La figure du Roi Objectifs : à la fin de cette séquence, l’élève aura défini le contexte historique de l’époque du Cid ainsi que de l’époque de Corneille .Il aura, également, déterminé la figure du roi durant ces deux périodes. Ensuite, il aura analysé le personnage du roi dans l’œuvre de Corneille et fait des ponts entre histoire et récit. Il aura défendu, enfin, le maintient du pouvoir du roi dans le royaume grâce à une lettre ouverte. A. L’époque du Cid Campeador Document 1 : extrait de http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/Reconqu%C3%AAte/140502#913739 1/ 7 Unité et morcellement des partis (xie siècle) La Reconquête, XIe siècle Dans la première moitié du xie siècle, le califat de Cordoue (l'émirat ayant été érigé en un califat totalement indépendant de Bagdad) disparaît, laissant la place à la multitude des royaumes musulmans des taifas, qui, souvent en querelle, dispersent leurs forces ; ceux de Tolède et de Badajoz résistent à la fois contre la chrétienté et contre le royaume de Séville. Les chrétiens du Nord profitent de cette situation, interviennent dans les querelles des chefs musulmans (à l'exemple du Cid Campeador, véritable maître du royaume musulman de Valence), et surtout élargissent la reconquête. L'idée de l'union des chrétiens espagnols contre les « Maures » progresse et inspire des tentatives hégémoniques comme celle du roi Sanche de Navarre au début du xie siècle, ou celle d'Alphonse VI de Castille, qui se proclame « imperator » de toute l'Espagne, à la fin du xie siècle Mais, dans les faits, l'œuvre de reconquête se plie mal à ces volontés d'hégémonie ; dans sa réalité quotidienne, elle est le fait de coups de main locaux. Tandis que les Catalans atteignent les bouches de l'Èbre, la Castille a le premier rôle : en 1085, la prise de Tolède, ancienne capitale wisigothique, a un fort retentissement. Tant et si bien que les Almoravides, venus d'Afrique du Nord, galvanisent l'Espagne musulmane et bloquent l'avancée castillanne. Document 2 : extrait de http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1984_num_39_3_283070 2/ 7 3/ 7 Sur base de votre analyse des documents ci-dessus, décrivez le contexte politique au moment de l’existence du Cid. Définissez, ensuite, l’étendue et les limites du pouvoir royal (Pouvoirs, actes, idéologie, méthodes, influences…) Pour vous aider : http://users.skynet.be/fralica/cours4/inf4ecr.htm#ecrire 4/ 7 B. L’époque de Corneille1 Document 2 : Extrait du discours prononcé sous la Coupole "Enfin Corneille vint..." : discours prononcé par Hélène Carrère d’Encausse, Secrétaire perpétuel de l’Académie française, en séance publique annuelle le jeudi 1er décembre 2005 sous la Coupole de l’Institut de France. « Mais en 1636 la paix s’effrite. Les croquants soulèvent le Périgord. Et les Habsbourg prétendent dominer l’Europe. Les partis se mobilisent alors pour ou contre les choix politiques de Richelieu. Parti espagnol rassemblé autour de la reine, fille d’Espagne ; parti d’opposition à l’Espagne. Les grands se dressent contre Richelieu, qui veut renforcer l’État. C’est dans cette atmosphère plus tendue que l’on joue Le Cid en janvier 1637. » Document 3: Extrait de http://www.lefigaro.fr/lefigaromagazine/2009/08/07/01006-20090807ARTFIG00404-louis-xiii-ledernier-grand-roi-de-guerre-.php Il sacrifie tout à son pays Mais cet homme fragile, neurasthénique, assurément misogyne, peut-être tenaillé par une homosexualité latente, accomplit sans faiblesse son devoir d'Etat, fait corps avec sa fonction, comme peu de souverains l'ont fait avant lui. Il sacrifie tout à la France et à la construction de l'Etat, reléguant au second plan ses sentiments personnels, ses penchants, sa piété filiale, son engagement conjugal. On lui a reproché sa raideur native, son intransigeance. C'est lui en effet et non Richelieu qui refuse malgré toutes les supplications la grâce des conspirateurs, qu'ils s'appellent Chalais, Montmorency-Boutteville, le maréchal de Marillac ou le duc de Montmorency. A vrai dire, il lui en coûte de cuirasser son cœur, mais il sait que la mansuétude avive les désordres. Il souffre de la misère du peuple, tout en restant attaché à l'ordre avant tout. «Louis le Juste» pardonne plus souvent qu'on ne le pense, à condition qu'on le lui demande : sa mère, son frère, sa femme, le duc de Lorraine en font à plusieurs reprises l'expérience. Roi tragique et cornélien, à la stoïque grandeur, c'est en effet un chrétien pieux et scrupuleux. Il croit en la justice immanente, à l'intervention de la divine Providence. Après la reprise de Corbie et le spectaculaire rétablissement des armées françaises, il décide de vouer son royaume à Dieu par la Vierge Marie. Tel est le fameux«Voeu de Louis XIII» 1 http://www.academie-en-ligne.fr/Ressources/4/GH51/AL4GH51TEWB0111-Sequence-12.pdf 5/ 7 institué en février 1638, encore célébré aujourd'hui le 15 août. Sous son règne, la France se métamorphose. Elle accouche dans d'éprouvantes convulsions entre révoltes provinciales, Croquants d'Aquitaine ou Nu-pieds de Normandie de la société nouvelle et de l'Etat rationnel qui s'épanouira sous le règne suivant. La monarchie administrative, qu'on appelle improprement monarchie absolue, commence à s'installer, mettant en place les grands outils de l'Etat, les intendants, l'armée, la marine, la diplomatie, le renseignement. On ne saurait diminuer les mérites de Richelieu. En 1624, celui-ci entre au Conseil, où très vite il s'impose, exerçant l'autorité que le souverain consent à lui déléguer. C'est une chance pour ce dernier, car le prélat, d'une envergure exceptionnelle, énergique et de bon conseil, l'aide à révéler ce qui était confus en lui. Il fera de Louis XIII, dit Mme de Motteville, «l'un des plus grands monarques du monde», mettant la France, ajoute Montglat, «au plus haut point de grandeur où elle eût été depuis Charlemagne». Mais l'existence politique du cardinal dépend étroitement du maître. Orgueilleux, ombrageux, imbu de son«métier», jaloux de son autorité, le roi doit accepter sa complémentarité avec l'un de ses sujets, supporter son tempérament dominateur et envahissant. Ce n'est pas une cohabitation de tout repos, car Louis ne renonce pas à gouverner et à être pleinement roi. D'où la complexité de leurs rapports, faits d'admiration mutuelle et de crainte, de confiance et de ressentiment, le plus inquiet des deux étant le Cardinal, qui redoute toujours la disgrâce, voire le sort de Concini. Les tensions entre eux seront très vives à la fin, lors de la conspiration de Cinq-Mars (1642). Pour affermir la monarchie administrative face aux grands féodaux, l'épineux Louis XIII a besoin du réseau de clients de son autoritaire ministre, mais pas question pour autant de lui accorder un blancseing ! C'est lui qui tranche et décide en dernier ressort, avec brutalité parfois. «Je m'estime heureux, écrit Richelieu, quand de quatre propositions deux lui sont agréables.» Et d'ajouter : «Les quatre coins du cabinet du roi sont plus difficiles à conquérir que tous les champs de bataille d'Europe !» A la vérité, leur oeuvre immense est commune : ils ont su conjurer la menace extérieure représentée par la maison d'Autriche (Espagne et Empire), au prix, hélas !, d'une guerre qui ne s'achèvera que sous le règne suivant, d'un rude tour de vis fiscal et de graves troubles ruraux ; ils ont mis au pas les protestants, qui formaient un Etat dans l'Etat, tout en respectant leurs convictions religieuses. Ils ont soumis les grands, prompts à la révolte, déjoué les conspirations fomentées par leurs proches. Durant dix-huit ans, ils ont porté l'Etat à bout de bras, en dépit de leur santé précaire. Richelieu expire le 4 décembre 1642. Louis XIII, rongé par une entéropathie chronique (sans doute la maladie de Crohn), meurt à 42 ans, le 14 mai 1643, après une pathétique agonie. Son règne représente une étape majeure dans l'unification du royaume et la construction de l'Etat-Nation. Achevant son oeuvre, LouisXIV, moins complexé mais aussi moins modeste que lui, ne fera qu'y ajouter la théâtralisation, la personnification du pouvoir et la mise en scène de sa propre gloire. Document 4 : extrait de http://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Louis_XIII/130426 Une politique européenne « Si le roi se résout à la guerre, écrit Richelieu, il faut quitter toute pensée de repos, d'épargne et de règlement au-dedans du royaume. » En effet, c'est le poids de la guerre qui explique la lourdeur des impositions et partant les troubles des campagnes, c'est la guerre qui est la cause de la demi-réussite de la politique intérieure ; les efforts justement entrepris pour vérifier l'économie, développer les richesses sont compromis par les nécessités fiscales et militaires qui replongent le pays dans la misère. En 1629, la France fait la guerre au duc de Savoie et aux Espagnols. Le but cherché est d'empêcher l'établissement d'une jonction terrestre entre les territoires des Habsbourg d'Espagne en Italie et ceux des Habsbourg d'Autriche. Louis XIII ayant été victorieux au pas de Suse, la France, en 1631, obtient satisfaction au traité de Cherasco. Dans l'Empire ravagé par la guerre de Trente Ans, Richelieu appuie la Bavière et – au grand scandale des dévots – les princes protestants ainsi que Gustave II Adolphe contre l'empereur. Il s'agit toujours de la lutte séculaire contre la maison d'Autriche. En 1632, Louis XIII obtient du duc de Lorraine, Charles IV, des concessions avantageuses. En 1634, la France occupe la Lorraine et, en 1635, elle participe directement à la guerre de Trente Ans. Après des revers, les Espagnols pénètrent en 1636 dans le royaume jusqu'à Corbie et provoquent une panique à Paris ; la situation se rétablit à partir de 1640 (prise d'Arras et de Turin). En fait, il est heureux qu'à cette époque l'Empire ait été affaibli par la terrible guerre de Trente Ans et que l'Espagne ait été 6/ 7 la proie d'une crise économique et en butte à la sécession de la Catalogne et du Portugal, car une France encore mal affermie, travaillée par des révoltes internes, incapable de restaurer de bonnes finances aurait peut-être succombé. Bilan d'un règne Ces années de guerres et de troubles dans les provinces ont épuisé le roi. La trahison de ses proches, les conspirations de sa mère, de son frère, de sa femme ont aigri son caractère. La naissance inattendue d'un dauphin en 1638 a cependant consolidé la politique du roi et de Richelieu, mais, en 1642, le complot avec l'Espagne de son meilleur ami, Cinq-Mars, qui envisageait de le détrôner, a vivement affecté le roi, qui a fait exécuter son favori. Quelques mois plus tard, il perd Richelieu. Miné par la phtisie, il succombe peu après, le 14 mai 1643, trente-trois ans exactement après que son père a été assassiné par Ravaillac. Louis XIII laisse un royaume plus étendu que celui qu'il a reçu. En 1643, la France domine au nord, en Artois, et à l'est, en Lorraine ; elle occupe le Roussillon et tient des places fortes en Piémont ; ses frontières sont mieux assurées, des alliances solides avec le Portugal, la Suède, les princes protestants allemands et la Bavière complètent ce système de défense. Des colonies ou des comptoirs français sont installés au Canada, aux Antilles, au Sénégal et à Madagascar. La France s'est engagée définitivement dans la voie d'une économie capitaliste par le développement de sa marine, du grand commerce et des colonies, mais la situation intérieure est précaire, les paysans écrasés d'impôts, les nobles mécontents du joug de l'État et les officiers de voir leur puissance mise en échec par celle des intendants royaux. Toutefois, Louis XIII, en soutenant la politique de Richelieu, a engagé, d'une manière irréversible, la France dans la voie de la souveraineté absolue de l'État ; l'autorité du roi et de ses fonctionnaires s'est solidement installée aux dépens de tous les anciens privilégiés. Louis XIV et ses ministres n'auront qu'à renouer, après l'intermède de la régence, avec cette politique pour voir triompher l'absolutisme. Sur base de votre analyse des documents ci-dessus, décrivez le contexte politique au moment de la première représentation du Cid. Définissez, ensuite, la figure du Roi. (Pouvoirs, actes, idéologie, méthodes, influences…) Pour vous aider : http://users.skynet.be/fralica/cours4/inf4ecr.htm#ecrire 7/ 7