PERSPECTIVES DE NEI SUR LES MARCHÉS POUR 2017

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PERSPECTIVES DE
NEI SUR LES MARCHÉS
POUR 2017
RAPPORT NEI HIVER 2016 • 2017
PERSPECTIVES DE
NEI SUR LES MARCHÉS
POUR 2017
L’EFFET TRUMP...................................................................................................................................................................................................................................3
LES SECTEURS À SURVEILLER....................................................................................................................................................................................................5
L’AVENIR DE L’EUROPE....................................................................................................................................................................................................................6
LES SUCCÈS DES ACTIONS AMÉRICAINES............................................................................................................................................................................7
LES PERSPECTIVES DES ACTIONS AMÉRICAINES FACE AUX AUTRES MARCHÉS DÉVELOPPÉS.....................................................................7
LES OCCASIONS DANS LES MARCHÉS DES ACTIONS ET DES OBLIGATIONS...........................................................................................................7
L’ÉCONOMIE CANADIENNE ............................................................................................................................................................................................................8
LA TAXE CARBONE ET LES RÉGLEMENTATIONS ESG DANS LE MONDE ................................................................................................................9
LA FED ET LES POLITIQUES DES TAUX D’INTÉRÊTS ...........................................................................................................................................................9
LES ATTENTES POUR 2017 ...........................................................................................................................................................................................................10
2016 • 2017
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Les opinions exprimées par les intervenants représentent leur évaluation des marchés au moment où s’est déroulée la Table ronde sur les perspectives boursières
2017 des 16, 17 et 21 novembre 2016. Ces opinions peuvent changer au gré des évolutions boursières et diverger de celles exprimées par d’autres collaborateurs
des mêmes sociétés. L’information communiquée et les opinions exprimées durant la table ronde ne constituent pas des conseils en placements. Tous les
titres mentionnés ne sont pas nécessairement détenus par Placements NEI et ne constituent pas des recommandations ou des sollicitations visant l’achat ou
la vente de ces titres. La mention de titres particuliers par les gestionnaires de portefeuille lors de la discussion se base sur les informations des portefeuilles
NEI à la date de la table ronde. Toute référence à une société, un titre, un secteur, ou un marché en particulier ne doit pas être interprétée comme une intention
de réaliser des transactions concernant un fonds géré par Placements NEI. Ces documents peuvent contenir certains énoncés de nature prospective. Veuillez
noter que ces énoncés ne représentent pas des garanties concernant des rendements futurs et les résultats réels peuvent être substantiellement différents
de ceux évoqués. Il n’existe aucune garantie que les objectifs de placement seront atteints ou qu’un placement donné s’avérera rentable. Des commissions,
commissions de suivi, frais de gestion et dépenses peuvent tous être associés à des investissements dans des fonds communs de placement. Veuillez consulter
le prospectus avant d’investir. Les fonds communs de placement ne sont pas garantis, leur valeur change fréquemment et le rendement antérieur peut ne pas
être reproduit. Placements NEI, Fonds Éthiques, Fonds NordOuest, Faire des gains. Faire une différence. Et de meilleurs rendements à moindre risque sont des
marques de commerce et des marques déposées de Placements NordOuest et Éthiques S.E.C.
Perspectives des marchés pour 2017
Comme au cours des années précédentes, nous avons réuni plusieurs de nos gestionnaires indépendants
pour analyser l’année qui s’est écoulée et prévoir les tendances des marchés financiers en 2017. L’exercice
2016 se termine dans l’incertitude et la complexité du fait de la succession d’événements économiques et
politiques. Voici les experts qui vous aideront à positionner vos portefeuilles pour l’année prochaine : Melchior
Dechelette d’Amundi Asset Management, Kent Hargis d’AllianceBerstein, Joe Jugovic de QV Investors, Josh
Rank de Principal Global Investors et Dara White de Columbia Threadneedle Investments.
L’EFFET TRUMP
NEI: Commençons par l’événement majeur de l’année 2016 : l’élection américaine qui vient de se
terminer. L’incertitude domine en ce qui concerne la politique de M. Trump, et ses idées en matière
de commerce extérieur ont rendu les investisseurs sceptiques. À votre avis, dans quelle mesure ses
visées protectionnistes affecteront-elles l’économie des États-Unis et du monde, en particulier pour
les marchés émergents? Commençons par M. Hargis.
Kent Hargis: Pour l’instant, l’attention se porte davantage sur une politique de relance de la croissance
financée par un déficit que sur les questions de protectionnisme et d’immigration. Toutefois, nous
constatons une baisse nette des marchés obligataires ainsi que des secteurs défensifs (services
publics, FPI, dividendes) du marché boursier. À l’inverse, les secteurs des banques et des ressources
naturelles ont tiré parti des anticipations de hausse des taux d’intérêt ainsi que de l’inflation. Les
pharmaceutiques ont également rebondi du fait d’un allégement possible de la réglementation. On ne
sait toutefois pas encore à quoi M. Trump s’attaquera en priorité une fois en poste. Le candidat était
inhabituel et imprévisible, il faudra donc se donner un peu plus de temps pour toute prévision. S’il
allait de l’avant avec des mesures protectionnistes, la croissance économique en serait probablement
affectée, particulièrement pour les pays avec lesquels nous entretenons des échanges commerciaux
(marchés émergents en tête).
Joe Jugovic: Le budget Trump, prévoyant notamment des réductions d’impôt et des augmentations
de dépenses pour les infrastructures, s’avère favorable à la croissance de l’économie américaine et à la
reprise de l’inflation. Il faut toutefois se demander si ces aspects positifs pour les États-Unis ne seront
pas obtenus au détriment des autres économies.
La mise en œuvre de politiques protectionnistes serait effectivement très négative pour les grands
exportateurs, notamment la Chine, le Mexique et le Canada. L’économie américaine étant toutefois
fortement intégrée en matière d’approvisionnements, tant au nord qu’au sud de ses frontières, des
mesures extrêmes telles que la résiliation de l’ALENA paraissent improbables.
De nombreuses devises de pays émergents ont souffert du résultat de l’élection, en raison des
craintes de protectionnisme et des anticipations de relèvement des taux d’intérêt américains. L’idée
de M. Trump d’offrir une franchise d’impôt sur les fonds rapatriés a également favorisé à court terme
le dollar US. Par ailleurs, la possibilité d’une augmentation progressive de l’inflation, sans hausse
proportionnelle des taux d’intérêt, pourrait amoindrir la vigueur de la monnaie américaine à long terme
et offrir ainsi une bouffée d’oxygène aux actions des marchés émergents.
L’économie américaine devrait donc profiter d’une relance
budgétaire, mais les incertitudes concernant le commerce extérieur
et le déficit budgétaire ainsi que le risque d’une politique étrangère
controversée doivent être évalués.
Josh Rank: Le marché a bien réagi aux incertitudes entourant
la politique extérieure de M. Trump. Les devises des marchés
émergents ont atteint leur plus faible niveau en cinq ans.
Simultanément, les taux d’intérêt américains ont augmenté.
Une hausse du billet vert signifie que les dettes libellées en
dollars coûtent plus cher à rembourser et, de plus, les pressions
inflationnistes pourraient obliger les banques centrales à relever les
taux. La hausse de la monnaie américaine se traduit également par
une baisse des liquidités dans les marchés émergents.
2016 • 2017
« Les promesses de campagne les plus
controversées de M. Trump, telles que
des tarifs douaniers de 45 % sur les
importations chinoises, une taxe de
35 % sur les importations mexicaines et
le « déchirement » des accords de l’ALENA,
ont très peu de chance d’être tenues. »
JOSH RANK
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Au-delà des risques immédiats posés aux marchés émergents par une dévaluation de leur devise subsiste
le spectre de la politique extérieure de M. Trump. Il ne tiendra probablement pas ses promesses de
campagne les plus controversées, telles que des tarifs douaniers de 45 % sur les importations chinoises,
une taxe de 35 % sur les importations mexicaines et le « déchirement » des accords de l’ALENA. En
outre, l’imposition de tarifs douaniers de façon radicale pèserait significativement sur la croissance des
États-Unis. Or, le candidat élu sera jugé sur ses résultats économiques.
Les changements proposés par M. Trump en matière fiscale et de déréglementation pourraient en
revanche bénéficier à l’économie des États-Unis. Une baisse de l’impôt des sociétés ainsi que l’abandon
d’une partie des nouvelles dispositions réglementaires, ou l’abrogation de certaines en vigueur depuis
longtemps pourraient constituer des mesures de relance substantielles. Le reste du monde devrait
également en bénéficier du fait d’une hausse des importations. La Chine pourrait également tirer parti de
l’élection de M. Trump en raison de la mise sur la glace du partenariat transpacifique, tout comme de la
vision économique et militaire de l’Asie à laquelle tenait le président Obama. En d’autres termes, la Chine
pourrait exercer une influence plus forte, autant économique qu’idéologique, sur le reste de l’Asie.
Melchior Dechelette: Les résultats des élections américaines représentent une nouvelle source de
tensions pour les marchés émergents. Le discours protectionniste de M. Trump durant sa campagne
présidentielle a rappelé les risques perçus pour les marchés émergents. Cela étant dit, les effets
devraient être relativement limités.
Les échanges internationaux ont fortement ralenti au cours des dernières années. Dans les marchés
émergents comme dans les économies développées, la croissance est aujourd’hui davantage
conditionnée par des facteurs intérieurs, particulièrement la consommation des ménages. De facto,
des mesures protectionnistes seraient évidemment défavorables, mais dans une mesure nettement
moindre qu’il y a quelques années, lorsque la plupart des modèles économiques des marchés émergents
demeuraient fortement orientés sur la demande extérieure. Une certaine volatilité boursière est
inévitable jusqu’à l’entrée en fonction officielle de M. Trump.
Entre propos insultants à l’égard du Mexique ou de la Chine et amitié apparente avec M. Poutine, M.
Trump est difficile à prévoir dans les faits. Sur la scène politique internationale, c’est la Russie qui paraît
bénéficier le mieux de cette élection et jouer potentiellement un rôle de médiateur dans les relations
sino-américaines.
En fin de compte, nous nous attendons à ce que M. Trump baisse le ton en matière de protectionnisme.
Il continuera évidemment d’en parler. Comme M. Rank, nous ne nous attendons pas à ce que
l’administration Trump aille de l’avant avec les mesures spectaculaires annoncées durant la campagne
électorale, car elles seraient contre-productives pour les États-Unis.
Dara White: La réaction globalement positive des marchés boursiers américains aux résultats de
l’élection en a surpris plus d’un.
À mon avis, les sociétés dont le cours a diminué le plus fortement ont été en règle générale celles qui
bénéficiaient des meilleures tendances structurelles sur les marchés émergents; en effet, en cas de
transferts massifs de capitaux, les investisseurs vendent tout ce qu’ils détiennent. La stabilisation des
marchés boursiers émergents dépend étroitement, en tout cas pour l’instant, de l’évolution de leur
devise, et des rendements obligataires aux États-Unis.
On peut donc conclure que la victoire de M. Trump représente un vent
contraire pour les marchés boursiers émergents et la croissance mondiale,
en raison de ses promesses de campagne. Il est toutefois très important
de rappeler qu’on ne sait pas encore quelles seront les différences entre
le candidat et le président Trump. On sait en revanche que M. Trump est
un négociateur. Quelques jours après l’élection, lui et ses plus proches
conseillers ont adopté un ton conciliant évoquant le « libre-échange
équitable ». Nous pensons que sa priorité est la création d’emplois et,
comme il est pragmatique, étouffer la croissance mondiale ne lui serait
d’aucun secours. Il ne nous semble pas que les actions du futur président
seront autant préjudiciables au ME et à la croissance mondiale que ne le
laissaient sous-entendre ses propos de campagne.
2016 • 2017
« La stabilisation des marchés
boursiers émergents dépend
étroitement, en tout cas pour
l’instant, de l’évolution de leur
devise et, en premier lieu, des
rendements obligataires aux
États-Unis. »
DARA WHITE
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À ce sujet, son engagement envers l’augmentation des dépenses d’infrastructures aux États-Unis aura
un effet inflationniste, tout comme son emphase sur le protectionnisme. Nous pouvons donc espérer
une hausse des rendements obligataires et des taux d’intérêt ainsi qu’une augmentation du cours des
matières premières.
LES SECTEURS À SURVEILLER
NEI: Nous connaissons l’opinion de M. Trump à propos
de l’Obamacare ou Loi sur les soins abordables et savons
qu’il a l’intention de la changer. Pensez-vous qu’il y aura
des implications pour le secteur des soins de santé? Peuton voir des opportunités ou des risques dans d’autres
secteurs? Commençons par votre opinion M. Rank.
Josh Rank: M. Trump a beaucoup insisté sur son intention
d’annuler la Loi sur les soins abordables. En fonction des
décisions qu’il prendra à ce sujet, nous estimons que les
hôpitaux et les prestataires du secteur de la santé seront
affectés, particulièrement les sociétés les plus endettées.
L’impact sur les assureurs médicaux à rendement élevé n’est
pas encore connu, mais nous pensons que l’expansion de
Medicaid ralentira. Toutefois, la surveillance de la tarification
des médicaments risquant de diminuer avec M. Trump, nous nous attendons à ce que les pharmaceutiques
tirent leur épingle du jeu.
Dara White: Même si certains secteurs des marchés émergents ont basculé en territoire négatif dans les
jours suivant le résultat de l’élection américaine, on ne peut pas faire le parallèle avec les difficultés du secteur
des soins de santé aux États-Unis et la situation de ce secteur dans les autres pays. Dans de nombreux cas,
les actions des TI des marchés émergents bénéficient des meilleures tendances structurelles, mais sont
simplement en baisse, car on compte plus de vendeurs que d’acheteurs sur le marché, indépendamment des
émissions ou des perceptions du secteur aux États-Unis.
Kent Hargis: M. Trump étant déjà revenu sur certains éléments de ses déclarations à propos de la Loi sur
les soins abordables, il est donc très difficile de prévoir ce qui se passera. Il envisage de garder les aspects
populaires (aucune restriction concernant les conditions préexistantes, maintien des enfants sur le régime de
leurs parents), mais il a été bien moins précis sur le financement. Dans le secteur pharmaceutique, une baisse
probable du contrôle des prix et l’espoir d’une franchise d’impôt pour les rapatriements de fonds étrangers ont
entretenu l’optimisme. Il s’est également engagé à augmenter le budget de la défense, un secteur qui devrait
également s’apprécier. Les banques sont toutefois les grandes bénéficiaires à date, dans l’expectative d’une
accentuation de la courbe des taux (en raison de l’inflation) susceptible de faire augmenter les marges d’intérêt
nettes.
Melchior Dechelette: Entre le début de la campagne présidentielle américaine (mi-2015) jusqu’au jour
de l’élection, le secteur des soins de santé a enregistré une contre-performance de 12 %. Les groupes
pharmaceutiques ont régulièrement rappelé le regain de concurrence ainsi que le resserrement des critères de
remboursement. Dans ce contexte, la victoire inattendue de M. Trump a déclenché un effet de rattrapage, qui
pourrait n’être que temporaire toutefois.
À l’inverse, ce contexte de relance pourrait s’avérer de bon augure pour les financières, car les titres des
banques sont sensibles à la réduction des prêts non performants et corrélés de façon positive à la hausse
des taux d’intérêt. Le secteur immobilier pourrait souffrir d’une hausse des taux d’intérêt. Les autres
secteurs cycliques traditionnels, tels que les matériaux (ciment, verre, barres d’acier), ou industriels devraient
également bien se comporter dans ce contexte, particulièrement si des mesures budgétaires proactives
peuvent créer de nouvelles opportunités. Finalement, le manque d’enthousiasme de M. Trump envers les
normes environnementales devrait bénéficier aux mines et aux sources d’énergie conventionnelles (charbon,
minerai de fer, gaz, pétrole, etc.)
Joe Jugovic: Bien qu’il ait critiqué activement le système actuel, M. Trump doit encore apporter des précisions
sur les alternatives qu’il proposait. Grâce à l’Obamacare, les actions du secteur des assurances ont bondi du
fait d’un nombre croissant d’Américains ayant une couverture. Bien qu’un allégement de la réglementation et
une décentralisation du système puissent être favorables aux revenus, la baisse du nombre de bénéficiaires
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sera négative pour les entreprises d’assurance. Les actions des pharmaceutiques ont été affectées
par des scandales concernant le prix des médicaments ainsi que par une pression politique. Il existe
donc une incertitude substantielle et un risque législatif entourant l’avenir de la tarification des
médicaments. Les banques et les sociétés d’infrastructures devraient bénéficier de l’augmentation des
dépenses publiques et des politiques inflationnistes promises par M. Trump. La sidérurgie et les sociétés
industrielles américaines pourraient également être avantagées, mais celles dont les débouchés sont
essentiellement à l’étranger auront effectivement à faire face à certains vents contraires.
L'AVENIR DE L'EUROPE
NEI: Les grands mouvements boursiers provoqués par les événements géopolitiques sont imprévisibles.
À ce sujet, quelle est votre opinion sur le Brexit et quelles sont les implications pour votre catégorie
d’actifs? Le délai de mars 2007 que le R.-U. s’est imposé pour enclencher l’article 50 (marquant le début
de la période de négociation de deux ans) approche effectivement à grands pas.
Melchior Dechelette: Les recherches économiques montrent que, dans l’ensemble, les perspectives à
moyen terme se sont dégradées du fait de la sortie prochaine de l’UE. Dans ce contexte, l’investissement
devrait ralentir également en 2017, en raison des craintes sur les marchés. En outre, l’inflation devrait
nettement accélérer. En effet, l’inflation sur les importations (causée par la baisse de la devise) s’ajoutera à
l’effet de base lié au prix de l’énergie : la hausse des prix à la consommation dépassera temporairement la
barre de 3 % au premier semestre 2017. La baisse du pouvoir d’achat pèsera sur la demande des ménages,
assombrissant ainsi les perspectives d’investissement. Les exportations ne seront pas suffisantes pour
contrer ce choc. Dans ces conditions, nous anticipons une forte baisse de croissance (1 % en moyenne
en 2017). En conséquence, les choix politiques privilégieront davantage l’expansion de sorte à éviter une
récession, même si ces prévisions demeurent entourées d’incertitudes considérables.
Compte tenu du déficit actuel de la balance courante, il nous semble que la livre sterling demeure en
mauvaise posture, malgré la dépréciation qu’elle a déjà enregistrée. Nous ne nous attendons toutefois pas à
des conséquences sérieuses sur la zone euro. Le Brexit est un choc idiosyncrasique qui affectera en premier
lieu l’économie du R.U. La part des exportations de la zone euro allant au R.-U. n’est pas suffisante (4 % du
PIB) pour compromettre la reprise déjà amorcée dans la zone euro.
Joe Jugovic: Une fois passée la douche froide du Brexit de la fin juin, la majorité des marchés boursiers à
l’échelle mondiale a enregistré des rendements positifs. Ironiquement, les conséquences potentiellement
négatives du Brexit ont semblé agir comme un catalyseur pour les investisseurs.
La livre sterling continuera d’être affectée par les incertitudes entourant les relations commerciales avec
l’UE, mais certaines entreprises du Royaume-Uni bénéficieront également de la baisse de la devise. Le
principal effet sur l’économie nord-américaine devrait être relativement indirect, puisque les exportations
du Canada et des États-Unis représentent un pourcentage relativement faible.
Les opinions divergent au sein de la classe politique britannique, certains souhaitant que le pays rompe
totalement les ponts avec l’Union européenne tandis que d’autres souhaiteraient que des liens soient
conservés moyennant le respect de certaines lois de l’UE. Le Royaume-Uni et l’UE auront besoin de
plusieurs années pour mettre en œuvre de nouveaux traités commerciaux, et il est dans l’intérêt des deux
de collaborer efficacement.
Josh Rank: L’échéance de 2017 pour enclencher l’article 50 coïncide avec plusieurs élections en Europe
continentale : en France, en avril mai et juin; en Allemagne, entre août et octobre. Le Brexit en soi est moins
dangereux que la contagion politique potentielle des partis populistes anti-UE dans le reste de l’Europe.
Le risque extrême qu’un grand pays européen décide de quitter la zone euro à l’issue d’un référendum
subsiste et a même augmenté avec la victoire de M. Trump. L’élection de Marine Le Pen en France paraissait
jusqu’à présent peu probable, mais rien n’est impossible au lendemain des élections américaines. Sous un
gouvernement du Front national, la France voudrait quitter l’OTAN et l’UE. Angela Merkel se présentera
bientôt également à sa propre succession. En face d’elle, le parti anti-immigration de droite AfD (Alternative
für Deutschland) a rapidement témoigné son soutien à M. Trump. Ces aspects pourraient être négatifs
pour l’euro et les obligations de sociétés libellées en euros. Les incertitudes entourant la monnaie unique
profitent aux actifs libellés en dollars ou en yen. L’élection de M. Trump pourrait s’avérer en fin de compte
positive pour le Royaume-Uni et se traduire par un renforcement de ses liens avec les États-Unis. Les actifs
britanniques pourraient alors surclasser ceux en euros, malgré le Brexit.
2016 • 2017
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Kent Hargis: Tout comme l’élection de M.Trump, le vote du Brexit provient en partie d’une réaction contre
le consensus de longue date sur le libre-échange et la mondialisation. Là encore, les contours de la politique
qui suivra ce choix électoral demeurent inconnus, en l’occurrence les modalités du retrait de l’UE. La
première ministre May a évoqué une voie de sortie plus « dure », mais les récentes décisions des cours ont
mis à mal ses efforts et remis en cause son calendrier. Nous suivrons cela de près, mais il faut se méfier d’un
excès de confiance dans la prévision des résultats. Nous nous concentrerons au contraire sur les sociétés
présentant des données fondamentales encourageantes et des flux de trésorerie positifs. À la lumière de
la catégorie d’actifs que nous gérons, à savoir les actions américaines, il s’agit d’enjeux importants, qui ne
remettent toutefois pas en cause la thèse de la plupart de nos positions.
Dara White: Nous pensons qu’au lieu de nous focaliser sur le Brexit, il est plus important à ce stade
de constater la généralisation des mouvements populistes dans le monde et d’intégrer le programme
vraisemblable de M. Trump ou des référendums prochains en Italie, en France et ailleurs. Tous ces
événements exacerbent la volatilité de la catégorie d’actifs et nous devons en tenir compte.
LES SUCCÈS DES ACTIONS AMÉRICAINES
NEI: Nous avons vu les actions américaines peiner à atteindre de nouveaux sommets en
raison de la faible croissance des bénéfices des entreprises, alors que les valorisations
paraissent élevées. Comment faut-il s’y prendre pour bien gérer les actions américaines
en 2017?
« Un contexte
économique et politique
particulièrement
incertain en 2017
nécessitera une attention
constante, surtout en
ce qui concerne les
valorisations. »
Kent Hargis: Dans nos portefeuilles stratégiques « core », nous avons surveillé
KENT HARGIS
pendant un certain temps la surévaluation des secteurs les plus évidemment défensifs
et la vulnérabilité d’un bon nombre d’entre eux à une hausse des taux. À cette fin,
nous avons fortement repositionné la stratégie afin d’éviter les secteurs vulnérables
et avons privilégié la finance, les pharmaceutiques et les TI, au détriment de la
consommation de base et des services publics. Immédiatement après l’élection, les taux ont bondi et les
rendements de nos portefeuilles ont été encourageants, alors que ces secteurs ont rapidement enregistré
une baisse. Un contexte économique et politique particulièrement incertain en 2017 nécessitera une
attention constante, particulièrement en ce qui concerne les valorisations. Actuellement, nos portefeuilles
se négocient moyennant un escompte substantiel par rapport au marché, du point de vue des bénéfices
comme des flux de trésorerie, alors qu’ils présentent les caractéristiques de qualité de stabilité que nous
promettons. Évidemment, nous continuerons à privilégier les sociétés de qualité élevée, à condition que
leurs valorisations demeurent raisonnables.
LES PERSPECTIVES DES ACTIONS AMÉRICAINES FACE AUX AUTRES MARCHÉS DÉVELOPPÉS
NEI: Merci, Kent. Agilité et vigilance sont définitivement de mise pour 2017. M. Dechelette, quelles sont vos
perspectives à propos des actions américaines par rapport à d’autres marchés développés?
Melchior Dechelette: Notre positionnement à l’égard des marchés développés est à peu près neutre. Il
faut d’abord se souvenir que le cycle actuel dure déjà depuis sept ans et que le marché boursier américain
est onéreux. Certains parlent même d’une bulle. Il est probable que, malgré les valorisations élevées, il
deviendra plus défensif lorsqu’on entrera dans un nouveau cycle.
Deuxièmement, il donne la cadence aux autres marchés dans ce cycle. Un cycle se termine uniquement
lorsque le marché dont dépendent les autres s’effondre, ce qui ne sera pas le cas au cours des prochains
mois. La principale conséquence de l’élection de M. Trump est une politique de reflation qui sera positive
pour les actions.
Enfin, cette dernière est en théorie plus positive pour le Japon et la zone euro. L’accentuation de la courbe
des taux favorise les banques, lesquelles subissent une pression majeure. Ces marchés sont également
plus cycliques que les États-Unis. Nous serions intéressés à nous y exposer si ces événements créaient des
turbulences.
2016 • 2017
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LES OCCASIONS DANS LES MARCHÉS DES
ACTIONS ET DES OBLIGATIONS
NEI: M. Trump représente plus que jamais un changement par rapport au gouvernement actuel. Les
dernières données économiques aux États-Unis ont été relativement encourageantes, quels types
d’occasions de placement entrevoyaient-vous sur les marchés d’actions ou d’obligations?
Joe Jugovic: Nous nous attendons à ce que l’économie rebondisse substantiellement grâce aux
politiques budgétaires de M. Trump. Le résultat de cette élection n’en demeure pas moins surprenant et
représente un revirement ayant son lot d’incertitudes. Sur les marchés financiers, ce contexte apporte
souvent une volatilité accrue qui renferme des opportunités pour les investisseurs orientés sur la valeur.
Nous détenons des entreprises qui peuvent résister à toutes sortes de difficultés, économiques ou
politiques. QV n’a apporté aucun changement à ses positions en titres de capitaux propres depuis le
résultat de l’élection, mais si la volatilité nous permet de constituer des positions dans des entreprises
exceptionnelles à des prix attrayants, nous ne nous priverons pas.
Josh Rank: En réalité, l’élection de M. Trump a accéléré les tendances reflationnistes qui apparaissaient
déjà sans toutefois que les investisseurs les remarquent vraiment. Avant l’élection, nous pensions que
les économies américaine et mondiale entraient dans le milieu d’un cycle de reflation léger. En effet,
la croissance accélérait; la zone euro se remettait très bien des problèmes de Brexit et de confiance,
la production et les indicateurs pointant à la hausse; la croissance en Chine repartait de l’avant grâce
à une relance budgétaire et un marché immobilier vigoureux; les pays émergents se redressaient à
mesure que le prix des matières premières remontait; les conditions du crédit s’amélioraient; la Réserve
fédérale marquait un statu quo et le dollar américain se redressait. Enfin, les prix des producteurs
repartaient à la hausse en Chine. Les salaires enregistraient une légère croissance aux États-Unis. Les
banques centrales perdaient de leur efficacité et un nombre croissant de gouvernements envisageaient
des relances de type budgétaire.
Au lendemain de l’élection, les marchés ont rapidement intégré l’arrivée prochaine de politiques de
reflation. Les secteurs sensibles à la variation des taux, tels que la finance, ont tiré leur épingle du jeu
après des années de contre-performance et nous nous attendons à ce que la tendance se poursuive.
Nous anticipons également que les actions de valeur surclassent le marché. La hausse des taux et du
dollar nous incite également à considérer que les titres à rendement élevé représenteront la meilleure
catégorie d’actifs dans le futur. En général, le risque augmentant sur les marchés émergents, nous
privilégions les marchés boursiers et obligataires des pays développés.
Melchior Dechelette: Compte tenu des propositions de M.Trump, les secteurs des infrastructures et
de la défense nous paraissent les plus prometteurs. En ce qui concerne les soins de santé, la situation
est plus mitigée. Comme d’habitude, ce secteur défensif a été malmené durant la campagne et
devrait rebondir. Enfin, les petites capitalisations (marché intérieur) seront probablement celles qui
bénéficieront le plus de la réduction du taux d’imposition.
À l’échelle mondiale, une politique de relance qui soutient les obligations à rendement élevé joue en
faveur des actions orientées sur la valeur. On peut donc considérer
la reflation comme cruciale. Le rythme auquel les obligations à
rendement élevé rebondissent jouera néanmoins un rôle essentiel
dans la pérennité de cette stratégie. Les rendements obligataires
intégreront-ils rapidement cette nouvelle donne ou faut-il
s’attendre à une nouvelle tendance?
Kent Hargis: Il faut surtout souligner qu’une hausse des taux
(à long terme) paraît plus probable qu’avant, en partie grâce à
la croissance économique, mais aussi aux prévisions de déficit
budgétaire de l’administration Trump. Toutefois, on ne sait
pas encore si celui-ci parviendra à convaincre la frange la plus
conservatrice du Congrès à propos de son budget pour procéder
à une hausse des dépenses publiques. Nous surveillerons
étroitement cet aspect, sans toutefois investir sur la base de
conjectures politiques, mais plutôt en nous fiant à nos prévisions
des flux de trésorerie de chaque société que nous convoitons.
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L'ÉCONOMIE CANADIENNE
NEI: M. Jugovic, au Canada, les taux sont faibles tandis que l’immobilier et le marché boursier montent. À
votre avis, quelles seront les incidences pour l’économie canadienne au cours de l’année prochaine?
Joe Jugovic: L’économie canadienne demeure dans une situation plus fragile que celle des États-Unis,
enregistrant des niveaux d’endettement personnel inégalés, une croissance anémique et un marché
immobilier résidentiel surévalué dans certaines régions. Même si de nouvelles réglementations dans le
domaine immobilier voient le jour sur certains marchés, nous demeurons prudents en raison
d’éventuelles conséquences non désirées à l’utilisation de mesures
générales pour régler des problèmes d’ordre régional.
Pour l’instant, on ne prévoit pas que la Banque du Canada relève ses
taux d’intérêt, l’endettement des ménages et les difficultés du secteur
de l’énergie représentant des risques importants qui pourraient
compromettre une reprise économique déjà fragile. Les valorisations
boursières continueront normalement à s’apprécier, compte tenu de
la faiblesse des taux pour les autres placements. Les bénéfices sousjacents n’ont pas suivi le rythme des cours boursiers et ont augmenté
selon un rythme inférieur à la moyenne. Dans l’ensemble, le niveau
élevé des valorisations a limité nos attentes de rendement à long
terme.
« Pour l’instant, on ne prévoit pas que
la Banque du Canada relève ses taux
d’intérêt, l’endettement des ménages
et les difficultés du secteur de l’énergie
représentant des risques importants
qui pourraient compromettre une
reprise économique déjà fragile. »
JOE JUGOVIC
LA TAXE CARBONE ET LES RÉGLEMENTATIONS ESG DANS LE MONDE
NEI: À propos de la récente taxe carbone, quel effet faut-il escompter pour les sociétés énergétiques
traditionnelles? Les sociétés canadiennes sont-elles désavantagées par rapport à leurs pairs?
Joe Jugovic: Certaines provinces ont déjà mis en œuvre des plans de carbone, alors que d’autres telles
que la Saskatchewan rencontrent des difficultés plus importantes dans l’immédiat. À l’échelle du Canada,
les producteurs moins efficients et de plus petite taille devront composer avec des coûts de conformité
plus élevés. Généralement, le régime fédéral ne génère pas, à long terme, de coûts d’exploitation
supplémentaires pour les producteurs canadiens. En outre, une surveillance accrue des émissions de
carbone a des implications négatives pour les producteurs d’énergie utilisant le charbon.
M. Trump a quasiment remis en cause le changement climatique, promettant d’alléger la réglementation
dans ce domaine et même de revenir sur les engagements environnementaux pris par M. Obama. Ces
actions peuvent affecter la compétitivité des sociétés canadiennes du fait de la hausse des coûts. La façon
dont M. Trump donnera suite à sa campagne électorale controversée reste à surveiller. Il est assez peu
probable qu’il parvienne à intégralement désengager les États-Unis du mouvement mondial en faveur de
la lutte contre le changement climatique. Dans certaines circonstances, il est également possible que le
gouvernement canadien recalibre certaines de ses initiatives pour s’assurer que ses producteurs ne sont
pas placés dans une situation trop désavantageuse par rapport à leurs concurrents à l’échelle mondiale.
LES RÉGLEMENTATIONS ESG
NEI: Qu’en est-il de nos autres gestionnaires? Avez-vous observé la mise en place d’autres dispositifs
réglementaires visant les enjeux ESG à l’échelle mondiale? Commençons par M. White.
Dara White: Oui. L’exemple de l’Inde est éloquent, le contexte réglementaire vise maintenant à promouvoir
le gaz naturel au détriment du charbon. La situation identique en Chine où la qualité de l’air est devenue un
problème majeur. Il s’agit du thème ESG le plus important à ma connaissance.
Kent Hargis: C’est un aspect en évolution dans lequel plusieurs points de vue s’entremêlent. Cette
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tendance bien réelle est là pour durer, la façon dont elle se manifestera reste toutefois à préciser.
L’adoption de telles mesures est plus nette au Canada, en Australie et en Europe qu’aux États-Unis.
Nous recourons à une approche ESG pour l’ensemble de nos analyses de placement et appliquons de
surcroît plusieurs filtres au portefeuille que nous gérons pour le compte de NEI.
Melchior Dechelette: La communauté financière est de plus en plus mobilisée pour déployer
d’ambitieuses politiques ESG. La COP 21 et l’accord de Paris ont représenté de vrais catalyseurs de
changement. La Commission européenne a lancé de grandes consultations parmi la communauté
des investisseurs. Leur objectif est clairement de développer l’intégration des aspects ESG dans les
politiques de placement et de souligner les grandes problématiques de transparence, de responsabilité
et de gestion du risque à long terme.
D’importantes initiatives ont émergé de certains États. En France, par exemple, la Loi relative à la
transition énergétique (article 173) publiée à l’été 2015 a étendu aux investisseurs institutionnels
l’obligation de publier un rapport ESG. Les gestionnaires d’actifs et les gestionnaires de placement
doivent décrire la façon dont ils prennent en compte les critères ESG au sein de leur politique de
placement et expliquer comment ils gèrent leur exposition aux risques climatiques.
LA FED ET LES POLITIQUES DES TAUX D’INTÉRÊTS
NEI: Du fait des critiques de M. Trump sur la Réserve fédérale, à quoi devons-nous nous attendre en
matière de taux d’intérêt?
Josh Rank: Nous ne pensons pas que les critiques de M. Trump pousseront la Réserve fédérale à
l’action. Celle-ci base ses décisions de politique monétaire sur les tendances en matière de croissance
économique et d’inflation. Nous nous attendions à ce que l’économie américaine rebondisse au second
semestre, indépendamment du résultat de l’élection. Cette thèse demeure valable, tout comme notre
prévision d’une hausse de taux en décembre. Le degré selon lequel les politiques économiques de M.
Trump bénéficieront à la croissance et à l’inflation accélérera éventuellement le rythme de relèvement
des taux en 2017. À l’inverse, si cette politique génère des effets négatifs, tels qu’une hausse excessive
du dollar, la Réserve fédérale pourrait décaler ses hausses de taux et demeurer conciliante plus
longtemps.
Kent Hargis: Si les politiques de relance évoquées par M. Trump sont effectivement mises en œuvre,
l’inflation balbutiante actuelle pourrait s’affirmer et donner plus de champ à la Fed pour relever les taux.
Dara White: Il faut rappeler que la Réserve fédérale des États-Unis est indépendante. Le marché de
l’emploi poursuit son embellie et les rendements obligataires montent, nous devrions donc assister à
une hausse des taux d’intérêt.
Joe Jugovic: Le quasi-plein-emploi se prolonge aux États-Unis, la confiance des consommateurs
demeure élevée et la hausse des salaires se confirme. Les taux demeurent superficiellement faibles
dans ce contexte économique, en partie à cause des incertitudes mondiales, mais surtout parce que les
programmes de rachat d’actifs des banques centrales tirent les taux à la baisse partout dans le monde.
Même si une hausse de taux est objectivement plus probable qu’une baisse, la Réserve fédérale devrait
conserver une approche prudente et mesurée dans ses prochaines décisions. En ce qui concerne la
croissance mondiale, de grandes incertitudes demeurent et la confiance des dirigeants d’entreprise
reste vulnérable. Janet Yellen a expliqué les avantages d’une « économie à haute pression »; il est donc
possible qu’avec la mise en œuvre des politiques de relance budgétaire de M. Trump, on assiste à une
augmentation progressive de l’inflation sans hausse immédiate des taux d’intérêt.
Melchior Dechelette: Nous avons pour l’instant eu une seule hausse des taux d’intérêt depuis décembre
2015, il est donc difficile de parler d’un cycle de resserrement. L’économie américaine reste bien moins
dynamique qu’auparavant pour un taux de chômage équivalent, et les salaires sont supérieurs d’à peu
près 4 % à leur niveau de fin 2008.
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La forte hausse des prévisions d’inflation qui a suivi les élections américaines rassurera les membres
du FOMC qui s’inquiétaient à ce sujet au cours des derniers trimestres.
Il est important de souligner que la Réserve fédérale dispose de deux instruments : les taux d’intérêt,
mais également son bilan. Du fait de ses programmes d’assouplissement quantitatif, elle a cumulé au
bilan 2,4 billions $ en bons du Trésor. En 2016, 232 milliards $ de ces titres étaient arrivés à échéance
et ont été réinvestis sur la courbe des taux. Pas moins de 200 milliards $ en bons du Trésor détenus
par la Réserve fédérale arriveront à échéance en 2017. Les incidences sur les taux à long terme ne
seront pas négligeables. Les négociants principaux en bons du Trésor (selon le Survey of Primary
Dealers de la Réserve fédérale de New York) ne s’attendent pas à ce que le roulement des échéances
commence à fléchir avant la mi-2018.
LES ATTENTES POUR 2017
NEI: L’année 2016 a donné aux investisseurs un certain nombre de balles courbes. À quoi devons-nous
nous attendre en 2017?
Kent Hargis: À d’autres surprises! Plusieurs élections auront lieu et les tendances anti-mondialistes
se répandent largement. Je pense que nous aurons droit à des périodes de calme boursier
interrompues par des épisodes de volatilité intense. Il s’agit probablement d’une bonne nouvelle pour
les gestionnaires actifs; la technique consistant à miser sur la hausse du marché grâce à la quantité
colossale de monnaie injectée au lendemain de la crise financière sera probablement moins utile à
l’avenir. Nous nous concentrerons sur les flux de trésorerie des sociétés et travaillerons dur pour
atténuer/isoler les risques du portefeuille que nous avons plus de difficultés à prévoir.
Josh Rank: Nous attendons une croissance plus vigoureuse aux États-Unis, des taux d’intérêt
légèrement supérieurs et une hausse du prix des actions. La croissance des bénéfices se matérialise
déjà et l’indice des résultats du S&P 500 devrait clôturer en hausse par rapport à l’année dernière,
une fois les résultats du quatrième trimestre connus. En Chine, la croissance devrait se poursuivre au
rythme actuel en 2017 et le marché boursier continuera vraisemblablement sur sa lancée légèrement
haussière. Nous nous attendons à ce que les financières et les actions de valeur continuent à
surclasser les autres. Les obligations d’État risquent d’être encore malmenées, les taux pouvant
monter.
Il existe un potentiel de hausse. Pragmatique, M. Trump, favorise la croissance de l’économie
américaine par une réforme de la fiscalité des sociétés et une réglementation moins lourde. Les
investissements des entreprises reprennent enfin et l’expansion se prolonge, pour le grand bien de
l’économie mondiale. Par ailleurs, il existe une grande marge d’erreur à la baisse. Les baisses d’impôt
sur le revenu ne bénéficieront peut-être qu’aux ménages les plus fortunés et aggraveront le déficit des
États-Unis. M. Trump pourrait augmenter fortement les tarifs douaniers pour la Chine et déclencher
une guerre commerciale. Même sans aucun revirement de politique étrangère, les risques sont déjà
élevés sur les marchés émergents. Les taux d’intérêt aux États-Unis pourraient également augmenter
suffisamment pour étouffer la croissance.
Melchior Dechelette: Dans l’ensemble, le maintien
d’une surpondération en obligations de sociétés
par rapport aux obligations d’État sur les marchés
émergents demeure un choix sensé, alors que notre
quête de rendement et d’écarts se poursuit. En
outre, les actifs « réels » et « alternatifs » demeurent
attrayants d’un point de vue de la diversification et du
rendement.
On ne peut nier que de nombreux événements risquent
d’apporter des changements significatifs aux tendances
actuelles : négociations concernant le Brexit, politique
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« Les aspects pratiques du Brexit risquent d’affaiblir
la livre sterling et de compromettre le potentiel de
croissance du R.-U., encourageant ainsi la Banque
d’Angleterre à prolonger un certain temps une
politique monétaire accommodante. »
MELCHIOR DECHELETTE
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économique de la Chine, limite des politiques monétaires, changement d’administration aux ÉtatsUnis et élections en vue en Europe. Les aspects pratiques du Brexit risquent d’affaiblir la livre sterling
et de compromettre le potentiel de croissance du R.-U., encourageant ainsi la Banque d’Angleterre à
prolonger un certain temps une politique monétaire accommodante. L’embellie économique sur les
marchés émergents constitue une garantie de stabilité qu’on ne peut ignorer, même si, dans un premier
temps, le changement d’administration aux États-Unis pourrait s’avérer déstabilisant.
L’année 2017 est cruciale pour les marchés financiers, particulièrement pour les taux d’intérêt à long
terme.
Dara White: Nous prévoyons une volatilité accrue au cours des prochains mois, en raison des politiques
populistes et de la hausse des taux d’intérêt. Toutefois, il nous semble qu’à très court terme, depuis
l’élection américaine, la valeur des actions et devises des marchés émergents ainsi que des matières
premières a déjà été ajustée par les investisseurs.
Nous n’entrevoyons aucun changement majeur de la répartition régionale de l’actif, nos positions
actuelles semblant parfaitement adéquates, même s’il faut surveiller de près les choix politiques que
fera M. Trump. Nous demeurons plutôt attentifs à tirer parti des économies bénéficiant d’une hausse
de la classe moyenne. Il nous semble également important de garder à l’esprit que l’économie chinoise
est beaucoup plus centrée sur sa demande intérieure qu’on ne le perçoit, l’idée générale étant plutôt de
considérer la Chine comme un exportateur.
Joe Jugovic: Les valorisations boursières étant relativement élevées, nos attentes de rendement sont
faibles. Il est important en ce moment de demeurer sélectif et patient, tout en s’inscrivant dans une
optique à long terme de sorte à capitaliser sur les occasions offertes par la volatilité à court terme.
La diversification et la qualité des bilans demeurent cruciales pour la stratégie. Ces caractéristiques
devraient s’avérer utiles en phase baissière si un environnement boursier plus délicat apparait.
NEI : Je pense qu’on s’attend tous à ne pas rester les deux pieds dans le même sabot au cours des 12 prochains
mois! Comme vous l’avez tous bien expliqué, 2016 a été une année pleine de surprises et d’incertitudes. Cela
étant dit, nous pouvons être confiants pour l’année 2017, compte tenu de notre discussion dans le cadre de la
table ronde d’aujourd’hui. Merci à tous pour vos avis éclairés, nous aurons l’occasion de nous reparler bientôt.
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Fonds gérés
Melchior Dechelette | Amundi Asset Management
Fonds de dividendes mondial Éthique NEI
Kent Hargis | AllianceBerstein
Fonds multistratégique américain Éthique NEI
Joe Jugovic | QV Investors
Fonds d’actions canadiennes Éthique NEI
Fonds Spécialisé d’actions Éthique NEI
Josh Rank | Principal Global Investors
Fonds Spécialisé d’obligations mondiales à rendement élevé NordOuest NEI
Dara White | Columbia Threadneedle Investments
Fonds de marchés émergents NordOuest NEI
Les opinions exprimées par les intervenants représentent leur évaluation des marchés au moment où s’est déroulée la Table
ronde sur les perspectives boursières 2017 des 16, 17 et 21 novembre 2016. Ces opinions peuvent changer au gré des évolutions
boursières et diverger de celles exprimées par d’autres collaborateurs des mêmes sociétés. L’information communiquée et les
opinions exprimées durant la table ronde ne constituent pas des conseils en placements. Tous les titres mentionnés ne sont pas
nécessairement détenus par Placements NEI et ne constituent pas des recommandations ou des sollicitations visant l’achat ou
la vente de ces titres. La mention de titres particuliers par les gestionnaires de portefeuille lors de la discussion se base sur les
informations des portefeuilles NEI à la date de la table ronde. Toute référence à une société, un titre, un secteur, ou un marché en
particulier ne doit pas être interprétée comme une intention de réaliser des transactions concernant un fonds géré par Placements
NEI. Ces documents peuvent contenir certains énoncés de nature prospective. Veuillez noter que ces énoncés ne représentent pas
des garanties concernant des rendements futurs et les résultats réels peuvent être substantiellement différents de ceux évoqués.
Il n’existe aucune garantie que les objectifs de placement seront atteints ou qu’un placement donné s’avérera rentable. Des
commissions, commissions de suivi, frais de gestion et dépenses peuvent tous être associés à des investissements dans des fonds
communs de placement. Veuillez consulter le prospectus avant d’investir. Les fonds communs de placement ne sont pas garantis,
leur valeur change fréquemment et le rendement antérieur peut ne pas être reproduit. Placements NEI, Fonds Éthiques, Fonds
NordOuest, Faire des gains. Faire une différence. Et de meilleurs rendements à moindre risque sont des marques de commerce et
des marques déposées de Placements NordOuest et Éthiques S.E.C.
Columbia Management Investment Advisers, LLC (« CMIA ») est un conseiller en placements inscrit auprès de la Securities and
Exchange Commission.
Ce document est fourni par Columbia Management Investment Advisers, LLC, le sous-conseiller de NEI (le « conseiller en placements
») pour le Fonds de marchés émergents NordOuest NEI (le compte) dans le cadre des conseils fournis au compte. À cet effet,
le conseiller en placements assume seul la responsabilité de la conformité du document avec les lois pertinentes et les règles
applicables à son utilisation, notamment les divulgations applicables.
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