Analyse moléculaire de la sélection naturelle 1. Qu’est-ce que la sélection naturelle ? 2. Quels sont les effets de la sélection naturelle ? 3. Comment détecter la sélection naturelle ? 1. Qu’est-ce que la sélection naturelle ? Alfred Russel Wallace Charles Darwin « Pouvons-nous douter… que les individus ayant quelque avantage, aussi léger soit-il, sur les autres, auraient une meilleure chance de survie et de procréer leurs caractères? D'autre part, nous pouvons être sûrs que n'importe quelle variation du moindre degré nuisible serait indéniablement détruite. C'est cette conservation des variations favorables, et le rejet des variations nuisibles, que j'appelle "Sélection Naturelle". Charles Darwin (1859) » Sélection Naturelle: processus par lequel des variations favorables vont tendre à augmenter en fréquence au sein d’une population, et inversement pour des variations défavorables. 1. Qu’est-ce que la sélection naturelle ? Sélection Naturelle: survie ou reproduction différentielle, en moyenne, des différents phénotypes dans une population. Agit sur les phénotypes Comme les phénotypes sont, en partie, déterminés pas des génotypes, la sélection naturelle cause des variations de fréquences d’allèles Elle ne peut opérer que si • les individus d’une population ne sont pas tous identiques (variation) • une part de cette variation affecte des traits liés à la capacité à survivre et/ou se reproduire Elle ne cause une évolution que si : • les différences de survie/reproduction sont dues à des variations génétiques héritables 1. Qu’est-ce que la sélection naturelle ? Une des quatre forces évolutives Mutation Migration Sélection Dérive Impliquée dans : l’évolution adaptative les processus de spéciation déterminisme des systèmes de reproduction … 1. Qu’est-ce que la sélection naturelle ? Peut opérer de deux façons: • par différences de survie entre génotypes • par différences de fertilité (les deux sont importants) Peuvent faire l’objet d’un compomis: •Phyllomedusa bicolor : chant nuptial et prédation par les chauve-souris •Mantes, araignées cannibalisme sexuel : Nephila fenestrata : Valeur sélective: capacité d’un individu à transmettre ses propres allèles à la génération suivante 1. Qu’est-ce que la sélection naturelle ? Notion de valeur sélective La sélection favorise les allèles qui maximisent le succès de reproduction au cours de toute la vie. Ne comptent de ce point de vue que les allèles qui s’expriment durant la période de fécondité l’effet des allèles qui agissent sur la survie après la reproduction n’est pas soumis à sélection: (explication évolutive à la sénescence ?) Valeur sélective absolue et relative Absolue: nombre total de descendants survivants produits durant la vie d’un individu (succès de reproduction au cours de toute la vie) Relative: =1 pour le génotype qui code pour le phénotype avec la valeur sélective la plus élevée =valeur sélective absolue de ce génotype / valeur sélective absolue du génotype de v.s. la + élevée pour tous les autres 1. Qu’est-ce que la sélection naturelle ? Notion de valeur sélective Exemple: Insecte polymorphe pour la couleur: individus noirs, bruns et jaune. Les lézards et les oiseaux les consomment de telle façon que les différences de survie entre eux produisent les différences de valeur sélectives suivantes: CNCN= noir 67% de chance d’atteindre l’age adulte CNCJ = brun 93% de chances d’atteindre l’age adulte CJCJ = jaune 11% de chances d’atteindre l’age adulte QUESTION: en supposant qu’ils ont un nombre identique de descendants, quelle est la valeur sélective relative de ces trois génotypes ? 1. Qu’est-ce que la sélection naturelle ? Notion de valeur sélective REPONSE : La valeur sélective absolue des bruns est la plus élevée, donc leur valeur sélective relative =1: w(CNCJ)=1 La valeur sélective relative des noirs et des jaunes est: 0,67/0,93 = w(CNCN) = 0,72 0,11/0,93 = w(CJCJ) = 0,12 1. Qu’est-ce que la sélection naturelle ? Notion de valeur sélective Exemple: Une espèce de serpent est polymorphe pour la couleur: individus bruns et verts. Un locus à deux allèles détermine la couleur: GG = brun, Gg = brun, gg = vert La forme brune est cryptique et a 80% de chances d’atteindre l’age adulte, et la forme verte a 60% de chances d’atteindre l’age adulte Lorsque les bruns survivent, ils produisent en moyenne 13 descendants, mais la forme verte est plus féconde et produit en moyenne 20 descendants QUESTION: quelles sont les valeurs sélectives relatives de chacune des formes ? 1. Qu’est-ce que la sélection naturelle ? Notion de valeur sélective REPONSE: Valeur sélective absolue des bruns (GG et Gg): 80 % de survie * 13 descendants attendus si ils survivent = 10,4 descendants attendus Valeur sélective absolue des verts (gg): 60 % de survie * 20 descendants attendus si ils survivent = 12 descendants attendus w(vv)=1, w(Vv)=w(VV)=10,4/12=0,87 1. Qu’est-ce que la sélection naturelle ? Différentes formes de sélection naturelle au niveau phénotypique Directionnelle Diversifiante Stabilisatrice +Balancée 1. Qu’est-ce que la sélection naturelle ? Différentes formes de sélection naturelle au niveau moléculaire Sélection positive Mutation avantageuse Mutation neutre 1. Qu’est-ce que la sélection naturelle ? Différentes formes de sélection naturelle au niveau moléculaire Sélection purifiante Mutation délétère Mutation neutre 1. Qu’est-ce que la sélection naturelle ? Différentes formes de sélection naturelle au niveau moléculaire Sélection balancée Mutations balancées Mutations neutres 1. Qu’est-ce que la sélection naturelle ? Différentes formes de sélection naturelle s’appliquent à différents gènes Gènes “domestiques (‘Housekeeping Genes’). –Sélection purifiante (négative) •Changement contre-sélectionné. Gènes ayant un rôle dans l’adaptation –Sélection adaptative (positive) •Changements favorisés. Gènes sélectivement neutres –Dérive génétique 1. Qu’est-ce que la sélection naturelle ? Un exemple de sélection directionnelle : Sélection directionnelle artificielle chez le mais (Zea mays) A partir d’une lignée unique, différentes lignées peuvent être sélectionnées pour un haut et bas contenu en huile (gauche) et en protéines (droite) [Woodwort et al. Agron Journ 44:60-65 (1952)] 1. Qu’est-ce que la sélection naturelle ? Un exemple de sélection directionnelle en nature : Deux formes, contrôlées par un seul locus di-allélique MM et Mm= mélaniques, mm= clair Camouflage= principale protection contre prédation Kettlewell (1955): différentiel dans sensibilité à prédation par les oiseaux 1. Qu’est-ce que la sélection naturelle ? Exemples de sélection stabilisatrice Poids à la naissance: Mortalité infantile asssociée au poids de naissance Nombre optimal d’oeufs pour une ponte: Trop et les descendants ne sont pas assez nourris, pas assez et les parents “gaspillent” des ressources 1. Qu’est-ce que la sélection naturelle ? Mâles Papilio dardanus Exemples de sélection diversifiante Les couleurs des morphes de femelles ressemblent à celles d’autres espèces de papillons qui sont toxiques pour les oiseaux prédateurs. Les femelles Papilio ne sont pas toxiques ellesmêmes, mais les oiseaux les évitent parce qu’elles ressemblent aux espèces toxiques Ce type coloration de protection (camouflage Batesien) serait moins efficace si toutes les femelles imitaient la même espèce toxique car les oiseaux apprendraient vite: ils cesseraient d’éviter les espèces d’apparence toxique et n’associeraient plus une couleur donnée à une toxicité certaine. Femelles Papilio dardanus Espèces toxiques 1. Qu’est-ce que la sélection naturelle ? Exemples de sélection balancée (superdominance) Anémie à cellules falciformes chez l’homme (drépanocytose) Variant génétique de la chaîne β hémoglobine: AA: normal SS: atteint AS: généralement normal, mais peuvent produire une certaine proportion d’hématies falciformes. 1. Qu’est-ce que la sélection naturelle ? Exemples de sélection balancée (superdominance) Anémie à cellules falciformes chez l’homme (drépanocytose) En présence de malaria, heterozygotes bénéficient d’une résistance limitée car les hematies falciformes ne permettent pas le développement des trypanosomes valeur sélective maximale = heterozygotes w(AA)=0,9; w(AS)=1; w(SS)=0 Sélection maintient les deux allèles car l’hétérozygote est favorisé Explique que la distribution mondiale de la maladie concorde fortement avec foyers d’infection par malaria 1. Qu’est-ce que la sélection naturelle ? Exemples de sélection balancée (fréquence-dépendante) Fréquence dépendance positive: le + commun est avantagé Fréquence dépendance négative: le + rare est avantagé Frequency-dependent selection in the handedness of scale-eating Cichlid fish (Hori, 1993) Le comportement d‘attaque correspond à la morphologie ! Handedness of P. microlepis Fish (n) Pored scales (n) Right Left Un-known Dextral 32 0 139 31 Sinistral 24 76 0 23 Le comportement correspond au régime alimentaire ! La latéralité est héritable Fluctuation des fréquences due à la sélection fréquence-dépendente 1. Qu’est-ce que la sélection naturelle ? Exemples de sélection balancée : en environnment hétérogène Valeur sélective d’un allèle peut varier selon • l’environnement : favorable dans l’un, défavorable dans l’autre • le contexte génomique (système d’épistasie) • le contexte génétique (fréquence-dépendante) 2. Quels sont les effets de la sélection naturelle ? Attention: les effets environnementaux peuvent compenser, contrebalancer, voire inverser les effets de la sélection ! Garant et al. 2. Quels sont les effets de la sélection naturelle ? Exemples de sélection directionnelle : Change les fréquences d’allèles: à quelle vitesse ? Soit un locus à deux allèles A>a, freqs initiales de A=p et a=q génotypes AA Aa aa fréquence p2 2pq q2 valeurs sélectives w11 w12 w22 Si A>a 1 1 1-s après sélection: p2 2pq q2(1-s) p' = p 2 + pq p 2 + 2 pq + q 2 (1 ! s ) Variation de fréquence en une génération: Δp=spq2/(1-q2s) 2. Quels sont les effets de la sélection naturelle ? Exemples de sélection directionnelle : Change les fréquences d’allèles: à quelle vitesse ? Exemple: Population polymorphe de Biston betularia 49% de la pop claire 51 % mélanique QUESTION: en supposant que la population est à l’équilibre de Hardy-Weinberg, que valent p et q ? 2. Quels sont les effets de la sélection naturelle ? Exemples de sélection directionnelle : Change les fréquences d’allèles: à quelle vitesse ? REPONSE : q2=0,49 q=0,7 et p=0,3 Supposons que des oiseaux migrent dans la région et consomment les proies. Les valeurs sélectives sont les suivantes: génotypes MM Mm mm valeurs sélectives 1 1 0,4 QUESTIONS: Que vaut le coefficient de sélection s ? Quel est le différentiel de fréquences Δp à la génération suivante ? Quelles seront les fréquences alléliques après une génération de sélection ? 2. Quels sont les effets de la sélection naturelle ? Exemples de sélection directionnelle : Change les fréquences d’allèles: à quelle vitesse ? REPONSES: Coefficient de sélection s=0,6 Différentiel de fréquences: Δp = spq2/(1-sq2) = 0,6*0,3*0,49/(1-0,6*0,49) = 0,088/0,706 =0,125 p’ =p+ Δp = 0,3+ 0,125 =0,425 le changement de fréquences peut être TRES rapide ! Théorie neutraliste de l’évolution moléculaire Dérive génétique Dérive génétique + Selection Frequence allélique 1 avantageuse désavantageuse 0 2. Quels sont les effets de la sélection naturelle ? Exemples de sélection directionnelle : Change les fréquences d’allèles: à quelle vitesse ? Effet de la dominance 2. Quels sont les effets de la sélection naturelle ? Exemple de sélection fréquence-dépendante avec avantage du rare au locus d’auto-incompatibilité (gamétophytique) Sélection Contrôle génétique simple Auto-incompatibilité Autopollen stigmate Allopollen pollen Auto Allo pollinisation pollinisation fréquence-dépendante sur la fonction mâle 2. Quels sont les effets de la sélection naturelle ? Exemples de sélection fréquence-dépendante avec avantage du rare : change les fréquences d’allèles Sélection fréquence-dépendante sur la fonction mâle Conséquences évolutives • Convergence des fréquences alléliques Vers 1/3;1/3;1/3 Vers 1/4;1/4;1/4;1/4 Vers 1/5;1/5;1/5,1/5;1/5 Vers 1/n;1/n; … 1/n si 3 allèles si 4 allèles si 5 allèles si n allèles 2. Quels sont les effets de la sélection naturelle ? Exemples de sélection fréquence-dépendante avec avantage du rare : change les fréquences d’allèles Sélection fréquence-dépendante sur la fonction mâle Conséquences évolutives • Convergence des fréquences alléliques • Forte richesse allélique : devenir d’un allèle apparu par mutation en une seule copie --> rare --> avantagé par sélection 2. Quels sont les effets de la sélection naturelle ? Exemples de sélection fréquence-dépendante avec avantage du rare : change les fréquences d’allèles Sélection fréquence-dépendante sur la fonction mâle Conséquences évolutives • Convergence des fréquences alléliques • Forte richesse allélique : • Forte divergence moléculaire entre allèles (maintien sur des durées très longues) 2. Quels sont les effets de la sélection naturelle ? Bilan: 1. Affecte la distribution des fréquences alléliques, parfois rapidement 2. Affecte le nombre d’allèles maintenus : l’augmente ou le diminue 3. Affecte l’hétérozygotie : l’augmente ou la diminue 4. Affecte le temps de résidence des allèles dans les populations → leur divergence moléculaire 5. Affecte l’association dans une population des mutations physiquement liées le long de la séquence 6. Affecte la proportion de changements synonymes et non-synonymes le long des séquences 3. Comment détecter la sélection naturelle ? Suivre expérimentalement une population au cours du temps = une approche directe pour caractériser l’effet de la sélection naturelle • Nécessite des données exceptionnellement rares Contraintes sur l’échelle de temps et taille d’échantillons • Comment distinguer sélection de changt environnnementaux et des autres forces évolutives ? • Effets de sélection faibles (non détectables à l’échelle de quelques générations) peuvent être importants à long terme • Quels organismes ? 3. Comment détecter la sélection naturelle ? Une approche alternative “indirecte”: differentes signatures moléculaires de la sélection peuvent être utilisés pour tester le modèle neutre: A. Spectre de fréquences alléliques B. Diversité nucléotidique C. Polymorphisme / Divergence D. dN / dS E. Déséquilibre de liaison 3. Comment détecter la sélection naturelle ? A. Tests basés sur la distribution de fréquences alléliques Importance de la théorie neutraliste de l’évolution moléculaire Un modèle “nul” qui décrit un monde dans lequel la sélection naturelle ne joue aucun rôle La diversité génétique n’est affectée que par la dérive, la mutation, la recombinaison et la migration. 1. 2. Prédire grâce au modèle neutraliste (“nul”) ce qu’on devrait attendre (diversité, nombre d’allèles, distribution de fréquences alléliques) et tester l’ajustement du modèle à nos données Comparer la vraisemblance d’un modèle qui ignore la sélection naturelle à la vraisemblance d’un modèle qui l’intègre: l’amélioration permet-elle de significativement mieux décrire nos données ? Dynamique de remplacement des allèles neutres dans une population échantillon 1 fréquence allélique NEUTRE 0 temps Mutations (points noirs) se produisent à un taux 2N.µ N: taille efficace de la population µ: taux de mutation Sous l’hypothèse de neutralité, chaque nouvelle mutation se fixe avec une probabilité 1/2N Il en résulte un taux de substitution neutre de 2N.µ / 2N = µ (points rouges) A l’équilibre mutation-dérive, la quantité de polymorphisme dans la population est déterminée par le produit N.µ, généralement mesuré par θ = 4N.µ Dynamique de remplacement des allèles dans une population en présence de sélection négative 1 fréquence allélique NEUTRE 0 1 fréquence allélique SELECTION NEGATIVE 0 temps La sélection négative cause cause : - un plus faible taux de substitution - moins de polymorphisme - des fréquences d’allèles minoritaires plus faibles Dynamique de remplacement des allèles dans une population en présence de sélection positive (récurrente) 1 fréquence allélique NEUTRE 0 1 fréquence allélique SELECTION POSITIVE 0 La selection positive récurrente cause : - un plus fort taux de substitution - moins de polymorphisme - des fréquences d’allèles alternatifs plus élevées 3. Comment détecter la sélection naturelle ? A. Tests basés sur la distribution de fréquences alléliques 3. Comment détecter la sélection naturelle ? B. Tests basés sur la distribution de fréquences alléliques occurence En l’absence de sélection 1 3 5 7 9 # copies d’allèle 11 13 15 3. Comment détecter la sélection naturelle ? B. Tests basés sur la distribution de fréquences alléliques occurence En l’absence de sélection Beaucoup d’allèles rares Peu d’allèles fréquents 1 3 5 7 9 # copies d’allèle 11 13 15 3. Comment détecter la sélection naturelle ? A. Tests basés sur la distribution de fréquences alléliques occurence En présence de sélection balancée 1 3 5 7 9 11 13 Excès de mutations de fréquence intérmédiaire 15 3. Comment détecter la sélection naturelle ? A. Tests basés sur la distribution de fréquences alléliques occurence En présence de de sélection positive 1 3 5 7 9 11 13 15 La (les) mutation(s) la plus fréquente est “trop” fréquente 3. Comment détecter la sélection naturelle ? A. Tests basés sur la distribution de fréquences alléliques Test d’homozygotie d’Ewens (1972) - Watterson (1977) Équitabilité de la distribution des fréquences: -Σxilnxi . Elevée: distribution équitable, Faible: un seul allèle de forte fréquence puissant pour détecter sélection balancée, moins pour détecter sélection purifiante 3. Comment détecter la sélection naturelle ? B. Tests basés sur la diversité nucléotidique Test de Tajima (1983) Compare deux estimateurs du paramètre Θ=4Nµ : sur la base du nb de sites qui ségrègent : (S) ou de la diversité nucléotidique : (π) Chaque variant rare crée un nouveau site ségrégeant (S) mais contribue très peu à la diversité nucléotidique (π). Ces deux estimateurs diffèrent donc par l’importance relative accordée dans le calcul aux variants rares et aux variants de fréquence intermédiaire une autre façon de mesurer l’équitabilité de la distribution Sélection purifiante : - de variants rares Sélection balancée : + de variants rares 3. Comment détecter la sélection naturelle ? B. Tests basés sur la diversité nucléotidique Des allèles “trop” divergents pour un modèle neutre…. Sélection balancée ? Avantage à long terme aux porteurs hétérozygotes à CCR5 ? un locus impliqué dans la résistance à d’autres maladies ? 3. Comment détecter la sélection naturelle ? B. Tests basés sur la diversité nucléotidique Test de Fu & Li (1993) Compare (aussi) deux estimateurs du paramètre Θ=4Nµ qui diffèrent par l’importance accordée dans le calcul aux variants rares présents une seule fois (singletons) et aux variants de fréquence intermédiaire Balayage sélectif récent : excès de singletons 3. Comment détecter la sélection naturelle ? B. Tests basés sur la diversité nucléotidique Test de Fay & Wu (2000) Généralisation du précédent qui compare (aussi !) deux estimateurs du paramètre Θ=4Nµ qui diffèrent par l’importance accordée dans le calcul aux variants présents une seule fois (singletons), mais aussi aux variants présents deux fois, trois fois… 3. Comment détecter la sélection naturelle ? C. Tests basés sur la structure haplotypique Le nombre d’haplotypes présents correspond-t-il au nombre de sites ségrégeant ? 4 sites ségrégeant 5 haplotypes 4 sites ségrégeant 2 haplotypes (Fu 1996; Depaulis & Veuille 1998) 3. Comment détecter la sélection naturelle ? C. Tests basés sur la structure haplotypique La diversité haplotypique correspond-t-elle au nombre de sites ségrégeant ? 4 sites ségrégeant Forte diversité haplotypique 4 sites ségrégeant Faible diversité haplotypique (Depaulis & Veuille 1998) 3. Comment détecter la sélection naturelle ? C. Tests basés sur la structure haplotypique Les sites ségrégeant sont-ils répartis aléatoirement entre les différents haplotypes ? Répartition aléatoire Structure haplotypique (Hudson et al. 1994) Projet HapMap (www.hapmap.org) 270 individus génotypés pour 5,8.106 SNP env 1.2 Mb ... Une région du génome transmise comme un seul bloc, ou une région dont l’histoire est particulièrement récente ? D. Tests basés sur l’hétérogénéité entre plusieurs locus Test HKA : Hudson, Kreitman and Aguadé 1987 Comparaison des niveaux de variation intra- et inter-spécifique pour le gène d’intérêt et pour un autre locus supposé neutre Hypothèse nulle : en l’absence de selection, les locus montrant le plus de variation intraspécifique sont ceux qui montrent le plus de variation inter-spécifique: la diversité est générée par la mutation uniquement Locus B Locus A Espèce focale Groupe externe Espèce focale Groupe externe La sélection a influencé le polymorphisme à l’un des deux locus. Le polymorphisme réduit du locus B ne peut pas être expliqué par : - taille de pop réduite - un faible taux de mutation (car le locus A a beaucoup de polymorphisme) (car la distance au groupe externe serait alors réduite) 3. Comment détecter la sélection naturelle ? D. Tests basés sur l’hétérogénéité entre plusieurs locus Test HKA : Hudson, Kreitman and Aguadé 1987 Correlation de la variation intra et inter-spécifique Inter-espèces Adh locus neutre Locus neutres Gène soumis à sélection (Adh) Intra-espèces Intra 34 30 Inter 43 77 Ratio 0.8 0.4 “Trop” de polymorphisme au sein des espèces pour la divergence observée ! 3. Comment détecter la sélection naturelle ? D. Tests basés sur l’hétérogénéité entre plusieurs locus Test HKA : Hudson, Kreitman and Aguadé 1987 Variation de fréquence de l’allèle Fast au locus de l’Alcool dehydrogenase Localité Latitude Frequence de l’ Adh-F allele ME 44.36 55% VT MA 43.47 42.30 55% 58% CT NJ 41.34 40.21 60% 63% MD NC 39.00 35.46 66% 70% FL1 FL2 30.20 27.28 82% 88% FL3 25.27 90% 3. Comment détecter la sélection naturelle ? D. Tests basés sur l’hétérogénéité entre plusieurs locus Test HKA : Hudson, Kreitman and Aguadé 1987 Fréquence Adh-F 1.0 0.9 0.8 0.7 0.6 0.5 20 30 40 Latitude 50 3. Comment détecter la sélection naturelle ? D. Tests basés sur l’hétérogénéité entre plusieurs locus Un test appartenté: McDonald-Kreitman polymorphes fixées Espèce focale synonyme 5 2 non-synonyme 4 8 Groupe externe Comparaison polymorphisme-divergence des sites synonymes et non-synonymes (synonymes pris comme référence neutre) En l’absence de sélection, les deux ratios devraient être égaux. Ici, la selection positive a mené à la fixation de nombreux changements nonsynonymes 3. Comment détecter la sélection naturelle ? D. Tests basés sur l’hétérogénéité entre plusieurs locus Test Lewontin-Krakauer (1973) Comparaison de la structure géographique de la diversité à plusieurs locus: Adaptation locale à un environnement: différentiation de fréquences alléliques: FST 3. Comment détecter la sélection naturelle ? D. Tests basés sur l’hétérogénéité entre plusieurs locus Test Lewontin-Krakauer (1973) FST Base des méthodes de “scan génomique” Position sur le chromosome 1 + forte différentiation des fréquences d’allèles aux sites non-codant qu’aux sites codant et introniques... un effet de leur liaison ? 3. Comment détecter la sélection naturelle ? E. Tests basés sur le polymorphisme des régions liées Effet de la sélection naturelle sur la diversité de région génomique liée à un gène de résistance à la pyrimethamine Polymorphisme de la région flanquant le locus dhfr Nair et al. 2003 Polymorphisme de la région flanquant les allèles “résistants” (noir) et les allèles “sensibles” (gris) Pearce et al. 2005 La recombinaison • Impact du système de reproduction sur le déséquilibre de liaison Arabidopsis humain Distance en pb ! Nachman (2002) Variation du taux de recombinaison sur deux chromosomes humains 3. Comment détecter de la sélection naturelle ? E. Comparaison des taux de substitution Dégénérescence du code génétique universel 3. Comment détecter de la sélection naturelle ? E. Comparaison des taux de substitution Substitutions synonymes: Sequence 1: Sequence 2: Acide-aminé: UUU UUU Phe CAU CAC His CGU CGU Arg CAU CAG His CGU CGU Arg Substitutions non-synonymes: Sequence 1: Sequence 2: Acide-aminé: UUU UUU Phe Gln 3. Comment détecter de la sélection naturelle ? E. Comparaison des taux de substitution dN Nombre de substitutions non-synonymes Nombre de sites non-synonymes dS Nombre de substitutions synonymes Nombre de sites synonymes dN/dS > 1 Sélection positive 3. Comment détecter de la sélection naturelle ? E. Comparaison des taux de substitution AAA Lys Changement synonymes Changement non-synonymes AAT Asn AGT Ser CGT Arg AGA Arg AGT Ser CGC Arg CGT Arg AAT Asn Quels gènes évoluent sous l’effet de la sélection ? Inférences basées sur les trios de gènes homologues Homme-Chimpanzé-Souris Quels gènes évoluent sous l’effet de la sélection ? Objectifs: identifier les genes qui ont subi divergence non neutre depuis notre ancêtre commun le plus récent Méthode: 7,645 gènes de chimpanzé comparées à leurs orthologues nonambigus chez l’human et la souris. Comparaison des Chimpanzés et des humains (ancêtre commun il y a 5.7mya). Diffèrent à seulement 1.2% de régions codantes du génome indices d’évolution adaptative ? Orthologues de souris (divergence 75 Mya) permettent de déterminer l’état ancestral Homme Chimpanzé A G Souris G Quels gènes évoluent sous l’effet de la sélection ? Les variations accumulées au sein des différents gènes depuis la séparation homme-chimpanzé ont-elles été délétères, neutres, ou advantageuses ? dN/dS <1 sous sélection purifiante =1 si les variations sont neutres >1 sous sélection positive 1547 gènes ont dN/dS >1 le long de la branche qui mène aux humains et 1534 le long de la branche qui mène au chimpanzé Quels gènes évoluent sous l’effet de la sélection ? Des gènes qui font de nous spécifiquement des humains parmi les primates ? – Un début d’amorce de commencement de réponse, guère plus… Pourquoi est-ce important ? – Identifier des gènes ayant subi une évolution adaptative peut nous mettre sur la voie de gènes impliqués dans des maladies humaines Points principaux La sélection s’applique sur les phénotypes dans une population. Mais elle affecte les fréquences alléliques, et c’est via ce changement de fréquences alléliques qu’elle affecte la fréquence des phénotypes et est responsable de l’évolution adaptative. Elle peut prendre plusieurs formes selon la distribution des valeurs sélectives des allèles à un locus. Dans des populations naturelles, on ne connait souvent pas l’agent de la sélection : il est difficile de détecter la sélection naturelle directement. Les tests de mise en évidence de la sélection naturelle utilisent la théorie neutraliste de l’évolution moléculaire comme hypothèse “statistiquement” nulle. Ils sont basés sur des informations de nature très différente et peuvent donc fournir des résultats différents. Points principaux La génétique moléculaire des populations permet de : – Mieux comprendre les contraintes fonctionnelles des différentes parties du génome – Préciser l’étendue génomique locale des effets de la sélection – Identifier des gènes fonctionnellement importants – Reconstituer les mécanismes évolutifs qui ont permis l’émergence de certaines adaptations – Contribuer à dresser l’ “arbre de la Vie”