ANNEXE : Rappels sur les notions de dérivée et différentielle 1. Pente d’une droite Examinons géométriquement les droites dans le plan cartésien. La principale caractéristique qui distingue une droite d’une autre est son inclinaison, que nous appelons coefficient directeur ou pente de la droite. Un moyen naturel de mesurer la pente d’une droite est de partir de n’importe quel point ( x0 , y 0 ) et de se déplacer le long de la droite de sorte que la coordonnée de x s’accroisse d’une unité. La variation correspondante de la coordonnée y s’appelle la pente de la droite. Définition : Soient ( x0 , y 0 ) et ( x1 , y1 ) deux points quelconques sur la droite (d), le rapport : y − y0 a= 1 s’appelle la pente de la droite (d). L’analyse de la figure montre que la pente de x1 − x0 (d) est indépendante des deux points choisis sur (d). La pente d’une droite apparaît comme le taux de variation (ou taux de croissance) des ordonnées par unité d'abscisse. Elle est constante le long de la droite. 2. Equation d’une droite Maintenant cherchons à déterminer l’équation que doivent satisfaire les points situés sur une droite donnée. D’abord, supposons que la droite (d) ait une pente a et que cette droite coupe l’axe des ordonnées au point (0, b) . Ce point s’appelle l’ordonnée à l’origine de (d). Considérons un point quelconque ( x, y ) de la droite, on sait par définition de la pente d’une y −b droite que : a = ⇔ y − b = ax ⇔ y = ax + b . x−0 La droite dont la pente est égale à a et dont l’ordonnée à l’origine est le point (0, b) a pour équation : y = a x + b. Remarque : On en déduit que les graphes des polynômes de degré 1 qui s’écrivent f ( x) = ax + b sont des droites, c’est pourquoi on appelle de telles fonctions des fonctions linéaires si b est nul, et affines si b est non nul. Interprétation : La pente d’une droite est un concept clé pour l’économiste. Rappelons que la pente d’une droite mesure la variation de y quand on se déplace le long de la droite en accroissant x d’une unité. Par conséquent, la pente d’une fonction linéaire f mesure l’accroissement ou la variation de f(x) pour chaque unité d’augmentation de x, elle mesure l’effet marginal sur f d’une augmentation de x. La pente d’une fonction linéaire f n’est rien d’autre que le taux de croissance ou taux de variation unitaire de f, elle nous indique de combien varie f quand x varie d’une unité. Bien sûr une pente a positive indique que f croît de a quand x augmente de 1, donc que la relation entre ces deux variables est croissante (c’est le cas des relations décrites par (d) et (d’) sur la figure 1) ; et une pente négative indique que f diminue de |a| quand x augmente de 1, c’est-à-dire que la relation entre les deux variables est décroissante (c’est le cas de la relation décrite par (d’’) sur la figure 1). y (d’’) (d’) ∆x=1 (d) : y = a x + b ∆y < 0 a= 1 1 ∆y > 0 a ∆y ∆y ' = ∆x ∆x' x ∆x=1 b ∆y’ a ∆x’ Fig.1. Pentes de droites dans le plan Cette façon de concevoir la pente d’une fonction linéaire comme la représentation de son taux de variation joue un rôle essentiel dans l’analyse économique. Si C = C (Y ) est une fonction linéaire qui donne la consommation globale des ménages C en fonction du revenu national Y, alors la pente de la fonction C mesure l’accroissement de la consommation globale quand le revenu national augmente d’une unité. On l’appelle la propension marginale à consommer. Exemple : C = 0,8Y + 5 avec C la consommation globale et Y le revenu national. Comment interpréter cette relation ? Elle nous indique que la consommation des ménages croît avec le revenu national et qu’elle croît de 0,8 unité de revenu quand le revenu augmente d’une unité : la propension marginale à consommer est égale à 0,8. Elle nous indique également que quand le revenu est nul ( Y = 0 ) les ménages consomment quand même 5 unités de revenu (grâce à leur épargne). Il y a donc un niveau de consommation incompressible, au-dessous duquel on ne peut descendre (celui qui correspond à la satisfaction des besoins élémentaires), et qui est indépendant du revenu (on l’appelle la consommation autonome). De manière plus générale, on pourrait écrire cette famille de fonction de consommation globale de la manière suivante : C = cY + C avec c et C deux réels positifs. c représente la propension marginale à consommer le revenu et C la consommation incompressible. C (C) : C= 0,8 Y + 5 c = 0,8 C =5 C =C 1 Y 0 1 Fig.2. Fonction de consommation 3. Cas particuliers • Droite parallèle à l’axe des abscisses : une droite parallèle à l'axe des abscisses a une équation de la forme y = b où b est un nombre qui mesure la hauteur algébrique (positive ou négative) de la droite par rapport à l'axe des abscisses. On dit parfois qu'une telle droite est horizontale. Tous les points d'une telle droite ont la même ordonnée : c'est b. Sur la figure 3, les droites (d1) et (d2) ont pour équations respectives y = 3 et y = -2. La pente d'une droite horizontale (parallèle à l'axe des abscisses) est nulle : a = 0 une telle droite entre dans le cadre des équations de la forme y = ax + b . Interprétation : Quelle est la signification d’une telle relation y = b ? Elle indique simplement que y est indépendant de x : quand x varie d’une unité, y ne varie pas ( a = 0 ) mais reste égale à b. Exemples : - - La consommation incompressible de l’exemple précédent, indépendante du revenu Y, peut être représentée graphiquement par la droite horizontale d’équation C = C dans le repère (Y, C) (figure 2). Typiquement, l’investissement I dépend du taux d’intérêt réel r : plus le taux d’intérêt réel est élevé, plus le coût de l’investissement est élevé et moins on investit. Mais on peut également penser que, pour une part, l’investissement est indépendant du taux d’intérêt. Comment traduire en langage mathématique et le plus simplement cette relation entre I et r ? Si l’on écrit : I = αr + I , avec α < 0 et I un réel positif, que l’on peut représenter graphiquement dans le repère (r , I ) par une droite décroissante de pente α et d’ordonnée à l’origine I , on traduit bien la relation décrite précédemment. Si r augmente de 1, I varie de α , c’est-à-dire diminue puisque α est supposé négatif. Mais la fonction d’investissement choisie montre bien également qu’une part de l’investissement est déterminée indépendamment du taux d’intérêt puisque quand r = 0 l’investissement est égal à I et cette part ne varie pas quand r varie, c’est ce que l’on appelle l’investissement autonome qui est représenté graphiquement par la droite horizontale d’équation I= I dans le repère (r , I ) (figure 3). y I (d1) I=I I y=3 1_ (d2) | 1 I = αr + I ( a = α ) r x y = -2 (a=0) Fonction d’investissement Fig.3. Droites horizontales • Droite parallèle à l’axe des ordonnées : une droite parallèle à l'axe des ordonnées possède une équation de la forme x = k où k est un nombre qui mesure l'écart algébrique de la droite par rapport à l'axe des ordonnées. On dit parfois qu'une telle droite est verticale. Tous les points d'une telle droite ont la même abscisse : c'est k. Sur le dessin, les droites (d3) et (d4) ont pour équations respectives x = -2 et x = 3. Une droite verticale (parallèle à l'axe des ordonnées) n'a pas de pente au sens propre. Son équation de type x = k n'est pas de la forme y = ax + b : c'est un cas spécial, on peut parler de pente infinie ! Interprétation : Quelle est la signification d’une telle relation x = k ? Elle indique qu’une variation unitaire de x conduit à une variation infiniment grande de y. Sur la figure 4, on voit bien que ce cas correspond au cas limite d’une droite très pentue (d5), c’est-à-dire d’une relation où y est très sensible aux variations de x. Exemple : Typiquement, les agents ont le choix entre conserver leur épargne sous forme liquide (conserver de la monnaie) ou la placer sous forme de titres. Selon Keynes, cet arbitrage, et donc la quantité de monnaie et de titres que les agents vont demander, dépend du taux d’intérêt nominal i en ce qu’il détermine le rendement des titres (la monnaie quant à elle a un rendement nul). Son analyse est la suivante : si le taux d’intérêt i est élevé, un grand nombre d’agents anticipent qu’il a de grande chance de baisser demain et qu’ils ont donc intérêt à acheter des titres aujourd’hui, puisque les titres émis demain auront un rendement plus faible. Si au contraire, le taux d’intérêt est faible, la plupart des agents anticipent qu’il risque d’augmenter, et donc que les titres émis demain à ce taux seront mieux rémunérés, ils ont donc intérêt à attendre demain pour acheter des titres et conserver leur épargne sous forme liquide, c’est-à-dire demander de la monnaie. Donc plus le taux d’intérêt est faible, plus les agents seront nombreux à demander de la monnaie plutôt que des titres. Au niveau agrégé, la demande de monnaie notée L est donc une fonction décroissante du taux d’intérêt nominal i. Maintenant considérons une situation dans laquelle le taux d’intérêt est très faible, si faible que personne n’anticipe qu’il peut encore baisser. Tout le monde anticipant que i ne pourra être que plus élevé demain, donc que les titres émis demain auront un rendement plus élevé que ceux émis aujourd’hui, personne ne voudra acheter de titres aujourd’hui et tout le monde voudra conserver son épargne sous forme monétaire : la demande de monnaie devient infinie. L’économie est alors dans ce que Keynes appelle « la trappe à liquidité », toute épargne supplémentaire sera thésaurisée par les agents. Comment représenter graphiquement cette analyse de la demande de monnaie pour motif de spéculation ? On a une relation décroissante entre la demande de monnaie et le taux d’intérêt pour i > imin et en dessous de imin plus personne ne veut détenir de titres, quel que soit son niveau d’épargne, la demande de monnaie devient infinie, on peut alors la représenter par une droite verticale d’équation i = imin (cf. figure 4). y (d5) (d3) L (d4) L=L( i ) ∆y | | | 1 | | | ∆x x x=3 x=-2 i min Demande de monnaie Fig.4. Droites verticales 4. Pente des fonctions non linéaires et dérivée Nous venons de voir que la pente d’une droite, en tant que mesure d’un effet marginal, était un concept clé pour les fonctions linéaires en théorie économique. Cependant, la grande majorité des fonctions qui apparaissent dans les applications ne sont pas linéaires. Comment mesure-t-on alors les variations pour ces fonctions non linéaires ? Considérons l’étude de la fonction non linéaire y = f (x) et supposons que nous soyons au point ( x A , f ( x A )) sur le graphe de f. Nous voulons mesurer le taux de variation de f ou l’inclinaison du graphe de f lorsque x = x A . Une solution naturelle de ce problème consiste à tracer la tangente au graphe de f en x A , comme le montre la figure 5. Dans la mesure où la tangente est une bonne approximation de f au voisinage de ( x A , f ( x A )) . Sa pente, devrait être une bonne mesure de la pente de la fonction f en x A . Remarquons que pour des fonctions non linéaires, la pente de la tangente varie d’un point à l’autre (cf. figure 5). i y C f ’ ( xC ) A xA xB x xC y=f(x) B Fig.5. Pente et dérivée Mais au fait, c'est quoi une tangente ? La tangente à une courbe en un point A est une droite. Par définition, c’est la droite "limite" prise par les droites (AB) lorsque le point B se rapproche indéfiniment du point A tout en restant sur ladite courbe. y B y=f(x) f(xA ) A x xA xA+h3 xA+h2 xB = xA+h1 Figure 6 Lorsque le point B se rapproche du point A, la droite (AB) se rapproche à jamais de la tangente à la courbe en A. Donc la pente de la droite (AB) tend vers la pente de notre tangente. Or le coefficient directeur (ou pente) de la droite (AB) est égale à : yB − y A f ( xB ) − f ( x A ) = . xB − x A xB − x A Donc, la pente de la tangente à la courbe en A peut être vue comme étant la limite du f ( xB ) − f ( x A ) lorsque x B tend vers x A . quotient xB − x A Ecrit autrement : Pente de la tangente = lim x→x A f ( x) − f ( x A ) x − xA Cette pente est aussi appelée nombre dérivé de la fonction f en x A . Il est noté f'( x A ). Quand il existe, on dit que la fonction f est dérivable en x A . Définition : Dire que la fonction f est dérivable en x0 signifie que la limite lorsque x tend f ( x) − f ( x0 ) vers x0 du quotient existe et qu'elle est finie. x − x0 Lorsque c'est le cas, elle est appelée nombre dérivé de la fonction f en x0 et est notée f'(x0). Autrement écrit : f ' ( x0 ) = lim x → x0 f ( x) − f ( x 0 ) x − x0 ou f ' ( x0 ) = lim h →0 f ( x 0 + h) − f ( x 0 ) h (2) La dérivée d’une fonction f en un point x0 n’est donc rien d’autre que la pente de la tangente au graphe de f au point ( x0 , f ( x0 )) , c’est-à-dire la variation de f rapportée à la variation de x, ∆f soit le rapport , pour une variation infinitésimale de x ( ∆x → 0 ). ∆x f ( x0 + ∆x) − f ( x0 ) , on en déduit que pour ∆x Etant donnée que, par définition, f ' ( x0 ) = lim ∆x →0 ∆x f ( x 0 + ∆x) − f ( x 0 ) petit : ≈ f ' ( x0 ) (3) , ∆x où ≈ signifie « est une bonne approximation de» ou « est proche de ». Si on pose que ∆x =1, alors on a : f ( x0 + 1) − f ( x0 ) ≈ f ' ( x0 ) ; ce qui signifie que la dérivée de f en x0 est une bonne approximation de la variation marginale de f en x0 . 1 N . Supposons que la firme 2 utilise 100 unités de travail N, de sorte que sa production soit de 5 unités. La dérivée de la 1 fonction de production F est donnée par la fonction : F’(N)= N −1 / 2 , et au point N = 100 elle 4 1 1 est égale à F ' (100) = 100 −1 / 2 = = 0,025 . C’est une bonne mesure de la production 4 40 additionnelle qui peut être obtenue en employant une unité supplémentaire de travail, c’est la productivité marginale du travail. L’augmentation exacte de la production est : F (101) − F (100) = 0,02494..., qui est à peu près égale à 0,025. Exemple : considérons la fonction de production F ( N ) = Même si ce n’est pas exactement la variation de Y = F ( N ) due à une augmentation d’une unité de N, les économistes considèrent quand même F ' ( N ) comme la variation marginale de F. Il est souvent en effet plus facile de travailler avec le seul terme F ' ( x) qu’avec la différence F ( x + 1) − F ( x). Il est en effet courant d’avoir des informations sur le sens de la relation entre deux variables, sur la pente de la fonction, sans connaître la fonction elle-même. Qu’en est-il si la variation de x n’est pas d’une unité. Dans ce cas, d’après (3) on a : ∆y = f ( x0 + ∆x) − f ( x0 ) ≈ f ' ( x0 )∆x ⇔ f ( x 0 + ∆x) ≈ f ( x0 ) + f ' ( x0 )∆x , où nous écrivons ∆y pour la variation exacte de f lorsque x varie de ∆x . Cette relation permet d’approximer f(x), pour x proche de x0 quand f(x0) et f’(x0) sont connus ou faciles à calculer. En effet, examinons la figure 7. La tangente à la courbe de f au point x0 passe par les points A et C de coordonnées respectives ( x0 , f ( x0 )) et ( x0 , yC ), et par définition sa pente est égale au nombre dérivé f’(x0). L’équation de la tangente (AC) est donc donnée, d’après la définition (1) de la pente d’une droite, par : y − f ( x0 ) y − f ( x0 ) f ' ( x) = C ⇔ f ' ( x) = C ⇔ y C = f ( x0 ) + f ' ( x)∆x . ( x 0 + ∆x) − x0 ∆x Le point B, qui lui est sur la courbe représentative de f, a pour ordonnée : y B = f ( x0 + ∆x) . Quand ∆x → 0 , C se rapproche de B et yC → y B , on en déduit que pour une petite variation de x, y B ≈ y C , soit f ( x0 + ∆x) ≈ f ( x0 ) + f ' ( x0 )∆x ⇔ f ( x0 + ∆x) − f ( x0 ) ≈ f ' ( x0 )∆x , ou encore : ∆ f ≈ f ' ( x 0 )∆ x ⇔ ∆ y ≈ f ' ( x 0 )∆ x . On voit bien graphiquement que la qualité de cette approximation dépend de la courbure de f, elle sera meilleure si la courbure de f au voisinage de x0 est faible. D’autre part, elle vaut pour une petite variation de x, mais devient de moins en moins bonne quand ∆x augmente. Il n’y a que pour les fonctions linéaires que l’approximation est parfaite puisqu’alors la tangente et la courbe représentative de la fonction sont confondues. Tangente y C f(x0 ) + f’ (x0 ) ∆x dy = f’(x0) ∆x B f (x0 + ∆x) Graphe de f ∆y ≈ dy = f’(x0) ∆x , pour ∆x petit f (x0 ) A ∆x x x0 x0 + ∆x Figure 7. Approximation linéaire d’une fonction f De manière générale on écrit dx et dy les variations le long de la tangente (AC), et l’expression : dy = f ' ( x 0 )dx (ou df = f ' ( x0 )dx ) est appelée la différentielle de f au point x0. 5. Fonctions à plusieurs variables Considérons une fonction f à plusieurs variables qui décrit l’effet de plusieurs variables x1 ,..., x n sur la variable y. Dérivées partielles Nous restreignons dans un premier temps l’analyse à l’impact des variations d’une seule des variables xi sur y, les autres étant fixées. Puisque nous n’envisageons pas la variation totale de f mais simplement une variation partielle portant sur une seule variable, la dérivée correspondante s’appelle la dérivée partielle première de f par rapport à xi . Elle est notée ∂f ' avec la lettre ∂ (d rond) au lieu de d (d droit). On utilise également la notation f xi . ∂xi Rappelons que la dérivée d’une fonction à une seule variable f en un point x0 donné s’écrit : f ( x0 + h) − f ( x0 ) df ( x0 ) = lim . h →0 dx h La dérivée partielle d’une fonction de plusieurs variables f ( x1 ,..., x n ) par rapport à xi au point x0 = ( x10 ,..., xn0 ) est définie de manière similaire. Définition : Soit une fonction f : R n → R . Pour chaque variable xi et en tout point x0 = ( x10 ,..., x n0 ) appartenant au domaine de définition de f, on a : f ( x10 , ... , xi0 + h , ... , x n0 ) − f ( x10 ,..., x n0 ) df 0 0 ( x1 ,..., x n ) = lim si cette limite existe. h→0 dx h Ainsi, seule le i-ième variable change, les autres variables sont inchangées et traitées comme des constantes. Interprétation économique : étant donnée la fonction y = f (x) à une variable, sa fonction dérivée première f’(x) mesure l’effet d’une variation infinitésimale de x sur y. La même interprétation reste valable pour les fonctions à plusieurs variables. Productivités marginales : Par exemple, soit la fonction de production Y = F ( K , N ) , reliant le volume de la production Y aux quantités de capital et de travail utilisées. Dans la cas d’une entreprise utilisant K* unités de capital et N* unités de travail pour produire Y* = F (K*, N*) unités d’output , la dérivée partielle de F par rapport à K mesure le taux de variation de la quantité produite lorsque la quantité de capital K utilisée est modifiée d’une unité, en supposant inchangée la quantité de travail N utilisée, fixée à N*, c’est pourquoi elle est appelée productivité marginale du capital. De la même manière on définit la productivité marginale du travail comme la variation de la quantité produite consécutive à la modification de la quantité de travail utilisée d’une unité, en maintenant fixée à K* la quantité de capital, elle est donnée par la dérivée partielle de la fonction de production par rapport à N : (∂F ∂N )( K *, N *) . Différentielle totale Intéressons-nous ici au comportement d’une fonction de deux variables f ( x, y ) au voisinage de ( x0 , y 0 ) . Si nous fixons y = y0, et si nous modifions x0 en x0 + ∆x , alors : ∂f ∆f = f ( x0 + ∆x, y 0 ) − f ( x0 , y 0 ) ≈ ( x0 , y 0 )∆x. ∂x Si maintenant x est fixé égal à x0 et que y varie de y0 à y0+ ∆y nous obtenons : ∂f ( x 0 , y 0 )∆y. ∂y Quelles sont à présent les conséquences d’une modification simultanées des deux variables x et y. Dans la mesure où une variation de la fonction ne peut provenir que des effets liés aux variations de chacune des variables, on a : ∂f ∂f ∆f = f ( x0 + ∆x, y 0 + ∆y ) − f ( x0 , y 0 ) ≈ ( x0 , y 0 )∆x + ( x0 , y 0 )∆y ∂x ∂y Au voisinage de ( x0 , y 0 ) , on utilise les notations suivantes : dx = ∆x , dy = ∆y , et ∂f ∂f df = ( x0 , y 0 )dx + ( x0 , y 0 )dy . Cette expression est appelée la différentielle totale de f au ∂y ∂x point ( x0 , y 0 ) . ∆f = f ( x0 , y 0 + ∆y ) − f ( x0 , y 0 ) ≈ Exemple : Soit Y* le revenu d’équilibre de l’économie, il dépend des dépenses publiques et de la masse monétaire selon la relation : Y * = 3G + 2 M . Quel est l’impact sur le revenu d’une variation des dépenses publiques de ∆G = 10 et de la masse monétaire de ∆M = 5 ? Quel est l’effet d’une variation unitaire de G sur le revenu d’équilibre Y*? Par définition, ∂Y * cette quantité est donnée par la dérivée partielle de Y* par rapport à G , soit = 3 . Si la ∂G variation des dépenses est de ∆G =10, alors le revenu d’équilibre varie de ∂Y * ∆Y * = ∆G = 3∆G = 3 × 10 = 30 . ∂G De même, l’impact d’une variation unitaire de la masse monétaire est donnée par la dérivée ∂Y * partielle de Y* par rapport à M , soit = 2 . Si la variation de la masse monétaire est de ∂M ∂Y * ∆M alors le revenu d’équilibre varie de ∆Y * = ∆M = 2∆M = 2 × 5 = 10 . ∂G Si les dépenses publiques et la masse monétaire varient simultanément, la variation du revenu d’équilibre est donnée par la différentielle totale : ∂Y * ∂Y * dY * = (G , M )dG + (G , M )dM = 3dG + 2dG = 30 × 10 = 40. ∂G ∂M