Jacques RODRIGUEZ - Club d’Information Scientifique Séminaire d’Astronomie dans les Vosges – Bussang - 2014 Plan de la conférence 1. La cosmologie 2. La matière noire et l’énergie noire 3. Le satellite Planck 4. Le fond diffus cosmologique 5. La machine à remonter le temps 6. Les premières découvertes 7. Les 5 résultats qui changent l’univers 8. Les 3 anomalies 9. Conclusion 1. Qu’est-ce que la cosmologie ? § La cosmologie est l’étude de l’Univers dans son ensemble : son histoire, sa structure, et son évolution. § Notre description de l'histoire complète de l'Univers = modèles théoriques + expériences sur Terre / observations du ciel. § Galaxies + amas de galaxies = pour origine de minuscules grumeaux produits à une époque appelée inflation cosmique. § Ces grumeaux grossissent, structurent = gravité. se Qu’est-ce que le Big Bang ? § Le Big Bang ≠ une explosion. Le Big Bang s’est produit partout en même temps. L’espace n’existe pas en dehors de l’espace-temps § Aujourd’hui, nos observations = remonter jusqu’à une époque proche du Big Bang § Chez les scientifiques, le Big Bang désigne une époque extrêmement dense et chaude qu'a connue l'Univers. Qui a inventé le concept ? § L'existence du Big Bang aurait pu être prédite par Albert Einstein (1879-1955), mais celui-ci ne pensait pas que l'Univers puisse évoluer. C’est Georges Lemaître (1884-1966), Alexandre Friedmann (1888-1925) et Georges Gamow (1904-1968) qui ont été les principaux artisans du scénario général du Big Bang § Une partie du travail des cosmologistes est de reconstituer le plus précisément possible la chronologie de cette époque dense et chaude qui aujourd'hui encore est mal connue. § Le terme de Big Bang a été invente par l'anglais Fred Hoyle, par dérision ! Les 3 piliers du Big Bang § L'Univers est en expansion, les galaxies s'éloignent de nous d'autant plus vite qu'elles sont loin § La composition des étoiles en hydrogène, hélium, deutérium, ..., ne peut s'expliquer que par une formation de ces éléments lors du refroidissement de l'Univers primordial, initialement extrêmement dense et chaud § Dans son enfance, l'Univers était très dense et très chaud, et donc très lumineux = rayonnement fossile, dans le domaine micro-ondes (entre l'infrarouge et les ondes radio) La découverte du rayonnement fossile § Prédit dès 1948 par l'américain G. Gamow § En 1965, le bruit de fond de l’Univers a été découvert par hasard par Penzias & Wilson, prix Nobel 1978 et interprété par Dicke, Peebles, Roll et Wilkinson comme le reste de l’explosion originelle qui a créé les galaxies, les étoiles et toute la matière du ciel § Etudié par COBE (Mather & Smoot, prix Nobel 2006), WMAP et Planck Avant le Big Bang ? § En relativité générale, la question de l'avant Big Bang n'a pas de sens. § Le Big Bang est l'origine de l'espace et du temps. Chercher l'avant Big Bang serait comme chercher le nord du pôle Nord § Cette singularité = fin des lois de la physique. Plusieurs théories candidates existent : la théorie des cordes, la gravité quantique à boucles Le Big Bang est-il une singularité ? § Depuis des milliards d'années, l'univers est en expansion : les galaxies s'éloignent pour la plupart les unes des autres. § L'univers doit donc être de plus en plus concentré. Ainsi il y a environ 13,7 milliards d'années, tout l'Univers observable aurait été, réduit à un volume de taille nulle ! § C'est le Big Bang, qui définit l'origine du temps de notre Univers. Il constitue ce qu'on nomme en mathématiques une « singularité » : certaines grandeurs physiques densité ou température deviennent infinies L’inflation § Lorsqu’on combine le modèle du big bang aux théories de grande unification, les monopoles magnétiques surgissent des équations. Il faut donc une phase de refroidissement extrême juste après le big bang pour les faire disparaitre : c’est l’inflation . L’expansion exponentielle est née. § Une idée d’Alan Guth qui apparait le soir du 6/12/1979 à l’université de Stanford . L’inflation a fait doubler la taille de l’Univers 100 fois de suite (2100 ) entre 10-36 et 10-35 seconde § En 1982, Andrei Linde en ex-URSS, Andréas Albrecht et Paul Steinhardt aux USA ont complété le modèle. L’inflation tente d’expliquer l’origine des fluctuations de densité de l’Univers primordial, l’absence de monopoles magnétiques, la platitude de l’Univers, l’origine des galaxies… § À une époque très reculée du Big Bang, une seule forme de matière, l'inflaton, emplissait l'Univers. Voyage dans le temps § L'Univers = matière et énergie : lumière, matière matière sombre, sombre, neutrinos. ordinaire, énergie § Sa composition change au cours du temps du fait des différentes propriétés de ses constituants, notamment leur pression § L'un des buts importants de la cosmologie est de déterminer cette composition le plus précisément possible § Ces résultats sont déduits de la combinaison de plusieurs observations. Celles du rayonnement fossile sont les plus anciennes et les plus précises L’époque de dernière diffusion § Le rayonnement étudié est la plus ancienne lumière encore présente dans l'Univers § Dans l'Univers primordial très dense, la lumière ne pouvait pas se propager librement : l'Univers était opaque. En regardant loin, on regarde dans le passé. L'Univers opaque = cet instant s'appelle époque de dernière diffusion à environ 380 000 ans après le Big Bang. On l'appelle fond diffus cosmologique, ou rayonnement fossile. § L'oeil perçoit le visible. Les physiciens parlent de la longueur d'onde 2. La matière noire § On peut déterminer la masse d'une galaxie en regardant à quelle vitesse les étoiles tournent autour de son centre. Plus leur vitesse est grande, plus la masse de la galaxie est élevée § Si l’on suppose que la masse des galaxies résulte uniquement des étoiles qui la composent, on peut prédire à quelle vitesse celles-ci tournent autour du centre de la galaxie § En réalité, on observe les étoiles tourner beaucoup plus vite. Une partie de la masse des galaxies est invisible. L'étude détaillée de la répartition de cette masse prouve que celle-ci est composée d’une forme de matière inconnue en laboratoire, la matière noire (ou matière sombre) La théorie MOND § En 1983, Mordehai Milgrom pose la question : et si la matière noire n’existait pas ? Car personne n’a découvert cette fameuse matière noire § Une petite modification de la loi de la gravité de Newton et la rotation trop rapide des étoiles et des galaxies, les lentilles gravitationnelles et la déviation trop importante des mirages sont résolues § En 2004, Jacob Bekenstein insère la théorie Mond (Modified Newton Dynamics ou Dynamique de Newton Modifiéé) dans la relativité générale avec succès, au prix d’une modification complexe de la théorie de la gravitation et de l’introduction de 3 nouveaux paramètres § MOND explique parfaitement les mirages gravitationnels, les inhomogénéités du fond diffus cosmologique, l’accélération anormale de la sonde Pioneer, et la vitesse des étoiles et des galaxies Comment nait l’énergie noire ? § 1998, deux équipes d’astronomes étudient les supernovae dans les galaxies lointaines. Surprise : elles sont moins brillantes que prévu. Explication : une énergie sombre qui accélère l’expansion de l’Univers § En 1927, l’abbé Georges Lemaître utilise la constante cosmologique avec une valeur différente d’Einstein, inventant le 1er univers en expansion accélérée. Il interprète en 1934 une forme d'énergie inconnue : l’énergie du vide § Cette mystérieuse forme d'énergie possède des propriétés très atypiques, elle est appelée énergie noire, elle aurait accélérée l’univers il y a 7 milliards d’années § L’expansion de l’Univers s’accélère jusqu’au big chill : le cosmos deviendra plus froid et vide L’énergie noire § Histoire de l'expansion = une forme d'énergie inconnue emplissait tout l'univers § Cette mystérieuse énergie noire possède des atypiques propriétés très § L'énergie noire n'influe que sur l'expansion de l'Univers, sans participer directement à la formation des structures : pas de surdensités d'énergie noire. § Quelle est la nature physique de ces énergies sombres ? § Pour ces raisons, les propriétés de cette énergie = une analyse du rayonnement fossile observé par les satellites L’univers selon nos observations § Aucune observation ne peut déterminer à elle seule les abondances relatives d'énergie noire et de matière. L'analyse de la luminosité de certaines supernovae permet ainsi de contraindre la différence entre les densités de matière et d'énergie noire. L'observation du rayonnement fossile permet, elle, de déterminer la somme de ces densités d'énergie § " L'énergie noire pourrait s'exprimer sous la forme d'un terme constant gouvernant l'évolution de l'Univers à très très grande échelle. Cette constante a été initialement introduite par Albert Einstein sous le nom de "constante cosmologique". Il l'a ajoutée dans les équations afin de maintenir un Univers statique et non en expansion, avant de qualifier lui-même cette modification de "plus grand erreur de sa vie". § Dernières observations = énergie noire est un moteur d'accélération de cette expansion ! Illustration de l'origine du fond diffus infrarouge. [Dole et al 2009 Plein Sud, d'après Spitzer/Caltech/NASA/Kashlinsky/GSFC, 2006.] 3. Description du satellite Planck Planck : Masse de 1912 kg 385 kg d'hydrazine : moteurs-fusées pour orbite finale. 7,7 kg d'hélium (36 000 litres d'hélium 4 et 12 000 litres d'hélium 3) maintenir à très basse température les détecteurs de l’HFI Hauteur : 4,2 mètres, diamètre : 4,2 mètres Lancement Ariane 5 : 14/5/2009 - Fin de mission : 14 /8/2013 Orbite : Héliocentrique - Localisation : Point de Lagrange L2 Télescope : Type grégorien – Diamètre : 1,5 m Longueur d'onde : micro-onde Programme : Horizon 2000 Principaux instruments : § LFI : Récepteurs de 10 à 90 GHz § HFI (IAS) : 54 bolomètres couvrant 6 bandes de 100 à 857 GHz Fusion de 2 projets : COBRAS (Cosmic Background Radiation Anisotropy Satellite) utilise des transistors à effet de champ de type HEMT (High-electron-mobility transistor) + SAMBA (SAtellite for Measurement of Background Anisotropies) utilise des bolomètres refroidis à l’hélium. La mission du satellite Planck Planck est en mission à 1,5 million de km de la Terre en L2. Planck est un observatoire spatial développé par l'Agence spatiale européenne (ESA) avec une participation de l'agence spatiale américaine, la NASA. La mission du satellite est de cartographier les infimes variations de température du fond diffus cosmologique. Pourquoi y-a-t il des trous dans les galaxies ? § Au début du XXième siècle, des «trous» apparents dans la distribution des étoiles de notre galaxie = des poches denses de gaz et de poussières. Ce sont les poussières qui s'interposent au passage de la lumière vers nous § Ces poussières ne sont pas en contact avec le gaz, si bien qu'elles vont s'échauffer jusqu'à atteindre un équilibre entre leur chauffage par le rayonnement des étoiles et leur refroidissement par émission de lumière § C'est cette émission = cartes infrarouges du ciel. Les étoiles = peu de lumière infrarouge car par unité de masse, les étoiles = peu de surface par rapport à celle des grains. C'est pour la même raison, qu'un kilo de petites pommes de terre fait beaucoup plus d'épluchures qu'un kilo de grosses pommes de terre ! Les émissions des grains de poussière L'image est une composition de l'émission observée à l'aide du satellite IRAS à 100 microns de longueur d'onde (violet) et des données Planck (orange et rouge) à 350 microns (857 GHz) et 550 microns (543 GHz). § L'émission du milieu interstellaire à 3 longueurs d'onde = dominée par l'émission thermique de grains de poussière (taille : 0,0001 millimètres). Ces grains sont chauffés par le rayonnement ambiant des étoiles de la Galaxie (lumière visible et ultra-violette). C'est l'équilibre thermique entre le chauffage des grains par le rayonnement des étoiles et leur refroidissement par émission du rayonnement dans l'infrarouge lointain (montré sur cette image), qui conduit les grains à une température très froide. Par leur émission, les grains interstellaires sont de véritables traceurs de la matière dans notre Galaxie, et les observations de cette émission à grande longueur d'onde avec Planck nous permettent de sonder les régions les plus denses, notamment celles où se forment les étoiles § La combinaison d'images utilisée ici est particulièrement efficace pour mesurer les variations de température, les poussières « chaudes » (30 Kelvin) rayonnant préférentiellement dans la bande d'IRAS et les plus froides (10 Kelvin) émettant plutôt dans les bandes de Planck Meilleure compréhension L'image est une composition de l'émission observée à l'aide du satellite IRAS à 100 microns de longueur d'onde (violet) et des données Planck (orange et rouge) à 350 microns (857 GHz) et 550 microns (543 GHz). § Les grains de poussière du milieu interstellaire peuvent être considérés comme de petits thermomètres. Leur température = l'intensité du champ de rayonnement. Les régions violettes ou blanchâtres = le champ le plus intense et les grains les plus chauds ① Plan galactique ② La zone filamentaire = poussière plus chaude (complexe de rho-Ophiuchi, l'une des régions de formation d'étoiles les plus proches du Soleil 520 a-l. Les régions orangées = poussière froide. ③ La région orangée traversant l'image, nommée « Aquila Rift » = boucle de gaz et de poussière éjectée du plan galactique où les étoiles ne se forment pas. ④ La structure contrastée = un nuage moléculaire dense et froid pas suffisamment massif pour former des étoiles de façon efficace. Pourquoi ces images sont-elles dominées par l'émission de la poussière interstellaire (1% du gaz interstellaire ou 1/10e étoiles) ? § La plupart des atomes lourds du milieu interstellaire (carbone, oxygène, azote) = petits grains solides (taille des virus, 1 millième de millimètre) § Ces grains = silicates ou du carbone amorphe hydrogéné enrobés par des glaces d'eau sale § La poussière interstellaire absorbe efficacement la lumière visible des étoiles. En effet, la taille des grains est du même ordre de grandeur que la longueur d'onde de la lumière des étoiles (le domaine visible couvre de 0,4 à 0,8 microns). § En revanche, les atomes et molécules du milieu interstellaire sont «trop petits». Il n'absorbent que certaines raies bien précises mais peu le continuum d'émission de lumière des étoiles Température des grains § Un grain de poussière au voisinage de la surface du Soleil, température d'équilibre = 6000 K. Il se volatilise. Mais loin des étoiles dans un rayonnement galactique «moyen», ce rayonnement est celui de toutes les étoiles réunies. Charles Fabry a mesuré que ce rayonnement, dans le voisinage solaire, à la densité de lumière d'un corps noir à 3 K, coïncidence cosmique avec le rayonnement fossile à 2.725 K découvert plus tard ! § En principe, l'émission thermique des poussières devrait donc se retrouver avec une température de 3 K. Eh bien non ! Du fait de leur taille, les grains sont de piètres émetteurs : les grains sont bien plus petits que la longueur d'onde (1 mm) à laquelle ils voudraient émettre. Le calcul donne une température entre 15 et 20 K selon le type de grain. L'émission infrarouge = observation par Herschel Qu'apporte alors Planck si les grains semblent trop chauds et émettent leur énergie dans l'infrarouge et non pas dans son domaine radio-millimétrique de prédilection ? § Les grains émettent comme un corps noir modifié, c'est-à-dire selon une variante de la loi de Planck. Effectivement, le gros de l'énergie qu'ils absorbent se retrouve dans le domaine infrarouge. Planck permet de mesurer la distribution spatiale des grains, leur température, ce qui fait de Planck un excellent traceur du milieu interstellaire. § Dans les fameuses poches de gaz denses, les couches successives de poussières font écran à la lumière des étoiles. Le coeur de ces nuages denses contient donc des poussières très froides. Planck en détecte à des températures inférieures à 10 Kelvin ! 4. Il existe plusieurs fonds diffus § La lumière due à la superposition de l’émission de toutes les générations de galaxies crée un rayonnement diffus baignant tout l'Univers (différent du rayonnement fossile), que l'on appelle fond extragalactique. Ce fond a son maximum d’intensité dans le domaine infrarouge, d'où son autre nom de fond diffus infrarouge § La lumière, émise par tous les objets de l'univers (étoiles, galaxies, quasars, ...) depuis leur formation, emplit l'espace intergalactique d'un « océan » de photons. Ces rayonnements composés de photons radio et infrarouge constituent une trace fossile de l'activité lumineuse de l'univers. Il existe en fait plusieurs fonds diffus : Type radio (origine = début de l'univers) : rayonnement fossile ou fond diffus cosmologique Type rayonnement infrarouge (lumière émise par les galaxies) : fond diffus extragalactique Avant tout était noir, le fond cosmologique constitue la frontière de tout l’Univers visible. La 1ère image est dominée par la lumière de la Galaxie, des amas de galaxies, les poussières. Il faut nettoyer tous les avants plans comme ce paysage de montagne. La complémentarité : Planck et Herschel § Planck = détecteur et thermomètre des régions les plus froides de notre Galaxie. § Ce sont ces régions qui sont à l'origine de la formation des étoiles. Les premières images de Planck montrent que ce qu'on appelle des nuages est plutôt un entrelacs de filaments. Planck nous en donne une vision globale sur tout le ciel. Herschel est complémentaire car il permet d'améliorer, sur de petites cartes, la finesse des détails jusqu'aux coeurs individuels. Planck voit l’Univers à plusieurs longueurs d’onde 5. La machine à remonter le temps ! A partir de l’image de la voûte céleste Premier obstacle : la lumière issue des pouponnières d’étoiles au sein de la Voie Lactée, de galaxies voisines, d’amas et de superamas de galaxies lointaines. En tout 50 000 sources, dites ponctuelles, qui masquent la lumière fossile. Carte intégrale du ciel obtenue avec le satellite Planck de l’ESA. Sur cette carte, des images ont été positionnées. Les noms de certaines structures de la Voie lactée ont été ajoutées. Crédit : ESA, HFI, LFI Consortia La lumière des étoiles est éliminée Cette image illustre la position dans le ciel de toutes les sources compactes, galactiques et extragalactiques, détectées par Planck (ERCSC, Early Release Compact Sources Catalogue) Crédit : ESA/ Planck Collaboration L’obstacle des ondes galactiques Le champ magnétique de notre Galaxie, la Voie Lactée, vu par le satellite Planck de l'ESA. Les régions les plus sombres correspondent à une émission polarisée plus forte et les stries indiquent la direction du champ magnétique projeté sur le plan du ciel . Crédits : ESA L’obstacle des poussières interstellaires Cette image de tout le ciel présente la distribution du monoxyde de carbone, traceur des nuages moléculaires, observée avec le satellite Planck. Certains, jusqu'alors inconnus, se trouvent dans des régions éloignées du plan galactique. Les grandes structures en filigrane sont liées des artefacts du traitement des données et n'ont rien de réel. Crédits : ESA / collaboration Planck Le panache bleuté masque le ciel Le processus de séparation des composantes. A partir de la carte brute, les différentes contributions sont séparées. Les cartes intermédiaires ainsi obtenues sont précieuses par exemple pour l'étude de notre Galaxie. La dernière carte montre la température du rayonnement fossile. Les points orangés sont les plus chauds et les bleus sont les plus froids. L’image ultime de l’Univers Une fois les lumières parasites effacées, il ne reste plus que la lumière fossile, avec une sensibilité inégalée, T= 3000°C, il y a de légers grumeaux, de très petites fluctuations de densité de matière, indiquées par des taches rouges, jaunes et bleues. Révélateurs de l’origine de l’univers agité de soubresauts quantiques. La lumière fossile est représentée à plat en ellipse, mais c’est une sphère. 6. Trois premières découvertes 1. L’inflation brutale se confirme : entre 10-38 et 10-30 s après le big bang, l’Univers aurait connu une phase d’expansion exponentielle, appelée inflation. Pour la 1ère fois, le satellite Planck en dévoile la dynamique et confirme qu’elle s’est terminée par un ralentissement progressif 2. Trois anomalies entachent le fond lumineux de l’Univers : 380 000 ans après le big bang, les protons et les neutrons s’assemblent pour former des noyaux , libérant les photons. L’Univers émet sa 1ère lumière, Planck a dévoilé 3 anomalies qui semblent contredire le modèle cosmologique 3. La recette de l’Univers a un nouveau dosage : Planck vient de recalculer tous les paramètres cosmologiques ; il est composé de 4,9% de poussières et de galaxies, de 26,8% de matière noire et de 68,3% d’énergie noire, il s’étend à la vitesse de 67 km/s L’image ultime de l’Univers Planck valide le scénario de l’histoire de l’Univers Surimposition des premières observations de PLANCK sur une image visible du ciel complet, crédits: LFI & HFI Consortia (Planck), Axel Mellinger (visible) Une recette de l’univers enfin affinée L’Univers a gagné 0,4% de galaxies et de poussières, il perd 4,5% d’énergie sombre accélératrice de l’expansion. L’univers est composé de 4,9% de matière au lieu de 4,5%, 26,8% de matière noire au lieu de 22,7%, 68,3% d’énergie noire au lieu de 72,8% Le taux d’expansion de l’Univers est en réalité de 67 km/s Le cosmos était âgé de 13,76 milliards d’années ; il a aujourd’hui 13,82 milliards d’années Un pas pour comprendre l’inflation C’est la zone d’ombre de l’histoire de l’Univers. L’inflation est la phase d’expansion exponentielle , entre 10-38 et 10-30 seconde, qui a connu une phase de ralentissement progressif jusqu’à se stabiliser. L’inflation explique la grande homogénéité de la soupe primordiale, conduisant à l’univers structuré et hétérogène des amas de galaxies séparés par des vides intergalactiques Une illustration des théories issues de la cosmologie quantique à boucles qui éliminent la singularité cosmologique initiale en relativité générale en introduisant une géométrie quantique vers le mur de Planck. Ces théories prédisent une phase inflationnaire laissant des traces possibles dans la polarisation du rayonnement fossile, ainsi qu'une phase de pré-Big Bang avant le temps Planck, avec un univers qui s'effondre pour rebondir (on parle de rebond ou bounce en anglais) avec une nouvelle phase d'expansion. © APS, Alan Stonebraker 7. Cinq résultats qui changent la vision de l’univers 1. L'Univers est âgé de 13,8 milliards d'années. La constante de Hubble vaut 67,15 kilomètres par seconde par mégaparsec (un mégaparsec = 3,36 millions d'années-lumière), soit presque 10% de moins que les précédentes estimations. L'Univers s'étend moins vite, il est donc plus vieux. 2. L'Univers contient plus de matière ordinaire que prévu : étoiles, planètes, êtres vivants. Elle constitue 4,9% du contenu de l'Univers, contre 4,3% estimé précédemment. 3. La proportion de matière sombre grandit elle aussi : 26,8% contre 22,7% auparavant. Elle a été détectée uniquement par ses effets gravitationnels sur les galaxies et autres amas de galaxies. 4. En conséquence, l'énergie noire, force mystérieuse qui serait responsable de l'accélération de l'expansion de l'Univers compte désormais pour 68,3% du contenu de l'Univers, et non pas 72,8%. 5. Il est possible que l'Univers ne soit pas, à très grande échelle, identique dans toutes les directions de l'espace : certaines anomalies mises en évidence par Planck et que la théorie actuelle n'explique pas. Les découvertes du satellite Planck 1. Planck a aussi cartographié 189 amas de galaxies, dont une trentaine étaient inconnues jusqu'alors 2. 15 000 objets froids ont été détectés. Il s’agit de sites de formation d’étoiles, mais aussi de galaxies qu’on n'avait jamais observées auparavant 3. Planck peut détecter des sites de formation de galaxies datant de 10 milliards d’années 4. Il a dévoilé la présence de nuages de poussière en rotation extrêmement rapide, dans les espaces interstellaires de la Voie Lactée 8. Trois anomalies pour aller au-delà du modèle standard 1. Deux hémisphères différents : le fond diffus cosmologique apparait différent sur les 2 hémisphères ce qui est en contradiction avec la relativité générale dans laquelle à grande distance, l’Univers est isotrope. 2. Une étrange zone froide appelée point froid sur 5° du ciel, au sud de l’axe de la Voie Lactée. Les fluctuations moyennes fluctuent de 18 microkelvins, le « cold spot » affiche un déficit de 70 microkelvins. 3. Trop peu de grosses taches , les petites fluctuations collent aux prédictions de la théorie mais pas celles plus étendues d’environ 10° sur le ciel. 9. Conclusion Planck confirme le modèle standard de la cosmologie. Le monde est écrit dans le langage des équations. Il est nécessaire de résoudre les problèmes à grande échelle. Seule la moitié des données du satellite Planck a été traitée. Il reste encore un grand nombre de questions : Les fluctuations sont-elles le fruit du hasard ou ont-elles une signification ? L’énergie noire et la matière noire existent-t-elles ? Que vont relever les nouvelles données de Planck ? Les données de Planck réduisent les paramètres qui caractérisent le scénario de l’inflation mais reste-t-il une zone très probable à valider ? L’inflation a-t-elle un sens dans la théorie du big bang ?