Etude de la décharge électrostatique définie par le modèle du

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N° d’ordre : 05 ISAL 0110
Année 2005
Thèse
présentée devant
l’Institut National des Sciences Appliquées de Lyon
pour obtenir
le titre de Docteur
école doctorale : Electronique, Electrotechnique, Automatique (EEA)
spécialité : Dispositifs de l’électronique intégrée
par
Cédric Goëau
Etude de la décharge électrostatique définie par le modèle
du composant chargé CDM sur les circuits intégrés CMOS
Soutenue le 5 décembre 2005 devant la commission d’examen
Jury
Jean Pierre Chante
Professeur
Directeur de thèse
Marise Bafleur
Professeur
Rapporteur
Yves Danto
Professeur
Rapporteur
Corinne Richier
Ingénieur
Examinateur
Pascal Salomé
Docteur Ingénieur
Examinateur
Pascal Nouet
Professeur
Examinateur
2005
SIGLE
ECOLE DOCTORALE
CHIMIE DE LYON
Responsable : M. Denis SINOU
E2MC
ECONOMIE, ESPACE ET MODELISATION
DES COMPORTEMENTS
Responsable : M. Alain BONNAFOUS
E.E.A.
ELECTRONIQUE, ELECTROTECHNIQUE,
AUTOMATIQUE
M. Daniel BARBIER
E2M2
EVOLUTION, ECOSYSTEME,
MICROBIOLOGIE, MODELISATION
http://biomserv.univ-lyon1.fr/E2M2
M. Jean-Pierre FLANDROIS
EDIIS
INFORMATIQUE ET INFORMATION POUR
LA SOCIETE
http://www.insa-lyon.fr/ediis
M. Lionel BRUNIE
EDISS
INTERDISCIPLINAIRE SCIENCES-SANTE
http://www.ibcp.fr/ediss
M. Alain Jean COZZONE
MATERIAUX DE LYON
http://www.ec-lyon.fr/sites/edml
M. Jacques JOSEPH
Math IF
MATHEMATIQUES ET INFORMATIQUE
FONDAMENTALE
http://www.ens-lyon.fr/MathIS
M. Franck WAGNER
MEGA
MECANIQUE, ENERGETIQUE, GENIE CIVIL,
ACOUSTIQUE
http://www.lmfa.eclyon.fr/autres/MEGA/index.html
M. François SIDOROFF
NOM ET COORDONNEES DU RESPONSABLE
M. Denis SINOU
Université Claude Bernard Lyon 1
Lab Synthèse Asymétrique UMR UCB/CNRS 5622
Bât 308
ème
étage
2
43 bd du 11 novembre 1918
69622 VILLEURBANNE Cedex
Tél : 04.72.44.81.83 Fax : 04 78 89 89 14
[email protected]
M. Alain BONNAFOUS
Université Lyon 2
14 avenue Berthelot
MRASH M. Alain BONNAFOUS
Laboratoire d’Economie des Transports
69363 LYON Cedex 07
Tél : 04.78.69.72.76
Alain.bonnafous∂ish-lyon.cnrs.fr
M. Daniel BARBIER
INSA DE LYON
Laboratoire Physique de la Matière
Bâtiment Blaise Pascal
69621 VILLEURBANNE Cedex
Tél : 04.72.43.64.43 Fax 04 72 43 60 82
[email protected]
M. Jean-Pierre FLANDROIS
UMR 5558 Biométrie et Biologie Evolutive
Equipe Dynamique des Populations Bactériennes
Faculté de Médecine Lyon-Sud Laboratoire de Bactériologie BP
1269600 OULLINS
Tél : 04.78.86.31.50 Fax 04 72 43 13 88
E2m2∂biomserv.univ-lyon1.fr
M. Lionel BRUNIE
INSA DE LYON
EDIIS
Bâtiment Blaise Pascal
69621 VILLEURBANNE Cedex
Tél : 04.72.43.60.55 Fax 04 72 43 60 71
[email protected]
M. Alain Jean COZZONE
IBCP (UCBL1)
7 passage du Vercors
69367 LYON Cedex 07
Tél : 04.72.72.26.75 Fax : 04 72 72 26 01
[email protected]
M. Jacques JOSEPH
Ecole Centrale de Lyon
Bât F7 Lab. Sciences et Techniques des Matériaux et des
Surfaces
36 Avenue Guy de Collongue BP 163
69131 ECULLY Cedex
Tél : 04.72.18.62.51 Fax 04 72 18 60 90
[email protected]
M. Franck WAGNER
Université Claude Bernard Lyon1
Institut Girard Desargues
UMR 5028 MATHEMATIQUES
Bâtiment Doyen Jean Braconnier
er
Bureau 101 Bis, 1 étage
69622 VILLEURBANNE Cedex
Tél : 04.72.43.27.86 Fax : 04 72 43 16 87
[email protected]
M. François SIDOROFF
Ecole Centrale de Lyon
Lab. Tribologie et Dynamique des Systêmes Bât G8
36 avenue Guy de Collongue
BP 163
69131 ECULLY Cedex
Tél :04.72.18.62.14 Fax : 04 72 18 65 37
[email protected]
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Remerciements
Je tiens tout d’abord à remercier l’équipe avec laquelle j’ai passé ces trois dernières années :
ma tutrice de thèse Corinne Richier et mes cinq autres collègues et amis : Delphine Guilet,
Isabelle Nicolas-Guizon, Pascal Fonteneau, Charles-Alexandre Legrand, et Jean-Robert
Manouvrier. J’en profite pour souhaiter à J.R. une très bonne continuation pour sa thèse.
Un grand remerciement au Professeur Jean-Pierre Chante, mon directeur de thèse, pour son
support et pour les longues discussions que nous avons eues.
Mes remerciements vont également à l’ensemble du groupe Device Modeling de ST
Microelectronics pour leur support quotidien. Je remercie particulièrement mes différents
chefs pour m’avoir soutenu, notamment lors de mes différentes missions : Patrick Mortini,
André Juge, et Hervé Jaouen.
Je remercie également toutes les personnes qui ne sont pas de mon équipe, mais qui ont su
prendre le temps de m’aider : je pense particulièrement à Yvon Imbs pour de nombreuses
simulations, à Willy Beulé qui m’a permis le développement de différents prototypes, à David
Bonnard qui m’a fait visiter plusieurs fois la ligne d’assemblage, à Alexandre Martin pour son
support dans les outils de simulation TCAD, à Nathalie Daffos pour m’avoir initié au design
de circuit, à Daniel Gloria pour son expertise dans le domaine des hautes fréquences, et à
Ruddy Costanzy pour son aide précieuse au laboratoire.
Une mention spéciale est adressée à Pascal Salomé, avec qui j’ai pu avoir des discussions
clefs pour ma thèse, qui m’a présenté à de nombreuses personnes du domaine des ESD, et
sans qui le quatrième chapitre de cette thèse n’existerait pas.
Mes remerciements vont également jusqu’à Montpellier, à Florence Azaïs et Pascal Nouet
du laboratoire d’informatique de robotique et de microélectronique (LIRMM), pour les
nombreuses réunions, quelquefois tumultueuses, mais toujours très fructueuses.
Je remercie finalement les professeurs Marise Bafleur et Yves Danto pour avoir accepté les
rôles de rapporteur. J’espère qu’ils prendront plaisir à lire ce manuscrit.
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Glossaire
•
ESD
ElectroStatic Discharge (Décharge électrostatique).
•
HBM
Human Body Model (Modèle de la personne chargée).
•
MM
Machine Model (Modèle de l’équipement chargé).
•
CDM
Charged Device Model (Modèle du composant chargé).
•
TCAD
Technology Computer Aided Design (Outil de simulation du
processus de fabrication d’un composant semi-conducteur et
de simulation de son fonctionnement).
•
TLP
Transmission Line Pulse (Générateur de pulses carrés de forte
amplitude produite par la décharge d’un câble coaxial
préalablement chargé).
•
CST (DUT)
Composant sous test (Device Under Test).
•
SPICE
Simulation Program with Integrated Circuit Emphasis (Outil de
simulation du fonctionnement d’un circuit électronique).
•
ggNMOS
Grounded Gate NMOS (Transistor NMOS pour lequel la grille
est court-circuitée avec la source).
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Table des matières
Introduction générale ............................................................................................. 15
Chapitre I
I.1
Généralités sur les décharges électrostatiques............................. 19
Caractérisation d’un composant vis-à-vis des ESD ...........................................19
I.1.1
Définition d’une décharge électrostatique .....................................................19
I.1.2
Le test ESD........................................................................................................21
I.1.3
Les 3 modèles de décharge.............................................................................22
A
Théorie du circuit RLC ........................................................................................22
B
Le modèle de la personne chargée - HBM .........................................................25
C
Le modèle de l’équipement chargé - MM ...........................................................26
D
Le modèle du composant chargé - CDM ............................................................28
I.2
Protection ESD intégrée........................................................................................32
I.2.1
Principe d’une protection ................................................................................32
I.2.2
Les composants élémentaires de protection.................................................35
A
La diode ..............................................................................................................35
B
Le ggNMOS ........................................................................................................36
C
Le thyristor ..........................................................................................................37
D
La protection à déclenchement dynamique ........................................................37
I.2.3
Les stratégies de protection............................................................................38
A
La stratégie à protection centrale .......................................................................38
B
La stratégie à protection locale...........................................................................39
I.3
Outils classiques pour développer des protections ..........................................39
I.3.1
La mesure pulsée en fort courant - TLP .........................................................39
I.3.2
La prédiction par simulation............................................................................41
A
Simulation du comportement d’un composant élémentaire................................42
B
Simulation du comportement d’un circuit............................................................42
I.3.3
L’analyse de défaillance...................................................................................43
I.4
Conclusion sur les généralités des ESD .............................................................45
11 / 148
Chapitre II
II.1
Problématique du CDM..................................................................... 47
Le courant de décharge et la capacité de couplage CDM..................................47
II.1.1
Le courant de décharge CDM ..........................................................................47
A
La mesure du courant.........................................................................................47
B
Les caractéristiques du courant..........................................................................49
C
Les origines du courant ......................................................................................54
II.1.2
Mesure de la capacité de couplage.................................................................54
II.1.3
Approche à une échelle globale du CDM .......................................................57
II.2
Etude locale de la décharge..................................................................................59
II.2.1
Rôle du boîtier et modélisation .......................................................................59
A
Généralités sur les boîtiers .................................................................................59
B
Extraction des paramètres RLC d’un TQFP 48 et d’un BGA 64.........................63
C
Mise en forme d’un modèle SPICE.....................................................................65
II.2.2
Modélisation du circuit.....................................................................................66
II.2.3
Rôle du substrat ...............................................................................................67
II.2.4
Simulation TCAD des composants élémentaires ..........................................69
II.3
Outils de mesure spécifiques à l’étude du CDM.................................................71
II.3.1
Mesures pulsées VF-TLP sur des composants élémentaires ......................71
II.3.2
Mesures dans des conditions équivalentes au CDM ....................................78
II.3.3
Mesures sur des structures de test spécifiques ...........................................79
II.3.4
Mesures sur un circuit .....................................................................................79
II.4
Conclusion sur la problématique du CDM ..........................................................79
Chapitre III
III.1
Modélisation d’une décharge électrostatique CDM.................... 83
Modélisation du testeur à une échelle globale ...................................................83
III.1.1 Construction d’un modèle CDM ......................................................................83
A
Présentation du testeur.......................................................................................83
B
Modélisation SPICE du testeur...........................................................................84
C
Description du mécanisme de la décharge.........................................................84
D
Hypothèses du modèle CDM..............................................................................85
III.1.2 Extraction des paramètres du modèle CDM ..................................................86
III.2
Modélisation globale du boîtier couplé au testeur .............................................91
III.2.1 Présentation des puces électroniques testées..............................................91
III.2.2 Influence du boîtier...........................................................................................92
III.2.3 Influence de la patte stressée..........................................................................93
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A
Impact de la position de la patte .........................................................................94
B
Impact de la partie du circuit reliée à la patte stressée.......................................95
III.2.4 Influence du circuit testé .................................................................................95
III.2.5 Résultats de modélisation globale pour différents boîtiers .........................96
III.3
Etude du couplage entre le boîtier et le testeur................................................100
III.3.1 Simulation de la décharge sur le boîtier.......................................................100
III.3.2 Localisation de la capacité de couplage ......................................................102
III.4
Conclusion sur la modélisation du CDM ...........................................................103
Chapitre IV
Comportement fort courant et transitoire des composants
élémentaires
...................................................................................................... 105
IV.1
Présentation de la mesure transitoire................................................................105
IV.1.1 Objectifs d’une mesure transitoire ...............................................................105
IV.1.2 Matériel nécessaire pour une mesure transitoire........................................106
IV.2
Conception d’un banc de mesure transitoire....................................................108
IV.2.1 Le générateur d’impulsions...........................................................................108
A
Caractéristiques d’un générateur d’impulsions.................................................108
B
Principe de la génération d’une impulsion ........................................................108
C
Temps de montée.............................................................................................109
IV.2.2 L’oscilloscope.................................................................................................110
IV.2.3 Les lignes de transmission et les atténuateurs...........................................112
IV.2.4 La sonde hyperfréquence ..............................................................................113
IV.2.5 Exploitation des acquisitions des impulsions incidente et réfléchie ........115
IV.3
Mesures aux bornes de composants élémentaires..........................................119
IV.3.1 Présentation des composants étudiés .........................................................119
IV.3.2 Les diodes .......................................................................................................119
IV.3.3 La protection centrale ....................................................................................122
IV.3.4 Le ggNMOS .....................................................................................................124
IV.3.5 Stratégie de protection...................................................................................127
IV.4
Conclusion sur le comportement des composants en CDM ...........................129
Conclusion générale ............................................................................................ 133
Références bibliographiques .............................................................................. 139
13 / 148
Introduction générale
Introduction générale
Avec des gravures atteignant 45nm la microélectronique fait de nos jours place à la
nanoélectronique. Les oxydes de grille des transistors de technologie CMOS sont également
de plus en plus fins, atteignant la dizaine d’Angström. Leurs tensions de claquage diminuent
et ils deviennent extrêmement sensibles aux décharges électrostatiques. Parallèlement à la
diminution des dimensions, les chaînes d’assemblage des circuits dans leurs boîtiers, puis
les chaînes de montage des puces sur les cartes électroniques sont de plus en plus
automatisées. Cette automatisation est responsable de l’augmentation des décharges CDM
(Charged Device Model) sur les puces électroniques à cause des frottements et des contacts
avec les automates. Une puce électronique a ainsi de nombreuses occasions de se charger
par triboélectricité et de se décharger par contact sur un plan de masse. Soucieux d’acquérir
des puces électroniques robustes vis-à-vis du CDM, les clients de semi-conducteur sont de
plus en plus agressifs sur les spécifications ESD (ElectroStatic Discharge) requises.
La caractérisation ESD peut être effectuée à plusieurs niveaux. Sur un composant de
protection élémentaire, une diode par exemple, elle permet de spécifier des règles de
dimensionnement en fonction du niveau de protection souhaité. Sur un circuit de test, elle
permet de valider les stratégies de protection utilisées et d’anticiper sur le résultat du niveau
de protection d’un circuit final. Enfin, sur le circuit final, elle spécifie au client quel est le
niveau de tension de décharge maximal que peut subir le circuit sans être dégradé. La
prédiction d’un résultat sur le circuit final vient d’être abordée. Il s’agît, connaissant les
résultats sur des composants élémentaires ou des circuits de test, d’anticiper le résultat d’un
produit pour savoir si ces spécifications remplieront celles demandées par le client.
En CDM de nombreux éléments sont à prendre en compte pour prédire le résultat d’un test,
comme le boîtier du circuit ou le testeur utilisé. Nous ne pouvons donc pas nous contenter
d’une étude au niveau du circuit intégré ce qui rend la prédiction moins évidente. D’un point
de vue expérimental, il s’agît de prédire le résultat du test CDM d’un circuit final dans un
boîtier B connaissant le résultat du circuit de test associé dans un boîtier A. A plus haut
niveau, la simulation est un outil de prédiction également très efficace. Connaissant les
comportements des composants élémentaires de protection, le schéma du circuit testé, et le
boîtier utilisé, elle doit être capable de simuler le comportement du circuit pendant la
décharge et ainsi être capable de prédire son seuil de défaillance.
15 / 148
Compte tenu du temps et du coût de développement d’un produit, réussir un circuit qui
remplit les spécifications ESD du premier coup permet de faire des économies
considérables. En revanche, si la problématique ESD n’a pas été prise en compte ou si les
spécifications ESD ne sont pas atteintes, cela demande de réétudier la stratégie de
protection ce qui entraîne un coût supplémentaire au fabricant. De plus, la durée des tests
ESD augmentant avec l’accroissement du nombre de pattes des circuits, réserver ces tests à
une étape de validation en confiant certaines étapes de développement à des simulations
permet d’économiser du temps et ainsi de l’argent. Toutes ces considérations économiques
méritent que l’on s’intéresse de plus près aux différents moyens de prédiction.
La prédiction d’un résultat de test CDM est le but du travail présenté. Elle est motivée par
l’augmentation de la sensibilité des circuits vis-à-vis de ce type de décharge, par la
probabilité grandissante de cet événement, et par le surcoût engendré d’une protection
devant être réétudiée. Dû fait de la complexité des éléments mis en jeu pendant la décharge,
aucune prédiction CDM n’a été concluante à l’heure actuelle. Un des premiers objectifs de la
thèse est de comprendre les phénomènes mis en jeu au niveau du circuit testé pendant la
décharge CDM, en étudiant et modélisant l’influence de différents éléments comme le
testeur ou le boîtier du circuit. Un second objectif est de déduire de l’étude précédente les
contraintes électriques appliquées au circuit, c'est-à-dire d’être capable de simuler les
courants et les potentiels électriques sur des nœuds critiques du circuit pendant la décharge.
Enfin, un troisième objectif est la mise en place de nouvelles méthodes de mesure pour
étudier expérimentalement le comportement des protections pendant des contraintes
électriques similaires à celles qui auront été mises en évidence.
Le travail présenté est réparti en quatre chapitres. Le premier chapitre intitulé « Généralités
sur les décharges électrostatiques » débute par une présentation de la caractérisation ESD
des composants électroniques. Les différents modèles de décharge utilisés pour tester les
composants sont décrits et un accent est mis sur le modèle CDM. Le principe de
fonctionnement des protections ESD intégrées est ensuite expliqué. La distinction entre le
composant élémentaire et la stratégie de protection est mise en évidence. Enfin les outils
classiques servant à recueillir des informations sur les protections pour les développer sont
présentés. Il s’agît du banc de mesure pulsé et des outils de simulation TCAD et SPICE.
Le second chapitre intitulé « Problématique du CDM » est une synthèse bibliographique à
laquelle sont ajoutés quelques premiers résultats mettant en évidence des directions de
recherches intéressantes mais limités par les moyens expérimentaux actuels. Ce chapitre
débute par la présentation du courant de décharge qui est l’unique source d’information
associée au test CDM. Une approche à une échelle globale du test CDM est ensuite
exposée. Cette approche s’appuie sur un modèle RLC dont les différents éléments peuvent
être extraits de la mesure du courant de décharge. A ce niveau d’abstraction, le composant
électronique est une boîte noire et les chemins du courant de décharge à l’intérieur du circuit
ne sont pas modélisés. Une approche locale est alors présentée. L’impact de la constitution
16 / 148
Introduction générale
d’un boîtier est montré, ainsi que celui d’autres éléments comme le substrat du circuit
intégré. La dernière partie de ce chapitre présente de nouveaux outils expérimentaux
développés pour donner des solutions d’études supplémentaires.
Le troisième chapitre est intitulé « Modélisation d’une décharge électrostatique CDM ». Le
testeur CDM est premièrement modélisé à une échelle globale. L’influence du composant
électronique est ensuite ajoutée pour obtenir un modèle global de décharge CDM. Nous
vérifions alors que ce modèle est suffisant pour diverses décharges sur des composants
différents. A la fin de ce chapitre, nous aborderons de nouveau la modélisation locale de la
décharge dans le cas particulier d’un boîtier TQFP (Thin Quad Flat Package) et nous
conclurons sur la nécessité des informations apportées par une telle étude dans une
simulation au niveau du circuit.
Le quatrième et dernier chapitre est intitulé « Comportement fort courant et transitoire des
composants élémentaires ». Les chapitres précédents traitent de la modélisation du CDM ce
qui permet d’appréhender correctement les stress électriques soumis aux composants du
circuit pendant la décharge. Malgré la limitation des informations sur les chemins empruntés
par le courant, il est possible d’extrapoler des cas extrêmes. Cela met en évidence la
nécessité de connaître le comportement transitoire des protections pour savoir si celles-ci
sont toujours efficaces dans les domaines de temps associés au CDM. Un banc de mesure
ainsi que des structures d’études ont été développés à cet effet. La première partie de ce
chapitre explique le but de ce type de mesure. Une seconde partie décrit la conception du
banc de mesure transitoire. Enfin les premiers résultats sont exposés en dernière partie.
17 / 148
Chapitre I Généralités sur les décharges électrostatiques
Chapitre I
Généralités sur les
décharges électrostatiques
I.1 Caractérisation d’un composant vis-à-vis des ESD
I.1.1
Définition d’une décharge électrostatique
Une décharge électrostatique -ESD- (ElectroStatic Discharge) a lieu entre deux conducteurs
à des potentiels électriques différents quand ceux-ci sont suffisamment proches pour
amorcer un arc électrique (cf. Figure I.1). L’amorçage dépend du champ électrique entre les
conducteurs et du diélectrique qui les sépare. Ce champ n’est pas évident à calculer car il
dépend de la distance, mais aussi de la géométrie des deux électrodes. Pour une distance
donnée, la tension à partir de laquelle l’arc est amorcé s’appelle la tension disruptive.
Exprimé en kV.mm-1, le champ critique est aussi appelé rigidité diélectrique. Lorsqu’il est
dépassé, la déformation des molécules due au phénomène de polarisation dans le
diélectrique est si importante que des électrons sont arrachés aux noyaux. Le diélectrique
devient conducteur et laisse passer un courant intense. On dit qu’il est percé. Le tableau qui
suit donne quelques exemples de rigidités diélectriques (cf. Tableau I-1). Ce ne sont que des
ordres de grandeur puisque ces valeurs sont influencées par de nombreux facteurs tels que
la pression, la température ou la distance des électrodes.
Conducteur 1
I(t)
Conducteur 2
d
V1
Diélectrique
V2
Figure I.1 : Principe d’une décharge électrostatique entre deux conducteurs.
19 / 148
La théorie des décharges électrostatiques repose ainsi sur l’électromagnétisme et sur l’étude
des diélectriques [GREA’91] [GREA’93]. Un circuit intégré peut être assimilé à un
conducteur et être l’objet d’une décharge. S’il est mal protégé, le courant établi lors de la
décharge peut le dégrader. Ce courant dépend de nombreux paramètres. La géométrie des
conducteurs, leur disposition, leurs vitesses d’approche [GREA’00] sont autant d’exemples
pour montrer qu’une décharge électrostatique doit être précisément contrôlée pour être
reproduite lors d’un test industriel.
Diélectrique
Rigidité diélectrique [kV.mm-1]
Air sec
3
Papier
15
Ebonite
50
Alumine
35
Mica
35
Quartz
12,5
Verre
16
Céramique
4
Silicium
30
GaAs
40
Ge
10
Téflon
80
Tableau I-1 : Rigidité diélectrique de quelques matériaux. [COUC’69]
Pour qu’une décharge électrostatique ait lieu, la puce électronique doit être en présence d’un
second conducteur à un potentiel électrique différent. Il existe trois manières de fixer la puce
à un potentiel. Elle peut être directement reliée à un générateur de tension, ce moyen est le
plus évident. Elle peut aussi être couplée capacitivement à un second conducteur lui-même
fixé à un potentiel. Son potentiel est alors défini par la géométrie des conducteurs en
présence et on parle de charge par induction [CHEM’83] [LAFF’84]. Enfin, elle peut être
chargée électriquement. Cette charge est généralement acquise par frottement avec un
second matériau [HUNT’84]. On parle de charge par triboélectricité et d’électricité statique.
La faculté d’un matériau de collecter des électrons ou d’en perdre permet de le classer dans
la série triboélectrique (cf. Tableau I-2). De cette manière une personne peut se charger en
marchant sur une moquette et être à l’origine d’une décharge en manipulant par la suite un
composant.
Deux approches permettent de protéger un circuit électronique. La première consiste à
réduire les occurrences des décharges électrostatiques en agissant sur les lignes de
production, lors de la fabrication des puces électroniques ou lors de leurs utilisations finales.
Cela se traduit par des appareils correctement mis à la masse ou par les équipements de
protection antistatique. La seconde approche consiste à rendre les puces électroniques
insensibles aux décharges. Cela se traduit par les protections intégrées sur silicium dont le
rôle est d’empêcher le courant de décharge de dégrader le circuit. Cette approche garantit
20 / 148
Chapitre I Généralités sur les décharges électrostatiques
ainsi à l’utilisateur final une protection constante quelles que soient les précautions prises
lors des manipulations des puces (déballage des puces électroniques ou assemblage des
puces sur les circuits imprimés). L’augmentation de l’automatisation de ces manipulations
est souvent citée comme la cause actuelle majeure des décharges électrostatique
[BERN’94]. Le travail présenté dans ce manuscrit traite des protections intégrées.
Matériaux
Charge électrique
air
positive
peau
verre
mica
nylon
laine
aluminium
papier
coton
acier
neutre
bois
nickel, cuivre
laiton, argent
or, platine
polyester
vinyle
silicium
téflon
caoutchouc
négative
Tableau I-2 : Série triboélectrique. [AVER’88]
I.1.2
Le test ESD
Le but d’un test ESD est de caractériser l’immunité d’une puce électronique face à une
décharge électrostatique. Le test reproduit toutes les configurations de décharges possibles
selon les pattes stressées du CST (Composant Sous Test). Une décharge peut avoir lieu
dans des contextes très différents et il n’existe pas dans la nature deux décharges
identiques. Afin d’obtenir une répétabilité des résultats, les tests sont précisément décrits
dans des normes. Il existe trois modèles sur lesquels s’appuient ces normes : le modèle de
la personne chargée -HBM- (Human Body Model), le modèle de l’équipement chargé -MM(Machine Model), et le modèle du composant chargé -CDM- (Charged Device Model).
Lors d’un test, les décharges sont reproduites à des tensions successivement croissantes.
La tension représente la sévérité de la décharge. Entre chaque niveau de tension le CST est
contrôlé. On peut contrôler le fonctionnement du circuit ou ses courants de fuites. Le choix
d’un critère de défaillance permet de définir la tension de stress ESD maximale que peut
subir le CST sans être abîmé. Le résultat d’un test est finalement la classe du composant qui
représente un intervalle de tension : une tension jusqu’à laquelle le composant ne risque
21 / 148
aucune dégradation et une tension à partir de laquelle il est certain que le composant soit
détérioré. Par exemple, le composant est spécifié de classe « C5 » vis-à-vis du modèle CDM
associé à la norme ESDA s’il peut subir le test à 500V sans être dégradé mais s’il ne passe
pas la tension 750V. Ainsi le circuit passe ou ne passe pas un certain niveau de tension, le
résultat est binaire et le test ESD est donc différent d’une mesure. Les outils de
développement utilisés en ESD sont présentés en dernière partie de ce chapitre (cf. I.3).
Le résultat est souvent donné pour un produit fini, mais peut également l’être pour un circuit
de test représentant une partie d’un circuit final. Cela est le cas pour les circuits de test
d’entrées-sorties qui sont communs à plusieurs produits. La problématique est alors de
prédire l’immunité du produit final connaissant le résultat sur le circuit de test associé.
I.1.3
Les 3 modèles de décharge
A
Théorie du circuit RLC
Différents organismes proposent des normes pour qu’une décharge soit reproduite à
l’identique par les appareils de test de différents laboratoires. Il existe des normes JEDEC,
des normes ESDA, et des normes IEC. Dans toutes les normes, les allures des courants en
fonction du temps sont décrites pour des cas particuliers, comme le cas d’un court-circuit ou
celui d’un circuit ouvert. Un appareil de test est dit conforme à une norme lorsque le courant
de décharge mesuré correspond à ces spécifications. Chaque norme propose un classement
de fiabilité des circuits suivant les résultats possibles d’un test. Il est important de noter qu’il
existe une linéarité entre la tension de décharge et le courant. Ainsi le courant pic HBM
associé à la tension 250V est de 0,17A et le courant associé à la tension 8000V est 32 fois
plus élevé.
Trois modèles ESD ont été développés au cours de ces 40 dernières années. Pour les trois
modèles, les appareils de test permettent de mesurer le courant pendant la décharge. Le
point commun de ces trois modèles est la possibilité de simuler le courant de décharge en
utilisant un circuit RLC (cf. Figure I.2). Une simulation ESD correspond alors à la décharge
d’une capacité initialement chargée dans le circuit testé. Le CST est représenté par une
impédance inconnue mais généralement faible. Bien que cette modélisation ne prenne pas
en compte tous les effets parasites du testeur et bien que dans le cas du CDM cette
modélisation corresponde à une approximation simpliste, il est tout de même intéressant de
la présenter pour donner les grandes caractéristiques de chaque décharge associées aux
ordres de grandeurs des éléments constituant leurs modèles. Si l’on considère qu’une
décharge se résume à un courant dans un circuit RLC, les modèles sont alors différenciés
par l’origine attribuée à ses éléments et par leurs valeurs. Nous suivons par la suite les
conventions suivantes : un courant est positif lorsqu’il entre dans le CST pour les cas HBM et
MM, et inversement pour le CDM.
22 / 148
Chapitre I Généralités sur les décharges électrostatiques
VESD
LTOT
RTOT
CTOT
Figure I.2 : Circuit RLC général à tous les modèles de décharge.
Les phénomènes de propagation ne sont pas pris en compte dans les équations présentées.
Cela signifie que les dimensions du circuit sont petites devant la plus courte des longueurs
d’onde du courant. La décharge est décrite par une équation différentielle du second degré.
Pour la résoudre et exprimer le courant en fonction du temps il est nécessaire de poser deux
conditions initiales. La première est un courant initial nul. La seconde est la pré-charge de la
capacité à la tension de test. Plusieurs grandeurs sont remarquables :
1
•
ω0 =
•
α=
•
ω = ω 02 − α 2
Pulsation propre.
LC
R
2L
Amortissement.
Pulsation du circuit.
Selon la valeur de l’amortissement par rapport à la pulsation propre, trois régimes sont à
distinguer :
•
ω0 > α régime oscillatoire :
I (t ) =
VESD
⎛ R ⎞
⋅ exp⎜ −
⋅ t ⎟ ⋅ sin (ω ⋅ t )
L ⋅ω
⎝ 2L ⎠
Équation I.1 : Courant dans un circuit RLC en régime oscillatoire.
•
ω0 < α régime amorti :
I (t ) =
VESD
⎛ R ⎞
⋅ exp⎜ −
⋅ t ⎟ ⋅ sinh (ω ⋅ t )
L ⋅ω
⎝ 2L ⎠
Équation I.2 : Courant dans un circuit RLC en régime amorti.
•
ω0 = α régime critique :
23 / 148
I (t ) =
VESD
⎛ R ⎞
⋅ exp⎜ −
⋅t ⎟⋅t
L
⎝ 2L ⎠
Équation I.3 : Courant dans un circuit RLC en régime critique.
Lorsque l’amortissement est négligeable devant la pulsation propre ou inversement, les
expressions du courant se simplifient.
•
ω0 >> α régime oscillatoire faiblement amorti :
Ce cas correspond à une faible résistance :
1
R2
L
.
>> 2 ou R << 2 ⋅
LC
4L
C
⎛ 1
⎞
C
⎛ R ⎞
⋅t ⎟
⋅ exp⎜ −
⋅ t ⎟ ⋅ sin ⎜
L
⎝ 2L ⎠
⎝ L ⋅C ⎠
I (t ) = VESD ⋅
Équation I.4 : Courant dans un circuit RLC en régime oscillatoire faiblement amorti.
•
ω0 << α régime fortement amorti :
Ce cas correspond à une faible inductance :
1
R2
1
1 R
<< 2 ou
<< ⋅
. Cela signifie
LC
4L
RC
2 2L
qu’au début de la décharge, l’inductance a un rôle prédominant et le circuit se comporte
comme un circuit RL. La constante de temps d’établissement du courant est τ RL = L R .
Le circuit se décharge ensuite de la même manière qu’un circuit RC, la constante de
temps est cette fois ci τ RC = RC .
I (t ) =
VESD
R
⎛
t ⎞
⎛ R ⎞⎞
⎛
⋅ ⎜⎜1 − exp⎜ − ⋅ t ⎟ ⎟⎟ ⋅ exp⎜ −
⎟
⎝ L ⎠⎠
⎝ R ⋅C ⎠
⎝
Équation I.5 : Courant dans un circuit RLC en régime fortement amorti.
Le composant testé contribue aux trois éléments R, L, et C. Bien que pendant la décharge,
la protection intégrée soit souvent équivalente à une résistance très faible, cette hypothèse
n’est pas toujours le cas avant le déclenchement de la protection. L’équation du courant
décrite par le modèle RLC n’est donc qu’une première approximation et le temps de montée
du courant est fonction du déclenchement de la protection.
24 / 148
Chapitre I Généralités sur les décharges électrostatiques
B
Le modèle de la personne chargée - HBM
Le modèle HBM est le plus ancien [MIL-STD-883D]. Il modélise la décharge d’une personne
électriquement chargée sur une puce électronique. La personne est modélisée par une
capacité de 100pF par rapport à la terre. La charge de la personne est associée à la tension
de charge de la capacité, classée dans les normes de 250V à 16kV. Le contact entre la
personne et une patte de la puce électronique est modélisé par une résistance de 1,5kΩ.
Une seconde patte est reliée à la terre (cf. Figure I.3). Le test HBM demande de stresser un
certain nombre de configurations [ESD-STM 5.1.] [JESD22-A114-B].
VHBM
LPARA = 7,5µH
IHBM
RHBM = 1,5kΩ
ZCST << RHBM
CHBM = 100pF
Figure I.3 : Modélisation d’une décharge HBM. ZCST symbolise le composant testé.
L’hypothèse de faible impédance du CST par rapport à la résistance du modèle HBM est
généralement admise. La source de stress ESD est ainsi équivalente à une source de
courant. Celui-ci est simulé par la décharge de la capacité à travers la résistance de contact.
Afin de se rapprocher de la mesure, une inductance parasite est ajoutée. Des capacités
parasites liées au testeur peuvent aussi l’être mais ne jouent aucun rôle sur le courant au
premier ordre [AMER’91]. Au vu des valeurs des composants du modèle, la décharge est en
régime fortement amorti. L’expression du courant est approximée par l’expression suivante
[ROOZ’90].
I (t ) =
VHBM
RHBM
⎛
⎛ R
⎞⎞
⎛
t
⋅ ⎜⎜1 − exp⎜⎜ − HBM ⋅ t ⎟⎟ ⎟⎟ ⋅ exp⎜⎜ −
⎝ LPARA ⎠ ⎠
⎝ RHBM ⋅ C HBM
⎝
⎞
⎟⎟
⎠
Équation I.6 : Expression du courant de décharge HBM.
Cette écriture met en évidence le temps de montée du courant, son amplitude maximum, et
la durée de la décharge. Ces valeurs sont calculées et présentées dans le tableau suivant.
τM = 2⋅
LPARA
RHBM
10ns
I M = 0,9 ⋅
VHBM
RHBM
∆t = 4 ⋅ RHBM ⋅ C HBM
0,6A pour 1kV
600ns
Tableau I-3 : Principales caractéristiques d’un courant HBM.
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Le courant HBM est simulé pour une tension de décharge de 1kV et une durée de 400ns sur
un court-circuit (cf. Figure I.4) mettant en évidence les données calculées.
Courant [A]
0.8
0.6
0.4
0.2
0.0
0.E+0
1.E-7
2.E-7
Temps [sec]
3.E-7
4.E-7
Figure I.4 : Courant HBM typique pour une décharge de 1kV sur un court-circuit.
La sensibilité d’un circuit se définit grâce à la tension HBM maximum qu’il peut supporter
sans induire de défaillance. A partir de 4kV une puce électronique est qualifiée de circuit
insensible par les normes HBM. Cela correspond à un courant de 2,6A.
C
Le modèle de l’équipement chargé - MM
Le modèle MM a été développé au Japon dans les années 70 pour étudier les ESD entre les
appareils d’une ligne d’assemblage et les composants électroniques. Il est similaire au
modèle HBM avec une résistance très faible pour représenter le contact entre un objet
métallique et la puce [ESD-STM 5.2.] [JESD22-A115-A]. Seule la capacité de 200pF est
précisée par les normes. Afin d’obtenir des formes de courant correspondant aux normes,
une résistance de 10Ω et une inductance de 0,5µH sont souvent choisies (cf. Figure I.5)
[SALO’98].
VMM
LPARA = 0,5µH
RPARA = 10Ω
IMM
CMM = 200pF
Figure I.5 : Modélisation d’une décharge MM.
26 / 148
ZCST << RMM
Chapitre I Généralités sur les décharges électrostatiques
Comme pour le cas HBM, le modèle proposé est simple et ne prend pas en compte les effets
parasites du testeur. Dans le cas d’un circuit faiblement résistif et au vu des valeurs des
composants du modèle, la décharge est cette fois en régime fortement oscillatoire et le
courant peut être calculé par l’expression suivante.
I (t ) = VMM ⋅
⎛
⎞
⎛ R
⎞
C MM
1
⋅ exp⎜⎜ − PARA ⋅ t ⎟⎟ ⋅ sin ⎜
⋅t ⎟
⎜ L
⎟
LPARA
⎝ 2 LPARA ⎠
⎝ PARA ⋅ C MM ⎠
Équation I.7 : Expression du courant de décharge MM.
D’après cette expression, le courant maximum est donné par la formule suivante.
I = VMM ⋅
⎛ R
⎛ 2
C MM
C MM
L
⋅ exp⎜ − PARA ⋅
⋅ arctan⎜⎜
⋅ PARA
⎜
LPARA
2
LPARA
C MM
⎝ RPARA
⎝
⎞⎞
⎟⎟
⎟⎟
⎠⎠
Équation I.8 : Expression du courant maximum de la décharge MM.
La simulation du courant MM sur un court-circuit nous montre une durée de plusieurs
centaines de nano seconde comme pour le modèle HBM. Le courant maximum est en
revanche bien plus élevé (cf. Figure I.6). Pour une tension de 100V celui-ci est simulé à
1,8A. Pour une tension 10 fois plus faible qu’en HBM, le courant est donc 3 fois plus élevé.
Courant [A]
2.0
1.0
0.0
-1.0
-2.0
0.E+0
1.E-7
2.E-7
Temps [sec]
3.E-7
4.E-7
Figure I.6 : Courant MM typique pour une décharge de 100V sur un court-circuit.
A partir de 200V une puce électronique peut être qualifiée de bien protégée vis-à-vis du MM.
Cela correspond à un courant maximum de 3,5A d’après les normes.
27 / 148
D
Le modèle du composant chargé - CDM
Ce modèle a été proposé au début des années 80. Historiquement il décrit une puce dans un
boîtier de type DIP (Dual In Line Package) qui se charge d’électricité statique lors d’un
glissement dans sa barrette de transport [BOSS’80]. Lorsque la puce électronique est posée
sur un plan de travail conducteur, avant le contact entre une patte et ce plan un couplage
capacitif modélisé par une capacité chargée réside entre ces deux éléments (cf. Figure I.7).
Au contact, la capacité se décharge par un courant de durée très courte et d’amplitude très
élevée [TANA’92] [UNGE’00]. De nos jours, le CDM est associé par extension aux
décharges électrostatiques sur les chaînes de production. Un second mécanisme est alors
souvent mis en jeu. Il correspond à la charge par induction de la puce électronique
[RENN’89].
Le CDM décrit donc deux événements. Le premier est celui d’une puce électronique chargée
par triboélectricité qui se décharge au contact d’un plan de masse. Le second correspond à
l’évènement inverse. La puce initialement déchargée est posée à proximité d’un objet
conducteur fixé à un potentiel différent de celui de la terre. Elle est ainsi couplée
capacitivement à l’objet conducteur et le tout est équivalent à une capacité déchargée.
Lorsqu’un second objet conducteur relié à la terre touche une patte de la puce, la capacité
se charge quasi-instantanément et provoque l’événement CDM.
+
+
+
+
Puce électronique chargée
+
+
L
CCST
R
ICDM
Plan de masse
Figure I.7 : Origine du modèle CDM.
Au laboratoire de caractérisation ESD, l’évènement CDM est reproduit par un testeur. Trois
principaux éléments constituent ce testeur : le plateau de charge relié à une source de
tension via une résistance de plusieurs méga Ohms, le plan de masse en regard au plateau,
et la pointe de test (pogo pin) reliée au plan de masse via une résistance d’1Ω. Lors du test,
la puce électronique est posée sur le plateau en position pattes en l’air (dead bug position).
Tous les éléments conducteurs du composant sont couplés avec le plateau. En première
approximation le couplage peut être assimilé à une capacité unique (cf. Figure I.8).
28 / 148
Chapitre I Généralités sur les décharges électrostatiques
Plan de masse
L
R
ICDM
Plan de masse
Pointe de test
CCST
Plateau de charge
Plateau de charge
V
Figure I.8 : Principe d’un test CDM et photographie d’un testeur.
Il existe deux méthodes de test pour simuler un évènement CDM. Le testeur utilisé peut
rester le même mais la procédure de test change. Ainsi dans le cas d’un test de type
« charge directe » (Direct Charging Method) le plateau est relié à la masse et la capacité est
chargée lentement à travers une résistance de plusieurs méga Ohms. Pour cela la patte de
la puce reliée au substrat du circuit est connectée à une pointe elle-même connectée à un
générateur de courant. Lorsque la charge électrique est atteinte, une seconde pointe reliée à
la masse vient contacter la patte à stresser pour provoquer la décharge (cf. Figure I.9-b)
[ESD-STM 5.3.1.] [AEC-Q100-011]. Dans le cas d’un test de type « charge par induction »
(Field-induced Method) le plateau est premièrement élevé au potentiel de la décharge. La
puce électronique sous influence totale du plateau est ainsi au même potentiel que ce
dernier et la capacité représentant le couplage reste déchargée. La décharge se produit
lorsque la pointe de test s’approche suffisamment d’une patte du circuit. Après amorçage de
l’arc, un courant charge la capacité (cf. Figure I.9-a). La pointe restant en contact avec la
patte stressée, le plateau est mis à la masse via une forte résistance et la capacité se
décharge lentement. Une fois déchargée la pointe est relevée [JESD22-C101-B.01] [ESDSTM 5.3.1.] [AEC-Q100-011].
Une variante de ce dernier test consiste à relever la pointe une fois le circuit chargée. Le
potentiel du plateau est ensuite abaissé à la masse pour se replacer dans le cas du premier
test décrit. La pointe de test peut descendre une seconde fois pour une nouvelle décharge
de signe opposé à la première. Les deux méthodes de test sont ainsi associées à la charge
ou à la décharge de la capacité de couplage. A ces deux méthodes s’ajoute également la
possibilité d’utiliser un relais entre la pointe de test et le CST pour simuler le claquage de l’air
entre la pointe et la patte stressée (Contact-mode discharge). Le test CDM profite alors de la
répétabilité de fermeture du relais mais s’éloigne du phénomène naturel [RENN’91] [ESDSTM 5.3.1.]. Il existe finalement plusieurs façons de reproduire une décharge CDM. Par la
suite, nous utiliserons une méthode de charge par induction sans relais.
29 / 148
b)
a)
V
Pointe A
ICDM
-
-
Pointe B
ICDM
- CCST
+ +
+ +
CCST
CCST
V
Figure I.9 : Présentation des méthodes de charge par induction a) et de charge directe b).
Le courant de décharge peut toujours être approximé par le courant d’un circuit RLC.
Contrairement aux deux modèles précédents, les éléments parasites du testeur et du boîtier
ne peuvent plus être négligés puisqu’ils définissent la capacité de couplage du CDM. Nous
verrons dans le chapitre suivant qu’un simple modèle RLC est limité. Cependant, nous
commençons par sa présentation pour aborder simplement le sujet. Il n’existe donc aucun
jeu de valeurs RLC défini dans une norme pour simuler le courant de décharge. L’inductance
du circuit est généralement associée à la longueur de la pointe de test, la résistance est
associée à l’arc électrique, et la capacité est définie par le couplage entre les éléments
conducteurs du boîtier avec le plateau de charge. Les valeurs typiques des capacités mises
en jeux sont de quelques Pico Farads, l’inductance mise en jeu est de quelques Nano Henry,
la résistance est d’une dizaine d’Ohm. La simulation du courant de décharge varie donc
suivant le modèle du testeur, le modèle de l’arc électrique, et suivant la puce électronique.
Figure I.10 : Modules de vérification ESDA de 4pF et 30pF.
Les normes CDM définissent les gabarits des courants qui doivent être mesurés sur des
modules de vérification correspondant à des couplages capacitifs purs avec le plateau de
charge. Par la suite, nous travaillons avec la norme ESDA. Deux modules de vérification
sont utilisés (cf. Figure I.10). Un module est constitué d’un disque conducteur gravé sur un
substrat. Une fois posé sur un plan conducteur, il forme une capacité avec ce plan. Celle-ci
est définie par la constante diélectrique du substrat, par son épaisseur, et par la surface du
30 / 148
Chapitre I Généralités sur les décharges électrostatiques
disque de cuivre. Avec des diamètres de 9mm et 26mm, les deux modules sont
respectivement associés à des capacités nominales de 4pF et 30pF.
Les deux schémas suivant montrent les modèles CDM simples dans le cas de la charge par
induction et dans le cas de la charge directe. Les éléments RLC restent identiques, seules
les conditions initiales changent. La charge par induction correspond à une capacité de
couplage initialement déchargée (cf. Figure I.11), tandis que la charge directe correspond à
une capacité de couplage initialement chargée (cf. Figure I.12).
LTEST
RARC
ICDM
ZCST << RARC
CCST
VCDM
V
V
Figure I.11 : Modélisation simplifiée du CDM dans le cas de la charge par induction.
LTEST
RARC
ICDM
VCDM
ZCST << RARC
CCST
Figure I.12 : Modélisation simplifiée du CDM dans le cas de la charge directe.
Dans les deux cas présentés, le sens du courant ne change pas si la tension de stress reste
positive. L’expression du courant est donnée par son équation dans un circuit RLC en
régime oscillatoire.
⎞
⎛ R
V
I (t ) = CDM ⋅ exp⎜⎜ − ARC ⋅ t ⎟⎟ ⋅ sin (ω ⋅ t ) avec ω =
LTEST ⋅ ω
⎝ 2 LTEST ⎠
2
R
1
− ARC 2
LTEST C CST 4 LTEST
Équation I.9 : Expression simplifiée du courant de décharge ICDM.
Connaissant les ordres de grandeur des éléments RLC du modèle, le courant de décharge
est simulé pour le module de 4pF et une tension de 1kV. L’inductance est fixée à 6,5nH et la
résistance à 28Ω. Due aux petites valeurs des éléments L et C -généralement rencontrées
31 / 148
dans le domaine des hautes fréquences- la décharge est très rapide. De plus, la faible valeur
de résistance entraîne un maximum de courant très élevé (cf. Figure I.13).
16
Courant [A]
12
8
4
0
-4
-8
0.E+0
1.E-9
2.E-9
Temps [sec]
3.E-9
4.E-9
Figure I.13 : Courant CDM typique pour une décharge de 1kV sur une capacité de 4pF. L = 6,5nH, R = 28Ω.
Nous constatons pour le cas simulé que la durée du courant n’excède pas 3ns et le
maximum atteint 16A. Les tensions de décharges proposées par la norme ESDA s’étendent
de 125V à 2kV. Les gabarits auxquels doivent correspondre les courants mesurés sont
linéaires avec ces tensions. Pour le cas simulé, le courant maximum doit être de 15A défini à
+
/-20%, le second pic doit avoir une amplitude au plus égale à 7,5A, et la largeur à mi-
hauteur du premier pic doit être inférieure à 400ps. Le modèle proposé permet ici de simuler
un courant conforme à la norme ESDA.
A partir de 500V une puce électronique peut être qualifiée de bien protégée vis-à-vis du
CDM. Cela correspond d’après les normes à un courant maximum de 7,5A.
I.2 Protection ESD intégrée
I.2.1
Principe d’une protection
La protection ESD est un circuit passif près des plots de connexions du circuit qui fonctionne
lorsque la puce électronique est non alimentée. Le but de la protection est de fiabiliser une
puce électronique vis-à-vis d’un type de décharge jusqu’au niveau de tension souhaité. Pour
éviter les dégradations, elle doit empêcher le courant de décharge de pénétrer dans le cœur
du circuit et également limiter la tension à ses bornes.
Dans ce mémoire, nous nous consacrons à l’étude des protections intégrées pour des
circuits CMOS. Les architectures d’entrées et de sorties de ces circuits sont toujours du
même type. Elles sont constituées d’inverseurs dont le rôle est d’interfacer les signaux
numériques extérieurs aux fonctions internes du circuit (cf. Figure I.14). Ces architectures
32 / 148
Chapitre I Généralités sur les décharges électrostatiques
sont souvent reprises dans plusieurs circuits différents. C’est pourquoi des circuits de test
contenant uniquement des entrées et des sorties sont caractérisés en ESD. Ces circuits sont
constitués de plots d’entrée, de sortie, et d’alimentation.
RBUS
VDD
VE
VS
Cœur du circuit
VSS
Figure I.14 : Schéma classique de la partie du circuit intégré de technologie CMOS étudiée en ESD. 4 plots sont
pris en compte : deux plots d’alimentation VDD et VSS, un plot d’entrée VE, et un plot de sortie VS.
L’étude d’une stratégie de protection se résume souvent à l’étude des chemins de courant
entre deux plots. Une première patte de la puce est connectée à la source de la décharge et
une seconde patte est mise à la masse (cf. Figure I.15). Le but de la protection est alors de
dériver le courant du cœur du circuit quels que soient les deux plots stressés, et un chemin
de courant doit être prévu pour tous les couples possibles.
Le composant élémentaire joue le rôle d’un interrupteur parallèle à la partie à protéger. En
fonctionnement normal du circuit, c'est-à-dire lorsque le circuit est alimenté, la protection ne
doit pas altérer les spécifications du circuit. C’est uniquement lorsque la puce est manipulée
que la protection doit jouer son rôle si une décharge a lieu. La protection se déclenche alors
pour dériver le courant par chemin de faible impédance. L’interrupteur parfait n’existant pas,
un circuit fermé est toujours faiblement résistif. Son efficacité va dépendre des rapports entre
les impédances des protections, du circuit à protéger, et de la source ESD. Les résistances
parasites des protections vont ainsi déterminer les chutes de tension dans la partie à
protéger.
Pendant les premiers instants de la décharge, l’interrupteur est ouvert et la protection se
comporte comme une forte impédance. La décharge a pour effet d’élever le potentiel du plot
stressé. La protection se déclenche ensuite de deux manières différentes. La première est
un déclenchement statique à partir d’une tension seuil à ses bornes. La seconde est un
déclenchement dynamique à partir d’une augmentation rapide de tension à ses bornes. Suite
au déclenchement, la protection se trouve dans un état de faible impédance, avec une
tension résiduelle à ses bornes. A partir de ce moment, le modèle de décharge est
généralement équivalent à une source de courant.
33 / 148
Modèle de la source ESD
Composant sous test
Plot 1
VESD
IESD
Plot 2
Cœur du circuit
Circuit de protection ESD
Figure I.15 : Analogie de la protection ESD avec un interrupteur.
Les protections ESD sont passives. La caractéristique courant-tension I(V) d’une protection
permet de la sélectionner selon son emplacement dans la stratégie de protection (cf. Figure
I.16). Entre deux plots dont l’un a un potentiel plus élevé que le second en fonctionnement
normal du circuit, la protection utilisé est unidirectionnelle est sa caractéristique I(V) doit se
rapprocher de l’interrupteur parfait avec une impédance quasi-nulle en directe. Le
composant utilisé est alors une diode. En utilisant un déclenchement dynamique, un
composant ayant une caractéristique se rapprochant de celle du court circuit est utilisé quels
que soient les potentiels des deux plots qu’elle protège. Enfin, une protection bidirectionnelle
à déclenchement statique est utilisée lorsqu’un plot a un potentiel plus élevé que le second
lorsque le circuit est alimenté, mais où la différence de potentiel ne dépasse pas une valeur
seuil. La protection se déclenche alors pendant la décharge lorsque cette valeur seuil est
atteinte.
La caractéristique à fort courant est obtenue par des mesures pulsées (cf. I.3.1). Elle est
représentative du comportement de la protection dans les gammes de durée et de courant
des ESD. Les informations fournies sont les suivantes :
•
Courant maximum avant la défaillance It20. Il correspond au courant qui peut
traverser une protection sans la dégrader.
•
Tension de déclenchement statique Vt1. Elle correspond à la tension à partir de
laquelle le composant devient passant ou à partir de laquelle il se retourne.
•
Tension de maintien VM. Elle correspond à la tension pour laquelle le composant est
passant dans le cas d’un composant à retournement.
•
La résistance à fort courant. Elle permet de calculer la tension aux bornes du
composant pour un courant important.
34 / 148
Chapitre I Généralités sur les décharges électrostatiques
Fenêtre de fonctionnement
I
It20
It20
Composant à
Diode
retournement
VM
VSS + 10%
VDD + 10%
Vt1
VOX / VBRK
V
Figure I.16 : Fenêtre de fonctionnement d’un élément de protection élémentaire ESD.
Une fois la protection déclenchée, la tension à ses bornes ne doit pas dépasser une valeur
maximale qui pourrait dégrader le circuit à protéger. Cette valeur est souvent définie par la
tension de claquage VOX de l’oxyde de grille de l’inverseur d’entrée parallèle à la protection
ou par la tension de déclenchement du transistor NMOS de sortie VBRK. De même, la tension
à ses bornes doit être supérieure à une valeur seuil pour éviter des déclenchements
intempestifs en fonctionnement normal du circuit. La caractéristique du composant
élémentaire de protection est donc contenue dans une fenêtre de fonctionnement définie par
le circuit à protéger. Cette fenêtre donne la limite haute de tension que le composant ne doit
pas dépasser et la limite basse en tension associée à une tension de fonctionnement du
circuit à laquelle est ajoutée une marge de sécurité de 10% (cf. Figure I.16).
I.2.2
A
Les composants élémentaires de protection
La diode
La diode est le composant de base présent dans toutes les stratégies de protection ESD.
Polarisée en direct, elle reste bloquée tant que la tension à ses bornes ne dépasse pas 0.6V,
et devient passante dès qu’un courant est injecté. La caractéristique suivante illustre son
comportement (cf. Figure I.17). Dans le domaine de fonctionnement ESD, des phénomènes
supplémentaires sont à prendre en compte dont le comportement à forte injection qui a pour
conséquence d’augmenter la résistance de la diode. Deux types de diodes sont utilisés. La
diode N+PWELL est constituée d’une zone dopée N dans un caisson dopé P. La diode P+NWELL
correspond à l’inverse. La première est utilisée entre le plot à protéger et le bus VSS du circuit
et la seconde relie le plot avec le bus VDD.
35 / 148
Figure I.17 : Caractéristique typique d’une diode.
B
Le ggNMOS
Ce composant se déclenche de façon statique dès que la tension à ses bornes est
supérieure à une tension seuil (cf. Figure I.18). Il est utilisé afin de laisser passer le courant
pour des tensions supérieures à la tension d’alimentation.
Un ggNMOS est un transistor NMOS dont la grille est connectée à la source. Le transistor
est donc à l’état bloqué. Lorsque la tension à ses bornes est suffisante, la jonction N+PWELL
du côté drain entre en avalanche. Cette diode correspond à la jonction base-collecteur du
transistor bipolaire parasite NPN sous le transistor NMOS (cf. Figure I.19). Lorsque le
courant d’avalanche est suffisant, le transistor bipolaire devient passant. Sa conduction est
alors auto-entretenue par une partie du courant collecteur. Lorsque celui-ci augmente, la
contribution du courant d’avalanche diminue, l’avalanche est remplacée par l’effet transistor.
La chute de tension aux bornes du transistor diminue et devient égale à sa tension de
saturation. On dit que le transistor se retourne.
Courant [A]
0.4
0.3
0.2
6,5V : Tension de maintien
0.1
11,2V : Tension de déclenchement
0
0
2
4
6
8
Tension [V]
Figure I.18 : Caractéristique typique d’un ggNMOS.
36 / 148
10
12
Chapitre I Généralités sur les décharges électrostatiques
La tension à partir de laquelle le transistor bipolaire se déclenche est appelée tension de
déclenchement (triggering voltage). Une fois abaissée, la nouvelle tension aux bornes du
transistor est appelée tension de maintien (holding voltage ou snapback voltage). La
modélisation compacte d’un ggNMOS est délicate car elle demande une modélisation de
l’effet d’avalanche [MERG’01].
RC
Drain
Grille
Source
IAVL
N+
N+
P+
RSUB
IAVL
RSUB
RE
Caisson PWELL
Figure I.19 : Principe du transistor ggNMOS et schéma électrique associé.
La résistance substrat reliant le caisson à la masse du circuit a un rôle important sur la
caractéristique du ggNMOS [SALO’98]. En effet, elle est parallèle à la diode base-émetteur
du bipolaire, et ce n’est que lorsque le courant d’avalanche qui la traverse devient suffisant
que la diode est polarisée en direct rendant ainsi le bipolaire passant.
C
Le thyristor
Grâce aux transistors bipolaires parasites de la technologie CMOS, il est possible de réaliser
des structures de type thyristor appelées LSCR (Lateral Silicon Controlled Rectifiers)
[CAIL’03]. Le thyristor est un composant de protection classique avec une caractéristique
I(V) similaire au ggNMOS, c'est-à-dire présentant un retournement. Le point fort du thyristor
est une tension de maintien très faible de l’ordre de quelques Volts, inférieure à celle d’un
ggNMOS. L’inconvénient majeur est un déclenchement assez lent. Ce composant n’est pas
étudié dans ce manuscrit, nous ne nous attacherons pas plus à sa description.
D
La protection à déclenchement dynamique
Cette protection est constituée d’un filtre RC passe bas qui commande un interrupteur à
base de transistors CMOS. Dès qu’un évènement ESD a lieu, le filtre déclenche l’interrupteur
qui laisse passer le courant (cf. Figure I.20). La fréquence de coupure du filtre doit être
suffisamment haute pour que l’interrupteur reste bloqué pendant le fonctionnement normal
37 / 148
du circuit [WORL’95] [MALO’95] [CROF’96]. Pour que la protection se déclenche pendant
une décharge électrostatique, sa fréquence de coupure doit être inférieure à la fréquence de
coupure du signal de décharge. La constante de temps du modèle HBM étant de 150ns, elle
correspond à une fréquence de 6,7MHz. Cette fréquence étant assez faible par rapport aux
fréquences d’horloge des circuits numériques actuelles, ce type de protection n’est utilisé
qu’entre les plots d’alimentation. Le temps de montée de la mise sous tension d’un circuit
étant largement supérieur à la durée d’une décharge, la protection ne se déclenche pas en
fonctionnement normale du circuit.
VDD
R
Interrupteur CMOS
commandé
C
Figure I.20 : Schéma de principe d’une protection centrale à déclenchement dynamique.
I.2.3
Les stratégies de protection
A
La stratégie à protection centrale
Cette stratégie propose d’orienter les courants positifs entrant dans le circuit vers le bus VDD
et les courants négatifs vers le bus VSS, les deux bus étant eux-mêmes reliés par une
protection centrale bidirectionnelle (cf. Figure I.21). Chaque plot est ainsi relié à VDD par une
protection ESD de type unidirectionnelle, généralement une diode. Puis la protection centrale
bidirectionnelle relie le bus VDD au bus VSS. Lorsque le potentiel du plot stressé est élevé
positivement par rapport au potentiel du bus VSS, un courant de décharge est établi dans le
circuit traversant successivement les deux protections. De même chaque plot de connexion
est relié au bus VSS par une seconde protection unidirectionnelle de type diode. Dès que le
potentiel du plot stressé est élevé négativement par rapport au potentiel du bus VSS, la diode
est polarisée dans le sens direct et laisse passer le courant de décharge. Tous les plots sont
finalement reliés au bus VSS, ainsi un chemin dérivatif de courant existe quel que soit le
couple de plots mis en jeu.
38 / 148
Chapitre I Généralités sur les décharges électrostatiques
Stress ESD positif
VDD
Cœur du circuit
Protection centrale
bidirectionnelle
VSS
Stress ESD négatif
Figure I.21 : Schéma de principe d’un circuit de protection intégré à stratégie centrale.
B
La stratégie à protection locale
Cette stratégie propose de relier tous les plots par des protections bidirectionnelles au bus
VSS (cf. Figure I.22). De nouvelles structures de protections élémentaires sont nécessaires
pour que la protection ne se déclenche pas en dessous de la tension maximum permise sur
un plot en fonctionnement normal du circuit.
VDD
Stress ESD positif
Cœur du circuit
VSS
Stress ESD négatif
Figure I.22 : Schéma de principe d’un circuit de protection intégré à stratégie locale.
I.3 Outils classiques pour développer des protections
I.3.1
La mesure pulsée en fort courant - TLP
Le but de la mesure pulsée en fort courant est de déterminer le courant maximum qu’une
protection ESD peut évacuer sans être dégradée avec la chute de tension à ses bornes. Le
39 / 148
TLP (Transmission Line Pulser) génère des impulsions carrées de courant sur le CST. Ce
composant est généralement une protection élémentaire, bien que certaines tentatives
concernent des circuits de test plus complexes [DRUE’04]. Utilisé pour la première fois dans
le domaine des ESD en 1985 [MALO’85], le TLP est devenu l’outil de mesure principal pour
obtenir des données expérimentales sur le comportement des protections intégrées dans les
domaines de temps et de courant des ESD. Le résultat d’une mesure est une caractéristique
courant-tension du CST pour des courants pouvant atteindre une dizaine d’Ampère.
La mesure pulsée a pour objectif de se rapprocher de la durée des décharges. De la même
manière que l’auto-échauffement d’un composant de protection est limité par la durée de la
décharge, cette limitation est reproduite par la durée des impulsions. La défaillance du
composant testé est souvent fonction de l’énergie envoyée, c'est-à-dire de la durée du
stress. Afin de se placer dans un domaine d’énergie comparable aux énergies mises en jeu
en HBM, la durée standard d’une impulsion TLP est de 100ns.
De nombreuses variantes de montage existent. A l’origine, afin de corréler le test HBM à la
mesure, le générateur TLP était configuré en source de courant. Pour cela le CST est
connecté en série avec une résistance élevée de 500Ω. Pour qu’il y ait adaptation
d’impédance, le tout est mis en parallèle à une résistance d’environ 55Ω (cf. Figure I.23).
RTLP = 50Ω
RS = 500Ω
LPARA
VTLP
RP = 55Ω
CPARA
ZCST << RS
Figure I.23 : Modèle d’un banc de mesure TLP.
Les impulsions d’amplitudes croissantes sont appliquées directement sur le CST. A une
amplitude donnée correspondent une tension et un courant à travers le dispositif. Dans le
montage initialement proposé, la tension est acquise directement par une sonde de tension
aux bornes du dispositif et le courant est acquis par une sonde à induction placée devant le
dispositif. Pour chaque impulsion, le courant et la tension sont moyennés à la fin de
l’impulsion sur une région quasi-statique afin de s’affranchir des réponses parasites des
sondes et de la réponse transitoire du dispositif. La caractéristique I(V) est ainsi reconstruite
point par point, chacun d’eux étant associé à une impulsion d’amplitude donnée.
L’impulsion carrée de forte amplitude est obtenue par la charge d’un câble coaxial via un
générateur à haute tension puis la décharge de celui-ci dans une seconde ligne de
transmission. Le commutateur utilisé est un relais mécanique. Les propriétés de l’impulsion
40 / 148
Chapitre I Généralités sur les décharges électrostatiques
ainsi générée sont une amplitude en tension égale à la moitié de la tension de charge, et une
durée d’impulsion proportionnelle à la longueur du câble.
Comme pour le HBM, des éléments parasites peuvent être pris en compte dans le modèle.
La chaîne de mesure n’est de plus pas représentée et il existe de nombreux moyens de
mesurer le courant et la tension aux bornes du CST. La déformation du pulse carré acquis a
deux origines. Premièrement, les éléments parasites liés au TLP déforment le pulse propagé
ce qui agît sur le stress du CST. Deuxièmement, suivant la méthode de mesure, celle-ci ne
sera pas exactement aux bornes du dispositif et une erreur systématique empêchera
d’exploiter les résultats sur les premières nano secondes du pulse. L’impulsion en courant
traversant le CST est simulé pour une tension TLP de 1kV (cf. Figure I.24). La mesure est
supposée parfaite, directement aux bornes du dispositif. Une inductance parasite de 1µH
ainsi qu’une capacité parasite de 5pF sont ajoutées au modèle.
Courant [A]
1.5
1.0
0.5
0.0
-0.5
0.E+0
1.E-7
Temps [sec]
2.E-7
Figure I.24 : Pulse TLP typique pour une tension de consigne de 1kV et une durée de 100ns.
Sur cet exemple, la mesure du courant ne peut être moyennée qu’après les 25 premières
nano secondes du signal. Avec une résistance série de 500Ω, une tension de charge de 1KV
correspond à un courant d’environ 1A.
I.3.2
La prédiction par simulation
Le but de simuler une décharge est de prédire le résultat d’un test. Une bonne prédiction
permet d’obtenir les performances ESD requises lors de la première version du circuit. Dans
ce cas le test n’est plus qu’une validation des spécifications ESD d’une puce. Les
conséquences financières sur le coût de développement d’un produit méritent d’investir dans
de tels moyens de prédiction.
41 / 148
A
Simulation du comportement d’un composant élémentaire
Ce type de simulation s’effectue sur du silicium virtuel grâce aux outils TCAD (Technologie
Computer Aided Design). Dans le domaine des ESD, la simulation TCAD est utilisée pour
simuler le fonctionnement d’un composant, pour le comprendre et pour l’optimiser [DUVV’95]
[GUIL’02] [TREM’03]. Par exemple, il est possible de localiser les points d’échauffement du
dispositif et ensuite de développer des solutions pour limiter cet échauffement.
En mode simple, la simulation TCAD permet de simuler le composant lors de stress simples
de type « rampe de tension ». Associée à une mesure TLP, elle peut être ajustée sur la
mesure puis être validée. Le modèle peut aussi être utilisé dans des simulations en mode
mixte ou le silicium virtuel est couplé à des éléments SPICE. Le comportement du
composant de protection peut ainsi être étudié en couplant son modèle TCAD à un modèle
SPICE de décharge [FENG’03] [GOEA’04b].
Une première étape demande la génération du composant virtuel. Cela correspond à une
simulation TCAD du processus de fabrication du dispositif. Ce type de simulation doit être
calibré pour que le dispositif modélisé soit représentatif du dispositif réel. La seconde étape
est la simulation électrique du composant. Une difficulté est alors d’obtenir un résultat
correct, ce qui demande de mailler judicieusement la structure et d’utiliser des modèles
physiques adaptés à ce que l’on veut simuler. A cela s’ajoute la problématique de la
convergence de la simulation.
Dans le prochain chapitre, un exemple sur la modélisation TCAD d’un ggNMOS est donné.
Le modèle est ensuite repris dans le dernier chapitre pour illustrer l’importance du
comportement transitoire du ggNMOS pendant une décharge CDM.
B
Simulation du comportement d’un circuit
Associé à un critère de défaillance, le but d’une simulation à l’échelle d’un circuit est de
prédire à partir de quelle tension de décharge le circuit testé est dégradé. Pour cela, la
simulation doit renseigner sur les surtensions aux bornes des éléments à protéger et sur les
courants maximums à travers les protections [BEEB’98] [MERG’02].
Ce type de simulation demande différents modèles :
•
Un modèle de décharge électrostatique.
•
Un modèle de circuit, prenant en compte les parties représentatives du circuit
pendant la décharge électrostatique. Ce modèle reprend généralement la stratégie
de protection à laquelle sont ajoutés les étages d’inverseurs d’entrées et de sorties.
•
Des modèles ESD des composants de protections, prenant en compte les
aspects transitoires et fort courant de la décharge. Ces modèles sont généralement
issus de mesures TLP ou de simulation TCAD.
Ces modèles s’appuient sur différentes approximations et sont ainsi des sources d’erreur sur
le résultat final de la simulation. Il n’existe malheureusement pas de mesure sur le circuit
testé pendant un test ESD pour comparer une surtension ou un courant simulé à un résultat
42 / 148
Chapitre I Généralités sur les décharges électrostatiques
mesuré. On ne peut donc pas valider directement une simulation au niveau du circuit.
L’analyse de défaillance permet cependant de localiser à posteriori les défaillances, c’est le
seul outil permettant de confirmer ou de remettre en question une simulation.
I.3.3
L’analyse de défaillance
Il existe deux principaux types de défaillance : celles causées par les surtensions et celles
causées par les surcourants. Les surtensions interviennent aux bornes des dispositifs qui ont
une impédance grande devant l’impédance de la source ESD. Les surcourants interviennent
dans le cas contraire. Les défaillances engendrées par un courant se manifestent
généralement dans les interconnexions et dans les composants élémentaires de protection.
Une telle défaillance indique que le courant de décharge a dépassé le courant maximum
autorisé par la protection. Les défaillances engendrées par une tension se manifestent
surtout aux bornes des capacités, notamment aux bornes des oxydes de grille des
inverseurs d’entrées. Les deux types de défaillance sont liés. Une surtension aux bornes
d’un oxyde provoque un claquage de celui-ci ce qui engendre un très fort courant. De même,
un courant important dans une protection résistive peut engendrer une surtension à ces
bornes, dangereuse pour le circuit qu’elle protège. Ce dernier cas de figure est souvent cité
dans la littérature comme la défaillance typique causée par une décharge CDM. Finalement,
une décharge électrostatique provoque plusieurs types de défauts. Ces défauts peuvent être
des circuits ouverts, ceci est le cas lorsqu’une interconnexion se comporte comme un
fusible, des courts-circuits, ceci est le cas lorsqu’un courant important traverse la jonction
d’un transistor, ou simplement une augmentation du courant de fuite sur une entrée, ceci est
le cas lorsqu’un oxyde est percé mais que le défaut reste localisé (cf. Figure I.27-b). Des
défauts latents sont également engendrés, les oxydes sont alors fragilisés [REIN’95]. Ce
n’est qu’après une succession de décharges individuellement inoffensives qu’un défaut peut
être franchement constaté.
Lorsqu’un courant important traverse une interconnexion ou une jonction, l’autoéchauffement causé par l’effet joule est la cause principale de la défaillance. La température
critique correspond à la température de fusion du silicium dans le cas d’une jonction. Des
filaments correspondant à des courts-circuits sont alors visibles, entre le drain et la source
d’un transistor par exemple (cf. Figure I.25). L’échauffement d’un composant dépend de
l’énergie dissipée, elle-même proportionnelle à la durée du stress. La relation entre la
puissance dissipée par le composant et la durée nécessaire pour atteindre la défaillance a
déjà été étudiée par le passé. Il a été montré que cette durée était proportionnelle à l’inverse
de la puissance élevée au carré [WUNS’68].
43 / 148
Figure I.25 : Défaillance entre le drain et la source d’un transistor MOS causé par l’échauffement de la jonction.
Lorsqu’un oxyde est soumis à une tension, le phénomène de claquage du diélectrique est la
cause de la défaillance. Pour un diélectrique donné et une épaisseur donnée, la rigidité
diélectrique correspond au champ électrique à partir duquel le claquage se produit. De
nombreuses études ont été menées pour déterminer une relation entre la durée à la
défaillance et le champ électrique appliqué à l’oxyde [FONG’87]. Cette durée est souvent
tracée en fonction de l’inverse du champ électrique (cf. Figure I.26).
TBD [sec]
1/EOX [cm.V-1]
Figure I.26 : Durée à la défaillance d’un oxyde en fonction du champ électrique auquel il est soumis pour trois
épaisseurs d’oxyde différentes. [WU’00]
L’analyse de défaillance est le moyen à posteriori de connaître la faiblesse d’une protection.
Pour localiser les défauts engendrés par une décharge électrostatique, dans le but de
comprendre ce qui s’est passé, et corriger ou améliorer les protections, plusieurs techniques
sont utilisées [BUJ’94]. Des techniques non destructives existent, tels que la microscopie à
émission lumineuse ou l’utilisation des cristaux liquides. Les techniques destructives
nécessitent le retrait sélectif des couches du procédé de fabrication pour ensuite rechercher
44 / 148
Chapitre I Généralités sur les décharges électrostatiques
visuellement le défaut par des techniques de microscopie, tels que la microscopie
électronique à balayage -MEB-, la microscopie à force atomique -AFM-, ou la microscopie
électronique à transmission -TEM-. Des défauts typiques sur des oxydes de grilles
engendrés par une décharge CDM sont illustrés par les photographies suivantes. Elles ont
été obtenues par un microscope à balayage électronique.
b)
a)
Figure I.27 : Exemples de défaillances causées par une décharge CDM sur des oxydes de grille. a) correspond à
une grille « rognée » et b) correspond à un perçage.
I.4 Conclusion sur les généralités des ESD
Une décharge électrostatique intervient entre deux objets conducteurs à des potentiels
électriques différents. En caractérisation ESD, des décharges sont reproduites sur une puce
électronique lors d’un test, le rôle d’un des deux conducteurs étant joué par la puce. Trois
tests différents existent : le HBM, le MM, et le CDM. Le résultat est la tension de décharge
maximum que peut subir la puce sans être dégradée. En première approximation un modèle
RLC peut modéliser les trois tests.
Pour augmenter la fiabilité d’une puce électronique vis-à-vis des ESD, des protections sont
intégrés près des plots du circuit. Elles ont pour rôle de dériver le courant de décharge quel
que soit le couple de pattes stressées. Pour cela une stratégie de protection relie tous les
plots entre eux par des composants élémentaires qui jouent le rôle d’interrupteurs fermés
pendant la décharge. La décharge s’effectue ainsi en deux étapes. La première correspond
au déclenchement de la protection. Pendant ce déclenchement le composant qui subit la
décharge a une forte impédance. Après le déclenchement cette impédance devient très
faible. La source de décharge est alors équivalente à une source de courant.
Pour développer et dimensionner des composants élémentaires de protection ou des circuits
de protection complets, les outils de test ESD ne suffisent pas. La mesure pulsée en courant
permet d’obtenir des informations sur les caractéristiques I(V) des composants élémentaires
dans le régime de fonctionnement associé aux ESD. Cette mesure permet notamment de
connaître le courant maximum qui peut traverser la protection sans la détruire. La simulation
45 / 148
TCAD quant à elle permet d’étudier les phénomènes physiques à l’échelle du composant.
Enfin la simulation SPICE associée à des modèles ESD des composants permet de simuler
le comportement du circuit de protection pour prédire les défaillances du circuit.
En CDM, la problématique est différente. Le test ne sollicitant qu’une seule patte de la puce
électronique, le modèle RLC est mal adapté pour simuler la décharge au niveau du circuit de
protection. De plus, les chemins de courant de décharge à l’intérieur de la puce ne sont pas
connus à priori. Ainsi rien n’indique que les circuits de protection HBM ou MM soient adaptés
à une protection CDM puisque ceux-ci offrent des chemins de courant de décharge pour des
couples de pattes déterminés. Enfin la simple considération du courant de décharge CDM
indique que les composants de protection élémentaires travaillent dans des domaines de
courant et de durée différents des domaines associés au HBM ou au MM. Les modèles de
composants ESD ainsi que les outils de mesure et de simulation ne sont à priori pas adaptés
à l’étude CDM.
Le chapitre suivant présente différentes façons de modéliser la décharge CDM et présente
les dernières méthodes expérimentales développées pour étudier les protections contre ce
nouveau type de décharge.
46 / 148
Chapitre II Problématique du CDM
Chapitre II
Problématique du CDM
II.1 Le courant de décharge et la capacité de couplage CDM
II.1.1
A
Le courant de décharge CDM
La mesure du courant
Le testeur CDM permet la mesure du courant de décharge pour contrôler sa conformité visà-vis des différentes normes. Ce courant est représenté par la tension aux bornes de la
résistance d’1Ω reliant le plan de masse à la pointe de test (cf. Figure II.1-Radial 1Ω
Resistor). Il correspond aux charges qui transitent par la patte stressée et qui sont stockées
dans le CST. Le courant ne durant que quelques nano secondes, une mesure haute
fréquence est nécessaire. L’évènement CDM étant de plus d’une répétabilité limitée, ceci
nécessite aussi une mesure à échantillonnage direct, appelée mesure simple coup.
Figure II.1 : Schéma d’un testeur CDM. [JESD22-C101-B.01]
La tension aux bornes de la résistance d’1Ω est mesurée en reliant cette résistance à
l’entrée 50Ω d’un oscilloscope numérique par une ligne de transmission coaxiale (cf. Figure
II.2). Dans le domaine des hautes fréquences, la résistance radiale ne présente aucune
composante inductive gênante. Il a cependant été montré dans la littérature que cette
47 / 148
résistance n’était calibrée qu’à 10% près ce qui signifie que l’incertitude de mesure est au
moins égale à ce pourcentage [GIES’03].
VCDM
CCST
CST
Courant de
Câble coaxial
décharge ICDM
50Ω
Entrée de
l’oscilloscope
1Ω
50Ω
Figure II.2 : Principe de mesure du courant de décharge CDM.
Lorsque le système de mesure n’a pas une bande passante suffisante, le courant pic est
filtré. Le courant mesuré est alors inférieur au courant réel (cf. Figure II.3). La fréquence
fondamentale du courant avoisinant souvent la bande passante des oscilloscopes actuels,
les normes précisent les courants pics devant être contrôlés en fonction de la bande
passante utilisée. La norme ESDA propose par exemple les bandes passantes 1GHz et
3.5GHz. Sachant que les oscilloscopes les plus rapides ont une bande passante de 13GHz
(cf. Tableau II-1), la mesure du courant pour des petits circuits devient difficile puisqu’à ces
circuits correspondent des durées de décharge très courtes.
500psec
100psec
1nsec
Figure II.3 : Erreur sur l’amplitude mesurée d’une impulsion en fonction de son temps de montée et de la bande
passante de l’oscilloscope. [IMBS’99]
48 / 148
Chapitre II Problématique du CDM
A
C
B
E
D
Bande Passante
5GHz
6GHz
7GHz
12GHz
13GHz
Echantillonage
20 Géch.sec-1
20 Géch.sec-1
20 Géch.sec-1
40 Géch.sec-1
40 Géch.sec-1
Temps de monté
90ps
75ps
62ps
35ps
33ps
Tableau II-1 : Comparatif des oscilloscopes numériques les plus rapides.
Pour toutes les mesures présentées, l’oscilloscope utilisé est le modèle le « A ». La bande
passante de 5GHz peut être limitée pour correspondre à celles précisées dans les normes.
En revanche, il est certain que le temps de montée n’est pas suffisant pour mesurer de façon
précise celui du signal CDM puisqu’il est du même ordre de grandeur.
La mesure du courant de décharge est la seule mesure associée au test CDM. C’est une
mesure externe qui ne renseigne pas sur les chemins empruntés par le courant dans le
circuit. Cette mesure donne cependant des informations importantes. Nous montrerons ainsi
dans le prochain chapitre que nous pouvons en extraire des paramètres pour modéliser la
décharge par un circuit RLC.
B
Les caractéristiques du courant
Le but de cette partie est d’étudier qualitativement le courant de décharge. Des mesures
sont effectuées sur les modules de vérification ESDA de 4pF et 30pF (cf. Figure I.10). Les
courants sont acquis avec la bande passante maximum de l’oscilloscope, soit 5GHz. La
tension de décharge est fixée à 250V. Une décharge sur le module de 4pF est premièrement
effectuée (cf. Figure II.4). Chaque point du signal correspond à un échantillon acquis.
Courant [A]
6
4
2
0
-2
0.E+0
1.E-9
2.E-9
Temps [sec]
3.E-9
4.E-9
Figure II.4 : Acquisition du courant CDM à 250V sur le module de 4pF.
Cette première acquisition illustre la difficulté de la mesure. La pseudo-période est ici égale à
1ns pour une capacité de couplage de 4pF et seulement 10 points constituent le pic de
courant acquis. Pour apprécier la répétabilité de la décharge et connaître la dispersion sur
49 / 148
les grandeurs tel que l’amplitude maximum du courant, 10 décharges sont acquises et
superposées pour les deux modules (cf. Figure II.5 & Figure II.6).
τr
∆t
Courant [A]
6
4
90%
2
10%
0
-2
0.E+0
1.E-9
2.E-9
Temps [sec]
3.E-9
4.E-9
Figure II.5 : 10 acquisitions successives à 250V sur le module de vérification 4pF.
Courant [A]
6
4
2
500mA
0
-2
0.E+0
1.E-9
2.E-9
Temps [sec]
3.E-9
4.E-9
Figure II.6 : 10 acquisitions successives à 250V sur le module de vérification 30pF.
La durée du courant n’excède pas 4ns. Le temps de montée est de l’ordre de la centaine de
pico seconde. A 250V, des courants de plusieurs Ampères sont mesurés. En comparaison,
le courant HBM décrit dans les normes pour cette tension est de 170mA. Une composante
continue d’environ 500mA est présente pour le module de 30pF.
Le tableau suivant résume les caractéristiques des acquisitions. Les incertitudes
correspondent aux écarts à 3σ des valeurs moyennes (cf. Tableau II-2). Les phénomènes
transitoires et hautes fréquences sont à prendre en compte dans une modélisation de
l’évènement CDM. Une bande passante de 5GHz permet de mesurer avec précision un
temps de montée de 200ps [AVTE’05]. Cela est suffisant pour la capacité de 30pF, mais
50 / 148
Chapitre II Problématique du CDM
insuffisant pour le module de 4pF. L’amplitude est certainement sous-estimée, et le front de
montée réel est certainement plus rapide.
Temps de montée τR
er
4pF
30pF
160ps
230ps
Durée ∆t entre les deux 1 extremums
0,44ns
0,75ns
Courant maximum IMAX
3,2+/-0,3A
6,0+/-0,2A
Courant minimum IMIN
1,5+/-0,4A
1,3+/-0,3A
Tableau II-2 : Caractéristiques importantes du courant CDM pour les modules de 4pF et 30pF.
A cause de l’arc électrique et de la sensibilité de la décharge aux éléments parasites
environnants, nous devons être critiques sur la qualité des mesures. Deux notions
permettent de juger si une mesure peut être exploitée :la justesse et la répétabilité. La
justesse représente l’écart entre un résultat de mesure et la valeur physique exacte. Si le
résultat n’est pas juste, la mesure peut généralement être corrigée. Au contraire, la
répétabilité des résultats est nécessaire pour que la mesure soit utilisée. Si la répétabilité est
correcte, des mesures successives donneront des résultats similaires. Dû à une répétabilité
limitée, la modélisation du CDM sera focalisée par la suite sur une modélisation globale. En
effet l’influence de paramètre comme la patte d’une puce testée est souvent noyée dans la
dispersion des courants mesurés (cf. III.2.3A). Par la suite, toutes les acquisitions seront
répétées une dizaine de fois afin de calculer des écarts types sur les grandeurs extraites.
Nous nous intéressons maintenant à la variation du courant en fonction de la tension de
stress. En effet les normes indiquent une linéarité entre la tension et le courant à mesurer.
Nous vérifions premièrement que les décharges positives et négatives sont symétriques.
Des courants sont acquis pour des tensions de 1000V et -1000V. Le courant associé à la
tension négative est inversé et les résultats sont superposés (cf. Figure II.7). Nous
constatons ainsi que les courants sont similaires au signe près.
15
Positif & -10dB
Courant [A]
10
Négatif & -10dB
5
0
-5
-10
0.E+0
1.E-9
2.E-9
3.E-9
4.E-9
Temps [sec]
Figure II.7 : Courants de décharge positive et négative pour une tension de 1000V sur le module 4pF.
51 / 148
Les atténuateurs -10dB et -20dB sont tous les deux utilisés par la suite et il est important de
vérifier que nous pouvons respectivement corriger les résultats par les facteurs 3,162 et 10.
Comme précédemment les courants associés aux acquisitions utilisant les deux atténuateurs
sont corrigés puis superposés (cf. Figure II.8). Nous ne constatons aucune différence
notable ce qui permet de valider l’utilisation des deux atténuateurs.
15
Positif & -10dB
Courant [A]
10
Positif & -20dB
5
0
-5
-10
0.E+0
1.E-9
2.E-9
3.E-9
4.E-9
Temps [sec]
Figure II.8 : Courants de décharge pour une tension de 1000V avec les atténuateurs -10dB et -20dB.
Pour les valeurs de tension précisées dans les normes, les courants sont acquis et reportés
dans deux graphes correspondant aux deux modules de vérification (cf. Figure II.9 & Figure
II.10). Chaque courbe représente la moyenne d’une dizaine d’acquisition.
25
125V
250V
500V
1000V
1500V
2000V
Courant [A]
20
15
10
5
0
-5
-10
0.E+0
1.E-9
2.E-9
3.E-9
4.E-9
Temps [sec]
Figure II.9 : Courant de décharge pour des tensions de 125V à 2kV sur le module de vérification 4pF.
52 / 148
Chapitre II Problématique du CDM
50
125V
250V
500V
1000V
1500V
2000V
Courant [A]
40
30
20
10
0
-10
-20
0.E+0
1.E-9
2.E-9
3.E-9
4.E-9
Temps [sec]
Figure II.10 : Courant de décharge pour des tensions de 125V à 2kV sur le module de vérification 30pF.
Le tableau suivant résume les courants pics en Ampère extraits pour chaque courbe. Les
courants sont reportés sur le qui suit (cf. Figure II.11).
125V
250V
+
+
500V
+
1000V
1500V
2000V
+
+
4pF IMAX
1,5 /-0,1
3,1 /-0,2
6,2 /-0,6
12 /-1
17 /-1
23+/-5
30pF IMAX
3,0+/-0,3
6,2+/-0,3
12+/-1
23+/-4
30+/-10
40+/-14
Tableau II-3 : Extraction des maximums de courant en fonction de la tension de stress CDM.
50
4pF
Courant [A]
40
30pF
30
20
10
0
0
500
1000
Tension [V]
1500
2000
Figure II.11 : Courant de décharge CDM en fonction de la tension de stress.
Au vue de la répétabilité des acquisitions pour une tension donnée, nous pouvons admettre
que le courant est proportionnel à la tension CDM, ce qui est en accord avec la littérature
[CARE’98]. Toutes les études suivantes seront finalement menées à 250V. Cette tension
53 / 148
n’est généralement pas dangereuse pour les circuits testés, elle correspond à un composant
de classe C2 [ESD-STM 5.3.1.].
C
Les origines du courant
Le testeur CDM et la puce électronique sont les deux principaux acteurs de la décharge. Ces
deux éléments sont couplés bien que nous les présentions séparément. Le couplage le plus
évident est le couplage capacitif entre les éléments conducteurs de la puce électronique et le
plateau de charge sur lequel elle est posée (cf. Figure II.12). Ce couplage est le coeur de la
décharge. Une seconde relation moins évidente est l’influence de l’épaisseur du boîtier sur la
distance entre le plan de masse et le plateau de charge du testeur.
Plateau de charge
CB
CB
CDP
CCI
CDP
CCI
: Capacité entre une patte et le plateau.
: Capacité entre le support du circuit (Die Paddle) et le plateau.
: Capacité entre le silicium et le plateau.
Figure II.12 : Couplages capacitifs à l’intérieur d’un boîtier de type TQFP (Thin Quad Flat Package).
Le modèle RLC est très simplifié et de nombreux autres éléments participent à la décharge.
Au boîtier couplé au testeur s’ajoute premièrement l’arc électrique, principal responsable de
la partie résistive du modèle. Cette résistance a un comportement non linéaire avec le
courant qui la traverse [RENN’91] [LIN’92]. Elle varie ainsi d’une décharge à une autre et
n’est pas constante au cours d’une même décharge [HYAT’92] [GREAS’99]. Le circuit de
décharge et ses composants de protection utilisés dans un régime fort courant demandent
également des modèles adaptés au CDM. Enfin nous verrons que la taille du substrat de
silicium joue aussi un rôle.
II.1.2
Mesure de la capacité de couplage
Il est admis dans la littérature que les charges stockées dans le boîtier suite à la charge de la
capacité de couplage transitent par le substrat du circuit. Le test CDM par la méthode de
charge directe est décrit dans les normes en se basant sur cette hypothèse [ESD-STM
5.3.1.]. Ainsi, la charge de la capacité s’effectue par la patte de la puce connectée au
substrat. Cela signifie qu’il est possible de mesurer la capacité directement entre cette patte
et le plateau de charge.
L’appareil de mesure est un « RCL mètre ». Cet appareil permet de mesurer tous les types
d’impédances (résistive, inductive ou capacitive) à partir d’une dizaine de milli Ohms jusqu’à
54 / 148
Chapitre II Problématique du CDM
une centaine de méga Ohms. La fréquence à laquelle l’impédance est mesurée peut
s’étendre de 20Hz à 1Mhz. Grâce au montage de type « pont auto équilibré », la mesure du
courant ne provoque pas d’erreur sur la mesure de la tension (cf. Figure II.13). L’appareil est
conçu pour des mesures à quatre bornes. Elles sont notées HC, HP, LC et LP. De cette
manière, les inductances parasites sont minimisées et les capacités parasites sont courtcircuitées. La tension aux bornes du dispositif est mesurée sur le point chaud (nœud H). Le
courant est mesuré entre le point froid (nœud L) et la masse. Le nœud L correspond à une
masse virtuelle.
LC
HC
HP
LP
Masse
virtuelle
Figure II.13 : Principe de la mesure d’impédance avec un RCL mètre. [AGIL’00]
La mesure est configurée à trois bornes. Elle aussi appelée connexion blindée à deux
contacts (cf. Figure II.14). Ce type de connexion permet de s’affranchir de la capacité
parasite parallèle au CST. Le RCL mètre est configuré en mode CPRP. Ce mode est optimisé
pour les mesures de faibles capacités. RP représente la fuite de la capacité, nous n’en
tiendrons pas compte par la suite. La fréquence de mesure étant fixée à 1MHz et les
capacités à mesurer étant de l’ordre de 10pF, les impédances à mesurer 1/Cω sont de
l’ordre de 16kΩ. Cela correspond au domaine d’impédance préconisé par le constructeur.
Figure II.14 : Connexion de type trois bornes. [AGIL’03]
55 / 148
La mesure est effectuée sous pointes sur deux types de plateau (cf. Figure II.15). Le premier
est conducteur et le second est recouvert du film isolant du testeur CDM [ESD-STM 5.3.1.].
RCL mètre
CP = …
RP = …
HC
LP
HP
LC
Ligne de transmission 50Ω
Tresse
CST
Patte GND
Sonde
Diélectrique
présent ou non
Plateau
Vide
Figure II.15 : Montage utilisé pour la mesure d’une capacité de couplage.
La première étape est le calibrage de l’appareil en effectuant un court circuit et un circuit
ouvert. Pour vérifier que la mesure donne des résultats justes, nous mesurons ensuite les
capacités des modules de vérification ESDA et ceci pour les deux plateaux. Dans le cas du
plateau métallique, cela permet de comparer les valeurs mesurées avec les valeurs
nominales. Cette mesure est d’ailleurs imposée par la norme ESDA pour vérifier la capacité
d’un module. Le tableau suivant résume les résultats.
4pF
30pF
ESDA MIN
3,8
28,5
CDUT
3,8
29,5
ESDA MAX
4,2
31,5
Tableau II-4 : Capacités mesurées des modules de vérification ESDA
Sur le plateau avec une épaisseur de diélectrique, nous mesurons maintenant les capacités
qui sont réellement mises en jeu lors du test CDM. Les résultats présentés dans le tableau
suivant seront utilisés dans le prochain chapitre lors de la modélisation du test CDM.
4pF
30pF
TQFP 48
BGA 64
TQFP 64
BGA 256
BGA 304
3,4
25,3
3,0
2,6
4,1
18,3
140,0
Tableau II-5 : Mesures de capacités de couplage pour différents CST.
56 / 148
Chapitre II Problématique du CDM
D’après ces résultats, mis à part le cas extrême du BGA 304, le module de 4pF est
représentatif d’un petit boîtier plastique (nbr de connexions < 100) et le module de 30pF est
représentatif d’un boîtier plus large (nbr de connexions > 100).
II.1.3
Approche à une échelle globale du CDM
Le but général d’une étude CDM est de prédire la tenue d’un circuit. Suivant l’objectif visé, la
modélisation de la décharge est effectuée à des échelles différentes. D’un point de vue
global, un circuit RLC amélioré peut modéliser le testeur couplé au boîtier. Cela permet de
simuler les courants de décharge, de comparer des mesures aux résultats de simulation, et
d’associer aux mesures des paramètres RLC reflétant le boîtier et le testeur utilisés. Des
résultats de test sur des boîtiers et des circuits différents peuvent alors être corrélés, et nous
pouvons prédire le résultat du test d’un produit dans un boîtier B connaissant les résultats du
circuit de test associé dans un boîtier A.
VCDM
LTEST
RTEST
LCST
ZCST << RTEST
CCST
CTEST
Figure II.16 : Approche globale du modèle CDM.
Dans le cas d’une modélisation globale, le boîtier et le testeur sont modélisés par deux
circuits RLC en série (cf. Figure II.16). Chaque composant du modèle est associé à un
élément du testeur ou du boîtier. Nous montrons dans le chapitre suivant que la capacité du
testeur est associée à la capacité entre son plateau et son plan de masse. L’inductance est
associée à la longueur de la pointe de test, et la résistance modélise en première
approximation l’arc électrique. Pour le boîtier, l’inductance représente la longueur de la patte
stressée à laquelle est ajoutée la longueur du fil de bonding. La résistance représente le
circuit stressé mais sera finalement négligée. Quant à la capacité, elle globalise tous les
couplages capacitifs entre les éléments conducteurs du CST avec le plateau du testeur.
Cette approche est équivalente à un circuit RLC si on se ramène à des valeurs équivalentes
de résistance, d’inductance, et de capacité. Les conditions initiales sur les charges des
capacités sont alors équivalentes à une capacité déchargée et à un générateur de tension
au potentiel VCDM. Le courant dans le circuit est ainsi donné par l’équation présentée dans le
1er chapitre. Bien que la décharge soit amortie, l’expression de son courant peut tout de
même être approximé par l’expression suivante.
57 / 148
I (t ) = VCDM
C
⎛ 1
⎞
⎛ R ⎞
⋅ exp⎜ −
⋅ t ⎟ ⋅ sin ⎜
⋅t ⎟
L
⎝ 2L ⎠
⎝ L ⋅C ⎠
Équation II.1 : Expression simplifiée du courant de décharge CDM.
A partir de cette expression les courants pics peuvent être calculés.
I P1 = VCDM ⋅
C EQUI
LTOT
⎛ R
⎛ 2
C EQUI
LTOT
⋅ exp⎜ − ARC ⋅
⋅ arctan⎜
⋅
⎜ R ARC C EQUI
⎜
LTOT
2
⎝
⎝
⎞⎞
⎟⎟
⎟⎟
⎠⎠
Équation II.2 : Expression simplifiée du premier pic de courant CDM.
I P 2 = VCDM ⋅
C EQUI
LTOT
⎛ R
⎛ 2
⎞⎞
C EQUI
LTOT
⋅ exp⎜ − ARC ⋅
⋅ arctan⎜
⋅
+ π ⎟⎟
⎜ R ARC
⎟⎟
⎜
LTOT
C EQUI
2
⎝
⎠⎠
⎝
Équation II.3 : Expression simplifiée du second pic de courant CDM.
∆t = π ⋅ LTOT ⋅ C EQUI
Équation II.4 : Intervalle de temps séparant les deux premiers pics de courant.
Les paramètres RLC peuvent être extraits de façon analytique à partir des courants pics et
de l’intervalle de temps les séparant en définissant deux nouveaux paramètres : K et τ
[RUSS’96].
K=
I P1
I P2
et
τ=
∆t
ln 2 (K ) + π 2
Équation II.5 : Définitions des paramètres K et τ.
R=
2 ⋅ L ⋅ ln (K )
∆t
L=
⎛ ln (K )
⎛ π ⎞ ⎞
VCDM
⎟⎟ ⋅τ ⎟⎟
⋅ exp⎜⎜ −
⋅ arctan⎜⎜
I P1
π
⎝ ln (K ) ⎠ ⎠
⎝
C=
τ2
L
Équation II.6 : Expressions des éléments R, L et C à partir des paramètres K et τ.
Cette méthode ne prend cependant pas en compte la chaîne de mesure et le courant pic
mesuré ne correspond pas exactement au courant de décharge (cf. Figure II.3). De plus le
modèle RLC est certainement incomplet et une composante continue du courant est
présente pour des décharges sur de fortes capacités de couplage (cf. Figure II.6). Les
courants pic sont ainsi des grandeurs peu fidèles aux courants réels et des précautions sont
à prendre sur leurs utilisations pour calculer des paramètres de modèle.
58 / 148
Chapitre II Problématique du CDM
II.2 Etude locale de la décharge
La simulation CDM la plus avancée permet de prédire sur le schéma d’un circuit les tensions
et les courants pendant une décharge et permet donc de prédire la défaillance du circuit.
Actuellement, ce type de simulation n’est concluante que sur des cas d’étude précis
[LEE’03] ou limité à des circuits simples [ETHE’04]. Pour que la simulation soit
représentative de la réalité, elle doit prendre en compte différents éléments : le testeur, l’arc
électrique, le boîtier, le substrat, et enfin le circuit. Un travail conséquent demande une
modélisation de chacun des éléments ainsi que des couplages des éléments entre eux
[GOEA’04a]. Le fondement de ce travail est toutefois remis en question au vue de la
limitation des mesures disponibles pour valider les modèles utilisés.
Une modélisation globale de la décharge CDM permet de corréler des résultats de tests.
D’un point de vu local, le but est de prédire la défaillance d’un circuit sur son schéma. Pour
cela, nous devons connaître de quelle manière les valeurs globales RLC sont réparties dans
le circuit. En effet, la capacité de couplage correspond à une résultante de toutes les
capacités entre les éléments conducteurs du boîtier, du circuit, et du testeur. Il en est de
même pour l’inductance. La connaissance de cette répartition nous permettrait de simuler les
courants et les tensions à chaque nœud du circuit, et nous indiquerait le stress électrique
subi. A ce niveau, nous devons étudier les couplages entre les éléments conducteurs du
boîtier, et les associer au circuit. Nous verrons que le substrat joue un rôle dans ces
couplages. La modélisation du boîtier devra également prendre en compte toute l’épaisseur
et la surface de silicium. Enfin, pour que les comportements simulés des composants du
circuit correspondent au comportement réel pendant le stress CDM, ceux-ci doivent être
modélisés pour des forts courants, et pour des hautes fréquences.
II.2.1
A
Rôle du boîtier et modélisation
Généralités sur les boîtiers
Importance du boîtier pour le CDM
Dans la littérature, l’importance du boîtier sur le résultat d’un test CDM a de nombreuses fois
été mentionnée [AVER’87] [BING’91] [VERH’94] [BROD’98]. La modélisation précise du
boîtier est cependant plus rare. Elle est de plus limitée à des cas précis [DOER’03]. En effet,
il existe de nombreuses familles de boîtier, et dans chaque famille le boîtier est constitué
d’éléments spécifiques. Les broches d’un boîtier DIP ont ainsi une influence sur le couplage
capacitif entre le composant testé et le plateau du testeur que n’ont pas les microbilles des
boîtiers de type BGA. Une des difficultés de la modélisation d’une décharge CDM est donc le
« cas par cas » de chaque composant testé. Dans chaque cas, les grandeurs globales sont
différentes, les chemins de courant à l’intérieur du boîtier sont différents, et le stress
électrique appliqué au circuit l’est sans doute également. Il existe ainsi de gros boîtiers,
auxquelles une grande valeur de capacité globale ainsi qu’une grande valeur d’inductance
59 / 148
pourront être associées, et inversement de petits boîtiers associés à des petites valeurs de
capacités et d’inductance. De plus certains boîtiers privilégierons un couplage entre ses
éléments conducteurs et le plateau alors que d’autres privilégierons le couplage entre la
surface du substrat de silicium sur laquelle est intégré le circuit et le plateau du testeur.
Les boîtiers céramiques et les boîtiers plastiques
Il existe deux grandes familles de boîtiers : les boîtiers céramiques et les boîtiers plastiques
[RICH’02]. Les boîtiers céramiques sont intéressants par leurs propriétés mécaniques et
thermiques. Ils sont relativement coûteux et souvent réservés à des applications militaires ou
aérospatiales. Ce sont des boîtiers classiques composés de trois parties : un corps en
céramique, un capot en métal ou en céramique, et les parties métalliques (Leadframe)
associées aux broches (Leads) et au support du circuit intégré (Die Paddle). Les plots du
circuit sont reliés aux broches par des fils d’or ou d’aluminium (Wire Bonding). Le circuit est
collé sur son support, et la colle peut être conductrice ou non. La cavité dans laquelle est
collé le circuit est recouvert par le capot, celui-ci est soudé pour rendre la cavité hermétique.
La photographie suivante illustre trois types de boîtiers céramiques représentés sans leurs
capots.
DIL 40
JLCC 44
QFP 44
Figure II.17 : Différents boîtiers céramiques.
Pour la majorité des produits fabriqués concernant le grand public, les boîtiers plastiques
sont utilisés. Par la suite, nous nous intéresserons uniquement à ce type de boîtier. Les
boîtiers plastiques diffèrent de par plusieurs critères :
•
Le type de montage sur une carte électronique, la grande différence étant les
puces électroniques destinées à être insérées dans un support (socket) et celles
destinées à être montées en surface (CMS).
•
Le nombre de connexions.
•
La taille.
•
La possibilité d’être utilisés pour des applications hautes fréquences.
Les boîtiers deviennent de plus en plus compliqués, la problématique étant d’intégrer de plus
en plus de circuits sur une surface de plus en plus petite en évacuant le maximum de
chaleur et en diminuant les éléments parasites pour des applications de rapidité croissante.
60 / 148
Chapitre II Problématique du CDM
Les boîtiers plastiques peuvent être séparés en trois grandes familles que nous allons
détailler.
Les boîtiers plastiques avec des broches
Les boîtiers standards de type DIP (Dual In Line Package), SOP (Small Outline Package), et
QFP (Quad Flat Package) sont tous constitués d’un « leadframe » sur lequel est connecté le
circuit intégré, le tout étant moulé dans une résine (cf. Figure II.18 & Figure II.19). Le boîtier
TQFP (Thin QFP) avec 48 broches est plus précisément étudié par la suite.
Figure II.18 : Schéma technique 3D du boîtier TQFP avec 48 broches et Schéma d’un bonding.
TQFP 64
TQFP 48
Figure II.19 : Photographies des boîtiers TQFP 48 et TQFP 64.
Les boîtiers plastiques avec des microbilles
Dans le cas des boîtiers BGA (Ball Grid Array), les broches du circuit sont remplacées par
des microbilles qui servent à souder le composant en surface d’une carte électronique. La
face arrière de la puce est constituée d’une matrice de microbilles ce qui permet un très
grand nombre de connexions (cf. Figure II.20 & Figure II.21). Les broches du circuit n’étant
plus présentes, ce type de boîtier permet de diminuer les effets de couplage
électromagnétique et les effets de retard des signaux. Plusieurs variantes de boîtiers
existent. Le PBGA (Plastic BGA) est le boîtier le plus simple. La puce est collée sur un
substrat (cf. Figure II.22). Ce substrat comporte des pistes de cuivre reliant les fils du
bonding d’une face aux microbilles de l’autre face. La puce et les fils du bonding sont
recouverts d’une résine. Dans le cas ABGA (Advance BGA), le haut du boîtier est métallique
et sert de refroidisseur. Cette partie sert également de support au circuit intégré. Le silicium
61 / 148
est alors placé à l’envers dans le boîtier par rapport au modèle PBGA standard. Les boîtiers
de type CSP-BGA (Chip Scale Package) sont encore plus petits. Leurs dimensions peuvent
être diminuées à la taille des circuits qu’ils contiennent. Enfin les boîtiers de type TBGA
(Tape BGA) utilisent un nouveau type de substrat permettant des connexions encore plus
courtes entre le circuit et les microbilles.
Figure II.20 : Coupe d’un boîtier BGA avec 64 microbilles.
BGA 304
BGA 64
BGA 256
Figure II.21 : Photographies des boîtiers BGA 64, BGA 256 et BGA 304.
Figure II.22 : Schéma d’un bonding de boîtier BGA 64 et substrat associé.
Pour tous ces différents boîtiers BGA, la technologie « Flip Chip » peut remplacer les fils du
bonding (cf. Figure II.23). Le circuit intégré est alors placé à l’envers sur le substrat du
boîtier, et les deux éléments sont reliés par des billes supplémentaires. Cela permet de
s’affranchir de l’inductance des fils du bonding et diminue ainsi les longueurs des
interconnexions. Les substrats peuvent également être très compliqués pouvant être
62 / 148
Chapitre II Problématique du CDM
composés d’une dizaine de couches de métal. Ils sont de plus adaptés à chaque produit. Un
boîtier BGA avec 64 broches est plus précisément étudié par la suite.
Microbilles du Flip Chip
Wire Bonding
Figure II.23 : Photographie des microbilles utilisées pour la technologie « Flip Chip ».
Autres type de boîtiers et systèmes SIP
Les boîtiers plastiques de nouvelle génération constituent la dernière famille. Ce sont les
boîtiers MLF (Micro Lead Frame), les boîtiers QFN (Quad Flat Non-Leaded), et les boîtiers
BCC (Bump Chip Carrier). Dû à leurs petites dimensions, tous ces boîtiers sont destinés à
des applications hautes fréquences.
Pour tous les types de boîtiers présentés, il est possible d’y intégrer plusieurs composants.
On parle alors de SIP (Système In Package). Ces composants peuvent être des circuits
intégrés différents mélangés à des composants CMS. Plusieurs techniques existent pour
connecter les circuits entre eux. Ils peuvent être mis côte à côte et reliés par des fils (cf.
Figure II.24) mais également superposé et relié par des microbilles (Flip Chip).
Figure II.24 : Exemple d’un bonding pour un système SIP avec deux circuits intégrés.
B
Extraction des paramètres RLC d’un TQFP 48 et d’un BGA 64
Le logiciel « Maxwell Q3D Extractor » permet à partir d’une géométrie donnée avec les
résistivités et les constantes diélectriques des matériaux, d’extraire les capacités de
couplage entre chaque élément métallique et de leurs associer une résistance et une
inductance. Le résultat d’une extraction se présente sous la forme de trois matrices
diagonales correspondant aux éléments RLC. La résolution des équations de Maxwell est
quasi-statique. Les phénomènes de propagation ne sont donc pas pris en compte ce qui est
généralement admis lorsque la taille des objets étudiés est plus petite que la longueur
d’onde associée à la fréquence maximum à laquelle les éléments RLC sont extraits.
63 / 148
Pour que l’extraction soit représentative du boîtier lors du test CDM, celui-ci est dessiné
entre deux plateaux conducteurs de surfaces égales à la surface du plan de masse du
testeur (cf. Figure II.25). Le plateau de charge est dessiné avec une couche de diélectrique
de 130µm d’épaisseur et de constante diélectrique égale à 4, conformément à la norme
ESDA. Le boîtier est placé au centre du plateau de charge. La pointe de test n’est pas
dessinée et une distance de 5mm sépare le plateau de charge du plan de masse. Cette
distance est représentative de la longueur de la pointe avec l’épaisseur du boîtier, et
détermine la capacité entre les deux plans. Le dessin du boîtier prend en compte les fils de
bonding. La longueur d’un fil contribue grandement à la valeur d’une inductance. Elle est
déterminée par la taille du substrat de silicium du circuit. Le circuit considéré ici est un circuit
de test d’entrées-sorties, sa surface est de quelques mm². Deux boîtiers sont étudiés et
comparés : le TQFP avec 48 broches et le BGA avec 64 microbilles. Dans les deux cas le
circuit intégré représenté est le même. Il s’agit d’un circuit test avec 48 plots. Pour le BGA,
16 microbilles sont donc flottantes.
Plan de masse
Plateau de charge
Figure II.25 : Dessin technique 3D de l’ensemble testeur + boîtier utilisé par le logiciel Q3D Extractor.
Extractions des éléments RLC du TQFP 48
Les résultats d’extraction sont associés aux différents éléments conducteurs de l’ensemble
dessiné. Les 48 broches du boîtier prolongées par les fils de bonding sont les premiers
éléments. Le support du circuit (die paddle), et les deux plateaux du testeur sont trois
éléments supplémentaires. Le tableau suivant illustre quelques résultats d’extraction.
Broche 1
Broche 6
R Broche + Bonding
129mΩ
106mΩ
L Broche + Bonding
3.8nH
3.0nH
C Broche / Die Paddle
150fF
59fF
C Broche / Plateau
85fF
53fF
C Broche / 1er Voisin
165fF
129fF
CDP [pF]
8,6pF
CPM [pF]
398fF
Tableau II-6 : Résultats types de l’extraction des paramètres RLC du boîtier TQFP 48.
64 / 148
Chapitre II Problématique du CDM
Les deux capacités les plus importantes sont associées aux capacités entre le plateau de
charge avec le plan de masse CPM, et entre le plateau avec le support du circuit CDP. La
géométrie du boîtier présentant des axes de symétrie, les broches n°1 et n°6 correspondent
à deux cas extrêmes. La broche n°1 est associée à un coin du boîtier. La broche n°6 se situe
au milieu d’une rangée. Nous constatons que les résultats associés à ces éléments sont du
même ordre de grandeur. La capacité entre la broche n°1 et le die paddle est plus forte que
pour la broche n°6. Cela s’explique par une distance plus petite entre les deux éléments
dans le cas de la première broche. Nous retenons que la capacité moyenne entre le plateau
et une broche est de 60fF. L’inductance moyenne est de 3,5nH.
Extractions des éléments RLC du BGA 64
Chaque microbille associée à la piste imprimée du substrat puis au fil du bonding forme un
conducteur. 48 conducteurs correspondent ainsi aux 48 connexions extérieures du circuit. Le
plateau du testeur et le plan de masse forment deux conducteurs supplémentaires. Le
tableau suivant illustre quelques résultats d’extraction correspondant à ces différents
éléments.
Min
Moyenne
Max
R Bille + Bonding
126mΩ
138mΩ
163mΩ
L Bille + Bonding
2.1nH
2.6nH
3.1nH
C Bille / Plateau
30fF
53fF
108fF
CPM [pF]
8,7pF
Tableau II-7 : Résultats types de l’extraction des paramètres RLC du boîtier BGA 64.
C
Mise en forme d’un modèle SPICE
A partir des matrices RLC précédentes, un utilitaire associé à Q3D Extractor permet de
générer une netlist SPICE modélisant tout les éléments extraits ainsi que leurs couplages.
Le modèle généré est de type T (cf. Figure II.26) [DOER’03].
Plan de masse
Broche/Microbille N
Broche/Microbille
Considérée
Côté
LCST/2
Couplage
RCST/2
inductif
Broche
LCST/2
RCST/2
Côté Plot
C
Die Paddle
Plateau de charge
Figure II.26 : Modélisation en T.
65 / 148
Ce type de modèle est classique dans le domaine des hautes fréquences. A chaque « lead »
sont associées deux bornes : « la borne du côté plot du circuit » et « la borne du côté
patte ». La résistance et l’inductance sont séparées en deux parties égales. Le nœud central
est relié aux autres éléments par les capacités de couplage. Les éléments R et L sont ainsi
distribués autour des capacités. Aux capacités de couplage s’ajoutent également des
coefficients de couplage inductif.
Une netlist SPICE représentant le boîtier TQFP avec 48 broches est générée. Nous
l’utiliserons dans le chapitre suivant avec un modèle de testeur. Nous en déduirons des
informations importantes sur la localisation des capacités de couplage.
II.2.2
Modélisation du circuit
La modélisation du circuit sous un stress ESD se résume souvent à la modélisation de la
protection ESD qui est la partie effective pendant la décharge, à laquelle sont ajoutés les
premiers étages d’inverseur du circuit. Si la stratégie de protection est correcte, la prise en
compte de ces éléments sera suffisante pour simuler les chutes de tensions et les courants
aux entrées du circuit, et ainsi prédire sa défaillance. Cette modélisation nécessite la
modélisation de tous les composants élémentaires constituant la stratégie de protection ainsi
que la connaissance des tensions critiques à ne pas dépasser.
Dans le cas CDM la problématique est de savoir comment répartir les grandeurs globales et
notamment la capacité de couplage sur le circuit modélisé. Peut-on se restreindre à des
capacités périphériques ramenées sur les plots du circuit ? Ou doit-on modéliser des
capacités au cœur du circuit, et dans ce cas prendre en compte la totalité du circuit ? J. Lee
prend en compte des couplages capacitifs entre le cœur du circuit et le plateau de décharge
[LEE’03]. Cela nécessite de modéliser ce circuit tout entier. La simulation de la décharge
correspond alors à un circuit précis.
Dans le cas où les capacités de cœur peuvent être négligées, une question subsiste. Doit-on
ramener les capacités sur le plot dont la protection est étudiée, ou doit-on prendre en compte
toutes les protections sur touts les plots ? Une étude élémentaire peut être restreinte à trois
plots : le plot stressé et les plots d’alimentation (cf. Figure I.16). Dans ce cas, la capacité doit
être répartie entre ces trois plots, mais de quelle manière ? Toutes ces questions n’ont
actuellement pas de réponse, et chaque auteur étudie des cas différents, en prenant en
compte des éléments différents.
Pour une modélisation globale, la mesure du courant de décharge nous autorise la
comparaison entre l’expérience et la théorie. Pour la modélisation locale, la comparaison est
plus problématique et il n’existe pas à ce jour de méthode expérimentale pour mesurer des
potentiels à l’intérieur du circuit pendant un stress CDM. Il est toujours possible de comparer
les courants de décharge mesuré et simulé pour vérifier une simulation CDM, mais cela n’est
pas suffisant pour affirmer avec certitude que le stress simulé au niveau du circuit
correspond au stress réel.
66 / 148
Chapitre II Problématique du CDM
VDD
RBUS
VE
XVDD%CCST
XVSS%CCST
XVE%CCST
VSS
Figure II.27 : Modélisation CDM d’un circuit testé.
II.2.3
Rôle du substrat
Nous devons faire la distinction entre le substrat d’un composant élémentaire associé à sa
zone de silicium reliée au bus VSS par une prise substrat P+, et le substrat du circuit constitué
de toute l’épaisseur de silicium. C’est à ce second substrat que nous nous intéressons. A
l’échelle du boîtier, il se comporte comme un bloc de silicium avec une résistivité donnée. Il
est souvent collé sur un support métallique (Die Paddle) avec une colle conductrice.
La littérature reste floue sur l’origine du couplage capacitif et sur les chemins de courant à
l’intérieur du boîtier pendant la décharge. A priori, une première partie du courant de
décharge peut être associée aux charges qui traversent le circuit pour être emmagasinées
par les éléments conducteurs du boîtier. Une seconde partie va charger la surface du
silicium. Selon les chutes de potentiel à sa surface pendant la décharge et selon
l’emplacement des prises substrats du circuit, des surtensions peuvent apparaîtrent dans le
circuit et provoquer des défaillances [SOWA’03]. Nous comprenons que la taille du circuit va
jouer un rôle sur le courant de décharge puisqu’elle définit la capacité de couplage entre la
surface de silicium et le plateau. Enfin une dernière partie du courant va traverser l’épaisseur
de silicium pour charger le support métallique sur lequel est collé le circuit.
Pour connaître la répartition de ces différents courants il est nécessaire d’utiliser un
simulateur électromagnétique prenant en compte la géométrie à l’intérieur du boîtier. Ce
simulateur doit travailler à plusieurs échelles puisqu’il doit prendre en compte le substrat de
silicium entouré des fils de bonding comme les éléments métalliques du circuit. Pour simuler
les courants, la simulation doit de plus être transitoire. Quelques essais ont été effectués
avec le simulateur TCAD. La structure dessinée correspond à un circuit de test d’entréessorties dans un boîtier de type TQFP48. La zone simulée représente l’espace entre le
support sur lequel est collé le silicium dans le boîtier et le plateau de charge (cf. Figure II.28).
De nombreux éléments ne sont pas pris en compte comme la colle ou les fils de bonding. Le
circuit est modélisé par le substrat de silicium et les deux derniers niveaux de métal
67 / 148
correspondant aux plots et au bus VDD et VSS. Le bus VSS est relié par une prise substrat au
silicium. La zone simulée est reliée à un circuit SPICE modélisant le testeur (cf. Figure III.2)
et à des diodes de protection entre le plot stressé et les bus.
a)
b)
Electrode correspondant
au plateau de charge
Bloque de
Die paddle
résine
Figure II.28 : Structure modélisé en TCAD. a) Vue externe. b) Même vue sans la résine du boîtier.
Mise à part la difficulté d’obtenir un maillage mélangeant des objets de plusieurs millimètres
avec d’autres de quelques micromètres, le plus gênant est qu’il n’existe pas de mesures
pour contrôler les résultats. Ce type de simulation nous renseigne cependant sur les
mécanismes de la décharge de façon qualitative.
La simulation associée à la structure modélisée nous renseigne sur l’évolution du potentiel
électrique à la surface du silicium au cours du temps. La figure suivante montre la répartition
de potentiel sur une coupe de la structure modélisée à la fin de la décharge au bout d’1nsec.
La simulation est effectuée pour une tension de stress égale à 250V.
Figure II.29 : Coupe de la zone simulée au bout d’1nsec.
Nous constatons ici que toute la surface du silicium ainsi que le support du circuit acquiert le
même potentiel, soit 230V Ce type de simulation est limité pour nous renseigner sur les
chutes de potentiel à l’intérieur du substrat. En effet, il serait nécessaire pour cela de prendre
en compte le circuit électronique avec l’emplacement des prises substrats, mais la simulation
TCAD n’est pas prévue pour ce genre d’étude. En revanche cette simulation permet
d’extraire une capacité de couplage entre le silicium et le plateau. Grâce à la simulation du
courant de décharge, nous pouvons calculer la quantité de charge emmagasinée par la
structure dessinée (cf. Figure II.30). Cette charge est évaluée ici à 171pC. Avec cette valeur
et celle du potentiel final de la puce, une capacité de couplage de 0,74pF est extraite.
68 / 148
Chapitre II Problématique du CDM
Courant [A]
2
1
0
-1
0.E+0
1.E-9
Temps [sec]
2.E-9
Figure II.30 : Courant de décharge simulé associé à la simulation TCAD.
Cette capacité tient compte du support du circuit. Elle est calculée pour une taille de silicium
donnée. Bien que ce résultat soit cohérent avec les ordres de grandeurs associés au CDM,
nous n’avons pas tenu compte des autres éléments conducteurs du boîtier.
Selon le type de boîtier, selon l’assemblage du circuit dans le boîtier, selon le type de
substrat utilisé, et selon la taille du circuit, le rôle du substrat ne sera pas le même. Dans le
chapitre suivant, lors des extractions globales des paramètres des dispositifs sous test, nous
considérons le boîtier comme l’ensemble boîtier et substrat. Cela permet de faire une nette
distinction entre les éléments dus au testeur, ceux dus au boîtier avec le substrat, et le circuit
lui-même.
II.2.4
Simulation TCAD des composants élémentaires
Dans le domaine ESD, la simulation TCAD est utilisée pour étudier le comportement d’un
composant vis-à-vis des courants élevés (1A typiquement). Dans le cas particulier du CDM,
elle permet aussi d’étudier le comportement transitoire du composant. Nous devons
cependant rester critiques sur les résultats de simulation puisque celle-ci doit être calibrée.
De plus, les modèle standard de matériaux utilisés en TCAD ne prennent pas toujours en
compte des courants aussi élevés qu’en ESD, ni des phénomènes transitoires aussi courts.
Nous illustrons cette partie par la simulation du retournement d’un transistor ggNMOS. La
structure utilisée reprend un transistor de technologie 0,13µm, mais avec une longueur de
canal égale à 0,25µm (cf. Figure II.31). La largeur du dispositif est fixée à 50µm. Cette
structure modélise ainsi un doigt élémentaire pouvant être dupliqué pour construire un
transistor multi-doigts. La figure suivante montre le maillage du transistor utilisé pour la
simulation électrique, resserré au niveau des jonctions.
69 / 148
µm
Dopage
+
+
Drain N
Source N
N
Prise P+
Caisson PWELL
P
Substrat P
Figure II.31 : Structure TCAD modélisant un ggNMOS de technologie 0,13µm.
Pour imposer les conditions aux limites sur la structure, quatre électrodes sont définies :
elles correspondent au drain, à la grille, à la source, et au substrat. L’électrode associée à la
source est commune à la prise substrat. Le fonctionnement de la structure est simulé de
façon quasi-statique selon une rampe en tension pour obtenir une caractéristique I(V). Cette
rampe est appliquée sur le drain par l’intermédiaire d’une résistance de 1MΩ pour favoriser
la convergence de la simulation. Tant que la structure n’est pas déclenchée la condition
s’apparente à une rampe en tension, dès que l’impédance de la structure diminue nous
obtenons une rampe en courant. Cela permet à la simulation de converger dans la région de
retournement du transistor. Pour le résultat présenté, l’échauffement du dispositif n’est pas
simulé. La caractéristique I(V) du transistor est simulée pour un courant atteignant 1A (cf.
Figure II.32). La tension de retournement est de 6,1V et la tension de maintien est de 3,7V.
1.0
Courant [A]
0.8
0.6
0.4
VM = 3,7V
0.2
25mA @ 4,4V
Vt1 = 6,1V
0.0
0
1
2
3
4
Tension [V]
5
6
Figure II.32 : Caractéristique I(V) quasi-statique du ggNMOS.
70 / 148
7
Chapitre II Problématique du CDM
L’intérêt d’une simulation TCAD est de visualiser à un instant donné les grandeurs qui nous
intéressent sur le dessin du composant (cf. Figure II.33). La figure suivante montre ainsi de
façon qualitative la répartition du courant entre le substrat et la source du transistor suite au
déclenchement de celui-ci, pour un courant total de 25mA (point entouré sur la
caractéristique).
Courant à travers
l’émetteur
Courant à travers
le substrat
Figure II.33 : Simulation du déclenchement du transistor.
La simulation n’étant pas calibrée, nous ne nous attacherons pas plus à ces résultats. Nous
pouvons cependant retenir l’ordre de grandeur de la valeur extraite pour la tension de
retournement : soit une tension comprise entre 5 et 10V. Cette étude est quasi-statique, sans
prise en compte du phénomène d’échauffement. Nous devons maintenant nous demander si
vis-à-vis de la durée de la décharge CDM, cette tension va évoluer, et dans quel sens. Ceci
est un des objectifs du dernier chapitre de cette thèse.
II.3 Outils de mesure spécifiques à l’étude du CDM
II.3.1
Mesures pulsées VF-TLP sur des composants élémentaires
Etudier un composant de protection élémentaire vis-à-vis des ESD correspond à étudier son
comportement vis-à-vis des courants élevés (1A à 20A). Deux approches existent. La
première consiste à tracer les caractéristiques des composants pour en extraire des
paramètres de modélisation. La seconde consiste à se rapprocher des conditions d’une
décharge CDM pour observer le comportement du composant pendant un stress. La mesure
VF-TLP correspond à la première approche.
De la même manière qu’un résultat de mesure TLP est corrélé avec un résultat de test HBM,
le but de la mesure VF-TLP est d’être associé au test CDM. Ce n’est que 15 ans après la
première publication sur le CDM que le VF-TLP a été développé pour l’étude des
composants dans le domaine d’énergie du CDM [GIES’96]. Pour cela, la technique de
mesure TDR (Time Domain Reflectometry) a été apportée au TLP standard afin de travailler
avec des impulsions de quelques nano secondes (cf. Figure II.34). Le VF-TLP se distingue
finalement du TLP par des méthodes de mesures du courant et de la tension différentes.
71 / 148
Impulsion
VTLP
RTLP = 50Ω
VTLP/2
Incidente VINC
Oscilloscope
Ligne de transmission
Impulsion
Z0 = 50Ω
ZCST
Réfléchie VREFL
Figure II.34 : Modèle d’un testeur VF-TLP. Montage de type TDR-S (TDR-Separate).
La méthode TDR consiste en l’acquisition des impulsions incidentes et réfléchies sur la ligne
de transmission reliant le générateur au CST. Si la longueur de la ligne entre l’oscilloscope et
le CST est suffisante, alors les impulsions sont séparées. La tension présente aux bornes du
dispositif lors de la réflexion est reconstruite par l’addition des deux impulsions. Quant au
courant ayant traversé le dispositif, il correspond à la soustraction des impulsions divisée par
l’impédance de la ligne de transmission (cf. Équation II.7).
VCST = VINC + VREFL
&
I CST =
(VINC − VREFL )
Z0
Équation II.7 : Expression du courant et de la tension aux bornes du dispositif mesuré - Montage TDR.
Le banc de mesure est donc principalement constitué d’un générateur d’impulsions et d’un
oscilloscope (cf. Figure II.35).
Oscilloscope
Générateur
d’impulsion
Machine à pointes
Figure II.35 : Photographie du banc de mesure VF-TLP.
72 / 148
Chapitre II Problématique du CDM
Les deux impulsions reconstruites correspondent finalement à la réponse transitoire du
dispositif sur la durée de l’impulsion. Pour s’affranchir des irrégularités préfrontales, on ne
considère qu’une partie des impulsions en définissant une fenêtre de moyennage (cf. Figure
II.36). Dans le cas où cette fenêtre délimite une zone de fonctionnement quasi-statique du
composant, nous pouvons moyenner les valeurs de courants et de tensions pour obtenir un
point stable de sa caractéristique I(V). Si au contraire la fenêtre délimite une zone où le
composant est toujours en régime transitoire, le courant et la tension aux bornes du dispositif
ne seront pas constants. Moyenner un résultat sur la première nano seconde ou sur la
dernière ne donnera donc pas les même caractéristiques I(V).
Fenêtres de moyennage
Impulsion
Impulsion
Incidente
Réfléchie
8
+
0.8
Courant [A]
Tension [V]
12
4
0.2
-4
0
5
10
Temps [ns]
15
20
caractéristique
0.4
0
0
1 point sur la
0.6
0
4
8
Tension [V]
12
Figure II.36 : Principe de la mesure TDR.
La caractéristique VF-TLP d’un composant dépend ainsi de la façon de traiter les données
acquises et il n’y a pas de règle dans ce domaine. Positionner la fenêtre de moyennage au
début d’une impulsion nous renseigne sur le comportement transitoire du composant, mais la
mesure risque de correspondre à la réponse des sondes. Au contraire, moyenner les
signaux à la fin de l’impulsion donne un résultat plus fidèle à la réponse réelle du composant,
mais l’aspect transitoire n’est plus présent.
Le résultat VF-TLP donne des informations pour développer les protections CDM. Deux
différences principales sont ainsi constatées entre un résultat TLP et un résultat VF-TLP (cf.
Figure II.37). Le courant maximum pouvant traverser une protection sans la détruire est
premièrement plus élevé. Cela se comprend assez bien puisque l’auto-échauffement du
composant est limité par la durée de l’impulsion. Il est alors possible de quantifier le courant
maximum que pourra laisser passer une protection CDM sans être dégradée en faisant
l’hypothèse que le courant de décharge traverse intégralement la protection. Ceci nous place
dans un cas extrême qui ne peut jouer que positivement sur le développement de la
protection. La deuxième différence avec le résultat TLP est que la réponse du dispositif au
bout de quelques nano secondes n’est pas la même qu’au bout d’une centaine de nano
seconde. Cela est dû à l’échauffement du dispositif d’une part, mais également à la réponse
73 / 148
transitoire du dispositif d’autre part. La caractéristique du composant peut être ainsi
différente et le composant peut également ne pas avoir eu le temps de se déclencher.
3
Courant [A]
5ns TDR VF-TLP
100ns TLP
2
1
0
0
2
Tension [V]
4
6
Figure II.37 : Comparaison d’une mesure TLP et VF-TLP sur une diode de technologie 0,25µm.
Le TLP est corrélé avec le HBM par l’énergie que la structure de test doit dissiper. La
démarche adoptée pour le VF-TLP est la même. La durée du pulse et son amplitude doit
correspondre à une puissance dissipée équivalente à celle dissipée lors d’une décharge
CDM. La corrélation entre un résultat VF-TLP sur un composant élémentaire et sur le
comportement du composant pendant la décharge CDM n’est cependant pas évidente. En
effet la mesure VF-TLP est à deux bornes, alors que pour un test CDM seulement une borne
du composant est sollicitée. De plus, il n’est pas certain que le courant de décharge transite
intégralement dans la protection reliée au plot stressé puisque tout le circuit prend part à la
décharge.
A la corrélation des résultats avec les comportements des protections pendant la décharge
s’ajoute la problématique de la mesure. La mesure VF-TLP est une mesure haute fréquence
à plusieurs giga Hertz, et une mesure à fort courant mettant en jeu des courants pouvant
atteindre la vingtaine d’Ampère. L’inconvénient majeur du montage précédent est
l’imprécision obtenue sur la mesure du courant par la somme des impulsions incidentes et
réfléchies. En effet, pour des dispositifs de faibles impédances, l’oscilloscope doit acquérir
deux impulsions de signes opposés sur sa pleine échelle. L’impulsion résultante de la
somme des deux autres sera alors de très faible amplitude. La précision absolue sur le
résultat de la somme étant définie lors de l’acquisition de l’impulsion initiale, la précision
relative de l’impulsion reconstruite sera alors très faible (cf. Figure II.37) [GOEA’05a]. Trois
autres types de montage VF-TLP existent pour améliorer la mesure. Chacun d’eux
correspond à des méthodes différentes pour mesurer le courant et la tension. Le principe de
base reste cependant le même : il consiste en l’envoi d’impulsions très courtes sur le CST et
en leurs acquisitions, qu’elles soient réfléchies, incidentes ou transmises.
74 / 148
Chapitre II Problématique du CDM
La première variante est la méthode TDRT (Time Domain Reflection and Transmission). Le
CST n’est pas directement relié à la masse, mais à une seconde ligne de transmission
connectée à une entrée 50Ω de l’oscilloscope (cf. Figure II.38).
VTLP
RTLP = 50Ω
ZCST
Ligne 50Ω
VTR
Ligne 50Ω
Oscilloscope
Oscilloscope 50Ω
Figure II.38 : VF-TLP Montage de type TDRT.
L’avantage de cette méthode est une mesure plus précise du courant traversant le CST. En
effet celui-ci correspond directement à la tension mesurée par l’oscilloscope en fin de ligne
(cf. Équation II.8). La tension est cependant toujours calculée à partir des impulsions
incidente et réfléchie, et la précision est limitée pour des forts courants.
VCST = (VINC + VREFL ) − VTR
&
I CST =
VTR
Z0
Équation II.8 : Expression du courant et de la tension aux bornes du dispositif mesuré - Montage TDRT.
La caractéristique obtenue est également différente. L’impédance du système de mesure est
cette fois ci égale à 100Ω, correspondant à l’impédance du générateur en série avec
l’impédance d’entrée de l’oscilloscope (cf. Équation II.9).
I CHRG =
VTLP − VCHRG
2 ⋅ Z0
Équation II.9 : Expression de la droite de charge pour une tension de stress VTLP donnée - Montage TDRT.
En conséquence, la pente de la droite de charge du VF-TLP pour une tension de stress
donnée est diminuée et moins de points de la caractéristique du composant se retrouvent
masqués en dessous de cette droite (cf. Figure II.39). En contre partie, pour une tension de
stress donnée et dans le cas d’un dispositif aux bornes duquel la chute de tension est faible,
le courant injecté dans le dispositif sera deux fois plus faible.
75 / 148
0.8
5ns TDRT
Courant [A]
5ns TDR-S
0.6
0.4
Points de mesures
supplémentaires
Droite de charge Z = 50Ω
0.2
obtenues par la
Z = 100Ω
méthode TDRT
0
0
2
4
6
8
Tension [V]
10
12
Figure II.39 : Comparaison d’une mesure TDRT et TDR-S.
La variante suivante est le montage de type TDT (Time Domain Transmission). Le CST est
toujours relié à la masse, mais la borne stressée est également reliée à l’entrée 50Ω de
l’oscilloscope (cf. Figure II.40).
VTLP
RTLP = 50Ω
ITR
VTR
Ligne 50Ω
Oscilloscope
ZCST
Oscilloscope
50Ω
Figure II.40 : VF-TLP - Montage de type TDT.
De cette manière, la tension VDUT est mesurée directement aux bornes du CST de façon plus
précise que par la somme des impulsions incidentes et réfléchies. En contre partie, une
partie du courant est dérivée vers l’oscilloscope.
VCST = VTR
&
I CST =
(VINC − VREFL )
Z0
−
VTR
Z0
Équation II.10 : Expression du courant et de la tension aux bornes du dispositif mesuré - Montage TDT.
D’après l’équation de la droite de charge de ce montage, le système est cette fois équivalent
à un générateur fournissant des impulsions d’amplitudes VTLP/2, et dont l’impédance est
égale à 25Ω.
76 / 148
Chapitre II Problématique du CDM
I CHRG =
VTLP 2 − VCHRG
Z0 2
Équation II.11 : Expression de la droite de charge pour une tension de stress VTLP donnée - Montage TDT.
Le désavantage de cette méthode est l’augmentation de la pente de la droite de charge qui a
pour conséquence de masquer un plus grand nombre de points en dessous d’elle. En
revanche le maximum de courant que peut fournir ce type de mesure est le même que dans
le cas de la méthode TDR basique.
Le dernier montage proposé correspond à une mesure de type « 4 pointes ». Les tensions
aux bornes du CST sont acquises par deux sondes ayant des fortes impédances (cf. Figure
II.41). Dans ce cas, très peu de courant est dérivé par les sondes et la mesure de la tension
ne perturbe pas celle du courant (cf. Équation II.12). Cette mesure a également l’avantage
de s’affranchir de la résistance de contact du CST avec la masse. Pour ce qui est de la
droite de charge de ce système, elle est similaire à celle du montage TDR.
VTLP
RTLP = 50Ω
Ligne 50Ω
ZMESURE
V1
Vers
Oscilloscope
ZCST
Oscilloscope
50Ω
V2
ZMESURE
Figure II.41 : VF-TLP - Montage de type 4 pointes.
VCST = V1 − V2
&
I CST =
(VINC − VREFL )
Z0
Équation II.12 : Expression du courant et de la tension aux bornes du dispositif mesuré - Montage 4 pointes.
Actuellement, c’est à ce type de mesure que correspondent dans la littérature les
caractéristiques I(V) les plus précises (cf. Figure II.42). Le graphe suivant illustre une telle
caractéristique suite à la mesure VF-TLP d’une diode avec des impulsions d’1ns. Le courant
atteint ici une valeur de 20A.
77 / 148
Figure II.42 : Résultats VF-TLP mesure 4 pointes. [GRUN’04]
Toutes les méthodes présentées nécessitent la mesure sur plaquette de silicium. En effet,
sur des durées aussi courtes que celles des impulsions VF-TLP, les éléments parasites du
boîtier déformeraient la réponse du dispositif. Pour optimiser les mesures, des sondes
hautes fréquences doivent également être utilisées pour être capables de travailler avec des
impulsions d’1ns [GOEA’04c] [GOEA’05a].
II.3.2
Mesures dans des conditions équivalentes au CDM
Ce type de mesure a été proposé récemment pour corréler les résultats VF-TLP avec les
performances CDM des structures de protection testées. La partie VF-TLP reste identique à
celle décrite précédemment, mais la mesure sur la plaquette de silicium est remplacée par
une mesure sur un émulateur de boîtier. Cette mesure a été baptisée CC-TLP (Capacitively
Coupled Transmission Line Pulsing) [WOLF’03]. Le but de l’émulateur est de reproduire sur
le composant testé l’effet du couplage capacitif entre le boîtier et le plateau du testeur.
L’émulateur est un circuit imprimé sur lequel est collé le circuit intégré comportant les
structures à tester. Le circuit intégré est connecté aux pistes du circuit imprimé par des fils
de bonding. Parmi les pistes, des disques sont gravés sur le circuit. Celui-ci étant posé sur
un plan de masse, les disques de cuivre forment des capacités avec le plan de masse
comme dans le cas des modules de vérification CDM. Un plot de la structure à tester est
relié au VF-TLP et le second plot est relié au disque. Le CST est ainsi stressé via un seul
plot, le second étant couplé capacitivement avec la masse. Rien ne démontre cependant que
le stress subi par le composant est équivalent au stress CDM, et le couplage de l’émulateur
avec la masse paraît simple comparé au couplage du circuit intégré avec le testeur CDM via
son boîtier.
78 / 148
Chapitre II Problématique du CDM
II.3.3
Mesures sur des structures de test spécifiques
Dans le cas de la décharge CDM, nous avons montré dans les généralités que les
défaillances principales étaient le claquage des oxydes de grille des étages d’inverseur en
entrée ou en sortie et le claquage de certains oxydes de grille dans le cœur du circuit (cf.
Figure I.27). Pour étudier l’efficacité d’une stratégie de protection, prenant en compte les
résistances des interconnexions, des structures de test dédiées à de telles études ont été
dessinées [EGGE’95] [STAD’03]. Elles comportent la stratégie de protection en parallèle à
un élément à protéger, souvent un oxyde de grille témoin connecté comme une capacité.
Même si la protection n’est pas dégradée, cela permet de constater que l’oxyde de grille peut
l’être, et de caractériser sa tension de défaillance.
II.3.4
Mesures sur un circuit
Les mesures précédentes sont effectuées sur des composants élémentaires de protection,
ou sur des structures simples comportant un composant de protection avec un composant à
protéger. Les mesures au niveau du circuit complet se développent petit à petit avec des
équipements de type TLP. L’inconvénient de ce type de mesure est la difficulté d’interpréter
les résultats puisque toute la stratégie de protection est testée en même temps et la réponse
obtenue correspond à plusieurs composants élémentaires.
La mesure idéale serait celle des potentiels et des courants dans le circuit pendant un stress
CDM afin de valider des simulations au niveau du circuit. Mis à part l’aspect haute fréquence
de la mesure, la difficulté se situe au niveau de l’instrumentation du testeur. Le testeur ne
permet pas de travailler au niveau de la plaquette de silicium et il n’est pas concevable de
poser des pointes de test pour mesurer des potentiels sur le circuit pendant la décharge. De
plus, le dispositif étudié étant constamment à un potentiel mal défini, il n’est pas non plus
concevable d’effectuer une mesure sans référence de potentiel stable.
Des solutions peuvent malgré tout être envisagées si le testeur CDM est remplacé par une
autre source de stress qui lui serait comparable. Grâce à un générateur d’impulsions très
rapide, et à un procédé de mesure ebeam, Luchies a obtenu des mesures de
déclenchement transitoire d’un ggNMOS directement sur un circuit [LUCH’94]. De même, il
pourrait être envisagé d’inclure dans le circuit une mesure intégrée permettant de donner
des potentiels en temps réel pendant le stress du circuit. Ceci est déjà utilisé dans les
gammes de temps du CDM pour étudier le bruit dans le substrat pendant les commutations
des transistors [ZHEN’00] [NAGA’00].
II.4 Conclusion sur la problématique du CDM
Dans les cas HBM et MM l’aspect prédominant des ESD était le courant élevé. En CDM, le
couplage électromagnétique entre le CST et le plateau du testeur est le cœur du
mécanisme. A l’aspect fort courant s’ajoute l’aspect transitoire. Aussi bien du point de vue
79 / 148
simulation que du point de vue mesure, ces deux aspects engendrent de nombreuses
contraintes.
Le courant de décharge est la seule mesure associée au test CDM. Cette mesure est la
seule source d’information sur la décharge. Le courant mesuré est extrêmement élevé de
l’ordre de la dizaine d’Ampère. La durée du courant demande une mesure haute fréquence à
plusieurs GHz. Enfin la nature événementielle de la décharge demande une acquisition
directe. Les dernières technologies d’oscilloscope sont ainsi utilisées pour une mesure
exploitable. Les différentes mesures effectuées indiquent que le courant est linéaire avec la
tension de décharge dans les gammes de tension présentées dans les normes, ce qui
simplifie par la suite les études en nous limitant à une tension d’étude unique de 250V. La
répétabilité limitée de la décharge limitera la précision des modèles développés en ne
permettant pas de les valider. Par la suite toutes les décharges sont répétées une dizaine de
fois pour obtenir une statistique raisonnable sur les résultats de mesure. La mesure du
courant ne permet pas de connaître comment celui-ci est répartie dans le circuit. Son origine
est la charge du couplage capacitif entre la puce électronique et le testeur, mais la puce
reste une boîte noire et les chemins de courant à l’intérieur de celle-ci ne restent que des
hypothèses.
La décharge CDM peut être modélisée de façon globale par un circuit RLC. Le couplage
électromagnétique entre la puce et le testeur est alors modélisé par une partie de
l’inductance et une partie de la capacité. Cette modélisation a l’avantage de s’appuyer sur la
mesure du courant et sur la mesure de la capacité. Ce type de modèle permet de simuler le
courant de décharge. Sous l’hypothèse que la dégradation du circuit est liée à une
surtension provoqué par ce courant à travers les protections et que l’on connaît le courant
maximum que peut subir un circuit, cette modélisation est idéale pour prédire des résultats
de test sans simuler le comportement du circuit.
D’un point de vu local, la problématique est de déterminer les chemins empruntés par le
courant lors de la décharge. Nous avons montrés que différents éléments sont susceptibles
d’être à l’origine du couplage capacitif entre la puce électronique et le testeur. La
connaissance précise de l’influence de chacun de ces éléments est nécessaire pour
connaître la distribution du couplage capacitif et ainsi connaître les chemins de courants à
l’intérieur du composant testé. Pour modéliser la décharge de façon locale et être capable de
simuler correctement le stress électrique appliqué au circuit testé, le boîtier, le substrat, et le
circuit de protection doivent donc être précisément modélisés. Cette modélisation est
cependant limitée par les moyens expérimentaux ne permettant pas de vérifier les modèles.
De plus nous avons montré qu’il est difficile de généraliser l’influence de chaque élément au
courant de décharge. La modélisation au niveau local de la décharge est ainsi à effectuer
cas par cas et le rôle du boîtier de type TQFP semble bien différent de celui du boîtier BGA.
En ce sens une modélisation globale est suffisante puisqu’elle ne donne aucune
interprétation sur l’origine du couplage mais se base sur une mesure pour lui associer une
80 / 148
Chapitre II Problématique du CDM
valeur. Il reste cependant à relier cette valeur globale au circuit pour simuler la décharge à
ce niveau, ce qui demande tout de même de connaître la répartition locale. Celle-ci devra
finalement faire l’objet de suppositions et il sera judicieux de se placer dans des cas
critiques. Dans le chapitre suivant, nous modéliserons la décharge dans plusieurs cas de
façon globale et nous proposerons une répartition de capacité pour une simulation au niveau
du circuit en se basant sur une étude du boîtier TQFP 48.
Expérimentalement, la mesure idéale permettrait de connaître des potentiels sur le circuit
testé pendant la décharge. Cela permettrait de valider un modèle de décharge au niveau du
circuit et nous renseignerait sur les chemins de courant à l’intérieur de celui-ci. En effet, ne
connaissant pas avec certitude ces chemins, il n’est pas garanti que les circuits de protection
classiques HBM soient adaptés à la décharge CDM. De plus les composants de protection
élémentaires sont peut-être sous dimensionnés, ou pas assez rapides. Différents outils sont
proposés ici. Ils ont tous pour objet d’étude des composants élémentaires ou des circuits de
protections simples. Ils ont comme but d’amener l’objet mesuré dans des conditions
électrique similaire au CDM en se basant sur des hypothèses. Si nous admettons que le
couplage capacitif se résume à des capacités entre les nœuds du circuit de protection et du
testeur CDM et si nous voulons simuler la décharge au niveau du circuit, une démarche
judicieuse est d’associer le cas critique au cas où la protection à étudier doit laisser passer
intégralement le courant de décharge. Cela demande alors un modèle transitoire à très fort
courant de la protection. L’utilité de mesures simples de type VF-TLP ou transitoires pour
extraire des paramètres de modélisation des composants élémentaires est alors justifiée. En
plus de ces mesures, sous l’hypothèse que l’expérience reflète le contexte CDM au niveau
du circuit de protection étudié, les mesures de type CC-TLP basées sur des émulateurs de
boîtier sont très intéressantes pour vérifier expérimentalement le bon fonctionnement de la
protection.
81 / 148
Chapitre III Modélisation d’une décharge électrostatique CDM
Chapitre III
Modélisation d’une décharge
électrostatique CDM
III.1 Modélisation du testeur à une échelle globale
III.1.1 Construction d’un modèle CDM
A
Présentation du testeur
L’appareil modélisé est le testeur Orion de marque Oryx et le test est de type « charge par
induction ». La documentation du constructeur [ORYX] et le logiciel Q3D Extractor (cf.
II.2.1B) sont utilisés dans cette partie pour mettre en évidence les éléments à modéliser et
ceux que l’on peut négliger. Les hypothèses d’extraction des éléments RLC sont les mêmes
que celles de l’étude des boîtiers, les phénomènes de propagation ne sont donc pas pris en
compte. Le testeur est dessiné avec le module de vérification ESDA de 4pF (cf. Figure III.1).
Cela permet d’obtenir une valeur de capacité pour valider l’extraction. Lors de l’étude, la
pointe de test était de 3mm au repos et d’1mm une fois le ressort comprimé. Dans le cas
simulé, la pointe est éloignée d’une distance de 50µm par rapport au disque de cuivre du
module de vérification. Le module et le disque ayant respectivement des épaisseurs de
0,7mm et 50µm, le plan de masse est finalement éloigné de 3,8mm du plateau de charge.
Vue 3D
Coupe 2D
3,8mm
Plan de masse
Module de vérification
Pointe de test
Plateau de charge
Figure III.1 : Dessin technique 3D du testeur CDM utilisé pour l’extraction des paramètres RLC.
83 / 148
Suite à l’extraction, trois éléments sont mis en évidence (cf. Tableau III-1) : une inductance
de quelques nH due à la pointe de test, une capacité de couplage de quelques pF entre le
module de vérification et le plateau, et une capacité d’une dizaine de pF entre le plateau de
charge et le plan de masse.
Inductance de la pointe de test
LTEST [nH]
Capacité du module de vérification
4pF
CCST [pF]
Capacité entre le plateau de charge
et le plan de masse
CPM [pF]
1,9
3,7
17,6
Tableau III-1 : Résultats principaux de l’extraction des éléments RLC du testeur.
La capacité extraite -3,7pF- est en accord avec la valeur mesurée -3,4pF- (cf. Tableau II-5).
Cela permet de faire confiance aux ordres de grandeurs des deux autres éléments.
B
Modélisation SPICE du testeur
Aux éléments LTEST, CCST et CPM s’ajoutent deux résistances mentionnées par le constructeur
[ORYX]. La première résistance RMES égale à 1Ω se situe entre la pointe de test et le plan de
masse. La seconde résistance RCHRG égale à 1 GΩ se situe entre le plateau de charge et le
générateur de tension. Nous ajoutons une résistance supplémentaire nécessaire à
l’ajustement des résultats de simulation aux mesures. Cette résistance est attribuée à l’arc
électrique. Enfin l’entrée de l’oscilloscope servant à l’acquisition du courant est aussi
modélisée. En effet, suivant sa bande passante, le pic de courant mesuré est plus ou moins
atténué. En se basant sur une impédance d’entrée de 50Ω et un temps de montée de 100ps
(cf. Tableau II-1), puis en associant cette durée à la constante RC d’un filtre passe bas, une
capacité de 2pF est ajoutée pour modéliser l’oscilloscope. Nous obtenons un premier
modèle SPICE du testeur (cf. Figure III.2).
C
Description du mécanisme de la décharge
Le modèle SPICE aide à comprendre le mécanisme du test CDM. Il se décompose en deux
étapes. Lors de l’étape de charge par induction, le circuit peut être réduit à la résistance de
charge RCHRG associée à la capacité de masse CPM. Bien que cette capacité ait parfois été
mentionnée dans la littérature [HENR’00] [GIES’03], son rôle n’a jamais été expliqué. Les
éléments conducteurs de la puce sont représentés par l’électrode « en l’air » de la capacité
CCST. Cette électrode, en influence quasi-total avec le plateau, reste au même potentiel que
celui-ci et le couplage capacitif est modélisé par la capacité CCST déchargée. Le potentiel du
plateau ainsi que celui des éléments conducteurs de la puce atteignent lentement le potentiel
défini par le générateur de tension CDM. Ce potentiel est atteint lorsque la capacité CPM est
entièrement chargée. Compte tenu de la valeur de la résistance reliant le plateau au
générateur de tension et de l’ordre de grandeur de la capacité entre le plateau et la masse,
une dizaine de milli seconde est nécessaire pour atteindre la charge par induction de la puce
électronique. Dans une seconde étape, la pointe de test descend au contact de la patte à
84 / 148
Chapitre III Modélisation d’une décharge électrostatique CDM
stresser. Dès que la distance est suffisante pour qu’il y ait amorçage de l’arc électrique, un
courant traverse la pointe pour charger la capacité de couplage CCST. A l’échelle de temps de
la décharge, la résistance d’1GΩ découple le plateau du générateur de tension. Le courant
de décharge équilibre les potentiels des deux capacités. La capacité CCST se charge
électriquement en puisant dans les charges de la capacité CPM. Dans le cas où la capacité
CPM est très grande devant la capacité CCST, sa charge ne variera pas pendant l’événement
CDM et le courant peut être simulé en remplaçant la capacité CPM par un générateur de
tension idéal. Cette hypothèse est rarement vérifiée. Pour de gros boîtier, la capacité CCST
est souvent supérieure à la capacité CPM (cf. Tableau II-5).
Plan de masse
RMES 1Ω
CPM 17.6pF
CE 2pF
RE 50Ω
LTEST
1.9nH
VCDM
ICDM
RARC
RCHRG
VCDM
1GΩ
Plateau de charge
CCST 3.7pF
Figure III.2 : Modèle SPICE du testeur CDM.
D
Hypothèses du modèle CDM
Sans tenir compte ni de la résistance de charge du plateau ni de l’entrée de l’oscilloscope,
nous obtenons le modèle RLC présenté au début du chapitre précèdent (cf. II.1.3). Le
tableau suivant résume les origines attribuées aux éléments RLC (cf. Tableau III-2). Les
causes associées aux incertitudes sur les valeurs de ces éléments sont aussi mentionnées.
Origine
RTOT
RMES + RARC + RCST
LTOT
LTEST + LCST
CTOT
CCST en série avec CPM
Source d’incertitude
RARC n’est pas constant.
LARC est négligé et LTEST varie puisque la pointe de test
s’écrase sur le CST.
CPM varie puisque le plan de masse descend avec la pointe
de test et CCST varie puisque le déclenchement des
protections n’est pas instantané.
Tableau III-2 : Origines attribuées aux éléments RLC du modèle CDM.
85 / 148
Dans la partie suivante, les paramètres RLC seront extraits de différentes mesures. Selon
l’origine attribuée à chaque élément, trois hypothèses sont utilisées. En voici la liste.
•
Hypothèse n°1 : L’arc électrique est modélisé par une résistance constante
pendant la décharge. Cela n’implique pas que sa valeur soit fixe d’un CST à un autre.
•
Hypothèse n°2 : La longueur de la pointe de test ne varie pas d’une décharge à
une autre, l’inductance associée est donc constante.
•
Hypothèse n°3 : Pour deux CST de même épaisseur la capacité entre le plateau de
charge et le plan de masse garde la même valeur.
III.1.2 Extraction des paramètres du modèle CDM
Le but de cette partie est de vérifier que le modèle proposé est suffisant pour simuler
correctement les courants de décharge. Une nouvelle pointe de test est utilisée dans cette
étude. Sa longueur est cette fois de 5mm. Les modules de vérifications de 4pF et de 30pF
sont utilisés pour représenter deux CST différents. Dans les deux cas, le CST est une
capacité pure et l’inductance du modèle est uniquement due au testeur. Pour soumettre le
modèle à un plus grand nombre de cas, une variation supplémentaire est introduite sur la
capacité CPM. Cette valeur est modifiée par l’ajout de blocs en aluminium d’épaisseurs
différentes entre le module de vérification et le plan de masse (cf. Figure III.3). La distance
« e » entre ces deux éléments est ainsi diminuée et la capacité est augmentée. Deux blocs
différents permettent d’obtenir 2 valeurs de capacités CPM supplémentaires. Les valeurs de
capacités sont grossièrement mesurées, et un écart de 10pF est constaté entre chacun des
cas proposés. Le tableau suivant résume les six cas (cf. Tableau III-3). La question est
maintenant de savoir s’il est possible d’extraire à partir des mesures des jeux de paramètres
RLC pour chacune des décharges en accord avec le modèle.
e
Bloc en aluminium
Figure III.3 : Coupe du testeur CDM avec le bloc d’aluminium utilisé pour augmenter la capacité CPM.
cas
CCST [pF]
CPM [pF]
Epaisseur [mm]
e [mm]
A
3,4
~20
-
5
B
3,4
~30
3,5
1,5
C
3,4
~40
4,5
0,5
D
25,3
~20
-
5
E
25,3
~30
3,5
1,5
F
25,3
~40
4,5
0,5
Tableau III-3 : 6 cas d’études pour vérifier le modèle du testeur CDM.
86 / 148
Chapitre III Modélisation d’une décharge électrostatique CDM
Une première méthode d’extraction basée sur les formules analytiques du chapitre
précèdent peut être utilisée (cf. II.1.3). Cependant à chaque décharge sera associé un jeu
différent de paramètres RLC et les hypothèses précédentes ne feront que surdéterminer le
problème. Afin d’être cohérent avec les hypothèses du modèle, nous procédons d’une
manière différente. A partir de la position des deux premiers zéros du courant de décharge,
la pseudo-période est extraite. En notant ∆t la distance entre les zéros, la formule suivante
relie cette grandeur avec les paramètres L et C du modèle.
2
⎛ ∆t ⎞
⎜ ⎟ = L⋅C
⎝π ⎠
Équation III.1 : Pseudo-période du courant CDM.
La capacité C correspond à la capacité équivalente aux capacités CCST et CPM en série. Elle
peut s’exprimer sous la forme suivante.
C = C CST
C PM C CST
1 + C PM C CST
Équation III.2 : Capacité équivalente.
Cette formulation met en évidence le rapport CPM/CCST. Si celui-ci est élevé, alors la capacité
équivalente correspond à la capacité de couplage et de petites variations de la capacité CPM
ne modifient pas la capacité équivalente.
Grâce à deux cas correspondant à la même capacité CPM (cas A et D par exemple), en
posant l’inductance et la capacité CPM constantes, nous obtenons un système de deux
équations à deux inconnues.
⎧⎛ ∆t 4 ⎞ 2
C PM C 4
⎟ = L ⋅ C4
⎪⎜
1 + C PM C 4
⎪⎝ π ⎠
⎨
2
C PM C 30
⎪⎛ ∆t 30 ⎞
= L ⋅ C 30
⎜
⎟
⎪ π
1 + C PM C 30
⎠
⎩⎝
Équation III.3 : Système permettant d’extraire L et CPM.
La capacité C4 correspond au module de 4pF et C30 au module de 30pF. Finalement
l’inductance et la capacité sont données par le système suivant.
2
2
⎧
∆t 4 − ∆t 30
=
C
⎪ PM
2
2
∆t 4 ⋅ C 4−1 − ∆t 30 ⋅ C 30−1
⎪
⎨
2
⎪
⎛ ∆t 4 ⎞
−1 1 + C PM C 4
⎪L = ⎜ π ⎟ ⋅ C 4 C
⎝
⎠
PM C 4
⎩
Équation III.4 : L & CPM en fonction des grandeurs mesurées.
87 / 148
En vue de la répétabilité des mesures, chaque intervalle de temps ∆t utilisé dans les
extractions est défini à plus ou moins 20ps (cf. Tableau III-4). L’intervalle de temps ∆t4
maximum associé à l’intervalle de temps ∆t30 minimum correspond aux capacités CPM
maximums et aux inductances minimums. Le croisement inverse renseigne sur les capacités
minimums et les inductances maximums.
∆t
A
B
C
D
E
F
0,40+/-0,02ns
0,43+/-0,02ns
0,46+/-0,02ns
0,68+/-0,02ns
0,85+/-0,02ns
0,98+/-0,02ns
Tableau III-4 : Intervalle de temps entre les deux premiers zéros de chaque mesure.
Nous obtenons tout de même trois valeurs d’inductance. Ces valeurs étant proches, la
solution adoptée a été de les moyenner (cf. Tableau III-5). Pour illustrer la sensibilité de
l’extraction de l’inductance et de la capacité en fonction des positions des zéros, les cas
extrêmes sont aussi présentés
CPM1 [pF]
CPM2 [pF]
CPM3 [pF]
L1 [nH]
L2 [nH]
L3 [nH]
LMOY [nH]
CMAX & LMIN
15
30
46
5,3
5,6
6,2
5,7
Standard
11
21
31
6,3
6,4
7,0
6,6
CMIN & LMAX
8
15
22
7,6
7,4
7,9
7,7
Tableau III-5 : Résultats des extractions des paramètres pour les six cas étudiés.
Nous constatons qu’il est difficile d’être plus précis sur les valeurs calculées. L’inductance
est déterminée à plus ou moins 1nH, et la plus forte valeur de capacité CPM est déterminée à
plus ou moins 10pF.
Pour obtenir une valeur de résistance, la formule présentée dans le chapitre précédent peut
être utilisée (cf. Équation III.5). Elle nécessite l’extraction des valeurs maximum et minimum
du courant, lesquelles sont peu fiables (composante continue du courant non prise en
compte dans le modèle et mauvaise acquisition de l’amplitude due à la bande passante de
l’oscilloscope). Les valeurs calculées de résistances sont finalement ajustées pour que
l’amortissement du courant simulé corresponde à celui du courant mesuré. Le tableau
suivant résume les extractions. Les valeurs extrêmes des résistances sont obtenues des
valeurs extrêmes de L et ∆T en gardant K constant. Sa valeur est calculée à partir des pics
de courant. Nous avons utilisé les inductances et les intervalles de temps du cas de
l’inductance minimum pour obtenir une valeur minimum de résistance, et le cas opposé pour
obtenir une valeur maximum.
R=
2 ⋅ L ⋅ ln (K )
∆t
Équation III.5 : Résistance en fonction de L et ∆t.
88 / 148
Chapitre III Modélisation d’une décharge électrostatique CDM
IP1 [A]
IP2 [A]
K
RMIN [Ω]
RSTD [Ω]
RMAX [Ω]
RAJST [Ω]
A
3.2
1.5
2.13
21
24
28
24
B
3.4
2.0
1.70
14
16
17
16
C
3.4
2.2
1.55
12
13
14
16
D
6,0
1.3
4.62
23
28
35
15
E
7.5
3.5
2.14
10
11
14
10
F
8.0
4.6
1.74
7
8
9
9
Tableau III-6 : Extractions des résistances associées aux décharges sur les différents boîtiers.
Nous obtenons finalement 6 modèles de décharge correspondant aux 6 cas étudiés (cf.
Tableau III-7).
cas
RTEST [Ω]
RARC [Ω]
LTEST [nH]
LCST [nH]
CCST [pF]
CPM [pF]
A
1
23
6.6
0
3,4
11
B
1
15
6.6
0
3,4
21
C
1
15
6.6
0
3,4
31
D
1
14
6.6
0
25,3
11
E
1
9
6.6
0
25,3
21
F
1
8
6.6
0
25,3
31
Tableau III-7 : Synthèse des extractions des paramètres pour les six cas étudiés.
Les superpositions des courants simulés et mesurés sont présentées sur les deux graphes
suivant (cf. Figure III.4 & Figure III.5). Les résultats associés au module de 4pF sont
comparés sur le premier graphe et ceux du module de 30pF sont comparés sur le second.
4
A/ CPM = 11pF
3
Courant [A]
B/ CPM = 21pF
2
C/ CPM = 31pF
1
0
-1
-2
-3
0.E+0
1.E-9
2.E-9
Temps [sec]
3.E-9
4.E-9
Figure III.4 : Décharges simulées Vs mesurées sur le module de 4pF avec 3 valeurs CPM différentes.
89 / 148
10
D/ CPM = 11pF
Courant [A]
8
E/ CPM = 21pF
6
F/ CPM = 31pF
4
2
0
-2
-4
-6
0.E+0
1.E-9
2.E-9
Temps [sec]
3.E-9
4.E-9
Figure III.5 : Décharges simulées Vs mesurées sur le module de 30pF avec 3 valeurs CPM différentes.
Bien que les courants simulés traduisent grossièrement les mesures, le modèle proposé
prend en compte les effets des capacités CCST et CPM. Pour le module de 4pF, la mesure
montre une diminution de l’amortissement pour une augmentation de capacité du plan de
masse. Le courant pic ainsi que la période sont en revanche peu modifiés. Le modèle prévoit
une différence sur les amplitudes du courant de 3,3 à 3,9A. Si nous calculons les capacités
équivalentes, nous constatons que la capacité du module étant petite devant la capacité du
plan de masse, le résultat correspond à la capacité du module à moins d’1pF près (cf.
Tableau III-8). Pour le module de 30pF, la capacité du plan de masse a toute son importance
puisqu’elle ne dépasse pratiquement pas la capacité du module. La capacité équivalente
varie donc de façon importante, et il en résulte une forte augmentation de la période
associée à une augmentation du courant pic Ce dernier passe ainsi de 6 à 8A
expérimentalement.
cas
A
IP1 mesuré [A]
IP1 simulé [A]
Capacité équivalente [pF]
+
3,3
2,6
+
3,2 /-0,3A
B
3,4 /-0,3A
3,8
2,9
C
3,4+/-0,2A
3,9
3,1
+
5,8
7,4
+
D
6,0 /-0,2A
E
7,5 /-0,5A
7,5
11,4
F
8,0+/-0,8A
8,3
13,9
Tableau III-8 : Comparaison expérience Vs théorie des maximums de courant.
Dans les deux cas, les courants pics mesurés et simulés sont en accord. Si on considère
que le maximum du courant est responsable de la surtension aux bornes des grilles des
transistors d’entrées, le modèle permet alors de simuler des surtensions fidèles à la réalité,
ce qui est nécessaire à la prédiction des défaillances.
90 / 148
Chapitre III Modélisation d’une décharge électrostatique CDM
Nous voulions proposer un modèle simple prenant en compte les éléments principaux du
testeur susceptibles de changer d’un appareil à un autre. Cependant de nombreux
paramètres liés au test ne sont pas maîtrisés (cf. Tableau III-2) et il en résulte une
répétabilité réduite de la mesure du courant de décharge. Cela justifie les approximations du
modèle CDM proposé. Cette remarque est d’ailleurs prise en compte dans les normes CDM,
et les courants ne sont définis qu’à 20% près. Dans 6 cas, nous avons vérifié qu’il était
possible d’extraire à partir des mesures des jeux de paramètres cohérents avec les
hypothèses du modèle. Nous considérons maintenant qu’un tel modèle peut être utilisé pour
simuler une décharge.
Cette étude a également permis de mettre en évidence l’importance de la capacité entre le
plan de masse et le plateau de charge [GOEA’05b]. Pour de petites puces électroniques
avec des capacités de couplage inférieures à la capacité CPM, le résultat est insensible à de
petites variations de cette dernière. Ces variations peuvent être facilement constatées d’un
testeur à un autre si le plan de masse n’a pas la même surface ou si la pointe de test n’a pas
la même longueur. De nos jours, les puces électroniques pouvant être de taille importante
avec des capacités atteignant 140pF (cf. Tableau II-5), le plan de masse acquiert toute son
importance.
D’une façon générale, un même circuit intégré dans deux boîtiers différents et testé avec
deux appareils différents risque de donner des résultats de qualification CDM complètement
différents. Pour comparer les résultats, il est nécessaire de connaître les courants de
décharge si on admet qu’ils sont responsables des surtensions à l’origine des défaillances. Il
paraît donc indispensable d’associer ce courant à un résultat de qualification CDM.
III.2 Modélisation globale du boîtier couplé au testeur
III.2.1 Présentation des puces électroniques testées
Grâce au modèle du testeur, aux capacités de couplage mesurées et au courant mesuré,
nous allons modéliser des décharges sur différents CST. Le tableau suivant résume les cas
étudiés.
cas
Circuit de test
Plot testé
Boîtier
Patte stressée
A
N°1
GNDE
TQFP 48
18
B
N°1
IN
TQFP 48
25
C
N°1
GNDE
BGA 64
G4
D
N°2
GNDE
BGA 64
A6
E
N°3
GNDE
BGA 64
G2
F
N°3
GNDE
TQFP 64
20
G
N°4
GNDE
BGA 256
A1
H
N°4
BD
BGA 256
B1
I
N°5
GNDE
BGA 304
Tableau III-9 : Description des différentes décharges étudiées.
91 / 148
Le but est de montrer qu’un modèle global peut être utilisé pour prendre en compte le boîtier
dans la présentation d’un résultat de test. Les décharges étudiées sont notés de A à I. Elles
correspondent à des boîtiers différents (BGA et TQFP), à des plots différents (entrée ou
connexion au substrat GNDE), à des pattes différentes, et à des circuits différents (cf.
Tableau III-10). Le premier objectif est de montrer les éléments qui influencent la décharge,
et ceux qui peuvent être négligés. Les conclusions porteront sur les 9 cas étudiés.
Circuit de test
Type
Technologie
N°1
Entrée / Sortie
90nm
N°2
Entrée / Sortie
0,13µm
N°3
Entrée / Sortie
65nm
N°4
Véhicule de test
90nm
N°5
Véhicule de test
0,13µm
Tableau III-10 : Description des différents circuits de test utilisés.
L’importance du boîtier est mise en évidence dans la partie qui suit avec les boîtiers BGA 64
et TQFP 64 (cas E & F). L’impact de la patte stressée est ensuite étudié. Enfin nous
montrons que deux circuits différents mais possédant le même nombre de connexions dans
le même type de boîtier peuvent présenter des courants de décharge différents.
III.2.2 Influence du boîtier
Les boîtiers diffèrent par leurs tailles et par leurs technologies de fabrication. Entre les cas A
et C le même plot d’un même circuit est stressé (cf. Figure III.6). Dans le cas A, le boîtier est
un TQFP et dans le cas C le boîtier est un BGA.
3
Mesure A - GNDE - TQFP48 - n°18
2
Courant [A]
Mesure C - GNDE - BGA 64 - G4
1
0
-1
-2
0.E+0
1.E-9
2.E-9
Temps [sec]
3.E-9
4.E-9
Figure III.6 : Courants CDM pour un même circuit dans un boîtier TQFP 48 et un boîtier BGA 64.
Le boîtier TQFP est ici plus critique en termes de sévérité de décharge que le boîtier BGA.
Cette différence s’explique avec les mesures des capacités. Avec une capacité plus
92 / 148
Chapitre III Modélisation d’une décharge électrostatique CDM
importante dans le cas du TQFP (3,0pF Vs 2.6pF) la période et l’amplitude le sont aussi.
Nous pouvons remarquer que le circuit testé comporte seulement 48 plots. 12 microbilles
sont donc flottantes dans le boîtier BGA. Ce boîtier est maintenant comparé avec un TQFP
avec le même nombre de connexions (cf. Figure III.7- cas E & F).
3
Mesure E - GNDE - TQFP 64 - n°20
Courant [A]
2
Mesure F - GNDE - BGA 64 - G2
1
0
-1
-2
0.E+0
1.E-9
2.E-9
Temps [sec]
3.E-9
4.E-9
Figure III.7 : Courants CDM pour un même circuit dans un boîtier TQFP 64 et un boîtier BGA 64.
La conclusion reste la même pour un circuit à 64 plots. La différence est encore plus
importante et le courant varie de 2 à 3 Ampères du BGA au TQFP.
Le boîtier a donc toute son importance et il paraît indispensable de préciser le boîtier utilisé
avec le résultat d’un test, surtout si le boîtier est sujet à des changements entre l’étape de
caractérisation ESD du circuit et l’étape de finalisation du produit.
III.2.3 Influence de la patte stressée
Nous allons montrer en première approximation que la patte stressée n’influence pas le
courant de décharge. A priori, elle peut l’influencer de deux manières : à cause de sa
position et à cause de la partie du circuit à laquelle elle est connectée. Dans le premier cas,
une patte plus ou moins longue est responsable d’une inductance plus ou moins importante.
Celle-ci définit en partie la pseudo-période du courant mesuré. Ainsi, nous pouvons nous
attendre dans le cas d’un boîtier TQFP à une décharge plus longue pour une broche de coin
que pour une broche située au milieu d’un coté (cf. Tableau II-6 ; 3,78nH Vs 3,03nH). Dans
le second cas, rien n’indique à priori que la capacité de couplage globale soit la même quel
que soit le plot du circuit soumis au stress. De plus, même si tel est le cas, les charges
électriques n’empruntent pas forcément le même chemin pour charger la capacité. Cette
remarque soulève les problématiques les plus importantes du CDM : où sont stockées les
charges et par quel chemin transitent-elles ? Pour la suite, nous garderons l’hypothèse que
les charges sont finalement stockées aux mêmes endroits quel que soit la patte stressée,
93 / 148
c'est-à-dire que la capacité de couplage du modèle CDM ne dépend pas de la patte
stressée.
A
Impact de la position de la patte
Pour vérifier que la géométrie de la patte peut être négligée, nous comparons les courants
mesurés dans les cas A et B (cf. Figure III.8). Le boîtier est un TQFP avec 48 broches, les
broches testées correspondent à un coin (Broche n°25) et au milieu d’un côté (Broche n°18).
3
GNDE - n°18
Courant [A]
2
IN - n°25
1
0
-1
-2
0.E+0
1.E-9
2.E-9
Temps [sec]
3.E-9
4.E-9
Figure III.8 : Courants CDM sur une broche de coin et une broche de milieu pour un TQFP48.
Nous constatons que les courants se superposent parfaitement compte tenu des écarts
moyens sur les dix décharges. Il est tout de même certain que plus le boîtier a une taille
importante et plus les différences entre broches seront accentuées. Ceci est constaté entre
les cas G et H (cf. Figure III.9). Il s’agit cette fois-ci d’un boîtier BGA avec 256 microbilles.
8
Mesure G - GNDE - A1
Mesure H - BD - B1
Current [A]
6
4
2
0
-2
0.E+0
1.E-9
2.E-9
Time [sec]
3.E-9
4.E-9
Figure III.9 : Courants CDM pour deux microbilles différentes d’une même puce dans un BGA 256.
94 / 148
Chapitre III Modélisation d’une décharge électrostatique CDM
Les courants ont la même allure même si le courant pic est légèrement plus élevé dans le
cas de la décharge sur la microbille reliée au substrat (6A Vs 5.8A). Nous ne pouvons
cependant pas affirmer avec certitude que les différences constatées soient dues à la
géométrie du boîtier plutôt que la partie du circuit à laquelle est reliée la microbille.
B
Impact de la partie du circuit reliée à la patte stressée
La question que nous pouvons maintenant nous poser est de savoir sur un plus grand
nombre de pattes si la partie du circuit sur laquelle est connectée la patte stressée influence
la décharge. Dans le cas du circuit de test n°1 dans le boîtier TQFP48, les décharges sont
effectuées sur chaque broche. Les résultats moyennés pour chacune des broches sont
reportées sur le graphe suivant (cf. Figure III.10). Tous les résultats sont superposés. Il n’y a
pas plus de différences entre les décharges sur les différentes broches qu’avec une
succession de décharges sur la même broche. Seule la décharge sur la broche 48 qui n’est
pas reliée au circuit (broche flottante) est différente des autres. Pour la suite, nous
conservons l’hypothèse simplificatrice qu’une puce électronique (Boîtier + Circuit) peut être
modélisés par le même circuit global quelle que soit la broche stressée.
3
Courant[A]
2
1
0
-1
-2
0.E+0
1.E-9
2.E-9
Temps[sec]
3.E-9
4.E-9
Figure III.10 : Comparaison de courant de décharge sur différentes broches d’une même puce électronique.
III.2.4 Influence du circuit testé
Nous montrons maintenant que pour un même boîtier, le circuit testé peut influencer le
courant de décharge. Les cas C et D sont comparés (cf. Figure III.11). Le boîtier utilisé est
un BGA 64.
95 / 148
3
Mesure C - GNDE - G4
Courant [A]
2
Mesure D - GND - A6
1
0
-1
-2
0.E+0
1.E-9
2.E-9
Temps [sec]
3.E-9
4.E-9
Figure III.11 : Comparaison de courant de décharge pour deux circuits différents dans le même type de boîtier.
Les périodes des courants sont les mêmes, mais le cas D présente un amortissement plus
prononcé avec un courant pic plus faible (2,8A Vs 3.1A).
Comme les périodes sont identiques, nous pouvons associer aux deux décharges le même
couple de paramètres L et C. Nous associerons par la suite le même modèle aux deux
boîtiers, en se basant sur la décharge la plus critique pour extraire une résistance. Ainsi le
modèle proposé correspondra au pire cas.
III.2.5 Résultats de modélisation globale pour différents boîtiers
En toute rigueur, le boîtier seul ne suffit pas à définir la décharge. Cependant, son impact sur
le courant de décharge est le plus visible. Mettre en place des modèles de boîtier
représentatifs des cas extrêmes en termes de courant s’avère une solution raisonnable pour
prédire cet impact sur la fiabilité d’un composant. Suivant l’hypothèse que le boîtier utilisé
définit en majeure partie le stress que subira la puce électronique pendant la décharge CDM,
nous allons extraire dans cette partie un modèle global pour chaque boîtier étudié.
Cinq boîtiers sont comparés. La part d’inductance due au testeur est conservée. La
méthodologie précédente est utilisée. Le courant mesuré correspond au stress sur un plot
relié au substrat du circuit. La capacité de couplage est mesurée entre la patte reliée à ce
plot et le plateau du testeur. Pour ce qui est de la capacité du plan de masse, nous
l’imposons. Les boîtiers ayant des épaisseurs similaires, nous admettons l’hypothèse qu’elle
ne varie pas. Cette épaisseur étant également plus importante que celle d’un module de
vérification, la capacité du plan de masse pour un boîtier est certainement plus faible. La
valeur 8,6pF extraite de l’extraction des éléments RLC est un point de départ raisonnable,
c’est cette valeur que nous utilisons.
Les inductances sont premièrement extraites à partir des positions des zéros des différentes
mesures en utilisant la formule sur la période (cf. Tableau III-11).
96 / 148
Chapitre III Modélisation d’une décharge électrostatique CDM
CCST [pF]
CTOT [pF]
∆t [ns]
+
LMIN [nH]
LSTD [nH]
LMAX [nH]
BGA 64
2,6
2,0
0,42 /-0,02
8,1
9,0
9,8
TQFP 48
3,0
2,2
0,46+/-0,02
8,8
9,6
10,5
TQFP 64
4,1
2,8
0,60+/-0,02
12,3
13,1
14,0
PBGA 256
18,3
6,0
0,94 +/-0,02
14,7
15,3
16,0
10,2
+
9,5
9,9
10,3
PBGA 304
140
1,00 /-0,02
Tableau III-11 : Extractions des inductances associées aux décharges sur les différents boîtiers.
Les résistances sont extraites en utilisant les valeurs des deux premiers pics de courant (cf.
Tableau III-12). Comme dans le cas des modules de vérification, les valeurs sont ajustées
par la suite pour que l’amortissement simulé corresponde à la mesure.
IP1 [A]
IP2 [A]
K
RMIN [Ω]
RSTD [Ω]
RMAX [Ω]
RAJST [Ω]
BGA 64
2,1
1,2
1,78
23
25
26
26
TQFP 48
2,4
1,3
1,79
23
24
25
26
TQFP 64
2,9
1,3
2,30
34
35
37
24
PBGA 256
6,0
1,8
3.40
39
40
41
17
PBGA 304
5,6
0,5
11,53
48
49
50
17
Tableau III-12 : Extractions des résistances associées aux décharges sur les différents boîtiers.
Le tableau suivant résume les résultats des cinq boîtiers. Les paramètres RLC équivalents
sont répartis entre le testeur et le boîtier suivant les hypothèses du modèle CDM.
RTEST [Ω]
RARC [Ω]
LTEST [nH]
LCST [nH]
CCST [pF]
CPM [pF]
BGA 64
1
25
6,6
2,4
2,6
8,6
TQFP 48
1
25
6,6
3,0
3,0
8,6
TQFP 64
1
23
6,6
6,5
4,1
8,6
PBGA 256
1
16
6,6
8,7
18,3
8,6
PBGA 304
1
16
6,6
3,3
140
11
Tableau III-13 : Résultats des ajustements des paramètres du modèle pour les cinq boîtiers étudiés.
Nous constatons que l’inductance est un paramètre aussi important que la capacité de
couplage. Sa valeur peut être supérieure à la part d’inductance associée au testeur. La
valeur extraite varie ainsi de 2,4nH à 8,7nH. Pour ce qui est des inductances dans les cas du
BGA 64 et du TQFP 48, elles sont en accord avec les valeurs extraites lors de la
modélisation SPICE de ces boîtiers (2,6nH et 3,0nH extraites de la simulation Vs 2,4nH et
3,0nH extraites de la mesure).
Ce type de modèle associe au boîtier un jeu de quatre paramètres : la résistance qui n’est
pas constante suivant le boîtier, une part d’inductance, une capacité de couplage, et une
capacité du plan de masse représentative de l’épaisseur du boîtier. Ces paramètres
permettent une première estimation du courant de décharge.
97 / 148
Les graphes suivants comparent les courants mesurés avec les courants simulés pour les
cinq cas (cf. Figure III.12 à Figure III.16). Les deux comparaisons suivantes correspondent
aux boîtiers BGA 64 et TQFP 48.
3
Mesure C - BGA 64
Courant [A]
2
Modèle
1
0
-1
-2
0.E+0
1.E-9
2.E-9
Temps [sec]
3.E-9
Figure III.12 : Modèle Vs mesure d’un courant de décharge à 250V pour un circuit de test dans un boîtier BGA
avec 64 microbilles.
3
Mesure A - TQFP 48
Courant [A]
2
Modèle
1
0
-1
-2
0.E+0
1.E-9
2.E-9
Temps [sec]
3.E-9
Figure III.13 : Modèle Vs mesure d’un courant de décharge à 250V pour un circuit de test dans un boîtier TQFP
avec 48 broches.
Dans le cas du BGA, l’amplitude simulée est plus élevée que la mesure (2,6A simulé Vs
2,3A mesuré). L’inductance et la capacité ayant été ajustées sur la période, le paramètre
restant est la résistance. L’augmenter abaisse effectivement le maximum de courant mais
l’amortissement n’est plus respecté. La précision du modèle proposé est cependant
suffisante au vu de la répétabilité limité de la décharge et compte tenu de la norme ESDA qui
98 / 148
Chapitre III Modélisation d’une décharge électrostatique CDM
ne précise les courants qu’à 20% près. La comparaison suivante correspond au cas du
TQFP avec 64 broches.
3
Mesure F - TQFP 64
Courant [A]
2
Modèle
1
0
-1
-2
0.E+0
1.E-9
2.E-9
Temps [sec]
3.E-9
4.E-9
Figure III.14 : Modèle Vs mesure d’un courant de décharge à 250V pour un circuit de test dans un boîtier TQFP
avec 64 broches.
La comparaison suivante correspond au cas du BGA avec 256 microbilles.
8
Mesure G - BGA 256
Courant [A]
6
Modèle
4
2
0
-2
-4
0.E+0
1.E-9
2.E-9
Temps [sec]
3.E-9
4.E-9
Figure III.15 : Modèle Vs mesure d’un courant de décharge à 250V pour un véhicule de test dans un boîtier BGA
avec 256 microbilles.
Le dernier cas correspond au boîtier BGA 304 pour lequel la capacité de couplage atteint
140pF. Comme dans le cas du module de vérification de 30pF, une composante continue est
constatée sur le courant mesuré. Cette composante n’est pas prise en compte dans le
modèle proposé.
99 / 148
8
Mesure I - SBGA 304
Courant [A]
6
Modèle
4
2
0
-2
-4
0.E+0
1.E-9
2.E-9
Temps [sec]
3.E-9
4.E-9
Figure III.16 : Modèle Vs mesure d’un courant de décharge à 250V pour un véhicule de test dans un boîtier BGA
avec 304 microbilles.
Les paramètres extraits correspondent à des circuits de test ou à des produits précis. Il ne
sera pas démontré qu’un même jeu de paramètres peut toujours être réutilisé pour un même
boîtier. Nous avons cependant des ordres de grandeurs qui permettent pour tous les boîtiers
d’extrapoler des valeurs maximums de courant. Connaissant pour un circuit donné le courant
maximum admissible, il est alors possible de prédire l’impact d’un changement de boîtier sur
ce circuit.
III.3 Etude du couplage entre le boîtier et le testeur
Dans le chapitre précédent, nous avons associé la capacité de couplage entre la puce
électronique et le plateau à la capacité mesurée entre une patte reliée au substrat du circuit
et ce plateau. Nous avons fait l’hypothèse que cette capacité est la même quelle que soit la
patte stressée. Grâce au logiciel d’extraction de paramètres RLC, nous allons étudier plus
précisément le rôle du boîtier vis-à-vis du CDM. Nous allons extraire la capacité de couplage
utilisée dans le modèle et nous ferons des hypothèses sur la répartition de cette capacité
dans le boîtier pour déterminer les chemins de courant dans le CST.
III.3.1 Simulation de la décharge sur le boîtier
La configuration du testeur utilisé est légèrement différente dans cette partie. La pointe de
test est plus courte de 2mm. En conséquence l’inductance associée est plus faible et la
capacité CPM est plus élevée. Cette configuration correspond à la géométrie utilisée dans
l’extraction RLC. La démarche adoptée pour extraire les paramètres du modèle du testeur
est cette fois-ci différente par rapport celle présentée précédemment (cf. III.1.2). Les
capacités extraites par l’outil d’extraction des éléments RLC sont réutilisées ainsi sans
aucune modification, soit 3,7pF pour le module de vérification et 17,6pF pour la capacité du
100 / 148
Chapitre III Modélisation d’une décharge électrostatique CDM
plan de masse avec le plateau de charge (cf. Tableau III-1). L’inductance est ajustée pour
que la pseudo-période théorique corresponde à la mesure. Le résultat est très sensible à
l’intervalle de temps extrait de la mesure. Pour un intervalle compris entre 0,310ns et
0,325ns l’inductance varie de 3,2nH à 3,5nH avec une valeur moyenne à 3,35nH. Quant à la
résistance, elle est ajustée par la suite sur le courant pic. En contre partie, l’amortissement
simulé n’est pas fidèle à la mesure (cf. Figure III.17). Le tableau suivant résume les
paramètres du modèle du testeur CDM. La simulation du courant de décharge utilisant ces
paramètres est ensuite comparée avec la mesure sur le graphe qui suit.
RTEST [Ω]
RARC [Ω]
LTEST [nH]
LCST [nH]
CCST [pF]
CPM [pF]
1
34
3,35
0
3,7
17,6
Module 4pF
Tableau III-14 : Résultats des ajustements des paramètres du modèle pour le module de 4pF.
4
Modèle 4pF
Courant [A]
3
Mesure 4pF
2
1
0
-1
-2
0.E+00
1.E-09
2.E-09
Temps [sec]
3.E-09
4.E-09
Figure III.17 : Modèle Vs mesure du courant de décharge sur le module de 4pF avec la pointe de test de 3mm.
La seconde étape est la modélisation du boîtier. Ce travail a été effectué dans le chapitre
précédent et nous avons à notre disposition la liste des composants SPICE correspondant
au boîtier TQFP 48 (cf. II.2.1B). Nous pouvons maintenant simuler une décharge mais cela
correspondrait à un boîtier sans circuit. Comme chaque broche du boîtier est modélisée par
un modèle en T, nous relions tous les nœuds du côté plot à deux diodes de protection ESD
reliées à deux nouveaux nœuds représentant les bus d’alimentation. Ces bus sont
finalement connectés entre eux par des diodes pour simuler une protection bidirectionnelle.
Les diodes étant idéales, nous faisons ainsi l’hypothèse que chaque protection ait le temps
de se déclencher pendant la décharge en se comportant finalement comme un interrupteur
fermé. Le courant de décharge simulé est comparé à la mesure sur le graphe suivant (cf.
Figure III.18).
101 / 148
3
Mesures broche 6
Courant[A]
2
Simulation
1
0
-1
-2
0.E+0
1.E-9
2.E-9
Temps[sec]
3.E-9
4.E-9
Figure III.18 : Modèle Vs mesure du courant de décharge sur circuit de test dans un boîtier TQFP 48.
Le modèle utilisé prend en compte le testeur et le boîtier avec les fils du bonding. Ce modèle
considère que tous les plots du circuit sont court-circuités pendant la décharge. Cela sousentend que toutes les protections entre chaque plot et les bus d’alimentation sont
déclenchées. Si nous considérons que ce modèle utilisé est fidèle à la réalité, la capacité de
couplage a alors pour origine le couplage entre les éléments conducteurs du boîtier avec le
plateau de charge. La simulation du courant de décharge sur le boîtier TQFP 48 est en
accord avec la mesure. Bien qu’un tel résultat soit nécessaire, cela n’est pas suffisant pour
valider le modèle. Nous émettons cependant cette hypothèse pour l’étude qui va suivre.
III.3.2 Localisation de la capacité de couplage
En s’appuyant sur l’hypothèse que la capacité de couplage est uniquement due aux
éléments conducteurs du boîtier, nous pouvons aller plus loin en cherchant l’origine précise
du couplage. Tous les éléments métalliques du boîtier influencent la capacité. Nous pouvons
ensuite faire la distinction entre les éléments qui sont directement reliés à la patte stressée,
et ceux qui ne le sont pas. Seuls les éléments directement reliés à la patte stressée stockent
les charges électriques amenées par le courant de décharge. Localiser ces capacités permet
ainsi de comprendre les chemins de courant dans le circuit pendant la décharge et permet
de simuler la décharge à l’échelle du circuit.
La simulation de la décharge permet d’extraire la capacité équivalente du modèle globale.
L’intégrale du courant simulé est égale à la charge stockée par la capacité équivalente. Une
fois divisée par la tension de décharge, nous obtenons la capacité recherchée. Cette
méthode est délicate sur un courant mesurée puisqu’un petit décalage du courant peut
fortement augmenter la charge calculée. Par contre, sur un courant simulé, l’intégrale
correspond parfaitement à la charge par construction du modèle. La formule suivante permet
102 / 148
Chapitre III Modélisation d’une décharge électrostatique CDM
de calculer la capacité de couplage du CST en fonction de la capacité de plan de masse et
de la capacité équivalente.
C CST = C ⋅
C PM C
C PM C − 1
Équation III.6 : Capacité de couplage exprimée en fonction de la capacité équivalente.
Cette méthode a l’avantage de ne pas tenir compte des inductances du boîtier ou du testeur.
Elle nécessite cependant la connaissance précise de la capacité du plan de masse. Il faut
cependant rester critique envers l’utilisation de cette formule. Lorsque la capacité CPM est
très grande devant la capacité équivalente, la capacité de couplage est peut sensible à celle
du plan de masse. Par contre, dans le cas contraire, la capacité que nous recherchons sera
fortement influencée par la capacité CPM que nous ne connaissons pas précisément. Le
tableau suivant illustre cette remarque.
C équivalente extraite
CPM
CCST
2,1pF
7,5pF
2,9pF
2,1pF
8,6pF
2,8pF
2,1pF
9pF
2,7pF
Tableau III-15 : Résultats des ajustements des paramètres du modèle pour le module de 4pF.
Ces valeurs sont en bon accord avec les mesures. D’après le modèle utilisé pour la
simulation, cette capacité ne peut être due qu’au boîtier. En considérant que le modèle soit
fidèle au boîtier et que celui-ci soit bien responsable d’un couplage capacitif de 2,8pF, nous
pouvons faire l’hypothèse que la capacité mesurée est causée par le boîtier.
Dans le modèle proposé, les pattes du circuit sont reliées entre elles pendant la décharge.
Les capacités de chaque patte avec le plateau sont ainsi toutes mises en parallèle. La
capacité équivalente des pattes correspond ainsi à la somme de toutes ces capacités. En
considérant une valeur moyenne de 0,06pF pour chacune d’elles (cf. Tableau II-6), nous
obtenons un total de 2,9pF. Cette capacité devant contribuer à la capacité équivalente totale,
elle en est d’après ce résultat l’unique origine. Dans le modèle utilisé, le support du circuit
(die paddle) n’est pas relié aux pattes. Il ne collecte donc pas de charge. D’après l’étude
menée, ce sont donc les pattes du boîtier lors de la décharge CDM qui stockent les charges
électriques et qui sont responsables des courants susceptibles de détériorer le circuit par les
surtensions crées.
III.4 Conclusion sur la modélisation du CDM
Ce chapitre a été commencé par la construction d’un modèle de testeur CDM. Pour
s’affranchir de la complexité du CST, nous l’avons remplacé par une capacité pure mesurée,
celle d’un module de vérification. Cinq éléments du testeur ont été retenus pour le modèle :
103 / 148
la résistance de mesure RTEST, la résistance de l’arc électrique RARC, l’inductance de la pointe
de test LTEST, la capacité du module CCST, et la capacité entre le plan de masse et le plateau
de charge CPM. En associant ce modèle à un circuit RLC, ces éléments se réduisent aux trois
composantes R, L, et C équivalentes. Trois hypothèses essentielles accompagnent le
modèle : l’arc électrique peut être associé à une résistance constante, l’inductance est une
constante d’une décharge à une autre, et la capacité du plan de masse ne varie pas pour
deux CST de même épaisseur. Finalement, les trois composantes équivalentes sont
extraites pour différents cas d’étude en accord avec les hypothèses du modèle. Bien
qu’approximatif, le modèle proposé permet de simuler les courants de décharge en prenant
en compte les effets des éléments principaux du testeur, notamment l’effet du plan de
masse. Nous avons ainsi montré que pour de grandes capacités de couplage, la capacité
équivalente est égale à la capacité du plan de masse, et cette dernière définit finalement le
courant de décharge.
Pour modéliser le boîtier couplé avec le testeur, la capacité de couplage CCST est mesurée
précisément, la capacité du plan de masse CPM est issue d’une simulation, l’inductance est
déduite de la pseudo-période du courant mesuré, et la résistance associée à l’arc électrique
RARC est ajustée sur l’amortissement du courant. La part d’inductance liée au boîtier LCST est
finalement obtenue en retranchant l’inductance de la pointe de test à la nouvelle inductance
extraite. Nous avons montré que la modélisation d’une décharge CDM par ces éléments est
suffisante en première approximation pour simuler les courants de décharge. D’un point de
vue plus rigoureux, le courant dépend du boîtier, de la patte stressée, et enfin du circuit luimême. Compte tenu de la répétabilité des mesures de courant, prendre en compte des
paramètres autres que le boîtier serait difficile à exploiter. Nous nous limitons donc à un seul
jeu de paramètres RARC, LCST, CCST, et CPM pour décrire un boîtier donné. Un modèle d’arc
électrique dépendant du temps et du courant serait une première amélioration du modèle.
Pour une étude locale du TQFP 48, nous proposons un modèle où toutes les protections
associées à chacun des plots du circuit se déclenchent pendant la décharge. Les pattes sont
ainsi des éléments conducteurs qui vont stocker des charges. La valeur de capacité globale
extraite correspond à 48 fois la capacité moyenne entre une patte et le plateau. Dans ce
modèle, le substrat et le support du substrat ne stockent pas les charges. C’est le courant de
charge des pattes qui dégrade le circuit. Ce type de modélisation donne des indications pour
simuler une décharge au niveau du circuit. Dans le cas étudié, il propose d’associer à tous
les plots d’un circuit la capacité élémentaire associée à une patte. C’est une façon de répartir
localement sur un circuit la capacité de couplage considérée à une échelle globale.
104 / 148
Chapitre IV Comportement fort courant et transitoire des composants élémentaires
Chapitre IV
Comportement fort courant
et transitoire des
composants élémentaires
IV.1 Présentation de la mesure transitoire
IV.1.1 Objectifs d’une mesure transitoire
Pendant une décharge HBM, le composant de protection est supposé dans un état quasistatique. En CDM, la durée de la décharge étant de quelques nano secondes, cette
hypothèse peut être remise en question et son comportement transitoire est donc à étudier.
Ce comportement correspond à la réponse du composant lors de « l’établissement de la
décharge » [LUCH’94]. Deux informations seront déduites de cette réponse : la valeur de la
surtension aux bornes de la protection avant d’atteindre un point de fonctionnement quasistatique et la durée de son déclenchement. Ainsi nous pourrons savoir si une protection est
adaptée au CDM. Elle devra se déclencher assez rapidement et la tension à ses bornes ne
devra pas dépasser des valeurs dangereuses pour le circuit à protéger [WU’00].
L’amorçage de la décharge CDM peut être modélisé par la fermeture d’un interrupteur
associé à l’arc électrique et caractérisé par un temps de commutation (cf. Figure III.2). Le
temps de montée de la décharge CDM, associé à celui du courant de décharge et de l’ordre
d’une centaine de pico seconde (cf. Tableau II-2), n’est pas représentative du temps de
montée vu par un composant élémentaire de protection du circuit. En effet, le courant de
décharge total n’indique pas si une protection élémentaire donnée s’est déclenchée dès
l’amorçage de la décharge. L’étude transitoire pertinente correspond donc à la réponse du
composant de protection face à un échelon en tension avec un temps de montée
représentant cette commutation. Le graphe suivant obtenu par des simulations TCAD illustre
ce type d’étude pour le transistor ggNMOS présenté dans le second chapitre (cf. II.2.4).
L’évolution du potentiel aux bornes du transistor soumis à un échelon en tension via une
résistance de 50Ω est tracée pour deux échelons de 14V avec des temps de montée de
55psec et d’1nsec (cf. Figure IV.1), le premier échelon correspondant à la mesure transitoire
présentée plus loin dans ce chapitre. Lors de cette mesure, le stress électrique sera soumis
105 / 148
à la protection étudiée via l’impédance du générateur d’impulsions égale à 50Ω. La réponse
présentée correspond donc à la réponse du système « protection et résistance 50Ω » face à
l’échelon en tension.
8
1nsec
Tension [V]
6.7
55psec
6.1
6
4
2
0
0.E+00
2.E-10
4.E-10
6.E-10
Temps [sec]
8.E-10
1.E-09
Figure IV.1 : Comparaison des caractéristiques V(t) transitoires d’un ggNMOS pour deux échelons en tension de
temps de montée égal à 55psec et 1nsec.
Au temps de montée d’1nsec est associée une tension de déclenchement égale à 6,1V.
Cette valeur correspond au résultat obtenu sur la caractéristique I(V) quasi-statique (cf.
Figure II.32). Pour le temps de montée de 55ps, la valeur obtenue est 6,7V. Nous devons
cependant rester critiques sur les résultats TCAD puisqu’ils correspondent à des simulations
non calibrées (cf. II.2.4). Grâce à ce type de résultat, obtenue expérimentalement cette fois,
nous pourrons connaître comment évoluent les tensions de déclenchement des ggNMOS
selon la rapidité du stress, et de façon plus général comment évoluent les tensions aux
bornes de toutes les protections élémentaires.
IV.1.2 Matériel nécessaire pour une mesure transitoire
Pour effectuer de telles mesures, la méthode TDR du VF-TLP est utilisée (cf. Figure IV.2).
L’échelon est produit par un générateur d’impulsions. Son temps de montée doit être
inférieur à une centaine de pico seconde pour se placer dans le contexte du CDM. De plus,
des tensions supérieures à une dizaine de Volts sont nécessaires pour atteindre le
retournement des dispositifs étudiés. Enfin, pour ne pas dégrader le front de montée et
amener l’échelon jusqu’au composant à tester, la mesure est faite au niveau de la plaquette
de silicium et une sonde hyperfréquence est utilisée.
Le VF-TLP ne permet pas de mesurer précisément la réponse transitoire du CST sur le front
de montée d’une impulsion. En effet, celle-ci n’est pas générée de façon répétée et son
acquisition simple coup implique la limitation en bande passante de la mesure à quelques
giga Hertz (cf. Tableau II-1). L’utilisation d’un générateur d’impulsions avec un commutateur
106 / 148
Chapitre IV Comportement fort courant et transitoire des composants élémentaires
à semi-conducteur permet de palier ce problème en soumettant au CST des échelons
générés en continue ce qui autorise l’utilisation d’un oscilloscope à échantillonnage
séquentiel. La réponse transitoire du dispositif pourra ainsi être acquise à une fréquence de
plusieurs dizaines de giga Hertz. Le schéma suivant présente les différents éléments du
banc de mesure qui ont dû être sélectionnés et qui seront décrits dans les parties qui
suivent :
•
Le générateur d’impulsions.
•
L’oscilloscope numérique à échantillonnage séquentiel.
•
Les lignes de transmission.
•
La sonde hyperfréquence.
Signal trigger
entrée
Module
Sortie
Générateur d’impulsions
trigger
Oscilloscope
Atténuateur
Ligne de
transmission 50Ω
30dB
T diviseur de
Impulsion
Sonde
puissance
Réfléchie
hyperfréquence
Impulsion Incidente
DUT
Plan de référence TDR
Plaquette de silicium
Figure IV.2 : Schéma du banc de mesure transitoire.
La mesure transitoire s’appuie donc sur un générateur d’impulsions pouvant générer des
échelons d’une dizaine de Volts avec un temps de montée de quelques dizaines de pico
seconde et sur un oscilloscope à échantillonnage séquentiel pour acquérir les échelons sans
déformer les fronts de montée. Ce type de mesure est possible par l’existence sur le marché
de tels générateurs d’impulsions. Le banc de mesure développé peut être qualifié de banc
haute fréquence, haute tension, dans le domaine temporel [AGIL’01a] [AGIL’01b]. Dans le
domaine des ESD, les publications ne mentionnent pas ce type de mesure. Seuls quelques
articles décrivent l’utilisation détournée d’un VF-TLP pour étudier le déclenchement de
composants de protection [LI’04] [JULI’01].
107 / 148
IV.2 Conception d’un banc de mesure transitoire
IV.2.1 Le générateur d’impulsions
A
Caractéristiques d’un générateur d’impulsions
Le générateur d’impulsions est l’élément principal de la chaîne de mesure. Ses
caractéristiques fixent les performances du banc, les autres éléments ne pouvant que
dégrader l’impulsion initiale. L’échelon généré doit présenter un front de montée assez
rapide pour que la réponse transitoire du dispositif corresponde aux gammes de temps du
CDM. Pour que la mesure soit exploitable, il doit de plus se rapprocher d’un échelon parfait.
De cette manière la réponse du dispositif ne sera pas noyée par les défauts de l’impulsion
incidente. Les défauts classiques sont aux nombres de trois : les irrégularités préfrontales
(preshoot), la surtension (overshoot), et l’irrégularité du plateau (ringing) (cf. Figure IV.3). La
liste suivante présente les caractéristiques classiques d’un générateur d’impulsions.
•
Le temps de montée (généralement défini entre 10 et 90% de l’amplitude du signal).
•
L’amplitude de l’impulsion.
•
La planéité du plateau.
•
La durée de l’impulsion.
•
La fréquence de répétition.
•
La stabilité de la phase dans le temps (jitter).
90%
10%
Figure IV.3 : Définitions des paramètres d’une impulsion carrée. [AVTE’05]
B
Principe de la génération d’une impulsion
La génération d’impulsions courtes repose sur la charge puis la décharge d’un condensateur
(cf. Figure IV.4). Afin d’obtenir des impulsions carrées ou des échelons, une ligne de
transmission joue le rôle du condensateur. Suite à la charge de cette capacité, un dispositif
de commutation rapide libère l’énergie stockée [PICO’01].
108 / 148
Chapitre IV Comportement fort courant et transitoire des composants élémentaires
V
RCHARGE
V
Circuit de charge
Commutateur
RSORTIE
CCHARGE
ZCST
Figure IV.4 : Schéma de principe de la génération d’une impulsion.
Le commutateur est le dispositif principal du générateur car il définit la forme de l’impulsion. Il
doit commuter rapidement, résister aux fortes tensions, et ne pas s’échauffer lors d’une
utilisation répétée. Dans le cas du TLP, ce dispositif est un relais coaxial dont l’inconvénient
est de ne pas fonctionner à des fréquences élevées. Le générateur qui sera choisi par la
suite est à commutateur semi-conducteur. L’intérêt est de générer des impulsions de formes
répétables à une fréquence de plusieurs dizaines de kHz avec un jitter faible. En revanche il
est difficile d’obtenir des impulsions de tensions élevées avec un front de montée rapide.
La commutation correspond au passage brusque d’un état bloqué à un état passant. De
nombreux commutateurs à semi-conducteur utilisent l’effet d’avalanche. Les diodes DSRD
(Drift Step Recovery Diodes) sont aussi très utilisées. Le principe de fonctionnement est
l’injection de charges dans une diode par un courant de polarisation. La charge est alors
concentrée près des jonctions, ce qui est favorable à l’obtention d’une décharge rapide par
une tension de commande.
C
Temps de montée
Le temps de montée est défini par le commutateur. La formule suivante, utilisée par les
équipementiers permet d’estimer la fréquence de coupure d’une impulsion en fonction de
son temps de montée.
fc =
0,35
τ m (10% − 90% )
Équation IV.1 : Fréquence de coupure à -6dB d’une impulsion en fonction de son temps de montée [AVTE’05].
Le tableau suivant présente les générateurs à commutateur semi-conducteur qui ont retenu
notre attention lors du choix du matériel. Ce tableau ne précise pas la pureté de l’impulsion.
Le seul moyen d’en juger est de demander au fabricant des acquisitions du signal.
109 / 148
A
B
C
D
E
Amplitude
0 à 20V
0 à 100V
-5V
0 à 10V
200V
Largeur
0,4 à 100nsec
4 à 100nsec
5nsec
0,1 à 10nsec
8nsec
Temps de monté
200psec *
200psec *
5psec
55psec
100psec
Répétition
100kHz
5kHz
500kHz
100kHz
Jitter
GPIB
+
+
/-35psec
+
/-15psec
oui
/-1psec
non
non
+
/-1,5psec
750Hz
+
/-20psec
oui
non
* précisé de 20 à 80% par le constructeur
Tableau IV-1 : Comparatif des générateurs d’impulsions avec un rapport Vmax/τm intéressant.
Des fronts d’une dizaine de pico seconde peuvent être atteints. Nous constatons ici le
compromis entre tension élevée et temps de montée rapide. Pour se rapprocher d’un
échelon parfait tout en atteignant les tensions de retournement des composants étudiés, le
modèle « D » a été sélectionné.
IV.2.2 L’oscilloscope
La composante finale d’une chaîne de mesure, excepté le traitement informatique éventuel,
est l’acquisition du signal. Dans le domaine temporel cette fonction est réalisée par
l’oscilloscope. La mesure étant la réponse du CST sur le front de montée de l’échelon, une
mesure fidèle de l’échelon incident est nécessaire pour obtenir un résultat exploitable. Le
temps de montée étant de 55ps, l’oscilloscope doit avoir un temps de montée inférieur pour
que le front de montée acquis corresponde au signal et non à la réponse de l’oscilloscope.
En d’autres termes, sa bande passante doit être suffisante pour ne pas déformer l’échelon.
La mesure d’une réponse transitoire requiert ainsi les mêmes exigences en termes de
matériel que la mesure du temps de montée d’un signal. Pour caractériser leurs générateurs,
les constructeurs estiment qu’une bande passante trois fois supérieure à la fréquence
maximum correspondant au temps de montée à mesurer est nécessaire.
BP > 3 ×
0,35
τ m (10% − 90% )
Équation IV.2 : Bande passante nécessaire en fonction du temps de montée du signal à acquérir [AVTE’05].
Cette formule indique qu’une bande passante minimum de 19GHz est nécessaire pour ne
pas déformer le front de 55ps. En notant τBANC le temps de montée associé à la fréquence de
coupure du banc, la condition précédente peut s’exprimer sous forme temporelle. Ce temps
de montée dépend de ceux de l’oscilloscope, des atténuateurs, et de la sonde.
τ BANC <
τ m (10% − 90% )
3
avec
2
2
2
τ BANC = τ SCOPE
+ τ ATT
+ τ SONDE
Équation IV.3 : Temps de montée associé au banc de mesure permettant de calculer sa fréquence de coupure.
110 / 148
Chapitre IV Comportement fort courant et transitoire des composants élémentaires
Finalement, le temps de montée mesuré en fonction des différents éléments de la chaîne de
transmission jusqu’à l’acquisition peut être calculé par la formule suivante.
2
2
τ mes = τ PULSE
+ τ BANC
Équation IV.4 : Temps de montée mesuré en fonction des temps de montée des éléments du banc de mesure.
Profitant de la répétabilité du générateur d’impulsions, un oscilloscope à échantillonnage
séquentiel est utilisé. Il permet d’acquérir un signal à plusieurs dizaines de GHz à condition
que celui-ci soit répétitif. En conséquence les temps de montée des oscilloscopes sont
facilement divisés d’un facteur 10. Ceci est rendu possible par la numérisation d’un point par
période du signal, permettant ainsi l’utilisation d’échantillonneurs plus lents (cf. Figure IV.5).
Figure IV.5 : Principe de l’échantillonnage séquentiel [ZHEN’00].
Le tableau suivant compare les oscilloscopes à échantillonnage séquentiel les plus rapides
(cf. Tableau IV-2).
A
Bande Passante
B
50GHz
C
70GHz
-1
40 Géch.sec
70GHz
-1
40 Géch.sec-1
Echantillonage
40 Géch.sec
Temps de monté
7psec
5psec
5psec
Echelle min
2psec/div
2psec/div
2psec/div
Jitter
1,2psec
1,2psec
0,2psec
Décalage
+
+
Dynamique
+
+
Tension maxi.
Connectique
/-500mV
/-400mV
+
/-2V
2,4mm mâle
+
/-500mV
/-400mV
+
/-2V
1,85mm femelle
/-1,6V
+
/-500mV
+
/-2V
1,85mm femelle
Tableau IV-2 : Comparatif des oscilloscopes numériques à échantillonnage séquentiel les plus rapides.
111 / 148
La dynamique et la connectique sont importantes car elles définissent les atténuateurs et les
adaptateurs nécessaires, leur nombre devant être minimisé puisque chaque élément est une
source d’erreur supplémentaire sur la mesure du temps de montée. Finalement
l’oscilloscope choisi a été le modèle « A », le temps de montée associé est ainsi de 7ps.
IV.2.3 Les lignes de transmission et les atténuateurs
Pour que le pulse généré se propage jusqu’au dispositif sans être altéré, la bande passante
des câbles coaxiaux doit être suffisamment grande pour contenir toutes les fréquences de
l’impulsion. Celle-ci est souvent limitée par le type de connecteur. Le tableau suivant indique
les fréquences de coupure pour les connecteurs les plus courants.
BNC
SMA*
3,5mm*
2,9mm*
2,4mm
1,85mm
4GHz
18 ou 26GHz
26GHz
* Indique la compatibilité entre connecteur
40GHz
50GHz
70GHz
Tableau IV-3 : Fréquence de coupure associée aux connecteurs les plus courants.
La sortie du générateur d’impulsions étant de type SMA, nous avons choisi cette
connectique pour le banc de mesure. Les différents câbles ont ainsi une fréquence de
coupure de 26GHz. Cela est suffisant d’après la formule précédente. Les pertes dans le
câble sont également problématiques. Ces pertes, surtout à haute fréquence, sont
proportionnelles à la longueur du câble et doivent être minimisées pour ne pas déformer le
front de montée. La figure suivante illustre cette déformation en fonction de la longueur d’une
ligne de transmission variant de 15cm à 2m (cf. Figure IV.6).
Figure IV.6 : Déformation du front de montée d’une impulsion avec la longueur d’un câble coaxial [ANDR’88].
Afin de minimiser les pertes entre l’impulsion incidente acquise et l’impulsion réfléchie, la
distance entre l’oscilloscope et le CST devra être minimisée. De cette manière, le calcul de
la réponse du dispositif ne sera pas perturbé par l’erreur associée à la perte du signal dans
la ligne.
Comme pour les câbles, la connectique des atténuateurs va définir leur bande passante. La
figure suivante illustre un front de montée de quelques dizaines de pico seconde avant et
après un atténuateur ayant un temps de montée de 8ps (cf. Figure IV.7). L’impulsion
112 / 148
Chapitre IV Comportement fort courant et transitoire des composants élémentaires
transmise est corrigé du facteur d’atténuation. Cette figure montre qu’il est possible
d’atténuer le signal en entrée de l’oscilloscope avec une déformation négligeable de
l’impulsion initiale.
Figure IV.7 : Déformation du front de montée d’une impulsion causée par un atténuateur [ANDR’88].
IV.2.4 La sonde hyperfréquence
Les éléments parasites d’un boîtier et de son support de test ne permettent pas les mesures
à plusieurs giga Hertz. La mesure de la réponse transitoire d’un dispositif de protection ne
peut donc se faire que sur plaquette de silicium. La méthode la plus simple pour mesurer
une impédance en bout d’une ligne coaxiale (méthode TDR) est d’utiliser une sonde adaptée
50Ω pour prolonger la ligne coaxiale jusqu’aux bornes du dispositif à tester. Cette sonde est
constituée de deux pointes, l’une reliée à la garde de la ligne coaxiale notée « G », et la
seconde reliée à l’âme de la ligne notée « S ». Le pas entre les deux pointes impose la
distance entre les plots des structures de test à dessiner.
Sonde
hyperfréquence
Plaquette de silicium
Figure IV.8 : Sonde hyperfréquence adaptée 50Ω.
La sonde sélectionnée (cf. Figure IV.8) a une distance entre pointes de 125µm et sa
fréquence de coupure est de 50GHz. Cette fréquence correspond à celle de l’oscilloscope.
En utilisant la relation entre temps de montée et fréquence de coupure, nous obtenons une
113 / 148
durée de 7ps. Ce type de sonde est caractérisé par son fabricant par une capacité de circuit
ouvert et une inductance de circuit fermé. Pour le modèle utilisé, ces deux valeurs sont
respectivement égales à 8fF et 28pH. Quant à la résistance de contact, elle est donnée à
quelques milli Ohms.
Le tableau suivant résume les différents éléments du banc de mesure qui définissent
finalement le temps de montée du banc.
Origine
Générateur*
Sonde*
Atténuateur
Oscilloscope
Total
BP [GHz]
6,4
50
26
50
6
τM [psec]
55
7
13
7
57
Tableau IV-4 : Temps de montée total associé au banc de mesure transitoire.
Dans la partie qui suit, les différences des carrés des temps de déclenchement mesurés et
du temps de montée du banc seront opérées pour finalement déduire les temps de
déclenchements des dispositifs testés. La formule utilisée sera la suivante.
2
2
τ CST = τ EXTRAIT
− τ BANC
Équation IV.5 : Temps de déclenchement du CST étudié corrigé du temps de montée du banc de mesure.
Cette formule indique que pour un temps de montée mesuré de 100ps, le temps de
déclenchement réel du dispositif est de 82ps. Ceci correspond à une erreur de 12% sur la
grandeur souhaitée.
La photo suivante montre finalement le banc de mesure transitoire avec les différents
éléments qui le composent.
Générateur
d’impulsion
Machine à pointe
Oscilloscope
Figure IV.9 : Photographie du banc de mesure transitoire.
114 / 148
Chapitre IV Comportement fort courant et transitoire des composants élémentaires
IV.2.5 Exploitation des acquisitions des impulsions incidente et réfléchie
La mesure consiste à acquérir fidèlement les échelons incident et réfléchi. Le schéma
suivant illustre la mesure (cf. Figure IV.10). Les trois parties importantes sont modélisées : la
génération des impulsions, l’acquisition du signal, et la sonde hyperfréquence.
LS
T diviseur de
V0
puissance
Ligne 1
Ligne 2
RG = 50Ω
Rpara
CS
2.V0
Roscillo = 50Ω
CST
Figure IV.10 : Schéma de principe du banc de mesure transitoire.
La tension de sortie nominale du générateur étant égale à 2.V0, l’amplitude de l’impulsion
propagée correspond à la moitié de cette valeur. L’impulsion traverse ensuite le diviseur de
puissance. Nous considérons que celui-ci sépare équitablement l’énergie entre l’oscilloscope
et le CST. L’impulsion acquise représente donc l’impulsion incidente. La diminution de
l’amplitude de l’impulsion propagée à travers le T diviseur étant noté α, sa valeur doit être
égale à 1 2 dans le cas d’un diviseur parfait. Le CST est finalement soumis à une impulsion
incidente d’amplitude α.V0. De la même manière, l’énergie de l’impulsion réfléchie est divisée
lors de son acquisition retour. L’impulsion acquise est donc corrigée du facteur α pour
représenter correctement l’impulsion réfléchie aux bornes du CST. La longueur de la ligne de
transmission entre le diviseur de puissance et le CST détermine le retard séparant les
impulsions incidentes et réfléchies. Ce retard ∆t doit être parfaitement extrait pour
superposer les signaux acquis. La tension aux bornes du CST étant égale à la superposition
des ondes incidente et réfléchie, la superposition des signaux acquis est recalculée pour
constituer le résultat de mesure. Afin d’opérer cette superposition, nous pouvons réutiliser à
chaque calcul la même acquisition de l’impulsion incidente, celle-ci ne dépendant pas de
l’impédance en bout de ligne. Pour mesurer la réponse en tension du CST, nous avons
finalement besoin d’une impulsion incidente et des paramètres α et ∆t.
Nous expliquons maintenant la méthode utilisée pour déterminer le facteur α et le retard ∆t
grâce aux signaux incidents et réfléchis dans le cas d’un circuit ouvert. L’amplitude de
l’impulsion est réglée à son maximum, soit 10V. Le nombre de points d’acquisition maximum
est sélectionné, soit 4096. Ce nombre étant constant sur la fenêtre d’acquisition, la pleine
115 / 148
échelle de cette fenêtre détermine alors l’échantillonnage du signal. Une pleine échelle de
20ns permet de vérifier que les impulsions incidente et réfléchie sont fidèlement acquises
sans aucunes réflexions parasites gênantes (cf. Figure IV.11).
Tension [V]
8
Impulsion
Impulsion
Incidente
Réfléchie
4
0
1ère réflexion
parasite
-4
-8
0.E+0
1.E-8
Temps [sec]
2.E-8
Figure IV.11 : Impulsions incidente et réfléchie dans le cas d’un circuit ouvert pour une pleine échelle de 20ns. La
tension nominale de l’impulsion est de 10V et sa durée est de 1ns.
Une pleine échelle de 200ps permet une acquisition d’un plus grand nombre de points sur le
front de montée. Les impulsions réfléchie et incidente sont superposées et le facteur α est
ajusté (cf. Figure IV.12).
Tension [V]
8
6
Dégradation
4
2
0
0.E+0
du front de
montée
Impulsion Incidente
Impulsion Réfléchie
ajustée
1.E-9
Temps [sec]
2.E-9
Figure IV.12 : Impulsions incidente et réfléchie dans le cas d’un circuit ouvert pour une pleine échelle de 2ns. Le
pulse réfléchi est corrigé des facteurs α et ∆t.
Nous constatons une dégradation du front de montée. Le circuit étant ouvert, les pertes lors
de la propagation aller-retour de l’échelon dans la ligne de transmission entre l’oscilloscope
et le bout de ligne sont une cause probable à cette dégradation.
116 / 148
Chapitre IV Comportement fort courant et transitoire des composants élémentaires
Afin de déterminer le retard, un zoom est finalement effectué sur le front de montée des
impulsions pour ajuster l’impulsion réfléchie sur l’incidente (cf. Figure IV.13).
Tension [V]
8
6
4
Impulsion Incidente
2
Impulsion Réfléchie
ajustée
0
0.E+00
1.E-10
Temps [sec]
2.E-10
Figure IV.13 : Zoom sur la superposition des fronts de montée des signaux incident et réfléchi.
Les résultats qui seront utilisés par la suite sont résumés dans le tableau qui suit.
α
∆t
1,55
9,048ps
Tableau IV-5 : Résultat des ajustements des paramètres utiles pour calibrer le banc de mesure transitoire.
La mesure sur un court-circuit est le cas opposé à la mesure sur le circuit ouvert (cf. Figure
IV.14 & Figure IV.15). Nous supposons que si le résultat est satisfaisant sur le court-circuit
en utilisant les paramètres précédent, alors la mesure est calibrée pour tous les cas d’étude.
Tension [V]
8
4
0
-4
-8
0.E+0
1.E-8
Temps [sec]
2.E-8
Figure IV.14 : Impulsions incidente et réfléchie dans le cas d’un court-circuit pour une pleine échelle de 20ns.
117 / 148
8
Impulsion Incidente
Tension [V]
4
Impulsion Réfléchie
0
-4
-8
0.E+0
1.E-9
Temps [sec]
2.E-9
Figure IV.15 : Impulsions incidente et réfléchies dans le cas d’un court-circuit pour une pleine échelle de 2ns.
Les paramètres α et ∆t étant ajustés, nous ajoutons les ondes incidente et réfléchie pour
calculer les réponses transitoires des dispositifs testés. Le graphe suivant regroupe
l’impulsion incidente et les tensions calculées aux bornes du circuit ouvert et du court-circuit
(cf. Figure IV.16).
Tension [V]
16
12
8
Impulsion Incidente
4
1,5V
∼100ps
0
0.E+0
Court-Circuit
Circuit Ouvert
1.E-9
Temps [sec]
2.E-9
Figure IV.16 : Impulsions incidente et réfléchie dans le cas d’un circuit ouvert pour une pleine échelle de 20ns. La
tension nominale de l’impulsion est de 10V et sa durée est de 1ns.
Le circuit ouvert permet d’évaluer la capacité de la sonde. Celle-ci étant très petite (8fF), son
effet est peu visible sur la mesure. Le court-circuit quant à lui permet d’évaluer l’inductance
de la sonde. Avec une valeur de 28pH, celle-ci peut également être négligée. Ce court-circuit
correspond aux connexions des dispositifs qui seront testés par la suite. Une surtension de
1,5V et durant une centaine de pico seconde est constatée. Cette surtension est un artefact
de mesure. Elle représente les défauts du banc de mesure. N’étant pas prise en compte par
118 / 148
Chapitre IV Comportement fort courant et transitoire des composants élémentaires
la suite, nous ne pourrons affirmer avec certitudes les amplitudes en tension aux bornes des
composants étudiés sur la première centaine de pico seconde de leurs réponses.
IV.3 Mesures aux bornes de composants élémentaires
IV.3.1 Présentation des composants étudiés
Le but de cette partie est de montrer qu’il est possible de mesurer des réponses transitoires
de composants de protection dans les domaines de temps du CDM. Les structures étudiées
sont de technologie 0,13µm. Ce sont des composants élémentaires ou des mini-circuits
composés d’un bus VDD, d’un bus VSS, et d’un plot protégé. Les composants élémentaires
sont issus d’une bibliothèque servant à construire les protections des circuits de tension
d’alimentation égale à 1,8V. Les mini-circuits ont pour but de tester des stratégies de
protection complètes construites à partir des composants élémentaires.
Les mesures VF-TLP renseigneront sur les comportements à fort courant dans le domaine
d’énergie du CDM. La durée des impulsions est fixée à 5ns. La technique de mesure est de
type TDR-S. La sonde utilisée est celle présentée précédemment. Dû à la technique de
mesure, les caractéristiques I(V) sont limitées à 1A. Au dessus de ce courant la réponse du
CST est noyée dans le bruit (cf. Figure II.37). Les mesures transitoires complèteront les
mesures VF-TLP en renseignant sur le comportement des protections dans les gammes de
temps du CDM. La technique de mesure étant similaire à celle du VF-TLP (méthode TDR) la
mesure transitoire correspond finalement au point calculé sur la caractéristique I(V) par le
VF-TLP pour la tension de charge du câble de 14V. La durée des impulsions est fixée à 2ns.
Sur les composants élémentaires, l’objectif est de montrer qu’il est possible de quantifier des
surtensions et des temps de déclenchement. La mesure VF-TLP est présente pour vérifier
les caractéristiques I(V) des composants. Sur les circuits de test, l’objectif est de montrer que
l’on peut caractériser une stratégie de protection complète et que l’on peut rattacher ses
caractéristiques aux composants élémentaires qui la compose.
IV.3.2 Les diodes
Deux diodes sont étudiées. La diode N+PWELL relie le plot protégé au bus VSS du circuit tandis
que la diode P+NWELL relie ce plot au bus VDD. Ces deux diodes sont généralement parallèles
aux oxydes de grille des transistors MOS des inverseurs d’entrée (cf. Figure I.14). Ces
oxydes étant très sensibles aux surtensions (cf. Figure I.26), celles-ci (si elles existent lors
de la commutation des diodes) doivent être quantifiées pour savoir si les diodes peuvent être
utilisées [WILL’03]. Nous caractérisons premièrement les deux diodes par leurs
caractéristiques I(V) VF-TLP (cf. Figure IV.17). La caractéristique obtenue par un TLP
générant des impulsions de 100ns est également représentée pour la diode N+PWELL.
119 / 148
1
~1,5V
N+Pwell TLP 100nsec
Courant [A]
0.8
N+Pwell
P+Nwell
0.6
0.4
0,25A @ 1,2V
0.2
0
0
1
2
Tension [V]
3
4
+
+
Figure IV.17 : Caractéristiques I(V) jusqu’à 1A des diodes N PWELL & P NWELL - Impulsions de 5ns.
Les deux caractéristiques VF-TLP sont quasi-identiques. La tension aux bornes des diodes
est approximativement égale à 1,5V à 1A. En comparaison la mesure TLP indique une
tension de 2V pour le même courant. Les caractéristiques TLP et VF-TLP commencent à
diverger à partir de 0,4A. Cela traduit l’effet de l’échauffement de la diode pour des
impulsions plus longues. Les impulsions incidentes et réfléchies sont maintenant acquises
avec le second banc de mesure et les tensions calculées aux bornes des dispositifs sont
tracées sur le graphe suivant (cf. Figure IV.18). La réponse du court-circuit est également
superposée aux résultats.
4
N+Pwell
Tension [V]
~3V
P+Nwell
3
Surtensions d’allures
2
Court-Circuit
quasi-identiques
1,3V
1
0
0.E+0
1.E-9
Temps [sec]
2.E-9
+
+
Figure IV.18 : Tension V(t) aux bornes des diodes N PWELL & P NWELL - Impulsions de 2ns.
Nous constatons que les comportements transitoires des deux diodes sont identiques. Pour
une tension de 1,3V en fin de stress, une surtension atteignant 3V est mesurée aux bornes
des diodes. Le graphe montre que la surtension calculée dans le cas d’un court-circuit prend
120 / 148
Chapitre IV Comportement fort courant et transitoire des composants élémentaires
part à celle observée sur la réponse de la diode puisque les allures des surtensions sont
quasi-identiques. La soustraction point par point de la réponse du court-circuit à celle du
composant étudié paraît ainsi une première solution raisonnable pour prendre en compte
cette erreur. Cette correction correspond à une grossière approximation que nous pouvons
utiliser si la réponse de la protection est proche de celle d’un court-circuit idéal. Puisque le
court-circuit correspond aux interconnexions du composant, cette méthode à aussi
l’avantage de soustraire la tension causée par la résistance d’interconnexion à la réponse du
composant. La réponse corrigée de la diode N+PWELL est calculée puis reportée sur le graphe
suivant (cf. Figure IV.19). La tension calculée aux bornes du dispositif à la fin de l’impulsion
est cette fois égale à 1,2V. Le point de fonctionnement calculé correspond à un courant de
0,25A (cf. Équation II.7). Il correspond aux points entourés de la caractéristique I(V) obtenue
avec le VF-TLP. Les deux bancs de mesures donnent ainsi des résultats cohérents.
2
VPIC
Tension [V]
1,8V
VM + 10% de ∆V
1
0,25mA
τ = 400ps
∆V = VPIC - VM
1,2V
10% de VM
0
0.E+0
1.E-9
Temps [sec]
2.E-9
Figure IV.19 : Tension V(t) aux borne de la diode N+PWELL et définition du temps de déclenchement.
Une définition pratique du temps de déclenchement d’un composant est donnée dans la
littérature [RUSS’99]. Elle correspond à la durée mis par le composant pour passer de 10%
de sa valeur de maintien à cette valeur à laquelle est ajoutée 10% de la surtension ∆V. Cette
définition pratique est donnée pour un ggNMOS mais peut finalement être utilisée pour
n’importe quel composant. Pour la diode étudiée, le temps de déclenchement extrait est de
400ps. Si on corrige cette valeur du temps de montée du système de mesure, soit 57ps, (cf.
Tableau IV-4) nous obtenons finalement un temps de déclenchement propre au dispositif
égal à 396ps (cf. Équation IV.5). Pour une tension quasi-statique de 1,2V, une surtension de
1,8V est également extraite. Ceci correspond à une surtension de 50%.
Le banc de mesure est pour l’instant limité en tension, ce qui ne permet pas d’observer des
surtensions dangereuses pour les oxydes à protéger. En CDM, les courants atteignent
facilement 20A. Pour avoir une idée de la tension aux bornes de la diode pour des courants
de cet ordre de grandeur pendant des durées de quelques nano secondes, une mesure VF-
121 / 148
TLP complète serait nécessaire. En TLP, pour un courant de 5,3A, la tension aux bornes de
la diode atteint 5,7V (cf. Figure IV.20). Ce point de fonctionnement correspond au maximum
de courant que peut laisser passer la diode lors d’une impulsion de 100nsec sans être
dégradée. En VF-TLP, cette tension sera plus faible pour le même courant, en revanche des
courants plus forts seront mis en jeu.
6
5,3A @ 5,7V
Courant [A]
5
4
3
2
1
0
0
2
4
6
Tension [V]
Figure IV.20 : Caractéristiques I(V) de la diode N+PWELL - Impulsions de 100ns.
Une mesure VF-TLP serait premièrement nécessaire pour connaître la tension aux bornes
de la diode pour des courants atteignant 20A. Pour ce qui est de la surtension, la question
est ensuite de savoir comment celle-ci évolue en fonction de la tension quasi-statique
correspondant à un point de fonctionnement de la caractéristique VF-TLP. Pour une tension
de stress plus importante, à temps de montée égal, la montée en tension dV/dt sera
également plus rapide. Une question supplémentaire est de connaître l’influence de ce
dernier paramètre sur la surtension aux bornes de la diode.
Les mesures transitoires permettent ici d’étudier de façon quantitative la surtension aux
bornes d’une diode lors de sa mise en conduction. Bien que pour l’instant, les tensions de
stress soient limitées à 14V, ce qui correspond à un courant maximum de 280mA sur un
court-circuit, des études supplémentaires permettraient de modéliser la surtension, pour
finalement extrapoler le résultat pour des tensions plus élevées.
IV.3.3 La protection centrale
La protection centrale bidirectionnelle qui relie les alimentations VDD et VSS se déclenche de
façon dynamique. Elle se trouve en série avec les diodes de protection. Pour ne pas ajouter
de chute de tension supplémentaire, elle doit être faiblement résistif et sa tension de
déclenchement proche de zéro. Les caractéristiques I(V) direct et inverse sont présentés sur
le graphe suivant (cf. Figure IV.21).
122 / 148
Chapitre IV Comportement fort courant et transitoire des composants élémentaires
1
Direct
Courant [A]
0.8
Inverse
0.6
0.4
0,26A @ 0,9V
0.2
0
0
1
2
Tension [V]
3
4
Figure IV.21 : Caractéristiques I(V) jusqu’à 1A de la protection centrale dans les sens direct et inverse Impulsions de 5ns.
Les deux caractéristiques sont quasi-similaires. Jusqu’à 1A, la tension à ses bornes avoisine
1V. Le graphe suivant montre le comportement transitoire de la protection centrale lors de
son déclenchement (cf. Figure IV.22). Comme pour le cas de la diode, la réponse du courtcircuit est soustraite aux résultats pour les mêmes raisons.
4
Tension [V]
Direct
3
Inverse
1,9V
τ = 1100ps
2
0,26mA
1
1V
0,9V
0
0.E+0
1.E-9
Temps [sec]
2.E-9
Figure IV.22 : Tension V(t) aux bornes de la protection centrale en direct et en inverse - Impulsions de 2ns.
Le courant calculé après le déclenchement est cette fois égale à 0,26mA pour une tension
de 0,9V. Ce point de fonctionnement correspond au point entouré sur la caractéristique
obtenue avec le VF-TLP. Bien que le point de fonctionnement atteint soit identique pour les
deux polarisations, le comportement transitoire est différent. En inverse la légère
augmentation de tension n’est pas assez significative pour conclure d’une surtension causée
par le composant. En revanche, une surtension d’1V est constatée en direct. L’utilisation de
123 / 148
la définition donnée précédemment indique une durée de déclenchement égal à 1100ps, le
temps de montée du banc de mesure influant peu sur ce résultat. Cette surtension
correspond au déclenchement des transistors MOS par le filtre RC du de la protection et
n’est pas visible sur la caractéristique I(V) obtenue par le VF-TLP.
La mesure transitoire nous indique ici qu’il sera nécessaire de tenir compte d’1V
supplémentaire sur le calcul de la tension aux bornes du chemin de protection total. Comme
pour la diode cette surtension est une information supplémentaire à la caractéristique
obtenue par le VF-TLP. Elle se distingue de la surtension causée par le court-circuit et met
en évidence la possibilité d’étudier de façon quantitative le déclenchement d’une protection.
Elle correspond ici à un rapport dV/dt limité par la tension de sortie du générateur
d’impulsions. Il serait intéressant de prédire le résultat pour des tensions plus élevées pour
conclure sur la tension maximum aux bornes de la protection pendant la décharge.
IV.3.4 Le ggNMOS
Le ggNMOS est une protection bidirectionnelle qui peut être rajoutée près des oxydes de
grille des inverseurs d’entrée pour une protection parallèle supplémentaire. Trois ggNMOS
sont étudiés. Leurs caractéristiques I(V) VF-TLP sont reportées sur le graphe suivant (cf.
Figure IV.23).
1
Dégradation
L = 0,35µm W = 40µm
Courant [A]
0.8
L = 0,8µm W = 40µm
L = 0,35µm W = 6 x 40µm
0.6
0.4
0,13A @ 6,9V
0.2
0,10A @ 8V
11,2V
0
0
2
4
6
8
Tension [V]
9V
10
12
Figure IV.23 : Caractéristiques I(V) jusqu’à 1A pour trois différents ggNMOS - Impulsions de 5ns.
Les deux premiers ggNMOS correspondent à deux longueurs de grille différentes : 0,35µm
et 0,8µm, et ont un seul doigt de 40µm. Le transistor 0,35µm répété six fois constitue le
dernier ggNMOS. Entre les deux ggNMOS de largeurs différentes, les points remarquables
sur la caractéristique sont différents. Ainsi entre une largeur de 0,35µm et 0,8µm, la tension
de retournement passe de 9V à 11,2V, et la tension de maintien passe de 6,9V à 8V. En
revanche, le courant maximum avant la défaillance est environ le même : ~0,8A. La
caractéristique du multi-doigt est calquée sur celle du ggNMOS élémentaire qui le compose.
124 / 148
Chapitre IV Comportement fort courant et transitoire des composants élémentaires
Les tensions de retournement et de maintien sont les mêmes mais la résistance du dispositif
est quasi-nulle et à 1A la défaillance de la protection n’a pas été atteinte.
Le prochain graphe compare les résultats VF-TLP avec les caractéristiques TLP (cf. Figure
IV.24). Mise à part la partie résistive du composant qui est modifiée à partir d’un courant
d’environ 0,4A, en dessous de cette valeur les caractéristiques sont similaires et les tensions
de retournement et de maintien sont en accord, ce qui indique que l’état du composant au
bout de 5nsec est similaire à son état au bout de 100nsec.
1
L = 0,35µm W = 40µm
Courant [A]
0.8
L = 0,8µm W = 40µm
L = 0,35µm W = 6 x 40µm
0.6
0,4A
0.4
0.2
6,7V
8V
11V
0
0
2
4
6
8
Tension [V]
9,2V
10
12
Figure IV.24 : Caractéristiques I(V) jusqu’à 1A pour trois différents ggNMOS - Impulsions de 100ns.
Le graphe suivant compare les comportements transitoires des trois ggNMOS pendant leurs
déclenchements sur le front de montée de l’impulsion (cf. Figure IV.25). Cette fois-ci il ne
serait pas juste de soustraire directement la réponse du court-circuit à celles des ggNMOS
pour corriger leurs réponses. Ce sont donc les résultats bruts qui sont présentés.
12
Tension [V]
10
8
6
4
2
11,8V
8,9V
8,1V
0,10A
8,6V
0,13A
7,2V
τ = 690ps
τ = 330ps
L = 0,35µm W = 40µm
L = 0,8µm W = 40µm
L = 0,35µm W = 6 x 40µm
0
0.E+0
1.E-9
Temps [sec]
2.E-9
Figure IV.25 : Tension V(t) aux bornes des trois différents ggNMOS - Impulsions de 2ns.
125 / 148
Les points de fonctionnement associés à l’impulsion du banc de mesure transitoire sont tout
d’abord repérés sur les caractéristiques I(V). Les tensions au bout de 2ns coïncident
approximativement avec les tensions acquises au bout de 5ns des impulsions VF-TLP. La
superposition des réponses des ggNMOS permet de comparer leurs durées de
déclenchement. Dans le tableau suivant sont résumés les tensions de déclenchement
dynamiques et quasi-statiques ainsi que les temps de déclenchement calculés avec la
définition précédente pour les trois transistors.
L=0,35µm & W=40µm
L=0,35µm & W=6x40µm
L=0,8µm & W=40µm
Vt1 quasi-statique
~9V
~9V
~11,2V
Vt1 dynamique
~8,9V
~8,1V
~11,8V
τEXTRAIT
~330ps
~690ps
~690ps
τDECLENCH
~325ps
~688ps
~688ps
Tableau IV-6 : Comparaisons des retournements des trois ggNMOS.
Nous constatons que le temps de déclenchement augmente avec le nombre de doigt et avec
la longueur du canal. Ces temps sont en accord avec les ordres de grandeurs obtenus par
simulation par [RUSS’99]. L’auteur extrait ainsi des durées de 177ps et de 588ps pour des
transistors de longueur de grille de 0,25µm et 0,5µm. Comme dans le cas de la diode ou de
la protection centrale, ces durées sont comprises entre une centaine de pico seconde et
1nsec. La durée de la première arche d’un courant de décharge CDM étant de l’ordre
d’1nsec, il est certain que pendant la décharge, à aucun moment le transistor ggNMOS
n’atteint un point de fonctionnement quasi-statique.
Concernant la tension de retournement, il est difficile de conclure précisément puisque les
mesures ne sont pas corrigées. En théorie, sa valeur dynamique devrait être
systématiquement plus basse que celle obtenue sur la caractéristique quasi-statique. Cela
est expliqué dans la littérature [RUSS’99] [MERG’01]. Le déclenchement est décrit comme la
succession de l’établissement d’un courant de déplacement aux bornes de la capacité de
jonction « base-collecteur », puis de l’établissement du courant d’avalanche de cette jonction
lorsque la tension d’avalanche est atteinte, puis finalement du retournement du dispositif. Le
temps de déclenchement correspond ainsi à la somme des durées associées à chacun de
ces trois événements. Le courant de déplacement s’ajoute donc au courant d’avalanche pour
atteindre la valeur de déclenchement du bipolaire parasite. Le courant de déplacement
augmentant avec la rapidité de la montée en tension (dV/dt triggering), plus le temps de
montée est court et plus la contribution du courant de déplacement est importante. Il en
résulte une tension d’avalanche à atteindre moins importante, c'est-à-dire une tension de
retournement plus faible. D’après des simulations basées sur un modèle compacte du
transistor ggNMOS [RUSS’99], les tensions de déclenchement peuvent varier de quelques
centaines de milli Volts.
126 / 148
Chapitre IV Comportement fort courant et transitoire des composants élémentaires
IV.3.5 Stratégie de protection
Deux structures sont proposées dans cette partie. La première est un mini-circuit
correspondant à un plot protégé avec les deux diodes N+PWELL et P+NWELL et la protection
centrale. La seconde reprend le même circuit auquel est ajouté un transistor ggNMOS
supplémentaire entre le plot d’entrée et celui correspondant à VSS. A chaque nœud du circuit
est présent un plot de connexion permettant la mesure du potentiel. Tous les plots étant
équirépartis et la distance entre deux plots correspondant à l’écartement de la sonde
hyperfréquence, le dessin proposé permet d’étudier les 6 décharges entre deux plots (cf.
Figure IV.26).
Bus VDD
VDD
VDD
N+PWELL
P+NWELL
Plot protégé
VDD
VDD
ggNMOS
Protection
L = 0,35µm & W = 6x40µm
centrale
VSS
VSS
VSS
Bus VSS
Figure IV.26 : Dispositions des composants élémentaires de protection sur le dessin d’une stratégie de protection
complète entre un plot protégé, le bus VDD, et le bus VSS.
Le tableau suivant résume les différentes décharges en indiquant les composants
élémentaires de protection respectivement sollicités pour chaque chemin de courant.
Chemin n°1
Chemin n°2
+
de l’entrée à VDD
Diode P NWELL
de l’entrée à VSS
Diode P+NWELL - Protection centrale
de VDD à VSS
Protection centrale
de VDD à l’entrée
Protection centrale - Diode N+PWELL
ggNMOS (snapback)
ggNMOS (diode parasite)
+
de VSS à l’entrée
Diode N PWELL
de VSS à VDD
Protection centrale
Tableau IV-7 : Différents chemins de courant étudiés.
La première série de mesure présentée correspond aux caractéristiques I(V) VF-TLP
obtenues sur un circuit sans ggNMOS (cf. Figure IV.27).
127 / 148
1
entrée vers Vdd
entrée vers Vss
Courant [A]
0.8
Vdd vers Vss
Vdd vers entrée
0.6
Vss vers entrée
Vss vers Vdd
0.4
0,23A @ 2,2V
0.2
0
0
2
4
6
Tension [V]
Figure IV.27 : Caractéristiques I(V) jusqu’à 1A des différents chemins de courant étudiés - Impulsions de 5ns.
En dessous de 1A, les tensions aux bornes des chemins de protection n’atteignent pas la
valeur de la tension de retournement du transistor ggNMOS (~9V). Mises à part les
caractéristiques mettant en jeu une diode et la protection centrale, c'est-à-dire correspondant
aux chemins entre le plot protégé et le bus VSS, et entre le bus VDD et le plot protégé, les
autres chemins ne mettent en jeu qu’un composant élémentaire de protection, et les
caractéristiques obtenues correspondent aux caractéristiques mesurées précédemment.
Le graphe suivant présente les évolutions transitoires des tensions sur les deux chemins de
courant sollicitant une diode avec la protection centrale (cf. Figure IV.28). Comme pour le
cas des ggNMOS, les résultats présentés n’ont pas de corrections.
Tension [V]
4
3,7V
Entrée vers VSS
VDD vers entrée
3
0,23A
2,3V
2
τ = 1150ps
1
0
0.E+0
1.E-9
Temps [sec]
2.E-9
Figure IV.28 : Tension V(t) aux bornes des chemins VDD vers entrée et entrée vers VSS - Impulsions de 2ns.
Puisque pour les deux chemins la protection centrale est sollicitée dans sa polarisation
directe et puisque les comportements des deux diodes sont identiques, le comportement
128 / 148
Chapitre IV Comportement fort courant et transitoire des composants élémentaires
transitoire est finalement le même pour les deux cas. Une surtension de 3,7V est constatée
pour un point de fonctionnement à 2,3V. Cette tension quasi-statique correspond à la
superposition des tensions attribuées à une diode et à la protection centrale.
Sur les résultats précédents, l’impact du ggNMOS ne peut pas être constaté puisque son
retournement n’est pas atteint. Pour vérifier s’il se déclenche à des courants plus élevés
deux mesures TLP classiques sont présentées sur le graphe suivant.
7,9A @ 10,1V
8
Courant [A]
ggNMOS - L = 0,35µm W = 6 x 40µm
6
Entrée vers VSS sans ggNMOS
5,0A @ 10,3V
Entrée vers VSS avec ggNMOS
4
2
9,2V
0
0
2
4
6
8
Tension [V]
10
12
Figure IV.29 : Caractéristiques I(V) TLP de l’entrée vers VSS pour une stratégie de protection avec et sans
ggNMOS - Impulsions de 100ns.
Nous constatons que sans ggNMOS la défaillance de la protection est atteinte à partir d’une
tension à ses bornes égale à 10,3V pour un courant de 5A. Cette tension étant supérieure à
la tension de retournement du ggNMOS (9,2V) la stratégie avec ggNMOS permet le
déclenchement de celui-ci avant que l’ensemble « diode et protection centrale » ne soit
dégradé. Dès que le ggNMOS est déclenché, un retournement est visible sur la
caractéristique, suivie d’une baisse de la résistance de la protection. Cela correspond au
second chemin de courant ajouté en parallèle au chemin initial. Finalement, la défaillance de
la seconde stratégie est atteinte à partir d’une tension pratiquement équivalente à celle de la
première stratégie, mais pour un courant plus élevé : ~8A au lieu de ~5A. L’ajout du
ggNMOS augmente ainsi le courant maximum pouvant être évacué d’approximativement 3A.
IV.4 Conclusion sur le comportement des composants en CDM
Nous avons montré dans les chapitres précédents que l’aspect transitoire était aussi
important que l’aspect fort courant dans le cas du CDM. Pour étudier le comportement des
composants de protection, un banc de mesure a été développé. Il s’appuie sur trois éléments
essentiels : le générateur d’impulsions capable de générer des échelons avec un front de
montée de 55psec et une amplitude de 10V ; un oscilloscope à échantillonnage séquentiel
dont le temps de montée est de 7psec ; et une sonde hyperfréquence adaptée 50Ω. Le
129 / 148
calcul de la réponse du composant de protection s’effectue à partir des échelons incident et
réfléchi acquis par l’oscilloscope. Deux paramètres importants doivent être extraits pour
effectuer ce calcul : il s’agît du facteur α pour ajuster l’amplitude du signal réfléchi et de la
durée ∆t séparant les fronts de montée des signaux incident et réfléchi.
Le banc de mesure a ensuite été testé lors d’une étude CDM menée sur une bibliothèque de
composants élémentaires de protection pour des circuits de technologie 0,13µm puis sur des
mini-circuits de test représentant des stratégies de protection complètes. Ces études ont
ainsi montrées la faisabilité de la mesure en renseignant sur le comportement transitoire de
différents composants. Pour ceux étudiés les réponses transitoires sont cohérentes avec les
caractéristiques quasi-statiques obtenues par le VF-TLP et on constate notamment qu’au
bout d’approximativement 1nsec le point de fonctionnement quasi-statique est atteint. En se
basant sur une définition du temps de déclenchement des ggNMOS donnée dans la
littérature, nous avons déterminé qu’environ 400psec étaient nécessaires à la diode étudiée
pour atteindre 250mA à 1,2V et qu’une surtension était associée à son déclenchement. Dans
le cas de la protection centrale, le point de fonctionnement de 250mA à 0,9V est commun
pour les deux polarisations directe et inverse, en revanche les comportements transitoires
sont différents et seule la polarisation inverse présente une surtension franche associée à
une durée de déclenchement évaluée à 1,1nsec. Des mesures sur trois différents ggNMOS
nous ont ensuite montré la possibilité d’étudier l’influence de certains paramètres des
transistors comme la longueur du canal ou le nombre de doigts sur la durée du
déclenchement. Finalement, toutes les durées de déclenchement extraites étant comprises
entre quelques centaines de pico seconde et 1nsec, nous pouvons conclure que pendant un
stress CDM, le composant ne peut jamais atteindre complètement un état quasi-statique, et il
est donc nécessaire de connaître son comportement transitoire. Enfin, l’étude de minicircuits permet de comprendre l’impact des différents éléments de protection sur la stratégie
de complète. Ainsi les tensions des points de fonctionnement de la diode et de la protection
centrale s’ajoutent pour définir la chute de potentiel finale aux bornes du circuit protégé, en
revanche la durée du déclenchement total correspond à la protection centrale. Pour
constater l’impact d’un ggNMOS supplémentaire, des mesures TLP ont été nécessaires.
Nous constatons ici que son déclenchement a lieu avant la dégradation de l’ensemble
« diode et protection centrale », ce qui permet finalement d’augmenter le courant maximum
avant la défaillance de la protection de 5 à 8A. L’utilité d’un ggNMOS pour améliorer la
quantité de courant pouvant être évacuée est ainsi montrée.
Le banc de mesure transitoire peut finalement être caractérisé par son temps de montée,
soit 57psec, par la tension maximum pouvant être soumise au CST, soit 14V, par son
impédance de sortie, soit 50Ω, et finalement par la durée des impulsions, soit 2nsec. La
faisabilité de la mesure a été montrée et nous avons pu extraire des temps de
déclenchement typique de 100psec à 1nsec associés à des surtensions de quelques Volts.
130 / 148
Chapitre IV Comportement fort courant et transitoire des composants élémentaires
Aux bornes d’un court-circuit, la mesure montre une surtension problématique. Celle-ci
ajoute une erreur systématique à toutes les mesures. Une première amélioration serait la
minimisation de cette surtension par l’utilisation de câbles présentant moins de pertes par
exemple. Nous pouvons également envisager une correction de l’erreur avec un traitement
avancé du signal réfléchi [TREM’05]. Tous les résultats obtenus sont de plus limités à un
courant de 280mA correspondant à la tension de 14V associée à l’impédance de 50Ω. Bien
que ces courants soient suffisants pour déclencher les transistors ggNMOS étudiés, ils
restent inférieurs à ceux mis en jeu lors de la décharge CDM. Il serait maintenant intéressant
de connaître comment évoluent les surtensions et les durées de déclenchement pour des
courants plus élevés. Pour cela, nous pouvons utiliser un T de mesure plutôt qu’un diviseur
de puissance pour augmenter la tension appliquée au composant. Nous pouvons également
envisager de modéliser la réponse transitoire du composant pour ensuite extrapoler les
résultats à des courants plus élevés.
Le banc de mesure VF-TLP a été utilisé avec une méthode TDR limitée à 1A. Les
caractéristiques des composants étudiés sont calculées à la fin des 5nsec des impulsions
VF-TLP. Comme nous avons vu que le régime quasi-statique était atteint pour des durée
maximums d’1nsec, la caractéristique I(V) obtenue peut être qualifiée de quasi-statique, et
les surtensions transitoires des composants n’y sont donc pas représentées. Il serait
maintenant intéressant de connaître les tensions aux bornes des protections pour des
courants atteignant une dizaine d’Ampère correspondant au CDM. Nous avons une première
estimation de la chute de potentiel pour des courants de 1A. De nouvelles techniques
utilisant des mesures quatre pointes sont en cours de développement chez les
équipementiers pour mesurer précisément la caractéristique des composants pour des
courants plus élevés. Bien que limités, les moyens de mesures actuels dans les domaines
de temps et de courant du CDM donnent finalement des résultats encourageants tout en
étant toujours en développement.
131 / 148
Conclusion générale
Conclusion générale
Nous avons présenté dans le premier chapitre les tests ESD, les protections intégrées, et les
outils pour les développer. Parmi les trois types de décharge : HBM, MM, et CDM, le dernier
se distingue des deux autres par son mécanisme et par les domaines de courant et de durée
mis en jeu. Ainsi rien ne garantit que les protections classiques développées pour le HBM ou
le MM puissent être utilisées en CDM. En effet, seule une patte de la puce est sollicitée lors
de ce test, le reste étant couplé capacitivement avec un plateau conducteur du testeur. Les
chemins de courant sur le circuit intégré lors de la décharge ne sont donc pas connus et ne
correspondent pas forcément à des chemins entre deux pattes. De plus, la simple
considération du courant de décharge indique que les protections doivent laisser passer un
courant dix fois supérieur aux deux autres cas et qu’elles doivent travailler dans un nouveau
régime transitoire de quelques nano secondes. Les méthodes et les outils pour développer
les protections CDM demandent ainsi à être réétudiés.
Dans le second chapitre, grâce à l’acquisition du courant de décharge, nous avons mis en
évidence les grandes caractéristiques du CDM, ce qui nous a permis de poser des
hypothèses simplificatrices pour la suite des études. Ainsi, toutes les mesures du courant
sont répétées une dizaine de fois pour connaître les écarts types des résultats et la tension
de stress est fixée à 250V puisque la linéarité a été constatée de 125V à 2kV entre le
courant et la tension de stress. Nous avons ensuite montré que la capacité de couplage
entre le CST et le plateau du testeur pouvait être mesurée. Associée à la mesure du courant
de décharge, nous obtenons deux données clefs pour modéliser à une échelle globale une
décharge CDM. Nous avons constatée qu’elle pouvait varier de quelques pico Farads à une
centaine de pico Farad. C’est la charge ou la décharge de cette capacité qui est à l’origine
du courant de décharge. La valeur mesurée est une valeur globale, équivalente à toutes les
capacités entre les éléments conducteurs de la puce électronique et le plateau de charge.
Cette capacité a ainsi plusieurs origines et il est important de savoir comment la valeur
globale est répartie autour du circuit que l’on veut protéger pour comprendre comment sont
répartis les courants de décharge à l’intérieur de la puce électronique. Ceci nous amène à la
modélisation de la décharge à une échelle locale. Nous avons commencé par présenter
différents types de boîtier pour identifier les éléments conducteurs pouvant définir la capacité
de couplage. Nous avons été amenés à utiliser un outil d’extraction de paramètres RLC pour
133 / 148
extraire des valeurs d’inductance ou de capacité associées à ces éléments conducteurs à
partir d’un dessin technique d’un boîtier. Une difficulté de la modélisation du CDM est alors la
dépendance de la décharge vis-à-vis du type de boîtier, son modèle pouvant être
complètement différent d’un type à un autre. Nous avons également montré que le substrat
de silicium pouvait participer à la capacité de couplage. Le but de toutes ces études est
d’obtenir une répartition des valeurs globales RLC autour du circuit testé afin de pouvoir
simuler les courants et les tensions à l’intérieur du circuit pendant la décharge. Le lien entre
valeur globale et distribution locale est donc établi par des simulations électromagnétiques.
Expérimentalement, aucun moyen n’a été présenté pour valider les hypothèses de répartition
et les simulations au niveau du circuit restent des suppositions. Nous avons finalement
présenté des mesures spécifiques à l’étude du CDM. Certaines ont pour but d’obtenir des
informations sur le comportement d’un circuit en reproduisant des contraintes équivalentes
au CDM tout en rendant la mesure possible (mesures CC-TLP). Ces études restent
cependant très expérimentales. En revanche la mesure VF-TLP prend actuellement place
dans l’industrie comme l’outil principal pour obtenir des informations sur le comportement
des composants élémentaires de protection dans les gammes d’énergie du CDM.
En s’appuyant sur la modélisation à l’échelle globale présentée dans le chapitre précédent,
le troisième chapitre commence par une mise en évidence des éléments du testeur CDM
intervenant dans ce type de modèle. Cette partie a notamment montrée l’importance de la
capacité entre le plan de masse et le plateau de charge et a permis d’extraire une
inductance constante liée à la pointe de test. Dans une seconde partie, le composant sous
test est ajouté au modèle. Nous montrons alors qu’en première approximation, quelle que
soit la patte stressée ou la partie du circuit reliée à cette patte, le courant de décharge est le
même pour un boîtier donné avec le même nombre de pattes utilisées. Ainsi, la décharge va
dépendre du testeur et du boîtier utilisé. Nous pouvons alors associer au test un jeu de six
paramètres reflétant ces deux éléments couplés : RTEST la résistance de mesure, RARC la
résistance d’arc, LTEST l’inductance de la pointe de test, LCST la part d’inductance liée au CST,
CCST la capacité de couplage entre le CST et le testeur, et CPM la capacité entre le plan de
masse et le plateau de charge. Ce modèle global paraît indissociable d’un résultat de test
puisqu’il définit le courant de décharge. Ce courant n’étant finalement pas entièrement
déterminé par la tension de stress, cette dernière valeur n’est pas l’unique donnée
représentative de la sévérité de la décharge. La troisième partie de ce chapitre traite de
l’étude de la distribution des valeurs globales autour du circuit. L’intérêt d’une telle étude
ayant été présenté dans le chapitre précédent, celle-ci a été menée dans le cas particulier du
boîtier TQFP avec 48 broches. La capacité globale a ainsi pu être associée aux couplages
entre les broches du boîtier et le plateau du testeur CDM, ces broches étant supposées
court-circuitées entre elles par les protections ESD lors de la décharge. La capacité globale
est alors répartie en 48 capacités élémentaires mises en parallèles correspondant à chaque
134 / 148
Conclusion générale
broche. Cette répartition indique finalement une façon de simuler une décharge CDM au
niveau du circuit intégré.
Le quatrième et dernier chapitre traite de l’étude du comportement des composants de
protections élémentaires pendant la décharge. Les chapitres précédents nous ont permis
d’appréhender les stress appliqués à ces composants. Bien que les courants prédits à
l’intérieur du circuit ne soient pas vérifiés expérimentalement, nous retenons que le stress
appliqué est un courant de très forte intensité pendant une durée de quelques nano
secondes et que le déclenchement du composant doit s’effectuer pendant la durée
d’établissement de l’arc électrique, celui-ci étant inférieure à une centaine de pico seconde.
Nos efforts se sont focalisés sur l’évaluation de deux nouveaux outils de mesures adaptés à
l’étude du CDM : le VF-TLP et un banc de mesure transitoire. Le VF-TLP correspondait à un
équipement en cours de développement et le banc de mesure transitoire également en
développement a été entièrement conçu lors de la thèse. Ces deux outils fonctionnent sur le
principe de la mesure TDR : des impulsions sont générées sur le CST et la tension ou le
courant sont calculés à partir des acquisitions des impulsions incidente et réfléchie. Les
informations obtenues par le VF-TLP et le banc transitoire sont complémentaires. Le VF-TLP
permet de construire une caractéristique I(V) à fort courant du CST grâce à une succession
d’impulsions de durée égale à 5nsec et d’amplitudes croissantes, en s’affranchissant au
maximum de l’auto-échauffement du dispositif. Quant au banc transitoire, il renseigne sur la
tension aux bornes de la protection au cours du temps V(t) correspondant à sa réponse face
à un échelon en tension généré via une impédance de 50Ω. Cette réponse permet d’évaluer
la surtension aux bornes de la protection avant d’atteindre son point de fonctionnement ainsi
que la durée de son déclenchement. Pour se replacer dans le contexte du CDM, la mesure
transitoire s’appuie sur un générateur d’impulsions de temps de montée égal à 55psec avec
une dizaine de Volts d’amplitude, et d’un système d’acquisition limité par la connectique du
banc à 26GHz. Suite à la description de la conception du banc, le chapitre présente les
premiers résultats obtenus sur quelques composants de protection appartenant à une
bibliothèque de technologie 0,13µm. Nous avons premièrement vérifiés que ces résultats
étaient cohérents avec les mesures VF-TLP en vérifiant qu’après le déclenchement d’une
protection un point de la caractéristique VF-TLP était atteint. Nous avons ensuite évalué des
surtensions et des durées de déclenchement pour montrer la faisabilité des mesures. Le
banc demande quelques améliorations supplémentaires pour extraire avec précision la
valeur des surtensions. En effet, l’impulsion réfléchie est dégradée sur la première centaine
de pico seconde ce qui ajoute une erreur sur le calcul de la réponse du CST pendant cette
durée, celle-ci n’étant pas encore pris en compte. En revanche, nous pouvons extraire avec
précision leurs durées de déclenchement. Toutes ces durées ont été comprises entre une
centaine de pico seconde et une nano seconde. Cette dernière durée correspondant
approximativement à celle de la première arche de l’onde de courant CDM, cela laisse
135 / 148
penser que pendant une décharge CDM le composant n’atteint aucun point de
fonctionnement quasi-statique obtenu par le VF-TLP, ce qui justifie les études transitoires.
Cette thèse est une première étude de la décharge électrostatique décrite par le modèle du
composant chargé. Tous ses aspects y sont abordés : la répétabilité du test et sa
normalisation, les éléments intervenant dans la décharge, la modélisation à une échelle
globale pour simuler les courants de décharge, la répartition des grandeurs globale pour
simuler le stress vu par le circuit intégré, et enfin le comportement des composants du circuit
pendant la décharge vis-à-vis de ce stress. Nous avons constaté que les outils nécessaires à
l’étude du CDM étaient tous en cours de développement, que se soient les simulations au
niveau du circuit ou les mesures de type VF-TLP. Le but initial de la thèse était de savoir
comment protéger efficacement un circuit. Cela implique de savoir prédire la défaillance du
circuit. La problématique a finalement été de savoir comment étudier ce type de décharge.
Ainsi, dans le troisième chapitre, nous avons montré l’utilité d’une modélisation globale pour
simuler les courants de décharge en fonction de paramètres reflétant le type de boîtier et le
testeur utilisé. Cette direction d’étude permet de corréler des résultats de test. Pour aller plus
loin, un modèle d’arc électrique est nécessaire. En effet, un modèle global se résume à trois
paramètres R, L et C. L’arc électrique définissant la résistance, si on ne sait pas la prédire,
on ne sait pas non plus prédire le courant. Une solution alternative serait l’utilisation d’un
relais certainement déjà modélisé par son fabricant. Cette solution ne peut être utilisé que si
les normes actuelles s’accordent à la mettre en œuvre.
Toujours dans le troisième chapitre, nous avons montré l’utilité d’une étude locale pour
connaître le stress subit par le circuit. Cette étude théorique est équivalente à savoir
comment sont réparties les valeurs RLC du modèle globale sur le circuit. Elle manque
cependant de moyens de vérification expérimentale pour pouvoir faire confiance aux
résultats. Deux directions peuvent être suivies. La première consisterait à évaluer des
répartitions critiques pour simuler des courants et des tensions extrêmes et ainsi développer
des solutions surdimensionnées. La deuxième consisterait à développer une mesure au
niveau du circuit pendant des stress équivalents au CDM afin de vérifier les hypothèses de
répartition.
La mesure du comportement d’un composant élémentaire dans les gammes de courant et
de temps du CDM est tout aussi problématique. La mesure VF-TLP est pour l’instant peu
précise au-dessus d’un courant égal à 1A. Des solutions sont en cours d’étude chez les
équipementiers. Elles consistent en l’utilisation de sondes hyperfréquences de type Kelvin,
auxquelles doivent être associées des structures de test spécifique. La problématique
devient alors de savoir comment dessiner les structures pour optimiser la mesure.
Pour ce qui est de la mesure transitoire, elle est pour l’instant incertaine sur la première
centaine de pico seconde du signal, et elle est de plus limitée en tension. Une étude de
l’origine de la surtension sur le court-circuit serait un point de départ pour améliorer la
mesure. Le passage d’une connectique entièrement à 2,4mm permettrait de diminuer le
136 / 148
Conclusion générale
nombre d’adaptateurs, ce qui améliorerait certainement l’acquisition fidèle du signal initial.
Enfin, l’utilisation d’un T de mesure plutôt que d’un T diviseur de puissance permettrait de
stresser à quelques Volts de plus les composants testés. Plusieurs directions peuvent donc
être envisagées pour améliorer ce dernier type de mesure. Enfin, la question de l’influence
du temps de montée sur le déclenchement d’une protection n’a pas encore été étudiée, ce
qui peut être envisagé par l’utilisation de filtre en sortie du générateur d’impulsions.
Finalement, les deux derniers chapitres nous ont présenté de nouvelles solutions d’études,
aussi bien théorique, par de nouvelles méthodes de modélisation, qu’expérimentale, par de
nouveaux outils de mesures. L’étape suivante consiste donc à approfondir la compréhension
des phénomènes électrique au niveau du circuit, et à modéliser les comportements des
composants élémentaires de protection.
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Component Level”. 1999.
[JESD22-A114-B]
“Electrostatic Discharge Sensitivity Testing Human Body Model”.
2000.
[JESD22-A115-A]
“Electrostatic Discharge Sensitivity Testing Machine Model”.
1997.
[JESD22-C101-B.01] “Field-Induced
Charged
Device
Model
Test
Method
for
Electrostatic Discharge-Withstand Thresholds of Microelectronic
Components”. 2004.
[MIL-STD-883D]
Notice 8. METHOD 3015.7 “Electrostatic Discharge Sensitivity
Classification”. 1989.
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NOM : GOËAU
DATE de SOUTENANCE :
Prénoms : Cédric
5 décembre 2005
TITRE :
Etude de la décharge électrostatique définie par le modèle du composant chargé CDM sur les circuits
intégrés CMOS.
NATURE : Doctorat
Numéro d'ordre : 05 ISAL /_/_/_/_/
Ecole doctorale : Electronique, Electrotechnique, Automatique (EEA)
Spécialité : Dispositifs de l’électronique intégrée
Cote B.I.U. - Lyon : T 50/210/19
/
et
bis
CLASSE :
RESUME :
Les décharges électrostatiques (ESD) modélisées par le composant chargé (CDM) sont un problème de fiabilité
majeur des circuits intégrés accentué par la réduction des dimensions des transistors CMOS. Cette thèse expose
en détail la problématique associée au test CDM et à sa modélisation en vue de la prédiction de l’effet de la
décharge sur le circuit pour ensuite le protéger efficacement par des protections intégrées. Le CDM est étudiée à
une échelle globale pour prédire l’influence du testeur ou du boîtier du circuit sur le courant de décharge et à une
échelle locale pour simuler les contraintes électriques appliquées au circuit. Ces contraintes étant des courants
de plusieurs ampères durant quelques nanosecondes, nous exposons différents moyens pour étudier le
comportement des composants de protection pendant la décharge et nous proposons une nouvelle mesure pour
étudier leurs déclenchements transitoires sur des stress de temps de montée d’une cinquantaine de
picosecondes.
MOTS-CLES : DECHARGE ELECTROSTATIQUE, ESD, MODELISATION CDM, PROTECTION INTEGREES, COMPORTEMENT
TRANSITOIRE, TLP, GGNMOS.
Laboratoire (s) de recherche :
CEGELY - INSA Lyon - Bât Léonard de Vinci 69621 VILLEURNANNE
STMicroelectronics - 850, rue Jean Monnet 38926 CROLLES Cedex
Directeur de thèse: Mr Jean-Pierre Chante
Président de jury :
Composition du jury : Mr Jean-Pierre Chante ; Mme Bafleur Marise ; Mr Danto Yves ;
Mme Richier Corinne ; Mr Salomé Pascal ; Mr Nouet Pascal
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