L`Europe, une élève laborieuse mais aux résultats insuffisants

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40
30
n°23
20
10
JUin 2006
0
Lettre gratuite et mensuelle.
SOMMAIRE
p.2
Sciences
p.2
POLITIQUE
p.2-3
Nathalie Kosciusko-Morizet
Le Québec fait de la résistance
Bruxelles veut renforcer le marché de quotas
entrepriseS
p.3
INITIATIVES
p.3
ACTIONS LOCALES
p.4
Pour un bâtiment décarbonisé
Un 2e MDP pour Lafarge
Swiss Re
Nanterre à l’heure du climat !
DOSSIER
Négociations internationales :
Bonn donne le ton à Nairobi
LE CARBONE ACTIF
Les gaz à effet de serre passent à table
DU CARBONE ET DES SOLUTIONS
L’Inde
1 milliard
C’est le nombre de tonnes de CO2
que le millier de projets MDP,
actuellement dans les cartons
ou les tuyaux, devraient permettre
d’éviter d’émettre d’ici à 2012.
--
L’USINE A GES
la lettre des professionnels du changement climatique
1970 1980 1990 2000 2010 2020 2030
ÉDITO
ENTRETIEN
Halte aux vols de nuit
Savez-vous compter vos GES ?
©
p.5-6
p.7
p. 8-9
L’Europe, une élève laborieuse
mais aux résultats insuffisants
La lutte contre le changement climatique, c’est un peu comme la
Formule 1. Il ne suffit pas de baratiner pour avoir la « pole position ».
Et côté verbiage, nous sommes assez bien servis. Il y a quelques
jours encore, le Commissaire européen à l’Environnement, le très
peu connu Stavros Dimas, rappelait que « le changement climatique demeurait la priorité la plus urgente et, heureusement, il est
en tête de l’agenda politique ». En tête aussi des politiques les
moins performantes. Car, un an après l’ouverture du marché des
quotas d’émission de CO2, - le premier du monde !- il est beau
le résultat… Après la pseudo découverte de la « surallocation de
quotas », le cours des permis a pratiquement perdu la moitié de sa
valeur. Et sans pour autant contribuer à réduire nos émissions carbonées. Qu’on en juge plutôt. Dans son dernier inventaire, l’Agence européenne de l’environnement (AEE) rappelle que les rejets
européens ont une fois de plus augmenté, entre 2003 et 2004 :
de 0,3% pour l’Europe des 15 (soit 11,5 millions de tonnes de
gaz carbonique) et de 0,4% pour l’Union à 25 (+ 18 millions de
tonnes). Bien sûr, il y a des explications à ce piètre résultat. Les
voitures ont plus roulé, les sidérurgistes ont fabriqué plus d’acier,
les raffineries ont produit plus de carburants et les installations
frigorifiques laissé fuir plus d’hydrofluorocarbures. En revanche,
les ménages et les électriciens ont réduit leur impact. De même
que les exploitants de décharges de déchets ménagers. Quoiqu’il
en soit, nous sommes encore loin de l’objectif que nous a fixé
le protocole de Kyoto. Depuis 1990, nos émissions de GES ont
seulement diminué de 0,9% quand le texte adopté en 1997 dans
l’ancienne capitale nippone nous commande de les réduire de 6%
d’ici à 2012. Une mission désormais impossible à remplir. Que l’on
ne s’étonne plus alors d’apprendre, comme le fait ces jours-ci l’Académie des sciences américaine, que les 25 dernières années ont été
les plus chaudes…. depuis Henri IV !
L’Usine à GES© est une co-publication mensuelle O2 France - Energograd.
BRÈVES
Sciences
Halte aux vols de nuit
Saint-Exupéry doit se retourner dans sa tombe. Selon une étude réalisée par l’université de Reading, et
dont les résultats ont été publiés dans Nature, les
avions de ligne volant la nuit ont un impact climatique plus important que les jets volant le jour. Pour
simplifier, expliquent les chercheurs britanniques,
les traînées de condensation qui se forment après le
passage de l’Airbus ou du Boeing ont, le jour, deux
actions qui se neutralisent : ils renvoient dans l’espace les rayons solaires et absorbent le rayonnement
infrarouge émis par la terre. Problème, la nuit, il n’y
a pas de rayonnement solaire à renvoyer. Aussi, les
longues traînées blanches se contentent-elles d’absorber de l’infrarouge, une action contribuant au
réchauffement climatique. Un nouvel argument en
faveur de l’inclusion de l’aviation commerciale dans
le système des quotas d’émissions.
l [email protected]
Savez-vous compter vos GES ?
Un nouveau guide destiné aux inventaires des émissions en GES a été présenté par le GIEC lors de la
24e session des Organes subsidiaires de la convention à Bonn (lire dossier). Remplaçant l’édition
de 1996, ce nouveau guide intègre les dernières
connaissances scientifiques, de nouveaux secteurs
et de nouveaux GES, comme le NF3, le SF5CF3 z et
d’autres gaz halogènes.
l www.ipcc-nggip.iges.or.jp
Politique
Le Québec fait de la résistance
La province francophone aime à se distinguer de la
fédération canadienne. Et au moment où Ottawa démantèle la politique climatique du Canada, Montréal
affiche un plan climatique ambitieux. Présenté le 15
juin, le programme prévoit d’investir 1,2 milliard
de dollars sur six ans (850 M€) pour diminuer les
rejets de GES. Cette manne sera le fruit d’une nouvelle taxe sur les hydrocarbures. Avec cet argent, le
gouvernement régional financera la mise en place de
24 mesures qui permettront de réduire les émissions
régionales de 10 millions de tonnes de GES par an.
Soit une diminution de 11% des rejets d’ici à 2012.
Ce qui permettra au Québec de revenir à un niveau
d’émissions inférieur de 1,5% à celui de 1990. Bien,
mais loin de l’objectif fixé au Canada par le protocole de Kyoto : - 6%.
l w
ww.mddep.gouv.qc.ca/changements/plan_
action/index.htm
ENTRETIEN
Nathalie Kosciusko-Morizet
Co-auteure d’un excellent rapport parlementaire sur l’effet de serre,
la député UMP de l’Essonne propose une politique énergétique conjuguant durabilité et protection du climat.
Notre approvisionnement énergétique est-il durable ?
Nathalie Kosciusko-Morizet : Jusqu’à présent, on ne considérait la question
de l’approvisionnement énergétique qu’au travers du prisme de la géopolitique ou
de la technique. Le premier nous oblige à regarder l’évolution du monde. Le second
à prendre en compte le peak oil. Or, l’adoption récente de la Charte de l’environnement et de la loi d’orientation sur l’énergie et la lutte contre le changement climatique nous invitent à changer de vision, à élargir le champ.
Et pour quelles raisons ?
Nathalie Kosciusko-Morizet : Tout simplement, parce que nous sommes
confrontés au défi climatique. Nous devons construire un système adapté. Ce qui
n’est pas simple, car, en la matière, nombreuses sont les fausses bonnes idées.
Lesquelles?
Nathalie Kosciusko-Morizet : Le fait de croire que l’on réduira nos émissions
de carbone à mesure que flamberont les prix du pétrole et du gaz. C’est totalement
faux. On sait très bien que les énergéticiens, si les prix des hydrocarbures restent à
un niveau élevé, les remplaceront par du charbon, qui émet bien plus de CO2 que
le fioul ou le gaz.
Comment imaginez-vous le système énergétique de demain ?
Nathalie Kosciusko-Morizet : Dans mon esprit, et pour ce qui concerne la
production d’électricité, nous ne pouvons pas nous passer de l’énergie nucléaire,
que ce soit pour des questions stratégiques, d’indépendance et de lutte contre
le changement climatique. A cet égard, je suis très satisfaite de voir que la France
s’est récemment dotée d’une nouvelle politique nucléaire, qui n’est pas seulement
industrielle.
C’est-à-dire ?
Nathalie Kosciusko-Morizet : En adoptant les lois sur la gestion des déchets
et sur la gouvernance et la transparence, le Parlement permet au pays de rendre le
nucléaire viable et exportable. Jusqu’à présent, nos industriels faisaient d’excellentes machines, mais la France n’était pas forcément exemplaire dans l’encadrement
juridique du nucléaire comme dans sa gouvernance. Ces deux lois nous permettent
de disposer d’un système nucléaire industriellement performant, doté d’une perspective de bouclage de son combustible et soumis à l’autorité d’une institution
indépendante. Ainsi, ce système est socialement acceptable en France et potentiellement exportable.
On ne fera pas avancer des voitures avec le nucléaire...
Nathalie Kosciusko-Morizet : Effectivement, ce sujet ne doit pas empêcher
de considérer les autres aspects du problème. La question du nucléaire a ainsi trop
longtemps stérilisé les recherches sur les énergies renouvelables. Raison pour laquelle nous sommes devenus faibles dans l’énergie solaire ou l’utilisation de la biomasse, alors que nous étions parmi les premiers dans les années 1970. Nous devons
revenir dans le peloton de tête des nations utilisant le plus possible ces autres
énergies propres.
Quid des transports ?
Nathalie Kosciusko-Morizet : Nos constructeurs automobiles sont en retard.
Nos politiques publiques sont faibles. C’est pour cela que nous avons proposé,
dans notre rapport, de prélever une petite partie de la TIPP pour donner un véritable élan à des solutions alternatives de mobilité, comme le ferroutage. Nous devons
aussi travailler sur l’habitat. C’est un sujet dans lequel les paradoxes prospèrent.
Certains travaux très rentables ne sont même pas effectués. Nos devons progresser
sur les normes bien sûr mais aussi sur la rénovation de l’ancien. Des financements
innovants sont indispensables.
Propos recueillis par Sophie d’Anhalt
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L’Usine à GES© est une co-publication mensuelle O2 France - Energograd.
INITIATIVE
BRÈVES
Swiss Re
Bruxelles veut renforcer
le marché de quotas
Swiss Re en 2005
Chiffre d’affaires
Nombre d’employés
Présence dans
Tonnes CO2 émises en 2004
Ventilation des émissions
27,8 milliards francs suisses (17,8Md€)
8 882
30 pays
47 000
Électricité 44 %
Chauffage 13 %
Transports 43 %
Secteur peu connu du grand public, les réassureurs ont été probablement les premières entreprises à se préoccuper réellement des conséquences des changements
climatiques. Et pour cause. Leur activité consiste à « assurer » les risques les plus aigus
ou les plus onéreux ; ceux qui sont devenus trop chers et, par conséquent, dont nos
assureurs ne veulent ou ne peuvent plus s’occuper. Voilà des années que les deux ténors de la réassurance, Swiss Re et Munich Re, interpellent leurs clients et les pouvoirs
publics sur les dommages croissants imputables à la folie du climat. Restait à savoir si
le plus gros des deux, Swiss Re, mettait ses actions en accord avec ses discours.
La surprise est plutôt bonne. La vielle dame de Zurich (l’entreprise affiche ses
163 printemps) a lancé, en 2003, un programme pour « compenser », en dix ans, ses
émissions de dioxyde de carbone. Deux types d’actions permettront au groupe, dirigé
par Jacques Algrain, d’atteindre cet objectif ambitieux.
Les soixante-dix représentations du groupe suisse (dans 30 pays) sont invitées à
réduire leur consommation d’énergie. Ce qui passera par différentes solutions techniques : remplacement d’halogènes par des ampoules à basse consommation, changement de combustible de chauffage ou encore acquisition d’ordinateurs très économes. Certaines filiales opteront, bien sûr, pour l’achat d’ « électricité verte », dans
les pays où le choix de la couleur et de la qualité des électrons est possible. Autre
exemple : la filiale française paie à ses salariés la totalité du coût de l’abonnement
mensuel aux transports publics.
La Commission fourbit ses armes pour préparer les
esprits à de nouvelles législations climatiques. Dans
son rapport du 2 juin, le Groupe à haut niveau sur la
compétitivité, l’énergie et l’environnement, recommande de renforcer le marché des quotas. Composé
de représentants des institutions, des entreprises et
de membres de la société civile, le groupe mixte préconise notamment de prévoir des incitations aux investissements dans les technologies à faible intensité
en carbone, de réduire l’impact dudit marché sur la
compétitivité des industries à forte intensité énergétique, et de constituer, après 2012, un cadre de
référence attrayant pour les systèmes d’autres pays
à fort volume d’émissions. À suivre…
Entreprises
Pour un bâtiment décarbonisé
Des industriels de la construction, des collectivités
locales et des banques ont annoncé, le 16 mai, la
création d’Effinergie. L’association a pour objectif de promouvoir les techniques permettant la
construction de bâtiments économes en énergie et
en carbone. Dès l’année prochaine, elle devrait aussi
créer un label national. Une action qui vient à point,
quelques semaines après la publication du rapport
Viguerie (lire L’Usine à GES n°22). Selon les statistiques, environ 30 millions de bâtiments mal chauffés
et mal isolés rejettent, chaque année, 100 millions
de tonnes de CO2.
Un 2e MDP pour Lafarge
Gare aux voyages d’affaire
En Suisse, une bonne partie des bureaux est logée dans des bâtiments certifiés « Minergie », l’équivalent suisse de la Haute qualité environnementale (HQE). Ces actions
directes devraient permettre de faire un peu plus de 20% du chemin. Le reste, soit
37 000 tonnes d’équivalent CO2 par an, passera par l’acquisition d’URCE, (la monnaie des projets de mécanisme de développement propre, ndlr), via le Community Development Carbon Fund, l’un des fonds climatiques gérés par la Banque mondiale.
Très diversifiée, la politique climatique de Swiss Re donne déjà des résultats. Entre
2003 et 2005, le premier réassureur mondial est parvenu à diminuer de 9,1% les
émissions de CO2 imputables à la consommation de courant et de 3,2% celles résultant du chauffage. En revanche, les rejets carbonés résultant des voyages d’affaires
ont explosé de 23,8% : les fruits empoisonnés de la croissance du groupe en Asie.
Mais Swiss Re n’entend pas en rester là. N’oubliant pas que des entreprises et des
citoyens bien informés peuvent devenir, souvent indirectement, ses clients de demain,
le groupe helvétique n’hésite pas à mettre la main à la poche pour aider à la diffusion
de la connaissance climatique. Depuis six ans, l’entreprise participe ainsi au projet
Carbon Disclosure qui recense les politiques climatiques des plus grandes entreprises
mondiales. Swiss Re a aussi financé un projet de recherches de la Harvard Medical
School sur les conséquences sanitaires du réchauffement de la planète.
Plus étonnant, le réassureur a grandement participé au financement du grand documentaire télévisé sur les effets du changement climatique : « The Great Warming » ; une
série de quatre émissions que l’on aimerait bien découvrir sur les écrans français.
Après avoir alimenté, en partie, sa cimenterie de Tétouan par de l’électricité éolienne (lire L’Usine à GES
n°14), le cimentier français récidive. En mai dernier,
Lafarge a fait enregistrer son projet de substitution
de charbon par des coques de noix de palmier à
huile pour sa cimenterie malaise. Ce nouveau projet
MDP permettra à l’industriel de diminuer de 60 000
tonnes par an ses rejets de GES.
l [email protected]
100
000 tonnes
C’est le bilan des émissions de CO2 du
Mondial de football. La plupart de ces
émissions sont imputables aux transports
des équipes. Seul le Costa Rica s’est
engagé à compenser les rejets imputables
à la participation (courte il est vrai) de
ses joueurs.
Volodia Oprotchnik
L’Usine à GES© est une co-publication mensuelle O2 France - Energograd.
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Actions locales
BRÈVES
Nanterre à l’heure du climat !
Un Atelier Climat et Territoire
en Alsace
Depuis un an, la préfecture des Hauts-de-Seine s’organise pour relever le défi climatique à l’échelle de son territoire. Un programme
où se conjuguent bilan des émissions, démocratie participative et
énergie bois. Une première en zone urbaine ?
En juillet 2005, Nanterre se lance comme une dizaine d’autres collectivités dans l’expérimentation Bilan Carbone territorial proposée par l’Ademe. Menée sur tout le territoire de
Nanterre, cette initiative a permis d’identifier les principales sources d’émissions de la ville
mais également de ses administrés et de ses entreprises.
Résultats : 34% des émissions pour le résidentiel et le tertiaire, 32% pour les procédés
industriels, 24% pour les transports. Une fois ces résultats présentés à la population, la
municipalité a décidé de constituer des ateliers thématiques pour pouvoir co-construire un
programme d’actions partagé avec l’ensemble des acteurs locaux : habitat, déplacement,
jardins – espaces verts, déchets, actions transversales. En août 1789, Nanterre fut l’une des
premières villes de France à rédiger ses cahiers de doléances. La démocratie participative
reste inscrite dans les gènes de ses habitants. Le rôle des citoyens dans la diminution des
principaux postes est donc primordial pour la réussite d’une stratégie locale de réduction
des émissions de gaz à effet de serre.
S’agissant de l’habitat, la restitution des travaux des ateliers montre que la population a
le sentiment de manquer d’information et d’exemples à suivre. La population attend notamment de la municipalité qu’elle serve d’intermédiaire et d’animateur entre les différents
acteurs de l’habitat. Et surtout qu’elle diffuse plus d’informations et de meilleures pratiques
climatiques. Un message bien reçu par les édiles : un Relais Info Energie vient d’être créé pour
répondre aux besoins des habitants en matière de conseil sur la maîtrise de l’énergie et les
énergies renouvelables.
En matière de transports, les Nanterriens demandent un engagement fort sur la limitation
des besoins et le développement des modes de transport doux. Mieux : ils se disent prêts
à changer leurs propres comportements. Ce qui est plutôt une bonne chose. Car, dans la
capitale des Hauts-de-Seine, le recours à la voiture particulière reste majoritaire dans les
déplacements intra-muros. Petit paradoxe pour une ville qui fut la première de France à être
reliée à Paris par le train. Mais c’était en 1837 !
À l’initiative de la Mission Interministérielle
de l’effet de serre, de la DRIRE et de la DIREN Alsace, une journée d’atelier sur la mise
en place d’actions locales pour le climat s’est
tenue à Strasbourg le 22 juin au Parlement
Européen. Quels retours d’expériences sur
l’intégration de l’énergie dans les démarches
territoriales ? Avec qui agir en local ? Comment aller vers la mise en place d’un Plan
Climat Territorial ?
l w
ww.effet-de-serre.gouv.fr
Les Néerlandais testent
la « climate box »
5 000 foyers des Pays-Bas vont tester, pour
le compte du secrétariat d’État à l’Environnement, une « climate box ». Cet engin coupe
l’électricité aux appareils en veille mais ne
fonctionnant pas. Combiné à l’utilisation de
lampes à basse consommation, cette petite
boîte pourrait diminuer la consommation
de courant de chaque famille test de 10%,
espère le gouvernement néerlandais, qui
soutient l’opération à hauteur de 2 millions
Climatiquement exemplaire
D’une manière générale, les administrés attendent de la municipalité qu’elle joue un rôle de
catalyseur des acteurs du territoire notamment en montrant les bonnes pratiques. Autre
message reçu cinq sur cinq. Alors que les émissions municipales directes ne représentent que
4% du bilan global, la ville dirigée par Patrick Jarry entend être « climatiquement exemplaire ».
Des actions sur les consommations énergétiques et les transports — ses principales sources
d’émissions — sont ainsi prévues dans les mois qui viennent. Avant d’acheter la moindre
fourniture, la commune prendra désormais en compte son impact carbone dû aux transports.
Une démarche déjà engagée pour les végétaux et le mobilier urbain.
Mais le plus spectaculaire reste à venir. La commune possède environ 100 hectares de forêts.
Bien géré, ce lieu de villégiature est aussi capable de stocker 500 tonnes équivalent carbone
par an. Si le bois exploité est utilisé comme bois d’œuvre ou de chauffage et ensuite replanté,
cette capacité de stockage pourra alors être comptabilisée. Un centre de loisirs sera bientôt
alimenté par une chaufferie bois et de l’énergie solaire.
Le Plan Climat de Nanterre aujourd’hui en cours d’élaboration et de concertation au sein du
Collectif Climat est bien parti !
Contacts
Nathalie Elbe
Christine BOURCET, Adjointe au maire déléguée à l’environnement
Paul Dolcerocca, Directeur de l’environnement
la
Ville
Nanterre
84 000
4%
habitants
Part des émissions liées au patrimoine et au
fonctionnement de la collectivité par rapport
aux émissions du territoire.
[email protected]
Nathalie Elbe
Chargée de mission Collectivités
Mission Interministérielle de l’Effet de serre (MIES) – MEDD
[email protected]
L’Usine à GES© est une co-publication mensuelle O2 France - Energograd.
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DOSSIER
Négociations internationales :
Bonn donne le ton à Nairobi
Durant dix jours, les experts climatiques du monde entier ont préparé le prochain sommet climatique mondial, qui aura lieu à Nairobi,
en novembre prochain. Compte rendu.
160 pays représentés
Régulièrement, les experts des pays ayant ratifié la Convention cadre des Nations unies sur le changement climatique et le protocole de Kyoto se réunissent pour faire avancer la lutte contre le « Global Warming ». La 24e rencontre
internationale des corps subsidiaires, dite SB24, s’est ainsi tenue du 15 au
25 mai à Bonn, afin de préparer la négociation planifiée à Nairobi (où aura lieu
le prochain sommet mondial de la convention et du protocole, ndlr) en novembre prochain.
Conformément au Plan d’action adopté en décembre dernier lors de la dernière
Conférence planétaire de Montréal (lire L’Usine à GES n° 17), l’attention des
délégations s’est focalisée sur les enjeux de l’après 1ère période d’engagement
du Protocole de Kyoto, appelé le « post 2012 » en jargon onusien.
Deux processus sur le « post 2012 » étaient au programme de la session de
Bonn. Les 15 et 16 mai, les experts des 160 pays représentés ont travaillé au
« Dialogue sur l’action de coopération à long terme » au titre de la Convention
de Rio. L’administration Bush et l’Australie y participèrent donc ; les deux pays
ayant ratifié la Convention, mais non le protocole de Kyoto. Le second temps
fort du sommet a incontestablement été le moment où le Groupe de Travail
Spécial (GTS) du Protocole de Kyoto a tenu ses sessions. En effet, de ces débats d’experts doivent ressortir à terme des propositions pour réviser les engagements de réduction post-2012 des pays industrialisés ayant ratifié Kyoto.
Convention : ça dialogue
L’objectif premier du Dialogue était d’entamer un « échange ouvert et non
contraignant de vues, de renseignements et d’idées » devant encadrer l’action de coopération à long terme sur les changements climatiques. Il s’articula autour de quatre thèmes prédéfinis : climat et développement durable,
adaptation, potentiels technologiques et mécanismes de marché. Au terme de
cette discussion inter-étatique, un peu molle selon les observateurs, les deux
co-modérateurs de séance se sont engagés à produire d’ici au mois d’août un
rapport pour organiser la prochaine séance prévue à Nairobi. À la condition,
évidemment, que ledit texte ne soit pas contraignant pour les États.
Le retour d’un diplomate hors pair
Les discussions au sein du GTS apportèrent quelques bonnes nouvelles. La
première fut la désignation de Michael Zammit-Cutajar à la co-présidence de ce
groupe ad hoc. Une nomination qui contrecarre le total désengagement de la
nouvelle présidence canadienne. Pour les adeptes des réunions internationales
sur le climat, l’homme n’est pas un inconnu. Il fait même figure de héros pour
certains. Secrétaire exécutif de la Convention lors de l’échec de la conférence
de La Haye, en 2000, il a dû aussi gérer le retrait des États-Unis. Par la suite,
ce diplomate maltais fut un artisan important de l’élaboration des accords de
Marrakech relatifs aux modalités d’application de Kyoto.
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L’Usine à GES© est une co-publication mensuelle O2 France - Energograd.
Protocole de Kyoto : ça planifie
Mais revenons à Bonn. Après de nombreuses consultations informelles entre
délégations nationales, un accord a été arraché en fin de session sur la « planification des travaux futurs ». Ce document constitue le plan de travail des Pays
industrialisés, au sein de la prochaine rencontre du GTS prévue à Nairobi. Il
rappelle que l’objectif de ce GTS est d’arriver le plus rapidement possible à un
accord international définissant de nouveaux engagements quantifiés de stabilisation ou de réduction des Pays industrialisés, afin d’éviter tout vide juridique
entre la 1ère et 2ème période d’engagement. Ces travaux devront être guidés
par le souci d’atteindre l’objectif ultime de la Convention, qui est de stabiliser
les concentrations de GES à un niveau non dangereux pour l’humanité.
Pour ce faire, le GTS pourra s’appuyer sur « toutes nouvelles données scientifiques, techniques et socioéconomiques », ainsi que l’a rappelé Feng Gao, le vice
secrétaire chinois du secrétariat de la Convention Climat. Aussi, les pays industrialisés devront présenter leurs scénarios d’émissions, les potentiels de réduction des politiques et technologies déjà expérimentées, ainsi que les coûts et
bénéfices en découlant. De son côté, le Groupe d’experts intergouvernemental
sur l’évolution du climat (GIEC) sera convié à présenter ses travaux sur les différents scénarios d’émissions de stabilisation des émissions de GES dans l’atmosphère. La référence aux scenarii du GIEC est d’autant plus pertinente, qu’elle
ouvre la porte aux conclusions à venir de son quatrième rapport scientifique,
dont la publication n’est prévue qu’en fin 2007.
De plus, et grâce à Michael Zammit-Cutajar, le GTS dispose dorénavant d’une
liste - certes indicative, mais néanmoins ciblée - de cinq thèmes majeurs de
discussion : la base scientifique permettant de déterminer le niveau d’ambition de nouveaux engagements des pays industrialisés ; les évolutions des
émissions et potentiels de réduction de l’Occident ; les enseignements tirés
de l’application du Protocole de Kyoto ; l’architecture de la nouvelle période
d’engagement (dont sa durée, les approches sectorielles, la différentiation des
engagements…) ; et les questions juridiques. Ces éléments constitueront certainement la base substantielle sur laquelle le GTS consacrera ses prochains
travaux.
Enfin, le texte exprime le souhait des pays industrialisés d’échanger leurs vues
avec les pays en développement sur le post-2012. Il insiste également sur la
nécessité de maintenir le lien avec le Dialogue mené en parallèle sous l’égide
de la Convention.
Cinq thèmes majeurs
de négociation
Raphaëlle Gauthier
Bonn, ce qu’ils en pensent
« Nous n’avons pas sauvé la planète, mais nous avons fait
un pas en avant. »
Bill Hare, directeur de Greenpeace International
chargé des problèmes de climat.
« Les freins sont levés et le processus va aller de l’avant. »
Jennifer Morgan, directrice du Programme international
sur les changements climatiques du WWF.
« Le plus important, c’est de continuer
à impliquer le Japon. »
Michael Zammit-Cutajar, diplomate maltais.
L’Usine à GES© est une co-publication mensuelle O2 France - Energograd.
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LE CARBONE ACTIF
Les gaz à effet de serre passent à table
Les gaz à effet de serre (GES) résultant de notre alimentation proviennent d’abord du secteur agricole.
S’ajoutent les émissions liées au transport et à la transformation des aliments et des emballages,
ainsi que leur traitement de « fin de vie ». En moyenne, le contenu carbone d’un repas est ainsi de
l’ordre de 3 kg éqCO2.
Les productions végétales sont à l’origine d’émissions de GES via l’utilisation
d’engrais et d’engins agricoles, le chauffage des bâtiments agricoles et
éventuellement des serres. Ainsi les engrais, du fait de la libération de protoxyde
d’azote (N2O), émettent 40 % des GES de la production de blé. Autre exemple, des
fruits de saison ont un contenu en CO2 inférieur à celui de fruits cultivés hors saison
sous serre chauffée. Pour les productions animales (viande mais aussi fromage, lait
et beurre), les émissions de GES proviennent de la production de l’alimentation,
mais également du chauffage des bâtiments, de la gestion des déjections et… du
méthane issu des rots des ruminants (vaches, moutons et chèvres). Les productions
animales sont donc plus émettrices que les productions végétales, les émissions
variant selon l’animal. Par exemple, produire 200 g de poulet émet 250 g éqCO2 :
dix fois moins que pour produire la même quantité de bœuf.
Contacts
Les modes de conservation et les emballages en question
La transformation des produits agricoles émet des GES. Les aliments surgelés
1 Anaïs Delbosc
doivent, par exemple, être maintenus à une température très basse. Or les fluides
@ [email protected]
frigorigènes ont un fort pouvoir de réchauffement : surgélation et climatisation
émettent ainsi 2 % des GES français. L’énergie utilisée pour le transport et le stockage
des aliments surgelés représente, elle, 80 % des émissions de la surgélation. Le fait
que l’électricité soit produite en France à 90 % par le nucléaire et l’hydraulique
limite ces émissions.
La fabrication et le traitement en fin de vie des emballages participent aussi aux émissions. Les 30 grammes de l’emballage plastique
d’une bouteille d’eau sont responsables de plus de 40 % de ses émissions : 140 g éqCO2 sont émis à la fabrication et 50 g éqCO2
lors d’une incinération avec valorisation. Cette valorisation limite les émissions mais n’est pas toujours possible. Nos déchets
alimentaires, qui représentent le quart du volume de nos poubelles, peuvent aussi être mis en décharge et entraîner alors des
émissions importantes de méthane.
Le transport : du producteur au consommateur
Pour les transports longue distance, le transport aérien reste le plus émetteur : une tonne transportée sur 5 000 km émet environ
15 t éqCO2 : 60 fois plus que le transport par bateau ! Ce transport aérien est réservé aux aliments à forte valeur ajoutée qui se
périment rapidement, comme beaucoup de fruits tropicaux (mangues, avocats, certains ananas…). Le transport maritime concerne
lui des denrées plus résistantes (noix de coco, bananes…). Le transport routier, le plus répandu, est 6 fois plus émetteur que
le transport ferroviaire et 10 fois plus que le transport fluvial. Les transports frigorifiques, utilisant le carburant comme source
d’énergie pour la réfrigération, entraînent des émissions supplémentaires de GES.
Pour finir, le transport du lieu de vente au domicile se fait en général par la route : 10 kilomètres en voiture émettent alors environ
2 kg éqCO2. Prendre le bus divise ces émissions par 2, mais prendre le vélo est encore mieux puisque les émissions sont nulles !
Nos choix d’alimentation ne sont donc pas anodins vis-à-vis des émissions de gaz à effet de serre. Celles-ci peuvent être facilement
réduites si nous faisons attention à l’origine et à la présentation des aliments achetés : préférer des fruits et légumes frais, locaux et
de saison, diminuer sa consommation de viande ou encore choisir des produits sans suremballage…
Anaïs Delbosc
Exemples de menus fortement et faiblement riches en CO2
MENU
1
1 L d’eau minérale
150g de bœuf
200g de haricots
verts surgelés
1/4 d’ananas frais
de Côte d’Ivoire
(par avion)
MENU
2
5,6 kg
eqCO 2
1 L d’eau de ville
1 cuisse de poulet
200g de haricots
0,6 kg
verts frais
eqCO 2
1/4 d’ananas frais de
Côte d’Ivoire (par
bateau)
Consommer le menu 1 émet autant de GES que de brûler 2 L d’essence ! Avec le menu 2, la note pour l’atmosphère est nettement
moins salée, puisqu’il n’émet que l’équivalent de 20 centilitres d’essence.
Source : Mission Climat, à partir du Bilan Carbone ©, ADEME.
L’Usine à GES© est une co-publication mensuelle O2 France - Energograd.
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DU CARBONE ET DES SOLUTIONS
Des idées pour vos MDP
Chaque mois, L’Usine à GES vous présente un pays susceptible d’accueillir
des projets entrant dans le cadre du mécanisme de développement
propre. Ce mois-ci :
L’Inde
Situation
générale
Comme la Chine, sa grande voisine, l’Inde connaît un développement économique
sans précédent. Ces quinze dernières années, sa richesse nationale a progressé de
plus de 6% par an et le mouvement ne semble pas près de s’infléchir. Notamment
en raison de l’apaisement des relations entre New Delhi et le Pakistan, de ses succès
commerciaux et de l’augmentation de sa population (+ 15 millions d’habitants par an)
et de ses besoins énergétiques. L’industrie et l’agriculture pèsent chacun environ 25%
du PIB. Les services apportant déjà la moitié de la richesse nationale.
Situation énergétique
En dépit de la croissance de la population et d’un effort important en matière d’équipement, l’Inde reste, pour le moment, pratiquement autosuffisante en énergie, à l’exception de ses approvisionnements en hydrocarbures. Une quarantaine de mines lui
fournissent l’essentiel du charbon dont elle a besoin et qui contribue à la production
de 70% de son énergie primaire. Et cela devrait durer, car les réserves de houille et de
lignite sont estimées à 211milliards de tonnes : de quoi satisfaire les besoins actuels
pendant encore un siècle.
Les champs de Mumbai, de l’Assam, de Cambay, de Krishna-Godavari, et de Cauvery
fournissent le tiers du pétrole dont le pays a besoin. Mais cette proportion devrait diminuer dans les années qui viennent sous l’effet de la progression de la demande. Le tiers
de l’énergie primaire du pays provient du pétrole. Récente, l’exploitation du gaz, qui
fournit 5% de l’énergie primaire, devrait croître sensiblement ces prochaines années.
Les champs offshore de Krishna-Godavari, d’Orissa, du Gujarat et de l’Andhra Predesh
suffisent à peine à satisfaire les besoins. Raison pour laquelle, l’Inde entend construire
une douzaine de terminaux de regazéification de GNL. Malgré un important potentiel,
les énergies renouvelables sont encore peu utilisées. Selon les dernières statistiques,
l’Inde exploite 6 000 MW d’ENR (dont 78% d’éolien et de petite hydroélectricité),
soit environ 7% du potentiel identifié. Forte croissance de la consommation d’énergie
(+5% par an) et secteur énergétique largement tributaire des combustibles fossiles
expliquent pourquoi la plus grande démocratie du monde est le sixième émetteur du
monde de gaz carbonique et le second par le rythme de croissance de ses rejets.
Situation climatique
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Émissions nationales
1 450 millions de tonnes CO2/an
Évolution annuelle des émissions de CO2
+2%
Ratification de la CNUCC
21 mars 1994
Ratification du protocole de Kyoto
26 août 2002
Mise en place d’une AND
Oui (CDM India)
Signature d’un accord avec la France
En cours
Accord bilatéral avec :
Pays-Bas, Finlande, Suède
L’Usine à GES© est une co-publication mensuelle O2 France - Energograd.
CONTACTS
Projets
climatiques en cours
Il existe de nombreuses études sur le potentiel des projets MDP pouvant être
développés en Inde. Dernièrement, le ministère indien de l’environnement estimait que de tels projets pourraient éviter l’émission de 400 millions de tonnes
de CO2 par an. Très impliquée dans la lutte contre les changements climatiques,
l’Inde a parfaitement intégré les mécanismes de développement propre (MDP).
En avril dernier, la plus grande démocratie du monde a approuvé 263 projets
MDP, dont une soixantaine durant les quatre premiers mois de l’année. La plupart
de ces projets portent sur l’efficacité énergétique, l’amélioration des procédés
industriels, les changements de combustible et sur les énergies renouvelables, à
l’instar du projet mis en place par la société française Velcan Energy (lire L’Usine
à GES n°17). Selon nos informations, Areva, Eco Carbone et Lafarge négocient
des projets MDP, en attendant que la France et l’Inde signent un accord bilatéral.
Idées
à suivre...
Au cours de la dernière conférence de Bonn (lire dossier pages 5 et 6), l’Inde a
fait connaître ses besoins prioritaires, sur le plan énergétique. New Delhi réservera
le meilleur des accueils aux projets intégrant des technologies solaires de dernière
génération ou des piles à combustible. Sur le plan industriel, l’Inde cherche aussi
à utiliser son charbon, le plus proprement possible. Raison pour laquelle, les projets de cycles combinés intégrant la capture et la séquestration du carbone ont
de bonnes chances d’aboutir. Enfin, les responsables indiens ont fait montre d’un
grand intérêt pour les dernières technologies de stockage d’électricité.
Contacts
CDM India
1 R. K. Sethi
[email protected]
@ O2 France est une agence
d’éco-conception et de conseil
en développement durable
qui accompagne les entreprises
et leur apporte des réponses
concrètes.
O2 FRANCE
31, rue de la Folie-Méricourt
75011 Paris
Tél. 01 43 57 92 02
www.o2france.com
ENERGOGRAD
Energograd est une société
spécialisée dans l’information
sur l’énergie et le changement
climatique.
Energograd - Volodia OPRITCHNIK
73, rue de Cléry
75002 Paris
Tél. 01 75 50 54 85
[email protected]
DGTPE (Paris)
1 @ Franck Jesus
[email protected]
Mission économique (New Delhi)
1 Eric Pierrat
@ [email protected]
Rédacteur en chef :
Volodia Opritchnik
Rédacteurs ayant participé
à ce numéro :
Sophie d’Anhalt
Anaïs Delbosc
Nathalie Elbé
Raphaëlle Gauthier
Volodia Opritchnik
Corrections :
Caroline Faber
Maquette et mise en page :
Pascale Michon
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