28 24 heures | Jeudi 18 septembre 2014 La Côte Gland Un traiteur qui maximise le concept du «manger sain» Installée en zone artisanale à Gland, la société Takinoa livre des repas bio et antistress. Un petit restaurant ouvrira bientôt Yves Merz «Je mange, donc j’agis.» A l’opposé de l’idée d’une bonne sieste après un repas copieux, le slogan devrait plaire aux employeurs qui font partie des clients de l’entreprise Takinoa, à Gland. Dans la cuisine de production du chef Mauricio Quinones, on ne trouve que des mets préparés pour être en bonne forme. Ici, on pousse le concept du «manger sain» jusque dans les moindres détails. A tel point qu’il semble paradoxal que la société envisage d’ouvrir un restaurant dans la zone artisanale où elle se trouve (lire ci-dessous) , car il est bien connu que les travailleurs manuels sont plus habitués au steak-frites mayonnaise qu’aux salades de crudités. Clientèle dans le tertiaire En créant Takinoa l’an dernier, Eric Lebel a voulu proposer «des repas adaptés à la vie contemporaine, une façon de se nourrir qui prend le contre-pied de notre mode de vie hyperconnecté, de plus en plus rapide, nomade et déstructuré». La clientèle est plutôt jeune, féminine, et travaille dans le tertiaire. «Les entreprises anglo-saxonnes apprécient notre concept. Et dans les milieux médicalisés, on enfonce des portes ouvertes», précise le patron. Sensibilisé aux questions diététiques par un problème de diabète dans sa famille, Eric Lebel prône une nourriture saine et respectueuse de la planète, mais sans être extrémiste. Par exemple, il privilégie les produits locaux et de saison, mais une mangue ou de l’ananas peut faire partie d’une recette, «car le plaisir compte aussi dans la qualité de l’alimentation». En revanche, il sera plus intransigeant sur d’autres points. A cause du problème de CO 2, il n’y a ni bœuf ni veau au menu. Le choix des graisses est strict (pas de beurre ni d’huile de palme). Aucun colorant, additif ou agent conservateur. La fraîcheur avant tout. Dans la mesure du possible, des produits bio, non raffinés et La préparation des repas santé de la société Takinoa s’effectue dans un atelier situé dans VANESSA CARDOSO un des boxes de la halle modulable de Streetbox à Gland. «Nous proposons une façon de se nourrir qui prend le contre-pied de notre mode de vie hyperconnecté» Eric Lebel, patron de la société Takinoa issus du commerce équitable. Limiter le sel et le sucre. Enfin, favoriser la cuisson vapeur ou en papillote, et préparer les viandes en basse température. En bref, Takinoa s’inspire du modèle d’alimentation idéal représenté par la pyramide alimentaire de la Société suisse de nutrition (40% de fruits et légumes, 40% d’aliments farineux ou apparentés, et 20% d’aliments protéiques). A Gland, on va même plus loin en proposant des mets sans lactose, sans gluten, végétariens, ou pauvres en calories. Et on prend soin de livrer les repas dans des emballages biodégradables, donc compostables. Cela dit, concrètement, que mange-t-on de si sain et de si énergétique chez Takinoa? La carte se décline en plusieurs catégories (smoothies, jus, soupes, salades, wraps, tartes, pains multicéréales, desserts…), qui comprennent des mets très variés, colorés et appétissants. Au menu d’hier (à 25 francs), il y avait une soupe de carotte bio à la coriandre, une salade aux deux quinoas avec sauce balsamique, un wrap de poulet fermier (CH) avec tomates séchées, et un crumble aux abricots du Valais. Un créneau viable? Référente alimentation aux Ligues de la santé, Laurence Margot loue le soin tout particulier apporté par la société Takinoa aux critères santé. «Mais payer une soupe, une salade et un dessert 21 francs (ndlr: prix du menu de base) me paraît relativement onéreux. Est-ce accessible à tout le monde, et dès lors, est-ce que le créneau est économiquement viable?» Un resto tendance en zone artisanale U Après avoir inauguré, en mai dernier, au Grand-Pont à Lausanne, sa première boutique de restauration sur le pouce ou à l’emporter, Eric Lebel, patron de Takinoa, prévoit d’ouvrir un petit restaurant de 24 places audessus de l’atelier de production à Gland, au cœur de la zone artisanale où Streetbox SA a construit ses halles modulables. En somme, c’est la rencontre de deux concepts très tendance. Takinoa, on l’a compris, veut relever le défi de proposer des menus santé, très loin du classique steak-frites, aux artisans du coin. «Pour ne plus avoir faim, ce n’est pas la composition du repas qui compte, mais la quantité, relève Eric Lebel. Et puis il y a aussi de nombreuses personnes dans des bureaux aux alentours.» Du côté de la société Streetbox, Yves Yersin se dit enchanté de voir s’ouvrir ce restaurant maintenant que les 62 boxes sont tous occupés. Rappelons que Streetbox développe des halles modulables permettant de loger des PME à des prix abordables (en vente ou en location). Un concept très apprécié. Elle a construit plus de 400 boxes dans le canton de Vaud depuis 2011, et plusieurs halles sont en chantier ou en projet. Mais pas dans le district de Nyon. «Il n’y a pas de terrains disponibles, ou ils sont trop chers», regrette Yves Yersin.