VÊTURE DE LAURENT MILBLED Sainte-Anne, le 3 mai 2014 Bien cher Laurent, Vous êtes arrivé chez nous pour l’Annonciation, sous la protection de la Vierge Marie. Et en ce jour, où nous célébrons les apôtres saint Philippe et saint Jacques, je suis heureux de vous donner l’habit de notre ordre, au cœur de notre communauté. Comme vous l’avez entendu, c’est aussi le jour anniversaire de la fondation de notre monastère. Nous avons donc, ce soir, beaucoup de motifs d’action de grâce. Entrer dans la vie monastique c’est décider de répondre favorablement à l’appel du Seigneur. Car c’est lui qui nous appelle, chacun par notre nom, au cœur de notre itinéraire personnel. Pour votre part, voilà longtemps que vous songez à la vie monastique mais des circonstances, diverses et variées, vous ont retenu dans le monde ; et ces dernières années furent marquées, pour vous et votre famille, par la maladie et le décès de votre père. De ce fait, votre appel se concrétise alors que vous avez presque 53 ans. Ce n’est ni tôt ni tard, mais c’est le bon moment si c’est le temps de Dieu. Vous nous rejoignez avec une expérience personnelle et une expérience professionnelle qui sont une richesse et qui vous seront certainement une aide pour votre vie monastique. Ce soir, je vais donc vous donner l’habit de saint Benoît. C’est un moment important dans le cheminement d’une vocation. Cela marque vraiment un tournant, une forme de rupture avec la vie passée et cela exprime en même temps le désir d’entreprendre une vie de conversion, une vie à la suite de Jésus. Comme toute forme d’engagement, comme toute forme de vie destinée, consacrée, à l’amour, il s’agit en réalité d’une grande aventure ! Sur ce chemin, il me semble que mon saint patron avec sa question pose ‘la’ question fondamentale : Domine, ostende nobis Patrem et sufficit nobis ! Nous sommes bien obligés de reconnaître que maintenant nous connaissons la réponse et cependant… nous cherchons toujours ! Car la réponse, c’est Jésus-Christ lui-même, lui qui est le Chemin, la Vérité et la Vie. La réponse, vous l’avez compris, c’est le Christ dans son mystère, c’est donc aussi l’Église dans son mystère, comme nous l’a si magnifiquement montré le Père Daguet ; l’Église dont nous sommes tous et chacun les pierres vivantes, dans laquelle nous sommes invités à participer, à notre place, mais bien réellement au Corps du Christ, au Corps mystique du Christ. Nous entrons ainsi de plain-pied au niveau du dessein éternel et invariant de Dieu, au niveau de cette économie primordiale ou originelle de Dieu qui a créé tous les hommes par amour et pour l’amour afin de nous rassembler, de nous intégrer, dans l’unique filiation du Verbe, du Fils éternel. Voilà qui donne une réelle perspective et une réelle profondeur à notre quête de Dieu, à notre vie monastique qui, dès que nous ne la regardons plus avec les yeux de la foi, risque de devenir très vite triste et sombre. Cher Laurent, au moment de vous donner l’habit, avec la tonsure qui va avec, nous allons aussi vous appeler Frère, marquant ainsi votre intégration dans la communauté. Pour vous distinguer du Père Laurent, votre aîné, dans la vie monastique, et selon un usage qui nous est devenu familier, nous allons vous appeler Frère Jean-Laurent. Vous êtes arrivé chez sainte Anne pour l’Annonciation ; nous sommes au mois de mai, le mois de Marie. Nous voyons déjà que la Vierge et sa mère veillent sur vous et c’est donc tout naturellement à Notre-Dame et à sainte Anne que je vous confie, afin qu’elles vous protègent et vous conduisent à Jésus qui est pour chacun de nous le Chemin, la Vérité et la Vie. Dites-moi seulement, en qui vous désirez mettre votre confiance à l’aube de cette grande et belle aventure ?