registre de la memoire du monde formulaire de

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REGISTRE DE LA MEMOIRE DU MONDE
FORMULAIRE DE PRESENTATION D’INSCRIPTION
Thaïlande – L’inscription du roi Ram Khamhaeng
PARTIE A - INFORMATIONS INDISPENSABLES
1
RESUME
L’inscription du roi Ram Khamhaeng (RK) datant de 1292 apr. J.-C. est considérée comme un
document important du patrimoine mondial car il révèle des informations de valeur sur
plusieurs grands thèmes de l’histoire et de la culture mondiales. Non seulement cette
inscription rend compte de l’invention des scripts de la langue thaï, bases des scripts
modernes utilisés en Thaïlande par 60 millions de personnes, mais sa description
exceptionnelle et détaillée de l’état Thaï de Sukhothai au 13ème siècle reflète également les
valeurs universelles partagées par de nombreux états dans le monde à notre époque. Ces
valeurs sont les principes de bon gouvernement, la règle de loi, la liberté économique, et la
moralité religieuse, dans ce cas précis le Bouddhisme, une des principales religions au monde.
La valeur de l’inscription en tant que document historique apparaissait déjà évidente
lorsqu’elle fut utilisée pour soutenir la proposition thaïlandaise d’inscrire la ville historique de
Sukhothai et l’association des villes historiques sur la Liste du patrimoine mondial en 1991.
2
INFORMATIONS SUR L’AUTEUR DE LA PROPOSITION
2.1
Nom
Comité national thaï sur la Mémoire du Monde du programme mondial de l’UNESCO
2.2
Relation avec l’élément du patrimoine documentaire proposé
Il appartient au comité de prendre en considération ce patrimoine mondial et de
proposer son inscription au registre de la Mémoire du Monde. Le comité organise
également des activités pour faire prendre conscience aux gens de la valeur des
documents, de la nécessité de les conserver, et de leur droit à accéder à cet héritage.
2.3
Personne(s) à contacter :
SE M. Pongpol Adireksarn, Ministre thaïlandais de l’Education
Le Président de la commission nationale thaïlandaise pour l’UNESCO
Ministère de l’Education, Avenue Rajadamnoen Nok
Dusit, Bangkok 10300
Thaïlande
Tél : 662 628 6137
Fax : 662 280 0138
2)
Mme Savitri Suwansathit
Secrétaire national, commission nationale thaïlandaise pour l’UNESCO
Ministère de l’Education, Avenue Rajadamnoen Nok
Dusit, Bangkok 10300
Thaïlande
Tél : 662 628 5611, 662 628 6153
Fax : 662 280 1249
E-mail : [email protected]
3)
Professeur Khunying Maenmas Chavalit
Président du comité national thaï sur le programme Mémoire du Monde de
l’UNESCO
Bâtiment principal du SPAFA
81/1 Si-Ayutthaya Road, Sam-sen, Dusit
Bangkok 10300
Tél : 662 280 4022-9
Fax : 662 280 4030
E-mail : [email protected]
2.4
Coordonnées complètes (adresse, téléphone, fax, adresse électronique)
3
Comme ci-dessus
IDENTITE ET DESCRIPTION DU PATRIMOINE DOCUMENTAIRE
3.1
Nom et indications sur l’identité des éléments proposés
Inscription du roi Ram Khamhaeng (1292 apr. J.-C.)
Cote du musée national : 158/2511.
Dépositaire : Musée national de Bangkok
Na Phra That Road
Bangkok 10200, Thaïlande
Tél : 662-2249911, 662-2241396
Fax : 662-2249911
3.2
Description (joindre une description du patrimoine mondial : se référer au guide
pour remplir ce formulaire)
3.2.1
Description et inventaire
Inscription en grès fin de 114,5 cm de hauteur à 4 coins et surmontée d’une pyramide
quadrilatérale. Le premier côté contient 35 lignes, le second 35, le troisième 27 et le
quatrième 27. Chaque côté fait 35,5 cm de largeur. L’inscription est rédigée en thaï en
scripts Sukhothai.
3.2.2 Détails de la cote
Cote du musée national : 158/2511.
Date d’acquisition (de la bibliothèque nationale) : 29 novembre 1968.
3.2.3
Résumé de son origine
La RK a été découverte par le prince Mongkut de Siam, plus tard roi Chomklao ou
Rama IV, en 1833 lors de sa visite dans la vieille ville de Sukhothai, alors qu’il était
moine bouddhiste. L’inscription fut ramenée à Bangkok avec une autre inscription et
un banc en pierre supposé être un trône connu comme le Manangsilabat. Ces objets
furent conservés au monastère de Rachathirat où le prince habitait. Ils suivirent ensuite
le prince au monastère de Bowon Nivet. Après son accès au trône, le roi les plaça dans
le temple du Bouddha d’Emeraude où ils furent conservés jusqu’en 1923, date à
laquelle le roi Vajiravudh ordonna que les inscriptions soient déplacées pour rejoindre
une collection d’inscriptions dans la bibliothèque de Wachirayan en face du monastère
Maha That. Le trône Manangsilabat était encore conservé au temple du Bouddha
d’Emeraude. Toutes les inscriptions furent déplacées dans la salle Siwamokhaphiman
du Bowon Sathan Mongkhon ou Front Palace lors du règne du roi Prajadhipok (19251935). A l’époque, la salle devait être utilisée comme bâtiment pour la bibliothèque de
Wachirayan, actuellement connue sous le nom de bibliothèque de Vajiravudh. En
1968, l’inscription du roi Ram Khamhaeng fut déplacée dans la salle
Siwamokhaphiman, maintenant partie intégrante du musée national. Cette inscription
fut exposée lors des expositions Sukhothai et n’a pas été déplacée depuis.
L’inscription reste en bon état malgré ses nombreux déplacements. Etant donné que
les inscriptions n’ont aucune valeur commerciale, aucune réplique n’a été réalisée, ni
pour être vendue, ni pour se substituer à l’original dans une tentative de vol.
3.2.4
Evaluation de l’état et de la condition
L’inscription est en bon état, hormis quelques légères fêlures en surface. Les écritures
sont presque toutes lisibles. Des lettres sont manquantes ou difficiles à déchiffrer en
seulement 6 endroits.
3.2.5
Documentation visuelle (consulter les photographies de l’inscription et l’endroit où
elle est conservée).
3.2.6
Bibliographie :
1.
Coedes, G. Recueil des Inscriptions du Siam Première partie: Inscriptions du
Sukhodaya. Bangkok: Bangkok Times Press, 1924.
2.
Griswold, A.B. & Prasert na Nagara « The Inscription of King Rama Gamhen
of Sukhodaya (1292 A.AD): Epigraphic and Historical Studies No.9 » Journal
of the Siam Society 59 (1971): 179-228.
3.
Wyatt, David K. Thailand A Short History. New Haven and London: Yale
University Press, 1984, pp.54-59.
3.2.7
Experts
1.
Dr. Prasert na Nagara. Professeur d’Histoire, Université de Silpakon,
Thaïlande.
Ancien Président de la « Royal Academy » de Thaïlande
Adresse:
101/1 Soi Than Phuying Phahon,
Ngam Wongwan Rd.,
Bangkok 10900, Thaïlande
2.
Dr. David K. Wyatt., Professeur d’Histoire du John Stambaugh, Université de
Cornell, Etats-Unis.
Adresse :
3.
5 Leslie Lane
Ithaca NY 14850, Etats-Unis
(607) 257-1894
Dr. Yoneo Ishii : Professeur d’Histoire, Président, Université d’Etudes
Internationales de Kanda, Chiba, Japon.
Adresse :
Université d’Etudes Internationales de Kanda
Wakaba 1-4-1, Mihama-ku, Chiba-city
Chiba 261-0014 Japon
4
MOTIVATION DE L’INSCRIPTION SUR LE REGISTRE / EVALUATION SUR
LA BASE DE CRITERES DE SELECTION
4.1
L’authenticité du document est-elle établie ? (voir 4.2.3)
Même si la RK appartient à une période de l’histoire de la Thaïlande relativement bien
documentée en données épigraphiques, il existe toujours des blancs dans la connaissance
historique, ce qui rend difficile l’authentification des pièces avec une précision
scientifique, qu’elles soient des œuvres d’art ou des documents écrits. Néanmoins, en
raison de son caractère unique et de son importance, cette inscription est un des
documents écrits de Thaïlande les plus étudiés.
L’authenticité de l’inscription a été établie grâce à différents facteurs :
1.
Elle a été personnellement découverte à Sukhothai en 1833 par le roi Rama IV
de Siam lorsqu’il était encore prince Mongkut et moine bouddhiste.
2.
Depuis sa découverte, l’inscription a été attentivement lue et étudiée par des
universitaires thaïlandais ou étrangers, des historiens, des historiens de l’art,
des anthropologues, des linguistes et des épigraphistes, par exemple les rois
Rama IV, Chulalongkorn, Vajiravudh, le prince Pawaret Wariyalongkorn, le
prince Damrong Rajanubhab, le prince Subhadradis Diskul, M.R. Subhawat
Kasemson, George Coedes, Adolf Bastian, Pere Schmitt, C.B. Bradley, James
R. Chamberlain, Yoneo Ishii, Hiram Woodward Jr., Betty Gosling, B.J.
Terwiel, Richard A. O'Connor, et David K. Wyatt. Tous sont convaincus de
son authenticité.
3.
Cela ne signifie pas qu’aucune question ne se pose sur son authenticité. Les
problèmes liés aux scripts, au vocabulaire et au contenu nous ont amené les
conclusions suivantes :
3.1
3.2
3.3
L’inscription n’a pas été rédigée par le roi Ram Khamhaeng mais par
un roi qui lui a succédé.
L’inscription n’a pas été rédigée par une personne de Sukhothai.
Il s’agissait un faux réalisé par le roi Rama IV afin de justifier
l’extension de son royaume et sa politique d’économie libérale.
Le débat sur ces problèmes, soulevés en particulier par Michael Vickery et
Piriya Krairiksh, s’est déroulé à la fin des années 80. Leurs arguments, leur
logique et leurs preuves ont été examinés de manière approfondie par plusieurs
linguistes occidentaux et thaïlandais, des historiens de l’art, des épigraphistes et
des universitaires qui, tout en reconnaissant certaines énigmes étaient liées à
l’inscription, s’opposaient à certains points soulevés, et maintenaient que
l’inscription était authentique et non une contrefaçon réalisée par une
génération postérieure et destinée à induire en erreur les lecteurs. En fait,
comme on l’a fait remarquer, la volonté de prouver que l’inscription était un
faux a jouée en sa faveur. Ce débat a en effet permis de renforcer l’authenticité
de l’inscription et de montrer combien les érudits du monde entier
reconnaissent sa valeur et sont prêts à défendre ce document authentique d’une
importance mondiale.
Il semble que le problème de l’inscription Ramkhamhaeng vienne du fait qu’il
y ait eu une tentative antérieure de création d’un système d’écriture plus tard
modifié, laissant ainsi un document Sukhothai différent du reste. Le style
simple de la langue thaï n’a pas été suivi par les personnes qui ont réalisé les
inscriptions ultérieures. Elles ont préféré utiliser des mots dérivés du sanskrit et
du pali et un style plus majestueux représentant mieux la grandeur
monarchique de l’époque. Il existait des formats sur mesure pour l’écriture des
inscriptions qui font de ce document, avec son style direct et sa très longue
narration, une véritable curiosité. En fin de compte, les connaissances
historiques sur Sukhothai et le thaï du 13e au 15e siècle sont toujours limitées et
par conséquent toujours sujet à débat.
4.
En 1990, Chirapon Aranyanak, scientifique à la conservation du musée
national de Thaïlande, et Srisopa Maranate, scientifique du département des
ressources minérales de Thaïlande, ont effectué une étude préliminaire des
surfaces de 5 inscriptions de Sukhothai, y compris l’inscription de
Ramkhamhaeng, en utilisant un microscope électronique à balayage et un
spectromètre à rayons x à dispersion d’énergie. Ils ont confirmé que toutes les
inscriptions avaient été réalisées à la même période, il y a 700 ou 500 ans, et
non au 19e siècle comme certains l’avaient supposé.
4.2
L’intérêt universel et le caractère unique et irremplaçable sont-ils établis ? (voir
4.2.4)
4.2.1
Contenu
L’inscription peut être divisée en trois parties. La première partie (lignes 1 à 18) décrit
la vie et les exploits du roi Ram Khamhaeng de sa naissance à son accès au trône. Le
pronom personnel « je » est utilisé d’un bout à l’autre. La seconde partie (ligne 18 sur
le premier côté à la ligne 8 sur le deuxième côté) décrit en détail les différents aspects
de la ville de Sukhothai d’un point de vue physique, politique et social. La troisième
partie (lignes 8 à 27, dernière ligne du quatrième côté) célèbre le roi, en le montrant
inventeur des scripts du thaï et régnant sur un vaste royaume. L’absence du « je » dans
les deux dernières parties laisse à penser qu’elles ont été rédigées par les successeurs
du roi.
4.2.2
L’intérêt universel
La RK contient plusieurs valeurs politiques, économiques et culturelles auxquelles les
états modernes actuels adhèrent. A savoir :
1.
La légitimité de bon gouvernement.
Même si la succession héréditaire était le principe majeur pour l’accès légitime
au pouvoir, le roi Ram Khamhaeng a ajouté que la piété filiale et le courage
étaient ses vertus personnelles (d’où le nom khamhaeng qui signifie courage).
Son règne était basé sur la justice (dharma) ou sur le règne de la loi pour tous,
qu’il demandait à son peuple de suivre. Il était généreux et clément, mais aussi
attentif et à l’écoute de ses compatriotes.
« Lorsque les hommes du peuple ou de rang ne sont pas d’accord, [le
roi] examine le cas pour établir la vérité et transige justement pour eux. Il ne
fréquente pas les voleurs et ne favorise pas les dissimulateurs [de biens volés].
Lorsqu’il voit le riz de quelqu’un, il ne le couvre pas, lorsqu’il voit la richesse
de quelqu’un, il ne l’envie pas. Si quelqu’un montant un éléphant vient à lui
pour demander la protection de son pays, il l’aide, le traite avec générosité et
s’occupe de lui ; si quelqu’un vient à lui sans éléphant, sans cheval, sans jeunes
hommes ou femmes de rang, sans argent ou or, il lui offre toutes ces richesses
et l’aide jusqu’à ce qu’il puisse établir son [propre] état. Lorsqu’il capture des
combattants ennemis, il ne les tue pas et ne les bat pas. Il a accroché une cloche
dans l’ouverture de la porte à l’entrée de la ville : si un homme du peuple
souffre d’une douleur telle que son ventre en est retourné et son cœur malade et
qu’il désire que son chef et maître le sache, il lui suffit de sonner la cloche
suspendue par le roi ; le roi Rama Gamhen, chef du royaume entend [la
cloche], convoque cet homme puis le questionne, examine son cas et décide
justement pour lui. De cette façon, les habitants de ce Moan de Sukhothai
vivent heureux ».
2.
Liberté économique et économie de marché
Ce document est un des rares documents historiques dans le monde qui définit
non seulement les activités économiques, mais montre aussi qu’il y a sept cents
ans, un dirigeant acceptait avec enthousiasme le libre-échange et le marché
libre.
« A l’époque du roi Rama Gamhen, le pays de Sukhothai prospère. Les eaux
sont peuplées de poissons et les champs couverts de riz. Le seigneur du
royaume ne lève pas d’impôt (et) il est simple pour ses sujets de mener leur
bétail pour le négocier, ou de chevaucher leurs chevaux pour les vendre ;
quiconque souhaite négocier des éléphants le fait ; quiconque souhaite négocier
des chevaux le fait ; quiconque souhaite négocier de l’argent ou de l’or le fait.
3.
Droits des citoyens
Le texte indique que sous le règne du roi Ram Khamhaeng, les citoyens
pouvaient rencontrer leur souverain ou présenter une requête, ils avaient la
liberté religieuse et pouvaient commercer ou posséder des droits de propriété,
par exemple :
« Lorsqu’un homme du peuple ou un homme de rang décède, son bien –
éléphant, femmes, enfants, greniers, serviteurs, réserves et plantations d’arécas
et de bétel – est entièrement légué à son fils. »
4.
Moralité religieuse
Sukhothai était un état bouddhiste plein de vitalité présentant un mélange
unique de croyances animistes traditionnelles et d’un nouveau style
international de bouddhisme Pali allant du Sri Lanka à la Thaïlande du Sud. La
pratique religieuse apportait à la ville paix, tranquillité et harmonie avec la
nature.
« Les habitants de Sukhothai aiment à observer les préceptes du culte et à
accorder l’aumône. Le roi Rama Gamhen, chef de la ville de Sukhothai, mais
aussi les princes et princesses, les jeunes hommes et femmes de rang et tous les
nobles sans exception, qu’ils soient hommes ou femmes, ont tous foi en la
religion du Bouddha et tous célèbrent les cérémonies du Kathina. Ces
cérémonies durent un mois et on y trouve des montagnes de cauris, d’arécas,
des tapis de fleurs ainsi que des coussins ornementés. Les offrandes faites [aux
moines] comme accessoires de la Khatina [s’élèvent à] deux millions chaque
année. Chacun part à l’Arannika pour y réciter le Kathina. Pour retourner en
ville, ils marchent ensemble, formant une ligne de l’Arannika au lieu de
parade. Ils rendent cet hommage au son des instruments et des chants.
Quiconque souhaite être joyeux peut l’être, quiconque souhaite rire le fait,
quiconque veut chanter le fait… Dans la ville de Sukhothai, on peut trouver des
viharas, des statues en or du Bouddha, des statues de 18 coudées de hauteur,
des viharas et des statues du Bouddha de taille moyenne et de grandes tailles,
des moines, Nissayamuttas, Theras et Mahatheras…
A l’Ouest de la ville de Sukhothai se trouve l’Arannika, construit par le roi
Rama Gamhen comme offrande au Mahathera Sangharaja, le moine qui a
étudié les Saintes Ecritures dans leur totalité, plus grand sage du royaume, venu
de Moan Sri Dharmmaraja. A l’intérieur de l’Arannika, se trouve un imposant
vihara rectangulaire, d’une beauté incroyable ainsi qu’une statue de Bouddha
de dix-huit coudées de haut. A l’Est de la ville de Sukhothai, on trouve des
viharas et des moines, un grand lac, des bosquets d’arécas et de bétel, des
fermes d’altitude et de plaines, des propriétés, de grands et de petits villages,
des manguiers et des tamariniers. Ces splendeurs donnent l’impression d’avoir
été créées pour le simple plaisir des yeux. Au nord de la ville se trouve le
bazaar, la statue de Acan, des prasadas, des cocotiers et des jaquiers, des
fermes d’altitude et de plaines, des propriétés, de grands et de petits villages.
Au Sud, on trouve des kutis avec des viharas ainsi que des moines. On trouve
également le barrage, des cocotiers et des jaquiers, des manguiers et des
tamariniers, des torrents, et il y a Brah Khabun. Brah Khabun est l’esprit divin
des torrents. Il est plus puissant que n’importe quel autre esprit du royaume.
Tout seigneur dirigeant le royaume de Sukhothai, s’il jure obéissance et fait les
bonnes offrandes, verra son règne durer. Mais s’il n’est pas fidèle à Brah
Khabun, ou si les offrandes ne sont pas bonnes, l’esprit de la colline ne
protègera plus le royaume et celui-ci sera perdu…
En l’année 1207 saka, année du sanglier, il fit exhumer les Saintes Reliques
pour que chacun puisse les voir. Elles furent adorées pendant un mois et six
jours et furent ensuite enterrées au milieu du Sri Sajjanalai. On fit construire un
cetiya sur l’une d’entre elles. La construction de ce cetiya dura six ans. Un mur
de pierres dont la construction dura trois années fut construit autour du Brah
Dhatu ».
Le roi Ram Khamhaeng se considérait comme un dirigeant bouddhiste modèle
gouvernant en toute équité selon les préceptes moraux du Bouddhisme. Il était
ainsi un maître pour son peuple.
« En 1214 saka, année du dragon, le roi Rama Gamhen, seigneur du royaume
de Sri Sajjannalai et Sukhothai, après avoir planté des palmiers à sucre
quatorze ans auparavant, ordonna à ses artisans de graver une dalle de pierre et
de la placer a au centre ce ces palmiers. Le jour de la nouvelle lune, et le
huitième jour de la lune décroissante, un (des) moine(s), theras ou mahateras se
lève et s’asseoit sur la dalle pour prier le Dharma pour la foule de profanes qui
observent les préceptes. Lorsque ce n’est pas le jour de prière du Dharma, le roi
Rama Gamhen, seigneur du royaume de Sri Sajjannalai et Sukhothai se lève et
s’asseoit sur la dalle de pierre et laisse les dignitaires, seigneurs et princes
discuter des affaires de l’état avec lui. Le jour de la nouvelle lune, et le jour de
la pleine lune, lorsque l’éléphant blanc Rucari a été paré de howdah, orné d’une
étoffe, et que ces défenses ont été décorées d’or, le roi Rama Gamhen part sur
son dos jusqu’à l’Arannika pour rendre hommage au Sangharaja puis s’en
retourne…
Le roi Rama Gamhen était souverain sur toute la région du Dai. Il était le
juste… Tous les hommes qui habitent ces terres ont été éduqués par lui selon
les préceptes du Dharma, chacun sans exception ».
5.
Liberté d’expression par le biais d’une langue écrite.
L’inscription est une pièce historique unique qui montre l’importance de
l’écriture il y a 700 ans. L’invention des scripts pour la langue thaï par le roi
Ram Khamhaeng fut un événement-clé. D’après ce que nous en savons, il
n’existe pas d’autre source dans le monde qui prouve l’invention ou la
signification d’un système d’écriture encore utilisé à l’heure actuelle. Même si
le système d’écriture thaïe n’est utilisé que par 60 millions de personnes dans
le monde, cette invention doit être considérée comme un événement de premier
ordre dans l’histoire de l’avancée humaine. Cette longue inscription décrit
parfaitement les faits et les valeurs permettant de montrer le talent et l’aptitude,
nécessaires à la transformation d’une forme orale en forme écrite.
La langue thaï existait auparavant en temps que langue orale chez les personnes
qui vivaient près du Fleuve Rouge et en amont du Mékong. On s’accorde à
penser que les scripts thaïs ont tout d’abord été une adaptation des scripts
Pallava au 9e siècle. Ils étaient scindés en deux branches : l’une associée aux
scripts Mon et l’autre aux scripts Khmer. L’écriture Sukhothai combinait les
deux branches. L’inscription de Ram Khamhaeng est la plus récente preuve
linguistique de ce développement. Etant donné que le système d’écriture a
continué à évoluer après le 13e siècle, cette inscription pourrait être considérée
comme un « prototype » qui fut plus tard modifié en permanence.
L’invention du roi Ram Khamhaeng se révèle très importante pour la
Thaïlande et pour les personnes qui parlent le thaï pour les raisons suivantes :
1. La RK est unique et irremplaçable puisqu’elle est la plus vieille inscription
de la langue thaï. Dans les scripts de Ram Khamhaeng, 9 consonnes et plus
de 15 voyelles ont été ajoutées aux scripts indiens pour que tous les mots
thaïs soient transcrits, tandis que les autres scripts du Sud-Est asiatique
utilisent seulement les alphabets des scripts indiens, si bien qu’un symbole
représente 2 ou 3 sons.
2. Dans les scripts de Ram Khamhaeng des signes spéciaux sont destinés à
marquer différents tons. Cette pratique est probablement un cas unique
parmi toutes les langues à tons.
3. Chaque consonne est simplifiée de 2 ou 3 lignes pour former une ligne
continue et simplifie l’écriture d’un passage.
4. Les consonnes de niveau inférieur sont remplacées par des consonnes
ordinaires et sont écrites sur la même ligne. Il n’est plus nécessaire de les
mémoriser. Le professeur George Coedes a fait remarquer que cette
pratique avait permis à la Thaïlande de concevoir une machine à écrire 50
ans avant les autres pays du Sud-Est asiatique.
5. Il n’y a aucune ambiguïté de lecture de passages dans les scripts de Ram
Khamhaeng. Par exemple “ taa klom” est distinct de “taak lom”. Ces deux
passages n’en forment qu’un seul dans les scripts thaïs actuels, qui
divergeaient de l’invention originale.
Même si d’autres communautés thaïes, comme celle d’Assam ou du Vietnam
du Nord ont sans doute introduit les scripts thaïs sous une autre forme, il
n’existe nulle part ailleurs d’autres sources plus anciennes que la RK.
4.3
Un ou plusieurs des critères (a) de l’époque, (b) du lieu, (c) des personnes, (d) du
sujet et du thème, (e) de la forme et du style sont-ils remplis ? (voir 4.2.5)
4.3.a. le temps :
La RK a été écrite à l’occasion de la pose d’un trône en pierre pour le roi Ram
Khamhaeng. Quatre inscriptions ont été faites au total. La RK est la seule qui existe
encore. L’inscription reflète un changement radical dans l’histoire du Sud-Est asiatique.
Le 13e est souvent considéré par les historiens tels que D.G.Hall, George Coedes et Oliver
Wolters, comme un tournant critique, puisque les Mongols ont envahi le Sud-Est asiatique
et deux grands états continentaux, Pagan et Angkor ont disparu. Les groupes ethniques
parlant le thaï ont commencé à s’établir dans la partie supérieure du Myanmar et en
Thaïlande où Chiang Maï, Sukhothai et Ayutthaya furent fondées ou transformées en plus
grands centres politiques. Le roi Ram Khamhaeng est connu comme étant l’un des cofondateurs de la ville de Chiang Maï en 1226, quatre ans après la réalisation de
l’inscription. La RK est par conséquent un document important qui définit la nature de ce
changement capital au 13e siècle. La prouesse militaire était une qualité nécessaire mais
l’inscription parle aussi d’un état pacifique et civilisé. L’invention des scripts Sukhothai
fut un événement capital puisqu’elle a établi les fondations de la société alphabète que
l’on trouve dans la Thaïlande actuelle.
4.3.b. le lieu
La RK fut découverte par le prince Mongkut en même temps que le trône de pierre
dans ce qui est maintenant la vieille ville de Sukhothai et un site du patrimoine
mondial. Il est possible que le trône et l’inscription se trouvaient à l’origine tous les
deux dans un palais royal. L’importance de la vieille ville de Sukhothai est en grande
partie basée sur la description détaillée de la vieille ville (voir pièce jointe). C’est un
lieu idyllique, sans doute l’image qui correspond le mieux à l’idée d’une société et
d’un état idéaux.
La description de la ville est très riche et constitue une source rare pour l’étude de
l’histoire urbaine mondiale de cette époque.
4.3.c. les personnes :
Si nous acceptons qu’il est vraiment l’inventeur d’un système d’écriture majeur, le roi
Ram Khamhaeng doit alors être considéré comme une personne ayant grandement
contribué à l’histoire et à la culture mondiales. De plus, il était un fervent bouddhiste
dans la lignée du roi Asoka, qui « enseigna toutes ses connaissances du thaï pour
comprendre parfaitement le mérite et le Dharma ». Son règne et sa façon de gouverner
doivent être considérés comme novateurs à tous points de vue.
4.3.d. le sujet et le thème
Même si l’objectif de la RK est de glorifier le roi Ram Khamhaeng et montrer son
royaume de Sukhothai comme étant un état idéal, la RK contient également des
thèmes universaux et se révèle une source intemporelle d’avancées et d’idéaux
politiques. La création de scripts permettant d’établir un lien avec une langue orale
existante est une avancée notable puisqu’elle permet le développement de l’éducation
et l’acquisition du savoir. La description d’un état et d’une société idéaux fonctionnant
à Sukhothai il y a près de 700 ans ne peut pas être remis en cause. Dans cet état où la
liberté économique et la garantie des droits de propriété étaient établis, la justice était
la même pour tous et le roi était proche de son peuple. Le Bouddhisme se développait
et constituait un lien solide entre le roi et ses sujets. La RK décrit de nombreuses
valeurs sociales et politiques auxquelles aspirent tous les états.
4.3.e. la forme et le style :
La RK est un exemple exceptionnel du type d’inscriptions classiques que l’on trouve
dans le Sud-Est asiatique : une pièce de grès fin merveilleusement travaillée. Les
scripts ont été placés avec précision pour faire montre du savoir-faire thaïlandais en
matière de communication écrite. La langue utilisée est somptueuse et directe, et
reflète presque la façon dont elle était parlée. Son style ne ressemble à aucun style des
1200 autres inscriptions découvertes en Thaïlande. Il était courant de réaliser des
inscriptions pour signaler un événement important, habituellement une donation
religieuse. Cette inscription a été réalisée pour signaler un événement exceptionnel
d’une grande importance sociale, et pour montrer que les personnes qui parlaient le
thaï pouvaient aussi communiquer et réaliser de très longues narrations par le biais de
l’écriture. Ceci fait de l’inscription du roi Ram Khamhaeng une pièce d’épigraphie
unique.
4.4 Les questions de rareté, d’intégrité, de menace et de gestion se rapportent-elles à
la présente proposition d’inscription ? (voir 4.2.6)
(a) Rareté
La RK est la plus ancienne inscription en thaï jamais découverte. Sa forme, ses scripts
et son contenu sont uniques.
(b) Intégrité
La RK est intacte. Les textes inscrits sont tous lisibles.
(c) Menace
La RK est conservé au musée national de Bangkok dans une pièce à température
contrôlée et surveillée 24h/24.
(d) Gestion
Le musée national est une administration sous loi thaïlandaise et aux normes
internationales. Il existe des plans établis pour répondre aux différents types de
situations d’urgence ou de désastres, notamment les vols, les incendies, les émeutes,
les catastrophes naturelles, le vandalisme, les accidents et les actes terroristes. Il existe
également des plans de rétablissement après urgence.
5
DONNEES JURIDIQUES
5.1.
Propriétaire du patrimoine historique (nom et coordonnées complètes)
Musée national de Bangkok
Bureau des musées nationaux
Département des Beaux-Arts, Ministère de la Culture
Na Phra That Road
Bangkok 10200, Thaïlande
Tél : 02-2249911, 02-2241396
Fax : 02-2249911
5.2
Dépositaire du patrimoine documentaire (nom et coordonnées complètes, si le
dépositaire n’est pas le propriétaire.
5.3
Statut juridique :
Catégorie de propriété
Régime de propriété
(b) Accessibilité
La RK est accessible cinq jours par semaine. Le musée est ouvert au public tous les
jours sauf le lundi, le mardi et pendant les fêtes nationales. L’entrée est de 40 Baht
(1 USD = 43 Baht), ce qui est un tarif raisonnable en Thaïlande.
Les textes ont été photographiés et transcrits de nombreuses fois. Des estampages ont
été réalisés et sont disponibles à la bibliothèque nationale de Thaïlande. Les textes
sont disponibles dans la langue d’origine mais aussi en thaï moderne, en anglais et en
français.
Plusieurs petites répliques ont été faites en 1983 par un philanthrope thaïlandais pour
être distribuées dans les écoles à l’occasion du 700e anniversaire de l’invention des
scripts thaïs.
© Droits d’auteur
Les textes sont du domaine public et ne sont pas sujet aux droits d’auteur.
(d) Administration responsable
1. Comité du musée national de Bangkok pour l’administration des musées.
2. Comité du département des Beaux-Arts pour l’administration d’importance.
Autres éléments
Selon la loi de 1961 (révisée en 1992) sur les lieux historiques, artéfacts, artéfacts
artistiques et musées nationaux, il est interdit de faire une réplique exacte de
l’inscription RK.
6
PLAN DE GESTION
6.1
Existe-t-il un plan de gestion conçu pour le patrimoine documentaire ? OUI
Il n’y a pas de plan de gestion spécial pour la RK. La RK est gérée par le musée national de
Bangkok.
Si oui, joindre un résumé du plan. Si non, fournir des informations plus détaillées sur le
stockage actuel et le dépositaire des objets.
La RK peut être vue dans la salle d’exposition des pièces historiques de la grande salle
Siwamokhaphiman du musée national de Bangkok, qui travaille selon les normes
internationales de gestion de musée et les lois thaïlandaises sur les musées et sur la
préservation et la conservation du patrimoine culturel.
7
CONSULTATION
7.1
Rendre compte de la consultation (a) du propriétaire du patrimoine ; (b) du
dépositaire ; (c) de votre comité national ou régional de la Mémoire du monde au sujet de la
proposition d’inscription :
a) Propriétaire :
Musée national de Bangkok,
Bureau des musées nationaux,
Département des beaux-Arts, Ministère de la Culture.
b) Dépositaire :
Comme ci-dessus (a). Le musée soutient cette nomination.
c) Comité régional ou national du programme Mémoire du Monde.
Le comité thaïlandais du programme Mémoire du Monde comprend des experts, des
universitaires et des fonctionnaires concernés par la sauvegarde du patrimoine
documentaire national. Depuis sa formation en juin 2002, il a tenu des réunions
mensuelles pour étudier les candidats potentiels à la nomination.
PARTIE B – INFORMATIONS ACCESSOIRES
8
EVALUATION DES RISQUES
8.1
Donner des indications sur la nature et l’étendue des menaces auxquelles l’élément du
patrimoine documentaire est exposé (voir 5.5).
Aucun risque n’est encouru sauf en cas de catastrophe imprévue comme un incendie ou
une inondation. Pour de tels événements, un état d’urgence est décrété, tout comme pour
les émeutes ou les détériorations.
9
EVALUATION DE LA CONSERVATION
9.1
Donner des indications sur les conditions de préservation du patrimoine documentaire
(voir 3.3).
La RK est correctement conservée et surveillée. Aucune tentative n’a été faite pour réparer les
fêlures ou pour rendre les écritures plus lisibles. Il est prévu de revoir les mesures de
préservation pour les inscriptions en pierre sous la responsabilité des musées nationaux.
PARTIE C - SOUMISSION
Cette proposition d’inscription est soumise par :
M. Pongpol Adireksarn
Le Président de la commission nationale thaïlandaise pour l’UNESCO
29 janvier 2003
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