SUJET BAC 2013 ETRANGER Epreuve composée (corrigé)

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SUJET BAC 2013 ETRANGER Epreuve composée (corrigé)
Proposition de corrigé pour l'épreuve composée du bac (juin 2013) à l'étranger (voir le sujet ici).
Première partie : Mobilisation des connaissances
1. Distinguez compétitivité-prix et compétitivité-hors-prix (3 points)
La compétitivité d’une entreprise est sa capacité à affronter la concurrence et à gagner de l’argent sur ses marchés. Elle peut être mesurée par
sa part de marché et par l’évolution au fil du temps de cette part de marché ou, plus simplement, par les profits de l’entreprise.
La compétitivité est généralement décomposée en deux éléments : la compétitivité-prix et la compétitivité-hors-prix. La première est la capacité
de vendre moins cher que ses concurrents des produits comparables. On distingue parfois compétitivité externe (à l'exportation) et interne
(part du marché intérieur). La compétitivité-hors-prix, également appelée compétitivité structurelle, est la capacité de vendre ses produits,
même si leur prix est supérieur ou égal à ceux des entreprises concurrentes, en établissant une différenciation positive par rapport aux produits
des entreprises concurrentes.
La compétitivité-prix est plus importante pour les produits banalisés, pour lesquels il est difficile de faire apparaître une différenciation, alors
que la compétitivité-hors-prix joue un rôle essentiel sur les marchés des biens d'investissement et des biens de luxe, pour lesquels le prix n'est
qu'un élément de choix parmi d'autres. Mais le type de compétitivité caractérisant une branche peut changer au cours du temps. Ainsi, les
micro-ordinateurs se sont d’abord vendus sur la base de leurs performances, avant de se banaliser et de se distinguer surtout par leur prix.
2. Montrez le caractère multiforme des inégalités (3 points)
La « passion » des hommes pour l’égalité, selon le mot de Tocqueville, explique l’attention extrême portée à la question des inégalités en
France et dans le monde. Le plus souvent, cette attention est focalisée sur l’inégalité des revenus. Mais d’autres formes d’inégalités existent,
qui sont également importantes.
Dans les sociétés démocratiques, l’égalité des droits est généralement assurée. Certains groupes sont cependant exclus de certains droits,
comme les mineurs ou les immigrés, par exemple.
L’inégalité des situations matérielles renvoie d’abord à l’inégalité des revenus. Cette inégalité concerne le niveau des revenus, donc l’accès aux
biens (logement, nourriture…), mais aussi la sécurité de ces revenus. Or, il est important de se sentir en sécurité et la régularité des revenus
conditionne l’accès au crédit. L’inégalité des fortunes est également très importante. Le patrimoine dispense d’épargner, ce qui accroît la
capacité de dépense. Il est source de revenu et il constitue aussi une forme de pouvoir.
Une autre forme d’inégalité matérielle frappante concerne la personne physique : l’apparence, la santé et l’espérance de vie. Même si des
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mécanismes de socialisation des dépenses de santé réduisent les inégalités dans l’accès aux soins, on constate que l’état de santé et la durée de
vie varient selon le groupe social. L’apparence également ; ainsi, la taille moyenne augmente avec le milieu social (et on connaît, exploré par
Nicolas Herpin, « le pouvoir des grands »).
Enfin, il existe une inégalité des chances. Les enquêtes statistiques révèlent que les chances d’accéder aux positions sociales les plus
prestigieuses dépendent de l’origine sociale, de manière plus ou moins étroite selon les pays. Les inégalités de réussite scolaire, en particulier,
dépendent de l’origine sociale.
Il existe donc de nombreuses formes d’inégalités dans une société.
Deuxième partie : Étude d’un document (4 points)
Vous présenterez le document puis vous mettrez en évidence l’évolution du PIB en France depuis 1950.
Tiré des Tableaux de l’économie française, ce graphique élaboré par l’Insee présente le taux de variation annuel du produit intérieur brut
(PIB) de la France, en valeur et en volume (c’est-à-dire après élimination de la variation due au changement des prix), au cours des soixante
dernières années. Ainsi, en 1950, le PIB en valeur a augmenté de 17,5 % environ et le PIB en volume de 8,5 % environ. Les prix ont donc
progressé d’environ 17,5 – 8,5 = 9 %, selon un calcul approché.
Dans l’optique de l’analyse de la croissance économique, l’évolution en volume est la plus significative. On constate que le PIB de la France
ne cesse d’augmenter. Sur la totalité de la période, il n’y a que trois périodes de baisse du PIB en volume, en 1975, 1993 et 2008. Toutefois,
cette croissance semble ralentir. Entre 1950 et 1974 environ, la croissance est de l’ordre de 5 % par an. Ce niveau très rapide, puisqu’il
correspond à un doublement de la production en quatorze ans, n’est plus atteint par la suite : la croissance est d’environ 2,5 % par an entre
1975 et le début des années 2000 et encore moins rapide par la suite, même s’il est difficile de donner un chiffre du fait de l’événement
exceptionnel qu’est la grave crise de 2008, qui n’est toujours pas surmontée à l’heure actuelle. Le ralentissement de la croissance du PIB est
donc net.
Le document renseigne également sur l’évolution de l’inflation, qui est à peu près égale à l’écart entre les deux courbes. Dans l’immédiat
après-guerre, l’inflation (qui a servi en particulier à réduire la dette publique) est très forte (proche de 20 % par an). Elle se réduit ensuite,
avant qu’une nouvelle poussée d’inflation du prix du PIB ne se déclenche dans les années 1970, dépassant 10 % par an. Cette flambée se
calme à la fin des années 1980 et les prix sont stables depuis. Au contraire, à la faveur de la crise de 2008, semble apparaître un risque de
déflation, la hausse des prix étant nulle en 2009 et 2010.
Le PIB nominal (c’est-à-dire en valeur) connaît donc un ralentissement accéléré, conjugaison d’une croissance ralentie et d’une inflation
maîtrisée. En général, un ralentissement du PIB en valeur associé à une accélération de l’inflation, comme dans les années 1970, révèle des
tensions dans le partage des richesses et une crise de l’offre, alors qu’une réduction de l’inflation en période de crise indique plutôt une crise
de la demande.
Troisième partie : Raisonnement s’appuyant sur un dossier documentaire (10 points)
A l’aide de vos connaissances et du dossier documentaire, montrez les effets de l’évolution de la structure par catégories
socioprofessionnelles sur la mobilité sociale.
Les positions des individus dans la structure sociale changent au fil du temps, à la fois pendant la carrière (mobilité intragénérationnelle) et des
parents aux enfants (mobilité intergénérationnelle). Mais cette structure elle-même se déforme au fil du temps pour de nombreuses raisons,
dont la plus importante est sans doute le progrès technique : des professions disparaissent et d’autres apparaissent, certaines activités
nécessitent de moins en moins de travail, d’autres sont délocalisées dans d’autres pays. De ce fait, les positions sociales doivent changer, afin
de s’adapter à cette déformation continuelle de la structure des emplois.
La question intéressante est de savoir si cette mobilité structurelle favorise l’égalité des chances, qu’on peut mesurer par la mobilité nette (ou
fluidité sociale), différence entre la mobilité brute (ou observée) et la mobilité structurelle. Ainsi, si le nombre de postes de cadres augmente,
est-ce au bénéfice des catégories les moins favorisées, dont les chances d’ascension sociale augmenteraient ? Si des agriculteurs ou enfants
d’agriculteurs sont contraints par l’évolution économique de changer de profession, iront-ils vers des professions situées moins haut dans
l’échelle sociale (déclassement), situées au même niveau approximativement (mobilité horizontale) ou vers des professions situées plus haut
(mobilité ascendante) ? Autrement dit, il est évident que l’évolution de la structure sociale entraîne une certaine mobilité sociale, mais il est plus
intéressant et plus compliqué de voir dans quelles directions se fait cette mobilité.
Le sujet faisant référence aux catégories socioprofessionnelles (CSP), dispositif de classement purement français, l’étude sera limitée à la
société française.
Nous verrons que l’évolution des CSP entraîne une forte mobilité sociale. Celle-ci est principalement ascendante. Elle est intergénérationnelle
plus qu’intragénérationnelle. Mais cette mobilité ne doit pas être vue comme une augmentation de l’égalité des chances.
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L’évolution de la structure par catégories socioprofessionnelles entraîne une certaine mobilité ascendante. Les principales évolutions
intervenues depuis la création de la nomenclature des CSP en 1954 (devenue celle des professions et catégories socioprofessionnelles, ou
PCS, en 1982) sont la diminution de la proportion d’indépendants, en particulier des agriculteurs, ainsi que celle des ouvriers, qui intervient
plus tardivement. En contrepartie, la part des « cols blancs » augmente fortement et ce d’autant plus que le niveau de formation nécessaire pour
accéder à ces professions est élevé.
Les documents ne fournissent malheureusement pas la composition de la population active par CSP détaillée, mais uniquement les six grands
groupes socioprofessionnels (document 1). Les marges du tableau illustrent les évolutions mentionnées ci-dessus : entre la génération des
pères et celle des fils, c’est-à-dire en trente ans environ, la proportion d’agriculteurs a été divisée par quatre, passant de 16 % à 4 % de la
population active masculine âgée de 40 à 59 ans. La proportion d’artisans et commerçants a diminué d’un quart et celle des ouvriers de plus de
20 % (de 43 % à 34 %). Dans le même temps, la proportion d’employés, peu significative, puisque 80 % des employés sont des femmes, est
passée de 9 % à 11 % et celle des cadres et professions intermédiaires a plus que doublé.
Au total, la mobilité structurelle intergénérationnelle, c’est-à-dire la proportion de fils forcément classés dans un groupe socioprofessionnel
différent de celui de leur père du fait du changement de la répartition par CSP de la population active masculine, est égale à [(1 143 – 258) +
(870 – 619) + (1 319 – 591) + (1 690 – 800) + (770 – 644) + (2 998 – 2 364)] / 7 045 x 100 = 50 % environ.
Cette mobilité est globalement ascendante. En effet, une fois admis que les groupes socioprofessionnels ne permettent pas d’identifier les
classes dominantes de la société (grands patrons, propriétaires du capital, dirigeants politiques puissants, etc…), il est habituel de classer les
actifs en catégories supérieure (cadres et professions intellectuelles supérieures), moyennes (professions intermédiaires, artisans et
commerçants) et populaires (agriculteurs, employés et ouvriers).
Bien entendu, un grand propriétaire de vignoble champenois ou bordelais ne devrait sans doute pas être classé comme un berger des
Cévennes, un professeur du second degré est fort éloigné du directeur général de la BNP. Ils sont pourtant classés dans la même catégorie
socioprofessionnelle. Une fois ces réserves posées, on constate que les catégories supérieures sont en expansion, de même que les catégories
moyennes (passant de 23 % à 33 % des actifs), au détriment des catégories populaires (de 68 % à 49 % du total). Le nombre des ascensions
est donc nettement supérieur à celui des déclassements.
Le mouvement observé pour la mobilité intergénérationnel ne se retrouve pas aussi fortement pour la mobilité intragénérationnelle. Le
document 2 précise ainsi que les promotions ont été moins fréquentes dans la génération interrogée lors de l’enquête 2003 que lors de
l’enquête 1993, alors que la mobilité intergénérationnelle y est comparable. Il est vrai que les changements d’emploi se font souvent à la faveur
d’un changement de génération. Par exemple, la diminution du nombre des agriculteurs se traduit rarement par des changements de trajectoires
professionnelles. Les paysans font souvent tout pour ne pas abandonner leur activité, y compris en se tournant vers la pluriactivité (gîte rural,
travail ouvrier ou petit magasin). Le changement se fait le plus souvent au moment du départ en retraite : son exploitation, si elle est trop petite
pour être viable, n’est pas reprise par les enfants et est vendue ; ou encore les terres sont mises en friche.
Concernant les emplois d’ouvriers, la reconversion vers des emplois d’employés ou d’artisans ou commerçants est difficile et assez peu
fréquente. Dans les grandes entreprises, la diminution des effectifs se fait beaucoup par des départs en préretraite ou retraite anticipée de
salariés âgés et l’absence de recrutements.
La montée des emplois de cadres se fait également assez peu par promotion interne, car le diplôme joue un rôle essentiel et durable en France.
La formation continue n’y est, par ailleurs, pas très développée. Il est évidemment possible d’obtenir le titre d’ingénieur ou une position de
cadre administratif par la validation des acquis de l’expérience, mais cette procédure concerne des effectifs limités.
La mobilité structurelle en cours de carrière est donc sans doute assez limitée.
La mobilité structurelle ne débouche toutefois pas sur une élévation de l’égalité des chances. C’est ce qu’affirme la publication de l’Insee
Données sociales à propos de l’ascension de fils d’ouvriers ou d’agriculteurs (document 2). A l’appui de cette affirmation, l’auteure remarque
que, si la mobilité observée a augmenté entre 1977 et les années 1990, il en est de même de la mobilité structurelle. De ce fait, la mobilité nette,
qui est la mesure de l’égalité des chances, a peu changé.
Même si elle ne fournit pas d’indication sur l’évolution de la mobilité au cours du temps, la table de mobilité (document 1) confirme que
l’égalité des chances est loin d’être atteinte. Malgré l’explosion des effectifs de cadres et professions intellectuelles supérieures, les chances
d’accéder à cette catégorie sont cinq fois plus élevées pour un fils de cadre que pour un fils d’ouvrier (52/10 = environ 5).
Les données assez grossières de la table de mobilité sous-estiment d’ailleurs le degré de reproduction sociale. En effet, chaque groupe est
hétérogène. On sait par exemple que les chances de mobilité ascendante sont nettement plus fortes pour les enfants d’ouvriers qualifiés que
pour les enfants d’ouvriers non qualifiés. A l’intérieur du groupe des cadres, plus on s’élève dans la hiérarchie et plus les enfants d’origine
modeste sont rares.
Par conséquent, où mène la mobilité structurelle ? Par exemple, les fils d’agriculteurs qui quittent cette catégorie se retrouvent d’abord parmi
les ouvriers (37 %), les employés et les artisans et commerçants. Autrement dit, leur mobilité est souvent horizontale, voire descendante.
En conclusion, les effets de l’évolution de la structure par catégories socioprofessionnelles sur la mobilité sociale sont importants, au sens où
ils génèrent beaucoup de mouvement et une certaine ascension sociale. Mais ils ne provoquent pas de modification significative de l’inégalité
des chances, qui demeure forte en France.
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