Correction du devoir n°2 Sujet : Vous expliquerez comment le

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Correction devoir n°2
Correction du devoir n°2
Sujet : Vous expliquerez comment le progrès technique agit sur la croissance
économique
=> C'est le sujet classique du chapitre 1. Les résultats sont décevants, parce que trop d'élèves n'ont
pas révisé le chapitre. Trop souvent, vous n'étiez donc pas capables de lire tous les documents, ni de
restituer les mécanismes explicatifs du chapitre. Ne faites pas ce gendre d'impasse le jour du bac...
1. Orthographe et syntaxe
Beaucoup de fautes d'orthographe et de syntaxe. Il faut consacrer au moins 5 mn à la relecture.
Développement ; inciter ; innovation ; intérêt
La conjugaison à la troisième personne n'est pas toujours maîtrisée, en raison d'une confusion entre
les verbes du premier et second groupe.
Employer (1er groupe) => il emploie
Investir (2ème groupe) => il investit
2. Quelques erreurs
2.1 La Révolution industrielle. Beaucoup d'introductions font une accroche à partir de la Révolution
industrielle. Cela peut être pertinent, parce que la RI correspond à une période d'intense PT, qui a vu
apparaître des innovations qui ont bouleversé la production économique (comme la machine à
vapeur) et ont permis, pour la première fois, que la production par habitant augmente durablement.
Le problème est que beaucoup d'introductions affirment que le PT aurait débuté avec la RI. Si c'était
vrai, cela voudrait dire qu'avant le XVIIIe siècle, les hommes vivaient dans des cavernes, sans savoir
tailler un silex, ni allumer un feu. Une idée aussi stupide donne une très mauvaise impression au
début de la lecture de la copie...
2.2 Toujours beaucoup de confusions entre production et croissance. Quand la production (ou le
niveau de vie) augmente, cela s'appelle de la croissance. Donc la RI a conduit à une augmentation
durable et régulière de la production par habitant, ou encore elle a permis une croissance du
PIB/habitant. Mais pas un mélange des deux (une « augmentation de la croissance »).
2.3 Le concept de « bien public » (bien non rival, non exclusif) n'a souvent pas été utilisé pour
expliquer pourquoi l'État doit financer la recherche fondamentale.
2.4 La majorité des élèves ne savent pas lire le document 4. C'est grave.
3. Problèmes de méthode
2.1 Une règle essentielle n'est pas toujours respectée : tous les documents doivent être utilisés. Le
document 4 a souvent été « oublié », notamment.
2.2 Les documents statistiques sont souvent mal utilisés. Il faut faire deux choses quand on utilise un
document statistique dans un raisonnement : 1) mettre en valeur la ou les corrélations, causalités,
tendances, etc. qu'il permet d'établir ; 2) illustrer ces derniers par des exemples venus du document.
Voir les exemples dans la correction plus bas (par exemple, le 3 du A du I). Vous avez tendance à ne
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pas illustrer votre propos en prenant des exemples des documents statistiques.
2.3 Définitions : tout comme dans le premier devoir, les définitions élémentaires du sujet ne sont pas
toujours maîtrisées. En particulier, nombreuses sont les copies qui, en introduction, ne définissent pas
ou définissent mal le progrès technique. Il faut que vous reteniez des définitions simples des concepts
élémentaires de tous les chapitres. Par exemple, PT = l'ensemble des innovations.
2.4 Une bonne copie est constituée de deux éléments : 1) un bon plan, c'est-à-dire un plan logique,
qui suit un raisonnement, et donne ainsi une réponse à la problématique ; 2) une explication précise
des mécanismes élémentaires à l’œuvre. Beaucoup de copies sont mauvaises, parce que les
mécanismes ne sont pas maîtrisés, en particulier les mécanismes qui vont du PT à la croissance.
4. Principales difficultés du sujet :
La difficulté principale est de trouver un plan qui soit logique et efficace.
a) Les documents conduisent à identifier deux grandes parties possibles. Une partie qui traite du
lien PT/gains de productivité/croissance (documents 1 et 4) et une partie qui s'intéresse aux
conditions dans lesquelles le PT peut produire ces effets (documents 2 et 3).
Il était préférable de faire un plan du type : I) Les mécanismes qui vont du PT à la croissance II)
Les conditions, plutôt que dans l'autre sens.
b) Le I a souvent posé problème dans son organisation, parce que trop nombreux les élèves qui
n'ont pas vraiment compris les mécanismes causaux qui vont du PT à la croissance. En effet, c'est en
décomposant la chaîne causale qui va du PT à la croissance économique, que l'on obtient un plan
logique et efficace.
Ainsi, on a un A) qui traite du lien entre PT → Gains de productivité, puis un B) qui traite du lien
Gains de productivité → Croissance économique.
5. Devoir entièrement rédigé
I) Le progrès technique est la cause fondamentale de la croissance sur le long terme
=> Le progrès technique engendre des gains de productivité. Les gains de productivité sont à
l'origine d'une « croissance intensive » qui constitue la plus grosse partie de la croissance
économique dans les pays développés, comme la France. Le progrès technique est donc la cause
fondamentale de la croissance sur le long terme.
A) Le progrès technique engendre des gains de productivité
1. Le progrès technique est constitué par l'ensemble des innovations. Celles-ci peuvent prendre
trois formes principales : procédé ; produit et organisationnelle. Les innovations émergent le plus
souvent à travers la mise en application économique d'une découverte scientifique. Elles
impliquent ainsi un effort d’investissement dans la Recherche et Développement (R&D) pour
émerger.
2. Les innovations de procédé et organisationnelle conduisent à une amélioration de l'efficacité
productive. Elles permettent de produire plus, avec la même quantité de facteurs, parce qu'elles
rendent la production plus efficace. Par exemple, le taylorisme est une organisation scientifique
du travail qui aura permis d'être plus performant grâce à la division du travail.
3. Ainsi, on constate une forte corrélation entre l'intensité de l'effort de recherche en R&D et la
croissance annuelle moyenne des gains de productivité parmi les économies qui sont à la
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« frontière technologique » (c'est-à-dire qui maîtrisent toutes les innovations disponibles et
doivent innover pour en trouver d'autres -à la différence des pays en développement qui peuvent
se contenter de copier). Ainsi le Japon qui a investi en moyenne 3 % de son PIB chaque année
entre 1985 et 2005 a vu sa productivité globale des facteurs augmenter de 1,8 % en moyenne
chaque année durant cette période. L'Espagne, au contraire, n'a eu une progression de sa
productivité que de 0,2 % par an en moyenne, alors qu'elle n'a investi que 0,25 % de son PIB en
R&D (document 1).
B) Les gains de productivité sont la cause la plus importante de la croissance
1. La croissance économique peut résulter de deux grandes causes possibles : soit une
augmentation de la quantité de facteurs de production (croissance extensive) comme par exemple
aux États-Unis de 1971 à 1980 où le facteur travail contribue pour 1, 6 points de % au 3,4 % de
croissance annuelle moyenne ; soit une amélioration de l'efficacité de leur combinaison,
c'est-à-dire de l'accroissement de la productivité globale des facteurs (croissance intensive) :
l'économie peut produire plus avec autant de facteurs qu'avant.
2. Parmi les pays les plus développés, les gains de productivité expliquent la plus grosse partie de
la croissance globale. Ainsi, dans l'Union Européenne à 15, entre 1981 et 1990, 1,5 points de %
des 2,4 % de croissance annuel moyenne viennent de la hausse de la productivité globale des
facteurs -soit plus 60 % . Entre 1991 et 1995, les gains de productivité sont responsables de plus
80 % de la croissance européenne. (document 4).
D'autre part, la forte croissance des Trente Glorieuse (5% par an en moyenne) en Europe est le
produit de gains de productivité très élevés (3.8 points des 5% de croissance entre 1966 et 1970
sont dus à ceux-ci). Ce sont ces gains de productivité très élevés qui permettent d'expliquer que la
croissance économique ait été beaucoup plus forte en Europe qu'aux États-Unis durant cette
période. En raison du ralentissement des gains de productivité à partir du milieu des années 1970,
le taux de croissance en Europe diminue pour rejoindre puis être inférieur à celui des États-Unis,
où les gains de productivité sont restés stables.
3. Les gains de productivité génèrent de la croissance parce qu'ils ont pour conséquence de baisser
le coût unitaire de production, puisque l'on peut produire autant qu'avant avec moins de facteurs.
Cette baisse du coût est utilisée par les entreprises pour baisser les prix (ce qui leur permet de
gagner en compétitivité-prix) et/ou augmenter les salaires et/ou accroître leurs profits. Les deux
premiers usages conduisent à une hausse du pouvoir d'achat, et donc de la demande, et donc de la
production. Le dernier usage peut permettre aux entreprises d'investir plus, ce qui accroît la
demande globale, et donc la production.
(4. Certaines théories économiques récentes (dite « théories de la croissance endogène »)
expliquent que croissance économique et progrès technique forment un cercle vertueux. Les
entreprises et l'État investissent dans la R&D. Cela provoque de la croissance, qui accroît la
richesse de l'économie, notamment les profits des entreprises. Cela permet à celles-ci d'investir
davantage en R&D, et donc d'obtenir de nouvelles innovations, qui vont engendrer des gains de
productivité et donc de la croissance, etc. Cela n'est possible que parce que le « capital
technologique », c'est-à-dire l'ensemble des innovations et du savoir scientifique, a comme
propriété a) de ne pas s'user b) de connaître des externalités positives : une innovations suggère
une autre innovation, qui va en susciter de nouvelles, etc. Pour peu que l'effort d'investissement en
R&D ne cesse pas, le processus d'innovation est donc auto-entretenu.)
II) Le progrès technique ne peut produire de la croissance qu'à certaines conditions
=> Le progrès technique ne peut engendrer de la croissance économique que si certaines conditions
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sont réunies, en raison de la nature particulière du « capital technologique », en particulier le fait
que les innovations dégagent des externalités positives et que la recherche fondamentale constitue
un « bien public ».
A) Les conditions institutionnelles du progrès technique
1. Les innovations sont des idées : c'est pour cela qu'elles suscitent des externalités positives. Il est
en effet simple de copier une idée. Cela suscite l'apparition de nouvelles innovations. Le danger
est que cela peut conduire les entreprises qui investissent en R&D de cesser de le faire si elles ne
peuvent obtenir de profits de leurs innovations, parce qu'elles ont été copiées par des entreprises
concurrentes.
2. Il est donc nécessaire que l'État garantisse la propriété intellectuelle des entreprises sur leurs
innovations, à travers le dépôt de brevets temporaires. Ceux-ci assurent le monopole d'usage d'une
entreprise sur son innovation durant une période donnée (20 ans le plus souvent), ce qui lui permet
d'en tirer profit. Au-delà, l'innovation n'est plus protégée, ce qui favorise les externalités positives.
Pour D. North, le fait que l'Angleterre soit à l'origine de la Révolution industrielle vient justement
du fait qu'elle est le premier pays à avoir établi le système du brevet (document 2). De manière
plus large, il est nécessaire que l'État garantisse un ensemble d'institutions, en particulier un
système légal efficace, qui permettent aux entreprises de s'approprier les profits qui résultent de
leurs investissements.
B) Inventions, innovations et biens publics
1. Parce que l'innovation dégagent des externalités, son rendement privé est plus faible que son
rendement social : cela contraint l’État à favoriser l'activité de R&D des entreprises.
Les connaissances produites par une entreprise innovatrice sont source d'externalités positives :
elles bénéficient à d'autres entreprises, qui s'en inspirent, sans compensation monétaire de leur
part. En conséquence, le rendement privé de l'entreprise innovatrice est inférieur à son rendement
social : le profit qu'en tire l'innovateur est inférieur à la création de richesse que l'innovation rend
possible au niveau de l'économie dans son ensemble. Cela désincite les entreprises à innover
autant qu'elles le devraient, puisqu'elles ne pourront pas s'approprier toute la valeur de leurs
innovations. Dans cette perspective, le rôle de l’État est d'élever le rendement privé de la
recherche, pour compenser les externalités. Il peut le faire en baissant le coût de la recherche pour
les entreprises grâce à des mesures de soutien aux investissement privés en R&D (aides directes
comme des subventions à la DIRD des entreprises, ou aide indirecte à travers des crédits d'impôt
recherche) : 11,2% des dépenses de R&D exécutées par les entreprises sont ainsi financées par
l’État en 2007 d'après l'INSEE et jusqu'à 42 % dans le secteur hautement technologique et
concurrentiel de l’aéronautique (document 3).
2. L'État intervient directement en réalisant lui même de la R&D, en particulier en recherche
fondamentale. Celle-ci est en effet non brevetable, c'est-à-dire non appropriable par des agents
privés. En effet, les découvertes scientifiques n'appartiennent à personne, puisqu'elles ne font que
découvrir le monde réel. Elles sont non exclusives. Elles sont, en outre, non rivales : l'utilisation
par une entreprise d'une découverte scientifique laisse inchangé la possibilité pour les autres
entreprises de s'en servir. Les découvertes de la recherche fondamentale constituent ainsi des biens
publics (non rivaux, non exclusifs).
Les entreprises n'ont donc aucun intérêt de faire de la recherche fondamentale. C'est pour cela que
plus d'un tiers (36,8%) de la R&D réalisée en France en 2007 a été exécutée par l’État. L’État
réalise, en effet, cette recherche fondamentale, en particulier à travers les universités qui réalisent
19,8% de la R&D en France, pour l'essentiel en recherche fondamentale. (document 3).
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