journalistes économiques et financiers

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DIX CONSEILS PRATIQUES
POUR LES
JOURNALISTES
ÉCONOMIQUES
ET FINANCIERS
DANS LES PAYS À ÉCONOMIE EN DÉVELOPPEMENT
Paul Hemp
PAUL HEMP a organisé des séminaires sur le journalisme économique et financier dans
de nombreux pays à économie développement, dont le Nigeria, l’Inde, la Slovaquie et la
Bulgarie. Il a été journaliste au Wall Street Journal à Londres et à Bruxelles, journaliste
financier et rédacteur en chef au Boston Globe et rédacteur, puis rédacteur en chef du
Boston Globe Magazine. Il est actuellement rédacteur principal pour la Harvard Business
Review.
L’International Center for Journalists (ICFJ) a été créé en 1984 pour contribuer à
améliorer le journalisme à travers le monde au moyen de la formation professionnelle,
d’échanges et de stages. Durant les vingt dernières années l’ICFJ a travaillé avec plus de
16.000 journalistes de 174 pays. L’ICFJ est une institution indépendante à but non
lucratif dont le siège est à Washington, D.C.
Troisième édition
Dix conseils pratiques pour les journalistes économiques et financiers, de Paul
Hemp, a été traduit dans sept langues et utilisé dans les pays en développement de par le
monde depuis 1991 pour former des professionnels de cette filière fondamentale qu’est le
journalisme financier. Ouvrage clair et pragmatique, il n’a rien perdu de sa pertinence
depuis sa première publication. La troisième édition contient quelques légères révisions
de forme qui tienne à l’évolution de l’économie mondiale de ces dernières années.
Note de l’auteur
Je tiens à remercier les nombreux journalistes du monde en développement qui
m’ont consacré leur temps et m’ont fait part de leurs idées. Je ressens pour eux une
profonde admiration, amenés qu’ils sont à exercer leur métier dans des conditions parfois
pénibles. J’ai par exemple travaillé en Afrique de l’Ouest avec des journalistes qui
manquaient des ressources — matériel, communications, transports — que les confrères
du monde occidental considèrent comme acquises.
Qui plus est, c’est parfois au prix de leur emploi — voire de leur propre
sécurité — qu’ils défendent le souci d’objectivité et de véracité nécessaire à un travail de
journalisme qui se respecte. Leur tâche est bien plus difficile que la nôtre, occidentaux, et
je salue leur capacité à exercer un métier haut la main en dépit de l’adversité.
J’aimerais également remercier le personnel, passé et présent, de l’International
Center for Journalists – et notamment les co-fondateurs de l’ICFJ que sont George
Krimsky et feu Tom Winship – pour leur soutien et leur assistance et pour avoir mis le
manuel à la disposition de milliers de journalistes dans le monde entier.
— Paul Hemp
Septembre 2004
T ABLE
DES MATIÈRES
Introduction .....................................................13
1. Éviter le jargon économique ......................19
2. Définir les concepts économiques ..............23
3. Ne pas abuser des statistiques ....................27
4. Comparer les statistiques ...........................31
5. Transformer les statistiques en articles ....35
6. Exploiter tous les angles .............................39
7. Rédiger des articles à visage humain ........43
8. Montrer que les nouvelles financières
importent ..........................................................47
9. Ne pas se contenter du communiqué de presse 51
10. Développer des idées originales ...............55
Conclusion ........................................................59
Glossaire …………………. 61
I NTRODUCTION
La présente brochure ne prétend pas être un traité exhaustif, un tout-en-un du
journalisme économique et financier. Occupés par notre profession, nous accumulons
dans nos bureaux nombre de livres utiles que, malgré nos fermes intentions, nous
n’aurons jamais le temps de lire.
Les pages qui suivent présentent 10 conseils pratiques pour améliorer directement
la rédaction d’articles économiques ou financiers, et résoudre les problèmes — parfois
apparemment anodins et parfois plus profonds — qui émaillent la vie du journaliste
d’affaires dans le monde entier. J’ai insisté sur ces problèmes car ce sont parmi les plus
courants et les plus faciles à résoudre.
Si vous mettez en pratique un ou deux de ces conseils, vos lecteurs noteront la
différence. Par souci de simplicité il n’est ici fait référence qu’à la presse écrite
spécialisée, mais il va de soi que les conseils s’appliquent également à la presse audiovisuelle et aux autres domaines de journalisme en dehors de l’économie et des finances.
***
Les informations économiques et financières sont fondamentales dans les économies en
développement — comme dans tous les pays d’ailleurs. Elles concernent tout le monde,
depuis les banquiers jusqu'aux consommateurs qui font leurs emplettes. Rien de
surprenant donc à ce que les media accordent une importance croissante à l’économique
et au financier. Ces domaines ne sont plus considérés comme des spécialités vouées aux
dernières pages d’un quotidien ou aux dernières minutes d’un journal télévisé.
Cela étant, les articles économiques et financiers présentent deux problèmes. Ils sont
souvent :
1. complexes
2. ennuyeux
Une plus grande couverture médiatique signifie une plus grande sensibilisation, mais
pas nécessairement que le citoyen moyen soit mieux informé sur ces questions. Combien
de lecteurs comprennent ce que signifie renégocier une dette avec le Fonds monétaire
international ? Combien d’entre eux connaissent la différence entre le bénéfice d’une
entreprise et son chiffre d’affaires ?
Ne sachant pas que le rééchelonnement de la dette publique et la rentabilité des
entreprises peuvent avoir une incidence sur leur vie quotidienne, les lecteurs ne réagissent
pas à ces questions, qu’ils trouvent au demeurant ennuyeuses, ne serait-ce que par rapport
au dernier scandale politique. Cela s’explique en partie par la complexité des thèmes.
***
Quelle est la mission du journaliste économique ou financier ? À l’évidence il doit rendre
fidèlement compte des événements — mission cruciale lorsque l’on sait qu’une virgule à
la mauvaise place peut coûter des fortunes. Mais pour complexes ou ennuyeuses que
puissent être les nouvelles économiques et financières, le journaliste doit les rendre :
1. compréhensibles
2. intéressantes
Que faire pour les rendre compréhensibles ? Un de mes rédacteurs en chefs avait
l’habitude de me dire : « Pour être un bon journaliste, il y a trois règles à respecter : la
première, expliquer, la deuxième…expliquer, et la troisième… »…vous aurez deviné.
Cela étant, pour pouvoir expliquer aux autres, le journaliste doit d’abord avoir luimême compris. Et pour comprendre il faut parfois d’abord reconnaître qu’il y a des
choses que l’on ne sait pas. Or, cela n’est pas toujours facile.
Les journalistes ont leur fierté. Je le sais car j’en suis un. Aucun d’entre nous
n’admettra avec plaisir son ignorance, en particulier lorsqu’un responsable politique ou
un autre personnage en vue saisit l’occasion pour tenter de nous humilier. Mais nous
sommes des communicateurs et n’avons pas la science infuse, et nous avons le devoir
d’informer nos lecteurs. Si nous ne comprenons pas, ils ne comprendront pas non plus.
Que l’orgueil ne vous empêche pas de dire « désolé, je ne comprends pas; pourriez-vous
m’expliquer ? ».
À l’occasion de mes séminaires, durant toutes ces années, des journalistes ont souvent
contesté mon intention de mettre les nouvelles économiques à la portée du citoyen
jouissant d’un minimum d’instruction, avançant l’argument que les financiers ou les
chefs d’entreprise avertis tourneraient en dérision quiconque s’amuserait à expliquer les
concepts économiques.
Quelle a été ma réponse ? Oui, nous devons tenir compte de nos lecteurs. Nous ne
voulons pas insulter leur intelligence. Mais il est préférable de donner plus
d’informations que pas assez. Même les lecteurs avertis ont parfois besoin de se rafraîchir
la mémoire et de revoir certaines notions. Le Wall Street Journal est devenu l’un des plus
grands journaux américains en optant pour une démarche didactique, sans pour autant
perdre de son prestige. Le Wall Street Journal a pour vocation d’informer les personnes
qui s’intéressent à l’économie et aux finances sans exclure qui que ce soit et sans donner
l’impression que le monde des affaires est un club privé.
Une fois que les thèmes sont compris, comment les rendre intéressants ? Pour
répondre simplement à cette question : il ne faut pas s’enliser dans les statistiques et
s’intéresser davantage aux gens. L’économie et l’entreprise sont avant tout des
phénomènes humains. L’évolution de l’économie influe sur notre vie quotidienne. La vie
d’une entreprise est un ensemble de tranches de vies émaillées d’échecs, de réussites, de
rivalités. Bien souvent les journalistes perdent de vue la dimension humaine qui se
cachent derrière les statistiques.
***
Les conseils présentés dans cette brochure visent avant tout à atteindre ces deux
objectifs : rendre les articles compréhensibles et intéressants. Certains surprendront peutêtre — et j’espère qu’ils seront matière à réflexion voire à discussion entre confrères.
À titre d’illustration, j’ai inclus quelques exemples de la vie réelle dont a rendu
compte la presse spécialisée de diverses économies en développement.
J’aurais certes pu tirer des exemples — bons ou mauvais — de la presse occidentale
(du reste mes propres articles auraient certainement pu être améliorés en appliquant ces
conseils), mais j’ai jugé préférable d’évoquer des cas plus représentatifs de la presse
économique naissante des économies en développement.
Les particularités culturelles et nationales influent sur le rôle du journaliste et sur sa
pratique professionnelle. Il est possible que je ne les connaisse pas, et mes suggestions
risquent donc de paraître parfois inappropriées voire incongrues. Mais répondre à cela en
disant « j’aimerais bien le faire, mais ça ne se fait pas ici » constitue parfois une excuse
trop facile.
Les principes du bon journalisme sont, à mon sens, universels. J’espère que la plupart
de ces conseils seront applicables où que vous pratiquiez votre profession. J’espère
également qu’ils contribueront à rendre vos articles plus accessibles et plus intéressants.
C’est une mission vitale, quel que soit le pays, mais elle l’est encore plus dans les
économies en développement.
***
1. É VITER
LE JARGON ÉCONOMIQUE
Une phrase entendue à la radio :
Le ministre des finances a engagé les opérateurs locaux, les producteurs
de biens de consommations et de biens d’équipement à privilégier les
fournisseurs locaux dans les filières en amont.
Le style nous est familier, n’est-ce pas ? Mais quel est le message ? Le ministre des
finances a tout simplement demandé aux entreprises locales de s’approvisionner
localement. Pourquoi le journaliste ne s’est-il pas contenté de dire cela ?
Hélas, nombre de journalistes abusent du jargon rébarbatif des économistes, des
banquiers et des fonctionnaires au lieu d’opter pour les mots que les gens utilisent
quotidiennement dans leurs conversations. Passe que les économistes utilisent ce jargon
entre eux : ils se comprennent, ou semblent se comprendre. Mais pour le lecteur moyen,
ce jargon est complexe et fastidieux.
Ces mots finissent par se glisser dans les articles car il est plus facile de répéter ce que
disent les bureaucrates, les économistes, les banquiers ou les communiqués de presse que
de traduire leur propos dans la langue courante. Il faut également reconnaître que les
journalistes cherchent parfois à impressionner leur lectorat et estiment que l’utilisation du
jargon donnera à leur travail une apparence plus érudite et plus intelligente. En vérité,
bien souvent les journalistes eux-mêmes n’ont pas compris et ils estiment qu’il est plus
sûr de redire ce qui a été dit sans changer quoi que ce soit.
Pour difficile que soit ce travail de traduction dans la langue courante, les journalistes
devraient s’efforcer de faire de leur mieux. L’objectif est de présenter de façon simple ce
qui est compliqué. L’idéal est de trouver l’expression juste plutôt que de choisir le terme
difficile et d’être économe de mots.
Certes, le danger existe de simplifier à outrance et de déformer le message, mais en
général il suffit de réfléchir, de s’arrêter et de voir ce qui se cache derrière le jargon. Si
vous avez devant vous un interlocuteur, vous pouvez lui demander de résumer en termes
simples ce qu’il ou elle vient de dire et ainsi lui confier ce travail de traduction.
Parfois les bureaucrates optent pour le jargon car des mots simples risqueraient de
paraître trop abrupts. Examinons l’article suivant :
Conseil de rédaction
L’utilisation automatique du jargon économique est signe du piège dans lequel le
journaliste est tombé : à force d’entendre ce jargon il lui est devenu tout naturel.
Le journaliste doit prendre l’habitude de s’interroger : Puis-je encore simplifier mon
article, le rendre encore plus clair ?
Lors de la conférence qui s’est tenu dans notre capitale la semaine
dernière un économiste a fait savoir que le pays devait redoubler
d’efforts pour réadapter son appareil industriel et veiller à l’utilisation
et au déploiement rationnels des ressources économiques. Selon lui, le
tissu industriel national continue d’accuser des contradictions
structurelles.
Ce paragraphe est rempli d’euphémismes. Lorsqu’un économiste parle d’«utilisation
rationnelle » des « ressources économiques » il a généralement en tête une compression
des effectifs, ou pour dire les choses plus simplement des licenciements. Si c’est ce qu’a
voulu dire l’orateur pourquoi ne pas l’a-t-il simplement pas dit ?
Qu’en est-il par ailleurs des « contradictions structurelles » toujours présentes dans le
tissu industriel ? Si vous le pouvez, pourquoi ne pas demander ce que cela signifie ?
Évitez également l’abus des acronymes lorsque vous faites références à des
programmes ou des organisations. Même lorsque vous les citez pour la deuxième fois, il
est préférable de donner le nom complet ou partiel — par exemple la Banque, lorsque
vous désignez pour la deuxième fois la Banque mondiale, au lieu d’utiliser la BIRD et
d’obliger le lecteur à chercher ce que les sigles signifient.
Les journalistes se défendent souvent en disant que telle ou telle expression est
devenue monnaie courante et que tout le monde la comprend. Mais lorsqu’on leur
demande des explications ils semblent être les seuls à ne pas comprendre.
C’est là le signe que le journaliste est tombé dans le piège du jargon économique : à
forte de l’entendre il est devenu naturel. Le journaliste doit prendre du recul et vérifier
s’il peut dire les choses plus simplement.
2. D ÉFINIR
LES CONCEPTS ÉCONOMIQUES
Si vous ne pouvez pas vous passer du jargon, définissez-le, expliquez-le. Certains termes
économiques sont très précis et éviter de les utiliser risquerait de compliquer les choses
plutôt que de les éclaircir. Mais il ne faut pas perdre de vue qu’il s’agit de mots
mystérieux dont le journaliste doit dévoiler le sens.
Le texte ci-dessous est tiré d’un article paru à la une d’un journal sous le titre
« Inquiétude face à la montée des taux d’intérêt » :
Les taux d’intérêt interbancaires, qui avaient été relativement stables
durant ces trois derniers mois, ont gagné près de trois points de
pourcentage la semaine dernière...
On peut lire quelques lignes plus loin :
Les taux interbancaires sont les taux que pratiquent les banques
lorsqu’elles se prêtent des fonds entre elles. En règle générale ils
constituent un paramètre fondamental dans le calcul des taux que les
banques appliquent aux prêts qu’elles accordent à leurs clients.
Bravo! Sans cette définition fort utile, l’article n’aurait aucun sens pour les nombreux
lecteurs bien instruits qui ne savent pas ce que sont les taux d’intérêt interbancaires.
Hélas, ces définitions ne sont que trop rares dans la presse spécialisée.
Certains journalistes pensent que ces définitions sont appropriées pour les articles qui
font la une d’un quotidien généraliste, mais que les lecteurs des pages économiques ou
des publications spécialisées connaissent déjà ces termes.
Sans doute. Mais le Wall Street Journal, dont les lecteurs ont un appréciable bagage
économique, a pour habitude de définir les concepts utilisés dans ses articles. Par
exemple, lorsque le produit intérieur brut est cité pour la première fois dans un texte, il
est souvent suivi de l’explication « la valeur totale des biens et des services produits par
un pays ».
J’ai dit plus haut que les journalistes devaient être économes de mots. Or, qui dit
définition dit plus de mots. Parfois la clarté doit l’emporter sur la brièveté. Du reste une
définition aride n’est pas toujours nécessaire là où une illustration pourrait donner plus de
clarté. Par exemple un article pourrait parler des « avantages sociaux » offerts par une
entreprise, « tels que congés payés ou assurance-maladie ».
Conseil de rédaction
Les journalistes ou les journaux eux-mêmes devraient se constituer des glossaires.
Les définitions qu’ils contiendraient — une sorte de canevas — pourraient servir à étoffer
des articles. Il faut savoir que ces glossaires ne se créent pas du jour au lendemain, sinon
qu’ils sont le fruit d’un travail constant.
Mais parfois il faut donner une définition en bonne et due forme. Dans un pays
lourdement endetté un journal a publié un article circonstancié sur la « conversion de la
dette » sans définir ce que signifiait l’expression. Une simple explication aurait été utile :
« La conversion de la dette est un mécanisme par lequel les créanciers extérieurs d’un
pays renoncent à leur créance en échange d’une prise de participation dans des
entreprises locales ».
Contrairement aux apparences, ces définitions objectives et succinctes ne sont pas
faciles à rédiger. C’est pourquoi les journalistes ou leurs journaux devraient constituer
des glossaires dont ils pourront utiliser les définitions le moment venu. Une fois
cataloguées, ces définitions pourront être directement recopiées. Il faut cependant savoir
que ces glossaires ne se créent pas du jour au lendemain, sinon qu’ils sont le fruit d’un
travail constant.
Quelques exemples pour commencer à constituer ce type de glossaire : balance des
paiements, taux directeurs, Fonds monétaire international ou FMI, dévaluation,
privatisation, introduction en bourse, Accord général sur les tarifs douaniers et le
commerce ou GATT, etc.
Vous trouverez à la fin de cette brochure un petit glossaire. Il convient de préciser que
les définitions doivent être pertinentes pour le pays considéré.
Dans beaucoup de pays en développement on parle de « programme d’ajustement
structurel » sans savoir ce que cela recouvre exactement. Pour courantes que soient
devenues les expressions comme celle-ci, même chez les citoyens moyens, j’insiste
toujours pour qu’elles soient accompagnées d’une définition, ne serait-ce qu’en guise de
rappel. En l’occurrence : « Trains de mesures destinées à redresser l’économie d’un pays,
en partie en réduisant les importations et en encourageant la production nationale ». La
définition pourra éventuellement changer d’un pays à l’autre mais les lecteurs
l’apprécieront.
3. N E
PAS ABUSER DES STATISTIQUES
Les journalistes abusent souvent des chiffres. Si, par souci de précision et de crédibilité, il
importe d’en donner, il faut se limiter à ceux qui sont essentiels pour la cohésion de
l’article.
Cela peut sembler étrange de donner ce conseil au journaliste économique pour qui
les statistiques sont souvent une matière première. La plupart des lecteurs trouvent
cependant les chiffres trop arides et difficiles à assimiler. Demandez à quiconque a dû
digérer des pages entières de tableaux. Un article trop riche en chiffres risque d’être —
vous l’aurez deviné — fastidieux et d’une lecture difficile.
Prenez par exemple cette introduction :
Plus de 13 millions de bicyclettes de production nationale s’empilent
actuellement dans des entrepôts, et les fabricants attendent une reprise
des marchés étrangers.
De janvier à septembre notre pays a exporté 1,6 million de vélos pour
une valeur de 67 millions de dollars, soit 72 % et 87,8 % de plus que
l’année dernière en volume et en valeur, respectivement.
Pour le seul mois de septembre nous avons exporté 294.000 bicyclettes
pour une valeur de 11 millions de dollars, d’après les statistiques de la
Direction générale des douanes.
L’an dernier nous avions produit plus de 40 millions de vélos, dont
2,53 millions exportés. Chaque année les exportations représentent
environ 5 % de la production totale du pays.
Conseil de méthodologie
Certains journalistes sont obsédés par les chiffres. Dans les pays où les autorités
contestent souvent l’exactitude des informations diffusées par la presse, ce souci est sans
doute justifié.
Mais en règle générale ces données n’apportent pas grand-chose de plus, si ce n’est
qu’elles montrent – parfois de façon peu discrète – que le journaliste a fait son travail.
Conseil de rédaction
En bombardant le lecteur de chiffres dès le début de l’article il risque d’interrompre sa
lecture.
Comme les chiffres risquent d’avoir un effet soporifique il est préférable de les utiliser
avec parcimonie. Le lecteur moyen n’a pas besoin de toutes les informations et le lecteur
averti, lui, dispose sans doute déjà des détails.
Ces quatre paragraphes sont remplis d’informations — sans doute un peu trop. Le
lecteur qui parcourt son journal commencera à lire l’article, mais n’ira pas très loin car
sous cette avalanche de données il préférera tourner la page.
Le journaliste devrait choisir quelques statistiques à l’appui du message principal : les
fabricants de bicyclettes espèrent que les exportations donneront un coup de fouet aux
ventes. Le cas échéant, des statistiques complémentaires pourraient être ajoutées vers la
fin de l’article pour les lecteurs éventuellement intéressés.
L’excès de statistique dès le début de l’article risque de rebuter la plupart des lecteurs.
Pourquoi les journalistes abusent-ils souvent des statistiques ? Une chose est
certaine : ils veulent montrer au lecteur (ou à leur rédacteur en chef) qu’ils ont fait tout un
travail de préparation. Forts de ces statistiques amassées, ils s’estiment contraints de les
mettre toutes à la disposition du lecteur.
Comme les chiffres risquent d’avoir un effet soporifique il est préférable de les
utiliser avec parcimonie. Le lecteur moyen n’a pas besoin de toutes les informations et le
lecteur averti, lui, dispose sans doute déjà des détails.
L’exemple qui suit est tiré d’un article qui rend compte de la baisse de la production
agricole d’un pays et des efforts que déploient parallèlement les autorités pour réduire les
importations de denrées alimentaires. Le paragraphe suivant apparaît vers le milieu de
l’article :
La production de maïs a été de 694.000 tonnes en 2000, 1,05 million de
tonnes en 2001, 1,01 million de tonnes en 2002 et 1,3 million de tonnes en
2003. En 2004, ce chiffre est descendu à 1,2 million de tonnes, soit une
diminution de 10 % par rapport à l’année précédente. La même
tendance a été observée pour le millet, avec une production de
2,7 millions de tonnes en 2000, 3,3 millions de tonnes en 2001,
3,6 millions de tonnes en 2002, 4,1 millions de tonnes en 2003 et
3,9 millions de tonnes en 2004, soit une réduction de 5 % de la
production... »
Et le journaliste poursuit sa description avec trois autres produits — le sorgho, les
patates douces et le riz. Ces statistiques servent bien entendu à étayer un argument mais
le journaliste finit par « noyer le poisson ». Un article de presse n’est pas un traité
scientifique et la plupart des lecteurs peuvent se contenter d’une seule illustration : par
exemple « la production de maïs a chuté de 10 % pour descendre à 1,2 million de tonnes
en 2004 ».
Si le journaliste et son rédacteur en chef estiment que le lecteur devrait disposer de
toutes les données, ils peuvent alors avoir recours à des tableaux ou des graphiques pour
présenter les statistiques pertinentes de façon plus accessible.
Parfois les journalistes semblent obsédés par les chiffres, au point de préciser le
numéro d’une plaque minéralogique ou d’un compte en banque. Dans les pays où les
autorités contestent souvent l’exactitude des informations diffusées par la presse, ce souci
est sans doute justifié. Mais en règle générale ces données n’apportent pas grand-chose de
plus, si ce n’est qu’elles montrent – parfois de façon peu discrète – que le journaliste a
fait son travail.
On peut parfois rendre les chiffres moins « intimidants » en les arrondissant. À
l’évidence, la précision est nécessaire dans bien des cas, ne serait-ce que dans celui des
cours de la bourse des valeurs ou des matières premières, où une fluctuation de quelques
décimales peut avoir une profonde signification. Mais dans bien des cas il est beaucoup
plus parlant de dire « près de la moitié » au lieu de « 49 % », ou bien encore « a presque
triplé » au lieu de « a augmenté de 295 % ».
Par exemple dans l’article ci-dessus sur les bicyclettes, le journaliste aurait pu dire
que les exportations avaient augmenté de près de 90 % au lieu de 87,8 %. Les
économistes, eux, ont besoin des chiffres exacts, mais ce n’est pas toujours le cas des
lecteurs d’un journal.
J’insiste cependant pour que ce conseil ne soit pas interprété comme une incitation à
la paresse. Le risque d’erreur est considérable lorsque l’on recopie des chiffres, aussi
convient-il de vérifier scrupuleusement ceux que l’on décide de noter. Cela est d’autant
plus important dans le journalisme économique et financier où une erreur de chiffre peut
avoir des conséquences désastreuses sur les marchés financiers. Si l’exactitude doit être
le principe de base de tous les journalistes, il doit l’être encore plus chez les journalistes
économiques et financiers.
4. C OMPARER
LES STATISTIQUES
Lorsque vous utilisez des chiffres, donnez leur un contexte en les comparant à un repère.
En soi un chiffre ne veut pas dire grand-chose; il n’a de sens qu’en valeur relative.
Lorsque je rédige un article et que je suis sur le point de taper un chiffre, je
m’interromps et me pose toujours la question :
« À quoi puis-je le comparer ? »
C’est une bonne habitude car la plupart des statistiques peuvent être comparées à
d’autres statistiques dans le temps (l’an dernier, le trimestre précédent) ou dans l’espace
(le pays voisin, une autre entreprise).
Si les chiffres utilisés représentent une partie d’un tout, comme par exemple les
bénéfices dégagés par l’une des divisions d’une entreprise, on peut les exprimer en valeur
relative comme pourcentage de la totalité.
Prenons l’exemple du début d’un article à la une :
Le gouvernement a dépensé 905,8 millions de dollars, soit 94,2 millions
de moins que la barre des 1 milliard, pour mettre en place la grille des
salaires élargie en avril dernier.
Tous les lecteurs savent que 905,8 millions de dollars cela fait beaucoup d’argent,
mais qu’est-ce que cela représente en termes relatifs ?
La grille des salaires élargie — expression qui, soit dit en passant, n’est aucunement
définie dans l’article — signifiait une augmentation généralisée des traitements de la
fonction publique. Le journaliste devrait donc se demander ce que représentent ces
905,8 millions de dollars par rapport à ce que l’État avait dépensé l’année précédente
pour rémunérer ses fonctionnaires. Ou bien par rapport à ce que payent les collectivités
locales. Ou, peut-être mieux encore, par rapport à la totalité du budget national.
L’article ne nous donne pas ces précisions. En répondant à ce genre de questions la
somme aurait pu être plus parlante.
Conseil de rédaction
La plupart des statistiques peuvent être comparées à des statistiques équivalentes dans le
temps (par exemple, l’année dernière ou le précédent trimestre).
La plupart des statistiques peuvent être comparées à des statistiques équivalentes dans
l’espace (par exemple, le pays voisin ou une autre entreprise).
Avant d’inclure un chiffre dans un article, posez-vous toujours la même question : « À
quoi puis-je le comparer ? »
Une dépêche d’une agence de presse faisait état d’un projet pilote de culture de blé
d’une région d’un pays en développement dans le cadre des efforts déployés par le
gouvernement pour accroître la production de blé. La dépêche soulevait cependant plus
de questions qu’elle ne donnait de réponses.
La surface cultivée était, selon la dépêche, de 225 hectares. En termes relatifs, est-ce
beaucoup ? Qu’est-ce que cela représente par rapport à la totalité des terres consacrées à
la culture du blé dans la région ou dans le pays ? Et par rapport à l’ensemble des terres
consacrées à l’agriculture en général ?
Un dirigeant avait signalé au journaliste que l’État allait verser aux agriculteurs une
certaine somme pour chaque sac de blé. Quelle différence par rapport à ce qui avait été
versé l’année précédente ? Et par rapport à ce que l’État paye pour un sac de maïs ou
pour un sac de millet ?
Bien sûr il y a des contraintes d’espace qui limitent les comparaisons que l’on peut
faire dans un article. D’ailleurs il n’est pas toujours possible d’effectuer des
comparaisons. Mais quand les données sont disponibles — il suffit parfois de demander à
la source — ce complément d’information est un complément de sens.
Un autre article nous apprend qu’un groupe de pression a incité le gouvernement à
relever le salaire minimum imposable à 5.000 dollars par an. L’article précise que le seuil
en vigueur est de 2.000 dollars par an, et que cette demande représente plus du double de
ce que propose la principale centrale syndicale. Voilà des comparaisons toutes simples,
mais qui donnent beaucoup plus de consistance à l’article.
Parfois le journaliste peut également donner une dimension plus vivante et
quotidienne aux chiffres. Pour reprendre l’exemple de la production céréalière cité plus
haut : le projet pilote allait permettre de produire 20.000 tonnes de blé. C’est beaucoup,
certes, mais combien de pains peut-on produire avec cela, combien de familles peut-on
nourrir ?
5. T RANSFORMER
LES STATISTIQUES EN ARTICLES
Bien souvent, il ne suffit pas de comparer des statistiques car les journalistes ne doivent
pas se contenter de présenter des chiffres. Ils doivent expliquer ce qu’ils signifient et en
quoi ils importent, ce qui n’est pas toujours chose aisée. Prenons l’exemple d’un article
sur les importations d’automobiles, dont nous reprenons le début :
D’après les résultats d’une enquête spéciale il apparaît que les entrées
mensuelles de véhicules neufs et usagers dans les différents ports du
pays ont atteint un niveau record.
En 2000, la moyenne était de 148 véhicules et elle est passée cette année à
1.430, avec un total de 8.581 véhicules pour le premier semestre. Les
importations étaient de 1.442 véhicules en janvier, 1.556 en février, 1.602
en mars, 1.579 en avril, 1.389 en mai et 1.013 en juin.
L’an dernier [2003], 13.253 véhicules avaient été importés, soit une
moyenne mensuelle de 1.104 unités. En 2002, les importations avaient
totalisé 7.820, soit 652 véhicules en moyenne chaque mois.
Le journaliste ne s’est pas limité à donner les derniers chiffres d’importation, sinon
qu’il a fait l’effort de les placer dans un contexte temporel en les comparant avec les
statistiques des années précédentes. Cela étant, l’article risque d’étouffer le lecteur sous
une avalanche de chiffres dans les trois premiers paragraphes.
Pour utiles que soient ces statistiques elles ne font pas pour autant un article parlant.
En effet, il ne suffit pas de comparer plusieurs années pour avoir le fin mot de l’histoire.
Le journaliste doit prendre du recul et s’interroger sur la signification des chiffres.
Les données mensuelles montrent qu’en 2004 les importations de véhicules, certes les
plus élevées en moyenne jamais connues, ont commencé à diminuer en avril et cette
baisse s’est poursuivie en mai et en juin. Il apparaît donc que les importations ont
commencé à s’essouffler après le record atteint en début d’année.
Mais même cette conclusion ne suffit pas. Le journaliste doit se demander pourquoi
les importations ont tellement grimpé puis diminué. En fait le journaliste répond à cette
question dans la suite de l’article. Au vu du récent tassement des importations, il signale
que « le marché semble désormais réagir à l’augmentation des droits de douane imposée
par le gouvernement fédéral aux importations d’automobiles ».
Conseil de méthodologie
Face à un amas de statistiques brutes, se demander ce qu’elles signifient.
Aux yeux du lecteur la réponse à cette question est plus importante qu’une avalanche de
chiffres.
La réponse rendra les chiffres plus compréhensibles et intéressants.
Pourquoi les autorités ont-elles décidé de faire cela ? En partie parce que les
importations menaçaient la santé de l’industrie locale de montage d’automobiles.
Autrement, dit une autre comparaison pourrait s’imposer : celle de l’évolution des
importations à l’évolution de la production nationale. L’une a-t-elle eu une incidence sur
l’autre ?
En posant ces questions, et en y répondant, le journaliste ne se limite plus à fournir
des chiffres mais à leur donner une forme et une signification. Or, c’est justement cette
signification qu’il faut donner au lecteur dès les premiers paragraphes.
Face à un amas de statistiques brutes, le journaliste doit se demander ce qu’elles
signifient. Aux yeux du lecteur la réponse à cette question est plus importante qu’une
avalanche de chiffres. La réponse permettra de comprendre ces chiffres et de les rendre
intéressants.
6. E XPLOITER
TOUS LES ANGLES
Quoi de plus évident que le principe de base du journalisme consistant à « présenter les
deux versions de tout événement» ? Pour évident qu’il soit il est souvent oublié ou
négligé dans le journalisme économique et financier.
Les journalistes peuvent recevoir des communiqués des entreprises et écrire leurs
articles à partir de cette matière première sans aller plus loin. Ou alors ils peuvent
recevoir une information confidentielle au sujet d’une entreprise et s’empresser de
publier la nouvelle.
Mais en général un événement ne se limite pas à un seul point de vue; bien souvent il
y en a toute une multiplicité. Le journaliste peut avoir l’impression qu’il dispose de toutes
les informations nécessaires, mais il est rare d’avoir une idée complète à partir des
données fournies par une seule source. Le scepticisme est de bon conseil.
Prenons l’exemple de cette introduction :
Nous apprenons d’une source interne à l’entreprise que le Groupe
Major, qui assure la publicité des huit grandes sociétés
cinématographiques internationales présentes dans le pays, envisage de
renoncer à ces activités, suite à de graves conflits commerciaux avec ses
clients.
Le reste de l’article parle d’une « interview exclusive » avec la source en question et
précise que les sociétés en question ont cessé de verser à Major une commission de 6%
des recettes du fait des faibles fréquentations des salles. Major a réagi en annulant les
activités de promotion des films. La source de Major a fait savoir que la commission de
6 % ne suffisait pas à couvrir les coûts de promotion et que « 8 % permettraient à la
publicité d’être plus efficace ».
Quelle est l’information manquante ? La réaction des entreprises cinématographiques,
bien sûr. Bien entendu, le journaliste a eu une bonne exclusivité, mais l’article ne se
basait que sur une seule source. Le journaliste aurait dû prendre connaissance de l’autre
version, ou tout au moins signaler qu’il n’avait pas réussi à contacter les distributeurs
pour connaître leur point de vue, ou que ceux-ci n’avaient rien voulu ajouter.
L’objectif est celui de l’équité et d’une image complète de la situation.
Aucun journaliste n’est entièrement objectif. En choisissant ce qui est digne d’être
publié dans un article — ou même en choisissant l’événement à couvrir — le journaliste
prend position. Aussi doit-il veiller à être juste envers toutes les parties.
Prenons l’exemple de deux journaux d’un pays —appelons-le la Fédération des États
asiatiques — qui rendent compte de négociations économiques avec les États-Unis. Les
négociations ont porté sur la loi américaine dite « Super 301 » (hélas aucun des deux
journaux n’explique ce qu’est la loi « Super 301 », disposition de la législation du
commerce extérieure qui permet aux États-Unis de prendre des mesures de représailles
contre ce qu’ils considèrent comme des restrictions commerciales déloyales).
Un article met en lumière le point de vue américain et précise que les deux pays sont
pratiquement dans l’impasse et que la Fédération des États asiatiques va probablement
rester dans la « liste noire » des États-Unis du fait des barrières douanières supposément
restrictives.
L’autre article lui souligne le point du vue du gouvernement local et précise que les
États-Unis ont fini par mieux comprendre la position de la Fédération en dépit des
divergences de vues.
Les deux angles sont valides, mais aucun des deux articles ne présente équitablement
l’autre point de vue. Le premier cite les commentaires du Ministre des finances de la
Fédération mais la citation est enfouie dans la masse, et le second passe tout simplement
sous silence la position américaine.
Parfois la partialité n’est pas le fait de la désinvolture ou de la paresse du journaliste,
mais plutôt de la pression exercée par une entreprise, et souvent d’un annonceur (il est
également des cas où la pression est « interne », la société d’édition ne voulant pas porter
atteinte à ses propres affaires ou à celle d’entreprises amies). Malheureusement, les
finances précaires de beaucoup de journaux donnent souvent aux annonceurs la priorité
sur les nouvelles, ce qui porte atteinte à l’indépendance de la rédaction. Les journalistes
professionnels ne peuvent qu’espérer que les publications sauront résister à la tentation de
la publicité.
Même lorsque ce n’est pas le cas, un article partial risque d’éveiller des soupçons et
faire penser que l’article a été « acheté » par des annonceurs.
Par exemple, un magazine d’affaires dans un pays producteur de pétrole publie un
article fouillé sur les efforts consentis par les entreprises pétrolières actives dans le pays
pour protéger l’environnement. Petit oubli : le journaliste n’a pas songé à interroger un
environnementaliste ou une tierce partie qui aurait pu contester l’image de citoyen
responsable de l’environnement affichée par l’entreprise.
On pourra pardonner aux lecteurs d’avoir pensé que l’article était partial et que le
journal avait succombé à l’influence des puissantes compagnies pétrolières.
Un article devrait rarement, ou ne devrait jamais, s’inspirer d’une seule source, pour
fiable qu’elle soit. Un article doit assurer un équilibre entre divers points de vue et donner
un contexte. La meilleure façon d’y parvenir est de consulter plusieurs sources, de
vérifier l’information et de veiller à ce que les lecteurs reçoivent une information
complète. Parfois un ou deux coups de fil suffisent, mais dans d’autres cas il faut fouiller
davantage.
Une recherche sur Internet peut également aider à trouver d’autres parties concernées
et à découvrir les intérêts qui les animent. Cela dit, il ne faut pas prendre pour argent
comptant les informations glanées sur Internet et il faut s’abstenir d’utiliser des
informations sans les attribuer, mais une recherche en ligne peut permettre de dégager
quelques données préliminaires qu’il faudra ensuite approfondir.
7. R ÉDIGER
DES ARTICLES À VISAGE HUMAIN
Qui dit économie et finances dit chiffres, mais c’est surtout de gens dont il est question.
Non pas simplement de gouvernants ou de dirigeants d’entreprise, de banquiers ou
d’économistes, mais de gens « comme vous et moi », de consommateurs et de
contribuables.
Les journalistes tendent à l’oublier. Prenons le cas d’un magazine d’information qui
publie un article sur la concurrence que se livrent les producteurs de pommes chips dont
le marché est en plein essor. Plusieurs responsables d’entreprises sont cités, mais le
consommateur n’apparaît nulle part, alors que c’est pour lui que ces entreprises se font
concurrence.
Autre exemple, celui d’un article dans un hebdomadaire commercial sur les
perspectives qu’offre aux entreprises une région donnée. L’article évoque les mesures
d’incitation prises par les autorités locales mais il passe sous silence l’existence et
l’expérience des chefs d’entreprise eux-mêmes.
Il est intéressant de comparer le manque de perspective humaine de cet article avec le
premier paragraphe d’un autre article — sur la pénurie de pièces de monnaie — paru
dans cette même publication :
L’autobus s’arrêta et, comme il le faisait d’habitude à cet endroit, le
receveur en descendit. Il fut immédiatement entouré d’usagers
mécontents qui criaient pour qu’il leur rende la monnaie. Faisant
abstraction des réclamations de la foule, il se plongea dans un calcul
mental, compta ensuite les passagers et les divisa en deux groupes. De la
liasse de billets qu’il tenait dans la main gauche il sortit un billet d’un
dollar et un autre de cinquante cents qu’il tendit à chacun des groupes
en ajoutant « Partagez ça entre vous ».
La suite de l’article explique que la pénurie de pièces de monnaie a compliqué la vie
quotidienne et même abouti à des scènes de violence, et analyse les raisons probables de
cette pénurie.
L’article était relativement long et consacrait beaucoup d’espace à la description du
drame humain. Voilà un bon exemple montrant comment éveiller l’attention des lecteurs
en commençant par une « anecdote », un récit bref et concret sur la vie quotidienne pour
illustrer le thème général. Pourquoi pensez-vous que cela soit plus efficace ? Parce que
les lecteurs s’intéressent à leurs prochains.
Conseil de rédaction
Même dans un article tout simple, le journaliste doit s’efforcer de présenter l’événement
sous un angle humain.
Cela revient en général à montrer au lecteur en quoi la nouvelle le concerne.
Le lecteur devrait être en mesure de répondre à la question « En quoi l’événement me
touche-t-il? ».
Conseil de rédaction
Tout article concernant un produit de consommation a en général un impact sur les
lecteurs.
Même si cet impact n’est pas direct, les lecteurs voudront savoir l’effet que les produits
peuvent avoir sur d’autres personnes.
Les lecteurs s’intéressent au spectacle de la réussite ou de l’échec, à celui de la
concurrence. Ils s’intéressent à ce que dit l’homme de la rue dans des citations concises et
colorées présentées dans un langage quotidien (à la différence des citations ennuyeuses et
artificielles des communiqués des entreprises ou des porte-paroles du gouvernement). Ils
apprécient les descriptions détaillées des gens et des événements qui leur permettent de
suivre l’événement comme s’il s’agissait d’un film.
En règle générale, ceci n’est possible que dans des articles ou des reportages plus
longs. Mais même dans un article tout simple, le journaliste doit s’efforcer de présenter
l’événement sous un angle humain. Cela revient en général à montrer au lecteur en quoi
la nouvelle le concerne. Le lecteur devrait être en mesure de répondre à la question « En
quoi l’événement me touche-t-il? ».
Par exemple, les lecteurs sont directement touchés par un événement lorsqu’il a un
impact sur les prix ou sur les impôts, ou bien encore sur la disponibilité de certains biens
ou sur le pouvoir d’achat. Tout article sur un bien de consommation a en général un effet
sur les lecteurs. Même s’il n’est pas direct, les lecteurs voudront connaître l’effet que les
produits peuvent avoir sur d’autres personnes.
Souvenez-vous de l’article évoqué plus haut où l’on décrivait les politiques
d’incitation menées par les pouvoirs publics en faveur d’une région ou une ville donnée.
Si vous tombez sur ce type d’article, préféreriez-vous lire une interview d’un dirigeant
politique chargé de l’aménagement du territoire ou un récit sur les tribulations ou les
réussites d’un particulier qui essaie, par exemple, d’ouvrir un magasin ?
Cette question est quelque peu injuste car en fait un article devrait contenir les deux
choses. Oui, il faut écouter les dirigeants pour bien comprendre les objectifs et les
résultats des politiques mises en œuvre, mais le vécu du commerçant rend la lecture
intéressante. Or, c’est justement l’angle qui est trop souvent absent dans les articles
économiques ou financiers.
8. M ONTRER
QUE LES NOUVELLES FINANCIÈRES IMPORTENT
Lisez cette première phrase d’un article publié à la une d’un journal :
Le Directeur général de National Airways a annoncé hier que
l’entreprise perdait 22 millions de dollars par an.
Stoppez les rotatives. Le scoop. La une.
Et alors ? Qu’est-ce que cela a d’important ?
C’est la question que je me pose souvent en lisant un article. C’est une question que
je me pose également lorsque j’en écris un. Nous avons en effet l’obligation, non
seulement de rendre compte de l’événement ou de ce qui a été dit, mais également
d’expliquer ce qu’il signifie. Autrement dit l’article doit pouvoir répondre à la
question « Et alors ? ».
L’article doit expliquer aux lecteurs les conséquences de l’événement, leur dire
pourquoi il est important (pour l’entreprise, pour le secteur ou pour le pays). Pourquoi il
est important pour le lecteur lui-même.
C’est ainsi de la manière la plus utile qu’un journaliste peut faire comprendre un
événement complexe. À l’évidence nous ne pouvons pas toujours répondre à toutes ces
questions dans un seul et même article, mais nous devons nous efforcer de le faire. La
réponse devrait figurer au début de l’article et ne pas être enfouie sous les paragraphes.
Un article de qualité rend compte des faits saillants puis il donne une explication simple
de leur signification. Si l’article n’est pas très long, l’explication peut se résumer à une ou
deux phrases.
Dans l’article sur National Airways, compagnie aérienne publique, en quoi le fait que
la société essuie des pertes colossales importe-t-il ? En fait cela menace l’avenir de la
ligne aérienne et pourrait entraîner un remaniement de sa direction. Cela pourrait
entraîner des licenciements ou la saisie d’appareils dans les pays où la ligne aérienne
n’aurait pas réglé ses droits d’atterrissage (c’est d’ailleurs ce qui s’est produit peu de
temps après la parution de l’article). Cela pourrait en outre porter atteinte au travail de
privatisation des autorités (bien entendu, il faudrait définir ce que signifie
« privatisation »).
Conseil de rédaction
Tout article doit pouvoir répondre à la question « Et alors ? ». Autrement dit, il doit
expliquer aux lecteurs les conséquences de l’événement, leur dire pourquoi il est
important pour l’entreprise, pour les travailleurs, pour le secteur ou pour le pays, et en
particulier pour lui-même.
Conseil de rédaction
Tout article concernant un produit de consommation a en général un impact sur les
lecteurs.
Même si cet impact n’est pas direct, les lecteurs voudront connaître l’effet que les
produits peuvent avoir sur d’autres personnes.
En quoi l’événement importe-t-il aux yeux du lecteur ? Pourquoi devrait-il
s’inquiéter ? Pour couvrir ses pertes une entreprise peut réduire ses coûts ou s’efforcer
d’accroître son chiffre d’affaires. Comment une compagnie aérienne peut-elle augmenter
son chiffre d’affaires ? En augmentant le prix des billets. Là nous commençons à
intéresser le lecteur.
Nous risquons cependant de nous heurter à un problème car cette interprétation
dépasse le simple compte rendu de faits et relève davantage de l’opinion, voire de la
spéculation. En tout état de cause, les journalistes peuvent — et je dirai même, doivent —
tirer des conclusions logiques en connaissance de causes sans pour autant sombrer dans
les opinions discutables ou la spéculation irresponsable. Dans l’exemple qui nous occupe,
le journaliste peut éventuellement faire appel à sa connaissance de l’évolution du secteur
aérien ou au travail d’un spécialiste qui pourrait faire une estimation de l’augmentation
des tarifs nécessaire pour éponger les pertes de 22 millions de dollars (les tarifs ont en
fait augmenté de près de 50 % par la suite).
Cette analyse circonstanciée permet aux lecteurs de mieux comprendre les nouvelles.
Prenons un exemple :
Les faits : Le Président d’Allied Industrial Corp. a été arrêté pour
fraude fiscale.
Interprétation : Cela pourrait ternir l’image de la société et par
conséquent porter atteinte à son chiffre d’affaires.
Opinion : Le Président devrait donc démissionner dans l’intérêt de la
société.
Sur les trois phrases, seule la dernière n’a pas sa place dans un article de presse.
J’en conviens : la ligne de démarcation n’est pas toujours très claire et il n’est pas
toujours évident de distinguer l’analyse logique de l’opinion intempestive ou de la pure
spéculation. Il est cependant un moyen qui permet de savoir si le journaliste s’est
fourvoyé sur le terrain de la pure subjectivité : lorsque le lecteur peut deviner ses
sympathies et les positions qu’il veut défendre. Le lecteur ne devrait pas être en mesure
de deviner.
L’analyse peut-être simple. Souvenez-vous de l’article sur les taux d’intérêt
interbancaires (conseil 2).
Les taux d’intérêt interbancaires, qui avaient été relativement stables
durant ces trois derniers mois, ont gagné près de trois points de
pourcentage la semaine dernière...
On peut lire quelques lignes plus loin dans l’article :
...craignent que les banques ne relèvent une fois de plus leurs taux
d’intérêt.
Ces quelques mots répondent justement au lecteur qui pourrait se demander « et
alors ? ».
Le journaliste doit savoir que son analyse ne sera pas partagée par tout le monde.
J’ajoute souvent dans mes articles une phrase ou un paragraphe de « concession ». Par
exemple : « Certes, National Airways peut survivre sa crise financière sans avoir à
licencier ni à augmenter ses tarifs ». En reconnaissant qu’il y a une autre issue possible,
l’article peut présenter plus de crédibilité car le journaliste montre qu’il a considéré
d’autres éventualités avant de tirer une conclusion.
Il est des journaux ou des agences de dépêches qui s’abstiennent de toute analyse
pour élémentaire qu’elle soit. Par ailleurs, les journalistes peuvent se heurter à des
contraintes de nature politique, auquel cas ils peuvent faire appel à un tiers, un spécialiste
ou un responsable d’entreprise, pour obtenir les éléments d’analyse.
Si je n’ai qu’une seule question à poser lors d’une conférence de presse ou d’une
interview, en général je demande : « En quoi cet événement est-il important ? » Je laisse
alors à mon interlocuteur le soin de faire l’analyse. C’est d’ailleurs souvent là que
l’article prend sa source.
Sans cette analyse, les articles ne donnent pas au lecteur les éléments dont il a besoin.
Un article nous dit que le bureau des brevets s’attend à recevoir 120.000 dossiers de
demande d’ici la fin novembre.
Et alors ?
Dans l’exemple sur la clause « Super-301 » cité plus haut, l’article précisait qu’en
guise de représailles les États-Unis pouvaient mettre la Fédération d’États asiatiques sur
leur « liste noire ».
Et alors ?
Un hebdomadaire spécialisé nous apprend que la bourse va ouvrir une antenne dans
une ville de province.
Et alors ?
Un journaliste que j’ai rencontré dans un pays développé a très bien illustré le
problème lorsqu’il m’a posé la question suivante : Sommes-nous de simples porteurs qui
relayent les communiqués de presse des entreprises ou des ministères ? Ou sommes-nous
des journalistes censés expliquer à nos lecteurs en quoi les événements les concernent ?
9. N E
PAS SE CONTENTER DU COMMUNIQUÉ DE PRESSE
Le communiqué de presse d’un ministère ou d’une entreprise n’est que le point de départ
pour l’élaboration d’un article. Le journaliste doit en général le développer.
Il peut pour cela faire appel à des entreprises concurrentes, des observateurs
indépendants, des consultants, des universitaires ou à bien d’autres sources pour obtenir
une perspective différente (voir conseil 6).
En fait, un communiqué de presse soulève presque toujours des questions qu’il faut
alors poser à son auteur. La question la plus importante est peut-être — vous l’aurez
deviné — « Et alors ? » (voir conseil 8).
Conseil de méthodologie
Le communiqué de presse d’un ministère ou d’une entreprise n’est que le point de départ
pour l’élaboration d’un article. Le journaliste doit en général le développer.
Un communiqué de presse soulève presque toujours des questions qu’il faut alors poser à
son auteur.
Sans doute la question la plus importante à poser est « Et alors ? ».
Bien entendu il faut sans doute la poser d’une manière un peu plus élégante : « Quels
sont les enjeux? », « Quelles sont les conséquences de cet événement pour l’entreprise,
pour les travailleurs, pour le secteur, pour le pays, pour mes lecteurs ? » (voir conseil 7).
D’autres questions peuvent également être posées, comme par exemple : Par rapport à
quoi ? (voir conseil 4.) Que signifie ce jargon pour l’homme de la rue ? (voir conseils 1 et
2).
Examinons ces passages (dont les identités et les noms ont été modifiés) tirés d’un
communiqué de presse réel rendu public par une grande compagnie pétrolière et
concernant ses investissements dans un pays en développement :
Major Oil Corp. a annoncé aujourd’hui qu’elle avait conclu un accord
avec la Société pétrolière nationale et le gouvernement pour mettre en
valeur les gisements pétroliers du littoral est.
Les gisements se situent à une cinquantaine de kilomètres du Terminal
inter-côtier. La production devrait commencer au début de 2005, avec
une montée en régime durant la première année pour ensuite se
stabiliser à 100.000 barils de condensats par jour. Les réserves de ces
gisements sont estimées à près de 500 millions de barils...
Pour exploiter ces gisements, Major Oil Corp. a mis sur pied une filiale
locale et signé un accord de participation conjointe avec la Société
pétrolière nationale. Aux termes de cet accord de partenariat, la
maîtrise d’ouvrage pour la construction — un contrat de plus de
400 millions de dollars — a été adjugée à un consortium regroupant une
entreprise américaine, une entreprise française et une société japonaise.
John H. Smith, Président directeur général de Major Oil, a déclaré :
« Cet accord, dont la gestation a certes été longue, témoigne de la
détermination et du dévouement des institutions financières
internationales dont les concours couvrent près de 70 % de
l’investissement total, qui s’élève à environ 1 milliard de dollars... Nous
sommes heureux de prendre part à cette importante contribution à
l’économie nationale et nous réjouissons de cette solide relation avec la
Société pétrolière nationale, avec les autorités et avec la population ».
Les gisements appartiennent à 60 % à la Société pétrolière nationale et à
40 % à Major Oil.
Que faire de ce communiqué ?
Avant de rédiger son article le journaliste doit bien entendu s’inspirer du conseil 6 et
s’adresser à la Société pétrolière nationale, l’autre partie, et éventuellement à un
spécialiste indépendant. Pourquoi la gestation de l’accord a-t-elle été longue ? (pour
reprendre les mots du PDG). Y avait-il des divergences ? La Société pétrolière nationale
pense-t-elle que l’accord est équitable ? Le journaliste pourrait ainsi, par exemple,
découvrir qu’il a fallu modifier la législation nationale pour permettre le type de
financement bancaire convenu pour le projet. C’est d’ailleurs ce qui s’est effectivement
produit dans les faits.
Pour ne pas se cantonner au communiqué de presse, le journaliste doit également
poser d’autres questions à l’entreprise :
• En s’inspirant du conseil 8, quels sont les enjeux ? Il pourrait ainsi découvrir
que ce projet aura pour effet de créer des centaines d’emplois et qu’il donnera
probablement un coup de fouet à l’économie.
• En s’inspirant du conseil 2, qu’est-ce que le « condensat » ? Il pourrait
découvrir que le condensat est un produit semblable au brut mais n’entrant pas
dans le calcul des quotas de l’OPEP, d’où une production illimitée.
• Pourquoi les entreprises locales de BTP ne sont-elles pas impliquées ? Il
pourrait apprendre que, bien que la maîtrise d’ouvrage ait été confiée à des
entreprises étrangères, une grande part du travail sera en fait assuré par des
entreprises locales.
• En s’inspirant du conseil 4, où ce situe ce projet de 1 milliard de dollars par
rapport aux autres investissements réalisés dans le pays ? Il s’agit peut-être
d’un des plus importants qu’ait connus le secteur pétrolier. Où se situent les
réserves (estimées à quelque 500 millions de barils) par rapport aux réserves
totales du pays ? Que dire de la production journalière de 100.000 barils par
rapport à la production de tous les gisements du pays ?
Enfin, si le journaliste à l’occasion de poser d’autres questions au PDG lors d’une
autre conférence de presse ou d’un autre entretien, il pourrait éventuellement obtenir
quelque chose de moins rigide et formel que les propos relayés par le communiqué de
presse.
10. D ÉVELOPPER
DES IDÉES ORIGINALES
L’une des meilleures formules pour produire des articles qui intéresseront les lecteurs
consiste sans doute à choisir des sujets inhabituels que l’on ne trouvera pas dans d’autres
publications. À présenter les événements sous un angle différent. À présenter la
perspective économique et financière d’un événement plus général. À donner aux articles
un visage humain. À examiner les tendances qui se dégagent de certains événements et
dont l’importance est donc plus durable. À situer localement les événements
internationaux ou régionaux.
Pour ce faire, il faut souvent rédiger des articles plus longs que le simple compte
rendu d’un communiqué ou de résultats financiers. L’objectif du journaliste est de faire
en sorte que le lecteur s’attarde sur son article plus que sur n’importe quel autre, bref
qu’il ne tourne pas la page sans l’avoir lu.
Où trouver des sources d’inspiration ? Elles sont souvent le fruit de « remueméninges » avec un rédacteur en chef ou bien avec d’autres confrères. Tous les organes
de presse devraient favoriser ce type d’échanges.
Voici quelques tuyaux pour arriver à des idées originales :
• Chercher la dimension économique ou financière d’un événement général.
Il y a toujours un côté commercial qui peut rendre l’événement plus intéressant.
Par exemple, le gouvernement décide d’adopter une carte nationale d’identité; à
quelle entreprise va-t-on confier l’impression des cartes ?
• Prendre le contre-pied. Il est courant de dire que si un chien mord un passant
cela ne fera pas la une, mais l’inverse risque d’intéresser. Soyez à l’affût des
événements qui vont à l’encontre de ce qui est couramment admis. Par
exemple, y a-t-il des entreprises qui peuvent bénéficier de la politique
d’austérité d’un gouvernement ? Les ateliers de réparation, peut-être, car les
gens seront enclins à garder plus longtemps leur voiture plutôt qu’à en acheter
une neuve.
• Déceler les tendances. Les événements en soi sont certes importants mais ils
le sont encore plus s’ils marquent une tendance. Il ne faut pas que l’arbre cache
la forêt. Par exemple, une entreprise annonce le lancement d’un nouveau savon.
En examinant les activités d’entreprises concurrentes il apparaît qu’il s’agit
d’une tendance à l’œuvre dans l’ensemble du secteur du fait des risques que
présentaient les anciens savons.
• Présenter la perspective humaine. Il est intéressant de s’informer sur les
personnes qui se cachent derrière les nouvelles. Prenons par exemple un
gouvernement qui souhaite privatiser certaines entreprises (c’est-à-dire les
vendre à des investisseurs privés). Qui serait éventuellement intéressé par ces
entreprises ? Qui sont les employés et comment voient-ils leurs perspectives
d’emploi sous une nouvelle direction ? Y a-t-il des petites entreprises qui
pourraient bénéficier ou souffrir des privatisations ?
• Trouver des exemples qui illustrent une tendance. Les lecteurs sont friands
d’histoires qui relatent les efforts de telle ou telle entreprise pour lancer un
nouveau produit. Parfois la réalité peut dépasser la fiction et un travail de
journalisme fouillé peut aboutir à des articles mettant en scène les luttes, les
espoirs, les déceptions, les réussites, mais aussi les échecs.
Les journalistes devraient également tenter de sortir du cadre strict de ce qui est
traditionnellement considéré comme commercial. Les journaux commencent à créer des
sections qui montrent la dimension commerciale de la santé, de la science, de la
technologie, du droit, des sports ou bien encore du monde du spectacle.
Conseil de méthodologie
Les journalistes devraient également tenter de sortir du cadre strict de ce qui est
traditionnellement considéré comme commercial.
Ne pas perdre de vue que l’économique et le financier ne se limitent pas aux grosses
entreprises.
Les petites entreprises sont aussi importantes pour l’économie d’un pays, si ce n’est plus,
et en général elles concernent plus de monde.
Il ne faut pas perdre de vue que l’économique et le financier ne se limitent pas aux
grosses entreprises. Les petites entreprises sont aussi importantes pour l’économie d’un
pays, si ce n’est plus, et en général elles concernent plus de monde. Les articles sur les
événements qui touchent les petites entreprises suscitent en général beaucoup d’intérêt.
Les finances personnelles touchent également de près les lecteurs. Avec l’expansion
du crédit aux pays en développement, les lecteurs s’intéressent aux avantages et aux
inconvénients des cartes de crédit, à la disponibilité de prêts immobiliers et aux
fluctuations des taux d’intérêt et ils veulent bien comprendre ce que coûtent réellement
les crédits à la consommation.
C ONCLUSION
Les conseils présentés dans cette brochure sont des suggestions pratiques que vous
pourrez rapidement mettre en application dans vos activités de journaliste et de rédacteur
économique et financier. La meilleure façon de le faire consiste peut-être à poser une
série de questions :
• Mon article est-il un reflet fidèle de l’événement ?
• Peut-on dire la même chose plus simplement ?
• Que signifie cette expression ?
• Ai-je besoin de toutes ces statistiques ?
• À quoi puis-je comparer cela ?
• Peut-on voir cela sous un autre angle ?
• Qu’en est-il de la perspective humaine ?
• En quoi cette nouvelle touchera-t-elle mes lecteurs ?
• L’article montre-t-il que les choses pourraient être perçues autrement ?
• Et alors ?
Mais à la base il y a deux questions fondamentales :
• Cet article est-il COMPRÉHENSIBLE ?
• Est-il INTÉRESSANT ?
Glossaire
Certaines parties du présent glossaire sont tirées du livre de style du Wall Street Journal
et des listes de définitions que le journal utilise en interne. D’autres définitions sont tirées
de « Writing About Business: The New Columbia Knight-Bagehot Guide to Economics
& Business Journalism » et du « Campbell R. Harvey’s Hypertextual Finance Glossary ».
Les passages pertinents sont repris avec la permission des auteurs.
Certains des termes qui suivent devront être adaptés au contexte économique et
pratique des différents pays.
Comptes à payer (Accounts payable) — Dettes ou engagements courants
d’une entreprise dont le règlement doit être effectué dans le court terme, en
général dans un délai d’un an.
Comptes à recevoir (Accounts receivable) — Montants dus à une entreprise
par ses clients au titre de la prestation de biens ou de services.
Rapport annuel (Annual report) — Publication officielle annuelle des états financiers
d’une entreprise. Destiné aux actionnaires, il rend compte des avoir, engagements et
résultats d’exploitation. Dans la plupart des pays où il existe un marché boursier, la
commission qui surveille les sociétés cotées en bourse exige des rapports annuels
généralement plus détaillés.
Législation antitrust (Antitrust laws) – Législation qui vise principalement
à promouvoir la concurrence en interdisant les pratiques monopolistiques et
autres pratiques nuisant à la concurrence.
Appréciation (Appreciation) — Augmentation de la valeur d’un actif. Les
investisseurs, dont les propriétaires immobiliers, placent leur argent dans la
perspective d’une appréciation, laquelle peut résulter du jeu de l’inflation,
d’une augmentation de la demande (de logements) ou d’une pénurie (de
logements).
Balance commerciale (Trade balance) — La différence entre les
exportations et les importations de biens et de services d’un pays sur une
période donnée. Elle permet de mesurer les échanges commerciaux entre deux
pays ou entre un pays et le reste du monde. Si les exportations sont
inférieures aux exportations il se produit un déficit commercial. À l’inverse,
si les exportations dépassent les importations, il se produit un excédent
commercial.
Balance des paiements (Balance of payments) — Relevé statistique des
opérations économiques entre un pays et le reste du monde. En substance,
elle fait état des flux monétaires qui entrent dans un pays et de ceux qui en
sortent.
Faillite/Procédure collective (Bankruptcy) — Situation d’insolvabilité
d’une personne physique ou morale du fait de son incapacité à rembourser ses
dettes. Dans certains pays, le débiteur peut garder la possession et le contrôle
de ses biens pendant la procédure de restructuration. L’objectif de la
procédure collective est de parvenir à un apurement ordonné des dettes.
Réserves bancaires (Bank reserves) — Liquidités détenues par les banques
commerciales en guise de protection des dépôts de leurs clients.
Réserves obligatoires (Bank reserve requirement) — Part des dépôts de la
clientèle que les banques commerciales doivent garder sous forme de
liquidités, en vertu de la réglementation en vigueur, afin de protéger lesdits
dépôts. Une augmentation des réserves obligatoires a pour effet de réduire la
part des dépôts qu’une banque peut placer ou mettre à disposition sous forme
de prêts. Une réduction des réserves obligatoires a l’effet inverse.
Marché baissier (Bear market) — Période prolongée de baisse des cours de
la bourse, généralement du fait d’un repli de l’activité économique ou d’une
anticipation de ralentissement de l’activité.
Valeur vedette (Blue-chip stock) — Action des entreprises qui ont à leur
actif une longue tradition de bénéfices et de distribution de dividendes.
Obligations à long terme (Bonds) — Reconnaissance de dette émise par une
entreprise ou un organisme public. L’obligation précise le montant de la
dette, le taux d’intérêt à verser, l’échéance de remboursement et les biens
servant de garantie en cas de non remboursement. En général le
remboursement est exigible dans un délai éloigné, d’au moins sept ans.
Valeur comptable (Book value) — Valeur d’un bien telle qu’elle apparaît au
bilan ou valeur des titres d’une entreprise. S’agissant des actifs corporels,
leur valeur est calculée à partir des coûts réels déduction faite des dotations
pour amortissements. Lorsqu’il est fait référence à la valeur de titres, il ne
faut pas perdre de vue que la valeur comptable est différente de la valeur de
marché.
Résultat net (Bottom line) — Perte ou bénéfice net d’une opération ou d’une
entreprise. Il s’agit en général des montants inscrits au compte de résultats
des entreprises et ils représentent le revenu net ou le bénéfice après impôts,
dépenses et postes extraordinaires.
Courtier (Broker) — Intermédiaire qui se charge d’exécuter des ordres
d’achat ou de vente de titres, matières premières, biens immobiliers ou autres
actifs financiers ou corporels. Les courtiers sont en général rémunérés à
partir de commissions.
Marché haussier (Bull market) — Période prolongée d’augmentation des
cours de la bourse, généralement du fait de l’essor de l’activité économique
ou d’une anticipation de redressement de l’activité.
Plus-value/Moins-value (Capital gain/capital loss) — Bénéfice ou perte
résultant de la cession d’actifs financiers, généralement qualifiés de court
terme (douze mois ou moins) ou long terme (plus de douze mois).
Trésorerie (Cash flow) — Liquidités dont dispose une entreprise pour régler
ses opérations et rembourser ses dettes. La trésorerie est dite excédentaire
lorsque les entrées dépassent les sorties et déficitaire dans le cas inverse. Les
investisseurs y attachent une grande importance car elle renseigne sur la
capacité de l’entreprise à payer des dividendes.
Fuite de capitaux (Capital flight) — Sortie de grandes sommes d’argent
d’un pays vers un autre pays afin d’échapper à des troubles politiques ou
économiques ou de trouver des placements mieux rémunérés.
Capitalisme (Capitalism) — Système économique qui repose sur l’hypothèse
que le marché détermine la quantité de biens à produire et leur prix. La
propriété privée des biens et des moyens de production — de même qu’une
faible participation de l’État — est au cœur du capitalisme. Il n’existe pas
d’économie capitaliste pure. Dans la plupart des cas il s’agit d’un régime
mixte avec une certaine participation de l’État.
Cartel — Groupe d’entreprises ou de nations qui s’entendent pour exercer
une influence sur les prix en intervenant sur la production et la
commercialisation d’un bien. L’Organisation des pays exportateurs de pétrole
(OPEP) est le plus connu des cartels existant à l’heure actuelle. Les ÉtatsUnis interdisent ce type d’organisation sur leur territoire.
Vache à lait (Cash cow) — Entreprise qui génère un flux constant et
prévisible de liquidités. Entreprise dont la marque est généralement bien
connue et appréciée des consommateurs. L’expression est appliquée aux
actions dont les dividendes sont fiables.
Banque centrale (Central bank) — Institution chargée de surveiller le
système bancaire d’un pays et d’émettre sa monnaie.
Économie à planification centralisée (Centrally planned economy) —
Considérée comme le contraire du capitalisme, car c’est l’État central et non
le marché qui est responsable de l’économie nationale et décide notamment
de ce qui est produit, dans quelles quantités et à quels prix.
Société à actionnariat restreint (Closely held) — Société dont les actions et
les droits de vote sont détenus par une poignée d’investisseurs, les actions
continuant toutefois d’être négociées dans une certaine mesure.
Garantie (Collateral) — Bien mis à la disposition d’un prêteur jusqu’au
remboursement du prêt. Si le débiteur ne rembourse pas sa dette, le prêteur a
le droit de saisir le bien mis en garantie et le vendre pour obtenir le
remboursement.
Billets de trésorerie (Commercial paper) — Obligations à court terme
émises par des entreprises industrielles ou financières pour obtenir des
liquidités. L’emprunteur s’engage à rembourser le montant emprunté à une
échéance précise.
Produit de base ou matière première (Commodity) — Dans le jargon des
marchés financiers, produit de l’agriculture ou de l’exploitation minière qui
n’a pas été transformé.
Option sur matières premières (Commodity option) — Droit, mais non
obligation, d’acheter ou de vendre des contrats à terme sur matières
premières à un prix spécifique durant une période donnée.
Contrats à terme sur matières premières (Commodity futures) — Contrats
d’achat ou de vente d’un montant donné de matières premières à un prix et
sur période déterminés.
Obligation convertible (Convertible bond) — Obligation assortie d’une
disposition permettant de l’échanger contre un nombre défini d’actions de la
société émettrice.
Société par actions (Corporation) — Entreprise dotée d’une personnalité
morale. Elle peut détenir des biens, contracter des emprunts, ester en justice
et être poursuivie. La responsabilité des investisseurs dans une société par
actions, à savoir ses actionnaires, est généralement limitée au montant de
leurs apports.
Coupon — Partie détachable d’un certificat d’obligation que l’obligataire
remet à l’émetteur à des échéances déterminées pour obtenir le paiement de
l’intérêt qui lui est dû.
Contrôle des devises (Currency control) — Dispositif par lequel les
autorités d’un pays sont responsables du change. Lorsqu’un contrôle des
devises est en place la monnaie locale devient inconvertible car les ventes et
les achats de devises se font par le biais d’un organisme public afin de
pratiquer des taux favorables à certains produits ou activités que le
gouvernement souhaite protéger.
Dévaluation d’une monnaie (Currency devaluation) — La monnaie d’un
pays est dévaluée lorsque le gouvernement réduit délibérément sa valeur par
rapport à celle de la monnaie d’autres pays. Lorsqu’un pays dévalue sa
monnaie, les biens qu’il importe deviennent plus chers mais ceux qu’il
exporte deviennent moins chers et donc plus compétitifs.
Dépréciation d’une monnaie (Currency depreciation) — La monnaie d’un
pays se déprécie lorsqu’elle perd de la valeur par rapport à la monnaie
d’autres pays ou par rapport à sa propre valeur.
Pays endetté (Debtor nation) — Pays dont la somme des obligations envers
ses créanciers étrangers dépasse les sommes qui lui sont dues. L’inverse est
un pays créancier.
Défaut de paiement (Default) — Une personne physique ou morale ou un
gouvernement est en défaut de paiement lorsqu’ils ne respectent pas les
dispositions de remboursement d’une dette.
Financement du déficit (Deficit financing) — Emprunt qu’effectue une
administration publique pour combler un manque à percevoir. Pendant un
certain temps ce financement permet de stimuler l’économie mais il finit par
la ralentir car il pousse les taux d’intérêt à la hausse.
Déficit (Deficit) — Pour une entreprise, le déficit d’exploitation représente
la part des coûts et des dépenses qui dépasse le chiffre d’affaires total. En
finances publiques, il s’agit de la part des dépenses publiques qui dépasse les
recettes.
Dépréciation (Depreciation) — Réduction de la valeur des biens
d’équipement du fait de leur usure ou de leur obsolescence. La dépréciation
estimée peut être déduite du chiffre d’affaires annuel. Selon la méthode
linéaire de comptabilisation de la dépréciation, le coût de l’équipement est
amorti en montants égaux durant chacune des années de la durée de vie
escomptée du bien. Selon la méthode accélérée, l’amortissement se concentre
sur les premières années de la durée de vie escomptée du bien. Comme
l’amortissement (c’est-à-dire la constatation de la dépréciation) est déduit du
revenu, la méthode accélérée tend à le diminuer davantage durant les
périodes où les dépenses d’équipement sont considérables.
Dividende (Dividend) — Montant par action versé chaque année aux
actionnaires d’une entreprise. Le dividende est en général un pourcentage des
bénéfices par action. Si une société ne dégage pas de bénéfices durant un
exercice donné, elle peut se servir des bénéfices non distribués des exercices
précédentes pour verser un dividende en temps et en heure.
Dumping — Exportation de biens à un prix exagérément bas souvent pour
battre un concurrent dans le pays importateur.
Biens durables (Durable goods) — Produits tels qu’équipements ou mobilier
de maison dont l’utilité s’étale au moins sur trois ans.
Bénéfices par action (Earnings per share) — Résultat de la division du
bénéfice d’une entreprise par le nombre d’actions en circulation, ou plus
concrètement, le montant résiduel déduction faite des dividendes versés aux
détenteurs d’actions privilégiées.
Fonds propres/Capital (Equity) — Au sens financier, valeur du patrimoine
déduction faite des dettes. Dans le cas d’une société par actions il s’agit des
parts de capital détenues par les actionnaires. Dans le cas d’un bien
immobilier il s’agit de la valeur du bien déduction faite du montant non
remboursé du prêt immobilier qui a servi à son acquisition.
Euro — Monnaie unique adoptée par 11 des 15 pays membres de l’Union
européenne. La zone euro compte une banque centrale et des taux d’intérêt
communs.
Euro-obligations (Eurobonds) — Obligations émises par un emprunteur en
dehors de son propre pays. Elles sont en général mises à disposition par un
consortium financier international et dans une devise étrangère à celle de
l’émetteur ou de l’acquéreur ou des deux.
Banque centrale européenne ou BCE (European Central Bank (ECB)) — Banque
créée pour suivre la politique monétaire des pays qui ont adopté l’euro. Les onze
premiers à l’avoir adopté sont : l’Allemagne, l’Autriche, la Belgique, l’Espagne, la
Finlande, la France, l’Irlande, l’Italie, le Luxembourg, les Pays-Bas et le Portugal.
Union européenne ou UE (European Union (EU)) — Association économique de pays
européens fondée par le Traité de Rome de 1957 qui constituait un marché commun de
six pays. Elle était désignée sous l’appellation Communauté européenne jusqu’au 1er
janvier 1994. En 1995, elle comptait 15 pays. L’expansion la plus importante s’est
produite en 2004, année où 10 autres pays ont adhéré à l’Union. Ses objectifs sont la
constitution d’un marché unique de biens et de services affranchi de toute barrière
économique, et l’adoption d’une monnaie commune sous une même autorité monétaire.
Taux de change (Exchange rate) — Taux auquel une monnaie peut être
convertie dans une autre monnaie.
Marchés financiers (Financial markets) — Marchés où se négocient les
capitaux et les crédits, tels que marchés boursiers, marchés de changes,
marchés obligataires et marchés des matières premières.
Budgétaire, monétaire (Fiscal, monetary) — L’adjectif budgétaire
s’applique aux questions relatives au budget, et l’adjectif monétaire à celles
qui relèvent de la masse monétaire.
Politique budgétaire (Fiscal policy) — Orientation que donne l’État à
l’économie par le truchement du processus budgétaire — autrement dit en
fixant les montants qu’il entend dépenser et les sommes qu’il compte
mobiliser au moyen de l’impôt.
Exercice budgétaire (Fiscal year) — La période de 12 mois qui sert de
référence aux entreprises et aux administrations publiques pour leurs
activités comptables. Dans le cas d’une entreprise, il convient de préciser le
début et la fin de l’exercice, à moins que celui-ci coïncide avec l’année
civile.
Taux de change flottant (Floating exchange rate) — Régime dans lequel la
valeur des monnaies fluctue en fonction de l’offre et de la demande. Les taux
dépendent d’un certain nombre de facteurs, dont les réserves nationales en
devises fortes, y compris l’or, et ils suivent de près le taux d’inflation ou les
taux d’intérêt en vigueur dans le pays.
Investissement direct étranger ou IDE (Foreign direct investment (FDI)) —
Acquisition par une entreprise étrangère d’actifs tangibles, tels qu’usines ou
équipements, la maison mère détenant le contrôle opérationnel.
Franchise — Droit à exploiter une entreprise, telle qu’un magasin d’une
chaîne de crèmes glacées. Le franchisé a le droit d’utiliser le logotype et les
produits et services du franchiseur.
Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce ou GATT
(General Agreement on Tariffs and Trade (GATT)) — Ensemble d’accords
sur le commerce international signé par plus de 110 pays et destiné à
encourager le libre-échange et à combattre le protectionnisme, par exemple
en supprimant les contingentements et en réduisant les tarifs douaniers.
Mondialisation (Globalization) — Tendance à la création d’un
environnement mondial pour l’investissement et à l’intégration des marchés
de capitaux nationaux.
Inscription en bourse (Going public) — Expression qui sert à désigner le
cas d’une entreprise au capital fermé qui décide de faire un appel public à
l’épargne en faisant en sorte que ses actions soient négociées sur une place
boursière (voir Introduction en bourse).
Parachute doré (Golden parachute) — Contrat accordant des prestations
particulièrement généreuses à des dirigeants d’entreprise en échange de leur
départ. Cette formule relève souvent d’un dispositif visant à contrer une offre
publique d’achat, ces prestations pouvant rendre l’acquisition trop coûteuse.
Il arrive que les actionnaires contestent ces parachutes dorés car ils ont
justement un effet dissuasif sur les offres publiques d’achat, lesquelles
pourraient leur offrir des rendements élevés.
Produit intérieur brut ou PIB (Gross domestic product (GDP)) — Valeur
de la production de biens et de services d’un pays donné.
Groupe des 7 (Group of 7) — Groupe qui rassemble l’Allemagne, le Canada,
les États-Unis, la France, l’Italie, le Japon et le Royaume-Uni, et dont
l’objectif est de promouvoir la coopération sur les dossiers monétaires
internationaux.
Couverture (Hedge) — Mesure prise, en général sur les marchés des
matières premières, pour compenser une éventuelle perte pouvant résulter des
variations de prix d’une transaction d’achat, au moyen d’une vente
correspondante ou vice versa.
Inflation — Augmentation des prix des biens et des services. En règle
générale, on pose l’hypothèse économique de la diminution du pouvoir
d’achat du fait d’une abondance des liquidités en circulation, elle-même
souvent issue d’une augmentation des dépenses publiques.
Introduction en bourse (Initial public offering (IPO)) — Procédure par
laquelle une entreprise fait pour la première fois un appel public à l’épargne
(on parle également d’ « Inscription en bourse »).
Opérations d’initié (Insider trading) — Pratique illégale consistant à
négocier des titres d’une société à partir d’informations qui n’ont pas été
rendues publiques.
Investisseur institutionnel (Institutional investor) — Organisme qui place
ses propres avoirs ou ceux qui lui ont été confiés par d’autres. Il s’agit
notamment des caisses de retraite, des compagnies d’assurances, des banques
et des universités.
Assurance (Insurance) — Protection contre une perte ou un sinistre au
moyen du paiement d’une prime à une compagnie d’assurance, laquelle est
tenue de verser des indemnités convenues en cas de perte ou de sinistre.
Intérêt (Interest) — Montant que versent les emprunteurs en échange de la
mise à disposition de fonds.
Banque internationale pour la reconstruction et le développement ou
BIRD (International Bank for Reconstruction and Development
(IBRD)) — La BIRD, ou Banque mondiale, accorde des prêts à des pays à
l’appui de projets économiques hautement prioritaires.
Fonds monétaire international ou FMI (International Monetary Fund
(IMF)) — Organisation fondée en 1944 pour surveiller les dispositions de
change entre pays membres et pour mettre à disposition des réserves en
devises aux pays ayant des problèmes de balance des paiements à court
terme.
Obligations pourries (Junk bonds) — Titre à haut rendement et à risque
élevé émis par des entreprises fortement endettées afin de rembourser des
prêts bancaires, de racheter des parts détenues par les actionnaires ou de
financer des offres publiques d’achat.
Effet de levier (Leverage) — Utilisation par une entreprise de fonds
empruntés pour accroître le rendement de ses fonds propres, bien souvent le
capital des actionnaires, dans l’espoir que les intérêts à verser seront
inférieurs aux bénéfices issus des montants empruntés.
Acquisition par emprunt (Leveraged buyout) — Acquisition d’une
entreprise par un petit groupe d’investisseurs et principalement financée par
l’emprunt. Les sommes empruntées sont ensuite remboursées à partir des
revenus générés par l’entreprise acquise ou du produit de la cession de ses
actifs.
Degré de liquidité (Liquidity) — Facilité avec laquelle des biens peuvent
être monnayés.
Part de marché (Market share) — Pourcentage des ventes totales d’un
produit qui revient à une entreprise donnée. Une entreprise peut décider
d’accroître sa part de marché (et donc de réduire celle de ses concurrents) en
misant sur la publicité, les prix ou d’autres types de pratiques de
concurrence. Plus la part de marché d’une entreprise est grande et plus il lui
est facile de contrôler les prix et les bénéfices.
Capitalisation boursière (Market capitalization) — Valeur d’une
entreprise calculée à partir du cours de ses actions ordinaires émises et en
circulation.
Échéance (Maturity) — Date à laquelle
reconnaissance de dette doit être remboursée.
une
obligation
ou
autre
Politique monétaire (Monetary policy) —Orientation que donne l’État à
l’économie par le truchement du contrôle de la masse monétaire et des taux
d’intérêt.
Monopole — Contrôle qu’exerce une entreprise sur un produit ou service
dans un marché donné et qui du fait d’une absence de concurrence lui permet
de fixer les prix.
Crédit hypothécaire (Mortgage) — Transaction dans laquelle un bien acquis
au moyen d’un prêt sert de garantie pour le remboursement dudit prêt. Les
crédits hypothécaires pour l’achat de logements sont normalement accordés
pour des durées de quinze ou trente ans.
Fonds de placement (Mutual fund) — Fonds géré par une société
d’investissement qui mobilise des fonds auprès de ses actionnaires pour
acquérir des obligations, des actions, des options, des matières premières ou
d’autres valeurs. En général les fonds de placement offrent aux investisseurs
des stratégies de placement diverses, des plus risquées aux plus prudentes.
Bénéfice net (Net income/net profit) — Également appelé résultat net, il
s’agit du montant résiduel du chiffre d’affaires déduction faite des dépenses
et de l’impôt.
Obligation à court terme (Note) — Effet émis par une société ou une
administration publique précisant le montant des sommes empruntées, les
intérêts à verser et les biens mis en garantie en cas de non remboursement. La
date de remboursement est en général supérieure à un an mais ne dépasse pas
les sept ou huit ans, à la différence des obligations à long terme.
Organisation de coopération et de développement économiques ou OCDE
(Organization for Economic Cooperation and Development (OECD)) —
Organisation qui rassemble 30 pays capitalistes et recueille des statistiques et
produits des rapports sur des questions économiques concernant les pays
membres.
Marché à terme des produits pétroliers (Oil futures market) — Marché
implanté à New York et à Londres et où des engagements sont pris pour
l’acquisition ou la vente futures de pétrole à des prix convenus.
Marchés au comptant des produits pétroliers (Oil spot market) — Marché
sur lequel des négociants du monde entier effectuent des transactions
journalières d’acquisition et de vente de pétrole brut ou de pétrole raffiné à
partir de promesses de livraison à un prix donné.
Option — Dans le monde financier, accord qui permet à un investisseur
d’acheter ou de vendre des actifs, tels que des actions, à un moment et pour
un prix donnés.
Sursouscription (Oversubscribed) — Terme qui s’applique à une émission
d’actions et ou les demandes d’achat dépassent le nombre d’actions mis à la
disposition du public.
Bénéfice latent (Paper profit) — Bénéfice non réalisé d’un investissement
ou d’un portefeuille. On calcule le bénéfice en comparant le prix du marché
et le coût du placement.
Coefficient de capitalisation des bénéfices (Price-earnings ratio) — Le
prix d’une action divisé par le bénéfice par action pour une période de
12 mois. Par exemple, une action dont le cours se situe à 60 dollars et pour
laquelle le bénéfice par action est de 6 dollars présenterait un coefficient de
capitalisation de 10 pour 1. Un coefficient élevé signifie que les investisseurs
s’attendent à ce que les bénéfices de l’entreprise augmentent sensiblement à
l’avenir.
Taux directeur (Prime rate) — Taux d’intérêt de base que les banques
commerciales appliquent à un large éventail de prêts à des PME ou à des
particuliers.
Privatisation (Privatization) — Mécanisme par lequel une entreprise cesse
d’appartenir à l’État pour appartenir à des investisseurs privés. Les
privatisations sont souvent liées à une restructuration de l’économie.
Recettes (Revenue) — Fonds générés par l’activité d’une entreprise ou d’une
administration publique pendant une période donnée.
Vente à découvert (Short sale) — Vente d’actions empruntées par un
investisseur qui espère dégager un bénéfice en achetant, à partir du produit
de la vente, un nombre d’action égal à un prix inférieur pour les rendre au
propriétaire initial.
Actions (Stock, Share) — Titres représentant la participation au capital
d’une entreprise. Les acquéreurs d’action ont des droits en qualité de
propriétaires et peuvent recevoir un revenu sous forme de dividendes. Les
actions peuvent être achetées ou vendues sans que cela ait d’effet sur les
activités de l’entreprise concernée. Le prix des actions est fixé sur les
marchés boursiers grâce au jeu de l’offre et de la demande.
Bourse (Stock exchange) — Marché sur lequel se négocient des actions et où
leur cours est fixé.
Économie parallèle ou économie sous-terraine (Underground economy) —
Partie non officielle de l’économie constituée d’activités licites et illicites.
La plupart des transactions se font sous forme de troc ou en liquide pour
échapper au fisc et aux autres administrations publiques.
Capital-risque (Venture capital) — Financement nécessaire pour amorcer
une activité commerciale en général assortie de risques ou dont les
perspectives sont très incertaines. En échange des apports de capital les
investisseurs reçoivent un titre de propriété partiel. En général les activités à
haut risque présentent également des possibilités de rendement plus élevé.
Bons (Vouchers) — Subventions accordées par les pouvoirs publics pour
l’obtention de biens et de services fournis par le secteur public ou le secteur
privé. Les bénéficiaires de ces bons les échangent sur le marché contre les
biens et les services concernés.
Banque mondiale (World Bank) — Organisme multilatéral de financement du
développement créé en 1944. Elle accorde aux pays en développement des
prêts à l’appui de projets d’investissement à vocation sociale qui reçoivent la
garantie de l’État bénéficiaire (voir également Banque internationale pour la
reconstruction et le développement.)
Organisation indépendante à but non lucratif, l’International Center for Journalists a
été créé en 1984 pour améliorer la qualité du journalisme de par le monde, en particulier
dans les pays où la tradition d’une presse indépendante est faible voire inexistante.
Pour l’ICFJ l’existence d’organes de presse dynamiques et indépendants est essentielle à
l’épanouissement de la démocratie, de la liberté et des droits de l’homme. L’ICFJ est
déterminé à travailler avec les confrères et les consœurs du monde entier afin de partager
les aptitudes de journalisme et de gestion et les connaissances techniques ; de diffuser les
informations les plus récentes sur l’évolution des media, de la déontologie et des
pratiques professionnelles; d’offrir des services de soutien à l’appui de besoins qui
évoluent; d’encourager le développement de media essentiels et indépendants dotés de
bases solides sur le plan professionnel, déontologique et financier.
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