dans
l’eau. Les eaux les plus transparentes se rencontrent donc au large. Le panache de la Seine constitue l’essentiel
des apports terrigènes de la zone Manche – mer du Nord. Les panaches de la Loire et de Gironde constituent
l’essentiel des apports terrigènes, estimés, pour l’ensemble du golfe de Gascogne, à 2.5 millions de tonnes / an.
La turbidité est importante dans les régions côtières de faible profondeur.
Les tendances observées sont similaires pour les deux sous-régions marines Manche – mer du Nord, golfe
de Gascogne.
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2. CARACTERISTIQUES CHIMIQUES
La description des caractéristiques chimiques, acidification, concentration en oxygène, nutriments,
chlorophylle, substances chimiques, complète le panorama des paramètres environnementaux soutenant la
biologie.
2.1. Acidification du milieu marin
L’acidité des eaux marines, comme des eaux douces, est mesurée par la valeur du pH. Dans un milieu
tamponné comme la mer ses variations traduisent une altération de la stabilité de sa valeur en relation avec le
cycle du carbone. Un abaissement (une acidification), même minime de sa valeur, peut être dommageable pour
la survie des organismes planctoniques animaux ou végétaux qui, pour certains, fixent le carbonate de calcium
présent en solution dans l’eau de mer.
L’acidification se traduit, dans la sous-région Manche – mer du Nord peu profonde, soumise à des forts
courants de marée et d’importants apports fluviaux, par un pH qui a baissé significativement sur la période
1994-2004, en relation avec l’augmentation de la teneur en gaz carbonique atmosphérique (cette baisse est
plus sensible dans la partie mer du Nord de cette sous-région).
En mers Celtiques, l’acidification se traduit également par une baisse significative du pH sur la période 19942004 en relation avec l’augmentation de la teneur en gaz carbonique atmosphérique. A la limite extérieure
(accores) du plateau continental, les efflorescences saisonnières d’algues planctoniques calcaires entraînent
une forte séquestration des carbonates.
De même, l’acidification se traduit par une baisse du pH sur la période 1994 – 2004 dans le golfe de Gascogne,
soumis à des remontées d’eaux profondes et aux importants apports fluviaux de la Loire et de la Garonne, en
relation avec l’augmentation de la teneur en gaz carbonique atmosphérique. Comme pour les mers Celtiques,
aux accores du plateau continental, les efflorescences saisonnières de coccolithophoridés entraînent une forte
séquestration des carbonates.
On observe une acidification des eaux marines des trois sous-régions. Cette acidification se traduit par
une baisse du pH sur la période 1994 – 2004 en relation avec l’augmentation de la teneur en gaz
carbonique atmosphérique. Toutefois, pour les deux sous-régions marines Manche – mer du Nord et
golfe de Gascogne, la valeur du pH des eaux de surface connaît de grandes variations spatiales et
temporelles en relation avec l’activité biologique, les apports des fleuves et l’éloignement de la côte vers
le large.
2.2. Répartition spatio-temporelle de l’oxygène
L’oxygène dissous dans l’eau de mer est un composé ubiquiste dont la concentration dans une masse d’eau est
régie par une multitude de processus biotique et abiotique. Les propriétés thermodynamiques (température,
salinité, pression), la dynamique physique (courant, mélange de masses d’eau, injection de bulles ou microbulles, échange air-mer), les processus de photo-oxydation, les processus d’oxydation chimique et les
processus biologiques (photosynthèse, respiration et de nitrification en milieu aérobie) influent à des échelles
diverses et variables sur la concentration en oxygène dissous dans l’eau de mer.
En Manche – mer du Nord et en mers Celtiques, la concentration en oxygène, dans des eaux mélangées sur
l’ensemble de l’année, présente, de manière générale, une sous-saturation en période hivernale, associée au
mélange vertical des eaux, suivie, en été, par une sursaturation en surface, associée au développement du
phytoplancton. Aucune baisse importante de concentration (hypoxie) n’a été enregistrée dans ces sous-régions
marines.
De la même manière, les eaux superficielles du golfe de Gascogne sont sous-saturées en oxygène pendant la
période hivernale en raison du mélange vertical des eaux, sur-saturées en été à la suite du développement du
phytoplancton. Cependant, quelques baies fermées présentent, à certaines périodes, des situations de faible
teneur en oxygène (hypoxie), en particulier la baie de Vilaine. En effet, la baie de Vilaine est le site connu pour
développer ces crises dystrophiques à l’occasion de conditions météorologiques particulières (faible mélange
vertical). Ce site fait donc l’objet depuis 2008 d’une surveillance haute fréquence à l’aide de la bouée MOLIT
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(outil développé par Ifremer pour l’observation en continu de paramètres hydrologiques, météorologiques, et
de qualité des eaux marines en baie de Vilaine). Cette surveillance a mis en évidence la récurrence des
phénomènes hypoxiques estivaux (voir la thématique « eutrophisation » de l’analyse des pressions et impacts).
Les tendances observées sont similaires pour les 3 sous-régions marines :
- phénomène de sous-saturation en oxygène en période hivernale
- situation de sur-saturation en été à la suite du développement du phytoplancton.
En Bretagne, quelques baies fermées présentent, à certaines périodes, des situations de faible teneur en
oxygène, en particulier la baie de Vilaine, très sensible à l'eutrophisation et au phénomène d'hypoxie.
2.3. Répartition spatio-temporelle des nutriments
Les nutriments sont constitués des sels minéraux présents sous formes dissoutes ou non dans l’eau de mer et
qui permettent le développement de la production primaire pour les organismes autotrophes. Ils proviennent
soient des apports fluviaux ou atmosphériques, voire de la minéralisation de la matière organique marines.
Leurs origines sont donc naturelles par lessivage des sols ou anthropiques par les apports urbains, industriels
ou agricoles.
L’acquisition de données relatives aux nutriments est coûteuse tandis que la qualité des mesures est fortement
dépendante des conditions de prélèvement et d’analyse. Les informations dans les sous-régions marines
Manche – mer du Nord et golfe de Gascogne concernent essentiellement les nitrates en zone littorale. Elles ne
permettent pas de déceler de tendances significatives, faute de suivis réguliers. Au large, la surveillance est
ponctuelle et réduite aux mesures des campagnes en mer. La modélisation doit pouvoir compléter ce déficit de
données terrain sous réserve de disposer d’un jeu de données suffisant.
En mers Celtiques, les données sur les nutriments sont principalement associées aux études menées sur le
front d’Ouessant et concernent surtout les nitrates. La concentration des nutriments, contrôlée par le
développement du phytoplancton, devient quasi-nulle en été à l’exception de la zone du front d’Ouessant.
- 15 -
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Figure 8 : Cartes de distribution en surface (0 – 10 m) des données de nitrate, phosphate et silicate pour deux
saisons (janvier, février, mars et avril, mai, juin) réalisées par la méthode des voisins naturels sous ARCMAP –
Manche – mer du Nord – mers Celtiques - golfe de Gascogne
L'acquisition de données sur les nutriments est couteuse et il existe ainsi peu d'information sur la
répartition de ces nutriments. Les données disponibles concernent principalement les nitrates en zone
littorale.
Les informations contenues dans les évaluations initiales ne permettent pas pour cette thématique de
caractériser les cartes de distribution des nutriments à l'échelle bretonne.
2.4. Répartition spatio-temporelle de la chlorophylle
Le phytoplancton est une composante essentielle du milieu marin. Premier maillon de la chaîne alimentaire, il
est indispensable à la vie marine mais son excès peut être redouté, lorsque l’espèce dominante émet des
toxines ou lorsque la biomasse atteint de tels niveaux que l’équilibre du milieu est en jeu. On parle alors
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d’eutrophisation. Le pigment chlorophyllien, qui caractérise les végétaux en permettant la photosynthèse, est
un indicateur de la biomasse du phytoplancton.
En Manche – mer du Nord, la production de chlorophylle démarre dès février dans la partie peu profonde du
nord-est de la Manche, puis se développe progressivement vers l’ouest et la mer du Nord au fur et à mesure
que la lumière disponible augmente. En été, la production, limitée par les éléments nutritifs, ne demeure
véritablement importante qu’à proximité des fleuves. Des niveaux élevés peuvent être brièvement observés
l’été à l’entrée ouest de la Manche lors de la mise en place de la stratification thermique qui dispose les masses
d’eau en couches étagées.
En mers Celtiques, la production chlorophyllienne démarre en mars – avril à l’ouest, plus tardivement à l’est de
la sous-région. Les niveaux de chlorophylle sont relativement faibles mais le brassage des eaux favorise la
régénération du phytoplancton dans certaines zones.
Dans le golfe, la production de chlorophylle démarre en mars-avril en Bretagne-sud, mais peut également être
intense en hiver dans les panaches fluviaux. Trois zones sont bien distinctes, à savoir le large, le talus
continental et la bande côtière qui, de la Gironde à la Bretagne-sud, constitue la zone la plus productive en
raison des apports nutritifs des fleuves.
Pour les eaux marines bretonnes, la production chlorophyllienne démarre en début de printemps mais
peut également être intense en hiver en Bretagne sud dans les panaches fluviaux et en été en Bretagne
nord (Manche ouest) lors de la mise en place de la stratification thermique qui dispose les masses d’eau
en couches étagées.
2.5. Substances chimiques problématiques
Les substances chimiques sont acheminées de diverses manières dans le milieu marin : origine naturelle,
déversements liés au trafic maritime, rejets des activités industrielles véhiculés par les cours d’eau, etc. Ces
polluants qui sont mesurés dans l’eau, le sédiment ou la matière vivante présentent de nombreux dangers pour
la vie marine. Un certain nombre d’organismes possèdent la propriété d'accumuler les contaminants présents
dans le milieu jusqu'à atteindre un équilibre avec lui. Les teneurs en contaminants peuvent ainsi atteindre des
valeurs importantes dans les organismes situés en bout de chaîne alimentaire et présenter des risques pour la
consommation humaine.
Les substances chimiques problématiques – métaux, organochlorés, hydrocarbures aromatiques polycycliques
(HAP) - ont été surveillées depuis une trentaine d’années à partir de prélèvements dans la matière vivante et
les sédiments réalisés essentiellement dans la zone côtière et ne rendant pas compte de contaminations
pouvant être causées par l’important trafic maritime.
Les résultats mettent en évidence des secteurs sensibles sur les côtes bretonnes, contaminés du fait d’activités
humaines parfois anciennes : on peut citer en particulier à ce titre la rade de Brest, la Bretagne-sud et la rade
de Lorient.
En mers Celtiques, les substances chimiques problématiques font l’objet d’un suivi à Ouessant, au titre de la
directive-cadre sur l'eau (DCE), qui ne révèle aucune mesure déclassante. Ce suivi, représentatif de la seule
bande littorale autour de l’île d’Ouessant, ne rend pas compte des contaminations éventuelles liées à
l’important trafic maritime et ne permet pas de mettre en évidence des zones sensibles.
Il existe en Bretagne des zones côtières sensibles contaminées par des substances chimiques. Concernant
les zones plus au large, le suivi ne rend pas compte des contaminations éventuelles liées à l’important
trafic maritime et ne permet pas de mettre en évidence des zones sensibles.
2.6. Questions sanitaires
Ce chapitre ne couvre que des contaminants chimiques listés dans le règlement n°1881/2006 (PCB, dioxines,
HAP, Cd, Pb et Hg).
Il n'existe pas à cette date de synthèse disponible pour les mers Celtiques (en cours de rédaction).
Les niveaux de contamination des mollusques bivalves en cadmium, plomb, mercure et benzo(a)pyrène en
Manche sont inférieurs aux seuils de dépassement réglementaire.
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La sous-région marine golfe de Gascogne est caractérisée par une fréquence non négligeable de dépassements
réglementaires, en particulier en ce qui concerne le cadmium. Les niveaux de contamination sanitaire des
mollusques bivalves montrent une fréquence non négligeable de dépassements réglementaires (Règlement
2006/1881), en particulier en ce qui concerne le cadmium, qui pourraient être dus à certains points chauds ou
« hot spots » qu’il conviendrait d’identifier plus précisément. Pour les teneurs en plomb, mercure et
benzo(a)pyrène, aucun dépassement réglementaire n’a été constaté entre 2000 et 2010 (2007 pour le
benzo(a)pyrène). De plus, les concentrations observées se situent, dans les trois cas, nettement en dessous de
la limite réglementaire.
Les niveaux de contamination des mollusques bivalves en cadmium, plomb, mercure et benzo(a)pyrène
en Manche sont inférieurs aux seuils de dépassement réglementaire.
Il existe des secteurs sensibles contaminés en Atlantique, en particulier par le cadmium, qu’il
conviendrait d’identifier plus précisément.
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3. DESCRIPTION DES PRINCIPAUX HABITATS OU BIOTOPES
Les habitats du milieu marin sont traditionnellement divisés entre habitats pélagiques, qui sont ceux de la
colonne d’eau, et habitats benthiques, qui sont ceux des fonds marins. Ceux-ci sont traditionnellement classés
selon une distribution verticale qui distingue les étages suivants : supralittoral, médiolittoral, infralittoral,
circalittoral, bathyal et abyssal, ces deux derniers étages étant absents en Manche (Figure 9).
Figure 9 : Schéma représentant le milieu marin (fonds et colonne d’eau)
3.1. Distribution des principaux biotopes de fonds marins
La distribution des principaux biotopes des fonds marins repose sur une modélisation utilisant les données
historiques existantes telles que la profondeur, la nature du substrat, la transparence de l’eau, les vagues et les
courants.
L’examen des cartes d’habitats physiques pour la région Manche – mer du Nord dans sa partie bretonne,
(Figure 10) montre que les sédiments fins s’accumulent dans la baie du Mont Saint-Michel. En Bretagne nord,
les roches infra- et circalittorales descendent rapidement jusqu’aux fonds de cailloutis, mais leur description
souffre du manque de connaissance de la nature des fonds. En particulier, les voisinages de sédiments grossiers
et de roches seraient très importants à mieux connaître en zone infralittorale où l’action combinée des vagues
et courants peut entraîner une forte abrasion sur les roches.
La nature du fond est, en effet, mal connue en Bretagne nord car elle n’a pas fait l’objet d’une cartographie
détaillée homogène. En particulier, la description de la couche rocheuse est très insuffisante, les cartographies
historiques à moyenne échelle n’ayant concerné que le large. Les données détaillées résultant de relevés
locaux qui permettraient cette synthèse sont disponibles de manière quasicontinue. L’enjeu reste de les
assembler et de les traduire en classification de Folk simplifiée.
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Figure 10 : Habitats physiques des fonds marins dans la typologie EUNIS (European Nature Information System)
– Manche – mer du Nord
En mers Celtiques, le caractère très lacunaire des données, en dehors des abords de l’île d’Ouessant, ne permet
d’appliquer le modèle que sur une très faible partie de cette zone (Figure 11).
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Figure 11 : Habitats physiques des fonds marins dans la typologie EUNIS (European Nature Information System)
– mers Celtiques
Grâce aux travaux historiques des benthologues et des géologues, à la typologie européenne EUNIS et plus
récemment à la modélisation, une cartographie des principaux biotopes benthiques est disponible pour la sousrégion marine mers Celtiques à l’exception de certains secteurs du large. Les grands traits de la distribution des
principaux habitats sont caractérisés par la présence de sédiments grossiers à cailloutis circalittoraux dans la
Manche occidentale. Les sédiments vaseux sont absents sur le plateau continental mais présents dans la plaine
abyssale. Des travaux complémentaires restent à mettre en œuvre pour améliorer la résolution spatiale et
temporelle.
L’examen des cartes d’habitats physiques pour la sous-région golfe de Gascogne (Figure 12) montre les grands
traits suivants. Le plateau continental du golfe de Gascogne est majoritairement occupé par les fractions
sableuses circalittorales, parcourues de veines vaseuses profondes. Au centre, on note la présence de larges
plateaux rocheux circalittoraux peu ou modérément exposés. Au nord, la Grande Vasière s’étend sur plus d’une
cinquantaine de milles, où elle succède directement aux roches circalittorales côtières, dont la biologie a été
très peu observée. Le long de la côte bretonne, les habitats sont extrêmement hétérogènes, allant des vases et
des sables à tous types de roches d’exposition variable, donc susceptibles en domaine infralittoral d’être
couvertes d’algues à des taux de couverture et de biomasse très variables. Les vases côtières occupent
principalement le Mor Braz.
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Figure 12 : Habitats physiques des fonds marins dans la typologie EUNIS (European Nature Information System)
– golfe de Gascogne
La représentation des habitats physiques ainsi obtenue montre quelques grands traits des principaux
habitats au large des côtes bretonnes. Les sédiments fins s'accumulent dans la baie du Mont SaintMichel. En Manche ouest, les roches infra- et circalittorales descendent rapidement jusqu’aux fonds de
cailloutis. En mers Celtiques, les principaux habitats sont caractérisés par la présence de sédiments
grossiers à cailloutis circalittoraux. Les sédiments vaseux sont présents dans la plaine abyssale des mers
Celtiques et au large de la Bretagne sud sur la Grande Vasière qui s'étend sur plus d'une cinquantaine de
milles.
Les habitats côtiers bretons sont très hétérogènes et restent peu connus en Bretagne nord.
3.2. Distribution des principaux biotopes de la colonne d'eau
La description des principaux biotopes de la colonne d’eau a fait appel à l’analyse de données physiques,
hydrodynamiques et satellitaires afin de déterminer des structures homogènes de la colonne d’eau.
La méthode utilisée (Figure 13) permet d’identifier 10 groupes, présentant une variabilité annuelle des
conditions hydrologiques similaires. Parmi ces 10 paysages hydrologiques, les trois sous-régions marines en
comptabilisent 9. Cette classification distingue dans un premier temps les paysages hydrologiques côtiers, de
faible profondeur et mélangés tout au long de l'année sous l'influence de la marée (groupe 3) et/ou influencés
par les fleuves (2, 6) et des paysages montrant une stratification saisonnière. Cette stratification thermique
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saisonnière est décalée dans le temps, et plus ou moins intense, du sud vers le nord du golfe de Gascogne (5, 8,
10, 4). Le groupe 1 se distingue le long du talus au nord, présentant une moindre stratification saisonnière du
fait du mélange par les ondes internes (golfe de Gascogne et mers Celtiques). Enfin, le groupe 9, peu
représenté en mers Celtiques (zone du front d'Ouessant) et surtout présent en Manche, représente un paysage
hydrologique peu ou pas stratifié, restant relativement froid en comparaison à la zone golfe de Gascogne.
Figure 13 : Distribution spatiale des paysages hydrologiques identifiés par l’AFM – Exemple pour la sous-région
marine golfe de Gascogne
La combinaison de différentes méthodes d’analyse statistique aboutit à l’identification de paysages
hydrologiques qui représentent des zones géographiques homogènes au plan des indices hydrologiques
sélectionnés, et contribuent fortement à la structuration des biocénoses. Ces structures hydrologiques
homogènes peuvent constituer des entités géographiques favorables au développement de certaines
communautés pélagiques, mais aussi démersales et benthiques.
Les différents paysages hydrologiques des trois sous-régions marines sont interconnectés et
chevauchants.
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4. CARACTERISTIQUES BIOLOGIQUES ET BIOCENOSES
Une biocénose est l'ensemble des êtres vivants coexistant dans un espace défini, le biotope ou habitat.
4.1. Communautés du phytoplancton
Le phytoplancton est constitué d’organismes autotrophes généralement unicellulaires et ses composants
constituent le premier maillon de la chaîne alimentaire aquatique terrestre et marine. Il est présent en milieu
pélagique majoritairement mais se développe également en milieu benthique à la surface des sédiments.
Les communautés de phytoplancton sont évaluées à partir de données issues de mesures sur place, de cartes
satellitaires et de simulations effectuées à partir de modèles. Il est possible de décrire le phytoplancton,
représenté par les diatomées, majoritaires au milieu au printemps, les dinoflagellés, surtout visibles en été et
automne, et les nanoflagellés, d’apparitions plus fugaces.
Les diatomées, qui représentent le groupe dominant du bloom printanier, sont abondantes sur l’ensemble du
plateau continental (pour les trois sous-régions marines), les plus grandes concentrations se rencontrant au
niveau des panaches des fleuves.
Les dinoflagellés prolifèrent dans les panaches et dans les zones stratifiées thermiquement durant la belle
saison, qui disposent les masses d’eau en couches étagées, soit potentiellement l’ensemble du golfe de
Gascogne et des mers Celtiques et l'entrée de la Manche.
Les deux groupes de nanoflagellés majoritairement représentés sont des nanoflagellés de front thermique que
l’on rencontre à partir de fin mai-début juin, notamment sur le front d’Ouessant et en Manche occidentale, et
des nanoflagellés du panache.
Les répartitions des communautés du phytoplancton sont homogènes pour les trois sous-régions
marines.
4.2. Communautés du zooplancton
Le zooplancton ou plancton animal est un élément essentiel de la chaîne alimentaire du milieu pélagique. Il est
constitué d’organismes hétérotrophes et est réparti, classiquement, en deux groupes : l’holoplancton, individus
bouclant la totalité de leur cycle de vie en milieu planctonique (copépodes, chétognathes, ostracodes, etc.) et
le méroplancton : individus ne faisant partie du zooplancton que pendant une partie de leur cycle de vie
(généralement le stade larvaire par exemple les œufs et larves de poissons, les larves de crustacés, coquillages,
etc.).
Les communautés de zooplancton font l’objet, d’une manière générale, de peu de suivis pérennes et les eaux
des trois sous-régions marines sont peu étudiées (travaux relativement dispersés et souvent locaux).
La sous-région Manche – mer du Nord présente des zones d’intérêt, comme la baie du Mont Saint-Michel pour
la Manche ouest.
Les zones d’intérêt particulier en mers Celtiques sont d’une part la bande d’eau s’étendant le long du talus
continental (accores), d’autre part le front thermique d’Ouessant.
Les zones méritant un intérêt particulier dans le nord du golfe de Gascogne, sont les accores (rupture de pente)
du plateau continental, la baie de Vilaine et les panaches estuariens.
Les communautés du zooplancton sont peu étudiées; seules quelques zones d'intérêt ont pu être
identifiées à l'échelle des eaux marines bretonnes.
4.3. Biocénoses du médiolittoral
L’étage médiolittoral correspond à la zone de rétention et de résurgence de la zone de balancement des
marées, il se complète avec l’étage supralittoral (zone de sable sec) pour former la zone intertidale dans son
ensemble (Figure 9).
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Les trois biocénoses des fonds meubles présentes dans les sous-régions marines Manche – mer du Nord et
golfe de Gascogne (parties bretonnes) sont les vasières littorales, les sables plus ou moins envasés et les sables
fins propres. Ces biocénoses comportent principalement des mollusques vivant sur des fonds sableux ou
vaseux. Localement, des perturbations liées à des contaminations chimiques ou des excès de nutriments
peuvent entraîner des diminutions importantes de biodiversité.
Les cinq biocénoses des fonds durs sont les roches et blocs à dominance algale, les roches et blocs à dominance
animale, les cuvettes ou mares permanentes, les grottes en mer à marée et les champs de blocs.
Les trois habitats particuliers recensés en Manche - mer du Nord et dans le golfe de Gascogne sont les bancs
intertidaux de moules sur les sédiments mixtes et sableux, les herbiers de zostères et les récifs d’hermelles.
En mers Celtiques, les biocénoses de cet étage ne sont représentées qu’à l’île d’Ouessant et dans l’archipel de
Molène. Les fonds meubles sont constitués de graviers et de sables mal triés. Les fonds durs présentent les cinq
mêmes habitats que pour la Manche – mer du Nord et le golfe de Gascogne (dans leur partie bretonne).
Les trois sous-régions marines présentent les mêmes biocénoses (biocénoses des fonds meubles et des
fonds durs). Ces biocénoses comportent principalement des mollusques vivant sur des fonds sableux ou
vaseux.
On note la présence d'habitats particuliers en Manche ouest et dans le nord du golfe (les bancs
intertidaux de moules sur les sédiments mixtes et sableux, les herbiers de zostères et les récifs
d’hermelles).
4.4. Biocénoses de l’infralittoral
Le domaine infralittoral se trouve dans le prolongement de l’étage médiolittoral, soit de la limite inférieure de
basse mer jusqu'à la limite avec le circalittoral, définie par la disparition de la lumière à 99 % par rapport à la
lumière reçue en surface (Figure 9).
En Manche et dans le golfe de Gascogne, les habitats des fonds meubles de l’infralittoral, peuvent être
schématiquement classés en trois catégories selon le degré de finesse du sédiment (soit les graviers, les sables
et les vases). Les biocénoses, dominées par des mollusques bivalves et des petits crustacés, présentent parfois
une importante richesse d’espèces et ont souvent un rôle majeur de nourricerie. Ils sont sensibles et parfois
menacés par certaines activités humaines.
Les fonds durs ou rocheux de l’infralittoral sont surtout représentés sur les côtes de Bretagne par les
biocénoses à laminaires et autres algues phéophycées (Figure 14).
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Figure 14 : Composition et densité des algues de l’infralittoral supérieur – Manche – mer du Nord et partie
bretonne du golfe de Gascogne
Le long des côtes bretonnes, les sept habitats particuliers présents sont : les herbiers de zostères, les bancs de
maërl, d’huîtres plates et de modioles, les récifs à Sabellaria spinulosa (vers polychètes formant localement des
récifs), les bancs de lanices (vers polychètes) et enfin, les tombants, grottes et surplombs.
Pris en compte dans le cadre réglementaire de la DHFF, de la DCE, de la convention d’OSPAR, ces habitats dont
l’extension géographique reste à compléter, voire à définir, présentent des états et des évolutions variables :
les herbiers de zostères (Z. marina) présents dans le golfe sont actuellement en extension. Les bancs de lanice
sont majoritairement stables. L’état de la connaissance est largement insuffisant pour les bancs de maërl et les
bancs de modioles en Manche occidentale. Les bancs d’huîtres plates, décimés par deux épizooties sont, quant
à eux, à l’état quasi-relictuel sauf en baie de Quiberon.
En mers Celtiques, les données disponibles ne permettent pas de se prononcer sur l’état ou l’évolution des
biocénoses des fonds meubles ; par contre, les fonds durs, surtout représentés par les biocénoses à laminaires
et autres algues brunes font l’objet de programmes de suivi en Manche et Atlantique. S’agissant des habitats
particuliers, seuls deux herbiers de zostères ont été localisés à Ouessant.
Il convient de noter le caractère fragmentaire du niveau de connaissances des biocénoses de cet étage dans la
sous-région mers Celtiques, qui se caractérise par un fort hydrodynamisme (fortes houles et vagues, courants
violents) et par une influence limitée des activités humaines en dehors des pollutions accidentelles. Ces
conditions ont permis une grande richesse des peuplements, qui en fait une zone d’intérêt patrimonial, et
justifie son classement en tant que Réserve Mondiale de Biosphère et son inclusion dans le Parc Naturel Marin
d’Iroise. Des travaux complémentaires réguliers permettraient d’établir des points de comparaison avec les
sites continentaux, plus exposés aux influences des activités humaines.
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La Manche ouest et le golfe de Gascogne présentent les mêmes biocénoses (biocénoses des fonds
meubles et des fonds durs). Les fonds durs ou rocheux de l'infralittoral sont représentés sur les côtes
bretonnes par les biocénoses à laminaires et autres algues. Ces biocénoses de l'infralittoral présentent
parfois une richesse importante d'espèces et ont souvent un rôle de nourricerie.
Les habitats particuliers sont en Manche ouest et dans le golfe : les herbiers de zostères, les bancs de
maërl, d’huîtres plates et de modioles, les récifs à Sabellaria spinulosa (vers polychètes formant
localement des récifs), les bancs de lanices (vers polychètes) et les tombants, grottes et surplombs. Pour
les mers Celtiques, seuls deux herbiers de zostères ont été localisés à Ouessant.
Les données disponibles pour les trois sous-régions permettent de se prononcer sur l'état ou l'évolution
de certains habitats, cependant la connaissance reste fragmentaire (absence de données sur les
biocénoses de fonds meubles en mers Celtiques, extension géographique des habitats à compléter pour
les trois sous-régions, etc.).
4.5. Biocénoses du circalittoral
La frontière supérieure de l’étage circalittoral correspond à la partie inférieure de la zone photique (1 % de la
lumière incidente) délimitant la zone de disparition des macroalgues dressées photophiles et favorisant les
algues sciaphiles. La frontière inférieure du domaine circalittoral est indiquée par la rupture de la pente du
plateau continental qui marque le début de l’étage bathyal (Figure 9).
En Manche – mer du Nord, les fonds meubles, qui comprennent des cailloutis, des graviers, des sables et des
vases, abritent des espèces globalement peu diversifiées, avec une dominance d’échinodermes, de vers et de
crustacés. Les fonds durs du circalittoral, surtout présents à l’ouest du Cotentin, sont caractérisés par la
présence de nombreuses éponges, gorgones, alcyons, ascidies et de quelques coraux, comme au large de l’île
de Sein et de Roscoff. Les habitats particuliers sont, pour les fonds meubles, les bancs de modioles, de moules,
les récifs d’hermelles, pour les fonds durs, les tombants, grottes et surplombs et également les bancs de
moules.
En mers Celtiques, les biocénoses des fonds meubles – sables grossiers et sédiments grossiers sablo-graveleux –
sont dominées par les céphalocordés et les mollusques. Les fonds durs, très minoritaires, abritent des
biocénoses dominées par les macroalgues, qui atteignent des profondeurs importantes en raison de la
transparence de l’eau, mais également des biocénoses d’hydrodynamisme intense, des biocénoses à axinellidés
(éponges) et brachiopodes (bivalves primitifs) ou à coraux sur roche. Les tombants, grottes et surplombs sont
des habitats particuliers observés autour de l’île d’Ouessant. L’agitation des eaux limite fortement l’acquisition
des connaissances relatives au développement de certaines biocénoses dans des zones profondes.
La grande surface du plateau continental du golfe de Gascogne rend cet étage particulièrement important. Les
fonds meubles, qui comprennent les cailloutis, graviers, sables et vases, abritent aussi bien des espèces fixées
que des espèces mobiles, avec une dominance d’échinodermes, de vers polychètes et de crustacés comme le
crabe tourteau, l’araignée de mer ou la langoustine. Les fonds durs, largement présents, sont caractérisés par
de nombreuses éponges, gorgones, alcyons, ascidies et quelques coraux.
Parmi les habitats particuliers, il convient de signaler les vases à pennatules, les habitats à coraux froids,
présents de manière marginale, les bancs de modioles, les récifs d’hermelles, les tombants, grottes et
surplombs, les bancs de moules.
Les trois sous-régions marines se caractérisent par des biocénoses du circalittoral distinctes et des
habitats particuliers communs mais aussi spécifiques à chacune des sous-régions.
La grande surface du plateau continental du golfe de Gascogne rend cet étage particulièrement
important pour cette sous-région; avec une grande diversité d'espèces fixées ou mobiles (échinodermes,
vers, crustacés, éponges, etc.).
4.6. Biocénoses du bathyal et de l’abyssal
Le rebord du plateau, situé aux environs de 200 mètres, a été retenu comme limite supérieure du bathyal. En
l’absence d’indication régionale, 2 700 mètres a été retenu comme limite inférieure du bathyal, la zone la plus
profonde correspondant à l’abyssal (Figure 9).
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La zone bathyale est formée d’une succession de canyons présentant une morphologie particulièrement
complexe (présence de ravines, de chenaux, de zones d’effondrement, de crêtes, de marches, de falaises, etc.)
et d’interfluves.
En mers Celtiques, les fonds meubles du bathyal et de l’abyssal sont appréhendés par la bibliographie et les
récentes données d’imagerie, qui n’ont pas mis en évidence la présence de coraux, de pennatules ou de
gorgones. Sur les fonds durs, il convient de signaler la présence de récifs de coraux, qui constituent également
des habitats particuliers, de gorgones et de grandes éponges.
Dans le golfe de Gascogne, les connaissances des biocénoses des fonds meubles et des zones rocheuses des
étages bathyal et abyssal, quoique éparses (Figure 15), permettent de mettre en évidence la régression notable
des coraux d’eau froide, en particulier entre 160 et 500 mètres de profondeur.
Figure 15 : Distribution des espèces de coraux Lophelia pertusa et Madrepora oculata (bases de données et
imagerie) : a) Lophelia pertusa ; b) Madrepora oculata
Seules les sous-régions mers Celtiques et golfe de Gascogne présentent ces étages bathyal et abyssal. Les
connaissances des biocénoses des fonds meubles et des zones rocheuses restent éparses.
On note cependant, dans le golfe de Gascogne, la régression des coraux d’eau froide (habitat particulier
également présent en mers Celtiques) mise en évidence, en particulier entre 160 et 500 mètres de
profondeur.
En mers Celtiques, d’une manière générale, la rareté des prospections rend impossible, pour ces deux
étages, l’évaluation de l’état écologique ou la mise en évidence de tendances évolutives.
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4.7. Peuplements démersaux
Les populations démersales concernent les espèces vivant sur le fond ou à proximité du fond. Il s’agit de
populations ichtyologiques et de céphalopodes. En l’état de la connaissance, les céphalopodes sont
uniquement mentionnés lorsque des données sont disponibles et l’analyse ci-après se concentre sur les
populations ichtyologiques.
La Manche est très riche en espèces marines. Une proportion importante des espèces halieutiques
commerciales européennes y sont présentes et exploitées, probablement du fait des profondeurs relativement
faibles et de la grande variété d’habitats de cette région. Les types d’espèces rencontrées sont très diversifiés.
On y trouve des poissons plats (la sole, la plie, la limande, la limande-sole, le turbot, la barbue), des gadidés (le
merlan, le cabillaud, les tacauds, le lieu jaune), d’autres espèces démersales telles le grondin rouge, le rouget
barbet de roche, le bar ou le griset, des chondrichtyens (les raies, les roussettes et les requins), des crustacés
(le tourteau, l’araignée, le homard, la crevette grise), des mollusques bivalves (la coquille Saint-Jacques) ou
céphalopodes (la seiche et les encornets). Ces espèces se trouvent en association avec des poissons pélagiques
comme le hareng, le maquereau, le sprat, la sardine, le chinchard.
Au cours des deux dernières décennies, la structure et la composition des communautés démersales, évaluées
par le biais de campagnes d’observation, ont peu varié malgré les pressions exercées sur elles par les activités
humaines.
La plupart des espèces de poissons présentes en Manche, telles que le hareng, la sole, le merlan et le lieu jaune
ont une répartition géographique plus large et sont rencontrées également dans les mers adjacentes (mers
Celtiques et mer du Nord). La distribution spatiale des peuplements démersaux est peu connue en Manche
occidentale en l’absence de campagnes portant sur l’ensemble de cette zone. La Manche ouest ne présente pas
de peuplements démersaux profonds.
Les peuplements démersaux du plateau continental des mers Celtiques ont de larges distributions
géographiques qui englobent une ou plusieurs sous-régions adjacentes. Les principales espèces de grande taille
sont l’églefin, le merlan, la petite roussette, la morue, les grondins, la cardine, les baudroies, etc. Les
campagnes scientifiques menées de 1997 à 2010 font apparaître une stabilité de la communauté, dont l’état
s’était dégradé entre 1997 et 2002 en raison des pressions exercées par les activités humaines.
La composition des peuplements démersaux profonds présente des espèces dominantes qui varient selon la
profondeur selon la profondeur :
- merlu, églefin, baudroie, Saint-Pierre, roussette, etc. à la rupture plateau – pente (200 à 400 mètres),
- merlu, sébaste chèvre, baudroie, phycis de fond, cardines, etc. sur la pente supérieure (750 mètres),
- mulet noir et Alepocephalidae, hoplostète orange, grenadier de roche, sabre noir, requins et chimères sur
pente moyenne (jusqu’à 1 500 mètres).
Les populations de plusieurs espèces de raies et de requins ainsi que de la dorade rose sont en mauvais état. Il
n’existe que peu ou pas d'indicateurs de tendance pour les populations vivant au-delà de 1500 mètres de
profondeur.
Dans le golfe de Gascogne, les espèces démersales du plateau continental (poissons) présentent une forte
biodiversité et plus de 576 espèces démersales y ont été recensées. Les tacauds, le sanglier, la grande argentine
et le merlu européen représentent ensemble plus de la moitié de la biomasse et de l'abondance totales des
poissons chalutés au cours des campagnes scientifiques. Aux accores du plateau et en haut de la pente, la
communauté démersale est dominée en nombre par les juvéniles du merlan bleu. Au cours des deux dernières
décennies, la structure et la composition des communautés ont peu varié d’une manière générale, mais ces
évaluations demandent à être complétées pour certaines espèces en déclin, comme les raies et requins, et
pour certaines zones.
Les peuplements démersaux profonds : aux différentes profondeurs s’étageant du bord du plateau continental
(200 mètres) à la plaine abyssale (plus de 4 000 m) sont associées des populations spécifiques de poissons, de
diversité et d’abondance très hétérogènes.
Les principales espèces exploitées sont concentrées dans des profondeurs allant de 200 à 1 500 mètres. Si les
connaissances sur l’état général de ces populations et leur évolution sont fragmentaires, les populations de
plusieurs espèces de raies et requins ainsi que de la dorade rose sont en mauvais état.
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Les trois-sous-régions marines présentent une importante diversité d'espèces marines démersales. De
manière générale, au cours des deux dernières décennies, les campagnes scientifiques font apparaître
une stabilité des communautés démersales, mais ces évaluations demandent à être complétées pour
certaines espèces en déclin dans certaines zones. La distribution spatiale des espèces reste peu connue
en Manche ouest en l'absence de campagnes portant sur cette zone.
Les peuplements démersaux d'une sous-région marine donnée ont de larges distributions géographiques
transgressant parfois les frontières de la sous-région et qui englobent une ou plusieurs sous-régions
adjacentes (métropolitaines, relevant d'autres états membres, ou au-delà des eaux européennes). Les
enjeux doivent donc être identifiés en prenant en compte les zones adjacentes
4.8. Populations ichtyologiques pélagiques
Les populations ichtyologiques pélagiques sont des populations vivant dans la colonne d’eau. Elles sont décrites
ci-après en fonction de leur taille : petits pélagiques et grands pélagiques.
En Manche – mer du Nord, la plupart des espèces de petits poissons pélagiques présentes sont « passagères »
et se distribuent en fonction de leur cycle de migration ou des exigences de leur reproduction. Leur abondance
dépend par ailleurs de l’état d’un stock évalué en tenant compte des zones adjacentes, golfe de Gascogne,
mers Celtiques ou mer du Nord.
L’état de conservation est variable selon les espèces ou les sous-stocks de celles-ci : par exemple, le maquereau
est surexploité dans l’Atlantique nord-est au sens large, les sous-stocks de hareng montrent des évolutions
contrastées.
Les principales espèces exploitées de grands poissons pélagiques ont des aires de distribution très larges et
fréquentent peu la Manche ; les plus fréquemment capturées, sans pour autant être des espèces-cibles, sont
l'espadon, le germon, le thon rouge ainsi que diverses espèces de requins pélagiques. La Manche - mer du Nord
ne constitue pas une entité géographique particulière pour ces espèces, qui relèvent des stocks de l’Atlantique
Nord.
En mers Celtiques, les populations de petits poissons pélagiques – sardine, anchois, sprat, merlan bleu, sanglier,
les 2 espèces de chinchard et de maquereau – ne sont pas inféodées aux mers Celtiques, appartenant à des
stocks qui fréquentent également les mers adjacentes en fonction de leur cycle de migration ou des exigences
de leur reproduction. La sous-région ne semble pas présenter d’intérêt particulier identifié en termes d’habitat
pour les cycles de vie de ces espèces.
Les populations des grands poissons pélagiques - thon germon, de l’espadon, du requin peau bleue et de la
bonite à dos rayé - rencontrés en mers Celtiques, où le niveau de leur capture est faible, ont des aires de
distribution qui transgressent largement les limites de la sous-région. Ces poissons fréquentent davantage le
golfe de Gascogne et la Méditerranée.
Les petits pélagiques du golfe de Gascogne peuvent être considérés comme des populations saisonnières qui se
distribuent soit en fonction de leur cycle de migration (sprat, anchois, maquereau, chinchard, sardine), soit en
fonction des exigences de leur reproduction sur des territoires débordant largement cette sous-région marine.
Les raisons des migrations et les relations entre les zones fréquentées sont assez méconnues et, pour partie,
liées aux aspects bioénergétiques, comportementaux et hydrodynamiques.
Les populations de grands poissons pélagiques sont uniquement estimées à partir de données de pêche (Figure
16), collectées au niveau international, complétées par des évaluations de stocks issues de modèles
statistiques, qui renseignent sur ces espèces présentes dans le golfe, essentiellement le germon, et, dans une
moindre mesure, le thon rouge, l’espadon, et les requins.
Ces espèces, dont les migrations sont généralement très longues, sont présentes également dans d’autres
régions marines de l’hémisphère nord, et aucune zone sensible les concernant n’est identifiée dans le golfe de
Gascogne. Sur les 60 dernières années, les captures annuelles ont varié dans des proportions souvent
importantes, à l’exemple du germon dans la dernière décennie.
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Figure 16 : Distribution des captures de germon (bleu foncé), thon rouge (rouge), divers requins (noir), et
d'espadon (orange) dans le golfe de Gascogne entre 1952 et 2009 (selon données CICTA)
Les trois-sous-régions marines présentent une importante diversité d'espèces marines pélagiques : petits
pélagiques et grands pélagiques (moins présents en Manche).
Ces espèces pélagiques ont des aires de distribution qui transgressent largement les limites des sousrégions marines et qui englobent une ou plusieurs sous-régions adjacentes (métropolitaines, relevant
d'autres états membres, ou au-delà des eaux européennes). Les enjeux doivent donc être identifiés à une
échelle plus large en prenant en compte les zones adjacentes.
4.9. Mammifères marins
En Manche – mer du Nord, les mammifères marins sont représentés par neuf espèces de cétacés et deux
espèces de phoques dont la présence est jugée permanente au sein de la sous-région bien que la distribution
des mammifères marins dépasse largement les eaux de la Manche et de la mer du Nord. Les connaissances sur
leur distribution et leurs habitats préférentiels sont lacunaires. Cependant, il est possible de dégager certaines
caractéristiques au sein de la sous-région marine Manche - mer du Nord et dans sa partie bretonne :
- la mer d'Iroise et le golfe Normand-Breton constituent des zones vitales pour des populations côtières de
grand dauphin,
- les îles de Sein et Molène, ainsi que les principales baies de la sous-région marine constituent des zones de
repos et de reproduction pour les phoques gris et veau-marin,
- l'ensemble de la sous-région marine s'avère une zone cruciale pour le marsouin commun du fait des
hypothèses de glissements de la population de marsouin de la mer du Nord vers le sud.
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En mers Celtiques et dans le golfe de Gascogne, les mammifères marins sont représentés par 12 espèces de
cétacés – rorquals, baleines, cachalots, dauphins, globicéphale, marsouin - et les 2 espèces de phoques –
phoque gris et veau marin - dont la présence est jugée permanente dans les deux sous-régions marines.
Pour les trois sous-régions, ces populations sont suivies selon différentes méthodes, dont les données
d’échouage, car leur distribution dépasse largement les eaux des sous-régions, rendant difficile le suivi réel des
populations. Sur la base des données disponibles, il est difficile d’établir des tendances sur le long terme du fait
de fortes variabilités interannuelles d’abondances liées aux événements d’échouages multiples.
Les mammifères marins sont représentés par plusieurs espèces de cétacés et deux espèces de phoques
dont la présence est jugée permanente au sein des trois sous-régions marines. Leur distribution dépasse
cependant largement les eaux des sous-régions marines.
4.10. Reptiles marins
Les tortues marines fréquentent peu la Manche en raison, notamment, de températures trop basses peu
propices à leur cycle de vie, mais deux espèces protégées, les tortues Luth et caouanne sont signalées
épisodiquement sans pour autant s’y reproduire. La faiblesse des effectifs recensés ne permet pas de dégager
de tendances, ni d’interférences avec les activités maritimes.
Les tortues marines fréquentent peu la mer Celtique, où seule la tortue Luth a fait l’objet de quelques
observations, ce qui ne permet pas de dégager de tendances ou d’interférences avec les activités maritimes.
Quatre espèces de tortues marines fréquentent le golfe de Gascogne : les tortues Luth, Caouanne, verte et de
Kemp. Deux espèces protégées par les textes européens et la convention OSPAR, les tortues Luth et Caouanne,
y sont signalées régulièrement. Les effectifs annuels recensés sont variables et concernent des individus
immatures pour la Caouanne et des jeunes adultes pour la tortue Luth. Aucune zone de reproduction n’a été
identifiée dans la sous-région.
Les tortues marines fréquentent peu la Manche et les mers Celtiques et sont plus présentes dans le golfe
de Gascogne.
4.11. Oiseaux marins
Dix-huit espèces d’oiseaux marins nichent régulièrement sur la façade Manche - mer du Nord, montrant des
effectifs et des tendances contrastés : dix espèces font l’objet de préoccupations mineures, huit sont
considérées comme en danger, vulnérables ou quasi-menacées. Certaines populations d’oiseaux marins sont
susceptibles d’être présentes en Manche - mer du Nord à diverses saisons et pour un temps variable sans
qu’elles ne se reproduisent dans les eaux françaises. Elles sont bien moins connues.
Sept espèces d’oiseaux marins nichent régulièrement sur l’île d’Ouessant et ses îlots annexes, deux d’entre
elles montrent de très faibles niveaux d’effectifs, le pétrel tempête et le macareux moine, lequel connaît ici la
limite méridionale absolue de son aire biogéographique. Les 5 autres espèces font l’objet de préoccupations
mineures. La sous-région est par ailleurs susceptible d’héberger, à diverses saisons et pour un temps variable,
des oiseaux marins d’origines diverses. D’une manière générale, il est possible que les oiseaux marins tirent
profit des possibilités alimentaires (contexte trophique) liées au front thermique d’Ouessant, hypothèse qui
reste à confirmer par des études appropriées.
Treize espèces d’oiseaux marins nichent régulièrement dans le golfe de Gascogne, montrant des effectifs et des
tendances contrastés : 9 espèces font l’objet de préoccupations mineures, 4 sont considérées comme en
danger, vulnérables ou quasi-menacées.
Les oiseaux marins se reproduisant le long des côtes françaises de la mer du Nord, de la Manche et de
l’Atlantique présentent certains effectifs qui peuvent fluctuer sans tendance nette, soit par manque de
précision des données, soit par une grande mobilité des colonies.
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4.12. Espèces introduites
Les espèces introduites sont, en règle générale, peu nombreuses dans les eaux du large comme celles des mers
Celtiques, où elles impactent peu la biodiversité locale. Le principal fait à noter est la présence du wakamé,
algue brune importée du Japon pour être cultivée à des fins alimentaires.
Les 129 espèces invasives recensées dans le golfe de Gascogne et les 93 recensées en Manche – mer du Nord
représentent un nombre relativement élevé, mais il convient de préciser que les lacunes dans les connaissances
varient selon les espèces et les lieux, car les abords des stations marines et des universités côtières sont mieux
inventoriés que les zones qui en sont éloignées.
Les connaissances sur les espèces introduites restent lacunaires ou très localisées sans pouvoir identifier
de grandes tendances ou enjeux.
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