Compilation des synthèses des réunions Groupe de travail du 24

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Mission d’étude pour la création d’un parc naturel marin en Martinique
Compilation des synthèses des réunions Groupe de travail
du 24 avril au 8 juillet 2014
1.
Le parc naturel marin
2. Le parc naturel marin arrive trop tardivement. Il y a trop d’activités en Martinique qui ont engendré une
forte destruction du milieu marin. Il est nécessaire d’avoir une gestion durable des activités terrestres et
maritimes.
3. Il y a une crainte de la part des intervenants que le parc naturel marin impose trop de règlementations. A
la création du parc, aucune nouvelle réglementation n’est mise en place. C’est au conseil de gestion du parc
naturel marin de proposer une réglementation adaptée au contexte local.
4. Le conseil de gestion est composé d’une cinquantaine de membres représentant toutes les activités
présentes en mer. Il peut émettre un avis conforme « sur les activités qui peuvent avoir un effet notable sur le
milieu marin d’un parc naturel marin ». Ce sera au conseil de gestion d’autoriser ou d’interdire les activités
qui ont trop d’impacts sur le milieu.
5. Un parc naturel régional et un parc naturel marin ne peuvent pas se superposer. A noter qu’un parc
naturel régional ne dispose pas de l’avis conforme. Le parc naturel régional de Martinique n’a pas de partie
marine.
6. Il est possible de créer des réserves naturelles nationales ou régionales dans un parc naturel marin. Il
est important d’avoir des zones à forte protection afin de sauvegarder des espèces et des habitats rares ou
remarquables. Ces zones servent de cœur à un espace plus vaste géré avec des objectifs équilibrés de
protection du milieu et de développement durable des activités.
7. Un parc naturel marin ne se substitue pas au rôle que tiennent les administrations, les élus, les
professionnels, les associations de loisirs ou de protection du milieu marin. Il permet à tous ces acteurs
d’assurer une gestion partagée du milieu marin.
8.
Les espèces invasives
9. La discussion a principalement porté sur le poisson-lion, son impact sur la biodiversité marine
martiniquaise et les moyens de lutte qui sont mis en place et ceux qui pourraient être envisagés. Son impact
est considéré comme important sur le recrutement des juvéniles et tous poissons et crustacés inférieurs à sa
taille.
10. Il a été évoqué la présence de milieux pouvant être considérées comme zones « sources » pour le
poisson-lion comme par exemple les zones profondes (au-delà de 100 m) et les secteurs interdits à la pêche du
fait de présence de chlordécone dans les eaux côtières. Toutefois, son habitat préférentiel étant les zones
rocheuses, les fonds de baies sont peu colonisés.
11. Parmi les moyens de contrôle et de lutte, il a été suggéré de continuer, pour le poisson-lion, la chasse en
bouteille qui est permise pour un nombre restreint de personne (autorisations préfectorales nominatives). La
généralisation de sa pêche par les pêcheurs professionnels doit être incitée en développant des engins de
capture spécialisés. La formation et l’information des pêcheurs sur la transformation et la commercialisation
doit être encouragée. Sa chair est de qualité. Un effort est à faire sur sa valorisation et sa promotion auprès du
consommateur.
12. Halophila stipulacea est une herbe marine, originaire de mer Rouge, très envahissante qui a tendance à
coloniser les fonds sableux au détriment des espèces autochtones. Des études en Martinique ont montré que
la tortue verte ne la consomme que très peu. Dans les zones de fonds de baies, elle pourrait avoir un rôle de
filtration et stabilisation des sédiments. La dynamique de colonisation et son impact sont mal connus.
13. D’autres espèces étrangères de la Caraïbe et potentiellement invasives pour la Martinique sont d’ores
et déjà observées par exemple sur les côtes de Floride (ex : Zebrasoma flavescens, Cromileptes altivelis…). La
dynamique d’expansion de toutes ces espèces est peu connue. L’expérience montre que leurs impacts sur la
biodiversité locale peut-être catastrophique.
14. Concernant les espèces potentiellement invasives pour la Martinique, il a été proposé de limiter
l’exploitation aquacole d’espèces non locales ainsi que l’importation d’espèces d’aquariophilie. Une fois
implantée dans le milieu marin, l’éradication des espèces invasives est quasiment impossible. Il est nécessaire
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d’anticiper l’arrivée d’espèces invasives en connaissant mieux leurs facteurs d’introduction pour proposer
des mesures préventives.
15. Le thème des espèces invasives a suscité un fort intérêt. Le poisson-lion mobilise toutes les attentions au
risque parfois d’oublier de parler des autres espèces déjà présentes et surtout de ne pas évoquer les mesures
à prendre pour éviter de nouvelles catastrophes.
16. La plongée sous-marine
17. La plongée sous-marine en Martinique est une activité majoritairement représentée par des structures
commerciales agréées par la FFESSM (Fédération française d’études et de sports sous-marins). D’autres
fédérations rassemblent des plongeurs : Fédération sportive et gymnique du travail, Association nationale des
moniteurs de plongée. Il existe également en Martinique des structures associatives.
18. Au total, environ 50 structures sont présentes sur l’île qui accueille environ 80 000 plongées touristiques
par an. La plongée est une véritable économie en Martinique : hébergement et restauration, achat et location
de bateaux et de matériel de plongée… donc créatrice d’emplois. De façon unanime, les intervenants
reconnaissent que c’est la qualité du milieu marin et sa biodiversité qui crée cette économie.
19. Les plongeurs sont les premiers observateurs de l’évolution du milieu sous-marin. Ils sont une source
importante d’informations. Plus il y aura de plongeurs bien formés et encadrés, meilleure sera la protection
du milieu marin.
20. L’autorisation de chasser le poisson-lion en scaphandre autonome est sujet à controverse. Elle oppose
les tenants d’une plongée qui par éthique doit rester sans prélèvement face à ceux qui utilisent la chasse en
scaphandre comme un des moyens de lutte le plus efficace.
21. La surfréquentation de certaines zones et les comportements irresponsables peuvent entrainer une
dégradation du milieu. Peu de mouillages sont posés de façon écologique. Beaucoup de bateaux de plongée
mouillent à l’ancre par manque d’installations. Des sites dépassent les seuils de fréquentation recommandés.
22. Une organisation entre les structures devrait être mise en place afin d’éviter un surnombre de bateaux
sur les sites les plus fragiles. La surfréquentation est parfois dissimulée par les effets environnementaux tels
que de fortes houles, des cyclones, le réchauffement des eaux et les pollutions. L’impact de cette activité sur le
milieu marin nécessite un suivi régulier.
23. La ressource halieutique
24. Pour diminuer l’effort de pêche sur le plateau insulaire, il y a depuis une vingtaine d’années un
déploiement de dispositifs de concentration de poissons (DCP) au large. Mais cette pêche aux pélagiques ne
se développe plus. Elle aurait même tendance à diminuer alors que les rendements par sortie ont fortement
augmentés. Les stocks des grands pélagiques sont surveillés et ne sont pas considérés en danger en
Martinique. La pression du marché de l’exportation avec des prix bas peut expliquer cette diminution de pêche
au large. Les pêcheurs artisans ne peuvent pas être compétitifs face à ce marché.
25. Les rendements de pêche aux filets sont plus intéressants, ils sont de plus en plus utilisés ce qui a
entrainé une forte diminution voir une disparition de certaines espèces en Martinique.
26. Il est nécessaire d’avoir une meilleure connaissance et une surveillance des ressources très prisées et
fortement exploitées telles que le lambi et l’oursin blanc. On ne connait pas la dispersion larvaire, ni les zones
de reproductions des oursins.
27. Certaines espèces de poisson ont disparus des étales. Certaines pratiques de pêches traditionnelles sont
devenues rares et ne sont plus employées que par les vieux pêcheurs. Elles sont vouées à disparaître s’il n’y a
pas de transmission aux jeunes générations.
28. Pour avoir une gestion adaptée de la ressource, il est nécessaire de mieux connaitre cette ressource et
son niveau d’exploitation. Une organisation locale entre les professionnels et les scientifiques doit se mettre
en place pour mener une réflexion permettant le maintien de la pêche sur le long terme. Une meilleure
connaissance de la ressource associée à la formation initiale et permanente pourraient aussi permettre
d’améliorer les conditions de travail et le rendement des pêcheurs mais aussi de diversifier pour certains leurs
activités professionnelles.
29. Les plaisanciers ne sont pas assez informés des différentes réglementations. Il serait intéressant
d’actualiser et de rééditer le guide des usages de la mer. Une étude sur l’impact de la pêche de loisir sur la
ressource serait nécessaire.
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30. Pêcheurs et institutions publiques doivent travailler ensemble afin de mettre en place des mesures bien
adaptées à la zone : permettre la sortie des pêcheurs qui sont en âge de la retraite, moderniser la flottille pour
la pêche au large, adapter la réglementation des engins de pêche...
31. Le but de la pêche artisanale est de produire du poisson frais mais néanmoins, il faudrait améliorer la
commercialisation du poisson. Le consommateur de proximité ciblé par les pêcheurs achète sans doute peu
cher des produits recherchés qui pourraient être valorisés dans des circuits touristiques ou des points de
ventes regroupés et bien identifiés. Il y a trop d’irrégularités d’approvisionnement aux points de
débarquements. La commercialisation ne peut donc pas être stable. Il existe une clientèle prête à payer plus
cher des produits frais de qualité (thon, marlin, langoustes…) ayant subits une première transformation. Des
efforts doivent être faits au niveau des points de débarquement, les pêcheurs doivent s’organiser entre eux
pour mieux valoriser leurs produits et les mettre à la disposition de ces consommateurs.
32. La gestion et le devenir des zones interdites à la pêche du fait de la pollution par la chlordécone sont
envisagés. Un travail entre les pêcheurs, les scientifiques et les services de l’État doit permettre d’acquérir de
la connaissance sur ces zones : inventaire de biodiversité, évaluation de la biomasse, présence d’espèces
invasives, résilience du milieu… Les aspects socioéconomiques de la pêche seront également abordés : impact
de l’interdiction de pêche sur les revenus, développement de nouvelles activités génératrices de revenus pour
les pêcheurs concernés (formation au pescatourisme, surveillance des zones interdites…).
33. Le nautisme et les sports de glisse
34. L’encadrement des activités sportives de nautisme et de glisse nécessite d’avoir un diplôme sportif
permettant d’encadrer cette activité, il y a un diplôme pour chacune des activités. La location de voiliers, de
bateau à moteur ou de jet-ski n’est pas considérée comme une activité sportive et donc ne nécessite pas
d’avoir un diplôme sportif. Les engins tractés (ski nautique, wakeboard, bouées tractées…) rentrent dans la
catégorie des activités sportives et nécessite donc un diplôme sportif d’encadrement.
35. Les pratiquants de certains sports nautiques sont peu fédérés, par exemple kitesurf, planche à voile, surf,
jet-ski… Dans d’autres disciplines, les licenciés sont majoritaires, par exemple la plongée sous-marine, la voile
légère… De fait, le niveau de connaissance sur ces activités est très hétérogène et comme le nombre de
pratiquants est en constante augmentation cela rend difficile la communication et la sensibilisation aux
bonnes pratiques environnementales de ces publics.
36. La mise en place de plans de balisage est indispensable. Cela permet la protection du patrimoine naturel
en limitant la pratique de certaines activités sur des zones sensibles identifiées mais cela autorise aussi le
développement durable des usages et sécurise la pratique simultanée de plusieurs activités.
37. La Fédération française d’études et de sports sous-marins (FFESSM) était délégataire de la pratique de la
chasse sous-marine jusqu’en novembre 2013. Depuis, il y a une fédération de chasse sous-marine
indépendante qui n’est pas encore représentée en Martinique.
38. Une structure de pêche au gros est déclarée en Martinique. Toutes les autres ne sont pas déclarées à la
Direction de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale (DJSCS). Pour encadrer l’activité de pêche au gros
il faut avoir un diplôme de la DJSCS. Il y’a une dizaine de structures qui proposent cette activité en
Martinique.
39. Le transport de passagers que ce soit pour les marins professionnels ou les marins pêcheurs est soumis
à une réglementation stricte. Il est obligatoire d’avoir un diplôme de la marine marchande ainsi qu’un
équipement de sécurité approprié. Toutefois, une réflexion est en cours sur le rapprochement possible entre
des diplômes sportifs et de transport de passagers.
40. Le patrimoine naturel marin remarquable de la Martinique :
41. Il y a une biodiversité très riche en Martinique dont la survie dépend du maintien en bon état
écologique de l’habitat. Certains sites présentant une biodiversité spécifique nécessitent une protection (Le
Prêcheur par exemple). Il n’y a pas de cartographie précise de ces sites.
42. Les eaux martiniquaises sont importantes pour la biodiversité marine de la mer des Caraïbes. Il y a des
flux nutritifs et biologiques importants, un grand courant traverse les Antilles de l’Atlantique vers la mer des
Caraïbes. Si le milieu marin local est dégradé, de la biodiversité est perdue en Martinique et en conséquence
pour toute la Caraïbe. La Martinique est un maillon de l’arc antillais et il faut préserver cette continuité : le
milieu marin de toutes les îles des Antilles forme un écosystème unique.
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43. Il y a une richesse importante et méconnue en profondeur (au-delà des 50 m). De nouvelles espèces y
sont régulièrement découvertes. Une campagne d’acquisition de données permettrait d’avoir une meilleure
connaissance de ces milieux profonds.
44. Malgré le constat général d’une diminution de la biodiversité marine en Martinique, il y a parfois un
retour de certaines espèces que l’on pensait disparues (Acropora cervicornis, mérou de Nassau).
45. Certains observateurs constatent la prolifération de diodons peut-être due au fait que le poisson-lion
consomme ses prédateurs.
46. Sur plusieurs sites marins qui ont été étudiés, il a été constaté une perte de la biodiversité. Par exemple,
au niveau de la pointe des Nègres à Fort-de-France, des pollutions récurrentes (nombreux déchets, carénage
sauvage, eaux usées…) altèrent le milieu. Par ailleurs, des stations d’épurations défectueuses ou le manque de
systèmes d’assainissement ont un impact rapide et dangereux sur les écosystèmes marins.
47. La pollution par les sédiments en baie de Fort-de-France empêche le développement de nombreuses
espèces. Certaines zones de la baie possèdent une forte biodiversité et abritent des espèces rares telles que le
corail Oculina diffusa. Quelques mètres en dessous, les milieux sont très pauvres asphyxiés par des sédiments.
48. La présence de ces sédiments en grande quantité est due en partie aux aménagements urbains et à
l’imperméabilisation des sols. L’eau de ruissellement n’est pas freinée et transporte beaucoup de particules en
mer. Il est nécessaire d’arrêter ou de freiner ces écoulements.
49. Une mauvaise exploitation des carrières impacte fortement le milieu marin. De grandes quantités de
particules fines sont lessivées et finissent dans le milieu marin.
50. Autre exemple de modifications de la biodiversité : aux Anses-d’Arlets, depuis la mise en place de
mouillages, il y a plus de bateaux ce qui entraine plus de pollutions (plastiques, verres, eaux usées…), les
cyanophycées prolifèrent sous les bateaux or elles sont indicatrices de pollution. De fait, aucune infrastructure
pour la récupération à terre des eaux noires et des eaux grises n’a été mise en place.
51. Les fonds marins de certains sites sont très abimés par les jets d’ancre et les rejets des bateaux. Il est
nécessaire de bien connaitre les écosystèmes marins (études d’impacts) avant la mise en place de tout
équipement.
52. La gestion des zones de mouillages organisées (ZMO) est indispensable. Les gestionnaires des ZMO
doivent permettre le recueil et le traitement des eaux grises et des eaux noires. Il faut prévoir ces équipements
à chaque fois qu’on fait une ZMO. Des crédits incitatifs sont à rechercher pour l’installation de ces équipements
et une taxe de mouillage permet l’entretien et la surveillance de la ZMO.
53. De plus, pour chaque ZMO, il faut des équipements à terre et une bonne gestion de ces zones littorales :
sites d’embarquements et de débarquements, stockage des déchets, emplacements de carénages.
54. Il est important de faire des plans de balisages à chaque fois qu’on fait une ZMO. Par exemple, il faut
interdire le mouillage forain autour des ZMO afin d’éviter la dégradation des fonds marins par les jets d’ancres.
Un plan de balisage et de mouillage global à l’échelle de la Martinique est souhaitable.
55. Le patrimoine culturel marin de la Martinique
56. Il y a de nombreuses épaves en Martinique. Les épaves de Saint-Pierre sont une attraction touristique
pour les plongeurs. Les épaves surtout en bois ce sont dégradées. Ce n’est pas forcement le pillage qui détruit
le plus les épaves, ce sont les ancres des gros bateaux. Toutefois, les épaves des gros bateaux métalliques ne se
dégradent pas rapidement, elles sont là pour de nombreuses années encore. Il existe un centre
muséographique à Saint-Pierre présentant l’histoire de ces épaves. Dans les années 1995 – 1997, un sousmarin à Saint-Pierre a permis aux touristes d’aller voir 2 épaves (le Roraima et le Tamaya).
57. La baie de Saint-Pierre est une halte pour les bateaux de plaisance. En janvier et février, il y a environ 40 à
50 bateaux au mouillage dans la baie mais seulement 4 coffres, réservés aux bateaux de plongée, sont installés.
Le balisage instauré pour la protection du patrimoine culturel des épaves de Saint-Pierre n’est pas respecté
par manque de moyens de surveillance. L’installation de mouillages respectueux du patrimoine culturel et
naturel pourrait créer des emplois.
58. Certains pensent que des bateaux à l’abandon sur le rivage après dépollution pourraient être coulés
pour servir de récif artificiel et d’attraction pour les plongeurs. Cela a été le cas pour le Nahoon aux Ansesd’Arlet. A noter que des épaves ont été coulées au large et ne sont pas accessibles aux plongeurs.
59. Les épaves concentrent une forte biodiversité spécifique voir unique (exemple du cérianthaire diurne).
Dans les zones sableuses ou dans les herbiers, elles forment des ilots de biodiversité spécifique différents de
l’environnement où elles se situent.
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60. Il y a une obligation de déclarer toutes épaves, biens matériels ou sites archéologiques trouvés en mer
et sur le littoral.
61. Il y a 4 phares en Martinique dont 3 vont être classés. Certains bateaux représentant un intérêt
patrimonial pourraient être également classés.
62. Le patrimoine culturel marin est aussi immatériel : traditions marines des populations locales,
chansons, gastronomie, etc. Il y a les courses de gommiers et de yoles qui sont de plus en plus populaires. Un
savoir-faire de menuisier de marine existe également.
63. Les récifs coralliens, évolution de leur état de santé
64. Les espèces des récifs coralliens de la Caraïbe sont différentes de celles des océans Pacifique et Indien. A
l’échelle mondiale, ces habitats représentent un haut lieu de la biodiversité. Dans la Caraïbe, les écosystèmes
martiniquais, bien qu’en mauvaise santé, sont parmi les moins dégradés et présentent le plus fort taux de
recouvrement. Des constructions coralliennes remarquables se retrouvent sur certains secteurs en
Martinique.
65. Il y a une grande hétérogénéité de l’état de santé des récifs coralliens autour de la Martinique. L’initiative
française pour les récifs coralliens (Ifrécor) réalise des suivis réguliers de cet état de santé : plus de 80% des
récifs sont considérés dégradés. Sur les stations suivies depuis plus de 10 ans la couverture corallienne est en
diminution constante, elle a chuté partout de près de 50%.
66. Les récifs coralliens subissent de nombreuses pressions affectant leur état de santé. Autres que le
réchauffement climatique et l’acidification des océans, les pressions anthropiques locales jouent un rôle
majeur dans leur dégradation.
67. Les coraux sont reconnus comme des organismes vivants exigeant des conditions particulières pour leur
développement. Les apports excessifs en nutriments et en particules fines leurs sont néfastes. L’effet des
polluants sur leur état de santé est encore mal connu. De fait, l’état écologique des récifs coralliens est un bon
indicateur de la qualité des masses d’eau côtières.
68. L’urbanisation mal maitrisée est un des facteurs qui impacte l’état de santé des récifs coralliens. Des
efforts ont été faits concernant la mise aux normes de stations d’épuration et sur le traitement collectif des
eaux usées mais il reste encore un gros travail à réaliser sur l’assainissement non collectif, la récupération des
eaux pluviales et les apports terrigènes par les bassins versants. Des schémas d’aménagement et
d’urbanisation respectueux du milieu marin devraient être mis en place.
69. La pêche affecte également le bon état des récifs coralliens. En plus d’une pression physique causée par
les casiers et les filets qui cassent les colonies, le prélèvement d’espèces herbivores (poissons perroquets…)
influe négativement sur la régulation des macros algues. N’étant plus broutées, les macro-algues prolifèrent au
détriment des coraux. Cette prolifération est accélérée par un enrichissement des eaux en nutriments par les
apports des bassins versants.
70. Des mesures de conservation et une gestion durable de la pêche sur l’ensemble du bassin de la Caraïbe,
sont recommandées par l’Initiative internationale pour les récifs coralliens (Icri) dans un but de restauration
des stocks d’herbivores.
71. Les structures proposant des activités en mer mouillent encore à l’ancre sur certains sites. Des projets
d’installation de mouillages respectueux de l’environnement sont en cours avec les différentes institutions.
Les professionnels des loisirs en mer aimeraient voir ce genre de projet se concrétiser et souhaiteraient
s’investir dans l’entretien et la pérennisation de ces mouillages.
72. Tourisme et milieu marin en Martinique
73. Le tourisme est une activité économique majeure de la Martinique, la mer y occupe une place centrale.
Les 650 000 touristes annuels venant en Martinique sont à la recherche d’un environnement marin de
qualité sur le littoral, sur la mer et sous l’eau. Toutes les entreprises des loisirs en mer expriment ce besoin en
demandant la préservation du milieu marin.
74. Il est important d’avoir une gestion attractive des zones touristiques avec des aménagements adaptés
(exemple du projet Grand site des Salines). Afin de limiter certaines pollutions sur les sites touristiques, des
aménagements (sanitaires, collecte des déchets…) sont nécessaires et il faut continuer les campagnes de
nettoyages.
75. De plus en plus d’opérateurs touristiques se lancent dans l’écotourisme et font de la sensibilisation à
l’environnement lors de leurs excursions. L’écotourisme est une pratique qui devrait se développer en
Martinique, pour cela il est nécessaire que les structures soient encadrées et accompagnées.
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76. La mise en réseau et la diffusion des informations sur la diversité des activités d’écotourisme liés à la mer
(sentiers sous-marins, plongée, pescatourisme, excursions de découvertes, observation des mammifères
marins…) devrait être développées. Le Comité martiniquais du tourisme doit continuer à promouvoir la
qualité environnementale de la Martinique.
77. Une meilleure connaissance de la mer peut profiter au développement de nouvelles activités
touristiques en Martinique. Une d’entre elles est le pescatourisme. Certains pêcheurs pourraient trouver là un
complément de revenus intéressant. Cette activité faite sans prélèvement de la ressource trouverait toute sa
place dans les zones interdites à la pêche du fait de la chlordécone ou dans les cantonnements de pêche.
78. Pour améliorer la qualité de l’eau et des habitats marins, une sensibilisation des professionnels de la
plaisance et de leurs clients doit être faite concernant : la pollution et l’impact du rejet des déchets en mer,
la collecte à terre des eaux grises et des eaux noires, la bonne pratique du mouillage et l’interdiction du
carénage sauvage.
79. Les plages et côtes rocheuses : tortues marines et oiseaux marins
80. Les îlets, les falaises et les plages sont moins étudiés pour leur biodiversité que les herbiers, mangroves et
récifs coralliens mais ils jouent pourtant un rôle important pour des espèces emblématiques comme les
oiseaux marins ou les tortures. Ces écosystèmes subissent un grand nombre de pressions.
81. Une diminution des populations d’oiseaux marins est constatée en Martinique et sur les îlets. Cette
diminution s’explique par plusieurs phénomènes : la prédation (chats, rats, mangoustes), le dérangement des
colonies (fréquentation humaine, activités nautiques), la modification de l’habitat (anthropisation) ou encore le
braconnage.
82. Des études sur les aires de répartition, les zones d’alimentation au large et le comportement des oiseaux
marins nicheurs sur la Caraïbe sont menées pour améliorer la gestion et la conservation de ces espèces à
grande échelle. Le rocher du Diamant a été récemment identifié comme un site fréquenté par les puffins
d’Audubon, des études complémentaires sont nécessaires pour déterminer s’il s’agit d’une population
nicheuse. Le renforcement des programmes de conservation des oiseaux marins en Martinique est
indispensable.
83. Peu de connaissances sont disponibles sur les populations d’oiseaux limicoles migrateurs présentes en
Martinique. Le Parc régional a lancé des études pour combler ces lacunes, pouvoir identifier les flux migratoires
et suivre les différentes espèces. Les résultats de ces études permettront de mettre en place une gestion
intégrée des habitats d’accueil et de mieux les protéger.
84. Cinq espèces de tortues marines sur les sept connues mondialement sont rencontrées en Martinique.
Certaines viennent s’y nourrir d’autres s’y reproduire. Par exemple, les tortues vertes ne se reproduisent que
rarement en Martinique. Elles sont principalement observées sur leur zone d’alimentation les herbiers de
Thalassia testudinum. Les tortues luth, elles, ne sont observées que lors des périodes de ponte la nuit sur les
plages.
85. Des études restent encore à mener sur les différentes populations de tortues. Le comportement des
mâles (sédentaires ou migrateurs), la dispersion en mer et la croissance des jeunes tortues, les routes de
migration, les zones d’alimentation, les zones de repos... sont autant de comportements méconnus. Ces
informations permettraient d’améliorer les stratégies de conservation.
86. Différents réseaux sont actifs dans la Caraïbe : le réseau français de Saint-Martin à la Guyane, mais aussi le
Réseau caribéen de conservation des tortues. Ces réseaux permettent l’échange d’informations sur les lieux de
ponte, les zones d’alimentation et les flux entre populations.
87. Les tortues marines sont protégées par des conventions internationales (Cites) qui interdisent leur
commerce. En Martinique, elles sont protégées depuis 1993. Des actions de sensibilisation contre leur
dérangement lors des pontes, de lutte contre la prédation des nids et de diminution des pollutions
lumineuses lors des émergences des petits sont réalisées sur plusieurs plages de l’île. Aux dires des usagers
de la mer, il y a un retour des tortues en Martinique.
88. Les îlets, les falaises et les plages sont des habitats précieux pour le cycle biologique de ces espèces
patrimoniales. Il est donc nécessaire de mieux les protéger et de conserver leur intégrité écologique. Un effort
de communication envers la population locale est nécessaire pour faire comprendre les enjeux et les actions de
protection menés et faire adhérer le plus grand nombre.
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89. Les loisirs littoraux
90. Les activités de loisir se déroulent aussi bien dans des zones naturelles qu’au centre des zones
urbanisées. Restauration, promenades, camping, baignade, activités sportives, pêche de loisir… autant
d’activités qui nécessitent des aménagements plus ou moins lourds sur le domaine public maritime comme
sur la partie terrestre du littoral. De fait, les pressions anthropiques sur l’environnement y sont fortes.
91. Les services de l’État, les collectivités locales, l’Office nationale des forêts, l’Agence des 50 pas
géométriques, le Parc naturel régional, le Conservatoire du littoral, les propriétaires privés… font partie des
nombreux gestionnaires du littoral. Les différentes institutions doivent continuer à collaborer entre elles pour
s’assurer d’un aménagement concerté du littoral le moins impactant possible sur l’environnement. Il convient
de proposer systématiquement un développement durable des activités s’exerçant sur le littoral
martiniquais reconnu fragile.
92. Il est nécessaire d’aménager le front de mer des secteurs naturels très touristiques pour éviter les
dégradations du milieu naturel et les pollutions dues à une forte fréquentation toute l’année. Des projets
comme l’opération Grand site des Salines peuvent aider à réaliser ces aménagements.
93. Les pics de fortes fréquentations sur le littoral comme à Pâques ou à la Pentecôte posent des problèmes
particuliers sur des zones habituellement moins fréquentées. Ces événements nécessitent un
accompagnement spécifique des activités de loisir comme le camping sauvage normalement interdit en
Martinique. Il faut encadrer ces activités sans forcement les interdire.
94. La Martinique garde un littoral présentant des paysages remarquables. Toutefois, le littoral martiniquais
est de plus en plus convoité. Il attire autant les Martiniquais que les touristes. Afin de préserver ces paysages
littoraux intacts, l’aménagement du littoral doit être concerté avec tous les acteurs.
95. Les écosystèmes de fond de baie
96. Les écosystèmes de fond de baie (mangroves, herbiers et vasières) sont répartis sur toute la moitié sud
de l’île. Ils jouent un rôle fondamental dans le cycle biologique de nombreuses espèces marines ainsi que
pour la protection des côtes.
97. Des études dans la baie de Fort-de-France ont montré une grande diversité biologique spécifique. De plus
c’est au niveau de cette baie que se situe la plus grande mangrove de Martinique. La baie de Fort-de-France est
au centre du pôle économique de la Martinique et des projets d’aménagements sont à venir.
98. Un gain de surface de la mangrove en Martinique a été mis en évidence entre 1950 et 2003. Toutefois, il
s’agit particulièrement du mangle rouge qui s’est développé en avant de la mangrove dû à une hyper
sédimentation des fonds de baie. L’arrière mangrove continue à être grignotée par les aménagements urbains
et agricoles. De fait, les fonctionnalités des mangroves ne sont pas toutes assurées.
99. La localisation des baies en aval des bassins versants les rend vulnérables aux pressions d’origine
terrestre : érosion des sols et rejet d’eaux usées et pluviales chargés en produits phytosanitaires, en
hydrocarbures, en médicaments… et riches en particules fines provoquent envasement, turbidité et pollutions.
100. Différents outils sont mis en place afin de diminuer les pressions qui s’exercent sur les écosystèmes de
fond de baie : le Schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux (Sdage), le Contrat de baie de Fortde-France ou encore le projet de réserve naturelle régionale de Genipa sont autant de dispositifs qui ont pour
vocation d’améliorer la gestion et la préservation des écosystèmes de fond de baie. Il est nécessaire de
confronter les futurs projets d’aménagement aux richesses patrimoniales de ces écosystèmes.
101. Un effort de sensibilisation et de communication auprès du grand public est primordial pour entamer un
changement dans les mentalités et une prise de conscience pour la protection de ces écosystèmes. Il faut
développer des outils de diffusion comme l’Observatoire de l’eau qui concentre et met à disposition une
partie des informations sur le milieu marin et le milieu aquatique.
102. L’observation des mammifères marins
103. Les côtes de Martinique constituent un habitat privilégié pour l’alimentation, la reproduction et la
migration pour les 21 espèces de mammifères marins qui y sont recensées sur les 31 espèces fréquentant la
région des Caraïbes.
104. Les différents mammifères marins présents autour de la Martinique sont protégés par plusieurs textes
réglementaires internationaux et nationaux. De plus, un arrêté préfectoral réglemente les activités nautiques
d’approche de ces animaux. Enfin, en 2013, la Martinique s’est dotée d’une charte d’approche et
d’observation responsable des mammifères marins.
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105. Les eaux sous juridiction française autour de l’île de la Martinique (47 000 km²) font partie du sanctuaire
Agoa qui couvre l’ensemble de la ZEE (Zone économique exclusive) des Antilles françaises (138 000 km2). Ce
sanctuaire pris dans le cadre de la convention de Carthagène a pour vocation de mettre en place des mesures
de gestion et de conservation pour les mammifères marins.
106. Une vingtaine d’excursionnistes proposent et vivent de l’observation de mammifères marins. Nombre
d’entre eux ont souvent une activité diversifiée (randonnée palmée, visite du littoral…). Cette activité s'est
développée très rapidement ces dernières années. Il y a un marché économique important qui continue
d’attirer de nouveaux opérateurs.
107. La charte d’observation des mammifères marins n’est pas respectée de tous, le dérangement nuit aux
animaux et il y a un risque qu’ils arrêtent de s’alimenter, de se reproduire ou qu’ils quittent la zone.
Beaucoup de spécialistes estiment qu’il ne faut pas mettre les gens à l’eau pour qu’ils aillent à la rencontre des
mammifères marins. Il y a un danger pour les personnes mais aussi pour les mammifères marins (maladies,
stress...).
108. Il est prouvé dans d’autres pays que le respect d’une charte d’observation conduit à moyen termes à
une meilleure rentabilité de l’activité. Par exemple, au cours d’une sortie les passagers sont amenés à voir plus
d’espèces d’où une meilleure satisfaction de leur part.
109. Mieux connaitre les espèces et leurs comportements, ainsi que les pratiques professionnelles et de loisirs,
permet de mieux protéger les mammifères marins mais aussi d’avoir une démarche de développement durable
avec des excursionnistes encore plus respectueux de leur environnement.
110. Il est essentiel de former les excursionnistes et les skippers aux meilleures techniques d’approche. Ils
sont également demandeurs de formations sur la biologie, l’écologie et le comportement des cétacés. La
charte s’appliquant à tous, il est également important que les particuliers soient sensibilisés.
111. La délivrance d’une licence payante pour la pratique commerciale de l’observation des mammifères
marins est envisageable. La licence intégrerait les prescriptions de la charte. Le non respect des règles
d’approche pourrait alors être sanctionné lors de surveillances en mer.
112. Les polluants d’origine terrestre dans le milieu marin & la qualité des milieux aquatiques et marins de la
Martinique
113. Le suivi de la qualité des milieux aquatique est assuré par le BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et
Minières) et l’Office de l’eau (ODE) : eaux souterraines, eaux de surface et eaux littorales. La qualité de l’eau
potable et de baignade est assurée par l’Agence régionale de santé (ARS). Les analyses sont réalisées par
différents laboratoires, en ce qui concerne le littoral ce sont des bureaux d’études qui suivent la chimie de l’eau
et la biologie des milieux aquatiques.
114. Des suivis sont réalisés (physique, chimique, biologique, sanitaire) dans le cadre de la règlementation
européenne. La directive européenne cadre sur l’eau (DCE) vise l’atteinte du bon état écologique des masses
d’eau. Il convient d’adapter localement les méthodes de suivis (produits recherchés, indicateurs de mesure). En
mer, le programme Ifrécor permet de connaitre l’état de santé des récifs coralliens dans les collectivités
françaises d’outre-mer.
115. Il y a plus d’une vingtaine de masses d’eau littorales suivies autour de la Martinique. Les suivis biologiques
des milieux permettent de connaitre la qualité des eaux. Ils sont complétés par les suivis physiques et
chimiques de l’eau. Les informations recueillis sont nombreuses mais l’analyse globale en est difficile. Les
normes sanitaires et les normes environnementales ne sont pas les mêmes. Ifremer a pour projet de travailler
sur une plateforme hydrodynamique qui permettra de mieux connaitre les courants donc la dispersion des
polluants.
116. Il est difficile de connaitre la pollution en mer par prélèvement d’eau car les polluants y sont très dilués.
Certaines espèces telles que les huitres pourraient être des indicateurs de qualité puisque ce sont des filtreurs
mais leurs populations en Martinique sont limitées. Des mesures sont faites parfois avec des échantillonneurs
passifs (membranes qui filtrent l’eau en stockant les polluants). Mais la technique n’est pas encore validée dans
le cadre de la DCE.
117. Les pollutions d’origines domestiques, agricoles et industrielles impactent la qualité des cours d’eau des
bassins versants. Les études faites en rivière sur les poissons et crustacés ont entrainé une interdiction totale
de pêche en rivière. En conséquence, depuis 2007, l’état écologique des masses d’eau côtière va de moyen,
médiocre à mauvais.
118. Une grande partie de l’île est contaminée par la présence de la chlordécone qui est présente partout
surtout au nord de l’île. Depuis le 30 novembre 2012, 200 km² de mer sont interdits à la pêche pour des
raisons de santé publique du fait de la contamination par la chlordécone des produits halieutiques.
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119. Des hydrocarbures sont retrouvés dans les cours d’eau à cause du ruissellement sur le réseau routier lors
des pluies. Ce phénomène est aggravé par la densité du réseau routier en Martinique. Les activités marines
dans les ports de pêche et les ports de plaisance rejettent également des hydrocarbures.
120. La turbidité de l’eau et les matières en suspension ne sont pas mesurées. Toutefois, les carrières,
l’agriculture intensive et l’imperméabilisation des sols par l’urbanisation diffuse entrainent l’accélération des
eaux pluviales et le rejet important de particules en mer. L’hyper sédimentation impacte les écosystèmes de
mangroves, herbiers et récifs coralliens.
121. La quantité d’herbicides pour le traitement des jardins domestiques et des communs des collectivités est
plus importante que celle utilisée pour le traitement de parcelle agricole. Il est nécessaire de continuer à
sensibiliser les particuliers et les élus à un changement de pratique et diminuer l’utilisation de pesticides.
122. Les fongicides utilisés dans le traitement des bananes avant commercialisation font partis des polluants
les plus présents dans les cours d’eau avec les herbicides. Des systèmes de récupération et de retraitement de
ces effluents post-récoltes sont mis en place dans les exploitations.
123. De nombreux produits phytosanitaires, parfois interdits depuis longtemps (chlordécone, diuron) sont
retrouvés dans les cours d’eaux ainsi que les médicaments humains ou vétérinaires et les drogues illicites.
Ces produits ne sont pas encore efficacement traités par les stations d’épurations et se retrouvent dans les
milieux aquatiques et le milieu marin. Des études ont montré que ces produits provoquent des perturbations
sur les organismes aquatiques (fertilité, croissance, survie, malformation, etc.).
124. En Martinique, certaines espèces sont traditionnellement consommées mais aucunes études sanitaires ne
sont réalisées (huitres de palétuviers, crabes ciriques, brigots…).
125. Un accompagnement au changement des pratiques est réalisé par l’ODE et la Fredon dans le but de
diminuer (travail sur les dosages) voir arrêter l’utilisation de pesticides pour le traitement sur la voirie et dans
les jardins. Il est recommandé de remplacer l’usage des pesticides par des techniques alternatives plus
respectueuses de l’environnement et de la santé publique.
126. Il faut limiter ou empêcher les pollutions à la source. Par exemple, la loi Labbé du 6 février 2014 interdira
l’utilisation par les collectivités locales de produits phytosanitaires en 2020 et pour les particuliers en 2022. La
population et les entreprises doivent être responsabilisées. La surveillance par des gardes des atteintes à
l’environnement doit être intensifiée et des sanctions doivent être prises contre les pollueurs.
127. L’inter connectivité entre milieux aquatiques terrestres et le milieu marin
128. La continuité écologique entre habitats est une connexion fonctionnelle nécessaire au bon
fonctionnement des écosystèmes et au maintien de la biodiversité. La connectivité doit être considérée
comme un fil conducteur dans la gestion intégrée du milieu marin.
129. En Martinique, il y a une forte connectivité entre les milieux aquatiques terrestres et le milieu marin. Le
réseau hydrographique est dense, de nombreux cours d’eau permanents ou temporaires se jettent
directement à la mer. La mangrove, l’herbier et le récif corallien dépendent de la qualité du réseau
hydrographique. Une meilleure connaissance de ces écosystèmes permettrait d’améliorer leur gestion et de
maintenir une bonne connectivité entre ces milieux.
130. Le schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux (Sdage) assure le maintien du bon état
écologique des milieux aquatiques terrestres et des masses d’eau littorales. Le parc naturel marin permet de
gérer le milieu marin et de renforcer la connectivité entre la mer et la terre. Ils sont complémentaires et
devront travailler ensemble.
131. Certaines espèces migrent lors d’une partie de leur cycle de vie. Des actions de conservation doivent se
réaliser à l’échelle locale et être intégrées dans des programmes internationaux à l’échelle des Antilles voir
de la Caraïbe. Par exemple, le sanctuaire Agoa qui est un outil français de protection renforcée des
mammifères marins a pour ambition d’être décliné dans les iles voisines.
132. Il est important de développer une coopération internationale entre les îles de la Caraïbe pour assurer
une bonne gestion de la ressource halieutique. Des programmes ont pris en compte cette connectivité comme
le programme Magdalesa qui tend à un développement durable de la pêche sur dispositifs de concentration de
poissons (DCP) dans les eaux des petites Antilles et d’Haïti.
133. La pêche
134. En Martinique, il y a 1 080 pêcheurs enrôlés. Le secteur de la pêche maritime est en grande difficulté :
forte diminution de la ressource halieutique, augmentation du prix du carburant, pollution à la chlordécone,
etc. Il n’y a qu’une partie des pêcheurs qui vivent correctement de la pêche. Une majorité des pêcheurs en
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activité ont plus de 50 ans et ne vont pas être en mesure de toucher une retraite décente. De ce fait, un
grand nombre de pêcheurs retraités continuent à s’enrôler et à pêcher.
135. Le système d’information halieutique (SIH) officiel de la Direction des pêches maritimes et de
l’aquaculture mise en œuvre par l’Ifremer révèle une production autour de 1 600 tonnes de poissons par an.
Une autre étude effectuée par un cabinet privé aurait relevé un volume de pêche d’environ 6 000 tonnes par
an.
136. Des techniques de pêches non sélectives (casier, filet trémail, senne), néfastes pour la ressource
halieutique et les habitats, sont encore largement utilisées. La pêche est soumise à des réglementations
communautaires, nationales et locales. Le non respect de ces règlementations (absence de marquage des
engins de pêche, taille des mailles, zones de protection, période de capture) par certains pêcheurs
professionnels et de loisir ne permet pas de les distinguer des braconniers. Ces pratiquent aboutissent à une
surexploitation du plateau insulaire.
137. La capture des espèces soumises à quotas doit être déclarée. En Martinique, cela concerne uniquement
le marlin bleu (Makaira nigricans). Des quotas de pêches sont attribués chaque année par la Commission
internationale pour la conservation des thonidés de l’atlantique (ICCAT) pour chaque pays en fonction des
déclarations des captures des années précédentes.
138. En Martinique, l’absence de déclarations de captures pourrait entrainer une annulation des quotas et
donc l’arrêt de cette pêche. La déclaration peut permettre d’évaluer la perte de bénéfices due à l’interdiction
de pêche dans des zones impactées par des pollutions et d’indemniser correctement les pêcheurs. Certaines
subventions attribuées se basent également sur la déclaration des captures. Ces aspects réglementaires sont
donc favorables aux pêcheurs.
139. Il est nécessaire d‘avoir des zones de protection de la ressource halieutique. Cinq cantonnements de
pêche ont été mis en place par le Comité régional des pêches pour une meilleure gestion de cette ressource.
Actuellement, la pêche y est autorisée par période sur arrêté préfectoral mais des faits de braconnages y sont
malheureusement signalés toute l’année.
140. Aujourd’hui, la ressource côtière est épuisée du fait d’un trop grand nombre de pêcheurs. Il est
indispensable de changer leurs pratiques et d’adapter les navires à de nouvelles méthodes de pêche plus
sélectives. L’accompagnement social des pêcheurs retraités est une priorité afin de stopper leurs impacts
négatifs sur la ressource et les milieux. L’orientation professionnelle des pêcheurs actifs vers des activités
durables (pescatourisme, etc.) peut être une solution complémentaire de revenus. Le développement de la
pêche sur les dispositifs de concentration de poisson (DCP) par l’adaptation des engins et des navires doit être
approfondi.
141. La profession manque de structuration. Les professionnels doivent s’organiser et coopérer d’avantage
pour la mise en place d’une filière durable : s’associer pour réduire les charges, conditionner et valoriser les
produits de la pêche afin d’en tirer un meilleur bénéfice.
142. L’aquaculture
143. Il y a une augmentation croissante des besoins en produits de la mer pour la consommation humaine. En
Martinique, la production aquacole marine est de 75 tonnes par an pour une capacité de 300 tonnes.
Actuellement, l’espèce élevée est une espèce introduite le loup caraïbe (Sciaenops ocellatus). Un des risques lié
à l’aquaculture est l’introduction accidentelle d’espèces invasives dans le milieu naturel, exemple en eau douce
de la Cherax quadricarinatus, écrevisse australienne élevée en Martinique.
144. Le succès de l’aquaculture marine repose sur la maitrise de chaque stade du cycle biologique de l’espèce
élevée, l’apport suffisant de nourriture, etc. La recherche a permis de faire progresser la connaissance sur
l’élevage d’espèces locales. Il est toutefois nécessaire de mieux cibler les espèces locales adaptées pour la
production aquacole. Il faut développer une production d’espèces à forte valeur ajoutée (lambis, oursins,
langoustes, etc.).
145. En Martinique, l’aliment pour l’aquaculture est importé. Cette nourriture est composée majoritairement
de poissons riches en protéines et en lipides nécessaires pour nourrir des carnivores qui ont la préférence des
consommateurs. Il faut trouver d’autres ressources pour la composition de ces aliments comme par exemple
des algues, des insectes, des vers ou élever des espèces herbivores.
146. Une production locale d’aliments est possible. Il faudrait plusieurs milliers de tonnes pour qu’elle soit
rentable. Toutefois, des productions artisanales peuvent être envisageables si les productions de poissons
sont valorisées au niveau de la vente par un label bio par exemple.
147. Il faut développer des projets d’aquaculture intégrée avec des espèces locales. Cela permettrait d’élever
plusieurs espèces en même temps, de limiter l’impact sur le milieu et réduire le coût de l’alimentation. La
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Communauté d’agglomération de l’espace sud (CAESM) travaille actuellement à la réalisation d’un projet de ce
type d’exploitation.
148. Le parc naturel marin
149. Le parc naturel marin est géré par un conseil de gestion. Ce conseil de gestion est une assemblée
délibérante à qui l’État transfère la gestion de la mer. Il joue un rôle d’intégrateur et de régulateur des
activités qui se déroulent à l’intérieur du parc naturel marin. Il agit dans le respect des lois et règlements
existants.
150. Il n’y a pas de nouvelle réglementation mise en place à la signature du décret de création du parc marin.
Les pouvoirs des institutions existantes ne sont pas modifiés (exemple de la police des maires sur les 300 m
ou de la police de l’environnement) et le conseil de gestion n’est pas autorisé à prendre des décisions
réglementaires. Il peut toutefois proposer de nouvelles réglementations au préfet.
151. L’innovation apportée avec la création de l’outil parc naturel marin est la mise en place d’une gestion
de la mer portée par les gens de mer pour les gens de mer. Le conseil de gestion tient son pouvoir du conseil
d’administration de l’Agence des aires marines protégées. Un parc naturel marin n’est pas un nouvel
établissement public. Pour réaliser les actions mises en place par le conseil de gestion, l’Agence des aires
marines protégées met à sa disposition une équipe et un budget.
152. Dans le conseil de gestion chaque personne a une voix. Il élit son président, ses vice-présidents et les
membres de son bureau. Le conseil de gestion émet des préconisations dans son plan de gestion pour
certaines activités et réalise des actions visant à mieux connaitre, mieux protéger le milieu marin et assurer
le développement durable des activités en mer. Le conseil de gestion peut donner son avis sur les dossiers
soumis à arrêté préfectoral. Quand une activité a un effet notable sur le milieu marin (code de l’environnement
article L334-5 précisé dans le R334-33), il doit rendre un avis conforme. Cet avis est obligatoirement suivi par
les autorités compétentes.
153. Les institutions siégeant au conseil de gestion sont listées dans le décret de création du parc naturel
marin. Les pêcheurs avec des représentants d’autres professions feront partis du conseil de gestion. Les
professionnels de la mer sont en général bien représentés. Les services de l’État sont minoritaires au sein du
conseil de gestion. Le préfet ne siège pas dans un conseil de gestion, il y est comme commissaire de la
république.
154. Le périmètre d’un parc naturel marin ne peut être situé que dans les eaux sous la souveraineté française
et sur les espaces appartenant au domaine public maritime. Un parc naturel marin ne peut donc pas inclure de
zones terrestres.
155. Les orientations de gestion du parc naturel marin doivent permettre d’améliorer la connaissance aussi
bien des patrimoines naturel et culturel que des usages. Elles doivent contribuer à la protection et au
développement durable du milieu marin.
156. La composition du conseil de gestion, le périmètre et les orientations de gestion du parc naturel marin
seront définis lors des réunions de concertation organisées par la mission d’étude avec tous les acteurs du
milieu marin au cours de l’année qui vient. Ce sont les trois éléments qui figurent au décret de création d’un
parc naturel marin pris après enquête publique.
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