Événements de vie et anxiété chez les hommes souffrant de

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SEXOLOGIE CLINIQUE
VINCENT M. et al. (2004) Rev. Europ. Sexol ; Sexologies ; (XIII), 49 : 6-10
M. VINCENT ;
M. BONIERBALE ; R. PORTO ;
M.H. COLSON ; C. LANÇON
Résumé: Cette recherche avait pour objectif
l'étude du rôle des événements récemment
vécus par l'individu dans la survenue d'un
trouble de l'érection. Nous avons envisagé la
vulnérabilité des sujets vis-à-vis d’une
anxiété qui induit un défaut d'adaptation aux
événements extérieurs.
Notre échantillon compte un groupe de
26 patients souffrant de troubles de l'érection
secondaires et un groupe de 20 témoins,
correctement appariés. Le questionnaire
d'événements de vie mis au point par
F. Amiel-Lebigre (1986) nous a permis de lister
les événements vécus durant les cinq années
précédant l'installation du trouble de
l'érection pour les patients et durant les cinq
années précédant le jour de passation du
questionnaire pour les témoins et auxquels
les sujets attribuaient une note d'impact
émotionnel sur une échelle de 0 à 100. Nous
avons également mesuré les scores d'anxiété
des sujets à l'aide du State-Trait Anxiety
Inventory ou STAI (Spielberger, 1983). Nous
avons envisagé le score d'anxiété-état comme
reflet de l'anxiété de performance liée à la
situation de rapport sexuel et le score
d'anxiété-trait comme reflet des angoisses
archaïques propres à chaque sujet.
Les résultats montrent une accumulation
d'événements de vie durant l'année précédant
l'installation des troubles de l'érection plus
importante chez les patients que chez les
témoins. L’analyse détaillée de ce pic
événementiel, montre que les événements les
plus représentés sont ceux appartenant au
domaine affectif et ceux représentant une
perte. Nous remarquons également que les
patients attribuent fréquemment un impact
fort à ce type d'événements. Par ailleurs, les
résultats ne mettent pas en évidence des
scores d'anxiété-état et/ou d'anxiété-trait
plus élevés chez les patients que chez les
témoins.
MOTS-CLEFS :
• Trouble de l'érection
• Événements de vie
• Anxiété
- VOL.XIII, N°49
Événements de vie
et anxiété
chez les hommes
souffrant de troubles
de l'érection
D
ans le cadre de cette recherche,
nous nous sommes intéressés à
la part des événements de vie
récemment vécus par l'individu dans
l'installation des troubles de l'érection.
Notre objectif n'étant pas de mettre en
évidence l'existence d'événements
déclencheurs et encore moins d'établir
une cause unique aux troubles de l'érection ; nous nous sommes également intéressés au rôle de l'anxiété, en l'envisageant comme un facteur favorisant un
défaut d'adaptation aux événements
extérieurs, mais également en nous référant au modèle de l'anxiété de performance initié par Masters et Johnson
(1971) et largement repris dans les
modèles contemporains.
Les événements
de vie
Il existe une méthodologie spécifique
d'étude du retentissement des événements de vie sur le vécu des individus.
Les chefs de file en matière de méthodologie événementielle sont Holmes et
Rahe. Ils construisent en 1967 la Schedule
of Recents Experience, le premier questionnaire d'événements de vie validé. Il
s'agit d'une liste de 43 événements que
tout un chacun peut avoir vécus
(divorce, décès d'un proche parent, licenciement, etc.) et auxquels une note standard de 11 à 100 est attribuée par des
sujet-juges. Selon Holmes et Rahe (1967),
ces événements sont considérés comme
potentiellement perturbant dans la
mesure où leur survenue implique une
certaine quantité de changement. Ce
serait précisément cette quantité de changement qui conférerait à l'événement un
rôle pathogène ou non.
Au cours de ces trente dernières années,
une approche complexe de la relation
événement-maladie s'est développée,
donnant naissance à divers questionnaires événementiels. L'outil clinique
que constituent ces questionnaires a permis de mettre en évidence de façon plus
objective le rôle pressenti depuis longtemps de l'impact émotionnel des événements de vie dans l'apparition ou l'aggravation de troubles somatiques ou
psychologiques.
Aharonian et coll. (1991) ont appliqué la
méthodologie événementielle aux
troubles de l'érection. Leur échantillon
comprend 100 patients consultants pour
une dysfonction érectile et 30 sujets
témoins. Ils utilisent un questionnaire
dont la liste d'événements est proche de
celle mise au point par Holmes et Rahe
(1967), auquel ils ont ajouté la dimension subjective en demandant au sujet
d'attribuer une note d'impact de 0 à 100,
reflet du retentissement affectif au
moment de la survenue de l'événement.
Les résultats montrent que les patients
signalent plus d'événements dans les
cinq ans précédant l'installation du
trouble que les témoins. En revanche, il
n'existe pas de différence significative
entre les patients et les témoins pour l'année précédant directement l'apparition
de la dysérection ou la date du questionnaire pour les témoins. Aussi, l'analyse détaillée de ce pic souligne-t-elle
qu'il s'agit majoritairement d'événements
7
nant au domaine affectif ainsi que les
événements représentant une perte.
Méthodologie
Figure 1 : Répartition des événements de vie en fonction des années.
Figure 2 : Répartition des événements de vie en fonction de leur domaine
d’appartenance.
Figure 3 : Répartition des événements de vie en fonction de leur nature.
de la catégorie “affectif” et de type “défavorable”. Les auteurs remarquent également que les patients ont tendance à
attribuer un impact plus important aux
événements qu'ils vivent que les témoins,
et notamment que les événements de la
catégorie “affectif” ont toujours un
impact significativement important.
Au regard de ces résultats, deux facteurs
semblent déterminants: la notion d'accumulation quantitative d'événements à
fort impact dans un bref laps de temps,
ainsi que le type d'événements majoritairement représentés dans ce laps de
temps. Nous avons donc formulé les
hypothèses suivantes:
- les hommes souffrant de troubles de
l'érection ont vécu un nombre significativement plus important d'événements
de vie à fort impact durant l'année précédant l'apparition du trouble ;
- il existe un type d'événement favorisant l'apparition de troubles de l'érection, à savoir les événements apparte-
Afin de vérifier nos hypothèses, nous
avons utilisé le questionnaire d'événements de vie mis au point par F. AmielLebigre (1986). Cet outil permet une évaluation subjective personnelle de
l'événement puisque c'est le sujet luimême qui attribue une note d'impact aux
événements. Cette méthode réduit la
subjectivité clinique inhérente aux questionnaires précotés par les évaluateurs,
tel le questionnaire de Holmes et Rahe
(1967). En effet, le questionnaire de
F. Amiel-Lebigre (1986) a été comparé
dans des groupes témoins et dans
diverses pathologies (cancer, dépression,
alcoolisme), confirmant l'intérêt de cette
dimension subjective: certains événements peuvent avoir des notes très différentes voire opposées selon les individus et cette méthode de l'évaluation de
l'impact présente l'intérêt d'être la plus
proche de l'expression du vécu du sujet
(Amiel-Lebigre, 1991).
Notre échantillon est composé d'un
groupe “patient” qui compte 26 sujets
ayant consulté pour un trouble de l'érection secondaire ainsi qu'un groupe
“témoin” qui compte 20 sujets dont les
caractéristiques socio-démographiques
(âge, statut professionnel, statut civil)
sont correctement appariées à celles des
patients. Nous avons listé les événements
vécus par les sujets durant les cinq
années précédant l'installation des
troubles de l'érection (t0) pour les
patients et durant les cinq années précédant le jour de passation du questionnaire (t0) pour les témoins.
Les événements vécus sont repérés grâce
à leur date de survenue (année), à leur
domaine d'appartenance (professionnel,
financier, social, affectif, familiale et de
la santé), à leur nature (gain ou perte) et
grâce à leur note d'impact attribuée par
les sujets selon une échelle de 0 à 100
(100 représentant l'impact maximum).
L'anxiété
En ce qui concerne l'anxiété, deux facteurs nous semblaient importants. Premièrement, nous nous sommes intéressés
à l'anxiété générale et stable des individus qui détermine leur façon d'appré- VOL.XIII, N°49
8
hender les événements extérieurs.
D’après le modèle mis au point par Rahe
(1976), les individus possédant une organisation psychologique solide vivent de
façon plus brève les événements que les
individus plus fragiles et échappent ainsi
à l'impact cumulatif des événements successifs. Nous avons envisagé l'anxiété
comme constituant une fragilité constitutionnelle, rendant les individus plus
vulnérables à l'impact des événements
qu'ils vivent.
Ensuite, nous nous sommes intéressés à
l'anxiété de performance, généralement
citée par les auteurs comme un facteur
pouvant participer à l'installation de
troubles érectiles. Masters et Johnson
(1971) décrivent à ce sujet, un mécanisme
d'interférences cognitives, communément appelé “cercle vicieux de l’anxiété”,
où la crainte de l'échec ajoutée à l'anxiété,
fixe la dysfonction érectile. À ce sujet, de
récentes recherches ont mis en évidence
le faible niveau d'estime de soi associé à
cette anxiété de performance (Feil, 2002 ;
Fabbri et al. 2003). Selon les auteurs, le
manque de confiance en soi provoque
chez les hommes, un sentiment d'insécurité les conduisant à craindre la critique et/ou le rejet de la partenaire. Selon
Smith (1988), les échecs répétés induisent des attitudes cognitives d'autoobservation de leur performance qu’il
nomme “le rôle de spectateur”. Ainsi, les
hommes dysfonctionnels sont distraits
par les stimuli non-sexuels reliés à la performance, ils développent des attentes
négatives face à l'activité sexuelle, et ce
trop plein d'émotions négatives induit
l'anxiété de performance.
Une recherche réalisée par Hartmann
(1998) auprès de 751 patients souffrant
de dysfonction érectile et comparés à un
groupe témoin de 55 sujets met en évidence la part de l'anxiété de performance
dans la genèse de troubles érectiles. L'auteur dégage trois facteurs principaux
retrouvés chez les patients qu'il propose
d'envisager sur un continuum:
- les facteurs immédiats représentés par
l'anxiété de performance ;
- les événements de vie issus de l'histoire
récente des patients ;
- les vulnérabilités constitutionnelles
acquises depuis l'enfance.
Ainsi, selon cette étude, il existe un lien
entre les troubles de l’érection, le niveau
d'anxiété des patients en situation et les
événements vécus juste avant l'appari- VOL.XIII, N°49
Tableau 1 : Répartition des événements de vie en % sur les cinq années précédant le t0
et % d'augmentation de cette répartition d'une année par rapport à l'autre.
%
Années
(-1)
(-2)
(-3)
(-4)
(-5)
Total
Moyenne
Patients
58,3
16,7
11,8
7,6
5,6
100
3,8
Témoins
45
26,7
8,9
10,5
8,9
100
5
% d’augmentation
Patients
Témoins
249,1
68,5
41,5
200
55,2
-15,2
35,7
18
-
Tableau 2 : Part des événements à fort impact dans la répartition des événements
en fonction des années.
N
Années
(-1)
(-2)
(-3)
(-4)
(-5)
Total
M/S
M/A
Patients
57
20
16
10
5
108
4,1
21,6
%
Témoins
60
29
11
15
9
124
6,2
24,8
tion des difficultés. Nous avons donc formulé l'hypothèse suivante :
- les individus souffrant de trouble de
l'érection ont un niveau d'anxiété significativement élevé.
Méthodologie
Afin de vérifier cette hypothèse, nous
avons utilisé le State-Trait Anxiety Inventory ou STAI, mis au point par Spielberger (1983). Cet outil permet d'évaluer de
façon indépendante le trait d'anxiété qui
fait référence à des caractéristiques
stables et spécifiques et l'état d'anxiété
lié à une situation, à un événement. Selon
cette distinction, nous avions envisagé
d'évaluer plus spécifiquement l'anxiété
générale à l'aide de l'échelle d'anxiététrait et l'anxiété de performance à l'aide
de l'échelle d'anxiété-état. Ce questionnaire est l'une des échelles d'auto-évaluation de l'anxiété trait-état les plus utilisées, plus de 2000 études utilisant cet
inventaire ont été recensées en 1998 (Ferreri, 1999), dont de nombreux travaux en
psychiatrie et en psychosomatique.
L'échelle d'anxiété-trait comprend
20 items sous formes d'énoncés couramment utilisés pour exprimer comment les individus se sentent de manière
générale, et l'échelle d'anxiété-état com-
Patients
79,8
83,3
94,1
90,9
62,5
410,6
15,8
82,1
Témoins
74
60,4
68,7
78,9
56,2
338,2
16,9
67,64
prend 20 items décrivant les sentiments
éprouvés au moment présent. Chaque
item de l'inventaire est évalué de 1 à 4
selon son intensité pour l'anxiété-état et
selon sa fréquence pour l'anxiété-trait.
Ainsi, pour l'échelle état:
- non = 1 ; plutôt oui = 3 ; plutôt non = 2 ;
oui = 4 ;
- pour l'échelle-trait: presque jamais = 1 ;
souvent = 3 ; parfois = 2 ; presque toujours = 4.
Cependant, certains items mesurent l'absence d'anxiété, donc leurs notes doivent
être inversées. La note totale varie donc
de 20 à 80.
Résultats
■ Répartition des événements de vie
En ce qui concerne les événements de
vie, les résultats mettent en évidence une
accumulation d'événements de vie
durant l’année précédant l’apparition
des troubles de l'érection. Ce pic événementiel est également observé chez les
témoins mais il est moindre (Figure 1).
En effet, les pourcentages d'augmentation des événements montrent qu'il y a
chez les patients une augmentation de
200 % des événements vécus durant l'année précédant t0 alors qu'elle n'est que
de 69 % chez les témoins (Tableau 1).
9
Tableau 3 : Répartition des événements de vie en fonction de leur domaine
d'appartenance.
N
%
Domaines Professionnel Financier
Patients
17
6
Témoins
23
7
Patients
20,2
7,1
Témoins
28,4
8,6
Social
19
13
22,6
16,1
Affectif
26
18
31,1
22,2
Familial
10
15
11,9
18,5
Santé
6
5
7,1
6,2
Tableau 4 : Part des événements à fort impact dans la répartition des événements
en fonction de leur domaine d'appartenance.
N
%
Domaines Professionnel Financier
Patients
12
4
Témoins
16
6
Patients
70,6
66,7
Témoins
69,6
85,7
Social
9
10
47,7
76,9
Affectif
21
15
80,8
83,3
Familial
8
10
80
66,7
Santé
5
3
83,3
60
Tableau 5 : Répartition des événements de vie selon leur nature.
N
%
Nature
Patients
Témoins
Patients
Témoins
Gain
13
22
15,4
27,1
Perte
71
59
84,5
72,8
Tableau 6 : Répartition des événements à fort impact selon leur nature.
N
%
Nature
Patients
Témoins
Patients
Témoins
Gain
8
15
61,5
68,2
Perte
49
45
69
76,2
Tableau 7 : Moyennes (M) des scores obtenus par les sujets au State-Trait Anxiety
Inventory ou STAI (Spielberger, 1983) et écarts-types (s) correspondants.
M
s
Anxiété-état
Patients
Témoins
39,1
38,8
11,8
8,4
Par ailleurs, les patients n'ont pas attribué
d'impact significativement plus fort aux
événements qu'ils ont vécus durant l'année précédant l'installation du trouble
érectile qu'aux événements vécus antérieurement. En effet, les événements à
fort impact sont majoritairement représentés durant les années (-3) (94,1 % ) et
(-4) (90,1 %). En revanche, seulement
79,8 % des événements vécus durant l'année précédant les troubles de l'érection
sont à fort impact; les patients ne vivent
pas plus d'événements à fort impact
durant l'année (-1). (Tableau 2).
■ Domaines d'appartenance
des événements de vie
En ce qui concerne les domaines d'appartenance des événements, les résultats
mettent en évidence que les événements
Anxiété-trait
Patients
Témoins
42,2
42,7
9
3,9
majoritairement représentés appartiennent au domaine affectif. Viennent
ensuite les événements de type “social”,
suivis de près par les événements de type
“professionnel”. La part importante
occupée par les événements de type
“affectif” est d'autant plus mise en valeur
que ces événements n'occupent que la
seconde position de la répartition des
témoins, après les événements appartenant au domaine professionnel (Figure 2,
Tableau 3).
D'autre part, les résultats montrent que
les patients attribuent un impact fort à
80,8 % des événements de type “affectif” qu'ils ont vécu. Cependant, ce résultat est relativisé par le fait qu'ils attribuent également un impact fort à 83,3 %
des événements de type “santé” et à 80 %
des événements de type “familial”. De
plus, nous remarquons que les témoins
attribuent également fréquemment un
impact fort aux événements de type
“affectif” (83,3 %). Ces résultats nous permettent tout de même de mettre en évidence une tendance chez les patients à
vivre les événements appartenant au
domaine affectif de façon plus intense
que ceux du domaine social, professionnel et financier (Tableau 4).
■ Nature des événements de vie
En ce qui concerne la nature des événements, les résultats montrent que les
patients rapportent plus d'événements
représentant une perte (84,5 %) que les
témoins (72,8 %) et, inversement, les
témoins rapportent plus d'événements
représentant un gain (27,1 %) que les
patients (15,4) (Figure 3, Tableau 5).
Par ailleurs, les patients comme les
témoins attribuent plus fréquemment un
impact fort aux événements représentant
une perte qu'aux événements représentant un gain. En effet, chez les patients,
69 % des événements représentant une
perte sont des événements à fort impact,
alors que ce n’est le cas que de 61,5 %
des événements représentant un gain.
Cependant, aucune différence significative n'est observée entre les deux groupes
de sujets, le fait que les pourcentages
soient plus élevés dans le groupe des
témoins est dû au fait que les témoins
rapportent plus d'événements à fort
impact, comme nous l'avons indiqué précédemment (Tableau 6).
■ L'anxiété
En ce qui concerne l'anxiété, nous n'observons pas de différences significatives
entre les scores d'anxiété obtenus par les
patients et ceux obtenus par les témoins,
que ce soit pour l'échelle d'anxiété-état
(patients = 39,1 et témoins = 38,8)
ou pour l'échelle d'anxiété-trait
(patients = 42,2 et témoins = 42,7)
(Tableau 7).
Conclusion
Les résultats obtenus vont dans le sens
de la première hypothèse. En effet,
comme l'avaient indiqué Aharonian et
coll. (1991) dans leur recherche, il semblerait que l'aspect cumulatif des événements soit un facteur important dans le
rôle attribué aux événements de vie
- VOL.XIII, N°49
10
quant à la pathogenèse des troubles érectiles. De plus, nous pouvons envisager
que, bien que les événements vécus ne
soient pas particulièrement cotés “à fort
impact”, ils aient un effet cumulé lorsqu'ils se multiplient.
En ce qui concerne l'hypothèse 2, il semblerait effectivement qu'il y ait un type
d'événement favorisant l'installation des
dysfonctions érectiles, à savoir les événements appartenant au domaine affectif et les événements représentant une
perte pour le sujet. D'ailleurs, l'événement le plus cité est l'événement “séparation-divorce”. Ce constat laisse envisager le rôle important de la relation de
couple et des affects induits par les modifications de l'équilibre du couple dans
l'installation d'une dysfonction érectile.
Les résultats obtenus au questionnaire
d'anxiété ne vont pas dans le sens de
ceux obtenus par Hartmann (1998),
puisque nous n'observons pas un niveau
d'anxiété élevé chez les patients. Donc,
nous ne pouvons pas mettre en évidence
la présence de l'anxiété de performance
chez les hommes souffrant de dysfonctions érectiles; l'hypothèse 3 n'est donc
pas vérifiée.
Cependant, ce résultat n'équivaut pas à
l'absence d'anxiété, d'ailleurs les sujets
montrent un niveau d'anxiété-trait plus
élevé que celui d'anxiété-état. Nous pou-
- VOL.XIII, N°49
vons envisager que la population témoin
ne constitue pas un groupe contrôle efficace, notamment en raison de l'effectif
restreint de cet échantillon. De même,
nous pouvons envisager que la STAI
(Spielberger, 1983) ne soit pas un outil
de mesure efficace de la vulnérabilité aux
événements extérieurs, ni même de
l'anxiété de performance. Il existe des
échelles de mesures des stratégies
d'adaptation, les échelles de “coping”. De
même, la crainte de l'échec pourrait être
évaluée par le biais de mesure de l'estime de soi.
BIBLIOGRAPHIE
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their parameters and Measurment. New
York : Raven Press.
Adresse pour correspondance :
M. Bonierbale
CHU Ste-Marguerite,
Service du Pr C. Lançon,
13274 Marseille Cedex 9.
<[email protected]>
CLINICAL SEXOLOGY
11
VINCENT M. et al. (2004) Europ. J. of Sexol ; Sexologies ; (XIII), 48 : 11-12
M. VINCENT ;
M. BONIERBALE ; R. PORTO ;
M.H. COLSON ; C. LANÇON
SUMMARY : The aim of this research was to
study the role of an individual’s recent
experience in the onset of erection disorders.
Our hypothesis was that the subjects were
more vulnerable to anxiety causing
difficulties for them in adapting to outside
events.
Our sample was a group of 26 patients
suffering from secondary erection disorders
and a group of 20 control subjects. We used
the Life-Events Questionnaire developed by
F. Amiel-Lebigre (1986) to make a list of
events experienced during the five years prior
to the onset of erection disorders for the
patients, and during the five years prior to the
date at which the questionnaire was filled in
for the control subjects. The subjects were
all asked to give a score between 0 and 100
to each event according to its emotional
impact on them. We also measured the
subjects’ anxiety scores using the State-Trait
Anxiety Inventory or STAI (Spielberger, 1983).
Our hypothesis was to use the State-Trait
score to reflect long-standing anxiety specific
to each subject.
The results show that there had been a much
greater number of life events during the year
prior to the onset of erection disorders for the
patients than for the control subjects. A
detailed analysis of this peak of events
revealed that the most common events were
those of an emotional nature and those
involving a loss, or bereavement. We also
noted that the patients often assigned a high
emotional impact score to this type of event.
In addition, the results did not show any
higher state-anxiety and/or trait-anxiety
scores for patients than for control subjects.
KEY WORDS:
• Erection disorders
• Life-events
• Anxiety
Life events
and anxiety in male
subjects suffering
from erectile
disorders
Life events
quantitative accumulation of highimpact events during a brief lapse of
time, and the main type of events
taking place during this lapse of time.
This led us to formulate the following
hypotheses:
H1: Men suffering from an erection
disorder have experienced a significantly higher number of high-impact
life events during the year before the
onset of the disorder.
H2: There might be a type of event that
is conducive to the onset of erection
disorders, i.e. emotional events or
events related to a loss.
A specific methodology has been
developed to study the effect of life
events on an individual’s experience.
The leaders on the subject of life-event
methodology are Holmes and Rahe.
In 1967 they developed the Schedule
of Recent Experience, the very first
questionnaire on life events to be validated. In the past thirty years, a complex approach has developed to the
relationship between events and
disease, leading to the appearance of
various different event questionnaires.
Questionnaires as a clinical tool have
enabled the long-suspected role of the
emotional impact of life events on the
onset or deterioration of somatic or
psychological disorders to be clearly
evidenced.
Aharonian et coll. (1991) applied the
event-based methodology to erectile
disorders. According to the results they
obtained, there would appear to be
two decisive factors: the concept of a
■ Methodology
The sample comprises a “patient”
group including 26 subjects who
consulted for a secondary erection
disorder, and a control group of 20
subjects.
Using the Life-events questionnaire
developed by F. Amiel-Lebigre (1986),
we listed the events experienced by
the subjects during the five years prior
to the onset of their erection disorder
(t0) for the patients, and during the five
years prior to the date at which the
questionnaire was being filled in (t0)
for the control subjects. The events
experienced are identified by means
of the date of onset (year), the area
they concern (professional, financial,
social, emotional, family and health),
their type (gain or loss), and an impact
score given by the subjects themselves on a scale of 0 to 100 (with 100
being the maximum impact).
ow important are life events
recently experienced by individuals in the onset of erection
disorders? We also investigate the
role of anxiety as a factor that could
not only potentially reduce the individual’s capacity to cope with outside
events, but also with regard to the performance anxiety model first described by Masters and Johnson (1971)
and often used since in contemporary
models.
H
- VOL.XIII, N°49
12
Anxiety
We studied the general and stable form
of anxiety experienced by individuals
that defines the way in which they
cope with outside events. According
to the model developed by Rahe
(1976), psychologically-strong individuals experience events for a shorter
period of time than more fragile individuals, thereby avoiding the accumulated impact of successive events.
We also investigated performance
anxiety, often mentioned by the
authors as a factor that could lead to
erectile disorders. Masters and Johnson (1971) suggested a possible
mechanism of cognitive interference,
often referred to as the “vicious circle
of anxiety”, where the fear of failure
accumulates with the anxiety, to establish the erectile disorder.
Some research conducted by Hartmann (1998) evidenced the role of performance anxiety in the onset of erectile disorders. The author identified
three main factors in patients, which
he suggests should be considered as
a continuum:
- Immediate factors represented by
the performance anxiety,
- Life events in the patient’s recent
past,
- Constitutional vulnerability acquired
in childhood.
We therefore formulated the following
hypothesis:
H3: individuals suffering from erectile
disorders have significantly high
anxiety levels.
■ Methodology
We used the State-Trait Anxiety Inventory or STAI developed by Spielberger
(1983). This tool provides an independent assessment of the anxiety trait
which makes reference to stable and
specific characteristics of the state of
anxiety related to a situation, or an
event. We therefore wanted to make
a more specific assessment of the
general state of anxiety using the traitanxiety scale and performance anxiety
using the state-anxiety scale.
Results
■ Distribution of life events
There was an accumulation of life
- VOL.XIII, N°49
events during the year prior to the
onset of the erection disorder. This
peak of events was also observed in
the control subjects, but to a lesser
extent (Figure 1/see french version).
In the patients, there was a 200%
increase in events experienced during
the year prior to t0, compared to only
69 % for the control subjects (Table
1/french version). And yet, the patients
did not give a significantly higher
impact score to the events they experienced during the year prior to the
onset of erectile disorders than to the
events they had experienced previously (Table 2/french version).
■ The areas concerned
by the life events
Most of the events represented belong
to the emotional field. (Figure 2, Table
3/french version). In addition, the
patients gave a high impact score to
80.8% of the “emotional” type events
they experienced (Table 4/french
version).
■ Type of life events
The results show that the patients
reported more events representing a
loss (84.5%) than the controls (72.8%),
and vice versa, the controls reported
more events representing a gain
(27.1%) than the patients (15.4) (Figure
3, Table 5/french version). Furthermore,
both the patients and the controls
reported a stronger impact for events
representing a loss than those representing a gain (Table 6/french version).
■ Anxiety
As far as anxiety is concerned, no
significant differences can be seen between the anxiety scores obtained by
the patients and those obtained by the
anxiety controls. (Table 7/french
version).
Conclusion
The results obtained would seem to
confirm hypothesis 1. As stated by
Aharonian et coll. (1991) in their
research, it would appear that the
accumulation of events is an important factor in the role played by life
events in the pathogenesis of erectile
disorders. Furthermore, it would
appear that even if the events are not
judged to have a particularly strong
impact on the subject, they nevertheless have an accumulated effect.
Concerning hypothesis 2, it would
appear in fact that there is a type of
event which plays in favour of the
onset of erectile disorders, i.e. events
of an emotional nature and events
representing a loss for the subject. The
event most commonly mentioned is
“separation/divorce”. This observation
gives us an indication of the important
role played by the relationship within a
couple and the consequences of
modifications to the balance in the
couple in the onset of an erectile
disorder.
The results obtained from the anxiety
questionnaire do not point in the same
direction as those obtained by Hartmann (1998) since we did not observe
a high anxiety level in the patient
group. We are therefore unable to evidence the presence of performance
anxiety in men suffering from erectile
dysfunctions; hypothesis 3 has not
been evidenced. However, it is possible that the STAI (Spielberger, 1983)
is not a good tool to measure vulnerability to outside events, or even performance anxiety. There are other measurement scales, coping scales which
could provide better results. In addition, the fear of failure could be assessed by measuring self-esteem.
Adresse pour correspondance :
M. Bonierbale
CHU Ste-Marguerite,
Service du Pr C. Lançon,
13274 Marseille Cedex 9.
<[email protected]>
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