Chapitre : Introduction à la croissance

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Chapitre : Introduction à la croissance Ce chapitre constitue une introduction aux théories de la croissance économique. Après un bref exposé des faits stylisés de la croissance économique, nous étudierions le modèle développé par Robert Solow. Ce modèle permet d’appréhender les sources de la croissance économique. Il s’agit essentiellement du progrès technologique. Cependant celui-­‐ci reste « exogène ». Les théories qui se sont développées à la suite du modèle de Solow se proposent d’expliquer comment l’économie génère de façon « endogène » la croissance. Elles mettent en avant différents facteurs de croissance tels que l’accumulation des connaissances, le capital humain ou la recherche. 1. Introduction : chiffres clés de la croissance économique La croissance économique joue un rôle clef dans la progression du revenu par tête, dans le rattrapage éventuel des niveaux de vie entre pays développés et pays en développement, etc….. Le PIB par habitant est traditionnellement utilisé pour mesurer le niveau de vie moyen d’un pays. Afin de tenir compte de différences dans les niveaux de prix, les comparaisons internationales se fondent éventuellement sur un niveau de PIB ajusté pour le pouvoir d’achat (c.f. Penn World Tables de Summers et Heston) La croissance économique n’est pas un phénomène stable dans le temps ni également distribué entre pays. Le tableau ci-­‐dessous reprend les taux de croissance annuels moyens du revenu réel par habitant sur différentes périodes et pour différents pays, ainsi que le revenu réel par habitant. On constate que • le revenu réel par habitant a augmenté dans tous les pays, il y a eu croissance positive ; • après des taux de croissance élevé sur la période 50-­‐70, le taux de croissance moyen a diminué dans les pays industrialisés depuis le milieu des années 70. Afin d’illustrer l’importance du ralentissement de la croissance, il faut noter qu’un taux de croissance de 4,4% par an implique que le PIB par habitant double après 16 ans, tandis qu’il ne double qu’après 37 ans si le taux de croissance tombe à 1,9%; • les pays repris dans ce tableau ont rattrapé leur retard par rapport aux Etats-­‐
Unis, l’écart de niveau de vie par habitant s’est réduit, il y a eu convergence des niveaux de vie par habitant. Ceci résulte de taux de croissance plus importants pour les pays dont le PIB par habitant était, dans les années 50, inférieur à celui des Etats-­‐Unis. Croissance annuelle du PIB
par habitant (%)
1950-1973
1973-1998
Production réelle par hab.
(dollars de 1992)
1950
Ratio de la production réelle
par habitant
1998
1998/1950
France
4.2
1.6
5,150
19,158
3.7
Allemagne
4.9
1.8
4,356
20,059
4.6
Japon
8.1
2.5
1,820
19,907
10.9
Royaume-Uni
2.5
1.9
6,870
19,005
2.8
États-Unis
2.2
1.5
11,170
25,890
2.3
Moyenne
4.4
1.9
5,872
20,804
3.5
Pour évaluer empiriquement le phénomène de convergence des niveaux de vie entre un ensemble de pays, on compare traditionnellement le taux de croissance annuel moyen sur une période donnée au revenu par habitant en début de période. Si les pays dont le PIB par tête initialement faible croissent plus vite que les pays à PIB par tête initialement plus élevé, ceci indique que les pays initialement plus pauvres rattrapent le niveau de vie des pays plus riches. Le graphique ci-­‐dessous reprend le taux de croissance moyen et le PIB réel par habitant (exprimés en dollars et en termes réels avec comme année de référence 1992) des pays de l’OCDE, , il y a bien une relation négative entre taux de croissance sur la période 1950-­‐1992. On peu donc conclure, comme dans le tableau précédent, qu’il y a eu un phénomène de convergence des niveaux de vie entre les pays de l’OCDE. Convergence des PIB par habitant pays de l’OCDE
Cependant, ce phénomène ne eut pas être généralisés à l’ensemble des pays. Comme le montre le graphique ci-­‐dessous, si il y a eu convergence entre pays de l’OCDE et convergence dans les pays asiatiques, le niveau de vie des pays africains par contre ne s’est pas rapproché de celui des pays industrialisés. Partant d’un niveau de revenu par habitant initialement bas, ces pays n’ont pas connu un taux de croissance supérieur à celui des pays à revenu par habitant élevé. Certains ont même connu des taux de croissance négatifs. Comparaison entre les continents
2. Le modèle de Solow Le modèle de Solow va permettre de mettre en évidence les sources de la croissance économique, le rôle de l’accumulation du capital, de l’épargne et du progrès technique. 2.1. Les sources de la croissance Le point de départ du modèle est la fonction de production agrégée : Y = A.F (K,N) Elle dépend de l’état de la technologie, A, du stock de capital en début de période, K, du stock de travail dans l’économie, N. Dans ce cas, l’augmentation du PIB, provient de la croissance de la population, ΔN/N, l’accumulation de capital, ΔK/K, ou le progrès technologique, ΔA/A: ΔY ΔA
ΔK
ΔN
=
+ aK
+ aN
Y
A
K
N 2.2. Le modèle de Solow sans technologie On étudiera le modèle de Solow en supposant l’absence de progrès technologique. Ceci servira de contre-­‐exemple pour montrer qu’une croissance soutenue du revenu par habitant ne peut provenir, dans ce modèle, que de progrès technologique continu. On supposera par contre que la population (et donc le stock de travail) croit au taux gN. Pour simplifier la notation, on posera A=1 et la fonction de production s’écrit : Y = F (K,N) Pour rappel, on définit les rendements d’échelle d’une fonction de production comme la quantité supplémentaire d’output par unité supplémentaire d’inputs. Ainsi les rendements d’échelle sont • constants si F(xK, xN) = xY • croissants si F(xK, xN) > xY • décroissants si F(xK, xN) < xY Pour simplifier, on supposera les rendements constants. A noter que ceci implique que les rendements des facteurs de production sont décroissants, c’est-­‐à-­‐dire que des augmentations de K et N entraînent des augmentations de moins en moins importantes de la production. On reviendra sur cette propriété ultérieurement. Comme on l’a vu plus haut, la question de la croissance est liée au niveau de vie par habitant. On se concentrera donc sur la production par travailleur, Y/N. Lorsque les rendements d’échelle sont constants le PIB/travailleur peut s’exprimer en fonction du rapport capital par travailleur. xY = F ( xK , xN )
1
x=
N
Y
K
K
= F ( ,1) = f ( )
N
N
N
Par exemple, dans le cas d’une fonction de production Cobb-­‐Douglas, où les rendements d’échelle sont constants, on a α+β=1; ou encore β=1-­‐α. Par conséquent, la production par tête s’écrit en fonction du capital par tête: Y = K α N β = K α N 1−α
Y K α N 1−α
=
= K α N 1−α −1
N
N
α
Y
⎛ K ⎞
= K α N −α = ⎜ ⎟
N
⎝ N ⎠
Et comme signalé plus haut, le rendement du capital est décroissant. En effet, la productivité marginale du capital est croissante, c’est-­‐à-­‐dire qu’une augmentation de K/N augmente Y/N : α −1
α
Y ⎛ K ⎞
= ⎜ ⎟
N ⎝ N ⎠
⇒
δ (Y / N )
⎛ K ⎞
= α .⎜ ⎟
δ (K / N )
⎝ N ⎠
>0
Mais les rendements du capital sont décroissante, c’est-­‐à-­‐dire, qu’une augmentation de K/N augmente Y/N de moins en moins : Y ⎛ K ⎞
= ⎜ ⎟
N ⎝ N ⎠
α
⇒
δ²(Y / N)
⎛ K ⎞
= α.(α − 1)⎜ ⎟
δ(K / N)²
⎝ N ⎠
α −2
<0
Lorsqu’on représente graphiquement la fonction de production par travailleur en fonction du capital par tête, on voit également que • Y/N est plus élevé lorsque K/N=C que lorsque K/N=B (productivité marginale de K/N croissante), • mais |A’B’| est plus petite que |C’D’| alors que |AB| est plus grand que |CD| (rendements de K/N décroissants). Y/N = A
(K/N,
F(K/N,
1)
1)
Production
Production par
par travailleur,
Travailleur,Y/N
Y/N
D´
C´
B´
A´
A
B
C
D
Capital par travailleur, K/N
2.3. L’état stationnaire L’état stationnaire, l’équilibre dans les modèles de croissance, se définit par le sentier de croissance équilibrée. A l’état stationnaire, • le PIB, la consommation et le stock de capital croissent à un taux constant ; • en l’absence de progrès technologique, le PIB, la consommation et le capital par tête sont constants ; • l’état stationnaire est un équilibre stable; l'économie converge vers l'état stationnaire. C’est le taux d’épargne qui va permettre de déterminer le PIB/habitant à l’état stationnaire dans le modèle de Solow. Par contre le taux d’épargne n’a pas d’influence sur le taux de croissance à l’état stationnaire. Tout au plus, une modification du taux d’épargne influence la croissance à court terme, c’est-­‐à-­‐dire dans la transition vers le nouvel état stationnaire. Comme on le verra, c’est le progrès technologique qui détermine le taux de croissance du PIB par habitant à l’état stationnaire. Pour le montrer, on analysera le cas d’un modèle sans progrès technologique. On montrera ainsi, à contrario, que sans progrès technologique, il n’y a pas de croissance à long terme du revenu par habitant. Revenons à la détermination de l’équilibre dans le modèle de Solow. Pour cela il faut noter le double rôle du capital par tête : • d’une part, le stock de capital par tête en période t détermine la quantité de production par tête en période t: Yt/Nt = F (Kt/Nt) • d’autre part, la quantité de production determine le revenue, répartit entre consummation et épargne. Cette dernière détermine à son tour l’investissement et la quantité de capital On fera les hypothèses suivantes : • Hypothèse 1 : l’épargne est proportionelle au revenu St = sYt s = taux d’épargne (0 < s < 1) • Hypothèse 2: on considère le cas d’une économie fermée (X=M=0) sans Etat (G=0=T). Dans ce cas l’équilibre macroéconomique implique que : St = It It = investissement brut en période t On supposera également dans un premier temps que la population est constante Nt=N. Sans progrès technologique, ni croissance de la population, le seule source de croissance (c.f. section 2.1.) est l’accumulation du capital. L’évolution du stock de capital est donnée par : Kt+1 = (1-­‐δ)Kt+It avec δ le taux de dépréciation du capital, Kt le stock de capital en début de période t, et It l’investissement en capital en cours de période t. En faisant passer Kt dans le membre de gauche, la dynamique d’accumulation du capital devient : K t +1 K t
I
K
−
= t −δ t
N
N
N
N Le stock de capital par tête, K/N, augmente (diminue) si l’investissement par tête, I/N, est supérieur (inférieur) à la dépréciation par tête, δK/N. Le stock de capital par tête est constant, ΔK/N=0, si l’investissement par tête compense la dépréciation du capital par tête, I/N = δK/N. Etant donné la fonction d’épargne, St = sYt, et l’équilibre macroéconomique, St = It, on peut réécrire cette équation comme : Kt+1 = (1-­‐δ)Kt+sYt En exprimant les grandeurs par travailleur, on voit que la variation de capital par travailleur est égale à la différence entre l’épargne par travailleur et la dépréciation du capital par travailleur : K t +1
K
Y
= (1 − δ ) t + s t
N
N
N K t +1 K t
Yt
Kt
−
=s
−δ
N
N
N
N K t +1 K t
K
K
−
= sf ( t ) − δ t
N
N
N
N
car
Yt
K
= f( t)
N
N A l’état stationnaire, le stock de capital par tête, K/N, est constant. L’équation ci-­‐desuss devient : K
K
0 = sf ( t ) − δ t
N
N *
*
K
K
sf (
) =δ
N
N Le stock de capital par tête à l’état stationnaire est tel que l’épargne par tête (égale à l’investissement) compense exactement la dépréciation du capital par tête à chaque période. Le stock de capital par tête à l’état stationnaire, K*/N, détermine l’épargne par tête, le revenu par tête, la consommation par tête et l’investissement par tête : S*
⎛ K * ⎞ I *
= s.f ⎜
⎟ =
N
N
⎝ N ⎠
K
K
I*
K*
=δ
⇒ t +1 − t = 0
N
N
N
N
Y *
⎛ K * ⎞
= f ⎜
⎟
N
⎝ N ⎠
C* Y * S*
K*
⎛ K * ⎞
=
−
= f ⎜
⎟ − δ
N
N
N
N ⎝ N ⎠
Graphiquement, on peut représenter l’équilibre comme suit : • Y/N=f(K/N) représente la production par travailleur décrite plus haut ; • sf(K/N) l’épargne par travailleur est une fraction, s, de la production par travailleur ; elle détermine l’investissement par travailleur ; • la droite δ(K/N) représente la dépréciation du capital par tête. A l’état stationnaire l’épargne par tête est égale à la dépréciation du capital par tête. C’est la situation décrite par le point B. Au point B, le capital par tête est égal à K*/N. Il implique un niveau de production Y*/N, donné au point A. Dépréciation par
travailleur δKt/N
Production par travailleur, Y/N
Y*/N
A
B
Production par travailleur
f(Kt/N)
Investissement par
travailleur
sf(Kt/N)
A = Production/travailleur
B = Investissement/travailleur
= épargne/travailleur
= δ.K/N
Capital par travailleur, K/N
K*/N
2.4. Convergence vers l’état stationnaire Afin de comprendre pourquoi l’état stationnaire est un équilibre stable, on va montrer comment l’économie converge vers cet équilibre (K*/N, Y*/N) partant d’une situation où le stock de capital est inférieur à K*/N. En K0/N, le stock de capital est inférieur à celui qui prévaut à l’état stationnaire, K*/N. En ce point K0/N, l’investissement par tête, AC, est supérieur à la dépréciation par tête, AD. Il y a donc accumulation positive de capital, c’est-­‐à-­‐dire que le stock de capital par tête augmente. A la période suivante, K1/N sera encore tel que l’investissement par tête est supérieur à la dépréciation par tête, et l’accumulation de capital va se poursuivre, mais dans une moindre mesure. L’accumulation de capital sera de moins en moins importante à cause des rendements décroissants du capital. L’accumulation du capital se poursuivra jusqu’au point où K/N=K*/N. En effet, au delà de K*/N, le stock de capital implique un revenu par tête tel que l’épargne par tête (l’investissement par tête) est inférieur à la dépréciation du capital par tête. Par conséquent le stock de capital par tête diminue. Dépréciation par
travailleurä Kt/N
Production par travailleur
f(Kt/N)
Production par travailleur, Y/N
Y*/N
B
E
C
Investissement par
travailleur
sf(Kt/N)
AB = Production/travailleur
AC = Investissement/travailleur
D
AD = Dépréciation
AC > AD
A
(Ko/N)
K*/N
Capital par travailleur, K/N
3. Les sources de croissance 3.1. Variation du taux d’épargne dans le modèle de Solow sans progrès technologique On vient de voir que le taux d’épargne détermine la production par tête à l’état stationnaire. On étudiera ici les variations du taux d’épargne, et dans quelle mesure celles-­‐ci peuvent influencer le taux de croissance de l’économie. Partons d’une situation initiale où le taux d’épargne est donné par s0. Le stock de capital à l’état stationnaire est donné par le point où l’épargne est égale à la dépréciation, au point A. A ce niveau K0/N de capital, le revenu par tête à l’état stationnaire est Y0/N, au point B. Supposons à présent que le taux d’épargne augmente et passe à s1. La courbe d’investissement est maintenant donnée par s1f(K/N). Elle coupe la droite de dépréciation du capital, δ(K/N) au point E. Le stock de capital à l’état stationnaire, étant donné ce nouveau taux d’épargne, est donné par K1/N. A ce niveau, la production par tête stationnaire est donnée au point D par Y1/N. Le passage d’un état stationnaire à l’autre se fera comme décrit dans la section 2.4. Dépréciation par
travailleur δKt/N
Production par travailleur
f(Kt/N)
Production par travailleur, Y/N
D
Y1/
N
Y0/
N
B
E
C
Investissement
s1f(Kt/N)
ä
I>
Investissement
s0f(Kt/N)
A
(K0/N)
K1/N
Capital par travailleur, K/N
En conclusion, • le taux d’épargne affecte le niveau de la production par tête à l’état stationnaire ; • il n’a pas d’effet de long terme sur le taux de croissance du revenu par tête ; • il n’affecte que temporairement le taux de croissance, le long de la transition vers le nouvel état stationnaire. On vérifiera que les effets sur la croissance sont également temporaires lorsqu’il s’agit d’une hausse de la croissance de la population ou d’un choc technologique temporaire. Par conséquent, seul le progrès technologique soutenu permet une croissance soutenue. Néanmoins, la variation du taux d’épargne a impliqué une hausse du PIB par habitant. On serait tenté de croire qu’elle implique dès lors une hausse de la consommation par personne. Cependant ce n’est pas toujours le cas. Prenons deux cas extrêmes. Premièrement si le taux d’épargne est nul, l’investissement est nul. Par conséquent le stock de capital, le PIB et la consommation sont nuls. Si par contre le taux d’épargne est maximal, de 100%, la consommation sera également nulle puisque l’entièreté du revenu est allouée à l’épargne. Un taux d‘épargne entre ces deux extrêmes donne lieu à une consommation par tête positive. Graphiquement on peut représenter le lien entre consommation par tête et taux d’épargne comme ci-­‐dessous. Consommation par travailleur, C/N
Consommation maximale par travailleur
en état stationnaire
sG
0
Taux d'épargne, s
1
La relation entre les deux est concave parce que le stock de capital à l’état stationnaire, déterminé par le taux d’épargne, exerce deux effets en sens contraire sur la consommation : • une hausse du capital par tête augmente la production par tête. Ceci tend à augmenter la consommation par tête, à épargne inchangée ; • mais un capital par tête plus élevé augmente aussi la dépréciation, δK/N, et par conséquent le niveau d'épargne nécessaire à maintenir K/N constant. Ceci réduit la consommation par tête puisqu’une plus grande fraction du revenu par tête est allouée à l’épargne. Si on part du principe que l’utilité des agents économiques est maximale lorsque leur consommation est maximale, on peut se demander quel est l’état stationnaire qui maximise la consommation par tête. Ce taux est donné par ce qu’on appelle la règle d’or. Le niveau de capital de la règle d’or est déterminé par la valeur de l’épargne qui donne le plus haut niveau de consommation stationnaire. 3.2. Croissance de la population On va lever ici l’hypothèse que la population est constante, et supposer qu’elle croît au taux gN=(Nt+1/Nt)-­‐1. Cette hypothèse modifie l’équation d’évolution du capital par tête comme suit : ⎛ K ⎞
K t +1 K t
K
−
= s. f ⎜⎜ t ⎟⎟ − δ t
Nt
Nt
Nt
⎝ N t ⎠
K t +1 N t +1 K t
K
K
−
= t +1 (1 + g N ) − t
N t +1 N t
Nt
N t +1
Nt
⇒
⎛ K ⎞
K t +1 K t
K
−
= s. f ⎜⎜ t ⎟⎟ − ( g N + δ ) t
N t +1 N t
N t ⎝ N t ⎠
Lorsque la population n’est pas constant mais croît à un taux gN, il faut que l’épargne compense à la fois la depreciation du capital et l’augentation de la population pour maintenir constant le capital par habitant. Sur le graphique ci-­‐dessous, la hausse du taux de croissance de la population de gN1 en gN2 fait pivoter la droite d’investissement requis pour compenser la depreciation du capital et la croissance de la population vers le haut. Etant donné le taux d’épargne s le capital par tête au nouvel état stationnaire s’établit au point C, et le revenu par tête au point B; les deux ont diminué par rapport à l’équilibre initial où gN=gN1. Production par travailleur, Y/N
Investissement requis
(δ+gN2).Kt/N
Y*1/N
Y*/N
Production par travailleur
f(Kt/N)
Investissement requis
(δ+gN1).Kt/N
D
B
C
A
Investissement
sf(Kt/N)
K*1/N
K*/N
Capital par travailleur, K/N
En conclusion, une augmentation de la population N • affecte le revenu par tête de long terme; elle réduit le capital par tête et l'output par tête à l'état stationnaire car il faut plus d'épargne pour maintenir le niveau de capital par tête constant ; • mais n’a pas d’effet permanent sur le taux de croissance ; elle n’a qu’un effet temporaire pendant la transition vers le nouvel état stationnaire ; Production par travailleur, Y/N
les effets seront les mêmes en cas de hausse du taux de dépréciation. 3.3. Rôle du progrès technologique Ni le taux d’épargne (qui détermine l’accumulation du capital) ni la croissance de la population n’ont d’effet permanent sur le taux de croissance de l’économie. Nous analysons ici le rôle du troisième déterminant de la croissance (voir section 2.1), la technologie. Une amélioration de la technologie a pour effet de déplacer la fonction de production vers le haut. Par conséquent la courbe d’épargne, proportionnelle au revenu par tête, augmente également. La droite d’investissement requis n’est pas modifiée puisque ni le taux de dépréciation ni la croissance de la population n’nt varié. Le capital par tête, donné par l’intersection entre la courbe d’épargne et la droite d’investissement requis, est plus élevé. Le revenu par tête augmente à l’état stationnaire F(K/N, A2)
Investissement requis
B´
F(K/N, A1)
A´
Investissement sf(Kt/N,A2)
Investissement sf(Kt/N,A1)
A
B
Capital par travailleur, K/N
Une innovation technologique augmente donc le PIB par habitant de façon permanente. Elle implique une croissance du revenu par tête mais de façon temporaire, le temps d’atteindre le nouvel état stationnaire. Comme dans les exemples ci-­‐dessus, si la croissance de la population N est gN, alors à l’état stationnaire : • la croissance de K, Y et C est gN ; • K/N, Y/N, et C/N sont constants; • la croissance de K/N, Y/N, et C/N est nulle. Une augmentation permanente du taux de croissance de l’économie ne pourra venir que d’une augmentation continue du progrès technologique. On peut montrer que si le progrès technologique croît au taux gA et la population N croît au taux gN, alors à l’état stationnaire • la croissance de K, Y et C est gN+gA ; • la croissance de K/N, Y/N, et C/N est gA. Comme le montre le tableau ci-­‐dessous, des estimations de la croissance du progrès technologique indiquent que celui est responsable de la plus grande partie de la croissance observée du PIB par habitant. Croissance Y/N
1950-73
(1)
Taux de progrès technique
1973-87 Variat.
(2)
(3)
1950-73 1973-87
(4)
(5)
Variat.
(6)
France
4.0
1.8
-2.2
4.9
2.3
-2.6
Allemagne
4.9
2.1
-2.8
5.6
1.9
-3.7
Japon
8.0
3.1
-4.9
6.4
1.7
-4.7
Royaume-Uni
2.5
1.8
-0.7
2.3
1.7
-0.6
Etats-Unis
2.2
1.6
-0.6
2.6
0.6
-2.0
Moyenne
4.3
2.1
-2.2
4.4
1.6
-2.8
3.4. Les sources du progrès technologique dans les modèles de croissance endogène Etant donné le rôle du progrès technologique mis en évidence dans les modèles de croissance, il est important de pouvoir définir et mesurer la technologie. La technologie n’est pas une grandeur observable comme la consummation d’un bien par exemple. On utilize alors une definition indirecte. On peut considérer différents types de progrès technologiques, qu’ils soient de nature quantitative ou qualitative. • Le progrès technique quantitatif implique une production accrue à quantité donnée de capital et de travail. Prenons par exemple le cas de deux périodes du temps T1 et T2. Si à partir de la même quantité de capital, K, et de travail L, on •
peut produire plus de biens dans la période récente T2 que par le passé, en T1, c’est que la technologie s’est améliorée. Le progrès technique qualitatif correspond à une amélioration de la qualité des produits, nouveaux produits, ou un plus grand choix de produits, par exemple. Les modèles de croissance endogène se sont attachés à identifier les forces économiques qui favorisent le progrès technologique. Alors que dans le modèle de Solow le progrès technologique est exogène, il croît à un taux donné gA, celui-­‐ci sera la résultante des mécanismes économiques dans les modèles de croissance endogène. Ces modèles mettent en évidence deux sources de progrès technologique : le capital humain et la recherche. Ces modèles reposent sur l’hypothèse centrale d’accumulation de progrès technique: le progrès technique actuel s'appuie sur le progrès technique passé. En ce qui concerne le capital humain, cette hypothèse correspond au fait que les connaissances futures sont d'autant plus élevées que les connaissances actuelles sont importantes. Les connaissances accumulées au cours d’une période ne sont pas perdues mais servent de base aux connaissances qui seront accumulées dans le futur. En ce qui concerne la recherche, l’hypothèse d’accumulation du progrès technologique implique que les innovations permettent d'atteindre un niveau d'autant plus élevé que la technologie actuelle est développée. Le capital humain représente l’ensemble des connaissances incorporées dans les individus. L’accumulation du capital humain se fait grâce à un investissement. Il s’agit, entre autres, de l’éducation, la formation, ou l’expérience acquise au cours de la vie professionnelle. Ces modèles mettent en évidence le fait que la productivité d’un pays est d'autant plus élevée que la population est mieux éduquée. On entend par là deux éléments. La population est mieux éduquée lorsque, d’une part, une plus grande partie de la population est éduquée, et, d’autre part, lorsque le niveau de connaissances transmises par l’éducation est plus élevé. En ce qui concerne la recherche, il faut distinguer deux types de recherche, complémentaires: la recherche fondamentale et la recherche appliquée ou recherche et développement (R&D). Pour simplifier on pourrait dire que le résultat de la recherche fondamentale sont les inventions. Elle-­‐ci a un effet immédiat sur le stock de connaissance. Le financement de ce type de recherche est essentiellement public. Un de smotifs est que la recherche fondamentale n’aboutit que généralement pas à une application commercialisable. Le résultat de la R&D, sont les innovations. L’effet de la R&D porte essentiellement sur une augmentation ou une amélioration de la production. Pour ce type de recherche, les brevets ont un rôle à jouer pour protéger l’innovateur et assurer une rente temporaire, celle-­‐ci constituant l’incitant à innover. Il faut noter que seul un petit nombre d’entreprises sont actives en R&D: surtout les plus grandes et les plus productives, ou les entreprises qui débutent. Les recommandations de ces modèles en termes de politique économique sont donc de promouvoir l’éducation et la formation et de favoriser la recherche, qu’il s’agisse du financement de la recherche fondamentale, ou de le mise sur pied de structures favorables à la R&D, par exemple par une politique de brevets appropriées, le développement d’incitants à la R&D par les entreprises, l’encouragement des spin-­‐offs (créées à la suite et pour mettre en application des recherches universitaires), le financement des startups innovantes, etc… A titre d’illustration, le tableau ci-­‐dessous donne quelques indications chiffrées des efforts de R&D dans les pays industrialisés. Ceux-­‐ci ne concernent pas la recherche fondamentale. A titre de comparaison, on peut noter que les dépenses en R&D sont nettement inférieures aux dépenses en éducation, et à l’investissement en capital physique. Ce constat pour les Etats-­‐Unis, vaut aussi pour les autres pays. Dépenses de R&D en pourcentage du PIB
1963
1975
1989
France
1.6
1.8
2.3
Allemagne
1.4
2.2
2.9
Japon
1.5
2.0
3.0
Royaume-Uni
2.3
2.0
2.3
Etats-Unis
2.7
2.3
2.8
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