Guide pratique de gestion du projet Life « Camps

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Coupes d’arbres le long du contournement ouest de Virton.
Quand des impératifs sécuritaires rejoignent des objectifs de
conservation de la nature.
Depuis l’hiver 2014-15, la Direction générale opérationnelle des Routes et des Bâtiments de la
Région wallonne (SPW/DGO1, anciennement MET) procède au déboisement progressif des talus
en bordure de la nationale N87 qui contourne la ville de Virton. Suite à des chutes d’arbres ayant
causé des incidents plus ou moins graves, l’objectif de cette coupe est simple : augmenter la
sécurité des usagers de la route et entretenir les bords de route à moindres coûts.
Déboisement des talus routiers du contournement ouest de Virton,
janvier 2017 (© Jean-François Maquet)
Des impacts, notamment paysagers, indéniables mais mesurés et limités au maximum.
Conscients de l’impact paysager de ce chantier, les responsables ont procédé par tronçons et en
étapes.
Par ailleurs, afin de minimiser l’impact écologique du déboisement, ils ont limité les coupes à
l’hiver, pour éviter notamment de détruire des nichées d’oiseaux. Les quelques espèces s’abritant
dans ces bosquets de bord de route, très communes dans la région, ont pu ainsi se déplacer
progressivement vers les innombrables autres bois environnants.
Quelques arbustes et alignements d’arbres ont finalement été conservés, suffisamment éloignés de
la route que pour ne pas risquer de tomber sur celle-ci ou d’en réduire sa visibilité. Ceci-dit,
plusieurs propriétaires de terrains adjacents ont profité de l’occasion pour déboiser eux aussi leurs
parcelles, augmentant d’avantage l’impact visuel et sonore de l’opération.
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Des talus routiers historiquement non boisés qui abritaient une richesse floristique et
faunistique exceptionnelle.
Lors de la création du contournement ouest de Virton il y a une trentaine d’années (cfr. carte cidessous), ces talus routiers furent creusés dans les marnes et grès calcaires ou constitués de
remblais du même substrat. Sur certains tronçons, une biodiversité extrêmement rare et menacée à
l’échelle de la Belgique, nécessitant un milieu ouvert non boisé, s’installa, profitant du sol calcaire
et de l’ensoleillement sur ces remblais.
Contournement ouest de Virton (N87) et zone concernée
par les travaux de déboisement (en rouge).
Par exemple, une des dernières populations de lézard des souches dans la région (Lacerta agilis,
voir photo ci-dessous), ne trouvant presque plus d’habitats favorables ailleurs, s’est reproduite sur
ces talus. De même, plusieurs centaines de plants d’orchidées d’importance nationale fleurirent
tous les ans (Ophrys sp., Anacamptis pyramidalis, Himantoglossum hircinum…). Des espèces de
papillons reprises en liste rouge de l’IUCN (International Union for the Conservation of Nature
and Natural Resources) ont également pu y trouver refuge, comme l’azuré des cytises
(Glaucopsyche alexis), la mélitée du plantain (Melitaea cinxia) ou le moiré franconien (Erebia
medusa).
Par la suite, les talus furent en partie plantés ou se sont progressivement boisés naturellement
d’arbres et arbustes feuillus divers et toutes ces espèces ont quasi disparu du site.
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De gauche à droite et de haut en bas : mélitée du plantain, lézard des souches,
orchis pyramidal, et ophrys sp. (© Marc Ameels, Marc Paquay et Xavier Janssens).
Le Projet LIFE Herbages
Profitant de la réouverture progressive par déboisement de ces écosystèmes, deux partenaires se
sont manifestés auprès de la DGO1 : l’asbl Natagora et le Département de la Nature et des Forêts
de la Région wallonne (SPW/DGO3/DNF). Tous deux collaborent actuellement activement dans le
cadre d’un projet européen : le projet LIFE Herbages.
Depuis 2013, ce projet, financé à 75% par la Commission européenne, est en cours sur la Lorraine
belge et l’Ardenne méridionale. Son objectif : restaurer d’ici fin 2019 au moins 400 hectares
d’habitats d’intérêt communautaire et prioritaires au sens des directives européennes,
majoritairement au sein du réseau Natura 2000. Parmi ces habitats figurent des pelouses et prairies
de fauche.
Les pelouses et prairies de fauche sont des écosystèmes extrêmement riches en espèces végétales.
On peut y compter plusieurs dizaines d’espèces par mètre carré ! Cette biodiversité joue un rôle
essentiel dans notre environnement : conservation d’espèces patrimoniales rares et menacées,
pollinisation, ressources phytopharmaceutiques, loisirs et détentes, lutte contre l’érosion…
Cependant, tant au niveau européen que wallon, les prairies et les pelouses sont les écosystèmes qui
connaissent la plus importante dégradation de leurs surfaces et biodiversité. Les causes sont
multiples : urbanisation, utilisation accrue d’engrais et de pesticides, labour et mises en culture,
intensification des fauches….
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Pelouse calcaire restaurée par le projet LIFE Herbages à partir d’anciennes
plantations d’épicéas (photo prise à Torgny, © Xavier Janssens).
Que deviendront ces talus routiers ?
Sur base d’une convention signée en septembre 2015 entre la DGO1 et le DNF, il fut convenu de
consacrer une partie du financement « LIFE Herbages » à des travaux de restauration des anciennes
pelouses présentes sur le calcaire des talus de la N87. Plus concrètement, en complément aux
déboisements réalisés pour des raisons d’entretien et de sécurité, des souches d’arbres furent
broyées jusqu’à une distance d’environ 6 à 8 mètres de la route.
De cette manière, la DGO1 sera en mesure de maintenir ouvert, par des fauches périodiques, une
partie des talus de bords de routes, ce qui sera favorable à la biodiversité patrimoniale mentionnée
ci-dessus. Le reste des talus, au-delà des 8 mètres, se reboiseront très rapidement, sachant que les
arbres et arbustes rejettent rapidement à partir de leurs souches dès l’année suivante. De nouvelles
coupes d’entretien et de sécurité devront alors avoir lieu d’ici 15 ou 20 ans.
Etant donné la configuration des talus du contournement ouest de Virton (entre 25 et 50 m de large),
le paysage sera constitué, d’ici 2 ou 3 ans :
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D’une bande enherbée de 6 à 8 m de large le long de la route. Celle-ci sera fauchée, après
la période de floraison et d’activité de la faune, et devrait garantir le maintien des orchidées,
papillons et lézards.
De nouveaux taillis d’arbres et arbustes feuillus au-delà de cette bande enherbée,
constituant un écran végétal sur la largeur restante du talus.
Plus d’informations concernant les travaux de restauration de la biodiversité dans le cadre du projet
LIFE Herbages sur www.life-herbages.eu ou [email protected].
Projet LIFE Herbages – avec le soutien financier de :
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