ITINERAIRE ______ « Sarah Lavaud fait partie de ces interprètes qui ressentent l’interprétation de chaque phrase, de chaque idée musicale comme un enjeu vital. Cette tension vers ce que Debussy appelait "la chair nue de l’émotion" s’exprime dans un jeu qui pourrait être presque ascétique s’il n’était en même temps brûlant, creusé par la passion. » (Jean-Claude Pennetier). Née en 1982, Sarah débute le piano à l'âge de cinq ans, le violon quatre ans plus tard. Formée par Bruno Rigutto, Nicholas Angelich, Christian Ivaldi et Michaël Levinas au CNSM de Paris, qu’elle intègre à l'unanimité du jury en 1998 tout en poursuivant de brillantes études générales (baccalauréat scientifique mention TB en 1999), elle y obtient successivement le Prix de piano mention TB (2001), puis ceux de musique de chambre (2003) et d’analyse musicale, mention TB avec félicitations (2004). Remarquée dès l’âge de 14 ans par François-René Duchâble, elle se perfectionne également auprès de Jean-Claude Pennetier, Rena Shereshevskaya, Hüseyin Sermet, ainsi que de la regrettée Maria Curcio à Londres – et reçoit, lors de master-classes, les précieux conseils du compositeur György Kurtág (au cours de sa résidence à Paris en 1999-2000), de Franco Scala en Italie, et de Livia Rev, pianiste et pédagogue hongroise réputée. 2ème Prix au Concours International Città di Pinerolo, Médaille à l'Unanimité au Concours Maria Canals de Barcelone, 3ème Prix et Prix Spécial au Concours Francis Poulenc, Prix d'Encouragement au Concours Arthur Rubinstein à Tel-Aviv, Sarah est aussi lauréate de l’Académie Maurice Ravel (SaintJean-de-Luz) et de la Fondation Cziffra. Son activité de concertiste la mène sur de nombreuses scènes françaises: Salle Cortot, Maison de Radio France, L'Archipel et Carnegie'Small à Paris, Amphithéâtre de l’Opéra National de Lyon, Festival International de Piano de La Roque d'Anthéron (Ensembles en Résidence), Piano en Valois à Angoulême, Lisztomanias de Châteauroux, Festival Chopin à Paris, Festival Européen Jeunes Talents à Paris, Rencontres Internationales Chopin à Nohant, Festival Romantique Liszt en Provence, Festival du Vexin, Festival du Pays d’Ans en Périgord Noir, Rencontres de Musiciennes à Ouessant, Solistes aux Serres d’Auteuil, Festival d’été de Piano à Lyon – et européennes: Espagne (Barcelone), Italie (Festivals Lediecigiornate di Brescia et Armonie Sotto la Rocca), Pays-Bas… En 2010, elle apportera diverses contributions aux bicentenaires de Frédéric Chopin et Robert Schumann: intégrale Bon anniversaire Monsieur Chopin! (filmée par France Télévision), croisière musicale Chopin: Le Bicentenaire – Sur un Air de Mazurka en Mer Baltique, récital Chopin-Schumann aux Rencontres Internationales Chopin à Nohant… Sarah s’adonne également avec bonheur à l’exploration du répertoire concertant (en compagnie de l’Orchestre Symphonique Lyon-Villeurbanne et son chef, Laurent Pillot, de l’Orchestre Symphonique du Limousin, de l’Orchestre Paul Valéry de Montpellier sous la direction de Débora Waldman…) et choral (Fantaisie pour piano, chœur et orchestre op.80 de Beethoven, Petite Messe Solennelle de Rossini…). Cette quête de complicité et de partage l’amène aussi à nourrir son accomplissement de soliste par des collaborations chambristes, notamment avec les violoncellistes Ingrid Schoenlaub et Béatrice Reibel, l’altiste Cécile Grenier, les violonistes Amanda Favier, Ayako Tanaka, Nicolas Dautricourt… – ainsi qu’avec des aînés de renom tels François-René Duchâble, Christian Ivaldi, Jean Mouillère, les membres du Trio Wanderer et du Quatuor Parisii. Egalement appréciée pour ses qualités de pédagogue, elle est invitée à donner des master-classes dans le cadre des Rencontres Pianistiques d’Alès (en 2009, pour sa 6ème édition, cet événement annuel réunissait des élèves de Nîmes, Montpellier, Alès et Avignon) et du Salon de Musique en Franche-Comté (2010). Son parcours retient l’attention de la presse spécialisée: après Pianiste, qui la sélectionne dans ses "Coups de cœur" en septembre 2003, et Classica, qui lui consacre son "CD Découverte" de mai 2004, Diapason publie deux portraits (rubrique "A suivre" de juillet-août 2006, puis dossier "Spécial Piano" en juillet-août 2008, où elle figure parmi les huit étoiles montantes de la jeune génération choisies par le magazine), et lui témoigne sa confiance en sollicitant son concours pour un banc d’essai instrumental (juillet 2007). Invitée à plusieurs reprises sur France Musique (Sur tous les tons, Si j’ose dire, Dans la Cour des Grands, Leur premier CD…), Sarah est également filmée en juin 2007 par la chaîne nationale japonaise NHK, en interview et en concert, dans le cadre de la réalisation d’une émission intitulée Graffiti de la Jeunesse. Mue par la nécessité de révéler et d’affirmer sa conception du rôle de l’interprète comme acteur de l’Histoire de la Musique (puisqu’entre ses mains, se joue la destinée d’une œuvre à laquelle il donne vie, qu’il maintient en vie plusieurs siècles, parfois, après sa composition), elle s’investit dans l’étude et la diffusion de répertoires peu fréquentés, faisant sortir de l’ombre des musiques qu’elle estime injustement méconnues: en 2008, elle enregistre en première mondiale, avec le Quatuor Antigone, le Quintette avec piano de Charles Koechlin (version révisée) pour le label Ar Ré-Sé (distribution: Codaex) – CD pour la réalisation duquel la Fondation Jean-Luc Lagardère a choisi de lui apporter son soutien en lui attribuant le Prix Spécial de sa Bourse Musicien 2008, et qui a été chaleureusement reçu par la critique à sa sortie en juin 2009. Depuis plus de cinq ans, Sarah défend également avec ferveur l’œuvre pour piano de Leoš Janáček, nourrissant son vécu d’interprète d’une recherche analytique – une exploration à laquelle elle convie son auditoire lors de récitals commentés (où elle se propose de révéler la singularité de l’univers du compositeur morave par une programmation fondée sur le concept d’une mise en perspective) et de concerts-conférences. Convaincue, en effet, que l’évolution des exigences de la société impose aujourd’hui au musicien de redéfinir ses responsabilités, de questionner certaines traditions séculaires jusqu’ici perpétuées, Sarah, qui aspire à envisager sous un jour nouveau son approche de la scène et sa relation avec l’auditeur, aime inviter celui-ci à cheminer avec elle, en musique et en mots, au cœur de pages qui lui sont chères: désir d’accroître le partage et l’émotion, de rendre plus vivante et plus riche cette rencontre, mystérieuse et toujours renouvelée, entre un public, un interprète, un lieu, une œuvre.