19-27 Impact desequilibre alimentaires BAT_Gabarit dossier ruminants 23/02/2015 16:59 Page19 l’impact des déséquilibres Synthèse et données originales alimentaires, énergétiques et azotés sur les fonctions immunitaires des bovins Cet article décrit les associations entre déséquilibres alimentaires énergétique et azoté, et fonctions immunitaires, en distinguant les différentes fonctions lymphocytaires et neutrophiliques, à partir de données publiées et de données originales. D e nombreux facteurs (statut infectieux, conduite d’élevage dont facteurs de stress, alimentation) sont susceptibles de modifier la réponse immunitaire des bovins, mais le poids respectif de chaque facteur et leurs interactions restent plus ou moins bien définis. Beaucoup d’études s’intéressent à la relation entre facteur de risque et maladie, ou à celle entre facteur de risque et modification des fonctions immunitaires, mais peu d’entre elles font le lien entre ces deux types de relation ; Le lien est alors souvent extrapolé par construction intellectuelle. ● Les facteurs qui modifient les fonctions immunitaires (statut infectieux, conduite d’élevage dont facteurs de stress, alimentation) diffèrent de manière importante entre les fonctions immunitaires, et entre les types de cellules immunitaires. Il est donc nécessaire de s’intéresser indépendamment à chacune de ces différentes fonctions, qui peuvent être modulées par des facteurs externes (encadré 1)* [11, 34]. ● Les associations entre déficit énergétique et immunité sont d’abord présentées de manière synthétique, puis l’impact immunitaire des déséquilibres azotés est détaillé dans l’encadré 2. Évaluer ces fonctions nécessite des outils et des méthodes particulières, détaillées dans le tableau 1. BILAN ÉNERGÉTIQUE ET IMMUNITÉ ● L’effet délétère d’un bilan énergétique négatif sur l’immunité est consensuel, malgré quelques essais discordants, et même si les mécanismes incriminés restent flous. Didier Raboisson Loïc De Marchi Allain Millet Samuel Gannac Jean-Marie Ferraton François Schelcher Gilles Foucras 1 Université de Toulouse, Institut National Polytechnique de Toulouse (INPT), École Nationale Vétérinaire de Toulouse (ENVT), Pathologie des ruminants 31076 Toulouse, France Encadré 1 - Les catégories de cellules immunitaires correspondant aux types d’immunité, innée ou acquise Il existe deux grandes catégories de cellules immunitaires. Elles correspondent aux deux types d’immunité, innée et acquise. 1. L’immunité innée repose sur des mécanismes de défense chimiques et cellulaires préexistants et à vitesse de réponse rapide. - Elle implique principalement les macrophages, les cellules dendritiques, les neutrophiles (ou GNN pour granulocytes neutrophiles) et les cellules Natural Killer (NK). - L’immunité innée est mobilisée contre les infections bactériennes, notamment mammaires pour la vache laitière, et peut “cibler” la réponse immunitaire vers un tissu, via les mécanismes d’inflammation. 2. L’immunité acquise repose sur les lymphocytes B et T (LB, LT). - Elle permet une réponse plus spécifique que l’immunité innée, mais nécessite un temps de réponse plus long lors du premier contact. - Sa caractéristique principale est la mémoire immunitaire [38]. ➜ Selon les maladies et les agents pathogènes, l’un ou l’autre type de ces réponses est dominant. ● Bilan énergétique et fonctions lymphocytaires ● Le bilan énergétique négatif est associé à une baisse de la prolifération des lymphocytes et de la production d’Ig. ● Dans un essai ex vivo chez des ovins, la lympho-prolifération (après stimulation par un agent mitogène comme la phytohémagglutinine (PHA)) et la production d’IgG antiKLH (immunisation préalable) sont plus faibles chez les brebis en cétose subclinique (BOHB > 0,86 mmol/L) par rapport NOTE * Deux articles récents décrivent les liens entre fonction immunitaire et certains facteurs de risque nutritionnels, à travers l’exemple de la non délivrance (Olivier Salat et coll., ‘ ’La non délivrance chez les bovins est-elle une maladie du stress oxydatif ?’’, LE NOUVEAU PRATICIEN Vétérinaire élevages et santé 2012;20(5):8-15.) [11], ainsi que les liens entre les facteurs de variation d e la réponse inflammatoire chez les ruminants (Gilles Foucras, ‘’Les facteurs de variation de la réponse inflammatoire chez les ruminants’’, LE NOUVEAU PRATICIEN Vétérinaire élevages et santé, 2013;22(5):171-6.) [34]. 2 Institut National de la Recherche Agronomique (INRA), Unité Mixte de Recherche 1225, Interactions HôtesAgents Pathogènes (IHAP) 31076 Toulouse, France Objectif pédagogique ❚ Connaître les associations entre déséquilibres alimentaires énergétique et azoté, et fonctions immunitaires. 1er Prix éditorial Essentiel 2014 ❚ L’effet délétère d’un bilan énergétique négatif sur l’immunité est consensuel. ❚ L’immunité innée est mobilisée contre les infections bactériennes, notamment mammaires pour la vache laitière, et peut “cibler” la réponse immunitaire vers un tissu, via les mécanismes d’inflammation. ❚ L’immunité acquise nécessite un temps de réponse plus long lors du premier contact. ❚ Selon les maladies et les agents pathogènes, l’un ou l’autre type de ces réponses est dominant. RUMINANTS ❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article 19 LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 7 / n°28 OCTOBRE 2014 - 171