LES FIGURES DE STYLE 1. Composants phonétiques du fait de style Allitération L’allitération est la répétition de deux consonnes d’un même timbre. Léguant, liant, ciel, filial, aile, relais,… Assonance L’assonance est l’homophonie de deux voyelles finales accentuées. Sombre / tondre ; chat / pacha ; las Apophonie L’apophonie est la variation d’une voyelle d’un mot au cours de la déclinaison, de la conjugaison ou de la dérivation. ® Du singulier au pluriel : émail / émaux ® D’une personne à une autre : je vais / ils vont ® Du masculin au féminin : tricheur / tricheuse Cette notation a une extension plus large en rhétorique et désigne toute modification de timbre dans le retour d’une même séquence indépendamment de la base léxématique. « Il pleure dans mon cœur comme il pleut sur la ville » (Verlaine) Paronomase La paronomase, également appelée paronymie, est un procédé stylistique consistant à réunir dans une phrase des mots aux sonorités voisines mais dont le sens diffère. Qui se ressemble s’assemble Relax, Max ! Légal, le goût Cuir Un cuir est une liaison erronée. Je suis t’en affaire Velours Un velours est l’insertion d’une consonne incorrecte pour faciliter la liaison. 1 Donnez-moi z’en encore Métaplasme (aphérèse, apocope, syncope, épenthèse, prosthèse, gémination, étirement, métathèse, diérèse) Le métaplasme est un terme générique qui regroupe toutes les figures par lesquelles l’auteur s’autorise à altérer un mot Apocope L’apocope est le retranchement d’une ou plusieurs syllabes à la fin d’un mot. Ciné ; métro L’apocope du « e » est la plus fréquente « C’est d’un’ maladie d’ cœur qu’est mort’, m’a dit l’ docteur Tourlaudaire, ma pauv’ mère » Aphérèse L’aphérèse est la suppression d’une syllabe ou d’un son à l’initial d’un mot. Lors (pour alors) ; bus (pour autobus) ; c’ pas (pour n’est-ce pas) Syncope la syncope est l’effacement d’un ou plusieurs phonèmes intérieurs. M’sieur ; c’ t’ enfant Epenthèse L’épenthèse est l’ajout d’un phonème au milieu du mot. « Merdre » (Jarry) Prosthèse La prosthèse est le fait d’ajouter un « e » à l’initial d’un mot commençant par un « s ». Une estatue (à la place d’une statue) ; une escarole (à la place d’une scarole) Gémination La gémination est un procédé stylistique qui consiste à doubler la première syllabe du mot. Fifille 2 Etirement L’étirement est un procédé stylistique qui consiste à allonge un phonème d’un mot de façon appuyée pour lui donner une sensibilité plus forte ou pour indiquer , à la manière de l’onomatopée, comment ce mot est implicitement prononcé. Métathèse La métathèse est un pléonasme qui intervertit deux consonnes. Aéropage pour aréopage Aréoport pour aéroport Diérèse La diérèse divise une syllabe (diphtongue) en deux sons distincts dans la prononciation d’un mot. Patience « Je demande à vohar » (Queneau) Synérèse La synérèse est la fusion de deux syllabes contiguës en une diphtongue Lier Epizeuxe L’épizeuxe et la palillogie sont la répétition d’un même mot sans intermédiaire. « Waterloo ! Waterloo ! Waterloo ! Morne plaine » (V. Hugo) Polyptote Le polyptote est la répétition d’un mot dans des formes ou des fonctions différentes. « O vanité des vanités, et tout n’est que vanité » (traduit de la Bible) Anaphore L’anaphore est caractérisée par le fait de répéter un mot en tête de phrase ou de membre de phrase « Marcher à jeun, marcher vaincu, marcher malade » V. Hugo) Epiphore (ou épistrophe) 3 Une épiphore est caractérisée par le fait de répéter un mot ou une expression en fin de phrase ou de membre de phrase. « Et toujours ce parfum de foin coupé qui venait de Bérénice, qui résumait Bérénice, qui le pénétrait de Bérénice » (Aragon) Symploque (ou antépériphore) La symploque est une combinaison de l’anaphore et de l’épiphore. On parle d’antépériphore lorsqu’un même mot ou groupe de mots est répété en début et en fin de phrase, ou qu’un même vers commence et termine une strophe. « Peut-on illuminer un ciel bourbeux et noir ? Peut-on déchirer des ténèbres Plus denses que la paix, sans matin et sans soir Sans astres, sans éclairs funèbres ? Peut-on illuminer un ciel bourbeux et noir ? » Baudelaire Epanastrophe L’épanastrophe est constituée de deux propositions corrélatives, l’une commençant par un certain mot et l’autre se terminant par ce même mot. Un gars a demandé Sophie, louche le gars Anadiplose Le mot repris au début d’une phrase ou d’un membre de phrase se trouvait la première fois en fin de phrase ou de membre de phrase « Un beau matin On vient au monde Le monde N’en sait rien » Maxime Le Forestier, Ça sert à quoi Epanalepse ou Epanadiplose (une variante de l’épanalepse) Le mot répété se trouve au début et à la fin de la proposition ou de la phrase. L’homme est un loup pour l’homme Les chefs combattent pour la victoire, les hommes pour le chef (traduit de Tacite) Le terme d’épanalepse est usité, selon Morier, soit au sens d’épanadiplose, soit au sens d’épanode Epanode 4 L’épanode est la répétition, portant sur un ou plusieurs mots, faite plusieurs fois dans des positions variées. La dure mort éternelle C’est la chanson des damnés ; Bien nous tient à sa cordelle La dure mort éternelle ; Nous l’avons desservi1 telle Et à lui2 sommes donnés ; La dure mort éternelle C’est la chanson des damnés Arnould Gréban 1 mérité 2 soit Satan Le refrain Le refrain des chansons et poésies est une variété d’épanode, appelée aussi antépiphore 2. Composantes syntaxiques du fait de style Chiasme Le chiasme est un procédé stylistique qui consiste à placer les éléments de deux groupes formant une antithèse dans l’ordre inverse de celui que laisse attendre la symétrie. Il faut manger pour vivre et non pas vivre pour manger. Un roi chantait en bas, en haut mourait un Dieu. Asyndète Une asyndète consiste en la suppression des mots de liaison (conjonction, adverbe) entre les termes d’une ou plusieurs phrases pour donner au discours plus de force. Arias a tout lu, a tout lu, il veut le persuader ainsi. Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue (Racine) Parataxe Dans la parataxe, les phrases et segments de phrases sont simplement juxtaposés. Madame se meurt ! Madame est morte ! (Bossuet) Hypotaxe L’hypotaxe consiste à construire les phrases avec des liens de subordination, contrairement à la parataxe Lorsque les liens de subordination abondent, on parle d’hyperhypotaxe L’auteur le plus représentatif est M. Proust 5 Parataxe Hypotaxe Mot de liaison asyndète Il pleure car il a fin (1) Je demande s’il est venu (2) Il pleure, il a faim (3) Je demande qui est venu (4) (1) parataxe syndétique (2) parataxe asyndétique (3) hypotaxe syndétique (4) hypotaxe asyndétique Polysyndète La polysyndète consiste en la répétition d’un lien de coordination alors que ce n’est pas nécessaire grammaticalement. Ne pas la confondre avec l’hyperhypotaxe. « J’aurais voulu les boire et les casser Et toutes les vitrines et toutes les rues Et toutes les maisons et toutes les vies » Blaise Cendras Ellipse Il s’agit de la suppression du complément du nom, du verbe, ou de la préposition (on parle alors de brachylogie) Pas possible ; pause café ; crédit-vacances : ellipse du complément du nom Voyagez SNCF : ellipse du sujet Roulez gasoil avec Peugeot : ellipse du complément du verbe Anacoluthe L’anacoluthe est la rupture en cours de phrase de la construction grammaticale que le début de la phrase laissait entendre. Vous voulez que ce Dieu vous comble de bienfaits Et ne l’aimez jamais (Racine) Le nez de Cléopâtre, s’il eût été plus court, toute la face de la terre aurait changé (Pascal) Métabole Le terme de métabole est un terme générique qui désigne les figures microstructurales jouant sur la disposition des groupes syntaxiques (par exemple l’anacoluthe et le symploque (ou antépériphore) Syllepse 6 La syllepse consiste à accorder un mot selon le sens contrairement aux règles grammaticales. Je n’ai jamais vu deux personnes être si contents l’un de l’autre (Molière, Don Juan) Solécisme Le solécisme (dont l’étymologie vient de Soloi, ville de Cilicie, où l’on parlait un grec incorrect) est une faute de syntaxe supposés intentionnelle. J’ai eu bien peur que vous tombâtes (= tombassiez) Zeugma (ou zeugme) Le zeugma, consiste à lier par la syntaxe deux mots ou groupes de mots dont un seul se rapproche logiquement au verbe. Les deux mots liés syntaxiquement peuvent être incompatibles parce que l’un est abstrait et l’autre concret ou parce qu’ils font appel à des sens différents du verbe. J’entre et sors de mon bureau (on ne peut pas dire « j’entre de mon bureau ») Hyperbate Une hyperbate consiste à intervertir l’ordre habituel des mots Sur un arbre perché un oiseau chantait Antithèse L’antithèse est un procédé par lequel on souligne en les rapprochant, l’opposition de deux mots ou de deux idées. La nature est grande dans les petites choses. Parallélisme Le parallélisme consiste en la répétition de l même construction dans deux phrases ou deux propositions. Travaillons aujourd’hui à construire demain. Enumération C’est l’accumulation des postes syntaxiques, l’énumération juxtapose une série de termes, parfois progressivement. Elle a acheté des pommes, des poires, des raisins « Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue » (Racine) 7 A savoir : l’accumulation n’est pas une figure de style. 3. Composantes sémantiques du fait de style Tropes : métaphore, métonymie, synecdoque, Métaphore Procédé par lequel on transporte la signification propre d’un mot à une autre signification qi ne lui convient qu’en vertu d’une comparaison sous-entendue (sans employer de comparatif). La fleur de l’âge Bruges, la Venise du Nord On parle de métaphore filée lorsque la métaphore se poursuit sur plusieurs phrases. Métonymie Procédé stylistique par lequel on nomme une réalité qui serait trop longue à décrire, par une autre réalité qui lui est liée logiquement (l’effet par la cause, le contenu par le contenant, le tout par la partie,…) Une voile à l’horizon ( le navire) La France ( les joueurs français) Boire un verre Synecdoque Procédé de style qui consiste à nommer une réalité par une partie de cette réalité ou vice versa (la partie pour le tout, le tout pour la partie, le genre pour l’espèce, l’espèce pour le genre, …) Payer tant par tête (= par personne) Acheter un vison (= un manteau de vison) Figures de l’analogie : comparaison, métaphore, personnification, allégorie, symbole. Comparaison La comparaison établit un parallèle entre un premier terme (le comparé) et un deuxième terme (le comparant) par l’intermédiaire d’une marque grammaticale 8 {verbe (ressembler à, paraître), adjectif (pareil, semblable), adverbe (comme, ainsi que), locution comparative (faire l’effet de, donner l’impression de) Il ressemble à son père Catachrèse La catachrèse est l’utilisation métaphorique d’un mot pour exprimer un terme qui n’existe pas dans une langue donnée. Le pied d’un fauteuil Une tête de clou Une dent de scie A savoir : un cul-de-sac était à l’origine une catachrèse, mais les tirets montrent qu’il s’agit désormais d’un mot-expression intégré au dictionnaire. Personnification La personnification attribue à une chose ou à un animal les caractéristiques d’une personne humaine. « Quelques rosiers agonisaient au fond de ce puits sans air » (Maupassant Allégorie L’allégorie représente une idée abstraite sous l’apparence d’un personnage humain ou animal ; elle se reconnaît souvent à l’usage de la majuscule. « O Mort, vieux capitaine il est temps ! levons l’ancre … » (Baudelaire) Symbole Le symbole établit une correspondance, souvent fondé sur une tradition culturelle, entre une réalité concrète et une réalité abstraite. L’agneau (= symbole de la douceur) La couronne (= symbole de la royauté) La balance (= symbole de la justice) Jeux sur les idées : énumération, hyperbole, emphase, euphémisme, litote, prétérition , ironie Hyperbole L’hyperbole est une exagération dans le choix des mots. Elle a pour antonyme l’euphémisme. Je meurs de faim A savoir : l’exagération n’est pas à proprement parlé une figure de style. 9 Euphémisme L’euphémisme consiste à remplacer une expression qui risquerait de choquer, par une expression atténuée. Sans-abris ou SDF (sans domicile fixe) (= clochard) Un « homme d’un certain âge » (= vieillard) Emphase L’emphase est une mise en relief, elle souligne un élément de l’énoncé à l’aide d’un présentatif (c’est…qui). C’est Jean qui doit venir demain. L’emphase apparaît dans le caractère ampoulé du vocabulaire où abondent les formules hyperboliques. Les belles pages des grands écrivains Les beaux vers des grands poètes, leur musique divine. L’accompagnement sublime des chants immortels. Jusqu’en 1940, l’emphase était un ornement obligatoire (professeur en toge) du discours de distribution des prix. Discours des avocats en cours L’éloquence comme la poésie se pare de figures telles que les métaphores, les comparaisons. Litote La litote (antonyme de l’hyperbole) consiste à dire le moins pour exprimer le plus, et même pour suggérer beaucoup plus. « Va, je ne te hais point » (Racine) A savoir : l’antiphrase est une variante de la litote. Mais ce ne sont pas des synonymes : la litote diffère de l’antiphrase en ce qu’elle vise à suggérer beaucoup plus que la simple négation de la vérité annoncée. Ironie L’ironie consiste à se moquer, à dire le contraire de ce que l’on veut réellement exprimer. A savoir : l’antiphrase est une figure d’ironie portant sur un mot particulier. Antiphrase 10 L’antiphrase consiste à dire le contraire de ce que l’on pense, tout en révélant que l’on pense le contraire de ce que l’on dit. C’est malin ! (= c’est idiot) Prétérition (ou prétermission) La prétérition consiste à dire que l’on ne va pas dire précisément ce que l’on est en train de dire. Je ne vais pas me vanter d’avoir réussi, mais je t’avais bien dis que j’étais le meilleurs Périphrase La périphrase consiste à remplacer un mot précis par un mot plus général accompagné de complément qui précisent son sens. L’oie est appelée « l’aquatique animal sauveur du capitole » Chez certains virtuoses du verbe, la périphrase est combinée à la métaphore et produit des devinettes. Le coq : un vivant petit clocher de plumes Le chant du coq : un coquelicot sonore Le papillon : lendemain de chenille en tenue de bal Alliance de mots L’alliance de mots (antonyme du pléonasme) est le rapprochement de deux mots contradictoires formant une expression originale. Il ne voit que la nuit, n’entend que le silence. Oxymoron ou oxymore L’oxymoron est un terme de rhétorique employé pour désigner l’alliance de mots ou antilogie; il associe par la syntaxe deux mots contradictoires. « Cette obscure clarté qui tombe des étoiles » (Corneille, le Cid) Un silence bavard Une seconde éternité Effets d’intensité : hyperbole, répétition, gradation, antiphase, litote, ellipse Répétition Elle est un moyen de renforcement J’ai faim, faim, faim ! 11 Métabole La métabole est la répétition d’une idée par synonymie fréquente dans le discours familier) J’en suis sûr et certain Il m’en dit des vertes et des pas mûres Gradation (= crescendo) : La gradation est la coordination de plusieurs mots de force croissante, dont le dernier est souvent hyperbolique. « Je me meurs, je suis mort, je suis enterré » (Molière, l’Avare) « Un souffle, une ombre, un rien, tout lui donnait la fièvre » (La Fontaine) Ellipse L’ellipse est l’omission d’un des déterminant de la phrase, du sujet ou du verbe. Il fait une chaleur… Cet homme est d’une politesse. Effet de combinaison : pléonasme, redondance, tautologie, alliance de mots, antithèse, attelage, parhyponoÏan, hypallage, hendiadyn Pléonasme Le pléonasme (proche de la redondance et de la tautologie) est le fait d’associer deux termes quasi synonymes ou appartenant au même champ lexical. Montez en haut Descendre en bas Un chien de race canine Redondance La redondance est le fait de caractériser quelque chose de manière superflue. Je m’arrêtai devant un lac calme et paisible L’onde humide Tautologie La tautologie est une définition répétitive. Elle sert le plus souvent à marquer une affirmation. 12 C’est mon avis et je le partage Un sou est un sou Les chats ne font pas des chiens Lapalissade Une lapalissade est une affirmation toute formelle dont l’évidence prête à rire. Un quart d’heure avant sa mort il était encore en vie. Antithèse L’antithèse est l’opposition de deux réalités contradictoires. Ele renforce les mots non plus par la synonymie, mais par l’antonymie. « O merveille ! O néant ! » (V. Hugo) « Ton bras est invaincu, mais non invincible. » (Corneille) Attelage L’attelage est la construction d’un mot avec deux compléments qui impliquent un sens différent de celui attendu. « Vêtu de probité candide et de lin blanc » (V. Hugo) « Alors il prit du ventre et beaucoup de pays » (J. Prévert) « Histoire de France et de s’amuser » (Robert de Beauvais) Parhyponoïan Effet lexical d’attente trompée. « Ses yeux pétillaient de bêtise » (Proust) Hypallage L’hypallage consiste à rapporter un complément à un support grammatical qui n’est pas son support sémantique. « Les moissonneurs posant leurs faucilles lassées » (Desfontaines) Hendiadyin ou hendiadys L’hendiadyin consiste à exprimer une idée par deux mots reliés par « et » au lieu de l’exprimer au moyen d’un nom accompagné d’un adjectif ou d’un complément déterminatif. Respirons l’air et la fraîcheur (respirons l’air frais) Par la haine et par la jalousie ( par une haine jalouse) 13 Hyperbate Une hyperbate consiste à intervertir l’ordre habituel des mots Sur un arbre perché un oiseau chantait Modification et création de mots : archaïsme, néologisme, métaplasme, mot- valise, périgrinisme Archaïsme Un archaïsme est un mot ancien qui n’a plus cours dans le langage courant et qui est employé volontairement pour sa connotation vieillie. J’ai ouï dire Néologisme Le néologisme est un mot inventé par l’auteur pour décrire une chose ou un concept pour lequel il ne trouve pas d’équivalent. L’Arrache-cœur (Boris Vian) Un tarif céphalophtalmique (Alphonse Allais) Mot-valise Un mot-valise est un mot composé de plusieurs mots complémentaires. O rancoeurs ennuiverselles ! (J. Laforgue) ennui + universelle) Célibattante (célibataire + battante) aux sonorités Périgrinisme Le périgrinisme est un procédé qui fait appel à certains aspects d’une langue étrangère : mots partiellement ou totalement empruntés, formes syntaxiques importées, …induisant une signification (donc un signifié) et/ou une connotation différente. Theoria et praxis (P.Ricoeur) Les jeux de mots : anagramme, calembour, contrepéterie, isolexisme, lipogramme, palindrome Anagramme L’anagramme (n.f.) consiste à changer l’ordre des lettres d’un mot pour former un ou plusieurs autres mots. « Marie, qui voudrait votre nom retourner, il trouverait aimer » (Ronsard) 14 Calembour Le calembour est un jeu de mot fondé sur la similarité sonore de mots aux sens différents « Il n’y a que Maille qui m’aille » « De deux lune L’autre c’est le soleil » (J. Prévert) Contrepèterie (ou métathèse ou antistrophe) Une contrepèterie est une inversion de phonèmes entre des mots voisins pour créer un nouveau syntagme de sens différent. « Je vous salue ma rue » (J. Prévert) « Il vaut mieux un tapis persan volé qu’un tapis volant percé » (Goscinny) Isolexisme (ou dérivation ou polyptote) L’isolexisme est l’utilisation dans une phrase de plusieurs mots ayant le même radical. « Dans les coulisses du progrès des hommes intègres poursuivaient intégralement la désintégration progressive de la matière vivante désemparée.» (J. Prévert) Lipogramme Le lipogramme est un écrit qui s’interdit l’usage d’une lettre donnée Le « e » dans le roman de Perec, La Disparition Palindrome Le palindrome est une anagramme qui peut se lire de droite à gauche et de gauche à droite. Ressasser Cette liste est bien sûr à compléter 15 Exercices Exercice 1 Donnez le nom des procédés de style employés dan les phrases suivantes. 1. D’un comte il me souvient. – 2. Le trou de la sécu. – 3. Dans mes bras mon fils – 4. Toi que j’ai vu naître, toi que j’ai aimé. – 5. « Je l’ai vu, dis-je, vu, de mes yeux vu. » (Molière - 6. Cet homme est pareil aux dieux. – 7. Un trois-mâts – 8. Hâtezvous lentement. – 9. Ne vous gênez surtout pas ! – 10. Il n’est point sot. – 11. La disparition de ce grand homme est un désastre. – 12. L’astre du jour. – 13. Cette politique est un échec, une défaite, une catastrophe. – 14. Mourir de honte. – 15. Je ne dirai rien sur les conséquences lamentables de cette politique. Exercice 2 Répondez aux diverses questions. 1. « Il a pris le bus 42 et a bu un Bordeaux » comporte a) Deux litotes b) Deux métonymies c) Deux métaphores d) Deux comparaisons 2. Dire « c’est excellent » en pensant « c’est très mauvais » est a) Une litote b) Une gradation c) Une antiphrase d) Un euphémisme 3. Quel problème soulève la figure suivante ? « La police arrête le malfaiteur en pyjama. » 4. Relevez les pléonasmes dans ces vers. « Trois sceptres, à son trône attachés par mon bras, Parleront au lieu d’elle, et ne se tairont pas. » (Corneille) « Eh ! que m’a fait à moi, cette Troie où je cours. » (Racine) Donnez le nom des procédés de style employés dans les phrases suivantes. 5. Je ne dirai pas qu’il me fatigue ! a) Einstein ? Ce n’est pas un sot ! b) C’est un Gavroche c) L’astre du jour dardait ses rayons. d) Plus les choses sont simples, moins elles sont compliquées. Une femme est une femme. 16 Exercice 3 Nommez les procédés de style utilisés dans les extraits suivants. « Aucune ombre d’arbre ne tachait e ciel, le pavé se déroulait avec la rectitude d’une jetée, au milieu de l’embrun aveuglant des ténèbres » (Zola) 1. « Brusquement, à un coude du chemin, les feux reparurent près de lui, sans qu’il comprît davantage comment ils brûlaient si haut dans le ciel mort, pareil à des lunes fumeuses. » (Zola) 2. « […] et il retrouvait le monstre avalant sa ration de chair humaine, les cages émergeant, replongeant, engouffrant des charges d’hommes, sans un arrêt, avec le coup de gosier facile d’un géant vorace. » (Zola) 3. « […] on entendait les sourds mugissements de la cataracte du Niagara, qui dans le calme de la nuit se prolongeaient de désert en désert et expiraient à travers les forêts solitaires. » (Chateaubriand) 4. « […] La terre vous défend d’embrasser ma querelle, Et son flanc vous refuse un passage à sortir. Terre crève-toi donc afin de m’engloutir, N’attend pas que Mercure avec son caducée Me fasse de ton sein une ouverture forcée. » (Corneille) 5. « […] mon berceau a de ma tombe, ma tombe a de mon berceau » (Chateaubriand) 6. « Je saurai s’il le faut, victime obéissante, Tendre au fer de Calchas une tête innocente » Racine) 7. « La mort qui a sucé le miel de ton haine » (Shakespeare) 8. « […] alors il se lève Alors il se lave « (Prévert) 9. « [.. ;] En arrière grand-père En arrière père et mère En arrière grands-pères En arrière vieux militaires En arrière les vieux aumôniers En arrière las vieilles aumônières La séance est terminée. » (Prévert) 10. « Ils allaient conquérir le fabuleux métal 17 Que Cipango mûrit dans ses mines lointaines. » (de Heredia) 11. « Et, comme le soleil dans son enfer polaire, Mon cœur ne sera plus qu’un bloc rouge et glacé. » (Baudelaire) 12. « Mon esprit est pareil à la tour qui succombe. » (Baudelaire) 13. « Brûlé de plus de feux que je n’en allumai. » (Racine) 14. « C’est là que mourut ma mère. C’est là que je suis né. » (Poe) Exercice 4 Reformulez les énoncés suivants en utilisant des litotes et des hyperboles : 1. 2. 3. 4. 5. 6. Cet homme est malade Ce film est ennuyeux Il a faim Il fait froid Ils ne se sont pas vus depuis longtemps Il pleure 18 CORRIGE Exercice 1 Donnez le nom des procédés de style employés dan les phrases suivantes. 1. D’un comte il me souvient. [inversion] – 2. Le trou de la sécu. [métaphore] – 3. Dans mes bras mon fils [ellipse] – 4. Toi que j’ai vu naître, toi que j’ai aimé. [répétition] – 5. « Je l’ai vu, dis-je, vu, de mes yeux vu. » [pléonasme] (Molière) - 6. Cet homme est pareil aux dieux. [comparaison] – 7. Un trois-mâts [métonymie] – 8. Hâtez-vous lentement. [oxymore] – 9. Ne vous gênez surtout pas ! [antiphrase] – 10. Il n’est point sot. [litote] – 11. Ce grand homme est. décédé d’une longue maladie. [euphémisme (le cancer)] – 12. L’astre du jour. [périphrase] – 13. Cette politique est un échec, une défaite, une catastrophe. [gradation] – 14. Mourir de honte. [hyperbole] – 15. Je ne dirai rien sur les conséquences lamentables de cette politique.[prétérition] Exercice 2 Répondez aux diverses questions. 1. « Il a pris le bus 42 et a bu un Bordeaux » comporte a) Deux litotes b) Deux métonymies (« le 96 » = le bus n°96 ; « un Bordeaux » = du vin de Bordeaux) c) Deux métaphores d) Deux comparaisons 2. Dire « c’est excellent » en pensant « c’est très mauvais » est a) Une litote b) Une gradation c) Une antiphrase d) Un euphémisme 3. Quel problème soulève la figure suivante ? « La police arrête le malfaiteur en pyjama. » Cette figure set une amphibologie Elle crée un double sens, conséquence d’une construction suggérant deux interprétations possibles : qui est en pyjama ? 4. Relevez les pléonasmes dans ces vers. 19 « Trois sceptres, à son trône attachés par mon bras, Parleront au lieu d’elle, et ne se tairont pas. » (Corneille) « Eh ! que m’a fait à moi, cette Troie où je cours. » (Racine) 5. Donnez le nom des procédés de style employés dans les phrases suivantes. a) Je ne dirai pas qu’il me fatigue ! : prétérition b) Einstein ? Ce n’est pas un sot ! : litote c) C’est un Gavroche : antonomase d) L’astre du jour dardait ses rayons. : périphrase (= le soleil) e) Plus les choses sont simples, moins elles sont compliquées. : lapalissade (explication inutile) f) Une femme est une femme. : tautologie Exercice 3 Nommez les procédés de style utilisés dans les extraits suivants. « Aucune ombre d’arbre ne tachait e ciel, le pavé se déroulait avec la rectitude d’une jetée, au milieu de l’embrun aveuglant des ténèbres » (Zola) 15. « Brusquement, à un coude du chemin, les feux reparurent près de lui, sans qu’il comprît davantage comment ils brûlaient si haut dans le ciel mort, pareil à des lunes fumeuses. » (Zola) Métaphore de la mer (« jetée », « embrun ») Hypallage (le nom « ombre » est associé au verbe « tachait » ; et le nom « embrun » à l’adjectif « aveuglant » Oxymoron (« aveuglant » et « ténèbres ») 16. « […] et il retrouvait le monstre avalant sa ration de chair humaine, les cages émergeant, replongeant, engouffrant des charges d’hommes, sans un arrêt, avec le coup de gosier facile d’un géant vorace. » (Zola) Comparaison (« les (…) pareil à des lunes fumeuses ») Hypallage (« ciel mort » et « lunes fumeuses » ; voire oxymore (la clarté de la lune s’oppose à l’obscurité de la fumée) 17. « […] on entendait les sourds mugissements de la cataracte du Niagara, qui dans le calme de la nuit se prolongeaient de désert en désert et expiraient à travers les forêts solitaires. » (Chateaubriand) Personnification du bruit de la mine (« voix », « respiration », …) Hypallage (« noyée de nuit et de fumée ») 18. « […] La terre vous défend d’embrasser ma querelle, Et son flanc vous refuse un passage à sortir. Terre crève-toi donc afin de m’engloutir, N’attend pas que Mercure avec son caducée Me fasse de ton sein une ouverture forcée. » (Corneille) Métaphore du « géant vorace » pour désigner la mine 20 Personnification bien sûr (exemples : « flanc », « sein ») 19. « […] mon berceau a de ma tombe, ma tombe a de mon berceau » (Chateaubriand) Chiasme 20. « Je saurai s’il le faut, victime obéissante, Tendre au fer de Calchas une tête innocente » Racine) Métonymie (le fer désigne l’épée) 21. « La mort qui a sucé le miel de ton haine » (Shakespeare) Métaphore (« miel de ton haleine ») 22. « […] alors il se lève Alors il se lave « (Prévert) Paronomase (« lève » / « lave ») 23. « [.. ;] En arrière grand-père En arrière père et mère En arrière grands-pères En arrière vieux militaires En arrière les vieux aumôniers En arrière las vieilles aumônières La séance est terminée. » (Prévert) Anaphore (« en arrière ») 24. « Ils allaient conquérir le fabuleux métal Que Cipango mûrit dans ses mines lointaines. » (de Heredia) Périphrase pour désigner l’or 25. « Et, comme le soleil dans son enfer polaire, Mon cœur ne sera plus qu’un bloc rouge et glacé. » (Baudelaire) Comparaison (« comme ») Oxymore (« enfer polaire ») 26. « Mon esprit est pareil à la tour qui succombe. » (Baudelaire) Comparaison (« pareil à la tour ») Métonymie (« la tour » pour désigner ceux qui la garde) 27. « Brûlé de plus de feux que je n’en allumai. » (Racine) Métaphore : l’amour est présenté sous la forme du feu 28. « C’est là que mourut ma mère. C’est là que je suis né. » (Poe) Anaphore de « c’est là » Antithèse entre les deux verbes «mourut » et « suis né » 21 Exercice 4 Reformulez les énoncés suivants en utilisant des litotes et des hyperboles : 1. Cet homme est malade Il n’est pas au mieux de sa forme / il est mourant 2. Ce film est ennuyeux Ce film est peu distrayant / ce film est mortellement sinistre 3. Il a faim Il a petit creux / il a une faim de loup 4. Il fait froid Il ne fait pas chaud / il fait un froid à fendre les pierres 5. Ils ne se sont pas vus depuis longtemps Leur dernière rencontre ne date pas d’hier / ils ne se sont pas vus depuis une éternité 6. Il pleure Il essuie une ou deux larmes / il verse des torrents de larmes 22