Les sommes injectées dans les différents secteurs n`ont pas abouti à

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Séminaire international sur “l’action publique à l’ère de l’État stratège” à l’université de Tizi Ouzou
“Les sommes injectées dans les différents
secteurs n’ont pas abouti à des améliorations
sensibles”
“Des réserves de change importantes ont été engrangées durant la dernière décennie et des sommes
considérables sont injectées annuellement dans les différents secteurs sans pour autant que des améliorations
sensibles ne soient obtenues particulièrement dans la fourniture des services publics.” Cette conclusion, que les
acteurs politiques gravitant autour du régime ont inlassablement rejetée et démentie, n’est guère celle d’un
quelconque opposant, mais un constat d’universitaires de haut rang qui ont pris part à un séminaire
international organisé à l’université de Tizi Ouzou, sur le thème “La régulation de l’action publique à l’ère de
l’État stratège : quelle évolution pour l’État dans l’économie ?”. Dans leur argumentaire, ces universitaires dont
Malika Ahmed Zaïd et Nasser Bouyahiaoui du laboratoire Redly de l’université de Tizi Ouzou, Philippe Bance et
Jacques Fournier du centre de recherches français, Ciriec, Taïb Essaïd et Bouras Zohra de l’ENA d’Alger, ainsi
que de nombreux autres chercheurs venus des universités de Béjaïa, Annaba, Sétif et Tlemcen ont estimé que
“le contexte de réformes entreprises par l’État, conjugué avec l’embellie financière due à une montée
prodigieuse des prix du pétrole, devait pourtant en principe augurer d’un succès de la stratégie et aboutir à une
meilleure reconfiguration de l’action publique et une maîtrise soutenue des politiques publiques”. Mais la
conduite des réformes s’avéra, ont-ils jugé, “très lente et des résistances se manifestèrent y compris au sein
même des institutions”.
Pour eux, aujourd’hui encore, loin d’être protégée, l’économie algérienne subit les à-coups indirects et les
turbulences de l’onde de choc de la crise financière mondiale malgré un système financier en totale
déconnexion des marchés financiers internationaux.
Dans leurs analyses, les participants n’ont pas manqué de démontrer l’échec de la politique publique
d’investissement, notamment dans le cadre des différents plans quinquennaux dont les incohérences et
l’inefficacité ont été soulignées. Pour eux, aujourd’hui que les réserves de change connaissent une régression
sensible, les ressources de l’État s’amenuisent, la croissance accuse une baisse et les prévisions pour les
années suivantes ne semblent pas verser dans l’optimisme. “La fonction de régulation de l’action publique se
trouve au centre des débats non seulement pour répondre aux multiples besoins de la population, mais
également à travers l’intervention économique de l’État axée sur la création de richesse et le renforcement de
l’emploi durable”. “La réforme de l’État et la managérialisation de la sphère publique s’imposent et semblent
passer par l’importation et l’appropriation des pratiques et de l’esprit du management, avec la promesse à la
clé d’une plus grande rationalité et d’une meilleure efficience”, ont-il alors plaidé, eux qui estiment que cette
réforme permet la mise en évidence de l’action de l’État pouvant être détournée ou contournée par les
institutions publiques si une vision stratégique n’est pas présente à tous les niveaux de la hiérarchie des
autorités publiques. Pour ces chercheurs, c’est justement là l’objectif du séminaire, qui est d’analyser les
prérogatives et la portée de l’action de l’État à travers une démarche rétrospective afin de poser les jalons de la
démarche prospective d’un État qui se veut stratège.
Samir LESLOUS
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