Érosion du littoral Atlantique : l`activité humaine est la principale

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Érosion du littoral Atlantique :
l'activité humaine est la principale
responsable
SudOuest.fr avec AFP
L'urbanisation grandissante des côtes et la volonté
de s'approcher toujours plus près de la mer
provoque un dérèglement de l'écosystème et
participe à l'érosion du littoral
Après la série de tempêtes de cet hiver, la ville de Biscarrosse a du reconstituer les pieds des dunes sur 1 km et les accès à la plage©
FRANK AXEL
D
es plages qui rétrécissent, des falaises qui se morcèlent, des dunes qui reculent : le réchauffement climatique estil responsable de l'érosion littorale ? Pas encore, répondent les experts qui pointent d'abord l'activité
humaine pour expliquer le renforcement de ce phénomène naturel.
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Plages réduites à Lacanau ou aux Sables d'Olonne, dune en recul à la Couarde-sur-Mer, côte grignotée
jusqu'au pied des habitations à Soulac-sur-mer : les tempêtes hivernales de 2014 ont braqué les
projecteurs sur les effets de l'érosion marine.
A Soulac-sur-Mer, l'érosion du littoral a entraîné
l'évacuation de tout un immeuble© PHOTO THEILLET LAURENT
Sur le même sujet : Érosion du littoral: l’heure des décisions a sonné
Le réchauffement climatique, avec comme première conséquence la hausse du niveau de la mer, est-il dès lors
responsable de ce recul, parfois spectaculaire, de la côte ? Et ce dernier est-il inéluctable, menaçant à terme toute
une économie touristique ?
Phénomène naturel
L'élévation du niveau de la mer n'entraîne pas forcément l'érosion du littoral, nuance Yvonne Battiau-Queney,
professeur émérite à l'Université de Lille et présidente de l'association de protection des littoraux EUCC-France,
basée à Biarritz.
Biscarosse© PHOTO COTTEREAU
FABIEN
L'érosion marine est d'abord un "phénomène naturel", récurrent et millénaire, rappelle la scientifique et, au fil
des siècles, le trait de côte a toujours connu des "fluctuations". "Autrefois, les hommes ne s'installaient passur les
côtes sableuses, ils savaient que c'était mobile", abonde Patrick Bazin, responsable du département Gestion
patrimoniale au Conservatoire du littoral.
Mais l'urbanisation du littoral depuis 150 ans a changé la donne, soulignent-ils.
Toujours plus près de la mer
"Dès le début du tourisme balnéaire, il fallait être au plus près de la mer,c'était le principe même de la
promenade balnéaire où il fallait être vu", indique Yvonne Battiau-Queney. Dans cette logique, "presque toutes
les stations, d'Hendaye à Bray-Dunes (Nord), ont été créées sur les dunes littorales".
Biarritz© PHOTO CHOPIN
JEAN DANIEL
Résultat : "Les échanges naturels entre la plage et sa réserve de sable qui l'alimentait en cas de tempête ont été
rompus", explique-t-elle. Et les systèmes de digues ou d'enrochement, destinés à contrer l'érosion, au lieu
d'améliorer la situation, entravent encore plus ces échanges.
L'érosion due à l'homme
L'universitaire cite l'exemple de Saint-Girons, dans les Landes : la station a été construite de telle façon qu'il n'y
a pas d'obstacle entre la dune et la plage et aucun phénomène d'érosion majeur n'y est perceptible.
A l'inverse, à Lacanau, construite dans les années 1960 sur la dune, l'érosion s'accroît, alors que "cette côte
n'était pas prédisposée à reculer, ayant même avancé d'1 km en 150 ans selon les cartes d'état-major".
Lacanau© PHOTO JULIEN
LESTAGE
Pour autant, les effets du réchauffement climatique sur le côtes ne doivent pas être écartés, soulignent les
experts.
"Aujourd'hui, l'élévation du niveau de la mer n'est pas assez rapide pour causer une érosion des côtes
suffisamment importante pour qu'elle soit observable de manière évidente", souligne Goneri Le Cozannet,
ingénieur au Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), organisme public.
Espaces tampons
Alors que faire ? Recharger le stock de sable avec des systèmes de pompage,comme à Châtelaillon (CharenteMaritime) ou aux Sables d'Olonne, peut être une solution, explique Yvonne Battiau, "tout en faisant le bilan des
coûts".
Dans d'autres cas, la relocalisation des activités humaines est à étudier, comme le fait le Groupement d'intérêt
public (GIP) créé en 2006 en Aquitaine pour planifier l'avenir du littoral.
Biscarosse© PHOTO LE
LIEVRE NICOLAS
Autre levier possible, la préservation de zones naturelles, dénuées de toute urbanisation, sortes "d'espaces
tampons" permettant "d'amortir le phénomène de l'érosion et surtout celui de la submersion, plus dangereux",
souligne Patrick Bazin.
Dans tous les cas, il est nécessaire "d'anticiper", martèlent les experts. "L'enjeu c'est d'arriver à montrer que la
société peut évoluer autrement que sous le coup des événements catastrophiques", résume Patrick Bazin.
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