Jean-Christophe Attias Les Juifs et la Bible

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Librairie
modifié l’état d’esprit des catholiques
dans le sens de la liberté et réserve
sans doute encore des surprises.
Jean-Claude Eslin
Vu sous l’angle du pouvoir, le
concile est un succès qui devient un
échec, si on reconnaît que la centralisation dans l’Église catholique est
plus forte aujourd’hui que du temps
de Pie XII. L’ambiguïté de Paul VI
est mise en scène. Surtout, on voit
que s’exercent des forces plus puissantes qu’un concile et son volontarisme : la structure de long terme de
l’Église catholique, les événements
du monde séculier, les changements
ou les raidissements culturels chez
les fidèles et le personnel religieux.
Jean-Christophe Attias
Les Juifs et la Bible
Paris, Fayard, 2012, 368 p., 20,90 €
Un livre trouve-t-il son sens et sa
profondeur dans une confidence ?
Sans doute rien du contenu de celui
que vient de signer Jean-Christophe
Attias ne dépend-il, formellement,
de l’anecdote personnelle que cet
éminent spécialiste de la pensée
juive, notamment médiévale, raconte
à la fin de son prologue. Il n’empêche qu’il n’est pas anodin que l’auteur prenne soin de confier à son lecteur que la Bible était le livre de son
père, celui que son père recopiait,
traduisait et commentait,
L’ouvrage est bien conçu, bien
écrit, et il est étonnant qu’il ne présente pas, sur la durée, de fausses
notes. Quelques réserves cependant :
j’ai regretté que le discours inaugural de Jean XXIII, qui dépasse le
concile en ampleur de vue, soit victime de la règle que l’auteur s’impose : il n’est évoqué qu’indirectement. Manquent aussi quelque peu
les réactions des observateurs orthodoxes et protestants présents sur
place et fort actifs.
à l’écart de toute « communauté
juive » dans le village où il vivait
[…] et où il était le seul Juif.
Pour qui tient compte de sa
« réception », Vatican II est un événement toujours en train, toujours
discuté et toujours interprété, comme
les conciles de Nicée ou de Trente
qui furent en devenir durant plus de
cent ans. Curieusement, ses conséquences ne sont pas encore vraiment
discernables. Son destin est au milieu
du gué. Cinquante ans seront encore
nécessaires. Pour le moment, on gouverne l’Église comme on l’a toujours
gouvernée depuis mille ans, et basta !
Pas d’alternative. Mais le concile a
largement ouvert la Bible qui nourrit
une vie souterraine et vous transforme par mille capillarités, il a
La mère de Jean-Christophe
Attias, quant à elle, n’était pas juive.
Or ce fils écrit aussi ceci :
J’ai découvert, enfant, le judaïsme
dans la Bible, et j’ai ensuite passé le
reste de mon âge à découvrir, à comprendre et finalement à enseigner
que le judaïsme était tout autre
chose que ce que j’avais, enfant,
découvert dans la Bible.
Simple circonstance familiale ?
Non, car à l’autre bout de l’ouvrage,
on lit encore :
Beaucoup de ceux qui aujourd’hui
entreprennent de revenir au
judaïsme le savent au moins confusément : la Bible n’est peut-être pas
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