Les fondations de l’Islam : approche théologique et doctrinaire PROF CLAUDIO MONGE Université de Fribourg Faculté de Théologie AA. 2009-2010 XV - Les écoles de droit musulman (madhhab) Les sources normatives de l’islam 1. Le Coran : l’autorité est absolue, car révélée ; 2. la sharî’a: l’ensemble des règles établies par Dieu dans les différents domaines de l’existence et toutes les prescriptions revêtues de son autorité divine ; elle est l’orientation islamique du droit en vue de créer une société ou un Etat islamique. 3. La sunna : l’ensemble et chacune des traditions qui se rapportent à Muhammad et ayant valeur normative : ce qu’il a dit, ce qu’il a fait ou décidé, ce qu’il a approuvé, toléré ou désapprouvé chez ses compagnons. D’une manière plus générale, les musulmans appellent sunna les règles du bon comportement islamique considérées dans leur globalité ou prises individuellement1. 4. Le hadith (en arabe signifie propos, communication): c’est la partie de la sunna qui se compose particulièrement des paroles de Muhammad, consignées par ses compagnons, et ayant valeur normative. 5. Le fiqh : c’est le droit islamique canonique. 6. La méthode de raisonnement par analogie ou qiyas Cinq traditions d’interprétation A l’origine de l’islam, il existait plusieurs écoles de droit musulman (madhhab). Celles-ci étaient connues par leur emplacement géographique. LES QUATRE ECOLES DE DROIT SUNNITES - Ecole hanafite, école irakienne, d’Abu Hanifa (699 - 760 soit 150 de l’Hégire), qui insiste sur le jugement analogique (qiyâs) et représente la doctrine la plus libérale. Zone d’influence : Turquie, Républiques musulmanes de l’ex-U.R.S.S., Jordanie, Syrie, souscontinent indien, Irak, Egypte, Liban, Chine. Cette école est basée entre autre sur l’interprétation personnelle (ray). Disciples : Abû Yûsuf, Shaybâni... - Ecole mâlikite, de Mâlik ibn Anas (env. 712 - env. 796 soit 179 de l’Hégire), fondée sur le consensus (idjma') et le jugement personnel (ray). Zone d’influence : Egypte, Maghreb, Soudan, Emirats, Afrique occidentale, péninsule arabique. Cette école s’inscrit dans la continuité de l’école de Médine ; plus rigoriste de la précédente. - Ecole shâfiite, école médinoise de Mouhammad ibn idris as-shafi'i (767 - 820 soit 204 de l’Hégire). L’école shâfiite est une synthèse de l’école mâlikite et de l’école hanafite. Elle rejette le principe du consensus des savants et opte pour le consensus de la communauté tout entière. Zone d’influence : Palestine, Aden, Pakistan, Kurdistan, Egypte, Asie du sudest, Afrique de l’Est. Les kurdes sont chafiites. Disciples : Muzanî (mort en 878) auteur de Mukhtasar. 1 Voir fichier à part « LA SUNNA », sur les catégories de sunna. Les fondations de l’Islam : approche théologique et doctrinaire PROF CLAUDIO MONGE Université de Fribourg Faculté de Théologie AA. 2009-2010 - Ecole hanbalite, créée par Ibn Hanbal (780 - 855 soit 240 de l’Hégire), qui insiste sur le taqlîd (copie; imitation; routine; costume). Il s’agit de l’acceptation littérale du contenu d’un enseignement, sans les remettre en cause, des préceptes d'une jurisprudence. C’est l’école la plus rigoriste. Zone d’influence : Arabie saoudite, Qatar. Disciples : Ibn Taymiyya (mort en 1328) qui était indépendant. Parmi les anciennes écoles de droit sunnites : - Ecole zâhirite, créée par Dawûd Ibn Khalaf (mort en 884). Cette école était fondée sur le zahir, c’est à dire, la signification littérale du Coran. Pour le zahirisme le Coran est révélé dans un arabe clair, on doit donc le comprendre dans son sens apparent. Cette école était donc très attachée à la grammaire et au sens objectif du vocabulaire du Coran et des hadiths. Pour le zahirisme, tout ce qui ne figure pas dans les textes est licite. D’autres écoles ont également disparut : l’école de Sufyân Ath-Thawriy, l’école d’Abû Thawr, l’école de Dâwûd Azh-Zhâhiriy (IXe siècle). ECOLES DE DROIT CHIITES - Ecole ja’farite. Zone d’influence : Irak et Iran. - Ecole zaydite. Zone d’influence : Yémen. Les cinq domaines d’application des normes religieuses Dès les premiers siècles de l’islam, les auteurs des traités de théologie et de droit ont pris l’habitude de répartir le champ d’application des normes islamiques en cinq domaines. 1. LES NORMES DOGMATIQUES (al-‘aqîda) : elles englobent les croyances et les articles de foi . 2. LES NORMES CULTUELLES (al-‘ibâdât) : elles définissent les règles relatives aux ablutions, à l’attestation de foi rituelle, aux prière liturgiques aux heures prescrites, à l’office communautaire du vendredi et des fêtes, à l’aumône, au jeûne rituel, au pèlerinage, ainsi que les rites funéraires… 3. LES NORMES ETHIQUES ET MORALES (al- akhlâq) : elles définissent les attitudes louables et les qualités de l’homme vertueux. Figure aussi dans ce registre le rejet d’attitudes répréhensibles . 4. LES NORMES DU BON COMPORTEMENT (fîl-âdâb) : elles concernent l’intention droite, le bon comportement envers Dieu, envers le Coran, envers le Prophète, envers soimême, les parents, … 5. LES NORMES JURIDICO SOCIALES (al-mu ‘âmalât) : elles prennent en compte les contrats, les transactions et les rapports sociaux en général (tous les différents droits que nous avons déjà cité international, constitutionnel, économique et social…)