L`effet de la qualité de l`alimentation sur la gradation

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lampes & LUMINAIRES
L’effet de la qualité
de l’alimentation
sur la gradation
La qualité de l’alimentation joue un rôle
non négligeable sur les systèmes de gradation
de l’éclairage. Le principe de la gradation,
la qualité de l’alimentation et le problème du bruit
affectant le courant secteur et ses effets néfastes
sur les gradateurs sont ici abordés, ainsi qu’une solution
proposée par Lutron, l’un des spécialistes des systèmes de
gradation. Son système de filtrage du bruit de ligne assure des
performances homogènes en matière de variation de lumière.
Figure 1. Bruit haute fréquence > 5 kHz.
Causes :
moteurs à vitesse variable,
onduleurs en ligne
Figure 2. Bruit impulsionnel.
Causes : arcs de commutation
(ouverture/ fermeture
de circuits de charge)
Figure 3. Système de signalisation
et non harmonique basse fréquence.
Causes : système de signalisation,
communication par courants porteurs
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ne alimentation de mauvaise
qualité peut provoquer de
brusques variations de l’éclairage liées à des modifications des caractéristiques de la source d’alimentation. Ce
qui peut se traduire par un éclair occasionnel, un effet stroboscopique ou
encore une fluctuation cyclique, ou effet
de “breathing” (respiration).
Cet article présente les principes de
base de la gradation et des solutions possibles de gradation en présence d’une
alimentation de mauvaise qualité présentant un bruit de courant secteur. Il identifie les causes probables de mauvaise
qualité d’une alimentation et décrit
RTISS, le système breveté de Lutron qui
filtre les bruits parasites de l’alimentation à l’entrée du gradateur pour assurer
une gradation stable et de qualité.
U
Interrupteurs et gradateurs
Dans un circuit, le gradateur est utilisé à la place d’un interrupteur à bascule classique. Les interrupteurs à bascule offrent en charge deux niveaux d’alimentation seulement : marche et arrêt.
Les interrupteurs gradateurs, en
revanche, offrent en charge un nombre
quasi-illimité de niveaux d’alimentation, déterminés par la position du curseur ou du mécanisme de commande
du gradateur.
La majorité des gradateurs standard
sur le marché reposent sur l’un des
quatre dispositifs suivants : triac, thyristor, transistor, FET ou IGBT. Ces dispositifs sont utilisés soit comme gradateurs à polarisation directe, soit comme
gradateurs à polarisation inverse. Par
souci de simplification, seul l’exemple
du triac est ici traité, mais les problèmes
et solutions abordés dans cet article sont
également valables pour les autres types
de dispositifs.
Un gradateur à polarisation directe
contrôle l’alimentation de la charge au
moyen d’un interrupteur à semi-conducteur, ou triac. Le triac s’ouvre et se ferme
à intervalles réguliers en fonction de la
fréquence du courant secteur, 100 fois
par seconde avec une alimentation de
50 Hz ou 120 fois par seconde avec une
alimentation de 50 Hz, par exemple.
L’utilisateur règle le niveau d’éclairage
au moyen d’un curseur, bouton rotatif ou
autre dispositif qui commande au gradateur, par l’intermédiaire d’un potentiomètre ou d’un micro-processeur, la fourniture au circuit d’un niveau d’intensité
particulier. Le gradateur traduit ce
niveau en terme de temps de conduction
du triac. Le temps de conduction correspond à la durée entre la “fermeture” et
l’“ouverture” du triac.
Le gradateur est synchronisé sur le
courant secteur au moyen d’un logiciel
de temporisation intégré au microprocesseur. Le logiciel mesure la fréquence
du courant secteur et le moment où sa
tension passe par la valeur zéro. Une
gradation stable et cohérente suppose
une mesure précise de la fréquence d’alimentation et un passage bien net au zéro.
Le microprocesseur se base sur ses
mesures de passage au zéro et calcule le
temps de conduction pour déterminer le
point d’amorçage du triac. Le circuit de
temporisation calcule, en fonction de la
fréquence du courant secteur, la durée
pendant laquelle le triac doit rester activé. Au bout de ce délai, le triac se
bloque automatiquement au moment du
passage au zéro du courant secteur.
Cette séquence fournit le temps de
conduction exact nécessaire et donc le
niveau lumineux souhaité.
Pour produire une gradation continue
et sans papillotement, le circuit de temporisation du microprocesseur doit disposer de données fiables et très précises
sur le passage au zéro. Des mesures de
passage au zéro erronées peuvent influer
sur le calcul des points d’amorçage et du
temps de conduction de l’interrupteur à
semi-conducteur et, par conséquent,
altérer la qualité de la gradation. Ces
données dépendent de la qualité de l’alimentation secteur.
Ces deux exigences, détermination du
passage au zéro et fréquence secteur
exacte, sont propres à la gradation. Les
autres équipements électriques ne
dépendent pas de ces deux paramètres.
Le fait que le matériel informatique
serait tout aussi sensible aux défauts du
secteur est une idée fausse très répandue.
En effet, dans la mesure où, contraire-
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ment au bloc d’alimentation d’un ordinateur, un gradateur n’emmagasine pas
d’énergie, il peut être beaucoup plus sensible aux problèmes de qualité du courant secteur.
Les six types de défaut
du courant secteur
Dans le cadre de ses recherches, Lutron a
identifié six types de défauts différents pouvant affecter le courant secteur : bruit haute
fréquence, bruit impulsionnel, systèmes de
signalisation et non harmoniques basse fréquence, déformations et bruit basse fréquence, variation de la tension efficace,
variation de la fréquence fondamentale.
Ces défauts particuliers sont produits
par les différents systèmes de distribution
électrique installés dans les immeubles.
Les impédances des câbles et des transformateurs, ainsi que les divers systèmes
et charges alimentés par un tableau de
distribution commun, peuvent influer sur
la gravité des défauts du secteur.
Lutron a identifié ces causes après examen
d’un échantillon de plus de 150 installations
à travers le monde. Tous les cas étudiés provenaient d’installations pour lesquelles des
problèmes étaient détectés à intervalles
réguliers par du personnel compétent.
Jusqu’alors, le matériel Lutron était bien
adapté pour répondre à l’un de ces défauts
de secteur individuellement (par exemple,
le gradateur fonctionne correctement en
présence de variations de la tension efficace pouvant atteindre 2 % de la fréquence
du réseau). Toutefois, en présence de plusieurs défauts simultanément, les problèmes de qualité du secteur peuvent se
traduire par une gradation peu fiable.
Les figures 1 à 6 illustrent les six défauts
du courant secteur. Ces problèmes peuvent se présenter individuellement ou
combinés. Ils sont de nature dynamique et
peuvent disparaître puis réapparaître au
cours du temps à mesure que les charges
changent sur le circuit secteur.
Afin de recréer et d’analyser ces défauts,
Lutron a développé une méthode permettant de reproduire avec précision les conditions réelles au sein de son laboratoire de
recherche. A cette fin, Lutron a mis au point
une méthode d’enregistrement faisant
appel à une plate-forme audio numérique.
La technique consiste à enregistrer plusieurs heures de tension secteur sur des
cassettes numériques. A partir de ces cassettes, les ingénieurs sont en mesure de
recréer fidèlement les conditions réelles
dans leurs laboratoires. Lutron se constitue ainsi une bibliothèque d’états du courant secteur à travers le monde, ce qui lui
permet de disposer de conditions expérimentales authentiques pour tester les
modifications proposées sur ses produits.
Solution
La solution initiale de Lutron pour l’élimination des défauts de courant secteur
individuels consistait en un filtre numérique appelé circuit d’asservissement de
phase, ou PLL (Phase Locked Loop). Par
contrôle constant du point de passage au
zéro, le PLL pouvait “moyenner” tout
bruit se présentant aux bornes du gradateur. L’ajustement consistait à activer ou
désactiver le PLL ou à modifier la vitesse de détection du bruit.
Ce système fonctionnait bien en présence d’un seul défaut de courant secteur
à la fois. Si deux défauts ou plus se
manifestaient simultanément, le PLL se
révélerait inadapté. Pour faire face à ces
cas de défauts multiples simultanés,
Lutron a développé une nouvelle génération de filtres à passage au zéro, baptisée
RTISS (Real Time Illumination Stability
System, système de stabilisation de
l’éclairage en temps réel). Ses travaux de
développement ont produit un filtre analogique utilisé par le circuit de temporisation du microprocesseur.
Le filtre a été conçu pour éliminer tout
contenu en fréquence susceptible d’induire le circuit de temporisation en
erreur. Il offre au microprocesseur des
impulsions de synchronisation stables,
même en présence d’une alimentation de
mauvaise qualité.
La figure 7 illustre le principe de fonctionnement du filtre. Le signal du haut
représente une tension d’alimentation
instable et déformée. Le signal du bas
représente ce qui est produit par le circuitfiltre, ce qui est réellement fourni au circuit
de temporisation du microprocesseur.
Remarque : le circuit-filtre RTISS ne
conditionne pas l’alimentation fournie
au gradateur. Il ne modifie en rien la
forme du courant envoyé à la charge, il
se contente uniquement de fournir au
circuit de temporisation un signal propre
afin que le triac dispose de données précises sur le passage au zéro et la fréquence de l’alimentation.
Figure 4. Déformation
et bruit basse fréquence.
Causes : ascenseurs
et fortes charges industrielles
Figure 5. Variation de la tension efficace.
Causes : ouverture/fermeture
de circuits de forte charge
Figure 6. Variation de la fréquence
fondamentale.
Causes : générateurs de secours, réseaux
électriques relativement restreints
Conclusion
L’incorporation d’un filtre de passage au
zéro dans les produits à base de microprocesseur permet aux gradateurs Lutron
de présenter en permanence des performances optimales. Lutron a choisi d’incorporer ses outils d’enregistrement au
processus de vérification de la conception
de tous ses produits. Grâce à eux, les utilisateurs ont l’assurance qu’ils ne connaîtront plus de problèmes de cohérence ou
de fiabilité de la gradation lorsque l’alimentation électrique de l’installation est
variable ou de mauvaise qualité.
Figure 7. Tension d’alimentation
et tension filtrée
D’APRÈS UN DOSSIER TECHNIQUE LUTRON
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