20 juillet 2016 Lettre d’alerte Vers une modification des conditions pour bénéficier de l’autoliquidation de la TVA à l’importation Moins d’un mois après l’assouplissement par la loi pour l’économie bleue des conditions requises pour bénéficier du mécanisme d’auto-liquidation de la TVA à l’importation, le projet de loi Sapin II, en cours de discussion devant le Parlement, prévoit de subordonner le bénéfice de ce mécanisme à la délivrance par l’administration des Douanes d’une autorisation soumise à certaines conditions. Dans l’attente du vote définitif, il est toujours possible en principe d’exercer à titre conservatoire l’option pour l’auto-liquidation de la TVA à l’importation. Les sociétés qui souhaiteraient ainsi opter peuvent, dans le strict respect des dispositions de l’article 1695, II, du CGI dans sa rédaction issue de la loi pour l’économie bleue, envoyer à l’administration douanière un courrier sur papier libre (par lettre recommandée avec accusé de réception). La douane vient néanmoins de confirmer par une note adressée aux opérateurs le 13 juillet 2016 que l’application pratique de la mesure, même en cas d’option immédiate, sera différée au 1er octobre 2016. L’instauration d’un mécanisme attractif mais limité à une poignée d’opérateurs par la deuxième loi de finances rectificative pour 20141 Depuis le 1er janvier 2015, l’option pour l’auto-liquidation de la TVA à l’importation instaurée à l’article 1695, II, du CGI ne pouvait être exercée que que par des titulaires directs d’une procédure de domiciliation unique2 (ou par le biais de leur représentant en douane). 1 Loi n°2014-1655 du 29 décembre 2014, art. 52 2 « PDU » – remplacée par le « dédouanement centralisé national » sous le Code des Douanes de l’Union en vigueur depuis le 1er mai 2016 Cette option permet de payer la TVA à l’importation (basée sur la valeur en douane) et de la déduire immédiatement sur la même déclaration de TVA au lieu de la payer à l’administration des douanes et d’en attendre la déduction ou le remboursement effectif par l’administration fiscale. Malheureusement, en pratique, elle n’était réservée qu’à peu d’élus (on estimait le nombre de sociétés bénéficiaires de PDU en janvier 2015 à environ 300) et le premier acte de cette mesure, bien qu’encourageant, s’est vite avéré décevant. Une ouverture attendue et espérée du mécanisme d’auto-liquidation de la TVA à l’importation par la loi pour l’économie bleue3, en vigueur depuis le 22 juin 2016 Poussé par les milieux professionnels, le législateur français a décidé d’assouplir significativement, pour toutes les sociétés établies dans l’Union européenne assujetties à la TVA, l’octroi de cette option en supprimant la condition de PDU (ou aujourd’hui de dédouanement centralisé). Les sociétés non établies dans l’Union européenne qui ont désigné un représentant en douane lui-même titulaire d’un dédouanement centralisé peuvent également sur option bénéficier du mécanisme d’auto-liquidation. Ainsi, la loi pour l’économie bleue a aligné les critères pour bénéficier de l’autoliquidation de la TVA à l’importation sur ceux prévus par des mécanismes équivalents dans d’autres Etats membres de l’Union européenne. Par ailleurs, aucun formulaire n’étant prévu dans le texte actuellement en vigueur, il semble que l’exercice de l’option puisse être formulé sur papier libre (par lettre recommandée avec accusé de réception). Par la suite, en principe, les Douanes doivent procéder à l’enregistrement de l’option dans leur système informatique. Vers la réintroduction de restrictions pour bénéficier de l’auto-liquidation de la TVA à l’importation par la loi relatif à la transparence, à la lutte contre la corruption et à la modernisation de la vie économique (dit « Sapin II »)4 Mais c’était sans compter sur le troisième épisode à venir. A l’occasion de l’examen du projet de loi dit « Sapin II » sur la transparence, la lutte contre la corruption et la modernisation de la vie économique, le Gouvernement a introduit un amendement refermant la possibilité de bénéficier de l’autoliquidation de la TVA à l’importation sur simple option et sans autre critère que celui d’être un assujetti établi dans l’Union européenne. L’amendement en question prévoit une autorisation (et non plus une option) qui doit être octroyée aux sociétés qui en font la demande sous réserve de remplir quatre conditions pour pouvoir accéder à l’auto-liquidation de la TVA à l’importation. En substance, dans la dernière version de l’amendement, les conditions pour les sociétés établies dans l’Union européenne sont les suivantes: ► avoir effectué au moins quatre importations dans l’Union européenne au cours des douze derniers mois ; ► disposer d’un système de gestion des écritures douanières et fiscales permettant le suivi des opérations d’importation (condition réputée remplie sur simple attestation du demandeur) ; ► ne pas avoir commis d’infractions graves ou répétées aux dispositions douanières et fiscales ; 3 4 2 Loi n°2016-816 du 20 juin 2016 pour l'économie bleue, art. 27 Projet de loi relatif à la transparence, à la lutte contre la corruption et à la modernisation de la vie économique, art. 23 ter, introduit par un amendement déposé par le Gouvernement et adopté avec l’avis favorable de la commission des finances de l’Assemblée nationale Vers une modification des conditions pour bénéficier de l’autoliquidation de la TVA à l’importation – Juillet 2016 ► justifier d’une solvabilité financière au cours des douze derniers mois (condition réputée remplie lorsque le demandeur n’a pas fait l’objet de défaut de paiement auprès des services fiscaux et douaniers et ne fait pas l’objet d’une procédure collective). Ces quatre conditions sont réputées remplies pour les entreprises titulaires d’une autorisation d’Opérateur Economique Agréé (« OEA »). Il est à noter que le type d’autorisation OEA, à savoir « simplification douanières » et/ou « sûreté sécurité », n’est pas précisé. S’agissant des sociétés non établies dans l’Union européenne, en l’état de la dernière version de l’amendement, elles ne pourraient bénéficier de l’autoliquidation de la TVA à l’importation que si elles dédouanent par l’intermédiaire d’un représentant en douane titulaire d’une autorisation d’opérateur économique agréé pour les simplifications douanières. Cet amendement a été voté en première lecture par l’Assemblée nationale puis par le Sénat le 8 juillet 2016 (dans une version légèrement modifiée). Il ne fait pas encore l’objet d’une approbation définitive mais il est fort probable que la substance de l’amendement demeure jusqu’au vote final de la loi, attendu pour septembre 2016. Dans l’attente du vote définitif, il est toujours possible en principe d’exercer l’option pour l’auto-liquidation de la TVA à l’importation selon la loi de l’économie bleue actuellement en vigueur. La douane vient par ailleurs de confirmer par une note adressée aux opérateurs le 13 juillet 2016 que même en cas d’option immédiate l’application pratique de la mesure, sera différée au 1er octobre 2016. Les sociétés qui souhaiteraient opter peuvent, dans le strict respect des dispositions de l’article 1695, II, du CGI dans sa rédaction issue de la loi pour l’économie bleue, envoyer à l’administration douanière un courrier sur papier libre (par lettre recommandée avec accusé de réception). En pratique, cela signifierait qu’il est possible d’opter à titre conservatoire avant la possible restriction des conditions d’octroi de ce régime d’auto-liquidation de la TVA à l’import. Vers une modification des conditions pour bénéficier de l’autoliquidation de la TVA à l’importation – Juillet 2016 3 --------------------------------------------------------------------------------------------------------------Marcie Dalle Senior Manager – Indirect Tax [email protected] Gwenaëlle Bernier Avocat Associé – Indirect Tax [email protected] (+33) 1.55.61.19.71 Jean-David Vasseur Avocat Associé – Indirect Tax [email protected] 4 Vers une modification des conditions pour bénéficier de l’autoliquidation de la TVA à l’importation – Juillet 2016 Ernst & Young Société d’Avocats EY Société d’Avocats est un des cabinets leaders de la fiscalité et du droit. De par notre appartenance à un réseau de dimension mondiale, nous mettons notre expertise au service d’une performance durable et responsable. Nous faisons grandir les talents afin qu’ensemble, ils accompagnent les organisations vers une croissance pérenne. 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