scènes magazine au poche genève : aminata ISSN 1016-9415 © Mario Del Curto 2 52 / mai 2013 CHF. 10.-- 7 € s o m m a i r e 6 cinéma 6 8 10 11 12 14 15 16 cine die / raymond scholer festival de cannes / firouz-elisabeth pillet ciné-club universitaire : claire denis / sarah maes sous la loupe : side effects / christian bernard cinémas du grütli : alain gomis & alice winocour / chr. bernard entretien : benjamin avila / firouz-elisabeth pillet entretien : ziad doueiri / firouz-elisabeth pillet les films du mois / j. berclaz-lewis, s. lachat, d. leroy, f. pillet 21 opéra 21 22 23 23 24 25 26 28 30 32 33 33 34 34 35 36 37 38 39 entretien : diana damrau / françois jestin entretien : leonardo garcia alarcon / pierre-rené serna grand théâtre : le chat botté / martine duruz entretien : stéphanie lauricella / martine duruz vernier : rigoletto / martine duruz vevey : la cecchina / yves allaz saison de l’opéra de lausanne / eric pousaz zurich : trois sœurs, parsifal & rinaldo / eric pousaz vienne : fidelio & aida / eric pousaz bruxelles : la dispute / christian wasselin barcelone : madame butterfly / françois lesueur dijon : don giovanni / david verdier avignon : jenufa / françois jestin montpellier : le roi d’ys / françois jestin monte-carlo : amica / françois jestin lyon : festival justice / injustice / françois jestin marseille : otello / françois jestin berne : l’enlèvement au sérail & cenerentola / eric pousaz mémento 40 théâtre 40 41 43 44 45 45 46 46 48 50 51 52 entretien : laurent pelly / laurence tièche chavier comédie : le rapport langhoff / rosine schautz entretien : miguel fernandez-v. / laurence tièche chavier théâtre du grütli : combat de sable & le baiser et la morsure théâtre alchimic : reprise de art théâtre de la parfumerie : reprise de albahaca le poche : aminata / rosine schautz entretien : jacob berger / rosine schautz am stram gram : de mémoire d’estomac / firouz-e. pillet château rouge : salif keïta & lost in the supermarket bonlieu : le metteur en scène philippe car à l’honneur théâtres des marionnettes / firouz-elisabeth pillet 252 / mai 2013 53 danse 53 54 entretien : josette baïz / françois jestin mézières : sidi larbi cherkaoui & milonga / bertrand tappolet 56 musique 56 57 58 59 61 62 cédric pescia et ses amis / pierre jaquet kazuki yamada et l’osr / beata zakes cully classique : anniversaire / yves allaz portrait : sofia goubaïdoulina / emmanuèle rüegger agenda genevois / martina diaz saison de l’osr / serene regard 64 expositions 64 66 66 67 67 68 68 69 69 70 71 bâle : les picasso sont là ! / régine kopp mémento beaux-arts : france musée de grenoble : alberto giacometti mémento beaux-arts : ailleurs cologne : dialogue wilhelm leibl & august sander mémento beaux-arts : suisse romande forum meyrin : « passage », photographies mémento beaux-arts : suisse alémanique musée de l’élysée : gilles caron, le conflit intérieur ferme de la chapelle / tuana gökçim toksöz schaulager : steve mc queen / régine kopp 72 manifestations 72 74 nuit des musées à genève / viviane vuilleumier salon du livre et de la presse de genève /viviane vuilleumier 75 paris 75 76 78 82 82 83 83 84 85 86 86 87 87 odéon-théâtre de l’europe : le prix martin / régine kopp musée du louvre : de l’allemagne / régine kopp opéra : hänsel rutilant / pierre-rené serna versailles : farnace / philippe baltzer théâtre de l’essaïon : proudhon modèle courbet / julien roche opéra de paris : programme roland petit / stéphanie nègre théâtre de la ville : brilliant corners / stéphanie nègre chronique des concerts / david verdier sélection musicale / françois lesueur mémento théâtre théâtre du rond-point : le cirque invisible mémento expositions galerie sarti : peintres caravagesques italiens 88 les mémentos ABONNEZ-VOUS! Découvrez chaque mois dans nos pages : L’actualité culturelle d’ici et d’ailleurs Cinéma Concerts Livres Opéra Critiques Danse Expositions Théâtre Entretien Avant-Premières Mémento Scènes Magazine - Case postale 48 - 1211 Genève 4 Tél. 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Au cours de ce long cheminement, l’effort et la pensée dictent sans relâche les conditions d’existence auxquelles tout artiste, lettré ou penseur se plie fondamentalement afin que l’œuvre vienne au jour. Mais de quelle encre est donc tracée la ligne d’un penseur ou artiste d’aujourd’hui, si ce n’est d’une relation primordiale, originelle et originale, un fondement ontologique, une rencontre essentielle avec un maître ? Ce maître, professeur, appelons-le comme bon nous semble (mais de grâce, surtout pas « compreneur » ou n’importe quelle autre déclinaison de la même engeance chtonienne !), représente le moment d’une rupture entre l’état d’ignorance ou de doute et celui de la connaissance tout entière tournée vers la réflexion et sa digestion. Cette confrontation – souvent unique pour toute la vie du penseur ou de l’artiste – fera disparaître alors les frontières du monde clos, corseté, tel qu’il était en mesure de seulement le concevoir jusque-là. Ainsi, le maître aura dévoilé, le temps de la relation intellectuelle et amicale, de la jeunesse souvent, les traces de la cartographie du réel, les chemins escarpés de la raison, ainsi que les voies de l’accès à la connaissance. Cependant cette relation reste, doit rester éphémère, puisque la démarche doit être accomplie individuellement, une fois que l’on s’est justement dépris du maître. Dans cet exil, le penseur n’est pas seul en son royaume, au contraire, puisqu’il place ses pas dans les pas de son professeur, la route a en effet été cherchée, du moins ses prémices, auprès de l’ancien, elle luit donc de la sagesse de celui qui guide. Le disciple forge dès lors ses réflexions non plus comme le maître, mais à partir de lui, à partir de cette matière qu’il lui a léguée pour toujours. La raison débutant en effet, lorsque le temps de la reproduction s’achève, laissant sa place à l’autonomie du sujet. Mais il faut pour que ce processus puisse s’opérer une exceptionnelle rigueur intellectuelle de la part de l’enseignant ainsi que des qualités que l’on ne rencontre que trop rarement, un mélange de générosité et d’éthique. Au temps de l’Egypte ancienne, il existait une divinité tutélaire des vallées désertiques, dangereuses et peuplées d’animaux venimeux. Ce dieuchien portait un nom symbolique de cette relation filiale, faite d’héritage, de courage, d’ouverture et de protection, laquelle lie à jamais un maître à son disciple : “L’ouvreur de chemin“. En ce sens et à quelques trente années d’écart, l’historien genevois décédé le dimanche 24 mars, Jean-Claude Favez, a été plus qu’un bon maître. Pour beaucoup d’entre nous. CR/FF/SCENES MAGAZINE Au moment du bouclage de ce numéro nous apprenons la nouvelle de deux disparitions : la cinéaste Jacqueline Veuve et le comédien en dramaturge Bernard Liègme : triste printemps pour la vie culturelle romande ! scènes magazine case postale 48 - 1211 Genève 4 Tél. (022) 346 96 43 de France 00-41-22 346 96 43 www.scenesmagazine.com e-mail : [email protected] c i n é m a quand même de saluer les interprètes qui se sont investis dans l’entreprise, depuis Amanda Seyfried (qui paie de sa personne dans le rôle titre avec un enthousiasme sans failles, malgré son peu de ressemblance physique avec le modèle) à Hank Azaria (sosie parfait de Damiano), en passant par Sharon Stone (qui livre un saisissant portrait de mère catholique hystérique, comme on n’en avait plus vu depuis Caroline Kava dans Born on the 4th of July d’Oliver Stone (1989)). le cinéma au jour le jour Cine Die 63e Berlinale : Panorama 6 Deux films américains, teintés d’hypocrisie, se proposaient d’attirer les chalands par des thèmes « osés ». Il est de notoriété publique que William Friedkin avait dû couper dans son Cruising (1980) – où Al Pacino enquête sur une série d’homicides homophobes - une quarantaine de minutes supputées explicites qui se déroulaient dans les backrooms gay sado-maso new-yorkais. James Franco et Travis Mathews ont eu l’idée de reconstituer ce corpus manquant avec Interior. Leather Bar, mais à force d’hésitations pusillanimes et de manque cruel d’imagination, la tentative tourne au ridicule. Des acteurs manifestement mal à l’aise dans leurs accoutrements tout en cuir et lanières, qui ne savent pas trop bien comment imiter des orgies torrides, alors qu’il eût suffi de faire appel à des spécialistes du hardcore pour obtenir un semblant de vraisemblance. Nul et futile. Dans Lovelace, Rob Epstein et Jeffrey Friedman reviennent sur la carrière de la première star mondialement connue du X, née Linda Boreman et devenue célébrissime avec Deep Throat (1972, Gerard Damiano). Contrairement à l’immense majorité des actrices du porno, Lovelace n’a pas eu de véritable carrière, ses œuvres complètes atteignant à peine cinq heures de projection. En 1980, elle publia Ordeal, son autobiographie, où elle accuse son ex-mari Chuck Traynor de l’avoir prostituée (thèse qui est Berlinale Special Top of the Lake est une mini-série policière réalisée pour la télévision par Jane Campion et Garth Davis. Située en Nouvelle-Zélande autour du pittoresque lac Wakatipu, l’action est déclenchée par la disparition d’une adolescente de 12 ans, enceinte, qui s’est enfuie du domicile de son père, Holly Hunter dans «Top of the lake» Peter Sarsgaard et Amanda Seyfried dans «Lovelace» épousée à 100 % par le film). Elle est ainsi devenue sur le tard une ardente militante de l’anti-pornographie, et fut un témoin essentiel de la commission Meese en 1986 : une vie plus édifiante, tu meurs. Ce qui ne serait peut-être pas le cas pour Marilyn Chambers (qui a épousé, après Linda, le vil suborneur Traynor, décrit dans le film comme le diable incarné), Vanessa del Rio (à laquelle l’éditeur Taschen a consacré, il y a peu, une monographie monumentale) ou Marilyn Jess (fêtée par le LUFF en 2010), toutes trois fières de leur parcours et, par conséquent, sans rédemption. Si le choix des cinéastes n’est donc pas exempt de conformisme, il convient a c t trafiquant notoire. Père aimant, mais boss hyper-violent, à la tête d’une petite armée de malfrats, dont ses fils. L’enquête est menée par une jeune détective qui a grandi dans le coin et a déjà eu maille à partir avec quelques machos invétérés, toujours enclins à s’offrir un petit viol ni vu ni connu ! La densité romanesque est étoffée par la présence, dans un camping improvisé, d’un bataillon de femmes en convalescence ou en quête de repos, dont certaines se promènent nues, et dont la maîtresse spirituelle est incarnée avec un calme imperturbable par une Holly Hunter aux longs cheveux d’argent. La policière doit affronter son propre passé avant de dénouer la toile des intrigues. On découvre que même les « bons gaillards » de l’histoire ont quelque chose à cacher : des prédateurs ou simplement des lâches. Les vers sont dans les fruits les plus succulents. Tokyo Kazoku / Tokyo Family est l’hommage de Yoji Yamada à son maître Yasujiro Ozu. Il s’agit du remake, 60 ans plus tard, de Tokyo Monogatari / Le Voyage à Tokyo (1953), film qui fut élu meilleur de tous les temps par la revue britannique Sight & Sound en 2012. Une dernière fois, un couple âgé monte depuis leur île au large d’Hiroshima à Tokyo pour rendre visite à leurs enfants. Le fils aîné est chef d’une clinique privée, la fille gère un salon de beauté, le cadet, machiniste de scène, court après les engagements. La copine de ce dernier (jouée par la délicieuse Ju Aoi) est la seule personne qui trouve le temps de s’occuper des ancêtres. Après la guerre, chez Ozu, les enfants n’avaient pas le temps, parce qu’il fallait reconstruire le pays. Maintenant, la nouvelle génération doit affronter une situation économique stagnante depuis presque deux décennies. Au-delà des imprévus conjoncturels, les destins des aïeuls se ressemblent furieusement. u a l i t é c i n é m a Ludwig II. est une nouvelle biographie (après celles de Käutner (1955) et de Visconti (1972)) du roi « virginal » de Bavière due au tandem conjugal Peter Sehr/Marie Noëlle, qui a confié le rôle principal à deux acteurs différents. Sabin Tambrea du Berliner Ensemble, absolument époustouflant en idéaliste épris des arts qui ne conçoit le bonheur que sous forme sublimée, incarne le jeune souverain. Tandis que Sebastian Schipper s’acquitte à merveille du rôle de l’ermite fou, bouffi et mal soigné des derniers mois. Comme il y a un hiatus de 14 ans entre les deux temporalités, on s’habitue très vite à voir un personnage différent. 27e Festival International de Films de Fribourg Je n’ai pas vu Three Sisters de Wang Bing, qui a remporté le « Regard d’Or », mais au vu des films précédents de ce documentariste hors pair, je me réjouis de sa récompense et me dis que les membres du jury de cette année, Carlos Sorin en tête, n’ont pas les goûts frelatés de ceux de 2012. Cela dit, le prix spécial accordé à Los Salvajes de l’Argentin Alejandro Fadel me semble exagéré. Le film raconte l’évasion de cinq adolescents (une fille et quatre garçons sans sens moral, aux pulsions dictées par leur seule satisfaction immédiate) d’un centre de redressement et leur pérégrination à travers monts et vaux vers un hypothétique havre de paix que leur font miroiter deux d’entre eux qui se souviennent d’en avoir tué le propriétaire. En route, ils sniffent de la colle, subissent des hallucinations, tuent du bétail (ce qui occasionne le meurtre de l’un d’eux par un vaquero) ou des humains, rencontrent un vieil ermite dresseur de faucon et tirent des plans sur la comète. Les acteurs non professionnels ont vraiment la gueule de l’emploi, mais le parti pris de coller la caméra aux personnages, sans éclairage adéquat, a un effet délétère sur la lisibilité que certains interprètent comme un choix artistique, semblable aux techniques des impression- chacune est marquée par le traumatisme et le sentiment de culpabilité, mais de quatre façons complètement différentes. Ce qui fait qu’on reste scotché au récit (une performance pour un film de 270 minutes !). La quatrième partie permettant en outre, par une légitime astuce de scénario, de retrouver l’identité du criminel, une cinquième partie peut se concentrer sur Asako, qui se rend compte qu’elle connaît intimement l’homme recherché. A partir de là, le film tend à prouver que des vilenies à première vue négligeables peuvent entraîner des conséquences catastrophiques et que nous sommes donc les forgerons de notre karma. Même s’il a profité de la fascination morbide distillée par le best-seller de Kanae Minato, sur lequel se base le scénario, Kurosawa a atteint avec cette mini-série un sommet de sa carrière : contrairement à certains de ses films, il n’y a pas la moindre once de gras. Tous les plans ont leur justification. Le film sans doute le moins couru du festival fut National Security de Ji-Yeong Jeong. Hommage aux citoyens persécutés par la KCIA sous la présidence de Chun Doo-hwan, le film raconte les tortures subies pendant 22 jours par l’opposant Kim Geun-Tae (futur député et ministre) en septembre 1985 dans les locaux de la police secrète. Sans chichis, le récit se concentre sur les interrogatoires poussés (simulation de noyade, torture à l’électricité) pour faire avouer à la victime qu’il a reçu des ordres de la Corée du Nord. La confession entièrement fabriquée que les tortionnaires arrivent à lui faire signer servira à le faire condamner dans le procès subséquent. Son cas est considéré comme exemplaire de ce qu’ont eu à subir les activistes prodémocratiques avant l’installation d’un régime de droit en 1987. Entièrement vu du côté de la victime, c’est un film dur à supporter, mais cathartique. La Corée du Nord était aussi représentée au FIFF, mais par le film Jong-sim Han dans «Comrade Kim Goes Flying» «Los Salvajes» nistes. D’autant plus que les protagonistes se perdent, se dissolvent, se consument in fine dans la brousse. Pas moins lyrique en fait que To the Wonder de Malick : les flous « artistiques » de Fadel valent bien les batifolages incessants d’Olga Kurylenko et les prières torturées de Javier Bardem. Le prix du jury FIPRESCI fut attribué à Shokuzai / Pénitence de Kiyoshi Kurosawa, qui le méritait pleinement. Une petite fille, Emili, est assassinée dans son école après les cours. Ses quatre copines, qui ont vu le meurtrier disparaître avec la gamine, ne se souviennent pas de sa tête. Asako, la mère d’Emili, désespérée de savoir le coupable en liberté, promet aux enfants qu’elles feront pénitence toute leur vie, si elles ne se remémorent pas les traits du meurtrier. Après ce préambule de 20 minutes, le film fait un saut de 15 ans. Le destin respectif des quatre gamines occupe quatre segments d’environ cinquante minutes, montrant que la vie de a c t u a l le plus lisse et anti-critique qu’on puisse imaginer. Comrade Kim Goes Flying pourrait tout aussi bien porter le titre The Grin of the Working Class, car son héroïne n’abandonne jamais son sourire, qu’elle œuvre dans les mines ou auprès de la bétonnière ou vole sur le trapèze dont elle veut devenir championne. Projet initié par deux cinéastes belges (Nicolas Bonner, Anja Daelemans), le scénario a été remodelé pendant six ans avant d’aboutir au cocktail désiré « comédie, optimisme, conscience ouvrière » et rappelle dans une certaine mesure les comédies kolkhoziennes d’Ivan Pyriev. Un co-réalisateur coréen, Gwang-hun Kim, fonctionnait sans doute comme œil de Pyongyang. Au mois prochain Raymond Scholer i t é 7 c i n é m a festival Cannes 2013 La soixante-sixième édition du Festival de Cannes se tiendra du 15 au 26 mai 2013. Thierry Frémaux et Gilles Jacob dévoileront la vingtaine de films retenus en compétition pour la Palme d'or, mais aussi les longs métrages présentés hors compétition, et ceux présentés dans la section Un Certain Regard. Bien que tous les ingrédients de cette édition n’aient pas été encore dévoilés, Scènes Magazine a tenté de faire le tour des forces en présence. 8 Une sélection cannoise est toujours à double tranchant : la Croisette réserve un accueil favorable et ouvre les portes du succès - du moins critique – par exemple pour Persepolis, The Artist, Polisse ou Des Hommes et des Dieux. Mais un passage anonyme dans cette Mecque du septième Art condamnent certaines réalisations à passer inaperçues et à sombrer dans les limbes de l'oubli ; peu des festivaliers se rappellent de la présence en compétition de La Source des femmes en 2011 ? Pourtant, tous les membres de la famille cinématographique rêvent de fouler un jour le tapis rouge et de monter les célèbres marches du Palais des Festivals puisqu’être vu dans cette vitrine du cinéma est un gage d’être repérés par les professionnels – distributeurs, programmateurs, directeurs de festival. Le film du cinéaste australien Baz Luhrmann, The Great Gatsby, sera projeté lors de l’inauguration du 66e Festival de Cannes, le mercredi 15 mai, comme film d’ouverture dans le grand Théâtre Lumière du Palais des Festivals, en Sélection officielle Hors Compétition. Adapté du plus célè- bre roman de l’écrivain américain Francis Scott Fitzgerald, le film évoque, dans l’effervescence des années vingt sur la côte Est des Etats-Unis, la figure romantique et tragique de Jay Gatsby (Leonardo DiCaprio), racontée par son ami Nick Carraway (Tobey Maguire). Carey Mulligan joue Daisy Buchanan, dont l’époux est incarné par Joel Edgerton. A cette distribution prestigieuse s’ajoute la participation de la légende du cinéma indien Amitabh Bachchan, ainsi que celle du musicien américain, le rappeur Jay-Z. Quant aux favoris pour la compétition, on peut mentionner plusieurs films français : Jimmy P. d'Arnaud Desplechin - avec Benicio Del Toro, Mathieu Amalric, Gina McKee - suit, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, Jimmy Picard, un Indien américain qui a combattu en France, et arrive dans un hôpital pour vétérans du Kansas. Il souffre de migraines atroces et de pertes soudaines de la vue et de l'ouïe. Malgré une batterie de tests, son état mystifie les médecins. Les médecins décident de solliciter l'aide de Georges Devereux, anthropologue français. Jeune & Jolie de François Ozon - avec Marine Vacth, Géraldine Pailhas, Frédéric Pierrot trace le portrait aujourd'hui d’une jeune fille de dix-sept ans en quatre saisons et quatre chansons. Les Salauds de Claire Denis - avec Vincent Lindon, Chiara Mastroianni, Julie Bataille - nous plonge au cœur d’un drame familiale; capitaine dans la marine marchande, Marco Silvestri est appelé d'urgence à Paris. Sa sœur, Sandra, est désespérée : son mari s'est suicidé, l'entreprise familiale a fait faillite et sa fille a été admise en soins psychiatriques. Sandra accuse le puissant homme d'affaires Edouard Laporte d'être le responsable de ses maux. Déterminé à se venger, Marco rencontre la maîtresse de Pierre Laporte, Raphaëlle, qui vit seule avec son fils. Incertitudes D’autres habitués de La Croisette sont encore en plein labeur ; serontils prêts à temps ? Parmi ces cinéastes dont on espère voir les dernières œuvres, citons : Quai d'Orsay de Bertrand Tavernier - avec Thierry Film d’ouverture du 66e Festival de Cannes : «The Great Gatsby» © 2013 Warner Bros. a c t u a l i t é c i n é m a Lhermitte, Raphaël Personnaz, Niels Arestrup - met en scène Alexandre élevés seul, a toujours eu pour Chris une préférence affichée, malgré les Taillard de Worms; grand, magnifique, c’est un homme plein de panache casses, la prison…L’écho parvenu de Berlin était très favorable pour le qui plaît aux femmes et est accessoirement ministre des Affaires premier film américain de Guillaume Canet, remake des Liens du sang de Etrangères du pays des lumières : la France. Sa crinière argentée posée sur Jacques Maillot, co-écrit avec James Gray. son corps d’athlète légèrement halé est Le Dernier des injustes de Claude partout, de la tribune des Nations Unies Lanzmann présente une longue converà New-York jusque dans la poudrière de sation avec le rabbin Benjamin l’Oubanga. Là, il y apostrophe les puisMurmelstein sur son rôle controversé sants et invoque les plus grands esprits lors de la Seconde guerre mondiale. Si afin de ramener la paix, calmer les nerle montage est fini, aucun doute à avoir, veux de la gâchette et justifier son aura le film sera naturellement présenté en de futur prix Nobel de la paix cosséance spéciale. Et sera certainement mique. La BD culte de Christophe l'un des temps forts du 66e Festival de Blain et Abel Lanzac adaptée pour le Cannes. grand écran par Bertrand Tavernier, Attila Marcel de Sylvain Chomet était encore en tournage en janvier deravec Guillaume Gouix, Anne Le Ny, nier, à Dakar; le montage du film seraBernadette Lafont - permettra au Mathieu Amalric joue dans «Jimmy P.» t-il fini à temps pour une présentation cinéaste d’animation de s’illustrer dans le dernier film d’Arnaud Desplechin cannoise ? Dans l’affirmative, une le film de fiction avec l’histoire de place en sélection officielle paraît garantie pour une comédie politique Paul, la trentaine, qui vit dans un appartement parisien avec ses tantes, Made in France deux ans après La Conquête. deux vieilles aristocrates qui l’ont élevé depuis ses deux ans et rêvent de La Vénus à la fourrure de Roman Polanski - avec Mathieu Amalric le voir devenir pianiste virtuose. Sa vie se résume à une routine quotidienet Emmanuelle Seigner - propose l’adaptation d’une pièce de théâtre inspi- ne, entre le grand piano du salon et le cours de danse de ses tantes où il ré du roman érotique de Leopold Sacher-Masoch, qui a donné son nom au travaille en tant qu’accompagnateur. Isolé du monde extérieur, Paul a masochisme. Le réalisateur franco-polonais n'est pas revenu à Cannes avec vieilli sans jamais avoir vécu... Jusqu’au jour où il rencontre Madame un film sous le bras depuis sa Palme d'or pour Le Pianiste. Là encore, on Proust, sa voisine du quatrième étage, qui va lui permettre de replonger est circonspect pour une question de dans ses souvenirs enfouis. délais. S'il est prêt, voilà un film qui devrait diffuser un parfum de scandale Outsiders Parmi les films qui font figure sur la Croisette. d’outsiders, citons Jacky et le royaume Le Bleu est une couleur chaude des filles de Riad Sattouf, Un Château d'Abdellatif Kéchichem - avec Léa en Italie de Valérie Bruni-Tedeschi, Seydoux, Adèle Exarchopoulos, Grand Central de Rebecca Zlotowski, Aurélien Recoing, Jérémie Laheurte Abus de faiblesse de Catherine Breillat, dépeint la vie de Clémentine, qui basLe Passé d'Asghar Fahardi ou Aga cule le jour où elle rencontre Emma, d'Hiner Salem. une jeune fille aux cheveux bleus, qui Le Festival de Cannes a choisi pour lui fait découvrir toutes les facettes du l’affiche de son édition 2013 un couple désir. Elle lui permettra d’affronter qui incarne à la perfection l’esprit du enfin le regard des autres. L'auteur de Bertrand Tavernier sera peut-être à Cannes avec «Quai d’Orsay» cinéma : Joanne Woodward et Paul La Graine et le mulet n'est jamais passé Newman, pris en photo sur le tournage par la case compétition, préférant la lagune vénitienne à la croisette cannoise. Adaptation d'une BD culte, son du bien nommé A New Kind of Love, de Melville Shavelson (1963). C’est pour le Festival l’occasion de rendre hommage à la mémoire de nouveau film nécessiterait un gros travail de montage, si bien que l'incertitude plane sur son degré de finition. Reste que l'on rêve de découvrir Léa Paul Newman, disparu en 2008, et de faire un salut plein d’admiration à Joanne Woodward, sa femme et son interprète d’élection. Seydoux les cheveux bleus sur les marches du Palais des Festivals. Le Festival de Cannes les a accueillis en 1958 - année de leur mariage - en sélectionnant en Compétition Les Feux de l’été (The Long Hot Hors-compétition Parmi les films en liste lors de la prochaine édition du Festival de Summer) de Martin Ritt, premier film qu’ils tournent ensemble. Le résulCannes, mentionnons Blood Ties de Guillaume Canet - avec Clive Owen, tat est une affiche particulièrement sensuelle qui accroche le regard. Billy Crudup, Marion Cotillard. New York, 1974. Chris, la cinquantaine, Firouz-E. Pillet est libéré pour bonne conduite après plusieurs années de prison pour un règlement de compte meurtrier. Devant la prison, Franck, son jeune frère, un flic prometteur, est là, à contrecœur. Ce ne sont pas seulement des choix Pour en savoir plus sur la 55ème édition du Festival de Cannes : de “carrières“ qui ont séparé Chris et Frank, mais bien des choix de vies www.festival-cannes.fr et une rivalité qui se poursuit depuis l’enfance. Leur père Léon, qui les a a c t u a l i t é 9 ciné-club universitaire Claire Denis Du 8 avril au 17 juin 2013, 10 films de la réalisatrice française, soit la quasi totalité de son œuvre, seront projetés les lundis (de Pentecôte excepté) à l’Auditorium Arditi de Genève. Isabelle Huppert dans «White Materiel» de Claire Denis Etrange. Opaque. Marginal. Exigeant. Tel est le champ sémantique qu’on emploie généralement pour décrire le cinéma de Claire Denis. Avec des œuvres qui déconcertent, ne s’encombrant pas de prolixes dialogues, d’explications didactiques, de discours psychologiques et de liens de causalité évidents, elle filme le mineur comme le majeur, en plans toujours d’égale importance. La mise en scène fragmentaire et la narration elliptique offrent peu d’indices et beaucoup de non-dits. De ce constat émerge une réflexion cruciale : le cinéma de Claire Denis est avant tout un cinéma de la sensation. Il met en son cœur textures de peau, jeux de regards et musique toujours hautement symbolique, avec comme enjeux plastiques une représentation du corps sous toutes ses formes. Influencée par d’autres arts, comme la peinture ou la danse, la réalisatrice propose un cinéma très personnel empreint de nombreuses références. Les liens qui unissent les individus, ou au contraire ce qui les éloigne, intéressent particulièrement la réalisatrice. Les relations familiales entre frères et sœurs, entre parents et enfants, mais aussi les rapports de domination et de pouvoir issus de l’histoire coloniale française, font partie de ce qui caractérise cette œuvre, sans oublier cette curiosité insatiable pour l’amitié parfois ambiguë qui unit les personnages masculins. Mais c’est surtout le désir charnel, les troubles qu’il occasionne, ses déviances et ses tabous, qui parcourent l’ensemble de ses films. Comment expliquer cet élan vers l’autre ? Comment exprimer et partager l’attirance et la fascination pour l’ardeur des corps ? Là se situe toute la justesse et l’intelligence de ce cinéma, dont le principal fondement esthétique est de faire appel aux sens pour que naisse l’émotion. Au spectateur de prendre plaisir à se laisser désorienter, à lâcher prise et à rester ouvert aux sensations offertes par la beauté déroutante du cinéma de Claire Denis. GALERIE LA FERME DE LA CHAPELLE 39, ROUTE DE LA CHAPELLE | CH -1212 GRAND-LANCY WWW.FERMEDELACHAPELLE.CH Sarah Maes Ville de Lancy République et canton de Genève a c t u a l i t é c i n é m a sans trop de peine et elle tient. Et puisqu’il y est question de folie, d’identité double, d’apparences trompeuses, de faux suicide, de trahison, de femmes aussi vulnérables et séduisantes qu’elles se révéleront dangereuses, le rapprochement avec Hitchcock (Psycho; Vertigo) ou Polanski (Chinatown) est tentant. sous la loupe Side Effects Ce 28e film tourné à 50 ans serait l’adieu au cinéma de Stephen Soderbergh désireux de se consacrer désormais à la peinture. A en juger par ce Side Effects, le cinéma y perdrait baucoup. Mais, compte tenu de sa carrière toute en contrastes (de Sex, Lies and Videotape Palme d’Or à Cannes en 1989 (il a alors 26 ans) aux récents Contagion et Magic Mike en passant par Erin Brockovich, Traffic, le dyptique sur le Che et les Ocean’s Eleven, Twelve et Thirteen), nous ne sommes heureusement pas forcés de le croire (il a d’ailleurs récemment parlé d’une simple année sabbatique). Croire ou ne pas croire Il ne faut surtout pas dévoiler l’intrigue de Side Effects, thriller psychologico-politique multipliant les fausses pistes. Quand le film semble aller dans une direction, c’est qu’il est déjà en train d’en changer. Les premières scènes nous installent dans la relation entre un sympathique psychiatre le Dr Jonathan Banks (Jude Law) et sa patiente Emily (Rooney Mara) dépressive et suicidaire, à laquelle il administre différents anti-dépresseurs après avoir consulté la précédente thérapeute d’Emily (Catherine Zeta-Jones). Finalement il essaye l’Ablixa, un médicament encore en phase de tests conduits par le Dr. Banks rémunéré à hauteur de 50.000$ par la firme pharmaceutique. Les effets secondaires du médicament se révèleront tragiques. On s’imagine alors avoir à faire à un thriller dont le sujet serait les errances de la psychiatrie dans le traitement médicamenteux de la dépression, puis l’histoire avançant, le sujet semble être les connivences entre les pharmas et la médecine, puis les procédures judiciaires à l’américaine contre les médecins, puis les spéculations boursières autour du lancement d’un médicament, puis… D’où une certaine frustration face à ces sujets politiques seulement effleurés parce que rapidement abandonnés (nous ne sommes pas chez Sydney Lumet), avec le sentiment d’un scénario qui à trop embrasser mal étreint. a c t u A l’ombre d’Hitchcock Mais cette frustration est rapidement dépassée car ces pistes non poursuivies évitent au film tout didactisme pour laisser émerger le vrai sujet : la croyance du spectateur et sa manipulation par un Soderbergh qui se souvient d’Hitchcock. Nous pensions avoir compris et nous avions tort. Nous pensions savoir qui est qui et nous avions tort. Dans cette intrigue compliquée mais très habile, avançant plus par surprises que par suspense, les explications sont données de façon indirecte, morcelée. Le spectateur s’en trouve à la fois fasciné, légèrement Jusqu’à quel point se justifie-t-il ? Une façon de répondre serait de retourner voir Side Effects une deuxième fois pour voir ce qui se passe lorsque l’on connaît déjà l’histoire. Faire l’expérience avec Psycho ou Vertigo, également des histoires d’identité double (Norman Bates/sa mère; Madeleine Elster/Judy), c’est découvrir l’élégance (et le génie) d’Hitchcock dans la manipulation du spectateur, découvrir qu’il a multiplié tôt dans le film les indices de la “véritable identité” de Norman Bates ou de Madeleine Elster, révélées en fin de film: nous étions leurrés et pourtant tout ou presque était déjà là mais nous ne pouvions pas le voir… Soderbergh, plus brutal, n’atteint certainement pas un tel degré de sophistication dans le traitement du spectateur. Rooney Mara dans «Side Effects» © Ascot Elite Films déséquilibré, doutant parfois d’avoir bien compris. L’histoire du film ne vaudrait-elle alors que par les méandres de son parcours ? Side Effects ne serait-il qu’un nouvel et brillant avatar du film noir façon Faucon maltais où ne pas tout comprendre de l’histoire serait finalement sans grande importance ? La réponse est clairement non. L’histoire peu être reconstituée après coup a l i t Il n’en demeure pas moins que Side Effects, au-delà de ses aspects frustrants, est une belle machine contrôlée dans le détail (outre la mise en scène, Soderbergh assure sous des pseudos la direction de la photo et le montage) qui mérite largement d’être vue (et revue). Christian Bernard é 11 c i n é m a du cercle des aînés : il doit mourir ce même jour, là dans sa ville, car c’est la volonté de Dieu. les cinémas du grütli Alain Gomis et Alice Winocour Maillage réussi Deux sorties marquantes ce mois : Aujourd’hui troisième long métrage d’Alain Gomis le 1er mai et Augustine, premier long métrage d’Aline Winocour le 8 mai. Entre ces deux films, rien de commun dans les partis pris formels, mais une commune quête identitaire : dans l’effacement pour lui, dans l’affirmation pour elle. Aujourd’hui 12 Ne rien savoir d’un cinéaste, ne rien savoir du film qu’on va voir : un état d’ignorance dans lequel on se retrouve très rarement (nous sommes tellement informés…), mais qui ne manque pas d’intérêt car, alors, on s’embarque à l’aventure. C’est dans cette intéressante disposition que nous avons vu Aujourd’hui, disposition parfaitement adaptée à ce film nomade suivant les pas d’un personnage en marche. Le film s’ouvre par un long travelling arrière. Avançant face à la caméra, un homme jeune, Satché. Il est accompagné, entouré, encouragé par des sourires, des hochements de tête, des gestes amicaux. On est en Afrique, à Dakar. On devine qu’il va quitter les siens et qu’il va mourir. On s’imagine qu’il va peut-être tenter l’échappée vers les Canaries, mais alors pourquoi cette certitude qu’il ne peut qu’en mourir ? La réponse vient vite L’oracle ne pouvant que s’accomplir, Satché va parcourir la ville pour un dernier voyage. Voyage initiatique (comment apprendre à mourir) mais aussi portrait d’une ville et d’une société. Le maillage est parfaitement réussi. Au gré de son périple qui le mène de rencontres en rencontres, le doux Satché, à la fois somnambulique et hyperlucide, incarné par le chanteur Saul Williams choisi par Gomis « pour son regard », se montre constamment taiseux (Saul Williams est Américain et ne comprend pas la langue du pays). C’est avant tout sur son visage et par son corps que se liront les diverses émotions éprouvées par Satché dans la singulière situation qu’il doit vivre. Les rencontres de Satché sont traitées dans divers registres que le film mêle avec une liberté admirable : le réalisme quasi documentaire pour la vie de la rue ou lorsqu’il croise les révoltés de la misère ; le burlesque (sa visite à l’Hôtel de Ville) ; le fantastique (très belle scène finale où après avoir joué avec ses enfants, il les voit soudain s’éloigner adultes). Deux scènes fortes : sa visite chez sa maîtresse, superbe scène de séduction avortée, « Tu vas mourir et tu n’as pas vécu » lui lance-t-elle; sa visite chez son oncle, un sage dont le métier est de préparer les cadavres et qui après l’avoir massé (!) lui donnera pour viatique de cet ultime tour de sa vie : « Il y a des gens qui ont encore moins de temps que toi et qui ne le savent pas. Toi tu sais, tu as le temps de marcher tranquillement jusque là ». Comme le Cléo de 5 à 7 d’Agnès Varda, autre déambulation où tout a la saveur de la dernière fois, Aujourd’hui le bien-nommé célèbre l’instant présent. Ce film de mort, toujours plus serein, contemplatif, allégé à mesure qu’il avance est un hymne à la vie. Le film vu, le web nous apprend qu’Alain Gomis est né de mère française et de père sénégalais et que ses deux premiers films L’Afrance (2001) et Andalucia (2007) décrivent « l'entre-deux dans lequel évoluent les individus déracinés». A sa manière Aujourd’hui poursuit dans cette veine, magnifiquement. Augustine En 1885 à l’hôpital de la Pitié Salpêtrière à Paris, le professeur Charcot (1825-1893), grand clinicien et neurologue, étudie l’hystérie. Au cours de démonstrations publiques, il provoque les crises d’hystérie de ses patientes en les plaçant sous hypnose. Les photos prises lors de ces séances sont restées célèbres (elles figurent immanquablement dans les anthologies de l’érotisme). Augustine, 19 ans, fut sa patiente favorite. De condition sociale très basse comme les autres malades de Charcot, elle était bonne, exploitée, humiliée et ne savait ni lire ni écrire. Alice Winocour choisit de raconter l’histoire de la guérison d’Augustine (Soko) due pour une «Aujourd’hui» de Alain Gomis a c t u a l i t é c i n é m a «Augustine» de Alice Winocour part - mais pour une part seulement- à la relation qui va s’établir progressivement entre elle et Charcot (Vincent Lindon). L’évolution de cette relation les verra peu à peu sortir de leur rôles sociaux - lui de grand patron ne voyant que des cas anonymes, elle de cobaye - pour finalement découvrir leur identité d’êtres désirants. En suivant ce fil rouge, Alice Winocour sait éviter les deux pièges dans lesquels son sujet risquait de la faire tomber : celui du film psychologique refermé sur cette seule relation d’abord, celui de la reconstitution naturaliste d’une époque et d’un milieu, ensuite. Dans ce film sans temps mort, on a l’impression que tout ce qui était inutile a été éliminé. Chaque scène, généralement courte, chaque réplique, chaque objet, fait signe et sens, comme un symptôme. La première scène du film montre Augustine assurant le service de table (grande bourgeoisie, nombreux convives, nombreuse domesticité). Epuisée, elle titube et finalement s’effondre. Violente crise d’hystérie, son corps agité de tremblements se tord dans tous les sens. Elle paraît possédée. Possédée du diable (on se signe). Elle-même, revenue à elle, constatant que son œil droit reste fermé, murmure une prière à son ange gardien pour que son œil s’ouvre. Ce premier symptôme (il y en aura d’autres par la suite) fait évidemment signe et sens pour le spectateur qui pressent ce qu’il a de programmatique. Comme il pressent que l’hystérie est une réponse sous forme de rébellion à la violence sociale subie par Augustine, ce qu’elle-même ignore. ensuite, curieux d’un spectacle explicitement sexuel (masturbation, orgasme), pour Augustine enfin, représentante des hystériques qui font de leur corps le théâtre de leurs souffrances et de leurs désirs. Pourtant Charcot, aveugle à ces symptômes, cherche dans une toute autre direction : anomalie du cerveau ou des ovaires. La voie de la guérison d’Augustine sera autre : recracher symboliquement la violence subie pour devenir une femme (c’est après avoir coupé la tête d’une poule en cuisine - dont le corps continuera à s’agiter comme celui d’une hystérique que son œil s’ouvrira ; c’est après avoir rêvé d’animaux abattus qu’elle aura pour la première fois ses règles). Accompagnant plus que provoquant cette guérison, la relation entre le Professeur Charcot et Augustine est imaginée par Aline Winocour : relation de reconnaissance d’abord, puis, le transfert aidant, de désir avec passage à l’acte. Se trouve ainsi soldé le rapport de force entre le médecin et sa patiente, l’homme mûr marié et la très jeune fille, le grand bourgeois et la fille du peuple. A l’avantage d’Augustine qui part en femme libre. On a compris l’idée-force du scénario de la réalisatrice : Faire du neurologue Charcot le découvreur de la psychanalyse à l’insu de son plein gré en quelque sorte. Cette licence d’artiste n’est pourtant pas très éloignée de la réalité. Le jeune Freud, stagiaire pendant un semestre dans son service, avait été fasciné par Charcot, « Aucun autre homme n’aura jamais eu autant d’influence sur moi » écrira-t-il. C’est le dialogue noué entre les deux hommes qui fortifia la conviction de Freud que « si l’hystérique était submergé(e) par un affect dont sa conscience semblait tout ignorer de la cause, il devait y avoir un processus psychique à même d’en rendre compte ». Vincent Lindon excelle dans l’incarnation d’un Charcot digne, grand professionnel, emmené là où il n’imaginait jamais aller. Chiara Mastroianni est superbe dans le rôle de l’aristocratique et fidèle épouse de Charcot devinant tout. Quant à Soko, chanteuse et actrice de 27 ans, elle traduit parfaitement l’élan vital d’Augustine. Tous trois parviennent à rendre lisible leur personnage tout en lui conservant sa part de mystère. Christian Bernard Théâtres Augustine se retrouve à la Salpêtrière où sont réunies près de deux mille femmes. Violence toujours des examens subis. Charcot la repère pour la facilité avec laquelle elle reproduit ses crises d’hystérie sous hypnose et elle deviendra une de ses patientes les plus célèbres. Les leçons publiques de Charcot avec Augustine font courir le Tout-Paris. Tout est théâtre ici, mais à différents niveaux qu’Aline Winocour réussit à rendre parfaitement lisibles : théâtre pour les journaux, comparant Augustine à Rachel ou Sarah Bernhardt pour sa puissance d’expression, pour le public a c t u a l Séance spéciale suivie d’une discussion le 6 mai à 20h, en présence de Alice Winocour, avec Prof. François Ansermet, Dr. Selma Aybeck, Dr. Anne Edan, Prof. Richard Frackowiak, Prof. Jacques Gasser, Dominique Martin, Dr. Leslie Ponce, Dr. Renato Seidl i t é 13 c i n é m a Vous avez écrit le scénario à quatre mains avec un ami scénariste brésilien, Marcelo Müller ; pourquoi ? entetien Benjamín Avila Avant de réaliser Enfance clandestine, Benjamín Avila s’était déjà approché du thème propre à ce film. En 2003, avec l’argent obtenu grâce à un prix, un court métrage a été monté. Celui-ci, intitulé Veo, Veo (Je vois, Je vois), a marqué les prémices d’Enfance clandestine. 14 Pour ces deux films, Marcelo Müller a co-écrit le scénario avec Benjamín Avila. Plus connu pour ses courts métrages et documentaires, le cinéaste réalise, ici, son premier long métrage dans lequel il joue également un petit rôle. En 1979, dans une Argentine en pleine dictature, Juan, douze ans, et sa famille reviennent à Buenos Aires sous une fausse identité après des années d’exil. Les parents de Juan et son oncle Beto sont membres de l’organisation Montoneros, en lutte contre la junte militaire au pouvoir qui les traque sans relâche. Pour tous ses amis à l’école et pour Maria dont il est amoureux, Juan se prénomme Ernesto, prénom choisi en hommage au Che. Il ne doit pas l’oublier, le moindre écart peut être fatal à toute sa famille. C’est une histoire de militantisme, de clandestinité et d’amour que narre Enfance clandestine. Nommé à la quinzaine des réalisateurs lors de l’édition 2012 du Festival de Cannes, le film de Benjamín Avila a été encensé par le public. Devant tant d’enthousiasme, le réalisateur n’a pu retenir ses larmes. Rencontre lors de son passage à Genève. J’avais déjà travaillé avec Marcelo pour des réalisations éducatives destinées à la télévision. J’ai fait appel à son aide, éprouvant un nécessaire besoin de distanciation par rapport à mon passé. J‘avais besoin que Marcelo, qui est un ami et connaît mon histoire personnelle, apporte un regard extérieur dans l’écriture du scénario. Ainsi en arrivant à la seconder version du scénario, nous nous sommes mis à parler non plus de moi ni de mon opinion mais des personnages et de la structure afin que l’histoire ait sa propre vie. Il arrive toujours un moment dans l’écriture où le scénario impose sa propre logique. Il en va de même du tournage qui a été très beau, intense et émotionnel. Pourquoi ce choix de filmer à hauteur d’enfant bien que le propos demeure très politique ? Le regard des enfants devient le point central au cœur d’une famille militante dont les enfants vivent la clandestinité absolue au quotidien. Les enfants qui ont vécu dans la clandestinité le militantisme de leurs parents peuvent avoir un propos plus direct et moins condescendant sur les personnages. Recourir au regard des enfants permet d’exprimer que cette enfance clandestine comporte beaucoup de douleur, certes, mais aussi beaucoup de joie et de plaisir. L’amour fraternel, filial ou entre amis semble devenir ici une forme de militantisme … ? A cette époque, militer était un engagement de tous les jours. Cela correspondait à un état constant, dans le travail, dans les études, dans les discussions. Les militants avaient une foi entière dans ce qu’ils faisaient afin de changer le monde. Dans une scène entre Cristina Banegas et Natalia Oreiro, cette discussion entre la mère et la fille aborde l’éducation des enfants dans ce contexte de parents militants, de transmission, de sécurité; elle n’aboutit pas à une quelconque entente mais révèle l’amour comme socle infaillible, au-delà des convictions personnelles. Lors de la présentation de votre film au Festival de Cannes, vous avez affiché une émotion intense … Lors des divers festivals où mon film a été accueilli - Toronto, Cannes et San Sebastián -, j’ai réalisé que Infancia clandestina a une portée universelle telle que mon film a pu être compris et a ému le public canadien, français, espagnol et maintenant suisse. J’ai été ému de l’accueil qui lui a été réservé. Infancia clandestina sort sur les écrans européens alors qu’enfle une polémique autour du rôle du nouveau pape François, sous la dictature … Votre film va-t-il permettre d’affronter les fantômes de cette période ? «Enfance clandestine» © Praesens films Quelle est la part autobiographique dans votre premier long métrage, Enfance clandestine ? Je me suis inspiré de ma propre enfance pour raconter l’histoire d’Enfance clandestine, sans pour autant écrire mon autobiographie. J’ai plutôt souhaité revisiter le militantisme de la dictature chilienne entre 1976 et 1983 en me centrant sur une histoire d’amour entre deux enfants. Ma mère a disparu lors de la junte militaire et que j’ai été séparé très jeune de mon demi-frère. Nous nous sommes retrouvés cinq ans après. Encore aujourd’hui, trois cents enfants kidnappés pendant la junte sont toujours portés disparus. e n t L’élection du l'évêque argentin Jorge Mario Bergoglio a, en effet, fait couler beaucoup d’encre dans les médias du monde mais en Argentine, ce débat sur le rôle de l’Eglise sous la dictature n’est pas nouveau et date déjà de nombreuses années, quasiment depuis la fin de la dictature. Une partie de la population argentine se demande si le souverain pontife a fermé les yeux sur les atrocités commises par le régime entre 1976 et 1983 – période durant laquelle il y a eu, d’après les associations de défense des droits de l’homme, jusqu’à 30.000 disparitions. Certains accusateurs vont jusqu’à reprocher au pape d’avoir dénoncé deux prêtres jésuites, Orlando Yorio et Francisco Jalics, en 1976 alors qu’il dirigeait cet ordre en Argentine. Aujourd’hui, les soupçons les plus graves semblent se dissiper et on retient le caractère social et modéré du Pape mais la controverse sur le rôle de l’Eglise catholique pendant la dictature en Argentine est relancée et c’est un point positif pour le combat des Mères de la Place de Mai qui recherchent les enfants confisqués. Propos recueillis par Firouz-E. Pillet r e t i e n c i n é m a entretien Ziad Doueiri Adapté du roman L’Attentat de l’écrivain algérien Yasmina Khadra, le film The Attack de Ziad Doueiri, en compétition officielle dans la catégorie long métrage et projeté pour la première fois dans un pays arabe, au Maroc, à l’occasion de la 12ème édition du Festival du Film de Marrakech, y a décroché l'Etoile d'Or avant d’être acclamé aux Festivals du film Telluride et international de Toronto, de décrocher le prix spécial du jury au Festival du film à San Sebastian (Espagne) et d’être ovationné au Festival international de Dubaï. «L’Attentat» © Praesens films L’Attentat, drame psychologique complexe invitant le public à une réflexion humaine, raconte l’histoire d’un chirurgien palestinien bien intégré dans la communauté médicale de Tel-Aviv et dont la vie se retrouve bouleversée lorsque sa femme meurt au cours d’une attaque terroriste; il sera prouvé par la suite qu’elle se trouve incriminée et responsable de cette attaque. Venu présenter son film lors du dernier FIFDH en mars 2013 à Genève, le réalisateur libanais a accepté de parler de ses motivations, des enjeux de son film et de la polémique que celui-ci suscite au Liban. Rencontre. L’Attentat est un projet que vous menez depuis longtemps ; pourquoi ? J’ai galéré pour trouver des financements; le Qatar, entre autres, a accepté de me donner un coup de main en finançant une partie du film bien que ce dernier n’ait pas été projeté au Festival du Qatar, les organisateurs m’ont expliqué que le film était «risqué» vu le contexte actuel, et ce, bien qu’ils l’aient aimé lorsqu’ils l’ont vu. Comment avez-vous travaillé sur l’adaptation du livre de Yasmina Khadra ? J’ai co-écrit ce film avec mon épouse Joëlle e n t r Touma en m’inspirant du roman de l’auteur, que j’ai beaucoup aimé. Ce fut un travail acharné entre écriture et recherche de financement pour mener à bien ce projet; ça nous a pris énormément de temps, en fait depuis 2006 lorsqu’un producteur m’a contacté pour mettre ce projet en route. Ma démarche était d’aller au-delà des évidences concernant le conflit israélo-palestinien et les prises de positions des différents partis en cause, et de montrer une autre vision, une autre manière de penser ce conflit qui dure depuis des années. À travers mon personnage principal - Amin Jaâfari, ce médecin bien intégré dans la vie active à Tel Aviv - et dès la première séquence du film, on réalise l’ampleur de ce drame avant tout humain : cet époux aimant dont la vie paisible et bien huilée bascule lorsqu’il découvre que sa femme est impliquée dans un attentat à la bombe. C’est le point de départ d’une série d’interrogations, à mesure que le médecin mène l’enquête sur la culpabilité de sa femme, suivant les dédales de l’inconscient collectif, les prises de position hâtives, ces certitudes qu’on peut avoir et qui du jour au lendemain peuvent s’avérer infondées. J’ai donc choisi de traiter un sujet délicat sans parti pris, l’objectif étant avant tout de revenir sur une problématique réelle à travers une fiction, une histoire d’amour. Quelle part de licence artistique vous êtes-vous accordée par rapport à l’œuvre de départ ? Yasmina Khadra est un auteur doué qui vous fait entrer avec brio dans son univers et ses écrits sont e t i e férocement critiqués dans le monde arabe. À la lecture de son livre, j’ai été happé par sa façon unique de raconter, de vous faire vivre dans la peau de ses personnages. J’ai donc essayé le plus possible d’être fidèle à son œuvre. A la fin de son histoire le personnage principal sera tué, ce qui ne sera pas le cas dans le film puisqu’en tant que réalisateur j’ai dû personnaliser l’histoire en mettant la lumière sur le personnage d’Amin Jaâfari, je me suis donc approprié la fin de l’histoire, j’en ai fait une histoire personnelle, plus humaine. Une partie du film a été filmée à TelAviv, en Israël. Comment s’est passé le tournage ? Paradoxalement et malgré les a priori, je n’ai pas eu de problèmes avec les personnes qui ont travaillé avec moi lors du tournage. Il faut préciser qu’ils étaient tous de gauche, car les gens qui travaillent dans les arts sont en général tous libéraux, une élite de gauche. L’équipe était constituée de Juifs d’Irak et du Maroc qui parlent parfaitement arabe comme moi. Le film est porté par le personnage du médecin qui synthétise toutes les contradictions du Proche-Orient … C’est l’histoire d’un docteur qui est censé sauver des vies et qui découvre que sa femme est à l’origine d’un attentat à la bombe, c’est-à-dire qu’elle a tué des personnes, volé leur vie, tout le contraire de sa vocation de médecin. L’Attentat a suscité moult remous. Votre film aurait pu être nominé pour le prix du meilleur film étranger par l’Académie des oscars. Mais pour être admis à la sélection officielle, il fallait que le pays d’origine le soumette. C’est-à-dire le Liban. Mais le Liban a refusé ; quel est votre sentiment ? L’industrie du cinéma reste très modeste au Liban, parce qu’elle n’y trouve quasiment pas de source de financement, mais aussi parce que le gouvernement libanais est un obstacle pour le septième art. Le Ministère de la Culture a refusé que mon film représente le Liban parce qu’il comprend quelques acteurs israéliens ! A titre personnel, je suis très fâché par leur refus, mais au sens plus large, je pense que leur attitude décourage les gens comme moi à faire des films; et que le Liban avait toutes ses chances avec L’Attentat. Ils n’ont pas regardé les chances potentielles pour le cinéma libanais mais ont fait de mon film un prétexte politique. Or, je suis un artiste et non un politicien. Le bureau de censure n’a pas censuré un seul mot de mon film, ceci est bel et bien la preuve que mon film ne dérange pas pour son contenu... Propos recueillis par n 15 c i n é m a FILL THE VOID Les films du mois (Le cœur a ses raisons) de Rama Burshtein, avec Hadas Yaron, Yiftach Klein, Irit Sheleg. Israel, 2013. «11.6» de Philippe Godeau © JMH Distributions 11.6 16 de Philippe Godeau, avec François Cluzet, Bouli Lanners, Corinne Masiero, Juana Acosta, Johan Libéreau Producteur et distributeur, Philippe Godeau s’est lancé dans la réalisation en 2009 avec Le dernier pour la route, film qui dépeint la lutte du patron d’une agence de presse (François Cluzet), qui combat sa dépendance à l’alcool loin de son univers habituel, avec l’aide des Alcooliques Anonymes. Godeau revient dans 11.6 sur un casse qui avait défrayé la chronique : celui qu’avait effectué sans aucune violence le 5 novembre 2009 Toni Musulin, un convoyeur de fonds, et qui lui avait permis de dérober 11,6 millions d’euros à la Banque de France. Après quelques semaines, Musulin s’était rendu, avait restitué la plus grande partie de l’argent (on ne sait rien de 2,5 millions manquants), et avait été condamné à 3 ans, puis à 5 ans de prison ferme après son appel (on ne fait pas de cadeaux à ceux qui roulent les banques !). Son image dans le public est très rapidement devenue celle d’un Robin des Bois même s’il n’a rien redistribué aux pauvres. Philippe Godeau, à nouveau accompagné de François Cluzet, raconte cette histoire dans un film qui ressemble bien sûr à un polar, mais qui rend un son très particulier du fait que l’histoire et son épilogue sont déjà connus. Du coup, Godeau et Cluzet s’attachent à faire sentir ce qui se passe dans la tête de ce protagoniste taiseux, à la fois fort (il pratique un art martial qui le fait respecter de chacun) et fragile (il éprouve de a grosses difficultés dans ses rapports à autrui). Mais l’intérêt du film tient aussi, et peut-être surtout, à la façon dont le cinéaste rend compte du milieu social et professionnel dans lequel évolue Musulin. Il montre comment la pression monte dans la tête et le cœur d’un convoyeur soumis aux pires conditions de travail, aux ordres et aux humiliations quotidiennes des petits chefs de son entreprise. Plus que l’appât du gain, ce qui se dessine derrière l’élaboration du plan du casse, c’est surtout le désir de se venger de ses supérieurs en les faisant licencier pour non respect des consignes de sécurité qu’ils prétendent avoir mises en place… Ce que Cluzet réussit magnifiquement à faire sentir sans paroles. Autre qualité du film : le portraits de personnages faibles, presque borderline; formidable Bouli Lanners en convoyeur de fonds un peu simple d’esprit, qui n’a qu’une petite souris à qui donner son amour, qui croit en l’amitié de Musulin parce que celui-ci le défend contre les rires des autres convoyeurs et qui est perdu lorsque celui-ci prend ses distances pour préparer son coup ; formidable Corinne Masiero qui commence à percer sur les écrans, ici dans le rôle ingrat d’une patronne de bistrot amante de Musulin à qui elle donne tout sans rien recevoir en échange… A cette attention portée à des personnages secondaires peu glamour, Godeau ajoute une capacité à laisser à tous, surtout à son protagoniste, de vastes zones de mystère. Une bonne surprise pour un film d’un genre qu’on pourrait croire éculé. Serge Lachat c t u a Fill the Void montre la vie des Haredi ultraorthodoxes en Israël. Shira, dix-huit ans, rêve de mariage. Lorsque sa sœur ainée Esther meurt en couches, Yochay, son beau-frère, est poussé par la communauté à partir se marier en Belgique. Sa mère a une meilleure idée : et si Shira épousait Yochay ? Entre le cœur et la raison, Shira devra choisir, torturée par son désir de mener sa vie et celui de satisfaire sa famille, face à la pression de la communauté, en épousant le veuf. C’est lorsque la réalisatrice, Rama Burshtein, elle-même hassidique ultra-orthodoxe, a rencontré une jeune fille à un mariage, que lui est venu l’idée de ce film. Cette jeune fille, à peine majeure, était venue discuter à sa table et la cinéaste avait remarqué qu'elle portait à son annulaire une bague de fiançailles. Une fois la jeune fille partie, une amie de Rama Burshtein lui a confié qu'elle venait de se fiancer avec le mari de sa sœur décédée depuis peu ; cette histoire singulière a enflammé l'imagination de Rama. La caméra plonge les spectateurs avec subtilité mais sans fausse pudeur dans l’intimité de cette famille hassidique orthodoxe vivant à Tel Aviv, durant cette période délicate où la douleur du deuil se mêle à la responsabilité pour la communauté de trouver une nouvelle femme pour le veuf et une nouvelle mère pour le nouveau-né. Dans la lignée de Wadjda (Scènes Magazine n° 151, Avril 2013), premier film réalisé par une cinéaste saoudienne en Arabie Saoudite, Le Cœur a ses raisons marque à son tour l'histoire du septième art comme le premier film réalisé par une cinéaste juive ultra-orthodoxe (Rama Burshtein, née à New York) en Israël. Le choix du sujet est inédit, et d’autant plus surprenant que c’est une Juive appartenant à cette communauté qui décide de le mettre en images. La réalisatrice a voulu montrer que, malgré les règles très strictes de ce milieu, les sentiments existent, et que cet univers apparemment très contenu et soumis à une obédience intransigeante, demeure humain, vivant et sentimental. Malgré la volonté affirmée par la cinéaste de rendre cet univers accessible à un public universel, Le cœur a ses raisons donne l’impression d’être une fresque sociologique, presque un film d’époque, dans lequel les protagonistes demeurent coupés du monde moderne, et, par conséquent, de notre réalité de spectateurs. La réalisa- l i t é c i n é m a trice défend sa création en insistant sur le caractère areligieux de son film ; elle s’est refusé d’ailleurs à faire des comparaisons entre deux univers, le religieux et le laïc. A ce propos, la religion juive n'ayant aucune règle relative à l’élaboration d'un film, cela a facilité la tâche de Rama Burshtein, qui n'a pas rencontré beaucoup de complications pour faire son film. Voulant respecter les usages et ne pas trop se mettre en avant, la cinéaste est allée trouver son rabbin, et lui a parlé de son projet, ainsi que du thème autour duquel il s'articulait. Ce dernier a demandé au mari de Rama de lire le scénario et de lui fournir son approbation, et a finalement donné son feu vert en lui signant une autorisation écrite. Un bout de papier symbolique qui fût précieux lorsqu'il a fallu engager des figurants juifs, qui auraient refusé d'apparaître dans le film sans l'approbation préalable d'un rabbin. Peut-être moins méritoire que Wadjda quant aux risques pris par sa créatrice, Fill the Void n’en est pas moins intéressant tant sur le plan sociologique qu’anthropologique, plus que sur le plan artistique. Proposé par Israël pour la catégorie du Meilleur Film Etranger aux Oscars de 2013, le film n'a pas été retenu parmi les cinq derniers nommés. En revanche, la comédienne Hadas Yaron, dont l’interprétation tout en finesse est magistrale, a été récompensée du Prix d'interprétation féminine à la Mostra de Venise de 2012. Ce film a été nommé aux Spirit Awards comme meilleur premier film et meilleur scénario. Firouz Pillet BESTIAIRE de Denis Côté (2012) Bestiaire est le sixième long-métrage de Denis Côté. Ce cinéaste canadien d’expression française a commencé par être critique de cinéma, puis auteur de quelques courts-métrages remarqués avant de remporter un Léopard d’Or (vidéo) en 2005 pour son premier long-métrage Les Etats nordiques, puis un Léopard d’Argent et un Prix de la mise en scène pour son troisième film, Elle veut le Chaos en 2008. Carcasses, né d’une résidence d’artiste, a été présenté à Cannes en 2009 dans la Quinzaine des réalisateurs et Curling a reçu le Prix de la mise en scène et le Prix d’interprétation masculine en 2010 à Locarno, dont le Festival sourit décidément à Denis Côté. Son dernier film, Vic et Flo ont vu un Ours, était en compétition à Berlin en février dernier, où il a remporté un Ours d’Argent de l’innovation. Bestiaire est un film difficile à classer : ni tout à fait un documentaire animalier, ni vraiment a c t u «Fill the Void» de Rama Burshtein © ABC Distribution une histoire racontée, c’est un essai poétique (d’une poésie d’une infinie tristesse) et silencieux sur l’étrangeté des rapports entre humains et animaux ! Le film s’ouvre sur une classe de dessin où des étudiants reproduisent une gazelle empaillée. On passe ensuite sans transition dans un parc animalier de la région de Montréal filmé en hiver. Certains animaux sont confinés à l’intérieur, d’autres comme les bisons ou les lamas peuvent sortir. Mais la constante est l’enfermement : bovidés, grands félins, singes, oiseaux (autruches et grues) sont enfermés dans des espaces plus ou moins restreints, à l’intérieur desquels ils peuvent somnoler, tourner en rond, se cogner ou frapper plus ou moins violemment contre portes et grillages (effet terrible des bruits enregistrés)… Aucune voix off ne donne d’explication sur ces réactions des animaux ni sur les gestes des gardiens. Aucun jugement n’est porté, mais le spectateur suffoque, se sent étouffé par cet emprisonnement qu’il sait définitif. Gêne encore renforcée par des cadrages qui coupent les animaux de manière étrange dans un geste violent du cinéaste cette fois-ci. Et le malaise est encore plus grand dans l’atelier de taxidermie : la violence exercée sur les corps morts (ici un canard), les craquements d’os brisés, les peaux arrachées puis recollées pour créer une fausse vie sont à la limite du supportable. La dernière partie revient au zoo dans une saison plus chaude, certains animaux sont en plein air… Mais le malaise persiste lorsque défilent les voitures des visiteurs qui viennent regarder et photographier les bêtes sans sortir de leur voiture dans un safari qui prend les allures d’une morbide procession. Dernière image : un éléphant s’éloigne, indifférent à ces humains qui croient avoir touché à la vie sauvage ! a l i t Denis Côté dit : « J’avais envie de filmer toutes les manifestations où l’homme essaie de montrer sa supériorité sur l’animal car je suis toujours surpris par ce penchant naturel à vouloir le maîtriser ou l’apprivoiser ». De fait, il devient difficile d’emmener innocemment ses enfants au zoo après avoir vu ce film d’une force étonnante ! Serge Lachat VIRAMUNDO de Pierre-Yves Borgeaud, avec Gilberto Gil. Suisse, 2013. Après plusieurs décennies de succès internationaux, Gilberto Gil, le maître de la musique brésilienne, chef de file du tropicalisme, part pour une tournée d’un nouveau genre à travers l’hémisphère sud. De Salvador da Bahia, sa ville natale, où il mène un cortège de carnaval, il se rend dans les territoires aborigènes d’Australie, puis dans les townships de Soweto, en Afrique du Sud pour terminer son périple au cœur de l’Amazonie brésilienne. Avec la même passion, Gil poursuit son action débutée en tant que premier Noir devenu ministre de la Culture dans le gouvernement de Lula : promouvoir la diversité culturelle dans un monde globalisé. Gilberto Gil transmet un message d’espoir aux Noirs de Soweto et aux Aborigènes des territoires du Nord de l’Australie, stupéfaits de savoir qu’au Brésil, les Noirs peuvent accéder aux fonctions de ministres, d’avocats, de médecins, de professeurs d’Université. Au fil des rencontres et des concerts se dévoile sa vision d’un futur pluriel, polyculturel et interconnecté, riche d’espoirs, d’échanges… et bien sûr de musiques métissées. Le film documentaire de Pierre-Yves Borgeaud é 17 c i n é m a 18 invite les spectateurs à suivre le périple de Gil à travers l'hémisphère sud. Né en 1963 à Monthey, Pierre-Yves Borgeaud tourne en autodidacte des films Super8 avant d’écrire et de réaliser des courts métrages. Immergé dans l’univers musical, il travaille comme journaliste indépendant, chroniqueur jazz, cinéma & TV pour différents médias, mais s’illustre aussi comme batteur et producteur de musique, notamment avec le groupe Urgent Feel. Il devient aussi l’un des pionniers suisses du VJing – mixage live de ses propres images vidéo. Pierre-Yves Borgeaud s’est déjà intéressé à la musique analysée dans un contexte socio-politique : en 2007 sort son long-métrage, Retour à Gorée, dans lequel le cinéaste revient avec le chanteur sénégalais Youssou N’Dour sur les chemins du jazz et de l’esclavage. Ce documentaire a connu un grand succès critique ainsi que dans de nombreux festivals. Ce périple de Gilberto Gil, qui milite pour la reconnaissance des cultures indigènes et pour leur accès à la vie politique et culturelle de leur pays, nous entraîne dans un périple captivant, accompagné par ses musiciens - dont Gustavo di Dalva (percussions), et Jaques Morelenbaum (violoncelle) ainsi que par les SudAfricains Vusi Mahlasela, surnommé «The Voice», et Paul Hanmer (piano). L’image, la photographie et le montage, particulièrement soignés, contribuent à rendre ce documentaire passionnant et à la bande-son entraînante. Firouz Pillet L’ECUME DES JOURS de Michel Gondry. Avec Romain Duris, Audrey Tautou, Gad Elmaleh, Omar Sy Michel Gondry a assurément pris un risque en adaptant L’écume des jours, livre marqué du sceau a priori infâmant de la lecture obligée des programmes scolaires. Pour ceux qui y ont échappé ou pour rafraîchir la mémoire aux autres, Colin (Romain Duris), secondé par Nicolas, son valet-ami (Omar Sy), rencontre Chloé (Audrey Tautou); ils tombent amoureux et se marient. Ils ont pour ami Chick qui a une passion dévorante pour Jean-Sol Partre dont il dévore les œuvres même sous forme de pilules. Mais cette fantaisie et ce bonheur sont fauchés quand Chloé tombe malade, un nénuphar poussant dans son poumon. L’argent manque, Colin doit travailler dans des boulots absurdes, leur appartement se rétrécit, Chick est consumé par sa passion qui le tuera, et la mort aura, comme toujours, le dernier mot. Quelques indices pouvaient faire craindre le a «Viramundo» avec Gilberto Gil © Looknow pire dans ce projet. Le casting, rassemblant les acteurs financièrement en vue du moment, fleurait le calibrage opportuniste et la promotion TV. Pis encore, la nature forcément poétique du projet et les noms d’Omar Sy et d’Audrey Tautou rappelaient l’ombre tutélaire et menaçante de Jean-Pierre Jeunet. Restait pour se rassurer la signature de Michel Gondry, seule promesse garantissant une navigation sûre dans cette mer d’écueils et, il est vrai, de préjugés. Au final, Gondry réussit à dissiper certaines craintes: la nature iconoclaste du roman est préservée, le casting est globalement juste et sa mise en scène n’a, heureusement, rien du style grimaçant de JeanPierre Jeunet. La débauche d’énergie inventive et le travail qu’elle implique impressionnent et méritent à eux seuls le déplacement. Gondry attaque son adaptation en déployant son goût des mécaniques et des trucages à l’ancienne. Animation image par image, transparence, utilisation de cordes pour les raies de jour et de tissus pour les taches de sang. Ce mélange de Méliès et de théâtre associé à un vrai génie du bricolage ludique assure un ravissement visuel digne d’un théâtre baroque. Gondry poursuit ses expériences visuelles entamées dans le vidéo clip et poursuivies, notamment, dans Be Kind, Rewind. Mais ces performances ont une exigence qui constitue aussi leur limite : devoir épater en permanence. L’intérêt s’épuise à la découverte et les effets résistent mal à la répétition. La sonnette animée, la souris (par ailleurs très mal interprétée), la danse du “biglemoi“ montrent vite leur limite et trahissent le manque d’organicité de leur intervention. Mais le principal défaut de Gondry est de ne pas avoir su adapter sa mise en scène aux articulations dramaturgiques de son histoire. Le roman peut se lire comme un condensé de l’existence humaine, passant de l’innocence et de l’amour triomphant où tout est fantaisie, à la c t u a vieillesse et la maladie qui chassent les humains de l’Eden, les obligent au travail, forcément abrutissant, et conduisent à la mort, seule certitude. Mais L’écume des jours n’est pas manichéen, il constate avec mélancolie que tout contient le germe de sa destruction, que tout est prédestiné à dégénérer. La poésie se mue en absurde, la passion en obsession morbide. La mise en scène a le défaut de traiter uniformément la première et la deuxième partie. Bien sûr, les couleurs sont progressivement désaturées et finissent en noir et blanc, certes, les événements deviennent de plus en plus dramatiques et l’appartement de plus en plus petit, mais la caméra pose le même regard sur les situations. Le style cartoonesque de Gondry, son rythme soutenu, voire saccadé, ses changements de plans rapides, perdurent alors qu’ils auraient dû ralentir et s’abandonner au temps de la narration. Le film aurait dû cesser d’imprimer son rythme aux événements et progressivement se reposer sur eux, laisser les images de Vian se donner au spectateur. Le sentiment de perte et de deuil aurait eu alors une chance de s’exprimer. L’énergie de Gondry se retourne ainsi contre le film : la mécanique tourne à vide et ennuie avant d’agacer tant elle révèle son incapacité à émouvoir. Quelques scènes résistent néanmoins comme celle de l’enterrement dans les marais, mais il est trop tard, le film a cessé d’intriguer. Dans ce cadre imposé, il était difficile pour Romain Duris d’intérioriser son personnage, mais son enthousiasme enfantin est communicatif, même si un peu forcé par endroit. Audrey Tautou, par contre, réussit la performance de maintenir son interprétation sur le fil et de conserver à Chloé sa fragilité et son innocence dans toutes les situations. Ce film est comme une montre assortie de complications. On en admire la mécanique et l’agencement, on admet que sa l i t é c i n é m a relative inutilité témoigne du génie de son créateur, mais on regrette qu’elle ne fasse que battre le temps à la manière d’un métronome. Il est possible que la mélancolie et la perte ne fassent tout simplement pas partie du vocabulaire émotionnel de Gondry, cinéaste de l’emballement et de la frénésie. David Leroy - le film d’arts martiaux – The Grandmaster confirme cette touche si caractéristique du cinéaste : poétisation de l’instant figé, mélancolie inconsolable, voix off emplie de nostalgie. Ce dernier opus s’inscrit, tant dans la forme que dans le traitement, à la pâte de Wong Kar-wai. Les effets de styles eux-mêmes ravivent les souvenirs des spectateurs : une attente dans une gare figeant Zhang Ziyi, impassible face à des hom- de sabres tournés de manière similaire dans Les Cendres du temps. Pour s’instruire sur les arts martiaux, véritable art de vivre en Chine, qu’il méconnaissait, Wong Kar-wai est parti longtemps en Chine continentale rencontrer des maîtres d'arts martiaux, pour se documenter sur leurs techniques et leurs philosophies. Peu à peu, il s'est focalisé sur la vie d'Ip Man, le maître de Bruce Lee, à qui il rend ici hommage. Le cinéaste tenait à ce que les combattants ne volent pas. Grand admirateur de Kurosawa, il ne voulait pas l'on voie le sang ou les corps meurtris mais tenait à peaufiner la précision de la gestuelle : cet aspect permet ainsi à un public plus vaste de s’intéresser à son film, qui va bien au-delà du film d’arts martiaux, mêlant histoire, romance et politique … Mais, sur ce point, le réalisateur reste allusif, que ce soit sur l’invasion nippone de la Mandchourie, la Grande Marche ou le protectorat britannique à Hong-Kong. Pour le dernier combat de Tony Leung, c'est par les pieds, puis les mains, que la caméra de WKW dévoile la technique dans un souci de souligner le geste chorégraphique. C’est bien dans la précision de ces détails que le film séduit, envoûte et captive un large public, bien au-delà des férus d’arts martiaux. Philippe Torreton dans «L’Ecume des jours» de Michel Gondry © Frenetic Films THE GRANDMASTER de Wong Kar-wai, avec Tony Leung Chiu Wai, Zhang Ziyi. Hong-Kong, 2013. Après quelques années d’attente, The Grandmaster, le nouveau Wong Kar-wai, arrive enfin sur les écrans; comme à l’accoutumée dans la filmographie du cinéaste hong-kongais, ce film est enivrant - avec une photographie splendide et picturale - mais complexe, et les méandres narratifs engendrent la troublante impression d’avoir visionné un grand film sans en avoir pour autant cerné toutes les subtilités. Présenté en ouverture de la Berlinale 2013, The Grandmaster est de ces films qui captivent et passionnent tout en laissant décontenancé, voire perplexe. En amont de ce film grandiose, une aventure créatrice qui a duré trois ans, de la Chine enjouée du Sud au grand froid de Mandchourie, et qui atteste que le cinéaste s’amuse à troubler ses spectateurs, à les égarer dans des tourbillons temporels, à brouiller les repères chronologiques par le truchement d’ellipses et de narrations enchevêtrées qui reflètent l’histoire selon les différents points de vue des protagonistes. Bien qu’abordant un sujet méconnu de Wong Kar-wai a c t u Firouz Pillet mes qui s’agitent autour d’elle, reflète l’attente de Tony Leung dans Chungking Express ; ou des prostituées d’une maison close montant des escaliers rappellent les marches escaladées par Maggie Cheung dans In the Mood for Love; enfin, l’utilisation de ralentis lors d’une scène d’acrobaties martiales fait référence aux combats WIN WIN de Claudio Tonetti On le fredonne un peu partout, le cinéma suisse traverse ces derniers temps un discret renouveau. Mais si l’intimidante avance que le genre documentaire revendique sur les fictions «The Grandmaster» de Wong Kar-wai © Filmcoopi a l i t é 19 c i n é m a 20 helvétiques est frappante, il en devient effrayant de considérer le fort déséquilibre de qualité entre les films dramatiques et les comédies produits en Suisse. Pourtant, attelé d’un fait divers amusant (celui de l’ancien conseiller national jurassien Pierre Kohler qui, en 2006, s’efforça d’organiser la demi-finale de Miss Chine dans le Jura), Claudio Tonetti s’engage à tenter de nous faire rire. Bien maigre résultat, dès lors, que cette comédie fluette qui se veut cocktail mêlant le grotesque de la mixité culturelle et de gentillettes attaques sur les vices du monde politique. Ce n’est cependant pas faute de mauvaises performances, puisque les acteurs s’avèrent, de manière générale, plutôt compétents (parvenant même, aux alentours des deux tiers du film, à instiller quelques authentiques, même si fugaces, moments d’émotion). Passablement limitée, la réalisation est néanmoins adéquate, même si le rythme paraît parfois un tant soit peu forcé. Malheureusement, il n’y a pas de remède miracle pour faire rire, et même les meilleurs acteurs ne parviennent pas toujours à insuffler de la vie dans un faible scénario. Surtout lorsque ce dernier repose sur ce style de comédie ‘interculturelle’, déjà fatigué depuis le boom des ‘Chtis’, d’autant plus décevante lorsque l’approche est timide. Ce que le sujet et son adaptation ne fournissent pas en drôleries, ils le compensent peut-être avec une image attrayante d’une Suisse, et tout particulièrement d’un Jura, de carte postale. Faute de nous faire réellement rire, ce nid de clichés peut néanmoins être doté d’un certain charme. Hélas ce n’est que faible consolation puisque le périple de Paul Girard peine à s’extirper du conventionnel, mais l’important pour le cinéma suisse c’est peut-être déjà de participer. James Berclaz-Lewis QUARTET de Dustin Hoffman, avec Maggie Smith, Tom Courtenay, Billy Connolly, Pauline Collins, Michael Gambon. Grande-Bretagne, 2013. Quel défi pouvait encore relever, après une carrière exemplaire et magnifique, le talentueux Dustin Hoffman, si ce n’est une première réalisation. C’est chose faite avec Quartet, film britannique inspiré de la pièce éponyme de Ronald Harwood qui en a signé lui-même le scénario, dix ans après l’Oscar obtenu pour son adaptation du Pianiste de Roman Polanski. Le dramaturge s'é- a tait inspiré d'un documentaire suisse des années 80, qui décrivait le quotidien des résidents d'une maison de repos fondée par Giuseppe Verdi, lequel avait souhaité qu'après sa mort, la maison soit ouverte à tout chanteur d'opéra ou artiste qui n'avait pas fait fortune ou pensé à économiser (la maison existe encore aujourd'hui). Maggie Smith avait quant à elle déjà vu la pièce de théâtre, et s'est laissée convaincre par Dustin Hoffman, trouvant intéressant de marier à la fois le documentaire et la pièce de théâtre. L’univers de prédilection demeure ici celui des arts et de la scène, à travers cette histoire de musiciens et chanteurs d’opéra vieillissants coulant des jours paisibles dans la pension de Beecham House. L’arrivée de la cantatrice Jean no, fait son entrée de reine, à la fois adulée et détestée, elle focalise toutes les attentions au détriment du spectacle annuel censé renflouer les caisses de Beecham House. A partir de là, seuls les sentiments mènent le quatuor jusqu’à la catharsis et la réconciliation. Les coulisses priment sur la scène, et on assiste à peu de ‘‘répétitions’’ chantées. C’est là un choix scénaristique judicieux de Dustin Hoffman qui privilégie les scènes intimistes de ses vedettes, en particulier celles entre les ex-époux Jean et Reggie, magnifiquement incarnés par Maggie Smith et Tom Courtenay. Merveilleusement émouvants, ces derniers trouvent en Billy Connolly et Pauline Collins, dans les rôles de Wilf et Cissy, un double idéal tout aussi touchant «Quartet» de Dustin Hoffman © Ascot-Elite films Horton crée l’émoi parmi les pensionnaires et ravivent des souvenirs enfouis, et les blessures faites à ses amis Wilf et Cissy et à son ex-mari Reggie, avec lesquels elle formait un quartet légendaire durant leur jeunesse. Le groupe va cependant devoir mettre ses différends de côté pour un ultime concert qui permettrait d’aider l’établissement menacé de fermeture. Qui dit retrouvailles dit aussi remises en cause et secondes chances. Assez bavarde et cabotine, la première partie met en scène des individus esseulés perdus dans leurs souvenirs de gloire passée ou leur refus de vieillir. Quartet regorge de répliques savoureuses à l’humour so british, avec son lot de seconds rôles hauts en couleurs et judicieusement recrutés, comme ce chef d’orchestre à la retraite exécrable et dictatorial campé par Michael Gambon. Quand Jean, l’ancienne grande sopra- c t u a même si moins meurtri par la vie. Les deux duos se croisent, se disputent, se quittent pour mieux se retrouver, à l’instar des héros de Beaucoup de bruit pour rien de William Shakespeare. Retraite, vieillesse et déboires sont reléguées au second plan au profit de l’amour sur une partition musicale entraînante (Une trentaine de titres, dont les classiques de Verdi Bach et Rossini qui ravivent la flamme) qui mêle passé et présent des protagonistes. On sort de cette projection revigoré, l’esprit joyeux, empli d’optimisme quant à nos vieux jours puisque Quartet prouve que les maux d’hier alimentent les espoirs d’aujourd’hui. Heureuse initiative de Dustin Hoffman, de passer ainsi à la réalisation ! A quand sa prochaine création ? Firouz Pillet l i t é o p é r Violetta, ensuite il change complètement, il la défend et enfin il veut l’unir avec son fils… mais c’est trop tard ! grand théâtre de genève Diana Damrau La soprano Diana Damrau sera la Traviata au mois de mai à Zürich, et donnera un récital le 24 au Grand Théâtre de Genève, accompagnée par le harpiste Xavier de Maistre. Entretien. Vous êtes tout juste de retour de NewYork où vous avez triomphé dans Rigoletto, puis dans Traviata en prise de rôle. Vous chantez souvent au Metropolitan… Oui, nous sommes restés 3 mois à New-York avec ma famille et je suis encore en plein décalage horaire ! J’ai déjà fait 6 prises de rôles au Met, j’ai chanté des rôles de coloratura, comme Zerbinetta ou Adèle dans Le Comte Ory avec Juan Diego Florez et Joyce DiDonato, mais aussi du Mozart avec Pamina et la Reine de la Nuit, ainsi que des emplois un peu plus dramatiques comme Lucia di Lammermoor, ou Hélène d’Egypte de Strauss. Y a-t-il déjà des rôles, en particulier dans la catégorie coloratura, que vous ne chanterez plus ? Dieu merci, je crois que je peux encore chanter tous ces rôles ! Mais c’est vrai qu’il y a de plus petits personnages que j’ai faits dans le passé, que je ne peux plus mettre à mon programme aujourd’hui, alors que je chante Lucia ou Traviata… lorsqu’on a la chance de pouvoir choisir, on chante plutôt les grands rôles, n’estce pas ! Si on prend la Reine de la Nuit par exemple, je pense qu’on peut la garder pendant un certain temps, tant qu’on reste dans un type de répertoire. Mais il ne me serait pas possible – et je m’y refuse ! – de l’alterner pour certains soirs avec Traviata. Une petite question sur Bellini, vous avez abordé il y a deux ans i Puritani à Genève, et puis vous débuterez prochainement dans Sonnambula… C’est une petite évolution de mon répertoire. Sonnambula est un rôle que j’ai toujours voulu chanter, et je vais démarrer à Barcelone puis au Met. Sonnambula est bien moins difficile et mons long que Puritani, surtout qu’à Genève nous avions joué une version presque sans coupures ! Et en tout cas, pas de débuts dans Norma pour les 10 prochaines années ! Alors, ces débuts dans Traviata à NewYork, faut-il attendre de nombreuses années avant d’aborder ce rôle ? Ça s’est super bien passé ! Par coïncidence, j’ai e n t r Damrau Diana © Dan Ettinger fait mes débuts dans le rôle de Traviata au Met l’année du bicentenaire Verdi, et maintenant je vais le reprendre un peu partout ! J’aurais dû faire ma première Violetta l’année dernière à Bilbao, mais à cause de la naissance de mon second bébé, je n’ai pas pu. Le challenge – et même le risque – était de chanter après la naissance, en faisant une prise de rôle : Traviata au Met ! J’ai attendu longtemps afin d’être prête pour ce rôle qui est pour moi un sommet dans mon développement vocal. C’est une histoire aussi très intense, émotionnelle, le personnage, le voyage qu’il fait, il faut être capable de jouer et d’exprimer ces sentiments par la voix. Verdi a vraiment écrit pour trois voix, légère au 1er acte, lyrique au second qui est le cœur de l’ouvrage avec ces grands arcs mélodiques dans le duo avec Germont, et puis dramatique au III où l’on doit chanter pianissimo avec toutes les couleurs qu’on possède à côté d’éruptions comme « Gran Dio ! Morir si giovine ». Vous n’étiez pas seule en prise de rôle, il y avait avec vous un autre « débutant » : Placido Domingo dans le rôle de Germont… C’était une situation vraiment utopique pour moi ! A 12 ans j’avais vu le film de Zeffirelli à la télévision avec Stratas, et Domingo en Alfredo, cela avait été déterminant pour mon avenir. Au Met, il a superbement chanté, Germont lui va très bien vocalement, il est aussi un acteur impeccable et émouvant dans le développement du rôle. Au début il est très dur avec e a t i e Concernant votre prochain récital, vous serez accompagnée par le harpiste Xavier de Maistre avec qui vous collaborez depuis plusieurs années… Nous nous connaissons depuis plus de 10 ans je crois, et nous sommes amis. Xavier est pour moi le meilleur harpiste au monde ; il était auparavant dans les Wiener Philharmoniker, et mène depuis quelques années une carrière solo. Un soir nous parlions de nos préférences musicales : il me disait qu’il aime les mélodies françaises… et moi aussi ! et dommage qu’on ne les joue pas assez souvent dans les récitals. En poursuivant la discussion, il m’indique qu’il peut jouer à la harpe cet air-ci, et cet autre aussi… alors je lui dis : « quoi ? montre-moi ! » J’étais très étonnée des capacités de la harpe comme instrument, à la fois solo et accompagnateur. Etonnée aussi de la force de cet instrument, il n’est pas restreint à de gentilles cantilènes à jouer au clair de lune ! A côté des compositeurs français, nous avons essayé Mozart, Schubert, Schuman, et aussi Richard Strauss qui convient magnifiquement. Le programme de notre récital est allemand et français en deuxième partie, et montre toutes les facettes de l’instrument… et de ma voix j’espère ! Une question plus personnelle, vous êtes mariée avec le baryton-basse Nicolas Testé, essayez-vous de chanter ensemble sur certaines productions ? Oui, pour les prochaines années nous avons réussi à planifier nos agendas afin de passer notre temps ensemble, dans les mêmes régions, dans les mêmes théâtres, et aussi parfois sur les mêmes productions. A New-York, Nicolas faisait la couverture de Méphistophélès. L’année prochaine au Met il chante Colline dans Bohème tandis que je me produirai dans Sonnambula, et prochainement à Berlin il chantera dans Lucia et moi dans Traviata. Nous chantons régulièrement ensemble en récital, et nous serons aussi ensemble à l’affiche du Theater an der Wien au mois d’octobre prochain. Il s’agira de la première mondiale de A Harlot’s Progress du jeune compositeur Iain Bell ; cet opéra est un peu – si l’on veut – la « sœur » du Rake’s Progress de Stravinsky. J’y chanterai le rôle principal et Nicolas plusieurs rôles de basse. Propos recueillis par François Jestin Grand Théâtre de Genève, le 24 mai à 19h30 (billetterie : 022/322.50.50 et www.geneveopera.com/) n 21 o p é r a au grand théâtre de genève Leonardo Garcia Alarcon Argentin d’origine, Leonardo García Alarcón est aussi Genevois, puisqu’il réside dans la cité des bords du Léman depuis de nombreuses années. Ce tout jeune chef baroque essaime son inlassable talent, du festival d’Ambronay à celui d’Aix-en-Provence, à la tête de l’ensemble Cappella Mediterranea, qu’il dirigera le 12 mai prochain en accompagnant Anne Sofie von Otter. Juste consécration, il vient de recevoir à Paris le Grand Prix 2013 de la Presse Musicale Internationale. C’est au cours de la remise de ce prix que nous l’avons rencontré. Il y a, au plan musical, des ponts entre Genève et l’Argentine. Pouvez-vous y revenir ? 22 Ces ponts sont nombreux. Peu de gens savent, par exemple, que l’Orchestre de la Suisse Romande a été fondé grâce à l’aide financière d’une dame de Buenos Aires, qui était, pour la petite histoire, la maîtresse d’Ansermet. On possède des lettres d’Ansermet qui s’adresse à elle en ces termes : “ Vous savez, la Suisse n’est pas un pays aussi riche que l’Argentine… ” Ce qui aujourd’hui peut surprendre, mais vers 1918 était tout à fait vrai. Les retournements de l’Histoire ! Puis il y a eu la grande période de Carlos Kleiber, Daniel Barenboim et Marta Argerich, dans les années 80, artistes argentins de réputation mondiale qui n’ont pas pu, bien entendu, ne pas passer par Genève. On pourrait multiplier les exemples, car la tradition musicale est longue en Argentine. Et pour vous-même, qu’en est-il ? J’ai reçu ma première formation musicale en Argentine, mais je dois à Genève de l’avoir complétée, au Conservatoire et au Centre de Musique Ancienne. J’ai alors été pendant huit ans organiste dans un temple calviniste de la ville, ce qui était idéal pour moi qui suis nourri de Bach depuis ma petite enfance. En Europe, mais surtout en Suisse, je dois d’avoir pu rencontrer, et même travailler avec, Gardiner, Savall, Herreweghe... Ma collaboration avec Gabriel Garrido a été sur ce point déterminante, qui m’a lancé dans la carrière. Parlez-nous des particularités des musiques baroques des Amériques… Il est intéressant de noter que les instruments en Amérique latine conservent toujours l’héritage baroque. Les violons continuent à être portés de e la même façon qu’il y a trois siècles. Le charango, instrument typique actuel des Amériques, dérive de la vihuela, l’ancêtre espagnol de la guitare. N’oublions pas que la guitare était très utilisée à ce moment en Europe, comme les quatre guitares obligées dans les opéras de Lully ! Les harpes paraguayennes, autre exemple, restent identiques aux harpes baroques italiennes. Le clavecin a aussi survécu très longtemps. Car ces pays n’ont pas véritablement connu le romantisme comme en Europe, période qui correspond chez nous au moment de l’indépendance. C’est ainsi qu’en musique, la technique baroque a subsisté. Un exemple : le folklore est très assimilable à un répertoire espagnol des XVIe et XVIIe que l’on appelle tonadas, tonos ou tonos humanos, du temps des littérateurs Calderón et Quevedo. Une sorte de miracle de conservation ! Alors que l’Europe avait perdu cette filiation. Vous souhaitez, semble-t-il, défendre davantage les musiques de votre continent d’origine… J’ai quelques projets. J’aimerais faire des concerts relatifs aux musiques des Jésuites en Amérique : de formidables chœurs à trois ou quatre voix, d’une science inimaginable, comme ceux de Juan de Araujo ou Domenico Zipoli à la fin du XVIIe siècle. Dites-nous quelques mots de l’opéra de Cavalli que vous allez donner, et recréer, au prochain festival d’Aix… Elena de Cavalli serait l’un des premiers opéras-comiques de l’Histoire. La trame est absolument délirante. L’équivalent de la Belle Hélène ! Et quelle musique ! Mais comme toujours chez Cavalli, il y a une prépondérance du récitatif. Je fais une grande confiance à Jean-Yves Ruf, un metteur en scène très intéressant qui, à mon avis, va dans le sens de la lecture musicale. Je crois au succès de l’entreprise, et ce sera certainement une forme de révélation. Jusqu’à présent vous avez surtout joué le répertoire baroque italien, espagnol n t r e Leonardo Garcia Alarcon © Jacques Verrees ou des Amériques. Mais vous êtes en passe de l’élargir... J’ai effectivement le projet d’aborder le XIXe siècle et le XVIIIe siècle tardif. J’ai déjà commencé avec Rossini, La Cambiale di matrimonio, que j’ai donnée avec l’Académie d’Ambronay à Ambronay et à Versailles. Je pense m’attaquer maintenant à Bellini, pour retrouver les ornements à la manière de Chopin. Puis à Mozart, à commencer par Idomeneo. Mais il y aura une place pour Piccini, le rival de Gluck, et également Cherubini. Ce qui m’amène tout naturellement à Méhul, sa première symphonie, et à Berlioz, Harold en Italie, que je vais bientôt exécuter au concert. Vous résidez à Genève. Comment cela se passe-t-il ? À Genève, ce qui est formidable c’est que l’on peut transporter avec soi ses origines. C’est une ville fortement cosmopolite. La ville m’a reçu comme professeur au Conservatoire, où j’ai pu créer une classe de chant baroque qui n’existait pas auparavant. Cette ouverture, ce regard vers le futur et les idées nouvelles, je ne suis pas sûr que d’autres cités l’offrent à ce degré. J’ai été adopté par ce pays et je l’ai adopté. Je suis Argentin, mais il possible que dans deux ans j’acquière la nationalité suisse. Propos recueillis par Pierre-René Serna Le 12 mai, Leonardo Garcia Alarcon dirigera La Cappella Mediterranea lors du récital que donnera la mezzo-soprano ANNE SOFIE VON OTTER au Grand Théâtre de Genève à 19h30. L’artiste lyrique interprétera des airs (Monteverdi, Cavalli, Provenzale, Rossi...) du baroque italien tirés de son dernier CD Sogno Barocco. Billetterie : 022/322.50.50 et www.geneveopera.com Le 14 mai, les mêmes artistes se produiront avec le même programme à la salle Gaveau à Paris. t i e n o p é r a chat botté et américaine à genève Stéphanie Lauricella La jeune mezzo coloratur américaine de 28 ans Stéphanie Lauricella, membre de la troupe des jeunes solistes, sera le Chat botté au Grand Théâtre. Entretien. A la fin de son engagement à Pittsburgh, elle a passé une audition en présence de Tobias Richter aux Etats-Unis, à l’issue de laquelle elle a obtenu cet engagement. Cela lui semblait être l’occasion d’établir des contacts professionnels en Europe, de chanter de nouveaux rôles et d’apprendre le français ! Elle ne l’a étudié que peu au collège mais compte beaucoup sur son nouvel entourage, sur la télévision et les CDs pour s’améliorer. Un séjour en Europe est aussi une bonne carte de visite qui a de l’importance aux USA, d’ où son agent peut lui organiser des auditions. Elle n’est à Genève que depuis janvier 2013 et déjà elle a pu faire ses preuves dans l’une des filles du Rhin du Rheingold ; bientôt elle incarnera la deuxième Dryade de Rusalka et participera à la Walkyrie. Les Genevois l’ont entendue également lors de la journée portes ouvertes dans deux airs, l’un de la Cenerentola, dont elle a déjà interprété le rôle, et l’autre de Roméo et Juliette. A Genève, les jeunes solistes ne bénéficient pas de cours mais travaillent uniquement sur les parties qu’ils auront à tenir. Ils se préparent aussi pour leurs projets personnels, mais sous leur propre responsabilité et à leurs frais. Stéphanie Lauricella Stéphanie Lauricella ne connaît pas encore ses collègues, car elle est la dernière arrivée, au milieu de la saison. Elle a hâte que cela change, grâce au Chat botté. Une chance pour elle que son premier opéra en français soit destiné aux enfants : le texte est simple et la musique charmante. Elle a pu aussi trouver de l’aide en regardant le DVD du spectacle de l’Opéra National du Rhin. Que pense-t-elle de Genève ? Elle se sent bien dans son petit appartement peu éloigné du théâtre, trouve la ville belle mais chère et s’étonne de la tranquillité la nuit. Lorsqu’elle ren-tre le soir, il n’y a personne dans les rues ! Evidemment cela change de New York… ! Souhaitons-lui bonne chance, en particulier pour son premier Compositeur (Ariane à Naxos) en Virginie (janvier 2014) et pour une carrière similaire à celle de Joyce di Donato, son modèle. D’après des propos recueillis et traduits par Martine Duruz «Le Chat Botté» à l’Opéra National du Rhin, photo alain Kaiser Le Chat botté, pour les enfants au Grand Théâtre L’œuvre du compositeur russe d’ascendance française, César Cui, membre du groupe des Cinq, sera représentée au Grand Théâtre les 11 17 et 18 mai à 19h30 et pour les écoles le 17 à 10h et 14h30. Cette année 2013 est l’occasion de fêter le centième anniversaire de sa création, qui fut précédée en 1911 par Le Petit Chaperon rouge, premier essai de Cui dédié aux enfants. La partition originale du Chat botté a disparu et seule une version pour chant et piano subsiste. Le Grand Théâtre a chargé la compositrice russe Elena Langer de réaliser une version orchestrale pour l’Orchestre du Collège de e n t r Genève. Ce dernier sera placé sous la baguette de Philippe Béran, qui dirigera aussi les solistes, dont la plupart font partie de la jeune troupe en résidence du Grand Théâtre, et la Maîtrise du Conservatoire populaire de musique, danse et théâtre. Jean-Philippe Delavault, à qui l’on doit la traduction française et l’adaptation du livret, nous dit dans ses notes de mise en scène : « Le conte du Chat botté (…) est une apologie de l’ambition dans tout ce qu’elle a de meilleur.(…) Le talent peut braver et vaincre les barrières sociales : c’est le message résolument optimiste qu’il nous délivre. » Les décors de Caroline Ginet ont été inspirés par les gravures de Gustave Doré illustrant les e t i e contes de Perrault et le style théâtral des gravures du XIXe siècle. Les costumes de Sue Lecash, plus symboliques qu’historiques, ont puisé à la même source d’inspiration. La distribution sera la suivante : le Chat, Stéphanie Lauricella ; Jean, Fabrice Farina ; le 2e Frère et l’Ogre, Khachik Matevosyan, le Frère aîné , Romaric Braun ; le Roi, Marc Scoffoni ; la Princesse, Elisa Cenni. Aucun risque d’ennui, le spectacle ne dure qu’une heure, une heure de rêve et d’enchantement pour les uns, de réflexion psychanalytique pour les autres, selon les natures… MD n 23 o p é r a bossu, laid, sensible, plein d’énergie et de force pour se défendre et lutter, qui a pitié de luimême mais n’est pas exempt de culpabilité. Son costume brillant lui sert à cacher sa difformité. Les autres rôles d’importance seront tenus par Ricardo Mirabelli (le Duc), Rosa Elvira Sierra (Gilda) et Anita Dafinska (Maddalena). L’orchestre symphonique de Bienne sera dirigé par Franco Trinca. vernier Rigoletto Les 31 mai, 2 et 4 juin, Vernier présente à la Salle des Fêtes du Lignon Rigoletto de Verdi, une production du Théâtre Bienne-Soleure, dans une mise en scène de Beat Wyrsch. Le Théâtre Bienne-Soleure Beat Wyrsch est Directeur, depuis la saison 2007-2008, du théâtre Bienne-Soleure, et Rigoletto sera sa dernière intervention avant son départ à la retraite. Scènes Magazine lui a posé quelques questions sur la production que les Genevois découvriront bientôt, sans avoir besoin de voyager : 24 Le spectacle est actualisé et se déroule dans les années 50. A l’origine, l’action - dont le livret est dû à Francesco Maria Piave d’après Le Roi s’amuse de Victor Hugo - se situe à la Renaissance. Beat Wyrsch a choisi une époque plus proche de nous pour éliminer la distance historique, sans en faire toutefois un drame d’actualité. Plus que la fresque politique ou sociale, ce qui compte pour lui, c’est la psychologie des personnages et les relations entre eux. Ils sont en lien avec notre époque. L’idée de base est celle du théâtre dans le théâtre. Deux mondes s’opposent : celui de la cour et celui de Rigoletto et de sa fille. Le Duc veut, en enlevant Gilda, la faire passer brutalement d’un monde à l’autre. Son père ne parvient pas à la protéger de l’univers de la frivolité et des plaisirs, univers dans lequel il évolue pourtant lui-même et se laisse contaminer par la méchanceté et les mensonges des courtisans. Il deviendra même criminel au moment où il donne au spadassin Sparafucile l’ordre de tuer le Duc. Le personnage est donc ambigu, partageant son existence entre son logis modeste où il enferme sa fille pour préserver sa e «Rigoletto» © Edouard Rieben pureté, et la cour où il exerce la fonction du bouffon sarcastique et sans pitié. Les chanteurs sont ou ont été membres de la troupe du Théâtre Bienne-Soleure. Le metteur en scène les connaît bien et a travaillé avec eux dans une atmosphère familiale ; le baryton italien Michele Govi par exemple, interprète du rôle-titre, avait participé à sa réalisation des Due Foscari de Verdi. Il sera un Rigoletto vieux, n t r e L’exiguïté des scènes de Bienne et Soleure n’a jamais été un problème pour Beat Wyrsch, puisqu’en tant que fondateur du Pocket Opera en Allemagne, il avait déjà l’habitude des surfaces limitées. Cela donne, dit-il, la possibilité de se concentrer sur les personnages plutôt que sur les décors et la machinerie. Précisons que depuis 1998, l’Ensemble dispose pour les grands opéras du cinéma Le Palace qui offre 550 places. Les saisons sont établies en fonction des dimensions de la scène mais aussi bien sûr du public local. Dans le passé, des expériences ont été faites mais se sont révélées peu concluantes : c’est pourquoi la musique contemporaine n’est plus envisagée aujourd’hui. En revanche le public se montre intéressé par les œuvres relativement peu connues, comme La Cecchina de Piccinni, ou Antigono de Josef Myslivecek (compositeur praguois du 18ème siècle) ou Die Weisse Rose de Zimmermann. D’après des propos recueillis par Martine Duruz 31 mai, 2 et 4 juin. Salle des Fêtes du Lignon à 20h, dim à 15h (www.vernier.ch/billetterie, ou Stand Info Balexert) t i e n o p é r a une rareté à vevey La Cecchina Hôte d’un soir du Théâtre de Vevey, la troupe lyrique du Théâtre de Bienne-Soleure y présente le mercredi 22 mai prochain sa production maison de La Cecchina ossia la buona figliola, drama giocoso en trois actes de Niccolò Piccinni sur un livret de Carlo Goldoni, dans une mise en scène d’Alexander von Pfeil, avec Harald Siegel à la tête de l’Orchestre symphonique de Bienne. Une œuvre emblématique d’un genre hybride appelé à connaître un large succès : l’opera semiseria. Le compositeur La Cecchina a connu pendant plus de vingt ans un succès fulgurant en Europe après sa création à Rome en 1760. Elève à Naples de Leo et de Durante, Piccinni composa plus de cinquante opéras, consacrant la naissance d’un genre, l’opera semiseria, dont La Cecchina est un des premiers et plus parfaits exemples. Invité à Paris par Marie-Antoinette, Piccinni y entretiendra des relations amicales avec Gluck, en dépit de la fameuse Querelle des gluckistes et des piccinnistes qui les confronta entre 1775 et 1779. Héros malgré lui des adeptes de l’opéra italien opposés à ceux de la tragédie lyrique à la française – querelle sans vrai vainqueur, quand bien même Gluck s’imposera comme le grand rénovateur de l’opéra français - Piccinni retournera à Naples à la Révolution, mais reviendra en France en 1798, pour y devenir, peu avant sa mort en 1800, inspecteur de l’enseignement au Conservatoire. Apprécié de Haydn, qui monta La Cecchina à Eszterhazà, mais aussi de Mozart dont La Finta Giardiniera, en 1775, est elle aussi basée sur ce même type de livret – Sandrina y étant en réalité une comtesse – Piccinni était surtout tenu en haute estime par Rossini, dont un des ouvrages est lui aussi estampillé semiseria : La gazza ladra de 1817. L’œuvre Le marquis de la Conchiglia, qui aime Cecchina, la jardinière du château, est en butte aux intrigues de son entourage, qui cherche à tout prix à mettre fin à cette idylle inconvenante jus- a c t u qu’à l’arrivée de Tagliaferro, un soldat allemand qui révèle que son colonel et baron, vingt ans plus tôt, avait perdu une petite fille reconnaissable à une tache lie de vin sur son sein. Or il s’avère que la petite Mariandel n’est autre que Cecchina ! Rien ne s’opposera dès lors à ce que «La Cecchina» © Edouard Rieben les tourtereaux convolent en justes noces ! Sur cette intrigue convenue, Piccinni a composé une musique qui ne manque pas de moments forts. Notamment, au premier acte, l’air de Cecchina Una povera ragazza et le Finale, très dramatique, avec une alternance de tonalités majeures pour suggérer l’hostilité des gens du château et mineures pour traduire les implorations de Cecchina. a l i t Au 2e acte, trompette et trombone marquent l’arrivée de Tagliaferro, avec un comique que Haydn reprendra dans l’Infedelta delusa, consistant à mélanger l’italien et l’allemand. Cet acte marque aussi le point culminant de l’opéra, avec le récitatif et l’air d’inspiration populaire Vieni, il mio seno, doté d’un accompagnement comportant des instruments traditionnels napolitains, comme le colascione, la mandoline et le mandolone. A la fin de l’acte, la confusion est à son comble et les fils de l’intrigue déjà dénoués. Au 3e acte, on peut relever les effets comiques d’imitation du bruit du canon de l’air guerrier de Tagliaferro Ah, comme tutte je consolar, dont Haydn, encore lui, se souviendra dans son Incontro improviso, en 1775. La production biennoise Donnant régulièrement leur chance à de jeunes artistes, le Théâtre de Bienne-Soleure achève avec La Cecchina une saison lyrique qui a enchaîné les chefs-d’œuvre : Idomeneo de Mozart, Eugène Onéguine de Tchaïkovski, Hänsel et Gretel de Humperdinck, le Pays du Sourire de Lehar et Rigoletto de Verdi. En tête de la distribution de La Cecchina, on trouve la soprano portugaise Raquel Camarinha, qui s’est déjà distinguée dans des rôles aussi divers que Tatiana de Fairy Queen à Bienne déjà, Eurilla d’Orlando Paladino de Haydn au Châtelet, ou encore Pamina, Zerlina, Eurydice d’Orphée aux Enfers et Polly de Dreigroschenoper. A ses côtés, on trouvera des chanteurs expérimentés comme Rosa Elvira Sierro (Lucinda) ou William Lombardi (le Marquis), ainsi que de jeunes interprètes issus du Studio suisse d’opéra de Bienne. A noter encore que le metteur en scène allemand Alexander von Pfeil a choisi de moderniser l’action. Il la situe au début de XXe siècle, époque où la hiérarchie entre aristocrates et serviteurs était encore très stricte. Décors et costumes sont de Piero Vineiguerra. La Cecchina est jouée 15 fois entre le 12 avril et le 7 juin : 8 fois à Bienne, 5 fois à Soleure, 1 fois à Burgdorf et à Vevey. Yves Allaz Réservation pour Vevey : 021.925.94.94 www.billetterie.theatredevevey.ch Réservation pour Bienne : 032.328.89.79 www.theater-biel.ch é 25 o p é r a opéra de lausanne Prochaine saison lyrique Rentré dans ses murs en automne dernier, l'Opéra de Lausanne a volé de succès en succès pendant sa première saison jouée dans un théâtre dont l'équipement technique a été entièrement rénové. La saison prochaine est une période de consolidation, assortie d'une prise de risques calculée, qui verra un nombre important de productions étrennées sur la scène vaudoise avant de partir à l'étranger vers les théâtres coproducteurs comme l'Opéracomique de Paris ou l'Opéra Royal de Wallonie. 26 La recette qui a conduit au succès actuel d'une programmation où quasiment toutes les grandes productions lyriques affichent complet sera reprise l'an prochain. Aux vedettes confirmées se joignent quelques jeunes chanteurs aux talents prometteurs qui trouvent à Lausanne l'occasion idéale d'élargir leur répertoire dans des conditions de répétitions que beaucoup de grands théâtres ne peuvent tout simplement pas s'offrir. Programmation L'ouverture des feux aura lieu le 4 octobre avec Lakmé de Leo Delibes, un titre qui a connu d'innombrables reprises sur les scènes françaises jusque dans les années qui ont suivi la fin de la deuxième guerre mondiale avant de sombrer dans une somnolence dont on l'arrache trop peu souvent eu égard à ses grands mérites musicaux. Tout le monde connaît, certes, le duo des fleurs (qui a servi de musique de fond à une campagne de publicité pour une grande compagnie aérienne britannique) ou le non moins célèbre “Air des clochettes“ dont Maria Callas avait fait un tube dans sa version en langue italienne, évidemment). Mais l'œuvre ne se limite pas à ces deux airs; elle est riche de trésors oubliés, même si le livret est marqué au sceau d'une condescendance apitoyée de colons insolents qui se croient tout puissants envers ces 'gentilles' populations autochtones considérées comme primitives... Or, dans les faits, il s'agit tout de même d'une intrigue qui se déroule aux Indes! L'héroïne sera incarnée par une jeune soprano coloratur prometteuse, Julia Bauer, alors que le rôle de Nikalantha sera confié au baryton russe Daniel Kolossov, qui vient d'incarner sur ces mêmes planches Angelotti dans Tosca avant de repren- a dre le rôle de Bartolo dans la série de représentations des Noces de Figaro qui clôt cette saison. Le ténor, à qui sont dévolues quelques très belles mélodies au charme à la fois suranné et envoûtant, aura les traits et le gosier agile de Christophe Berry, un artiste déjà présent à Lausanne dans Roméo et Juliette et, plus récemment, L'Aiglon. La mise en scène a été confiée à Lilo Baur, une comédienne et metteuse en scène suisse qui travaille essentiellement à Londres et dont les états de service sont déjà fort impressionnants, même si elle n'a pas encore amassé une grande expérience sur les planches lyriques. Pour les Fêtes, le choix de la Direction s'est porté sur un titre qui, lui aussi, fut extrêmement populaire (qui n'a jamais fredonné : “Je suis Sébastien Guèze fera partie des «Mousquetaires au couvent», en fin d’année c t u a l'abbé Bridai-ai-ai-ne...“ ?) avant de sombrer dans un relatif oubli : Les Mousquetaires au Couvent de Louis Varney. L'intrigue de cet opéra comique à la musique originale et aux raffinements musicaux inattendus dans ce type de répertoire rappelle de loin celle du Comte Ory de Rossini avec ses gais lurons déguisés en pieuses nonnes pour retrouver leurs amoureuses qu'on essaie d'arracher à leurs griffes avides de sang frais ! La mise en scène en sera réglée par Jérôme Deschamps, l'actuel directeur de l'Opéra-comique de Paris et réunira une brochette de chanteurs français connus parmi lesquels on retrouve avec plaisir Franck Ferrari dans un des rôles principaux (il incarnait notamment Belcore dans le spectacle de réouverture en octobre 2012); il sera secondé dans ses entreprises audacieuses par Sébastien Guèze (Fritz dans La Grande duchesse de Gerolstein en décembre 2011), un des talents les plus prometteurs de la jeune génération. Le soprano italosuisse Laurence Guillot sera Marie de Pontcourlay (on la remarqua surtout en Wanda dans cette même Grande duchesse) alors que la cantatrice Antoinette Dennefeld sera sa malicieuse sœur, Louise. La direction musicale est confiée à Philippe Béran, qui fut en charge des deux dernières éditions de La Route Lyrique organisée tous les deux ans par l'institution lausannoise. L'Opéra de Fribourg refera une halte à Lausanne en janvier, pour présenter une œuvre peu connue d'Offenbach, Le Voyage dans la lune; il s'agit d'un opéra féerie en quatre actes et ... vingt-trois tableaux créé en 1875. Son livret, bien évidemment, exploite de façon assez irrévérencieuse le formidable succès remporté par le roman que Jules Verne avait publié dix ans auparavant. En février, les enfants seront à la fête avec le fameux Hänsel et Gretel de Humperdinck, un opéra qui est inséparable de Noël dans les théâtres de langue allemande mais dont le succès reste confidentiel dans les pays de langue française. Il s'agira non de la version originale (écrite pour un orchestre de proportions presque wagnériennes) mais d'une réduction dont l'instrumentation a été réalisée par Pierre Ruscher; l'OCL lui-même se chargera d'accompagner ce spectacle qui promet d'émerveiller grands et petits. Les rôles principaux de cette réalisation, qui sera chantée en français pour l'occasion, seront tenus par Carine Séchaye, Céline Mellon et Isabelle Henriquez en Sorcière. Mars verra le retour à l'affiche, dans une nouvelle production, de Luisa Miller de Verdi l i t é o p é r a avec Giuseppe Gipali (Pollione dans Norma et Manrico dans Il trovatore à Lausanne au cours des saisons passées) et Alexia Voulgaridou (qui fit une brève apparition dans le rôle titre de la récente Tosca sur la scène de Georgette). Le rôle capital du Comte Walter sera confié à la célèbre basse italienne Giovanni Furlanetto alors que la duchesse Frederica aura la voix de Marie Karall, une ancienne membre de l'Envol. La direction orchestrale est assurée par Roberto Rizzi Brignoli, également entendu à Lausanne dans les titres susmentionnés alors que cette nouvelle mise en scène verra revenir à Lausanne Giancarlo del Monaco (qui a eu la charge de la récente Tosca). Après une reprise à fin avril du Barbier de Séville déjà applaudi ici dans cette même mise en scène d'Adriano Sinivia, la saison se terminera sur une autre rareté : l'opéra comique Die lustigen Weiber von Windsor d'Otto Nicolaï d'après Shakespeare. Le compositeur, peu connu, est surtout entré dans l'histoire de la musique pour avoir refusé le livret de Nabucco, qu'il jugeait faible et inutilement violent, avant que Verdi ne le transforme en ce joyau lyrique que l'on sait (l'ouvrage sera d'ailleurs présenté à Avenches en juillet prochain). Cette adaptation des Joyeuses commères de Windsor est sans conteste le chef-d'œuvre de son auteur : la ligne mélodique flirte ouvertement avec le style mozartien des derniers ouvrages lyriques du maître de Salzbourg alors que le livret, remarquablement construit, reste beaucoup plus fidèle à l'original élisabéthain que la version de Verdi, en conservant notamment la scène du deuxième déguisement de Falstaff en vieille tante radoteuse. Autour du Falstaff du grand Harry Peeters, souvent vu et entendu sur les En mars : récital du baryton Sebastian Geyer © Barbara Aumueller planches du Grand Théâtre, se groupera une belle brochette de chanteurs expérimentés pour satisfaire aux exigences non négligeables d'un style d'écriture passablement virtuose. Et encore ... Deux opéras en version de concert (L'Orfeo de Monteverdi avec l'Ensemble Elyma placé sous la direction de Gabriel Garrido en octobre et le rare Dorilla in Tempe de Vivaldi en mai avec I Barocchisti et Diego Fasolis) complètent l'offre purement lyrique. Il faut ajouter encore quelques concerts (en novembre, I Turchini placent leur programme sous le signe de 'Bach et la musique italienne' alors qu'en février 2014, la soprano française Sandrine Piau rendra un hommage appuyé à la musique baroque française - Rameau, Lully, Campra, Charpentier... - avec la complicité des Paladins). En mars, le pianiste Cédric Pescia accompagnera le baryton Sebastian Geyer dans l'indicible Voyage d'hiver de Schubert; enfin en avril, l'Ensemble Arc-en-Ciel confrontera les Quatre saisons de Vivaldi à celles de l'accordéoniste argentin Astor Piazzola sous un titre prometteur: Les huit saisons!.... Cerise sur le gâteau : après la venue à Lausanne en novembre de la troupe de flamenco dirigée par le chorégraphe sévillan Israel Galván qui présentera un ambitieux programme sous le titre Lo Real, les danseurs du Béjart Ballet reviendront à l'Opéra avec, à l'affiche, la reprise du grandiose Mandarin Merveilleux de Bartók, dansé dans les costumes d'Anna De Giorgi dessinés d'après les films de Fritz Lang. La première partie du programme est encore en cours d'élaboration. Éric Pousaz LAKMÉ : ve 4.10.13, 20h / di 6.10.13, 17h / me 9.10.13, 19h / ve 11.10.13, 20h / di 13.10.13, 15h LES MOUSQUETAIRES AU COUVENT: di 22.12.13, 17h / me 25.12.13, 17h / ve 27.12.13, 20h / di 29.12.13, 15h LE VOYAGE DANS LA LUNE : ve 17.1.14, 20h / di 19.1.14, 17h LUISA MILLER : ve 21.3.14, 20h / di 23.3.14, 17h / me 26.3.14, 19h / ve 28.3.14, 20h / di 30.3.14, 15h IL BARBIERE DI SIVIGLIA : di 27.4.14, 17h / me 30.4.14, 19h / ve 2.5.14, 20h / di 4.5.14, 15h / me 7.5.14, 19h DIE LUSTIGEN WEIBER VON WINDSOR : ve 6.6.14, 20h / di 8.6.14, 17h / me 11.6.14, 19h / ve 13.6.14, 20h / di 15.6.14, 15h Renseignements complets: www.opera-lausanne.ch/fr/spectacles/saison-2013-2014 En février 2014 : récital de la soprano Sandrine Piau a c t u a l i t é 27 o p é r a opernhaus zurich Trois Sœurs Péter Eötvös est un compositeur comblé; il compte au nombre des rares musiciens vivants dont les ouvrages lyriques sont très régulièrement mis à l'affiche des maisons d'opéra du monde entier. Ainsi en va-t-il de ces Trois Sœurs, d'après Tchekhov, qui ont déjà été représentées un peu partout, et dont c'était la première locale à l'Opéra de Zurich en mars... 28 Le spectacle est monté uniquement avec des chanteurs qui font partie de la troupe permanente de l'Opernhaus. Et le résultat est tout simplement brillant : aucun des treize rôles ne dépareille un ensemble de voix à la fois brillantes et souples, qui se mettent sans retenue au service d'une écriture exigeant des prouesses de la part des artistes qui s'y attaquent. L'œuvre ne raconte pas directement l'intrigue ténue du chef-d'œuvre de Tchekhov. Elle commence par un Prologue, qui nous montre les trois sœurs esseulées, restées pour compte dans cette propriété de campagne qu'elles en sont venues à détester. Puis, en trois séquences, on raconte trois fois la même histoire d'espoirs déçus et de solitude grandissante en s'attachant chaque fois à un autre personnage. La fin de l'ouvrage, sous forme de long point d'orgue orchestral sur lequel se greffent des paroles incohérentes dites plutôt que chantées, laisse le spectateur dans le vague : à lui de trouver une conclusion qui paraisse satisfaisante à cette situation dramatique sans issue... Le langage musical du compositeur hongrois est peu agressif; il fait la part belle aux peintures orchestrales suggestives, travaille le détail avec un goût marqué pour la culture du beau son (à chaque personnage est attaché la voix d'un instrument particulier...) et parvient, sans recourir à la mélodie, à donner un profil accusé à chacune des situations dépeintes. On retrouve donc, comme dans tout opéra romantiques, des scènes d'amour passionné, des ruptures tragiques ou encore des commérages de gens que taraude l'ennui : tout cela est pourtant mis en œuvre sans que l'oreille puisse franchement discerner un motif qu'elle retiendrait. Il s'agit ainsi plus d'une ambiance musico-dramatique que d'un vrai drame musical: dans la fosse, une peti- te formation de dix-huit musiciens (cuivres et vents) veillent à croquer le portrait psychologique des personnages, alors qu'un grand ensemble symphonique fort d'une cinquantaine d'instrumentistes, est, lui, placé sur le fond de la scène où il ajoute du la chair au corps instrumental relativement modeste relégué en fosse. La mise en scène de Herbert Fritsch séduit au premier abord, puis irrite. Le décor, qu'il a lui-même dessiné, reste très simple: il est fait de panneaux de bois coulissants qui permettent l'apparition et la disparition soudaines des personnages par simples glissements tout en laissant voir l'appareil instrumental installé sur le fond du plateau. Les costumes somptueux de Victoria Behr transforment les femmes en poupées russes géantes aux coiffes démesurées alors que ceux des hommes se limitent aux traditionnelles casaques paysannes auxquelles se mêlent divers uniformes d'inspiration militaire. La gestuelle est systématiquement grotesque: les personnages se meuvent avec peine, tels des handicapés ou des ivrognes invétérés. Toujours en équilibre instable, ils chutent de façon réitérée, laissent tomber les objets qui leur sont confiés, se groupent et se regroupent avec des gestes saccadés, comme s'ils n'étaient que des marionnettes dont les fils se seraient emmêlés. L'humour n'est bien sûr pas absent, mais pourquoi terminer la représentation sur un gag aussi gros, consistant à demander à tous les acteurs et musiciens, chefs d'orchestre et souffleur compris, de prendre congé des spectateurs en leur faisant d'interminables signes de la main comme si l'on se trouvait sur un quai de gare, devant un train en partance qui ne parvient pas à démarrer ? La musique est, elle, admirablement servie par ces deux ensembles instrumentaux dont les chefs, Michael Boder et Peter Sommerer, font fusionner les timbres avec une précision remarquable. Sur le plateau, ce sont tous les chanteurs qu'il faudrait mentionner; on se contentera des trois sœurs incarnées ici par Ivana Rusko, une Irina au bord de la crise de nerfs dont chaque aigu est placé avec une précision implacable, Anna Goryachova, une Mascha au timbre profond mais d'une admirable légèreté, et Irène Friedli, une Olga ici réduite à faire de la figuration par une partition qui ne la gâte pas particulièrement. Rebeca Olvera, dans le rôle de l'insupportable et niaise belle-sœur Natacha, fait, elle, un grandiose numéro de mijaurée aux accents ravageurs, puissants et délicieusement insupportables. Du côté des hommes, on remarque surtout l'Andreï profond, au chant noble, d'Eliot Madore et le Docteur au timbre de ténor fluet mais perçant de Martin Zysset. En bref : une grande soirée en compagnie d'un des tout grands compositeurs de l'époque actuelle.. Parsifal d'anthologie «Trois Sœurs» avec Anna Goryachova (Mascha), Ivana Rusko (Irina) et Irène Friedli (Olga) © Hans Jörg Michel a c t La mise en scène de Claus Guth n'est pas neuve, mais elle n'a rien perdu de son actualité depuis sa création il y a deux ans. Elle fait de Parsifal un être naïf, manipulé, qui se mue au troisième acte en homme providentiel prêt à tenir les rênes du pays d'une main de fer comme ce fut le cas en Italie et en Allemagne dans un passé encore assez récent. La scène tournante présente une sorte d'établissement médico-social où sont soignés les rebuts humains de la guerre. Dans ce monde de désolation, la femme est à la fois la mère qui soigne et la séductrice qui fait oublier le présent sous ses caresses. Lorsqu'à la fin Parsifal enfonce sur sa tête sa nouvelle casquette de général, Kundry est la dernière femme encore présente sur le plateau : dépitée, elle empoigne sa valise et disparaît de ce monde où elle n'a plus sa place. La soirée est musicalement d'une perfection rare. Angela Denoke incarne une pécheresse séductrice au timbre vibrant et radieux, chargé d'une séduction lascive de la meilleure veine dans l'acte central. Stuart Skelton, en Parsifal, lui donne la réplique de son timbre clair, parfaitement maîtrisé jus- u a l i t é o p é r a qu'à l'apothéose finale qu'il domine avec éclat sans manifester un quelconque signe de fatigue. JanHendrik Rootering en Gurnemanz séduit par son émission flamboyante, à la fois véhémente et chaleureuse, mais peine à tenir le cap dans un 3e acte qui le force à puiser dans ses dernières réserves. Detlef Roth, un Amfortas au chant désespéré d'une admirable ampleur, et Pavel Daniluk, un «Parsifal» © Suzanne Schwiertz Titurel aux graves caverneux, s'opposent au Klingsor magnifique d'aplomb vocal du jeune Tobias Schabel qui fait encore partie de l'Opéra Studio zurichois... Les filles-fleurs, elles aussi membres de cette même troupe de jeunes espoirs du chant lyrique, déploient un tapis aux couleurs ensorcelantes sous les pas d'un Parsifal qui n'en peut plus tandis que le chœur renforcé de la maison régale l'auditeur d'un chant d'une précision à laquelle on n'atteint pas toujours dans des Maisons d'opéra autrement plus célèbres. Le chef finnois Mikko Franck fait lui aussi forte impression avec sa direction aérée, relativement rapide par instants, mais toujours soucieuse de donner un maximum de relief à l'accompagnement instrumental dont les commentaires se substituent souvent, comme il se doit, aux voix des solistes. Les membres de l'orchestre, en parfait accord avec la conception du chef, rivalisent de virtuosité pour donner un maximum de vie à cette soirée qui entrera sans aucun doute dans les annales du théâtre (23 mars) parodient les tics et mimiques des héros (chorégraphie de Ramses Sigl). La musique n'est pas reléguée pour autant au second plan. La distribution réunie pour l'occasion réalise de véritables prodiges dans ces airs où la difficulté technique tient souvent lieu de seul élément justificatif. Sonia Prina en Rinaldo semble même se délecter des chaînes de notes rapides que le compositeur s'est ingénié à incorporer dans le profil d'un des rôles parmi les plus difficiles, techniquement, de tout le répertoire. Son chant valeureux n'en reste pas moins poignant dans les rares instants où le musicien semble se rappeler que le personnage pourrait bien avoir une âme de temps en temps. Malin Hartelius se démène avec un humour distancié dans son portrait d'Armida, la sorcière amoureuse : le timbre est clair, l'émission facile, l'aigu triomphant. Jane Archibald en Almirena est plus convaincante dans la plainte que dans le défi, la voix marquant de curieuses déficiences dans le milieu de la tessiture lorsque le rythme s'accélère. Le baryton noir et agile Ruben Drole campe un Argante délicieusement braillard : le soin que met le chanteur à caricaturer ce portrait de méchant au cœur tendre ne se permet fort judicieusement aucune vulgarité dans la recherche d'effets. Le contre ténor Lawrence Zazzo se surpasse dans son portrait tout en nuances lumineuses d'un Goffredo légèrement dépassé par les événements alors que le mezzo soprano ambré, robuste mais remarquablement conduit d'Anna Goryachova élève presque le personnage d'Eustazio au rang de protagoniste tant le chant de cette jeune artiste est assuré et sa présence scénique rayonnante. L'Orchestre La Scintilla, constitué des membres du Philharmonia de Zurich qui se sont spécialisés dans la pratique de la musique sur instruments anciens, a acquis en quelques années une patte qui lui permet de rivaliser Un Rinaldo à voir et revoir Haendel a écrit Rinaldo pour convaincre le public londonien, jusqu'alors réticent, de la suprématie de l'art lyrique italien sur les masques musico-dramatiques de tradition anglaise, dont The Fairy Queen de Purcell est l'exemple le plus réussi. Le livret de ce premier essai lyrique écrit pour Londres n'est certes pas particulièrement bien construit, mais la succession d'airs d'une virtuosité affichée ne pouvaient qu'enthousiasmer un public qui allait, dans les années suivantes, se délecter de joutes vocales de plus en plus délirantes. La production zurichoise de Jens Daniel Herzog sur une idée de Claus Guth a pour principal mérite de prendre le livret pour ce qu'il est en adaptant avec humour les conventions de l'opéra baroque d'alors aux codes visuels d'aujourd'hui. L'action se joue dans un lieu impersonnel, aéroport ou grand hôtel international (décor de Christian Schmidt). Les comportements des protagonistes y sont aussi convenus et prévisibles que les rebondissements d'une action qui ne s'encombre pas de psychologie ou de vraisemblance dramatique, tandis qu'une troupe de danseurs aux gestes mécaniques a c t u a l «Rinaldo» avec Malin Hartelius et Ruben Drole © Suzanne Schwiertz avec les plus célèbres ensembles spécialisés dans ce répertoire. Sous la direction rapide mais superbement différenciée d'Ivor Bolton, les instrumentistes semblent vouloir constamment mêler leurs voix aux invraisemblables rebondissements scéniques et assurent leurs nombreux soli avec un aplomb théâtral qui fait d'eux de véritables interlocuteurs privilégiés des chanteurs. Une soirée à déguster sans retenue...(12 avril) Eric Pousaz i t é 29 o p é r a à vienne Fidelio revisité A plus de 80 ans, le chef autrichien Nikolaus Harnoncourt n'a rien perdu de son enthousiasme juvénile et n'a rien perdu de sa hargne à l'encontre des faux détenteurs d'une certaine tradition, faite selon lui d'un mélange de paresse intellectuelle et de superficialité dans le travail. Aussi se pose-t-il toujours en défenseur du retour aux sources dès qu'il en a la possibilité. 30 Lorsqu'on lui a offert la direction d'une nouvelle production de Fidelio au Theater an der Wien, scène sur laquelle l'ouvrage fut créé il y a près de 200 ans, il a aussitôt insisté pour redonner à la partition de Beethoven son aspect premier. Il rappelle volontiers à cet égard que ce compositeur est, par le style comme par la chronologie, plus proche de Weber ou Schubert que de Wagner. Et il s'étonne toujours d'entendre que l'on s'obstine aujourd'hui encore à distribuer les rôles principaux de l'unique opus lyrique du musicien à des Sieglinde, Wotan, Brünnhilde ou Siegfried ! Les chanteurs qu'il a sélectionnés, tous très connus dans le répertoire du préromantisme allemand, abordent ainsi pour la première fois ces emplois chargés d'une longue tradition erronée. Une fois la surprise de la première demi-heure passée, le public déchante rapidement car malgré les bonnes intentions des artistes dans la fosse comme sur le plateau, justice n'est pas rendue aux exigences techniques que l'écriture beethovénienne pose aux chanteurs. Les voix manquent tout simplement de puissance et d'éclat, sont noyées dans le commentaire instrumental et parviennent épui- sées au bout de ce qui s'écoute comme un long marathon particulièrement pénible. Les tempos choisis par le chef, très lents, ne leur facilitent pas la tâche et tendent à paralyser l'action au point de transformer l'opéra en oratorio, voire en séquelle de la Missa solemnis. Au final, la fatigue se marque sur les visages et se love dans les gosiers tandis que les spectateurs s'étonnent de s'ennuyer légèrement à ce qu'ils considéraient jusque-là comme un des grands chefs-d'œuvre du répertoire... Juliane Banse commence à marquer le pas dès son premier grand air ('Abscheulicher') dont elle vient à bout avec force reprise de souffle et coups de glotte disgracieux. Dans le deuxième acte, le chant devient gris, mat et peine à traduire la victoire acquise de haute lutte sur le Mal que personnifie ici un Pizarro dont le portrait reste à peine esquissé tant Martin Gantner possède une intonation hésitante et un phrasé mou. Michael Schade fait meilleure figure en Florestan mais ne parvient pas à tenir dans la durée et rejoint ses partenaires dans la grisaille d'un final sans dynamisme vocal. La Marzelline radieuse d'Anna Prohaska et le Rocco grognon mais vocalement assuré de Lars Woldt font heureusement contrepoint aux naufrages vocaux des titulaires des emplois principaux. Le chef, de son côté, prend son temps et fait sonner son orchestre avec un maximum de clarté afin de faire mieux apprécier l'originalité d'une écriture qui fait la part belle aux dissonances expressives et aux délicates différenciations d'atmosphère. L'orchestre sonne moins brillant que d'habitude, mais le son gagne en chaleur ce qu'il perd en éclat. Les choristes de l'Arnold Schoenberg Chor, mal disposés sur le plateau, ne font pas l'effet désiré dans les deux grandes scènes chorales et se fondent malheureusement dans la morosité ambiante. Quant à la mise en scène de Herbert Föttiger, elle impressionne par la beauté du décor choisi mais surcharge l'intrigue d'une foule de détails pittoresques qui finissent par faire perdre de vue le projet initial de Beethoven et de son librettiste. (19 mars) L'Egypte comme si vous y étiez Après cent représentations dans ce même décor, la direction de la Staatsoper viennoise a décidé de donner un coup de frais à un spectacle toujours aussi impressionnant par le caractère monumental de son illustration scénique comme par la foule de figurants engagés pour l'occasion. Nicolas Joël, l'actuel directeur de l'Opéra de Paris, a décidé de présenter une Aida sans chichis et raconte l'histoire avec panache et élégance. Chaque scène évoque à grands renforts de lourds praticables un nouvel aspect de la vie dans l'ancienne Egypte telle qu'on se la représentait au XIXe siècle avec ses architectures en ruines et ses grands espaces sablonneux désertiques que dore un soleil éclatant. On peut imaginer une approche qui interpellerait plus directement le spectateur d'aujourd'hui, mais il serait difficile d'imaginer faire mieux pour le séduire tout en l'impressionnant. La distribution est dominée par les femmes: le timbre de Kristin Lewis n'a certes rien d'inoubliable, mais ses pianissimi impalpables et ses moments d'éclat lors du grand final du 2e acte où elle domine facileTheater an der Wien : «Fidelio» avec Juliane Banse (Leonore) et Michael Schade (Florestan) © Herwig Prammer ment un chœur et un orchestre déchaînés a c t u a l i t é o p é r a PRODUCTION P RODUCTION SALZBURGER DU SALZBUR G R FESTSPIELE GER CONTE C ONTE LYRIQUE LY YRIQ QUE EN 3 ACTES Staatsoper : «Aida» avec Olga Borodina (Amneris), Kristin Lewis (Aida) © Wiener Staatsoper / Michael Pöhn font d'elle une des titulaires les plus convaincantes qui soient sur la scène d'aujourd'hui. Le mezzo-soprano de bronze d'Olga Borodina déploie des raffinements insoupçonnés pour croquer d'Amneris un portrait d'un panache racé; la voix, ronde et large, n'est jamais encombrée d'un vibrato excessif et restitue avec finesse toutes les nuances voulues par le compositeur même s'il lui faut pour ce faire sacrifier quelques effets qui lui auraient certainement assuré un triomphe encore plus marqué auprès d'un public conquis. Piero Giuliacci est un Radames à la peine dont le chant va en s'éteignant au fil de la représentation alors que l'Amonasro de Markus Marquardt fait de l'effet sans trop se soucier de varier son chant. L'ancien chef de l'OSR Pinchas Steinberg mène les instrumentistes et les choristes de la maison à un train d'enfer; la brutalité des attaques, la rapidité de la battue et une certaine propension à cultiver la puissance instrumentale pour sa pure beauté sonore donnent parfois du fil à retordre aux interprètes, qui se trouvent alors souvent en décalage avec l'orchestre, mais l'opéra y gagne en urgence dramatique et tient le public en haleine malgré les trop nombreuses interruptions nécessaires aux changements de décors aussi monumentaux. (20 mars) Eric Pousaz a c t u a l i t é Antonín A ntonín Dvořák Direction Dir ection n musicale Dmitri JJurowski urowski Mise en e scène scène Jossi Wieler Jossi W Sergio Morabito M Chœur du Grand G Théâtre Direction Dir ection Ch Ching-Lien hing-Lien Wu Wu Orchestre de la Suisse Romande 1133 A AU U 277 JUIN J 2013 www w..geneveopera.ch ra rra.ch a.ch .ch o p é r a la monnaie, bruxelles Le jeu de la dispute et de l’opéra A La Monnaie de Bruxelles vient d’avoir lieu la création de La Dispute, le nouvel opéra de Benoît Mernier. 32 Après JJR (citoyen de Genève) donné au Bâtiment des forces motrices l’automne dernier, le XVIIIe siècle a inspiré un autre opéra à un compositeur de notre temps, en l’occurence Benoît Mernier, dont La Dispute a été créée à La Monnaie de Bruxelles (nous avons assisté à la représentation du 13 mars). Cette fois cependant, il ne s’agit pas d’une partition fondée sur un livret original (comme l’était le scénario indigeste bricolé pour Fénelon par Ian Burton) mais de la mise en musique d’une pièce de Marivaux, La Dispute, étoffée de quelques scènes prises dans d’autres pièces du même Marivaux. L’intrigue est à la fois édifiante et cruelle. Le dieu de l’adoration constante (Amour) et celui de l’amour libertin (Cupidon) sont en pleine dispute (au sens de disputatio, débat) : qui, «La Dispute» de l’homme ou de la femme, est le plus prompt à l’infidélité ? A l’occasion d’une dispute (cette fois au sens de querelle) entre un Prince et sa fiancée Hermiane, ils se travestissent et imaginent un stratagème : deux filles et deux garçons parvenus à l’adolescence, mais élevés chacun séparément, loin du monde, vont faire connaissance avec leur reflet, avec l’autre, et découvrir du même coup l’émoi amoureux. Oui mais l’une des deux jeunes filles rencontrera plus a tard l’autre garçon. Désirs, promesses, trahisons, confusions. A la fin, la question posée ne trouvera pas sa réponse : Cupidon et Amour feront la paix. Provisoirement. Frottement Le premier opéra de Benoît Mernier, Frühlings Erwachen (L’Éveil du printemps, 2007), d’après la pièce éponyme de Frank Wedekind, traitait lui aussi de l’éveil des sens chez les adolescents mais dans une société corsetée (située vers 1900) et non dans un monde idéal, utopique et uchronique. Car il s’agit ici de retrouver l’une des obsessions du XVIIIe siècle, celle de la pureté des origines, de la vertu naturelle que le frottement avec la société, plus que l’éducation, mettra en péril. La mise en scène d’Ursel et Karl-Ernst Herrmann (ce dernier signant également les costumes, cependant que la première, avec la collaboration de Joël Lauwers, est la signataire du livret) est pleine d’intelligence et d’intuitions heureuses. Elle se déroule dans un espace clos : un jardin nocturne au centre duquel s’élabore une espèce de cube dans lequel évolueront les quatre personnages qui ont grandi à l’état de nature. On est touché par la manière dont les adolescents rient, sautent et se conduisent comme de petits animaux qui devinent peu à peu leur condition humaine. Le frottement des sentiments rejoint ici le frottement des corps. Contrairement à Philippe Fénelon qui, dans La Cerisaie cette fois (au Palais Garnier, en 2012), s’était laissé vampiriser par la petite musique de Tchekhov, Benoît Mernier mène le jeu et invente son propre lyrisme. Rien n’est c t u a écrit contre la voix et, sans qu’on puisse parler à proprement parler d’opéra à numéros, la partition fait se succéder des moments lyriques, des duos, des ensembles, des interludes orchestraux, des mélodrames. Malheureusement, les moments, trop nombreux, où la musique se tait (les voix autant que l’orchestre), rompent le charme. Le compositeur a-t-il craint qu’une pièce comme La Dispute, qui ne fait pas se succéder les péripéties dramatiques (on est loin de Rigoletto !) mais joue sur la finesse et l’ambiguïté du dialogue, ne puisse pas supporter un traitement musical continu ? Mozart avait trouvé la parade en demandant à Da Ponte, avec Cosi fan tutte, d’imaginer un livret original, et non pas inspiré d’une pièce, pour traiter une intrigue entièrement située dans l’âme et le cœur des personnages. Dominique Visse en particulier, qui joue le rôle d’Amour déguisé en Carise, le précepteur féminin, est en tant que contre-ténor particulièrement peu gâté. Quand les chanteurs parlent, par ailleurs, leurs voix sont nimbées d’un très léger halo comme si elles étaient tout à coup amplifiées. Émerveillement Ce qui n’empêche pas la distribution d’être entièrement convaincante, avec notamment Stéphanie d’Oustrac et Stéphane Degout, magnifiques d’élégance et de présence dans le rôle d’Hermiane et du Prince. Les quatre innocents qui découvrent la vie le font avec une fraîcheur désarmante : Julie Mathevet se révèle rapidement la plus coquette et la plus rouée des adolescentes, et Albane Carrère, Cyrille Dubois et Guillaume Andrieux jouent avec bonheur la carte de l’émerveillement et de la maladresse. L’orchestre jouit d’un traitement particulièrement soigné. Privé du moelleux de la grande formation symphonique (et c’est heureux, en l’occurrence), il est vif, acéré, mais ne couvre jamais les voix et se réserve quelques beaux moments à découvert qui ne sombrent jamais dans la démonstration. Le chef d’orchestre Patrick Davin rappelle qu’on ne retrouve pas chez Benoît Mernier les couleurs acides qu’il y a dans l’orchestre d’un Philippe Boesmans (avec qui Mernier a travaillé). L’affiche de cette Dispute représente un œuf en train de se fendre au moment où va sortir le poussin : elle est à l’image de la naissance de ce bel opéra qui aurait pu pousser un peu plus loin les fragments de la coquille (Marivaux !) qui l’embarrassent encore. Christian Wasselin * Le dévédé de la création a été édité chez Cyprès. l i t é o p é r a teatro del liceu, barcelona auditorium de dijon Vue au Liceu en 2005 et à Londres la saison passée, la Butterfly du duo Caurier-Leiser était à nouveau présentée à Barcelone en mars : l'occasion pour le public venu en masse d'applaudir plusieurs distributions, dont celle dominée le 23 mars par Ermonela Jaho. On aurait tort de tenir Don Giovanni pour une œuvre “acquise“ tant du côté de la compréhension de son message que de sa portée. Sans autre parti-pris que celui d'exprimer le plaisir du théâtre, c'est à un sociétaire de la Comédie Française, Jean-Yves Ruf, que l'on a confié les clés de ce beau spectacle. Madama Butterfly Don Giovanni Pour ses débuts in loco la soprano albanaise, qui a fait ses preuves chez Verdi, Donizetti et Puccini, a illuminé la soirée grâce à sa remarquable interprétation de la geisha Cio-Cio San. Avec un physique gracile d’adolescente et une jeu aussi pudique que raffiné, la cantatrice compose un personnage d'une extrême sensibilité traversé par toute une gamme d’émotions. Fragile et amoureuse au premier acte, la voilà prématurément vieillie au second, allongée sur le côté à l'image des opiomanes, partagée entre confiance et désespoir, avant la résignation finale et la décision irrévocable de son suicide (au 3). L'infaillible musicalité de la chanteuse, la richesse de ses inflexions et la qualité de cette voix mordante conduite avec la plus grande assurance, rendent cette performance criante de vérité. Même respect musical et même recherche psychologique pour cerner au plus près les sentiments exprimés par Suzuki, joliment dépeints par la jeune mezzo Gemma Coma-Alibert. Le ténor Jorge de Leon donne sans doute trop de voix à son Pinkerton, qu'il prive de nuance et promène parfois sur les rives du vérisme, sans pour autant que le profil de ce dernier n'en souffre. Silhouettes indispensables et subtilement dosées, l'odieux Goro de Vicente Ombuena, le lâche Sharpless de Angel Odena, l’irritable bonze de Ievgeni Orlov, ou l'amoureux transi de Joan Josep Ramos, complètent ce cast platement dirigé par José Miguel Pérez-Sierra, à qui échappe tout notion de soutien, de tempo ou de relance du discours puccinien. Au plateau, un décor sobre et dépouillé, juste animé par un jeu de trappes et de parois coulissantes qui relient le monde clos de Butterfly à celui des vivants, vécu comme hostile, vient illustrer le propos tenu avec scrupule. Comme toujours avec Christian Fenouillat, décorateur attitré des metteurs en scène, quelques belles images stylisées attirent le regard, comme ce beau ciel étoilé qui semble veiller sur le couple (final du 1er acte), ou cette branche de cerisier, seule témoin du sacrifice de l'héroïne, transpercée tel un papillon et qui agite dans un dernier sursaut ses longs bras ailés, à l'appel de son nom. Prochaines dates pour assister à ce spectacle : du 20 au 29 juillet. Le directeur de l'Opéra de Dijon, Laurent Joyeux, a eu la main heureuse en associant au projet le brillantissime Chamber Orchestra of Europe, sous la baguette du méconnu chef sud-africain Gérard Korsten. Le volume très généreux de l'auditorium permet d'accueillir un impressionnant décor figurant une immense prairie vallonnée – décor unique sur lequel se déroule l'ensemble de l'action. La fixité de ces éléments visuels est très timidement modifiée en fonction des différents éclairages, en fonction des heures de cette “folle journée“. Cette application littérale de la règle des trois unités semble contredire la volonté de Mozart de libérer le théâtre de son carcan narratif et moral. La scénographie ne recule pas à utiliser les dégagements latéraux pour amplifier l'espace et rapprocher le spectateur de l'action. Le point fort de cette production est la présence de figurants qui “doublent“ certains protagonistes en créant une séduisante profondeur dramatique, comme la jeune servante de Donna Elvira qui attire sur elle le désir de Don Giovanni. Edwin Crossley-Mercer est un parfait séducteur – parfait également dans le fait de relever de défi d'incarner si jeune un rôle aussi lourd. Risingstar incontournable des jeunes voix françaises, Don Giovanni au centre le baryton projette avec © Opéra de Dijon / Gilles Abegg une douce véhémence son timbre somptueux et souverain. La présence scénique est décontractée, en rupture totale avec l'impression rendue par certains chanteurs qui paraissent paralysés par l'enjeu. Josef Wagner (Leporello) est bien le seul à lui donner une réplique digne de ce nom. L'émission est claire et assurée, le timbre franc et volubile. Les dames connaissent des fortunes diverses, à commencer par la pâle Diana Higbee (Donna Anna). Camille Poul campe une Zerlina un peu raide mais très nette d'impact et de franchise de jeu tandis que la Donna Elvira de Ruxandra Donose séduit par un timbre très riche et une ligne vocale soyeuse à souhait. On passera sans regrets sur la piètre prestation de Timo Riihonen en Commandeur d'opérette, tandis que Michael Smallwood paie comptant la dimension falote de son rôle en refusant d'y insuffler autre chose qu'une tessiture aléatoire et des aigus écrasés. Damien Pass est un Masetto de noble dimension, capable sans aucun doute d'incarner des rôles plus ambitieux dans un proche avenir. L'énergique direction de Gérard Korsten soulève un Chamber Orchestra of Europe qui n'en demande pas tant pour faire entendre des qualités qui éclatent à chaque mesure (26 mars). François Lesueur David Verdier «Madama Butterfly» avec Ermonela Jaho dans le rôle-titre © A. Bofill a c t u a l i t é 33 o p é r a à avignon Jenufa Après Wozzeck au mois de janvier, une autre œuvre majeure du XXème siècle est donnée en première avignonnaise. 34 Pour son entrée au répertoire de l'Opéra-Théâtre d'Avignon, le chefd’œuvre de Janacek est représenté dans la production de Friedrich MeyerOertel, déjà montrée à Bordeaux, Liège, et chroniquée dans ces colonnes à l’occasion de son passage par Monte-Carlo (voir SM 204 en avril 2008). Chose curieuse, l’impression d’il y a cinq ans est exactement la même ce soir : les mouvements de l’ensemble des choristes semblent peu naturels, tandis que le jeu des chanteurs solistes avance de manière fluide. Le toit en bois qui descend dans la pénombre au ras du sol à l’acte II, alors que Jenufa pédale sur sa machine à coudre, est à nouveau l’image la plus marquante… et on retrouve avec une joie non dissimulée la « superbe moquette jaune, en vente chez les meilleurs discounters en revêtements de sols » pour les actes I et III ! Ces réserves étant émises, les décors de Heidrun Schmelzer ne sont en rien un frein à l’intensité du drame qui se déroule sur le plateau. Et c’est en premier lieu une ardente Jenufa qui nous est présentée ce soir, en la personne de Christina Dietzsch-Carvin, déjà applaudie à Avignon en 2011 lors d’une représentation de concert de La Légende de Sainte-Elisabeth, de Franz Listzt. La belle soprano allemande exprime par sa voix, ses gestes, les expressions de son visage, toutes les douleurs et les espoirs du personnage. Elle est aussi capable d’une puissance impressionnante, tout comme les deux excellents ténors à ses côtés. Solides et élégants, Marlin Miller (Laca) et Florian Laconi (Steva) ont une typologie vocale similaire, et on se dit qu’ils pourraient sans problème procéder à un échange standard des deux rôles. Il serait en tout cas très intéressant d’entendre un jour Florian Laconi dans l’emploi – parfois claironnant – de Laca. L’entrée en scène de Géraldine Chauvet (Kostelnicka) est tout de même un peu décevante : même vieillie par le maquillage, la jeune mezzo française peine à se faire passer pour la sacristine autoritaire... surtout lorsqu’elle court comme un lapin en fond de scène pendant l’acte II ! La voix est d’une très belle qualité, enveloppante, et il y manque sans doute – en dehors d’un petit déficit de volume par instants – un soupçon de monstruosité dans l’accent et de violence dans la projection, qui rendaient glaçantes les apparitions d’autres titulaires du rôle (Anja Silja et Eva Marton en tête). Les emplois secondaires sont tenus de manière plus discrète, entre autres Anne Salvan (la grand-mère Buryjovska), Philippe Ermelier (Stàrek) et Clémence Barrabé (Karolka). Le chef Balàzs Kocsàr assure la réussite de l’ensemble, avec un orchestre appliqué sauf sur une période du 2ème acte, où le manque d’homogénéité est perceptible. Les cordes sont souvent somptueuses, magnifiques soli de violon et violoncelle, alors que les percussions se montrent précises.. François Jestin Janacek : JENUFA – le 19 mars 2013 à l’Opéra-Théâtre d’Avignon L’Opéra-Théâtre d’Avignon accueillait (le 22 mars) Véronique Gens pour un concert lyrique, avec Gluck et Mozart au programme. Pour entamer la soirée, l’ouverture d’Iphigénie en Aulide est menée à un rythme d’escargot par le chef Yeruham Sharovsky aux commandes de l’ORALP, qui nous propose un Gluck solennel et pompeux comme on ne l’a pas entendu depuis 50 ans ! Mais dès que la soprano française ouvre la bouche, l’auditeur est immédiatement saisi par la beauté de son chant, et son exceptionnelle diction ciselée. Son Iphigénie est unique … aussi bien en Aulide qu’en Tauride, son Eurydice est délicate, et son Alceste peut-être moins véhémente qu’on pourrait l’attendre dans « Divinités du Styx ». En deuxième partie, Fiordiligi et les airs de concert de Mozart la montrent aussi complètement à l’aise dans ce répertoire, tandis que l’accompagnement musical devient adéquat. à montpellier Le Roi d’Ys Du rififi à Montpellier ! Jouera, jouera pas ? Sur fond de conflit ouvert entre le directeur général Jean-Paul Scarpitta et les chœurs et orchestre de l’Opéra National de Montpellier, le préavis de grève déposé par ces derniers a finalement été levé la veille de la représentation. Christina Dietzsch-Carvin et Géraldine Chauvet © ACM – studio Delestrade a c t Et l'on ne peut que se réjouir que la représentation de concert, donnée une seconde fois deux jours plus tard à l’Opéra-Comique à Paris, puisse finalement se dérouler sans encombre. La soirée est organisée par ColineOpéra, dont la mezzo Sophie Koch est la très active marraine, au profit de trois associations qui se démènent pour améliorer le quotidien, la santé, l’éducation d’enfants en difficulté. Le Roi d’Ys d’Edouard Lalo est encore une rareté de nos jours, qui a tout de même connu quelques récentes représentations scéniques : une production de Nicolas Joël à Toulouse en u a l i t é o p é r a Nicolas Cavallier, Julianna Di Giacomo, Sébastien Guèze, Sophie Koch et Patrick Davin © Marc Ginot 2007, et aussi une autre mise en scène signée de Jean-Louis Pichon à SaintEtienne puis Liège en 2008, dont il existe un témoignage en DVD. Le ténor Sébastien Guèze (Mylio) fait moins bonne impression au Corum que sur la scène belge : en dehors de son déficit de graves, la voix n’est pas toujours bien stable, ni précise, et il se réfugie trop systématiquement dans la nuance forte. Déjà entendue au Capitole de Toulouse, Sophie Koch (Margared) dispose à l’heure actuelle d’un impressionnant volume wagnérien dans l’aigu, mais traverse par moments quelques petits passages moins confortables dans le bas du registre, et de son côté Franck Ferrari (Karnac) est vindicatif dans l’accent. Nicolas Cavallier dans le rôle-titre ne semble pas tenir sa meilleure forme, avec certains aigus accrochés difficilement alors que la soprano américaine Julianna Di Giacomo (Rozenn) est une superbe découverte dans ce rôle : belle ligne vocale, puissance, et diction très appliquée. La distribution est complétée par le solide Frédéric Goncalves (Jahel) et la basse sonore aux accents slaves Nika Guliashvili (Saint Corentin), tandis que les nombreux chœurs sont homogènes, les sopranos saturant toutefois à plusieurs reprises dans l’aigu. Maître d’œuvre de la cohésion et réussite d’ensemble, le chef Patrick Davin, déjà au pupitre à Liège, modèle une somptueuse architecture à cet opéra. L’intrigue y est magnifiquement racontée par la musique, et l’orchestre met beaucoup d’application (très joli violoncelle solo … mais pas complètement parfait !), autant pour les délicates mélodies que sur les brillants climax de la partition. convoler tranquillement avec sa nouvelle servante Magdelone, Maître Camoine fiance sa nièce Amica à Giorgio, gentil garçon un peu simplet. Patatras, celle-ci est amoureuse de Rinaldo, frère de Giorgio, et les tourtereaux fuient dans la montagne pour échapper aux fiançailles. Giorgio – peut-être simplet, mais bon randonneur – connaît un raccourci et arrive bon premier au sommet. Grandes explications lorsque le couple arrive : Giorgio est désespéré, et Rinaldo encore plus désespéré du désespoir de son frère, s’enfuit en lui abandonnant Amica. Celle-ci, au comble du désespoir, veut rejoindre Rinaldo mais fait une chute mortelle, rideau ! Dans cette production naturaliste de Jean-Louis Grinda, déjà montrée à l’Opéra de Rome, le volume sonore des protagonistes nous donne parfois l’impression de se trouver dans les Arènes de Vérone. La belle Amarilli Nizza dans le rôle-titre est capable d’aigus puissants, tout en parvenant encore à alléger sa voix pour délivrer de beaux piani. On ne comprend en revanche que de très rares mots, et le jeu de l’actrice est peu naturel, comme lorsqu’elle poursuit son amant dans la montagne… en regardant avec une extrême précaution où elle va poser ses bottines à talons sur le sol. Malgré ses efforts, la prononciation du ténor Enrique Ferrer (Giorgio) est loin d’être formidable. Il produit beaucoup de sons très ouverts, la couleur du timbre pourrait être agréable, plutôt belcantiste, mais reste sans grande substance ; il faut reconnaître tout de même que l’émotion passe dans son grand air en 2ème partie. Même en manque récurrent de graves, c’est finalement le baryton Lucio Gallo (Rinaldo) qui se montre le plus solide : français plus que correct, voix bien placée et timbrée, style peu raffiné mais en ligne avec l’œuvre. Mis à part le tout petit rôle tenu par Annie Vavrille (Magdelone), l’autre baryton André Heyboer (Camoine) n’est pas aussi sonore que d’ordinaire, mais sa diction procure des moments de relaxation pour l’oreille branchée sur le cerveau ! François Jestin Lalo : LE ROI D’YS – le 23 mars 2013 au Corum de Montpellier Amarilli Nizza et Enrique Ferrer © Opéra de Monte-Carlo à monte-carlo Amica Après sa création in loco en mars 1905, retour à l'Opéra de Monte-Carlo de la rarissime Amica de Mascagni, en version originale française. Quelques instants de film en noir et blanc, puis le rideau se lève sur une grange et ses bottes de foin devant un fond de paysage de montagne… une structure de charpente en bois qui peut évoquer La Fanciulla del West vue en début de saison à Monaco, une autre œuvre dans le plus pur style vériste. Le livret de Paul de Choudens se révèle mélo à souhait : afin de pouvoir a c t u a l La tâche des chanteurs n’est pas toujours facilitée par la direction très expressive et parfois trop enthousiaste du chef Gianluigi Gelmetti. On savoure le brillant de l’orchestre dans l’intermezzo entre les deux actes – le format de l’œuvre est similaire à celui de Cavalleria Rusticana – pendant lequel sont projetées des séquences de cimes rocheuses et enneigées, de cascades, toujours en noir et blanc à la manière des films muets d’il y a un siècle. Il est enfin dommage, pour le maintien de l’intensité dramatique qui fait le sel d’une telle pièce, que l’intermezzo n’ait pas permis d’enchaîner d’une traite entre les deux parties. Les dégagements lilliputiens du plateau de la Salle Garnier imposent en effet d’intercaler un entracte pour pouvoir effectuer les changements de décors. François Jestin Mascagni : AMICA – le 24 mars 2013 à Monte-Carlo, salle Garnier i t é 35 o p é r a à lyon Festival Justice / Injustice « Justice / Injustice » sur l’affiche de l’Opéra de Lyon, en noir pour le premier mot, et rouge pour le second avec du sang qui dégouline de la lettre J. XIXème, XXème et XXIème siècles au programme du mini-festival annuel et un thème récurrent : le prisonnier. 36 «Claude» © Stofleth En création mondiale, l’opéra Claude sur un livret de Robert Badinter, d’après Claude Gueux de Victor Hugo, est un spectacle captivant, vu dans la production d’Olivier Py, à défaut de constituer une totale réussite. La musique composée par Thierry Escaich est séduisante, variée, toujours intéressante : quelques séquences reviennent, on remarque l’utilisation marquante de l’orgue, de cloches, d’un xylophone, et certaines mesures évoquent irrésistiblement John Adams ou encore Benjamin Britten lors des transitions entre les scènes successives. Les décors de Pierre-André Weitz sont également un point fort : de grandes, voire immenses, structures sombres sur roulettes sont déplacées à vue par les machinistes-prisonniers, et proposent tout à tour (c’est le cas de le dire, car elles tournent beaucoup !) neuf cellules glauques sur un plan vertical, des murs de briques grises, le bureau du Directeur de la prison, … Olivier Py y fait vivre avec brio le théâtre, et le spectateur s’installe vite dans l’ambiance, surtout avec la scène de viol collectif d’Albin qui « plante le décor » en début de représentation. Certains choix et éventuels excès – violence des gestes, agression des oreilles par le bruit, etc – sont sans doute plus discutables, comme le partipris de l’homosexualité très explicite entre Claude et Albin, qui s’écarte de l’œuvre de Victor Hugo. Il s’agirait plus ce soir d’une histoire d’amour entre les deux hommes – coup de foudre dans la cellule de Claude, puis drame de la séparation – que de la triste trajectoire de Claude Gueux vers l’échafaud final. Robert Badinter est entré dans l’Histoire en tant que Garde des Sceaux en faisant abolir la peine de mort en France en 1981, pas sûr qu’il en soit de même pour sa nouvelle activité de librettiste d’opéra ! Le texte est bien prosaïque à certains endroits, et est loin de porter la même richesse et le même charme que celui de la partition. Le baryton Jean-Sébastien Bou est remar- a c t quablement déchaîné (vocalement !) dans le rôle-titre, Jean-Philippe Lafont superbement distribué en Directeur gueulard, tout comme le contre-ténor Rodrigo Ferreira (Albin) et Laurent Alvaro (le surveillant général), sous la baguette attentive et précise de Jérémie Rhorer. Pour ce qui concerne la musique du XXème siècle, Il Prigioniero de Dallapiccola et Erwartung Lauri Vasar (il Prigioniero) © Fernandez de Schoenberg forment une belle affiche italoallemande, confiée pour sa réalisation visuelle aux soins d’Alex Ollé, membre du collectif catalan La Fura dels Baus. Déjà présent il y a deux ans à Lyon pour Tristan et Isolde, le metteur en scène sait se renouveler et installe une tension angoissante sur scène. Le dispositif scénique est ingénieux : un plateau tournant est actionné autour d’un voile central en forme de grand cylindre. Dans une atmosphère très sombre éclairée parfois par quelques rais de lumière verticale, le voile noir est soit transparent et laisse apercevoir l’action en fond de plateau, soit complètement opaque et permet d’amener des éléments de décors sur cette sorte de tapis roulant circulaire. L’évasion du Prisonnier de sa cellule est assez fascinante : il traverse rapidement plusieurs portes et croise son double, sa mère en train de fumer négligemment, un garçon, … Quelques gestes du Geôlier – le solide ténor Raymond Very – envers le garçon installent un malaise en suggérant insidieusement ses tendances pédophiles. Le Prisonnier désespéré – le formidable baryton Lauri Vasar, très incisif vocalement, beau gosse, mais qui peut progresser en italien – se tranche les veines au final. C’est la mère du Prisonnier, la puissante soprano Magdalena Anna Hofmann, qui joue la Femme dans le deuxième opus. Un cyclorama à 360° est à présent installé autour du plateau tournant, et les projections de films sur les deux couches du rideau plongent le spectateur dans la forêt, sous les feuillages, dans une clairière avec une maison… Le traitement est très cinématographique et le metteur en scène a clairement choisi un scénario : il s’agit d’un drame bourgeois où l’épouse jalouse a poignardé son mari trompeur. Dans ces deux pièces, le chef d’orchestre Kazushi Ono semble nager comme un poisson dans l’eau, sa direction est jubilatoire. Dans le troisième ouvrage au programme, c’est le triomphe final de la justice, mais après une longue injustice et toujours un prisonnier – Florestan cette fois – détenu dans une geôle souterraine. Quoi que pour le souterrain on repassera : les personnages de Fidelio sont ce soir perdus dans l’univers à bord d’un vaisseau spatial, c’est certainement sidéral mais pas forcément sidérant. Gary Hill, chargé de « l’installation média et mise en espace » (… on ne croit pas si bien lire !) projette de belles animations sur le rideau de tulle en avant-scène et en fond de plateau : moult étoiles et galaxies se transformant en visages, ou encore une armée d’humains / robots pouvant évoquer le film Metropolis. Les protagonistes se déplacent sur gyropodes, mais l'effet de surprise s’essouffle très rapidement, et c’est surtout l’ajout de tex- u a l i t é o p é r a «Fidelio» © Stofleth tes français extraits du roman de science-fiction Aniara, écrit en 1956 par le Suédois Harry Martinson, qui décrédibilise l’entreprise. Au-delà de la résonance intello-branchouille-futuriste du texte, les insertions de ces phrases dites par une récitante qu’on peut lire sur l’écran rideau, viennent systématiquement casser le rythme et l’avancée de l’action. Encore plus discutable, les récitatifs parlés de l’opéra sont adaptés pour coller à la situation (par exemple, pas de terre à excaver ici pour creuser la tombe de Florestan, mais Pizzaro envisage de le mettre dans une « capsule » après sa mort). Malheureusement, pas d’échappatoire possible par une éventuelle faille spatio-temporelle, la partie chantée connaît également quelques faiblesses : la soprano Michaela Kaune (Leonore) n’est pas distribuée idéalement dans ce rôle, alors que le ténor Nikolai Schukoff (Florestan) est vaillant et semble réellement épris de liberté. Pavlo Hunka (Don Pizzaro) et Karen Vourc’h (Marzelline) ont de sérieux problèmes de justesse, tandis que Wilhelm Schwinghammer (Rocco) et Christian Baumgärtel (Jaquino) assurent sans problème leur partie. Au pupitre, Kazushi Ono montre une certaine neutralité dans cette pièce : direction techniquement de qualité, mais parfois en déficit d’inspiration et de fougue. Décidemment, l’Opéra de Marseille a la main heureuse avec les chefs d’orchestre, après le récent passage de Pinchas Steinberg au pupitre dans Elektra. Les chœurs alternent quant à eux le bon, comme le passage a cappella du II avec les enfants, et le perfectible, lorsque le manque d’homogénéité est clairement mis en évidence par endroits. Le trio vocal se montre excitant, même avec ses imperfections. Otello est l’un des rôles favoris de Vladimir Galouzine, dont il possède toutes les notes, du grave barytonnant soutenu aux aigus explosifs. Les sonorités sont celles d’un maure de Venise plutôt slave, et l’intonation est par moments défectueuse – il lui faut ainsi plusieurs mesures pour bien caler sa justesse au début du duo d’amour avec Desdemona, en fin du I – mais ses aigus sont d’une telle vaillance ! La Desdemona d’Inva Mula est une vraie jeune fille, visuellement et vocalement. Elle déroule sa partie avec une agréable fraîcheur et une musicalité sans failles, ses aigus piani sont très réussis et semblent flotter, alors qu’à l’autre extrémité le grave est moins confortable. On connaît la puissance exceptionnelle du baryton Seng-Hyoun Ko (Iago), un habitué des Chorégies d’Orange. Sur le plateau marseillais, il force visiblement moins qu’en extérieur, mais la performance reste impressionnante, avec un timbre très noir. Il se retrouve en revanche en nette difficulté sur les passages où il doit alléger, pour preuve une succession de micro-incidents dans l’air du Rêve de Cassio (Era la notte). Sébastien Droy est un ténor de petit format qui convient à Cassio, et Doris Lamprecht une Emilia de tradition. En coproduction avec les Chorégies d’Orange (pour l’édition 2014), la nouvelle réalisation de Nadine Duffaut est loin de constituer le point fort du spectacle. Décor unique (d’Emmanuelle Favre) aux actes I et II, très noir, de parois et poteaux, un escalier menant à une passerelle métallique (avec Otello déjà présent au lever du rideau), et quelques caisses au sol sur les côtés : trop peu de contraste entre les deux actes et les petits films (fumées ou nuages au I, feuillages au II) projetés dans les ouvertures en fond de plateau sont finalement les images les plus intéressantes... avec les splendides costumes de Katia Duflot. La scène est débarrassée de tout élément de décor au III – difficile de faire plus dépouillé ! –, mais un lit et un prie-Dieu sont tout de François Jestin Escaich : CLAUDE – le 10 avril 2013 à l’Opéra de Lyon Dallapiccola : IL PRIGIONIERO – le 7 avril 2013 à l’Opéra de Lyon Schoenberg : ERWARTUNG – le 7 avril 2013 à l’Opéra de Lyon Beethoven : FIDELIO – le 5 avril 2013 à l’Opéra de Lyon à marseille Otello Vladimir Galouzine, Inva Mula, Seng-Hyoun Ko : la distribution vocale de cet Otello promettait beaucoup… et n’a pas déçu ! Mais la très bonne surprise de la soirée vient d’abord de la fosse d’orchestre : le chef Friedrich Pleyer, qu’on connaissait surtout jusqu’à présent dans Strauss et Wagner (il a dirigé die Walküre il y a 6 ans à Marseille), tient la formation d’une main ferme et sereine. Certains passages présentent moins de passion, voire de nervosité, que chez certains de ses confrères, mais on apprécie globalement la qualité technique et la beauté du son. a c t u a l Seng-Hyoun Ko et Vladimir Galouzine © Christian Dresse même amenés au IV, dans un ascétisme habituel. Le jeu des solistes et la gestion des mouvements des masses chorales paraissent également de facture classique, avec quelques séquences qui peuvent laisser dubitatif : lorsqu’Otello dégrade et chasse Cassio après l’émeute du 1er acte, pourquoi diable Desdemona échange-t-elle un long regard appuyé (amoureux ?) avec celui-ci ? François Jestin Verdi : OTELLO – le 2 avril 2013 à l’Opéra de Marseille i t é 37 o p é r a Cendrillon stadttheater bern L'Enlèvement au Sérail Lorsque Mozart compose son opéra, les turqueries sont à la mode. Le sujet de son nouvel ouvrage comique est donc quasiment assuré de plaire. Mais aujourd'hui, que faire de ce sérail où une Européenne est retenue en otage par un improbable pacha enamouré et adepte de la philosophie des Lumières ? 38 La metteuse en scène américaine Lydia Steier refuse tout recours aux moucharabiehs, sabres recourbés et autres turbans. Pour elle, le sérail, c'est le sentiment d'emprisonnement qu'éprouve une jeune fille de la bonne société bourgeoise contrainte d'épouser un jeune homme en qui sa famille voit un bon parti. Aussi l'opéra commence-t-il dans une église où une assemblée endimanchée s'est réunie pour célébrer le mariage de Konstanze avec Belmonte. Tout à coup, la mariée chancelle : elle semble voir devant elle, sur un chemin tout tracé, les étapes futures d'une vie dont elle ne veut pas, et elle prend la fuite. La paroi de la chapelle disparaît alors et la jeune femme se retrouve dans une espèce de no man's land fait d'échafaudages dans lesquels se promènent les personnages de conte de fées ou de romans à l'eau de rose qui ont marqué son adolescence. Konstanze se réfugie dans cet univers onirique d'enfants en mal de merveilleux pour échapper aux dures lois du monde des adultes. Après ce départ fulgurant, la mise en scène s'enlise malheureusement et devient franchement confuse. Osmin (habillé pour l'occasion en dragqueen jouant la demoiselle d'honneur lors de la cérémonie du mariage) s'intéresse autant à Pedrillo qu'à Blondchen, Belmonte s'amourache d'une poupée qu'il caresse indéfiniment jusqu'à en oublier sa promise et le Bassa Selim n'est autre qu'une femme présentée dans le programme comme l'alter ego de Konstanze. Ouf ! Des pulsions sexuelles non maîtrisées poussent chacun(e) dans les bras de chacun(e) en un joyeux tohu-bohu qui suscite quelques rires gênés dans l'auditoire. Finalement, les parois de la chapelle se referme et Konstanze accepte enfin de dire oui à l'époux qu'on lui a choisi... Est-ce encore du Mozart ? En fosse, le doute n'est pas permis. Kevin John Edusei dirige avec alacrité mais sans précipitation un orchestre virtuose, heureux de dépoussiérer la partition en adoptant des parti pris interprétatifs toniques qui mettent l'accent sur l'originalité de l'écriture plus que sur la délicate harmonie de ses rythmes allants. Robin Johannsen possède incontestablement toutes les qualités vocales requises pour brosser de Konstanze un portrait tour à tour brillant et légèrement mélancolique alors que Uwe Stickert, en Belmonte séduit par un timbre aux aigus chaleureux et une émission finement nuancée. Yun-Jeong lee se joue des grands écarts vocaux qui parsèment le rôle de Blondchen avec un sourire désarmant; Andries Cloete en Pedrillo lui donne la réplique avec une délicieuse impertinence qui n'exclut pas un contrôle du souffle quasiment parfait dans les passages rapides. Pavel Shmulevich, enfin, traverse le rôle d'Osmin avec sa voix énorme, à la fois noire et lumineuse, sans recourir aux tics habituels de chanteurs souvent trop âgés dans ce rôle qui n'est finalement pas si comique que cela. A défaut de satisfaire les yeux, voilà une production qui charme les oreilles... Eric Pousaz Jusqu'au 2 juin. Renseignements : www.konzerttheaterbern.ch «L’Enlèvement au Sérail» © Annette Boutellier a c t u a La cenerentola de Rossini est un opéra qui met plutôt en valeur les qualités d'homogénéité de la distribution que le brio de tel ou tel interprète talentueux; bien sûr, chaque protagoniste dispose d'un air ou deux, mais la majorité des numéros musicaux est réservée à des duos, trios, quatuors ou autres ensembles turbulents. Et sur ce plan, l'Opéra de Berne joue gagnant avec une troupe de chanteurs dotés de voix fraîches et de tempéraments scéniques qui ne demandent qu'à s'épanouir. Pris séparément, les membres de la troupe ne peuvent certainement pas se mesurer aux plus grands interprètes du moment, mais leur joie de jouer et de chanter est communicative au point que l'on quitte le théâtre avec la certitude absolue d'avoir vécu une grande soirée. Le mezzo soprano d'Inga Jäger occupe le milieu du terrain avec son Angelina bougillonne, vif-argent et sympathique en diable ; le chant peine parfois à se couler avec aisance dans les vocalises du rondo final, mais par le timbre comme par la rage de vaincre les difficultés d'une écriture véritablement hérissée de difficultés, cette interprète investit le rôle avec une superbe aisance. Mark Milhofer en Ramiro lui rend la pareille : le timbre est parfois pauvre en demiteintes, l'aigu manque de facilité, mais quelle faconde et quel entregent! Aaron Agulay est plus près de ce qu'on attend d'un Dandini: l'émission est franche, la voix saine dans tout le registre, et la gestique allie naturel et énergie avec une déconcertante facilité. Carlos Esquivel campe lui aussi un Don Magnifico d'anthologie sans jamais se placer indûment au premier plan: précise dans le parler rapide, caressante dans la cantilène, étourdissante dans la vocalise, sa voix allie toutes les qualités nécessaires à un grand chanteur rossinien. Martin Lorenz Weidmann reste plus pâle avec son Alidoro au timbre grisâtre alors que les deux sœurs incarnées par Camille Butcher et Claude Eichenberger sont tout simplement parfaites. Le chef Srboljub Dinic a parfois de la peine à maintenir l'ordre entre toutes ces personnalités débordantes de vitalité et certains ensembles dérangent l'oreille par leur coordination déficiente, mais le choix des tempi comme l'alternance des pulsions rytrhmiques attestent chez ce chef un réjouissant sens des équilibres. La mise en scène de Cordula Däumer ne fait pas dans la dentelle. Voulant faire rire à tout prix elle passe parfois au-delà des limites du bon goût. Finalement, le tourbillon scénique, réglé avec une précision d'orfèvre, emporte néanmoins facilement l'adhésion. (16 février) Eric Pousaz l i t é m é m e n t o genève Grand Théâtre (022/418.31.30) Madama Butterfly (Joel-Grandage) – 2, 5 mai lausanne Opéra (021.315.40.20) Le Vin herbé (Bouvier) – 29 mai turin bruxelles La Monnaie (32/70.23.39.39) Cosi fan tutte (Morlot-Haneke) – 23, 26, 28, 30 mai b a rc e l o n e zurich Opernhaus (044.268.66.66) Lady Macbeth de Mtsensk (Currentis-Homoki) – 3 mai Falstaff (Santi-Bechtolf) – 4, 7, 10, 12 mai Die Schatzinsel (Rösner- Loschky) – 9, 20 mai La Traviata (Wilson-Flimm) – 5, 8, 11, 15, 18 mai Don Giovanni (Ticciati-Baumgarten) 26, 29 mai paris Champs-Elysées (01.49.52.50.50) Don Giovanni (Rhorer-Braunschweig) – 3, 5, 7 mai Agrippina (Lopez Banzo) – 15 mai Imeneo (Hogwood) – 22 mai Cité de la musique (01.44.84.44.84) Die Erste Walpurgisnacht (Krivine) – 25 mai Les Nuits d’été/Athalie (Equilbey) – 29 mai Opéra Comique (0825.01.01.23) Marouf, savetier du Caire (Altinoglu-Deschamps) – 25, 27, 29, 31 mai Opéra National (08.92.90.90) Bastille : Hänsel und Gretel (Flor-Clément) – 3, 6 mai Götterdämmerung (Jordan-Krämer) – 21, 25, 30 mai La Gioconda (Oren-Pizzi) – 2, 7, 10, 13, 17, 20, 23, 26, 31 mai Salle Pleyel (01.42.56.13.13) Agrippina (Jacobs) – 14 mai Liceu (34.934.85.99.13) Il Turco in Italia (Perez-Loy) – 18, 23, 28 mai madrid Teatro Real (34/90.224.48.48) Don Pasquale (Muti-de Rosa) – 13, 15, 17, 19 mai l o n d re s ROH (0044/207.304.4000) Die Zauberflöte (Jones-McVicar) – 3, 7, 9 mai Don Carlo (Pappano-Hytner) – 4, 8, 11, 15, 18, 21, 25 mai La Donna del lago (Mariotti-Fulljames) – 17, 20, 23, 27, 31 mai bologne Teatro Communale (39/051.617.42.99) Il trionfo di Clelia (De Risio-Loweyry) – 14, 16, 17, 19, 21, 22 mai f l o re n c e Teatro del Maggio musicale Don Carlo (Mehta-Ronconi) – 2, 5, 8, 12 mai The Rape of Lucretia (Webb-Abbado) – 17, 19, 21, 22, 23, 24, 25 mai milan Teatro alla scala (39/02.720.03.744) Götterdämmerung (Barenboim -Cassiers) – 18, 22, 16, 30 mai Oberto (Frizza-Martone) – 2, 5, 10, 14 mai avignon ro m e Opéra-Théâtre (04.90.82.81.40) Roméo et Juliette (Guingal-Fourny) – 26, 28 mai Rienzi (Soltesz-de Ana) – 9, 12, 14, 16, 18 mai dijon Teatro dell’opera (39/06.48.16.02.55) Opéra (03.80.48.82.82) L’Olimpiade (Luks-Herrmann) – 22, 24, 25 mai lyon Opéra National (08.26.30.53.25) Capriccio (Kontarsky-Marton) – 7, 9, 11, 13, 15, 17, 19 mai marseille Opéra (04.91.55.11.10) La Clemenza di Tito (Shanahan-McVicar) – 4, 7, 10, 12 mai nice Opéra (04.92.17.40.79) Il ritorno d’Ulisse in patria (Correas-Rauck) – 31 mai saint-étienne Opéra-Théâtre (04.77.47.83.40) La Princesse de Trébizonde (CampelloneKoeken) – 17, 19, 21 mai Opéra National (0825.84.14.84) Les Pêcheurs de perles (Davin-Boussard) – 17, 21, 23, 26, 28, 30 mai a m s t e rd a m a c t u Teatro Regio (39/011.881.52.41) Eugène Oneguine (Noseda-Holten) – 17, 18, 19, 22, 23, 24, 25, 26 mai venise Teatro La Fenice (39/041.24.24) Cosi fan tutte (Manacorda-Michieletto) – 12, 16, 19, 23, 26 mai Don Giovanni (Manacorda-Michieletto) – 4, 10, 14, 17, 21, 24, 28 mai vienne Staatsoper (43/1514447880) La Traviata (Armiliato-Sivadier) – 8, 11, 14, 17 mai La Fille du régiment (Campanella-Pelly) – 1er, 4, 7, 10, 13 mai Der fliegende Holländer (Harding-Mielitz) – 2, 5, 9 mai Die Zauberflöte (Lange-Marelli) – 3, 6 mai Das Rheingold (Welser-Möst-Bechtolf) – 12 mai Die Walküre (Welser-Möst-Bechtolf) – 15 mai Siegfried (Welser-Möst-Bechtolf) – 19 mai Götterdämmerung (Welser-Möst-Bechtolf) – 22 mai Andrea Chenier (Armiliato-Schenk) – 16, 21, 24 mai Tosca (Aemiliato-Wallmann) – 18 mai Carmen (de Billy-Zeffirelli) – 20, 23, 26, 30 mai Theater an der Wien (43/15.88.85) Orlando (Dubrowsky-Panighini) – 13, 15, 17, 19, 21, 23, 25, 29, 29, 31 mai Il Trovatore (Meir Wellber-Stölzl) – 26, 29, 31 mai berlin Deutsche Oper (49/30.343.84.343) Lucrezia Borgia (Yurkevych) – 1er mai Die Zauberflöte (Repusic-Krämer) – 3 mai Staatsoper (49/30.20.35.45.55) Agrippina (Jacobs-Boussard) – 2, 5, 9 mai Der Fliegende Holländer (Harding-Stözl) – 1er, 4, 10, 16, 19, 22 mai Die Zauberflöte (Salemkour-Everding) – 12, 24 mai Le Vin herbé (Ollu-Mitchell) – 25, 29 mai Komische Oper (49/30.47.99.74.00) Don Giovanni (Sandner-Konwitschny) – 12, 18 mai Die Entführung aus dem serail (Poska-Beito) 1er, 10, 20, 23 mai Le Grand Macabre (Brönnimann-Kosky) – 5, 17 mai Le Nozze di Figaro (Nanasi-Kosky) – 24, 26 mai Die Zauberflöte (Poska-Kosky) – 4, 9, 11, 16 mai new york s t r a s b o u rg Opera (31.20.62.55.456) La Traviata (Carella-Decker) – 6, 8, 10, 14, 17, 20, 23, 26, 29 mai o p é r a Maria-Grazia Schiavo interprétera le rôle-titre de «Il trionfo di Clelia» lors des représentations de Bologne a l i t Metropolitan Opera (00.1.212.362.60.00) Giulio Cesare (Bicket-McVicar) – 3, 7, 10 mai Das Rheingold (Luisi-Lepage) – 4 mai Die Walküre (Luisi-Lepage) – 6 mai Siegfried (Luisi-Lepage) – 8 mai Götterdämmerung (Luisi-Lepage) – 2, 11 mai Rigoletto (Armiliato-Mayer) – 1er mai Dialogue des carmélites (Langrée-Dexter) – 4, 9, 11 mai é 39 t h é â t laurent pelly et victor hugo au théâtre de carouge Mangeront-ils ? Co-directeur du Théâtre National de Toulouse Midi-Pyrénées (TNT), Laurent Pelly avait déjà monté sur la scène de Carouge un autre texte du Théâtre en liberté de Victor Hugo, Mille francs de récompense. Il revient cette fois avec une pièce féroce et drôle aux alexandrins affranchis de toute règle, Mangeront-ils ?, qui triomphait il y a peu à Toulouse. Le texte illustre ce grand théâtre populaire, politique et engagé dont le metteur en scène aime la générosité et la folie. Entretien avec Laurent Pelly. r e décor et le rend irréalisable. Cela exige une grande complexité technique. D’autre part il y a les alexandrins chaotiques et les très longues tirades : Airolo a une réplique de six pages ! Il faut donc trouver le bon rythme entre philosophie, drame et comédie. Les représentations qui ont eu lieu à Toulouse en avril ont été plus qu’encourageantes car le public a pris grand plaisir au spectacle et l’a savouré, comme on savoure Shakespeare car les deux auteurs ont en commun l’audace, le goût du merveilleux et du fantastique, le mélange des genres. Vous aimez particulièrement Victor Hugo… Victor Hugo écrit les textes qui formeront Le Théâtre en liberté alors qu’il est en exil à Guernesey et qu’il avait décidé de ne plus écrire pour le théâtre. Pourquoi ce choix de les porter à la scène ? 40 trouver refuge dans une nature hostile. Affamés – au sens propre – par le pouvoir, prisonniers du Il est difficile de passer à autre chose quand on a goûté à cette forme de folie et de démesure. Ce texte-ci est écrit en alexandrins, ce qui n’est pas le cas de Mille francs de récompense, mais ce sont des alexandrins échevelés, des tirades très longues. L’œuvre est à la fois accessible et sophistiquée, très riche et élaborée, intelligente mais jamais « intello ». On retrouve les thèmes chers à Hugo – la violence, le pouvoir, la nature, l’amour – ainsi que de nombreuses références à d’autres œuvres poétiques et romanesques. Le premier titre du recueil, La Puissance des faibles reflète l’engagement politique de Hugo, auquel s’ajoute une dimension jubilatoire et farceuse. Le premier acte est proche de la commedia dell’arte, mais aussi de Shakespeare avec un long discours sur la mort et la vanité de l’être humain. Le second acte bascule dans la grande comédie burlesque. Laurent Pelly © Ph. Emmanuel Grimault Le propos semble à la fois simple à exposer et complexe à cerner. Sans doute parce que le pamphlet politique contre la peine de mort se déploie dans un univers fantastique de moyen âge, entre féerie et gothique et que c’est toujours drôle et intelligent. Victor Hugo mêle poème lyrique et discours humaniste, mélo et philosophie pour dénoncer une société tyrannique dominée par la violence sociale. La faim ici n’est pas la famine, mais elle symbolise aux yeux du poète la violence faite aux faibles, au même titre que la misère. Victor Hugo s’en prend à l’Église responsable selon lui de bien des maux et met dans la bouche du tyran un discours violemment anticlérical, ce qui crée un double sens. A côté de cela, se déroule la romance des deux jeunes aristocrates contraints par la convoitise du roi de e cloître-refuge, entourés d’une nature vénéneuse, les deux amoureux recevront l’aide de la sorcière centenaire et d’Airolo, personnages positifs du récit. On retrouve là la contradiction habituelle chez Hugo entre générosité et dangerosité de la nature, une nature fantasmée et romantique. De même qu’on retrouve un personnage cher à l’auteur, le voleur au grand cœur, homme des bois bavard, grossier, mais aussi généreux et intelligent. J’aimerais monter Lucrèce Borgia, Ruy Blas, je vais monter Le Songe d’une nuit d’été de Shakespeare. Et je retravaillerai avec les deux jeunes acteurs suisses qui interprètent le couple d’amoureux, Charlotte Dumartheray et Cédric Leproust, qui sont magnifiques. L’intrigue et son décor ont-elles présenté des difficultés de mise en scène ? Du 14 mai au 2 juin : Mangeront-ils ? de Victor Hugo, mise en scène Laurent Pelly. Première en Suisse. Théâtre de Carouge, Salle François-Simon, mar-mer-jeu-sam à 1h, ven à 20h, dim à 17h, relâche lun (billetterie : 022/343.43.43 - [email protected]) Le texte a rarement été monté et l’on comprend pourquoi. La forme en est particulière, à commencer par la didascalie initiale qui décrit le n t r e Propos recueillis par Laurence Tièche Chavier t i e n t h é â t r e comédie de genève Le Rapport Langhoff En 1987, le metteur en scène Matthias Langhoff, un temps pressenti pour diriger la Comédie de Genève, mit sur le papier ce qu’il attendait d’un théâtre de son temps. Ce sont ces réflexions qui constituent le fameux Rapport Langhoff. Comment ça a commencé Le Rapport Langhoff, premièrement intitulé Projet pour le Théâtre de la Comédie de Genève, a d’abord été rédigé en allemand, puis traduit. La version allemande, tapée à la machine sur papier A4, était reliée avec des spirales blanches, comportait 113 pages sans les annexes, quand la version française de 127 pages était reliée avec des spirales noires. Et cela commençait ainsi : « Worum es sich bei dieser, meiner Etude handelt… » (trad. De quoi s’agit-il dans cette étude ?), puis suivait un ‘jüdischer Witz’, une plaisanterie juive, qui raconte l’histoire d’un pauvre homme qui a perdu sa femme et qui… « se rend chez le rabbin pour commander les funérailles. Le rabbin lui propose une oraison funèbre telle que non seulement le pauvre homme et toute sa famille éclatent en sanglots, mais que les fossoyeurs et même les gens qui passent près du cimetière et ne saisissent que quelques mots au passage soient remplis de douleur et se mettent à pleurer. Cette oraison coûte 300 florins. L’homme lui répond : ‘Rabbin, je suis pauvre, jamais je ne pourrai payer 300 florins’. ‘Bon’, dit le rabbin, ‘j’ai aussi une autre oraison funèbre qui vous fera pleurer vous et votre famille, mais ni les fossoyeurs, ni les gens qui passent près du cimetière ne se mettront à pleurer. Elle ne coûte que 200 florins.’ ‘200 florins’, dit l’homme, ‘tout à fait impossible. Je suis pauvre, j’ai des enfants à nourrir et une maison à entretenir. Je ne peux pas payer 200 florins’. ‘J’ai encore une troisième oraison funèbre’ dit le rabbin, ‘qui ne coûte que 50 florins. Mais je me permets de vous la déconseiller, elle a une nuance comique (Aber von der möchte ich abraten, die hat einen Stich ins Komische…) » Nuance comique, car la Fondation d’Art Dramatique qui chapeautait la nomination n’était pas prête à y mettre le ‘juste’ prix, et que Langhoff lui-même disait d’emblée: ‘moi, je joue le rôle du rabbin qui sait que tout est faisable’ et terminait son avant-propos en posant la a c t u bonne question : mais qui est exactement cette ‘femme défunte’ que l’on veut enterrer ? Rapport pour une femme défunte De quoi parle en fait ce Rapport ? Essentiellement de théâtre, de comment on organise un théâtre (‘diriger un théâtre n’est véritablement intéressant que dans la mesure où on le conçoit comme une activité artistique’), comment on peut transformer un lieu, quel genre de théâtre l’on devrait y faire et avec qui (‘comme je suis très attiré par une confrontation avec le cinéma au théâtre, mon travail serait en relation avec un spectacle de Godard… la deuxième salle serait entièrement à disposition de l’AMR qui y organiserait des concerts), de programmes possibles, des métiers du théâtre (‘ le travail d’un metteur en scène n’a rien à voir avec celui d’un directeur’) et enfin du budget à prévoir. Cependant, ce rapport n’est pas qu’une longue présentation programmatique, voire une note d’intention très documentée : c’est aussi et surtout, et là réside probablement l’intérêt de ‘monter’ ce rapport, une somme de réflexions venant d’un véritable Européen cosmopolite et multilingue, un homme de cette riche Mitteleuropa dont on devrait se souvenir quotidiennement - ne serait-ce que par souci d’hygiène mentale - un homme dont la famille s’est de tout temps illustrée dans les métiers artistiques, et qui continue de le faire toutes générations confondues, un homme de parole aussi, qui ne parle pas pour ne rien dire, mais qui pense, et qui fournit des exemples pertinents pour avérer tout ce qu’il propose. C’est pourquoi, quand en 1987, il voit la Comédie comme « un théâtre de production, capable de créer sept spectacles par saison, répartis sur deux salles (…) Deuxième salle de théâtre, moins commerciale dans sa conception, plus locale et plus expérimentale aussi (…) C’est là que le théâtre peut se développer, c’est presque toujours là qu’il innove. » ce ne sont pas des paroles en l’air, ce sont de vraies hypothèses de travail, de réflexion, qui a l i t Marie-José Malis © Marc Vanappelghem s’appuient sur des expériences menées en France ou dans cette Allemagne qu’il connaît si bien, dont il décrit par exemple le modèle de fonctionnement de la Fondation Strobel - studio qui développe et utilise des appareils électroniques pour la production des musiques modernes - (‘je pense qu’un théâtre devrait fonctionner comme la fondation Strobel, avec un artiste au poste de directeur’). Sous-entendu, si un studio peut mettre un artiste à sa tête, pourquoi pas un ‘lieu artistique’ ? Le texte se terminait, dans la version française uniquement, sur un remerciement sincère, empreint de modestie, vu la somme rédigée : « Je remercie tous les lecteurs de cette étude pour la peine qu’ils se sont donnée à comprendre les problèmes exposés ; je leur sais gré de la patience qu’il leur aura fallu pour suivre les méandres de mes réflexions parfois extravagantes ». Mais comme disait Cocteau : « Le rêve est la forme sous laquelle toute créature vivante possède le droit au génie, à ses imaginations bizarres, à ses magnifiques extravagances. » Terminons par conséquent sur une plaisanterie extravagante, celle du Juif pragois à qui l’on demanda de pointer sur la mappemonde l’endroit où il souhaitait être définitivement expédié et qui répondit : « Excusez-moi, vous n’en auriez pas une autre ? » La question à se poser in fine et de toute urgence, c’est: « vous n’en auriez pas un autre, de Langhoff ? » Rosine Schautz Du 23 mai au 2 juin : Le rapport Langhoff de Matthias Langhoff, m.e.s. Marie-José Malis. La Comédie de Genève, relâche lun, mar-ven 20h, mer-jeu-sam 19h, dim 17h (Billetterie : 022/350.50.01 / [email protected]) é 41 Danse Fenix Foofwa d’Imobilité – Neopost Ahrrrt 7 et 8 mai à 20h30 Théâtre Le Dindon Georges Feydeau – Philippe Adrien Du 13 au 15 mai à 20h30 THÉÂTRE FORUM MEYRIN PLACE DES CINQ-CONTINENTS 1, 1217 MEYRIN WWW.FORUM-MEYRIN.CH BILLETTERIE 022 989 34 34 DU LU AU VE DE 14H À 18H [email protected] SERVICE CULTUREL MIGROS GENÈVE / STAND INFO BALEXERT / MIGROS NYON-LA COMBE t h é â t r e théâtre en cavale à pitoëff Allez… Salut ! La neuvième et dernière saison du Théâtre en Cavale se termine en donnant naissance à une toute nouvelle association au nom qui fleure bon le sud et nos racines culturelles, le Théâtre Mediterraneo. En guise de faire-part, les comédiens offrent un spectacle-hommage aux personnages de théâtre qui ont peuplé la scène de Pitoëff et à tous ceux qui veilleront sur la croissance de Mediterraneo. Entretien avec l’auteur-comédien-metteur en scène Miguel Fernandez-V. Miguel Fernandez-V. © Kathelijne Reijse Saillet On peut interpréter le titre de deux façons, l’une triste, l’autre joyeuse. Laquelle est la bonne ? C’est un adieu à la magnifique salle Pitoëff, mais ce n’est pas une fin. Nulle amertume, nul regret. Les comédiens s’en vont monter ailleurs leurs tréteaux mais les personnages hanteront encore longtemps la scène et les coulisses. Salut ! se veut un commencement, un coup de théâtre destiné à raviver l’intérêt du public pour les aventures théâtrales des personnages qu’il a aimés ou qu’il découvrira sur d’autres scènes, dans d’autres lieux. Un peu déçu malgré tout de quitter des lieux aussi chargés d’histoire et de vie ? e n t r Qui ne le serait pas, d’autant plus que la salle a été rénovée en 2012 et qu’elle n’est pas faite pour la musique, or c’est l’Alhambra qui va l’occuper temporairement pendant les travaux à la rue de la Rôtisserie. Il est évident que l’amour que la troupe de Cavale voue au lieu lui fait regretter que personne ne reprenne le flambeau. Que deviendra la salle Pitoëff ? L’avenir est nébuleux et certaines décisions paraissent incompréhensibles, voire incohérentes. La vocation de cette salle historique au cœur d’un quartier populaire est d’entrer en résonance avec un public de gens ordinaires pour lui offrir du rire, de la réflexion, de la détente, du suspense. Où ira ce public ? Le Théâtre en Cavale, avec ses animations autour des spectacles, son accueil personnalisé, ses bandes-annonces a été e t i e précurseur en la matière et avait trouvé son public. Quoi qu’il en soit, l’association du Théâtre en Cavale sera dissoute cet été mais ses comédiens ne disparaîtront pas pour autant puisque l’association du théâtre Mediterraneo va s’enrichir de l’équipe de Zorba renforcée par quelques autres, plus trois musiciens, soit une dizaine de personnes en tout, et que le spectacle Allez… Salut ! sera itinérant en 2014. Venons-en à ce Salut ! qui se veut joyeux. Un directeur vient dire adieu mais ne veut pas partir. Il est triste de quitter des lieux devenus comme sa maison familiale. Les gardiens du théâtre vont petit à petit le pousser dehors, ces concierges n’étant que les fantômes des rôles précédemment incarnés par les comédiens. Zorba demande au directeur de partir car tant qu’il reste, les personnages des pièces qu’il a montées ne peuvent revenir sur scène. Parmi ces fantômes se glissent quelques très grands rôles qui n’ont pas été interprétés sur la scène du Pitoëff tels que Cyrano, Rodrigue, Knock. Le directeur rechigne à quitter la scène, le saut dans le vide l’effraie, il cherche ses marques. Petit à petit cependant, l’autolamentation du début va laisser place au désir de découvrir ce qu’il y aura après. Une fois le travail de deuil fait, un nouveau départ sera possible. Les acteurs pratiquent un art vivant pour des spectateurs vivants qui retrouveront ailleurs, joués différemment, les personnages qu’ils aiment. Les acteurs sont de passage, seuls les rôles sont immortels, la pièce ne dit rien d’autre que cela. Alors, que vive le théâtre ! Propos recueillis par Laurence Tièche Chavier Du 17 mai au 9 juin : Allez… Salut ! de Miguel Fernandez-V. Théâtre en Cavale à Pitoëff, mer-sam à 19h, jeu-ven à 20h30, dim à 17h, relâche lun-mar (rés. 079/759.94.28 / www.cavale.ch - loc. Service culturel Migros, Stand Info Balexert, Migros Nyon La Combe) n 43 Théâtre du Grütli ([email protected] / 022 888 44 88) Du 7 au 14 mai : «Combat de sable» Photo © Sebastien Monachon Du 21 au 31 mai : «Le baiser et la morsure» © Steeve Iuncker Théâtre Alchimic : «Art» Du 14 au 21 mai 2013 (réservations au 022/301.68.38) Théâtre de la Parfumerie : «Albahaca» Du 28 mai au 9 juin 2013 (location au 022/341.21.21) Photo Daniel Gomez t h é â t r e Georges : Georges, une fille jamais elle ne me l’a dit, sauf l’institutrice. Aminata : Bon, Georges maintenant ça ne peut plus durer faut partir. Tes habits faut les remettre. Un pull comme ça où tu l’as trouvé ? Georges : Ma mère. » théâtre de poche Aminata Aminata, c’est le prénom d’une clandestine se livrant à la prostitution, mais pas seulement. C’est aussi une pièce qui dresse le portrait d’une femme insoumise possédant les mots, le corps et la tendresse qui consolent. Quatre protagonistes 46 Aminata : 40 ans, Sénégalaise sans papiers, arpente les trottoirs. Georges : 30 ans, passionnément adoré par sa mère, redécouvre le monde dans un lit aux caresses tarifées. Solange : petite cinquantaine, déstabilisée par la fugue de son fils et décidée à le faire retrouver à tout prix, engage un inspecteur pas très ‘canal historique’, un certain Joël … « L’action se déroule dans une ville d’Europe » stipulait en prologue le regretté Gilles-Souleymane Laubert, dont la pièce, alors intitulée Sortie(s), avait obtenu en 2011 le prix d’écriture dramatique de la Société Suisse des Auteurs. Une écriture redessinée « Georges : Maintenant je ne peux plus retourner Aminata c’est Aminata que tu as dit ? Aminata : Oui c’est Aminata quoi. Rafet naa, pas compliqué alors toi ton nom ? Georges : Georges que ma mère elle a déclaré à l’état civil enfin pas souvent elle le dit, Georges. Le nom c’est plutôt le fils. Toujours le fils. Aminata : Georges, rafet. Georges : Rafet, ça veut dire quoi ? Aminata : Joli, ça veut dire joli. Comme ton prénom… Georges. «Aminata» © Mario Del Curto e n t L’écriture un peu émiettée de Gilles S. Laubert donne à voir, d’emblée, ce dont traite la pièce, à savoir comment dire l’altérité sans théories exténuantes ou convenues, comment désorganiser les a priori, comment déconstruire les habitudes et réinventer sinon un monde du moins une manière de dire ce monde. A l’instar d’un Koltès qui a parfois parsemé ses textes de mots arabes, de phrases en arabe, Laubert instille du wolof dans quelques parties, et recrée une grammaire, une ponctuation, une diction que l’on entend déjà dans les paroles jetées en vrac sur la page blanche. En écoutant Georges, on se surprend à penser d’une part à l’Ernesto de Duras, cet enfant-philosophe qui possédait un étrange vocabulaire et une manière très personnelle de décrypter son environnement tout en remettant en cause l’éducation dans ce qu’elle a de forcément conventionnel, enfant misimple d’esprit, mi-sage en mode absurde, et l’on songe aussi à Kaspar Hauser, ce fameux ‘spécimen’ sauvage, perdu, abandonné, peut-être noble, mais resté à jamais marginal et incompris. Et finalement assassiné, comme Georges… « C’est un handicapé de la tête qui est resté comme un bébé depuis sa naissance. Dans toute la pureté…C’est un handicapé que je vous dis ! Il est né avec le cordon ombilical autour du cou. Il était presque mort. ». C’est ainsi que la mère décrit son fils à l’inspecteur chargé de le retrouver. A quoi il répondra, implacable: « Dure vous êtes une femme dure… Une femme comme vous elle me fait pitié… De bois, votre tête elle est comme du bois et le cœur c’est de la pierre… J’ai de la pitié pour vous… Le fils je vais vous le retrouver. » Rosine Schautz Entretien avec le metteur en scène Qu’est-ce qui vous a attiré de prime abord dans cette pièce ? Ce texte a immédiatement résonné en moi. Il réunissait des thèmes qui me tiennent à cœur et que j’ai traités dans plusieurs de mes films : l’altérité, la prostitution, le rapport à la mère, à la femme, et finalement, en sous-texte, aussi, au père, ou disons à l’homme. La pièce de Gilles Laubert est par ailleurs construite comme un film, elle est ‘montée’ selon un crescendo très cinématographique. A côté de cela, la langue de Laubert qui est un peu ‘tordue’, aux marges du possible, voire du compréhensible, me plaît et me fascine. Elle me rappelle Ramuz et me fait entendre l’Afrique dans un même mouvement. Elle me donne accès à cette parole d’émigrés, de l’immigration, cette langue sens dessus dessous, qu’ici Aminata, l’héroïne, se réapproprie et nous restitue dans toute sa majesté. Une sorte de retour à l’archaïque, pourtant très moderne, très contemporain. Enfin, quand René Gonzalez m’a proposé de monter cette pièce, je ne savais pas qu’il allait disparaître presqu’en même temps que Gilles, quelques semaines plus tard… Aussi ai-je conçu ce spectacle également comme une récitation aux morts, une oraison des vivants pour les morts. J’ai eu l’idée de mettre en scène cette parole r e t i e n t h é â t r e trompe, on peut prendre des chemins qui s’avèrent complètement faux, des sens interdits, des détours, des contours, puis on trouve des solutions, on ‘répare’, on se corrige. En fait, le travail est complétement différent, même si au final on fait entendre des mots et on montre des images… J’ai aussi travaillé de près la lumière et créé avec Matthias Grau un dispositif vidéo qui donne à voir les scènes un peu comme au cinéma et propose une scénographie pertinente, cohérente qui fasse entrer le spectateur dans cette histoire circulaire à quatre personnages. Propos recueillis pas Rosine Schautz Du 6 au 26 mai : Aminata de Gilles Laubert, m.e.s. Jacob Berger. Le Poche-Genève, lun-ven à 20h30, mer-jeu-sam à 19h, dim à 17h, mar relâche Réservation : 022/310.37.59 lun-ven 9h30 à 12h + 14h à 18h Loc. SCM) «Aminata» © Mario Del Curto pour faire lien avec eux. C’est ma manière de célébrer, voire d’invoquer ces deux hommes. En quoi le métier de cinéaste et de metteur en scène est-il différent pour vous ? Les deux relèvent de la création, mais être cinéaste demande d’avoir des moyens considérables. On dépend de toute une série de mises à disposition de fonds, ce qui est parfois un peu pénible, d’autant que le verdict des instances sollicitées peut tout faire arrêter. Alors le projet tombe à l’eau avant même d’avoir existé. Depuis toujours je vais au théâtre, c’est un lieu que je connais, j’aime y entendre de la parole. Je suis d’ailleurs arrivé au cinéma par la littérature, la lecture, le texte plus que par l’image. Gilles-Souleymane Laubert, auteur et comédien, fut le fondateur de la Compagnie des Cris. Après une formation à l’École Supérieure d’Art Dramatique de Genève (ESAD), il interpréta des rôles de premier plan dans de nombreux spectacles en France, en Suisse et en Belgique. Parmi ses pièces, L’Abus, jouée près d’une centaine de fois dans une mise en scène de Martine Paschoud, est parue aux éditions Les Solitaires Intempestifs. Sur les bords a été représentée en Suisse et en France. Aminata a reçu le prix SSA 2011. Gilles-Souleymane Laubert est décédé le 8 mai 2012. Jacob Berger est un cinéaste né en 1963. Après des études à la Tisch School of the Arts de l’Université de New York, il réalise son premier long métrage en 1990, Angels, présenté en compétition officielle du Festival de Berlin. Puis, il tourne Jour Blanc, avec notamment Heinz Bennent. Il réalise ensuite 1 Journée, ainsi que de nombreux documentaires pour Temps Présent et pour Arte. Son long-métrage, Aime ton père, a représenté la Suisse aux Oscars 2003. Il a, enfin, cosigné le scénario de Libertad, le film de Nicolas Wadimoff, sélectionné à la dernière Quinzaine des Réalisateurs de Cannes. Comment avez-vous procédé pour le ‘casting’ et la construction du spectacle ? Le casting a été long, puis est venu le travail à la table. J’ai dû organiser mon temps de manière à tenir sur le long terme. Le temps au cinéma et au théâtre n’est pas le même. Quand on filme, on met en boîte, on se ‘sert’ de quelques instants, et ensuite on passe à autre chose, on tourne un autre plan. Au théâtre, il y a les déplacements, les mises en places qui se trouvent petit à petit, on cherche ensemble des mouvements, on se e n t Jacob Berger © Gilles Philippot r e t i e n 47 t h é â t r e théâtre am stram gram De mémoire d’estomac Au mois de mai, le Théâtre Am Stram Gram propose De mémoire d’estomac d’Antoinette Rychner, dans une mise en scène de Robert Sandoz, un spectacle destiné au jeune public dès huit ans. Malgré son style enfantin, De Mémoire d’estomac s’avère être une fable des plus sérieuses. La morale de la pièce souligne la beauté de la vie qui est palpitante mais aussi injuste. Robert Sandoz destine son spectacle d’abord aux adolescents, à ceux qui se frottent au monde pour se construire une identité et surmonter les incertitudes. Rencontre avec l’auteure, Antoinette Rychner. Quelle a été votre source d’inspiration pour cette pièce ? La différence ? 48 Au départ, c’est Laure Fallet, une amie, qui m’a parlé d’un projet qu’elle souhaitait mettre sur pied. Elle voulait créer un spectacle de marionnettes destiné aux enfants. Elle a évoqué « une fille au bras en forme de violon ». Je me souviens qu’elle a replié le bras, ébauchant un geste du coude vers l’interrupteur, pour mimer l’étrange handicap. L’image a fait mouche, et j’ai dit que j’allais tenter d’écrire cette histoire. Finalement ce n’est pas Laure, mais son compagnon Robert Sandoz qui s’est emparé de ce texte. Il n’était plus question de marionnettes, pourtant cette donne de départ m’a permis de prendre des libertés. Par exemple, le personnage de l’estomac ; je ne l’aurais sans doute pas inventé si je ne m’étais pas dit qu’en marionnettes, on pouvait « tout faire ». Vous utilisez les codes du conte (les pommes font référence à Blanche Neige,..) mais vous vous écartez des situations convenues du genre … Pour mieux surprendre ? Je n’ai pas décidé consciemment d’utiliser les codes du conte. Il se trouve que je n’avais que peu écrit pour le jeune public, je me demandais comment attaquer, comment commencer l’histoire de cette fille un peu spéciale. Il fallait montrer la naissance – ça s’est imposé; et puis mon héroïne allait partir à la rencontre de tout ce qui existe, s’exposer aux aventures. Cette petite fille au milieu de rien, qui doit aller au-devant de ce qui vient, c’est aussi l’auteure cherchant à se frayer un chemin. Par la suite, le texte a été remodelé plusieurs fois mais la sorcière, les pommes sont de purs surgissements au détour du premier jet. Ces figures sont venues à moi tandis que je me baladais en des contrées à la fois collectives et ancestrales, les contes de ma culture, et intimes puisque des lieux que j’aime (vergers de pommes par exemple, ou vieille maison à la cuisine pavée de pierres) m’ont servi de décor mental. Si la fable s’écarte finalement des canons du conte, ce n’est pas non plus par stratégie réfléchie de ma part, mais parce qu’une fois les personnages nés, leur trajectoire a suivi une logique propre, qui devait passer par les déboires et fièvres de nos adolescences réelles, à l’intérieur de ce territoire de la féerie et du symbolisme où ils progressaient. La différence qui stigmatise la petite fille initialement devient vecteur de partage ? La malformation conditionne son existence, puisqu’elle provoque l’abandon de ses parents. C’est à cause de cet abandon qu’elle va être mise en situation de survie, contrainte à un apprentissage rapide, prendre des risques, faire des rencontres importantes. Cette malformation structure aussi le Antoinette Rychner © Francesca Palazzi e n t r e récit car nous commençons par voir l’effet causé à l’entourage, puis nous voyons comment l’héroïne elle-même découvre qu’elle est différente, qu’elle ne correspond pas entièrement au modèle humain. Ce rapport entre l’être perçu et l’être qui se percoit lui-même, c’est essentiel dans la pièce. Par la suite, c’est le personnage d’Alphonso, une sorte de vieux sculpteur fou, qui porte à son tour un regard sur le bras malformé et y voit un potentiel, une singularité à développer. Il va tenter de « sculpter » ce bras dans le sens de son inspiration, mais cela ne plaira pas à l’adolescente qui ne rêve que d’un bras conforme aux autres bras de la terre. Tout au long de la vie de l’héroïne, différents regards seront posés sur cette différence et c’est à travers ces regards que l’héroïne va se définir. Pour chacun, ce bras aura une autre apparence, une autre signification. Ce n’est que dans la mort, une fois que ce fameux bras sera sublimé en instrument qu’il va rassembler, gagner une portée universelle ; dans la musique, il devient effectivement un instrument de partage (« tout le village » vient écouter le son du violon), il génère quelque chose d’accessible à tous, alors que vibre le bois constitué au fil d’un parcours, d’une souffrance personnelle. La parabole de votre histoire est que la vie est belle mais que la fin surprend. Contrairement aux Walt Disney, vous préparez les jeunes à des histoires qui peuvent finir mal ? Il fallait simplement que je sacrifie ces deux jeunes gens pour tirer d’eux les instruments qui allaient devenir le violon et l’archet. Si je les avais laissé vivre centenaires, ils auraient sans doute vécu heureux mais je pense que le violon produit sonnerait moins bien. Il n’y a pas de visée pédagogique, mais le fait est que certains événements de la vie peuvent se montrer absurdes, douloureux, incompréhensibles, et qu’il n’y a aucune raison d’épargner le spectateur sous prétexte qu’il est jeune. Lors des représentations de Besançon, des enfants en situation de handicap moteur sont venus voir le spectacle. Une éducatrice m’a rapporté qu’elle n’était « pas sûre qu’ils aient compris que les jeunes personnages mouraient à la fin, mais qu’elle n’avait pas souhaité insister sur ce point ». Pour ma part, j’étais heureuse qu’ils aient perçu la fin de façon peu dramatique, car je n’étais moi-même pas si triste en écrivant la fin, j’avais plutôt l’impression d’une transformation organique qui se faisait en souplesse. Propos recueillis par Firouz-E. Pillet www.amstramgram.ch www.toinette.ch t i e n Théâtre des Marionnettes de Genève tmg mario nnett es MIGRO Saison REL-CL U T L U C T N E C S-POUR Victorir a Ha 2013/2014 au ll - Abonnez-v ASSICS ous! Lundi 28 octobre 2013 à 20 h ORCHESTRE DU FESTIVAL DE BUDAPEST Jeudi 28 novembre 2013 à 20 h ORCHESTRE RÉVOLUTIONNAIRE ET ROMANTIQUE Mardi 10 décembre 2013 à 20 h CAMERATA BERN Jeudi 16 janvier 2014 à 20 h ORCHESTRE DE CHAMBRE DE BÂLE Jeudi 13 février 2014 à 20 h ORCHESTRE DE CHAMBRE DE POLOGNE Jeudi 13 mars 2014 à 20 h ORCHESTRE SYMPHONIQUE DE MONTRÉAL Mardi 29 avril 2014 à 20 h ORCHESTRE SYMPHONIQUE DE LA BBC LOPÉRA DU DRAGON CHIEN BLEU Dès 4 ans 1 au 19 mai 2013 Le mystère dune enfance fantastique face à un chien protecteur. Adultes, ados 22 au 26 mai 2013 Entre mythologie et conte populaire, la résistance face à un tyran. 3, rue Rodo, Genève 022 807 31 07 www.marionnettes.ch THÉÂTRE de Mercredi 21 mai 2014 à 20 h ORCHESTRE DU THÉÂTRE MARIINSKI Billetterie: Service culturel Migros Genève, Rue du Prince 7, Tél. 022 319 61 11 Abonnements en vente du lundi 27 mai au vendredi 6 septembre 2013. Billets en vente dès le 17 septembre 2013. Organisation: Service culturel Migros Genève www.culturel-migros-geneve.ch www.migros-pour-cent-culturel-classics.ch 210-2* ) ( '0&)*% $ 0')#" )!"#*! %!)%' %%')%1#"2!) *$) %%%%%% VALÈRE sion Prune Beuchat AVRIL Je 11 – S underland de Clément Koch Ma 16 – Hors-la-loi de Régis Duqué Me 24 – Eric Antoine Magie et Humour MAI Ma 7 – Le Ravissement d’Adèle de Rémi De Vos Je 16 – In love with Federer à Sierre Ve 17 – In love with Federer à Sierre 2012 · 2013 saison 027 323 45 61 | www.theatredevalere.ch * %%% Château Rouge, Annemasse (location +33 / 450.43.24.24) Le 15 mai : Salif Keïta Photo © DR Le 23 mai : « Lost in the Supermarket » Photo © Christophe Raynaud de Lage Bonlieu, Annecy : Philippe Car à l’honneur (réservations au +33 / 450.33.44.11) Les 17 et 18 mai : «Sur le chemin d’Antigone» Photo © Elian Bachini Du 21 au 23 mai : «La Caravane du Cid» Photo © Elian Bachini t h é â t r e théâtre des marionnettes de genève Au fil du récit, le lien très fort entre ce chien coloré et la petite fille se consolide ; quelle est leur relation ? Chien bleu Fabrizio Montecchi, metteur en scène et scénographe né en Italie en 1960, a suivi des études d'art et d'architecture et vit actuellement en Italie. Dès 1977, il commence sa collaboration avec la compagnie Teatro Gioco Vita de Piacenza, période durant laquelle il travaille à la croissance et au développement du théâtre d'ombres. Les comédiennes manipulent parfois à vue les figurines du récit au cœur d’un univers d’ombres et de couleurs. Elles jouent aussi les rôles de la mère et de la fille. Cela contribue à renforcer le fait que la jeune Charlotte ne s’étonne pas de la vision d’un chien bleu. Si elle n’en a jamais vu, elle l’accepte néanmoins tout de suite. Elle pressent bien qu’il est aussi solitaire et parfois incompris qu’elle. Il existe ainsi souvent chez l’enfant cette capacité d’émerveillement et d’accueil par rapport à ce qui est inconnu. Le chien apparaît pour aider la petite fille à grandir. L’Opéra du Dragon Le théâtre des Marionnettes de Genève accueille, du 1er au 19 mai, Chien Bleu, une adaptation du Teatro Gioco Vita de l’œuvre éponyme de Nadja, la sœur de Grégoire Solotareff, spectacle destiné au jeune public dès 4 ans. Ce spectacle mêlant ombres et figures multicolores dépeint l’amitié qui se tisse entre un chien bleu ciel et Charlotte, une fillette curieuse; le chien devient à la fois le protecteur et le confident de la fillette. Rencontre avec le metteur en scène. Pourquoi avoir choisi Chien bleu ? 52 Je trouvais intéressant de voir que la présence d’un animal hors du commun, le chien bleu, permet d’aborder le thème du double. La vision de l’enfance développée par Nadja est celle d’un être qui possède déjà tout, au plan des capacités et de la sensibilité. J’ai alors hésité à monter L’Enfant des sables, Chien Bleu ou Méchante. La figure du double y prenait la forme d’un petit enfant de sable, d’un animal ou d’une poupée. Ces livres ont en commun une matière expressive remarquable tant au plan graphique et des couleurs, que dans la profondeur de l’univers intime d’un enfant. Pour Chien Bleu, la force des illustrations est telle qu’il est impossible de séparer les images du texte. L’image est empreinte de cette force mythique liée à la figure tutélaire du chien. Tout en respectant l’esprit du livre, on a souhaité le rendre vivant sur le plateau, d’où nom-bre d’énergies, mais aussi d’éléments silencieux qui traduisent la vie intérieure profonde des personnages principaux, Charlotte et le chien. Les marionnettes sont confiées aux soins de deux comédiennes - Laura Dell´Albani et Deniz Azhar Azari. Comment avez-vous travaillé avec elles ? «Chien bleu» © Jonathan Gobbi La présence des deux comédiennes qui manipulent les figures et ombres du récit se veut délicate, discrète, comme des conteuses venues raconter une histoire. C’est une manière de prendre l’enfant avec soi dans ce voyage initiatique, au pays des ombres et au fil d’un univers émotionnel. Nous avons aussi imaginé le rêve de Charlotte. Dans cette scène, tout semble possible dans le jeu sur les tailles des ombres aussi vivantes que possible créées par des silhouettes manipulées et parfois fixées à la table. Le regard au sein des ombres ainsi que le profil de la silhouette sont essentielles pour l’expressivité du personnage. e n t Le talentueux Johanny Bert vient à Genève présenter L’Opéra du Dragon, un spectacle pour adolescents et adultes, qui sera proposé du 22 au 26 mai. Le metteur en scène surprend encore avec cette fable cruelle et mordante sur la tyrannie et l'assujettissement des hommes. Après une formation de comédien aux ateliers de la Comédie de Saint-Étienne, et de marionnette auprès d’Alain Recoing (Théâtre aux Mains Nues), Johanny Bert a travaillé avec différentes compagnies dont le Théâtre Archimage dirigée par Guy Jutard. En 2000, il fonde la compagnie le Théâtre de Romette pour développer des projets personnels. Il s’entoure pour chaque création d’une équipe constituée d’acteurs, de plasticiens, d’auteurs, de techniciens et, souvent, d’artistes invités. Dans le présent spectacle, un dragon sauve toute une ville du choléra. Les habitants reconnaissants décident de se placer sous sa protection et lui livrent chaque année une vierge comme épouse, promise à la mort... jusqu'à ce que la belle Elsa résiste. Arrive alors un chevalier servant qui mène la résistance contre le tyran. Inspiré du Dragon d'Evgueni Scwartz, L'Opéra du dragon est une fable politique où Heiner Müller pose quelques questions qui résonnent avec l’actualité. Rencontre. Quels aspects vous ont plu dans l’écriture de Heiner Müller ? Cette écriture offre une trame dans laquelle tout se dit en peu de mots, de façon presque lapidaire, nécessaire. Il n’a pas écrit une réduction de la pièce de Schwartz. Il a porté son regard personnel, historique sur cette fable ancienne qui a traversé les générations, en convoquant un langage simple, poétique, qui laisse la place à l’action et à l’image interprétative. Ce texte, qui parle de soumission volontaire, demeure actuel … Müller nous pose quelques questions décisives : les hommes sont-ils faits pour la liberté ? Ont-ils le courage de s’émanciper des régimes totalitaires et à quelles conditions ? La pièce interroge, aussi, la place que nos sociétés font encore à l’utopie, ou aux perspectives de bonheur collectif. Vous mêlez sur le plateau plusieurs types de présence ... Sur le plateau, évoluent et dialoguent en permanence quatre langages, qui sont aussi quatre formes de présence : les figures marionnettiques (foule d’individus similaires, uniformément privés de corps, dont n’émergent que quelques identités singulières) ; trois acteurs manipulateurs, qui donnent les impulsions physiques et prennent en charge la partition gestuelle des marionnettes ; une actrice-récitante qui interprète toutes les voix des personnages ; un musicien qui, entouré de ses nombreux instruments, entrelace sa partition sonore à celle des mouvements dramatiques, chorégraphiques et vocaux. Dans ces interactions multiples, s’offre alors au spectateur une vision, en acte, non pas de la finalité de l’Histoire (pouvons-nous croire à l’avènement d’un monde définitivement meilleur ?), mais de sa fabrique démocratique, dans la (re)négociation permanente du contrat qui lie ceux à qui ils délèguent leurs pouvoirs. Propos recueillis par Firouz E. Pillet www.marionnettes.ch r e t i e n d a n s Vous reprenez à Annemasse votre spectacle créé en 2011 pour les 20 ans de Grenade… château rouge, annemasse Josette Baïz A la tête du Groupe et de la Compagnie Grenade, la chorégraphe Josette Baïz fera escale le 15 mai sur la scène de Château Rouge à Annemasse, avec son spectacle « Grenade, les 20 ans ». Entretien. Grenade est une association d’enfants et d’adolescents (le groupe) et de professionnels (la compagnie), c’est une structure très originale… Le groupe Grenade est constitué d’enfants de 6 à 18 ans, puis de ce groupe est issue la compagnie professionnelle. C’est-à-dire que lorsque les enfants sont grands, s’ils ont une évolution suffisante, ils deviennent des professionnels dans ma compagnie, et c’est le cas pour beaucoup. Nous sommes un peu les seuls à faire ça en France, c’est ce qui est particulier dans notre aventure. Nous tenons à ce que les enfants soient scolarisés, et ne souhaitons pas qu’ils deviennent une sorte de groupe qui suivrait des cours par correspondance. Comme nous voyageons assez souvent, nous sommes obligés de faire une double distribution pour les moins de 16 ans, sinon ce serait très problématique avec l’école. Les agendas sont établis un ou deux ans à l’avance, et c’est toute une organisation : nous suivons les devoirs en tournée, et ils les envoient par mail, … Votre implantation locale à Aix-en-Provence est forte, vous participez régulièrement au festival au mois de juillet ? Oui, nous sommes très implantés dans le tissu local, nous avons énormément d’adhérents dans les cours, et des structures passerelles existent avec l’art lyrique ; nous créerons un Roméo et Juliette pour l’édition 2013 du festival d’Aixen-Provence. Nous avons une école à Aix et intervenons régulièrement dans 7 écoles sur Aix et Marseille, y compris dans les quartiers nord. Nous avons eu une activité en forte expansion depuis des années, et rencontrons actuellement un problème d’espace, avec beaucoup de danseurs, beaucoup de dates de spectacles, de nombreuses chorégraphies qui tournent. Vous avez donc avec vous des enfants issus des quartiers nord de Marseille … e n t r e Il y a 20 ans, nous avions démarré avec les quartiers nord de Marseille, et les jeunes provenaient exclusivement de ces quartiers. Et puis au cours des années, mon principe étant celui de l’évolution, c’est-à-dire faire l’année suivante quelque chose de plus technique, de plus recherché, nous avons pratiqué un métissage de culture assez énorme, en travaillant le classique, le hip-hop, le contemporain, la danse orientale, la danse africaine... Il faut avouer que les spectacles sont devenus de plus en plus difficiles, je voulais montrer que les enfants sont capables de s’intégrer dans des choses assez complexes. C’est évi- Le spectacle donné en 2011 nous semblait un programme très ambitieux avec des pièces chorégraphiées par 6 grands noms de la danse d’aujourd’hui. Les échos ont été très favorables et puis nous avons eu une reconnaissance idéale dans le monde de la danse avec le Théâtre de la Ville à Paris, qui nous a programmés une semaine au mois de mai 2012. Nous sommes entrés comme cela un peu dans la cour des grands ! Avec le Roméo et Juliette à Aix cet été, et puis aussi avec d’autres perspectives, nous sommes sur des projets un peu « énormes » à présent. Mais c’est une évolution que nous sommes très heureux de connaître, avec de nouveaux défis. Angelin Preljocaj est l’un des 6 chorégraphes de votre spectacle, lui aussi basé à Aix-en-Provence… On peut dire que le Ballet Preljocaj basé à Aix et nous-mêmes ne sommes pas dans le même monde ! C’est sûrement l’un des chorégraphes qui tournent le plus en France voire à l’étranger. Ce n’est pas la même dynamique que la nôtre. Ce qui nous caractérise est que, pour le moment, il n’y a pas de référence pour ce que nous faisons. Au début c’était difficile, le ministère de la Culture nous disait : « que faites-vous avec ces enfants ? Ce n’est pas professionnel, ce n’est pas de la danse… » Ce qui fait plaisir est qu’au bout de 20 ans, nous avons Grenade les 20 ans «Vers un pays sage», énormément travaillé et somchorégraphie Jean-Christophe Maillot © Jean Barak mes arrivés à un tel profesdemment un tour de force, mais un peu au détri- sionnalisme avec les enfants, que plus personne ment du nombre d’enfants qui viennent des quar- ne nous dit ça ! Les gens sont en reconnaissance tiers. Certains enfants de Grenade sont fous de de ce travail, et même, ce qui est dit et m’est très danse et viennent 4 ou 5 fois par semaine pour agréable aux oreilles, est que les enfants nous pouvoir vraiment travailler et progresser. Du donnent une autre lecture des pièces. Les enfants coup, les enfants des quartiers, qui sont quand sont très frais, très drôles, plein de vie, forcément même moins soutenus par leurs parents, ont un très communicatifs, ils donnent une autre vision peu moins de facilité à suivre. On est passés de et un coup de jeunesse à ces pièces, déjà ancien100% à l’origine à 10% à peu près de jeunes des nes pour certaines d’entre elles. C’est cela qui me quartiers aujourd’hui. Et puis l’époque a changé, fait plaisir maintenant, d’avoir pu, au bout de tant en 1989 les enfants faisaient du hip-hop dans les d’années de travail, donner une autre vision des caves avec une espèce de volonté de s’en sortir choses. Propos recueillis par François Jestin par l’art vivant. Actuellement avec internet ce n’est plus vraiment cette réalité, ils s’investissement moins dans cette école de la vie avec de Relais Château-Rouge à 20h30 (loc. +33/450.43.24.24) Le 15 mai : Grenade, les 20 ans vrais gens. e t i e n 53 d a n s e théâtre du jorat, mézières La détresse enchantée De Puz/zle, polyphonie de gestes imaginée au dernier Festival d’Avignon à M¡longa, création autour du tango, le chorégraphe belge et marocain Sidi Larbi Cherkaoui mêle gestes, mythes, cultures et origines d’ici et d’ailleurs. 54 Musique populaire et danse contemporaine se croisent dans cette reviviscence du tango, qui loin d’être la danse de salon actuelle, exprime la sensualité, le drame, la gouaille et le désespoir des couches les plus déshéritées de la société. Cette création renouera-t-elle avec le succès historique international du spectacle Tango Argentino qui suivit, en 1983, la chute de la junte militaire en Argentine et marqua un regain d’intérêt dans les jeunes générations pour le tango avec la réouverture des milongas (dancings dévolus à cette expression dansée) ? Ou l’œuvre aura-t-elle cette dimension d’insoumission liée à cette danse d’une fascinante beauté propre à devenir l’allégorie d’un pays qui fut sous la férule dictatoriale et autoritaire durant des décennies, et si bien saisie par Carlos Saura dans son film Tango (1998) ? fauder de nouvelles expressions pour s’affirmer et survivre. En témoignent les hautes murailles carcérales partagées entre lamentations et besoin de consolation de Foi (2004) ou les boîtes catafalques croisées dans Sutra (2008). Au fil de Puz/zle (2012), elles laissent la place à un immense jeu de dominos ou sudoku géant architectural. Les compositions musicales des pièces chorégraphiques du maître flamand sont souvent somptueuses. A la musique harmonique live ou électro succède ainsi, pour Puz/zle, le groupe A Filetta, qui revisite la tradition vivante des polyphonies corses, lesquelles se tuilent en sinuosités aux oscillations vocales de la Libanaise Fadia Tomb El-Hage. Tous sont intimement intégrés à l’espace scénique et au cane- Arts mêlés Au sein de sa compagnie, l’artiste n’a sans doute pas oublier que cette danse sociétale, menée en couple et apparue dans la banlieue de Buenos Aires au cœur du 19e siècle mourant, se dansait avec une inventivité souvent renouvelée entre hommes ou dans les lupanars, car les femmes venaient alors à manquer. Les comédies dansées américaines au cinéma - telle Shall we dance ? avec Jennifer Lopez et Richard Gere - ont préféré retenir, dans leur immense majorité, un érotisme à fleur de chair, des pas souvent d’une rare complexité, la différence marquée entre figures exécutées avec une époustouflante vélocité et le gel de certains temps, comme mis en suspens, faisant sculpture graphique, idéales pour ce magnifique créateur d’images corporelles scéniques qu’est Sidi Larbi Cherkaoui. Chez lui, les scénographies contraignent souvent les corps à écha- «Milonga». Choregraphie Sidi Larbi Cherkaoui. Photo credit: Diego Franssens a c t u a vas chorégraphique. L’âme cinéphile s’ébroue, elle, à la stridence de la flute jouée par le percussionniste japonais Kazunari Abe. Elle reconduit le souffle épique du film Ran signé Kurosawa. A l’occasion de M¡longa, la partition musicale tango est l’œuvre de l’excellent quintet de Fernando Marzan qui évolue avec une grande vivacité d’expression au cœur de la capitale argentine. Au fil de ses pièces, le chorégraphe a toujours convoqué et tressé les arts traditionnels du monde entier, composant un univers baroque foisonnant, traversé des questionnements de notre temps. Comme cette nouvelle création l’attestera sans nul doute, il est l’artisan d’une danse physique, dramatique et théâtrale. Elle sert un propos pouvant aussi mettre en avant l’altérité, le spirituel et une puissante réflexion sur notre devenir mortel. Que l’on songe, par exemple à l’épisode de la danse des noyés dans Loin ou aux lapidations, ensevelissements minéraux et guerres des pierres au ralenti et en instantanés figés pour Puz/zle. Sur la crête de ces états « mouvementés », inspirés de déplacements organiques, naturels, l’on ne distingue plus ce qui manipule et ce qui est manipulé. Afin d’enrichir ses horizons, Cherkaoui convie sur son plateau des artistes issus de disciplines contrastées : danseuses flamenca et indienne, chorégraphes comme Akram Khan et Damien Jalet, le sculpteur Antony Gormley ainsi que des musiciens de cultures variées. De l’alphabet gestuel narratif du Nord de l’Inde (khatak) et sa poétique expressivité de mains papillonnantes aux ondulations du hip hop en serpentant par le bûto aux gestes tourmentés d’arbre mort, ce chorégraphe à l’imaginaire arborescent sait précipiter artistes et gestes jaillis de tous les horizons avec un sens rarement égalé de l’équilibre. Pour M¡longa, le travail s’est développé en connivence avec danseurs et musiciens argentins en partant des soirées dansées se tenant dans des bars de Buenos Aires. Un tango portant sans doute par instants davantage l’empreinte aristocratique qui l’a sorti de ses bordels d’origine durant les années 20 avec l’avènement de Carlos Gardel. Les corps lianes d’une extrême physicalité chers au chorégraphe se retrouveront sans doute dans ces couples enlacés, voire au gré du plus intense mouvement spiralé, où l’on ne peut distinguer où l i t é d a n s e 55 «Milonga». Choregraphie Sidi Larbi Cherkaoui. Photo credit Diego Franssens débute une anatomie et l’endroit exact où s’achève l’autre. Des couples feront probablement mousser leurs mouvements de bras et leurs jeux de jambes se délieront en de vertigineux équilibres, dramatiques voire cocasses. Ainsi sur scène, contemplera-t-on ce pas mythique appelé salida qui clôt de multiples variations et permet à l’élément masculin de recouvrer – temporairement – une maîtrise du couple. Seront revisités une très large palette de figures dont l’asentenda (impressionnantes ondulations des hanches), le pas croisé ou le moulinet. Réminiscences de Buenos Aires Cherkaoui aura sans doute à cœur de revivifier cet aspect veines ouvertes de l’Amérique latine du tango tout en se souvenant peut-être que l’Allemagne de l’entre-deux-guerres en donna une version chorégraphiée très staccato, architecturée de mouvements de tête semblables à des poignards et une dimension spectrale proche du muet et de l’expressionnisme triomphant avec ses corps silhouettés entre la 2d et la 3d que le décor semble, un temps, proposer dans M¡longa. La pièce aligne une paire d’interprètes contemporains, un orchestre de tango formé de cinq musiciens et dix danseurs de tango, dont le a c t u prodige Valentina Villaroel, à l’expressivité de la plus belle eau, rehaussée par un visage almodovarien. Ses solides lignes de corps n’ont jamais oublié leur formation à l’Ecole de danse nationale Maria Ruonava, donnant une vue physique complète alliant ballet, danse contemporaine, mime et trapèze. Impressionnante est sa performance dansée et chantée dans le spectacle Evita Vive, un immense succès dirigé par Peter Macfarlane à Buenos Aires. L’opus tuile effluves de hip-hop, tango et disco, en retraçant la vie d’Evita Peron, de sa naissance à Los Toldos à sa disparition, à 33 ans, dans le Palais présidentiel. La native de Grenade et ultrapopulaire chorégraphe Blanca Li serait bien inspirée de faire appel à pareil chef-d’œuvre pour élargir son éventail chorégraphique déjà fort étendu. En 1995, Cherkaoui, lui, n’a-t-il pas remporté le concours du meilleur solo de danse, mis sur pied par le chorégraphe Alain Platel, avec un tuilage de funk, disco et hip-hop, le tout estampillé danse contemporaine par son auteur ? La création de Cherkaoui cisèle le milonga, ces danses de groupes menées en tango. Et qui, à Genève, se donnent souvent rendez-vous dans les cours d’écoles ou parcs. La sensation ressentie lors d’une figure pareille à la promenade et la contrepromenade sous la conduite d’une a l i t enseignante vous tenant fermement par la taille, cavalier devenue cavalière, fluidifiant les sens comme rarement, est l’une des plus belles expériences corporelles et sensitives qu’une vie dansante amateure ou professionnelle peut connaître. Quelle soit envisagée ou non dans une perspective culturelle éloignée de ses expressions classiques et heureusement impures, mélangées par essence, la pratique de cette danse exigeante dans la formidable attention à l’autre qu’elle développe en couple bien réel dans la vie, favorisant une incroyable circulation d’énergie entre les partenaires, vaut bien des thérapies de couples cognitives notamment. Puisse cette pièce créée en Suisse romande par l’un des chorégraphes les plus prestigieux du moment - ayant œuvré notamment pour le Genevois Ballet du Grand Théâtre (Loin, 2008), insuffler au tango et à sa transmission la reconnaissance qu’ils méritent assurément. Bertrand Tappolet M¡longa, 23 au 29 mai, Théâtre du Jorat, Mézières. Coproduction notamment avec le Théâtre de Vidy. Rens : www.vidy.ch et www.theatredujorat.ch é m u s i u Cédric Pescia et ses amis Schubert et Bartók Pour la 7e année, le Théâtre Kléber-Méleau, à RenensMalley, accueille les «Rencontres Musicales avec Cédric Pescia», pianiste né à Lausanne en 1976. « En fait je m'intéresse surtout au récital, et à la musique de chambre, des genres qui me permettent la recherche, la remise en question » ainsi s'exprimait récemment le Vaudois Cédric Pescia dans les colonnes de cette revue. Cette curiosité s'appuie sur un constat évident : « Je trouve qu'en Suisse, et tout particulièrement en Suisse romande, c'est inouï tout ce qui se passe ! Pour un artiste, il y a largement les moyens de se former, de faire carrière et d'y être bien ! » Ce credo trouve un écho dans la politique de la direction du théâtre Kléber-Méleau. Un simple coup d'œil sur les affiches permet de prendre conscience du désir de renouvellement, de diversité... et de surprendre le public ! En un tel lieu, le théâtre côtoie la musique et la musique côtoie le théâtre ! Produit par l' «Ensemble EnScène» le programme musical se veut jeu, véritable mise en scène. Le pianiste peut ainsi donner libre cours à son imagination, ses désirs d'innovation et de collaborations. Chant et piano Pour la première rencontre, le talentueux musicien lausannois, qui mène actuellement une carrière à Berlin, s'est associé à Marie-Claude Chappuis. La Fribourgeoise d'origine, une valeur sûre de l'univers lyrique, privilégie les esthétiques italienne et allemande des XVIIIe et XIXe siècles. Elle a fondé le «Festival du Lied» à Fribourg en 2001. Pour cette occasion, elle se laisse entraîner un peu en dehors de son répertoire, vers des pages de De Falla, Fauré et Poulenc. Nul doute que la lecture des partitions avec un associé qu'elle connaît bien - ne manquera pas de fraîcheur. Nurit Stark est une violoniste israélienne qui est passée par la Julliard School de New York. Une amitié ancienne la lie à Cédric Pescia. Très engagée dans la musique contemporaine, elle a été récompensée pour ses activités dans ce domaine (Prix Spécial de la meilleure interprétation pour la pièce contemporaine 1756 de Viktor Suslin au Concours Leopold Mozart de Augsburg). Nul ne s'étonnera de la voir interpréter Bartók, un musicien expérimentateur s'il en est. Mais le concert sera aussi orienté vers Schubert, et le mélomane peut s'attendre à une lecture décapante de cette production. Selon Cédric Pescia, « la recherche personnelle est nécessaire, il est indispensable d'avoir une réflexion progressive, de construire ses connaissances ». Avec un quatuor La dernière rencontre s'articulera autour des esthétiques de Bridge, Fauré et Brahms. Pour l'occasion, le partenaire sera le Quatuor Schumann, formé de Christian Favre (piano), Tedi Papavrami (violon), Christoph Schiller (alto), François Guye (violoncelle). Chacun de ces artistes Nurit Stark mène une vie indépendante, mais il ne faut pas oublier qu'à quatre, ils se produisent... depuis 1998 ! Cette soirée se profile, elle aussi, sous le signe de la diversité des personnalités et des expériences, mais également de la solidité d'un passé commun ! Entre l'Ukraine et la Suisse S'il s'associe à des interprètes aux arts et techniques très variés, Cédric Pescia recherche aussi le dialogue musical avec les compositeurs. La deuxième rencontre en sera une preuve : Valentin Silvestrov, né à Kiev en 1937, écrit depuis de nombreuses années. Son style, très expressif, a d'abord été e influencé par le post-sérialisme alors pratiqué en Europe occidentale. Puis sa production a plutôt été définie comme “l'épilogue ultime du grand romantisme“. Pour jouer ses partitions, le compositeur sera au piano, tout comme Cédric Pescia; deux instruments à cordes (alto et violoncelle) donneront la réplique. Là encore, l'instigateur de ces soirées pourra réaliser un autre aspect de son credo : « s'intéresser aux créateurs de notre époque ». rencontres musicales à kléber-méleau 56 q Pierre Jaquet QUATRE CONCERTS – à 20 HEURES Théâtre Kléber-Méleau, 1020 Renens-Malley tél 021 625 84 29, [email protected] - Mardi 14 mai : Marie-Claude Chappuis mezzo-soprano, Cédric Pescia piano Oeuvres de De Falla, Fauré, Poulenc - Mercredi 15 mai : Valentin Silvestrov et Cédric Pescia pianos, Nurit Stark violon, Ivan Monighetti violoncelle - Oeuvre de Silvestrov - Jeudi 16 mai : Nurit Stark violon, Cédric Pescia piano - Oeuvres de Schubert et Bartók - Vendredi 17 mai : Quatuor Schumann - Oeuvres de Bridge, Fauré et Brahms Cédric Pescia © Uwe Neumann a c t u a l i t é m u s i q u e kazuki yamada avec l’osr Kabuki en queue de pie En mai, le maestro japonais fera pleurer et danser les mélomanes genevois. Portrait d’un grand amoureux de l’univers musical occidental venu de l’Orient. Chant, danse et habilité technique sont les trois éléments essentiels qui forment le kabuki, le traditionnel art théâtral japonais. Etrange coïncidence, il suffit de changer une lettre — en alphabet occidental — pour transformer le prénom du maestro Yamada en kabuki. Cette forme, autrefois considérée d’avant-garde, place au centre le jeu d’acteur, qui, muni d’un costume et d’un maquillage dignes d’un guerrier samouraï, entouré d’un décor spectaculaire, se livre à une interprétation à la fois très expressive et extrêmement codifiée. Alors que les biographies du chef ne lui attribuent aucune liaison connue avec la Terpsichore vêtue en geisha, il est époustouflant de voir comment ce musicien intègre — consciemment ou non — les principes de cet ancien art dramatique dans sa manière de diriger un orchestre. Il réussit ainsi à littéralement hypnotiser le public qui, fasciné par le mystère et secoué par une vague d’émotions proche d’un tsunami, quitte la salle de concert transformé… Sa personnalité, hors du commun, amène même les critiques musicaux à renouveler leur vocabulaire des superlatifs: à Birmingham, «il a inspiré une expressivité vibrante chez de nombreux solistes»; à Strasbourg, il a conduit la phalange à «un rayonnement exceptionnel»; à Genève, il a redonné à l’OSR «de l’étincelle et de la confiance en soi», tout en établissant avec les musiciens «une communication qui frôle la séduction». A Londres, alors que le public «bcbg» du Barbican avait accueilli cet Asiatique gesticulant avec quelques craintes, il a été vite rassuré: le jeune maestro est tout à fait capable de s’effacer devant l’œuvre, qu’il dirige d'une main ferme, tout en gardant «sa joie de vie»… De l’appréhension, la presse britannique passe vite à l’acclamation de Kazuki Yamada, défini comme une «star en devenir». Oui, le maestro Yamada est un maître de kabuki, sans costume impressionnant, certes, mais avec de nombreuses teintes d’orchestre en guise de palette de maquillage... a c t u L’homme de la situation Né en 1979 au Japon, après des études à la Tokyo National University of Fine Arts and Music, Kazuki Yamada a poursuivi sa formation en Europe, à l’International Summer Academy du Mozarteum de Salzbourg en 2002. A cette époque, il avait déjà fondé la Sinfonietta de Yokohama, dans son pays natal, et venait de se mettre à la baguette de l’Orchestre Philharmonique de Varna, en Bulgarie. L’on peut difficilement imaginer une collaboration plus exotique: une véritable rencontre de l’Orient et de l’Est. Une suite de concours de circonstances projette de façon vertigineuse le jeune Kazuki sur les podiums les plus prestigieux: en 2009, il gagne le Grand Prix de Direction du 51e Concours International des jeunes chefs d’orchestre à Besançon, une récompense qui lui vaut une invitation à diriger l’Orchestre symphonique de la BBC. Ensuite, il fait ses preuves en remplaçant à la dernière minute, avec autant de maîtrise que de brio, des chefs de renom, comme Michel Plasson à la tête de l’Orchestre de Paris en 2009, Seiji Ozawa en 2010, auprès de son Académie de Musique. Son début avec l’OSR, la même année, a laissé le public et les musiciens sous une telle impression que le jeune Japonais a failli prendre la tête de la phalange après le départ de Marek Janowski ! Mais le choix définitif s’est porté sur la personnalité forte d’expérience de Neeme Järvi, et Kazuki Yamada a signé un contrat de trois ans en tant que principal chef invité. Un pied sur chaque continent Si les maîtres de toile et de plume français ont éprouvé à une époque une grande fascination pour les japonaiseries, le maestro nippon semble vivre cette attraction dans le sens inverse: son répertoire comprend toutes les grandes intégrales symphoniques du cœur de l’Europe, avec une forte prédilection pour les compositeurs français des XIX et XXe siècles. a l i t Kazuji Yamada by Yoshinori Tsuru Aujourd’hui, Kazuki Yamada, installé à Berlin avec sa famille, est lié professionnellement avec de nombreuses phalanges japonaises (Philharmonique de Japon, Tokyo, Nagoya, Hiroshima, Kanagawa…), tout en continuant à conquérir de nombreuses scènes européennes, entre Stockholm ou Turku dans le Nord et Castille et Leon dans le Sud, en passant par Cologne ou Toulouse, sans oublier de vaquer à son engagement auprès de l’OSR. Les concerts du mois de mai à Genève auront justement à l’affiche les noms de Fauré et Ravel, un hommage à l’univers de prédilection du maître de cérémonie. Entre mystère et emportement, la musique de Kazuki Yamada fera vivre aux mélomanes une véritable catharsis printanière aux parfums des cerisiers japonais. A vous de choisir si après le concert vous opterez pour un verre de vin rouge ou une tasse de thé au jasmin… Sur la table du maestro Yamada, il y a les deux. Beata Zakes OSR, Kazuki Yamada, direction. Chœur de chambre de la Haute Ecole de Genève (Chef de chœur, Celso Antunes). - Mercredi 8 mai 2013, 20h, Victoria Hall : avec Brigitte Fournier, soprano , Ludovic Tézier, baryton. Fauré: Requiem en ré mineur op. 48 / Ravel: Daphnis et Chloé, ballet en trois parties - Dimanche 12 mai 2013, 11h, Victoria Hall Ravel : Alborada del Gracioso (sous réserve) / Daphnis et Chloé – ballet en trois parties Location Espace Ville de Genève - Pont de la Machine, Grütli, Genève Tourisme, Cité Seniors Billetterie en ligne http://billetterie-culture.ville-ge.ch Renseignements par téléphone Suisse 0800 418 418 (gratuit), Etranger +41 22 418 36 18 (payant) é 57 m u s i q u e cully classique : dix ans d’existence Eclatant anniversaire Du 21 au 30 juin, l’ »Esprit de l’Est » soufflera sur la 10e édition du Festival Cully Classique. Pour célébrer avec faste cet anniversaire, JeanChristophe de Vries et son équipe ont placé la barre très haut, en invitant des stars comme les pianistes Grigory Sokolov ou Nikolaï Lugansky et en donnant une ampleur encore accrue à une manifestation qui n’a cessé de prendre de l’essor depuis ses débuts en 2004. 58 Reliés par le fil rouge des musiques et artistes des pays de l’Est, les concerts auront lieu comme par le passé à la Salle Davel, au Temple, ainsi qu’au Caveau Potterat pour des fins de soirée de musique ethno. Mais aussi, et c’est nouveau, à la Géode, un grand dôme installé pour la circonstance au bord du lac, de même qu’au Caveau des étudiants, géré par les jeunes musiciens de la HEMU pour des soirées à thème ou des impros sur des films muets, façon piano-bar des années 30. Ou encore, autre nouveauté, au Steinway Lounge - Hug Musique, un espace dédié à des rencontres entre un jeune interprète convié à se produire aux côtés d’un des artistes du festival, le violoncelliste Henri Demarquette ou les pianistes Plamena Mangova, Gérard Wyss et Cédric Pescia. Le Festival IN Après la soirée inaugurale du 21 juin confiée au grand Grigory Sokolov, les concerts du Festival IN – à côté de près de 40 concerts du Festival OFF ! - verront se produire le duo violoncelle et piano d’Alexandre Kniasev et Plamena Mangova dans les sonates de Chopin, Chostakovitch et Rachmaninov. Le pianiste Nikolaï Lugansky jouera des Etudes-Tableaux et la Sonate No 2 de Rachmaninov, tandis que le jeune prodige moscovite Andrei Korobeinikov se fera l’interprète de Brahms et des deuxième et huitième Sonates de Prokofiev. Le duo violon et piano de Patricia Kopatchinskaja et Polina Leschenko proposera un programme particulièrement alléchant avec les Danses roumaines de Bartok, la Sonate No1 de Schnittke, Tzigane de Ravel et la splendide Sonate No 3 de Georges Enesco. Cinq soirées qui devraient faire le bonheur des mélomanes les plus exigeants, au Temple de Cully. Pédagogie et Découverte Comme chaque année, le Cully Classique comporte un volet pédagogique avec des ateliers intitulés Vis-à-Vis, soit un atelier de chant conduit par les pianistes Julius Drake et Helmut Deutsch, ainsi qu’un atelier de musique de chambre animé par la violoniste Natalia Prischepenko et Cédric Pescia. Il y a aussi les deux concerts-découverte, en matinée au Temple. L’un attribué à la pianiste française Sarah Lavaud, qui a construit son programme « autour de Janacek » et se verra enregistrée par la RTS Espace 2. L’autre à Juliette Granier Calva, une pianiste d’origine franco-espagnole, qui a mis Rachmaninov, Scriabine et Prokofiev (Suite de Roméo et Juliette) à l’affiche de son récital. A la Géode La Géode, quant à elle, accueillera les Roumains de Taraf de Haïdouks pour une soirée tzigane des plus alléchantes, puis le fameux quartet des Mentsch dans son répertoire klezmer, le groupe des Muzsikas, fleuron de la musique hongroise depuis plus de Andrei Korobeinikov © Julianna Volo a c t u a Muriel Cantoreggi 40 ans à travers le monde, ainsi que le clarinettiste Giora Feidmann, associé aux Gitanes Blondes pour un concert alliant klezmer, jazz, soul et classique. Dernière des cinq soirées à la Géode, à 22 heures comme les quatre autres, celle de Haris Pilton & Gypsy Sound System, avec accordéon, voix et violon, et dans une ambiance que les organisateurs promettent d’être décoiffante. Les dix bougies Enfin, 10e anniversaire oblige ! Il sera célébré par deux concerts réunissant des musiciens qui ont marqué le festival depuis sa création. Celui du dimanche 23 juin au Temple réunira le Quatuor Terpsycordes, les pianistes Plamena Mangova et, à quatre mains, Cédric Tiberghien et Finghin Collins. Celui du dimanche 30 juin, en clôture du festival, associera les pianistes Korobeinikov, Pescia et Wyss, la violoniste Muriel Cantoreggi, le violoncelliste Demarquette et la soprano Caroline Melzer, qui chantera les Sept Romances sur des poèmes d’Alexander Blok op. 127 de Dimitri Chostakovitch. On ne sera pas surpris d’apprendre qu’avec une programmation d’une telle ampleur le Cully Classique, qui avait attiré quelque 5000 auditeurs l’an dernier, compte bien connaître une affluence record pour cette édition-anniversaire 2013. Yves Allaz Location : www.cullyclassique.ch [email protected] +41 21 312 15 35 l i t é m u s i q u e celle-là sa foi. Elle aimerait la partager avec sa mère, mais celle-ci la rabroue. Dans la Russie communiste, il est mal vu d’être croyant. Sofia vit donc sa foi en cachette. Bien plus tard, en 1970, elle sera baptisée dans l’Église russe orthodoxe avec l’approbation de sa mère. portrait Sofia Goubaïdoulina Rares sont les compositrices qui se sont imposées par le passé, si l’on considère l’histoire de la musique dans son ensemble. Heureusement, cela a changé. De plus en plus de femmes se consacrent de nos jours à la composition, avec succès. Sofia Goubaïdoulina est née en 1931 en Union Soviétique, à Tchistopol dans la république tatare. Elle grandit à Kasan, ville qui connaît une certaine activité culturelle. C’est à Moscou qu’elle se rend pour étudier la composition. Mais ses premières œuvres sont accueillies avec réprobation par le jury soviétique. « Vous avez pris une mauvaise voie » lui reproche-t-on. C’est Chostakovitch, le maître de la jeune compositrice, qui lui dit de continuer dans cette mauvaise voie. Hommage Il s’ensuit une période de riche créativité qui n’a pas cessé depuis. On lui commande une œuvre pour le 250e anniversaire de la mort de Bach. Ce sera la Passion selon saint Jean auquel sa foi en la résurrection fait ajouter Pâques selon saint Jean. Ces deux oratorios constituent à ses yeux le sommet de son œuvre. L’année dernière, elle a composé Labyrinthe pour les douze violoncellistes des Berliner Philarmoniker. L’été dernier, le Festival de Lucerne a proposé toutes les œuvres majeures de la compositrice en sa présence. Quel contraste y a-t-il entre la frêle et gracieuse dame et la puissance de Offertorium ou de la Passion et Pâques selon saint Jean, une œuvre bouleversante. Nous avons pu entendre également de nombreuses œuvres de musiques de chambre, toutes caractérisées par une grande liberté. Surprenant, le choix des instruments : il y a des pièces pour quatre timbaliers et trois autres percussionnistes, d’autres pour trois trompettes, seules ou accompagnées. Très belles également les pièces pour accordéon, seul ou accompagné. Envoûtante, la pièce composée pour les douze violoncellistes des Berliner Philarmoniker. Lors de tous les concerts, nous avons remarqué des éléments expérimentaux tels que les caresses sur les timbales (Au début était le rythme), les souffles à vide de l’accordéon (De Profundis) et partout le frottement des cordes avec la main, celles des cordes de piano dans la Passion, ou des cordes de violoncelles dans Labyrinthe. Sofia Goubaïdoulina. Photo Roche / Bruno Caflisch Expérimentation Sofia Goubaïdoulina a continué à composer en se consacrant à l’expérimentation, mise à l’écart de la vie musicale officielle. C’est un événement inattendu qui va la faire connaître en 1981 : le célèbre violoniste Gidon Kremer interprète son concerto intitulé Offertorium. En 1992 Sofia Goubaïdoulina s’installe en Allemagne dans un village près de Hambourg. a c t u Sofia n’était pas une enfant comme les autres. Elle a cinq ans quand un piano entre dans la maison. Elle se désintéresse vite des touches et joue avec les cordes une fois le piano ouvert. Elle les pince, fait glisser ses petits doigts sur elles et découvre un nouveau monde de sons. Et il y a autre chose : sans que personne ne le lui ait appris, elle prie. Quand un jour elle voit pour la première fois une icône elle sait que c’est a l i t Comment ne pas se rappeler la petite Sofia de cinq ans et ses expériences avec les cordes du piano ? Comment ne pas dire avec Baudelaire en parlant de Sofia Goubaïdoulina que « le génie est l’enfance retrouvée à volonté » ? Emmanuèle Rüegger é 59 LA NUIT DES MUSÉES GENÈVE + AFTER EN FAMILLE www.ville-geneve.ch/musees Entrée: 10 francs le samedi 11 mai ; gratuit le dimanche 12 mai. Liste des billetteries sur le site internet m u s i q u e sur les scènes en mai Agenda genevois Le printemps va peut-être enfin s’installer dans la cité du bout du lac grâce à Madame Butterfly de Puccini, à l’affiche de l’opéra de la Place Neuve jusqu’au 5 mai. Puis ce sera au tour du Chat Botté, mis en musique par Elena Langer, d’occuper les jeunes genevois du 11 au 18 mai. Mais le talent vocal sera mis en l’honneur grâce à deux récitals majestueux. Le premier aura Anne Sophie von Otter comme protagoniste, qui viendra le 12 mai accompagnée par la Cappella Mediterranea de Leonardo Garcia Alarcon pour interpréter des œuvres baroques. A ne pas manquer ensuite, le 24 mai, le récital de Diana Damrau qui sera accompagnée par Xavier de Maistre à la harpe, pour interpréter des œuvres allant de Schubert à Duparc. Côté symphonique, Kazuki Yamada sera au Victoria Hall avec l’OSR le 8 mai, accompagné par le baryton Ludovic Tézier et la soprano Brigitte Fournier. Au programme : le Requiem de Fauré et Daphis et Chloé de Ravel. Ceux qui manqueront ce concert pourront réécouter l’œuvre de Ravel le dimanche 12, même lieu même orchestre, dans le cadre des Concerts du dimanche de la Ville de Genève. Les 14 et 15 mai, l’OSR retrouvera son directeur artistique Neeme Järvi pour interpréter la Symphonie fantastique de Berlioz et le Concerto pour piano et orchestre No 1 en fa dièse mineur op. 1 de Rachmaninov, avec Alexander Gavrylyuk au piano. Le Concerto pour piano et orchestre No Alexander Gavrylyuk © Mika Bovan a c t u 3 en ré mineur op. 30 sera exécuté le lendemain soir, 15 mai, toujours au Victoria Hall. La même équipe pourra être retrouvée les Gabor Tarkövi © G. Tarkövi Carolin Widmann 29 et 31 mai, avec cette fois des soirées dédiées exclusivement à Rachmaninov. Au programme notamment : le Concerto pour piano et orchestre No 4 en sol mineur op. 40 (le 29) et la Rhapsodie sur un thème de Paganini op. 43. Les déçus préférant le Concerto pour piano et orchestre No 2 en ut mineur op. 18 du compositeur russe pourront se consoler le 31 mai. Le 4 mai, la série Jazz Classics accueille Avishai Cohen au Victoria Hall a l i t pour ce qui sera en principe le dernier concert de la saison. L’Orchestre de Chambre de Genève propose un concert le 21 mai au BFM, dirigé par David Greilsammer, avec Carolin Widmann au violon, pour interpréter l’ouverture de Scanderbeg de Francœur, le Concerto pour violon et orchestre, « A la mémoire d’un ange » de Berg et la Symphonie No 2 de Schumann. Notons la venue de l’orchestre de Chambre Vienne-Berlin au Victoria Hall le 23 mai, invité par le Migros-pour-centculturelClassics, avec au programme des œuvres peu jouées comme le Concerto pour piano, violon et cordes de Mendelssohn ou le Concerto pour piano et orchestre No 1 de Chostakovitch. Les solistes sont le pianiste Yefim Bronfman, le violoniste Rainer Honeck, le flûtiste Dieter Flury et le trompettiste Gabor Tarkovi. La Camerata du Léman, dirigée par Benoît Willmann, accompagnera le Studio Flay Ballet pour deux représentations, les 3 et 4 mai au BFM, du Songe d’une nuit d’été de Mendelssohn. La série Concertus Saisonnus accueille, le 24 mai, Muza Rubackyte, au piano, accompagnée par l’Orchestre de Ribeaupierre que dirige Luc Baghdassarian, dans un programme Beethoven et Tchaïkovski; puis le 29 mai, c’est au tour de Pascal Chenu de donner du piano “et de la voix“ au Point-Favre à Chêne-Bourg. Signalons encore le “Concert du Lac“ du 30 mai avec le comédien Michael Lonsdale et le pianiste Nicolas Celoro qui évoqueront «Franz Liszt ou le rêve d’amour». Remarquons enfin que le week-end du 25 et 26 mai, des dizaines de fanfares se produiront au Victoria Hall dans des concerts gratuits ! Martina Diaz é 61 m u s i q u e orchestre de la suisse romande Nouvelle saison Lors de la conférence de presse annuelle du 18 mars dernier, l'Orchestre de la Suisse Romande a présenté sa programmation des concerts pour la saison prochaine. Son directeur artistique et musical, Neeme Järvi, ouvrira la saison au Victoria Hall le 20 septembre 2013 avec notamment la Symphonie N° 76 de Haydn et la Symphonie N° 1 de Mendelssohn. Quant au concert de clôture, c'est au jeune chef japonais Kazuki Yamada qu'il a été confié, avec au programme trois grands classiques du répertoire : Pacifique 231 d'Honegger, Shéhérazade de Rimski-Korsakov et le Concerto pour violon de Tchaïkovski. Créations musicales 62 Entre ces deux dates, la volonté exprimée par l'institution de proposer une palette d’œuvres diversifiées explique - entre autres - le nombre important de créations musicales. En effet, plusieurs nouvelles œuvres sont prévues sur l'ensemble de la saison. On retrouvera notamment le violoniste français Renaud Capuçon comme interprète du Concerto pour violon de Pascal Dusapin, sous la baguette de Neeme Järvi pour une première suisse, lors des concerts du 9 et 10 janvier à Lausanne et à Genève. Une création européenne est également attendue avec le Concerto pour Neeme Järvi © Aline Paley orgue de Terry Riley, avec en soliste le jeune organiste américain Cameron Carpenter. C'est enfin le violoncelliste Jean-Guihen Queyras qui jouera lors de la création suisse d'Emergences, une partition signée par Michael Jarrel. Temps forts Les temps forts de la saison mettent en scène, pour l'année 2013, Jean-Yves Thibaudet dirigé par Kazuki Yamada dans le Concerto N° 2 pour piano et orchestre de Liszt, l'Adagio Celeste pour orchestre à cordes d'Einojuhani Rautavaara et la Symphonie N° 9, dite « La Grande » de Schubert, le 23 octobre prochain. Les Amis de l'OSR présentent le 20 L’Orchestre de la Suisse Romande © Grégory Maillot a c t u a l i t é m u s i q u e novembre une affiche prometteuse avec le grand chef russe de l'Orchestre Philharmonique de Saint-Pétersbourg, Yuri Temirkanov. Il sera à la tête de l'OSR dans la Symphonie N° 2 de Brahms et le Concerto pour piano et orchestre N° 5 de Beethoven avec Emanuel Ax. chef Vasily Petrenko. Celui-ci dirigera également l'ouverture de La Pie voleuse de Rossini et la Symphonie N° 4 de Beethoven. Voyages Concernant les déplacements prévus pour cette nouvelle saison, l'Orchestre de la Suisse Romande partira au mois de mars 2014 en tournée en Allemagne et, pour la Pour les amateurs de voix, première fois en Scandinavie, avec Neeme Järvi dirigera la soprano une série de concerts essentielleDeborah Voigt dans les Les 28, 30 mai et 1er juin 2014 : Cameron Carpenter © Michael Hart ment axés sur la musique de Raff, Wesendonck Lieder de Richard Brahms et Berlioz. De Cologne, Wagner, le 27 novembre à Genève et le lendemain à Lausanne. L'orchestre retrouvera Charles Dutoit le 19 l'orchestre se rendra à Göteborg, Vara et finalement Oslo. Lors de tous ces février 2014 pour un concert des œuvres d'Ottorino Respighi, Les Fêtes concerts, le chef Neeme Järvi aura sous sa baguette Vadim Repin et Truls romaines, Les Fontaines de Rome et Les Pins de Rome ainsi que le Mork dans le Double concerto de Brahms. Enfin, dès juillet 2014, c'est au Concerto pour piano et orchestre N° 22 de Mozart avec Louis Lortie. pays du Soleil levant que se rendra la phalange orchestrale pour des Nous retrouverons aussi Vadim Repin et Truls Mork dans le Double concerts placés cette fois sous la direction de son principal chef invité, concerto pour violon et violoncelle de Brahms sous la direction de Neeme Kazuki Yamada. Notons encore pour terminer qu'on retrouvera le 31 août 2013 Neeme Järvi. Ce concert sera d'ailleurs donné deux fois au Victoria Hall les 12 et 14 mars avec la Marche solennelle du couronnement de Tchaïkowski et la Järvi et Elisabeth Leonskaja au Festival Septembre Musical de Montreux Symphonie N° 11 de Chostakovitch. A noter que le second soir, la pour un programme autour de Grieg et Prokovief. Symphonie N° 5 de Prokofiev remplacera celle de Chostakovitch. Enfin, Serene Regard le 1er mai 2014, c'est la grande artiste et pianiste russe Elisabeth Leonskaja que l'on retrouvera au Victoria Hall, où elle interprétera le Concerto N° 1 pour piano et orchestre de Chopin, accompagnée par le Plus d’informations sur : http://www.osr.ch/ Le 6 janvier 2014 : Sonya Yoncheva © Javier del Real a c t u Les 25 et 27 septembre 2013 : Violeta Urmana © Ivan Balderramo a l i t é 63 e x p o s i t i o n s kunstmuseum basel : rétrospective des collections bâloises Les Picasso sont là une histoire d’amour assez particulière et qui nous est racontée en détails, documentation à l’appui, au centre du parcours. Un parcours exhaustif Une rétrospective spectaculaire, qui montre toutes les périodes créatrices de l’artiste : période bleue, rose, cubisme, surréalisme, les années quarante, les années cinquante et l’œuvre tardive, mais aussi tous les genres et techniques pratiqués par l’artiste. Pour ce faire tout le second étage du musée a été réquisitionné et le parcours chronologique se construit autour C’est dire tout le mérite du musée des avait crée une fondation pour ses œuvres (aux des quatorze salles, les unes se concentrant plus Beaux-Arts de Bâle et de son directeur Picasso s’ajoutaient Gauguin, Van Gogh, sur les œuvres peintes, les autres plus confidenBernhardt Mendes Bürgi de se lancer dans cette Pissaro et d’autres), était obligé de vendre ses tielles dédiées aux dessins, esquisses, gravures. aventure d’une rétrospective Picasso, riche de deux toiles de Picasso. A moins que le musée ne La première salle est un éblouissement. La 169 œuvres. Avec une grande intuition et habi- les acquière et dans ce cas, il faudrait trouver Buveuse d’absinthe (1901) et La Femme dans la leté de sa part, puisqu’il ne s’appuie sur aucun 8,4 millions. La votation populaire permit de loge (1901) de la période bleue croisent le prêt extérieur à la ville de Bâle. Il y a tout d’a- débloquer 6 millions mais il restait à trouver 2.4 regard des Deux Frères (1906), placés dans un bord la collection Picasso, abritée par le musée, millions. Qu’à cela ne tienne, le directeur du espace pictural vidé de tout détail narratif et exceptionnelle pour un musée et une ville de musée (marié à l’époque à Ida Chagall, la fille peints dans des tons chauds de rose. De la même cette taille et qu’une succession de directeurs du peintre) organisa avec le soutien de toute la époque et sur un mur voisin, une série de natuont contribué à enrichir. Il y a surtout une tradi- ville une grande fête populaire pour réunir les res mortes datant des années 1907/1908 annontion de collectionneurs et mécènes qui, au fil fonds. Sur des badges créés pour l’occasion, on cent le cubisme : Pain et compotier aux fruits des décennies, ont étoffé la collection. Sans lisait : No pictures for USA ou Don’t let them go sur une table (1908/1909) présente une consRaoul La Roche, Rudolf Staechelin, Karl im ou encore All you need is Picasso. Depuis ce truction géométrique et rappelle la leçon cézaObersteg, Maja Hoffmann-Sacher, Georges jour-là, Picasso et la ville de Bâle entretiennent nienne, traiter la nature « par le cylindre, la Bloch ou Ernst Beyeler, on ne ferait pas sphère et le cône ». Acquis en 1939 par le Modern Art de New York, le tableau grand cas de Picasso à Bâle. des Demoiselles d’Avignon (1907) est à sa manière présente dans une salle de All you need is Picasso Et, au centre de cette passion pour l’exposition, consacrée aux œuvres sur cet artiste, il y a la votation populaire de papier du cubisme, sous forme de deux 1967, devant permettre de garder deux dessins : un croquis de mars/avril 1907 œuvres essentielles de la période rose, qui montre une scène de bordels avec l’Arlequin assis (1923) et Les deux frècinq prostituées, un matelot et un étures (1906). Une affaire suivie de près diant, et une étude plus tardive de mai par l’artiste qui, enthousiaste et touché 1907 (un don de Douglas Cooper au par cette mobilisation populaire, avait musée) montrant une composition forteoffert trois toiles : Homme, femme et ment réduite et des personnages bien enfant (1906), Le Couple (10 juin plus géométrisés. Cette tendance à frag1967), Vénus et l’amour (9 juin 1967) menter le monde pour réunir ensuite les et une esquisse pour Les Demoiselles éléments d’une façon nouvelle et libre d’Avignon (1907). Un choix d’autant s’accentuera à partir de 1909; en témoigne toute une salle de dessins. Avec plus cornélien pour le directeur du L’Aficionado (1912) ou Le Poète (1912), musée de l’époque Franz Meyer, que c’est une salle consacrée au cubisme ces deux toiles de la période rose, analytique, qui réduit la palette et cherappartenant au collectionneur Peter che à créer un nouveau langage formel. Staechelin, étaient déposées en prêts au Pour illustrer le cubisme synthétique, le musée depuis 1947. S’en séparer signimusée possède quelques chefs-d’œuvre fiait que le fonds Picasso, dont faisait comme Femme à la guitare (1911/1914) aussi partie un important ensemble Pablo Picasso «Les deux freres», 1906 ou Le Guéridon (1914). cubiste, serait déstabilisé. Or, à la suite Huile sur toile, 141.4 x 97.1 cm. Kunstmuseum Basel A partir de 1920, Picasso comme d’un revers de fortune, une faillite de Dépôt de la commune de Bâle 1967. Photo : Kunstmuseum Basel, Martin P. Buhler © Succession Picasso / ProLitteris, Zurich d’autres artistes abandonnent le cubisplusieurs millions, Peter Staechelin, qui Les directeurs de musée en ont pleinement conscience : organiser une grande exposition sur Picasso représente la plupart du temps un casse-tête. Non qu’ils soient à court d’idées, mais plutôt de financement pour garantir les transports et les assurances. L’Etat français ne s’était-il pas porté garant lors de la dernière grande exposition au Grand Palais à Paris, Picasso et ses maîtres ? 64 a c t u a l i t é Pablo Picasso «Les demoiselles des bords de la Seine», d‘apres Courbet, 1950 Huile sur contre-plaqué, 100.4 x 208 cm Kunstmuseum Basel. Photo : Kunstmuseum Basel, Martin P. Buhler © Succession Picasso / ProLitteris, Zurich me et suit la devise du « retour à l’ordre » qui nant. En 1932, c’est Marie-Thérèse qui se retro- modèle tout en s’emparant de l’autorité du maîcorrespond à cette période néo-classique et pour uve dans la toile, Sculpture d’une tête. Sa tre. Françoise Gillot, avec qui il s’installe en laquelle Tête de femme (1921) est un bel exem- Femme au chapeau assise dans un fauteuil 1948, quittera Picasso en 1953. Une rupture ple d’harmonie, respectant les canons formels (1941/1942) frappe par son contraste entre la propice à la création puisqu’il réalise un grand classiques. A la première salle, répond, à l’autre composition classique du portrait en trois nombre d’esquisses en petit format, sous le titre, bout, celle toute aussi flamboyante, consacrée quarts et la déformation de la tête de la femme. Suite de 180 dessins dont 27 feuillets sont préaux Arlequins. Le monde du cirque, le ballet, les L’envie de se renouveler passait aussi chez sentés. Au cours de l’année 1968, âgé de 87 ans, comédiens font partie des sujets privilégiés de Picasso dans sa réinterprétation d’œuvres de remarié en 1961 avec Jacqueline Roque, il rePicasso. Nombreux seront les visiteurs à recon- Gustave Courbet ou d’Edouard Manet. En 1950, prend la gravure, travaillant jusqu’à sept naître le fameux Arlequin assis (1923) de la à 69 ans, il peint sa version du tableau de plaques de cuivre par jour. Il en résulte la série période rose, il trône en majesté dans la salle. Courbet, Les Demoiselles des bords de la Seine, des 347 gravures avec ses motifs préférés, les Mais ce serait faire injure aux autres tableaux du en caricaturant d’une certaine manière son amants, les mousquetaires, les clowns, le peinmême sujet que de ne pas les nommer, tre et son modèle. Son œuvre tardive comme l’Arlequin jouant de la guitare est présentée en 1970, trois ans avant (1914/1918), L’Arlequin au loup (1918). sa mort, dans une grande exposition Picasso n’a jamais été un peintre surau palais des Papes à Avignon. C’est réaliste à part entière, même s’il aussi avec des sculptures et des toiles a flirté avec le surréalisme, son art restant des années 1960 à 1970 que prend trop dépendant du réel. Toute une salle fin l’exposition bâloise. Picasso est explicite cette phase avec une dizaine de alors plus productif que jamais. La toiles dont sept en provenance de la fonrapidité avec laquelle il peint, est-elle dation Beyeler. Absentes de la première pour lui une manière de conjurer la partie du parcours, les représentations des mort ? femmes deviennent un sujet plus obsesUn bémol toutefois à l’exposisionnel à partir des années 1940. Entre tion mais qui n’enlève rien à sa quaautres, lorsqu’il traite le motif de la lité : l’austérité de la scénographie. femme qui pleure, dans environ soixante La célèbre discrétion bâloise, une dessins, gravures et peintures. Les porrègle de vie à laquelle les Bâlois ne traits de femmes prédominent mais subisdérogent guère, y est-elle pour sent des déformations et les corps sont quelque chose ? Derrière les façades soumis à un traitement ludique et volupdes maisons patriciennes se cachent tueux. En 1940, Dora Maar, sa nouvelle des collections. C’est aussi ça l’hismaîtresse apparaît dans ses œuvres : toire des Picasso de Bâle. Régine Kopp Femme assise (Dora, 1938), Tête de Pablo Picasso «Le poète», 1912. Huile sur toile, 59.9 x 47.9 cm femme (1941), une suite de quatre dessins Kunstmuseum Basel, Don de Maja Sacher-Stehlin à la ville de Bâle; Dépôt de la commune de Bâle 1967. Photo : Kunstmuseum Jusqu’au 21 juillet 2013 sur papier journal, un jeu de formes fulmiBasel, Martin P. Buhler © Succession Picasso / ProLitteris, Zurich a c t u a l i t é 65 expositions FRANCE Annemasse Villa du Parc : Estefania Penafiel Loaiza / Thu van Tran. Du 17 mai au 20 juillet. Arles Musée départemental Arles Antique : Rodin, la lumière de l'Antique. Jusqu’au 1er sept. Musée Réattu : Nuage - De Magritte à Warhol, de Man Ray à Manzoni ou Kiefer. Du 15 mai au 31 octobre. en france Le Cannet Musée Bonnard : Les Collec- mai. La médaille en France aux XIXe et XXe s. Jusqu’au 31 août. Musée d'histoire de Lyon : Lyon au XVIIIe, un siècle surprenant ! Jusqu’au 5 mai. Pontoise Musée Tavet-Delacour : Donation Otto Freundlich (peinture, sculpture, gravure dessin, pastel). Jusqu’en août 2013 Malraux : Pissaro au fil de la Seine. De Paris au Havre. Jusqu’au 29 septembre. Surréalisme à l'histoire. Jusqu’au 19 mai tions. Parcours sensible d'un peintre. Du 4 mai au 16 juin. LeMuséeHavre Marseille d'art moderne André Musée Cantini : Matta, du Lens Le Louvre : L’Europe de Rubens. Du 22 mai au 23 septembre. Le Temps à l’œuvre. Jusqu’au 21 octobre. au bord de l'eau. Loisirs et Impressionnisme. Jusqu’au 29 sept. Musée de Normandie : En couleurs. Dans le sillage de l'Impressionnisme, la photographie autochrome 1903-1931. Jusqu’au 29 septembre. 66 Céret Musée d’art moderne : Auguste LeWitt. Dessins muraux de 1968 à 2007. Jusqu’au 29 juillet. Vues d'enhaut. Du 17 mai au 7 octobre. Rouen Musée des beaux-arts : La couleur réfléchie, l'impressionnisme à la surface de l'eau. Jusqu’au 29 septembre. Sérignan Musée Régional Montpellier Musée Fabre : L’atelier de l’œu d'Art Contemporain : Olivier Mosset. Jusqu’au 12 juin. Brueghel. Jusqu’au 20 mai. Traits de génie. Jusqu’au 1er juillet vre - de Raphaël à Tiepolo, dessins italiens du musée Fabre. Jusqu’au 12 mai. lations by Erwin Olaf. Jusqu’au 30 juin. Musée des beaux-arts : Métissages. Collections Denise et Michel Meynet. Jusqu’au 20 scene : Costumer le pouvoir. Jusqu’au 20 mai. Lille Caen Palais des Beaux-Arts : Focus Musée des Beaux-Arts : Un été Metz Centre Pompidou-Metz : Sol D'une guerre l'autre. Jusqu’au 20 mai Lyon Moulins La Sucrière : Emotions, instalCentre national du costume de Toulon Hôtel des Arts : Mappamundi. Jusqu’au 12 mai. AILLEURS Baden Baden Nice Musée Frieder Burda : Matta Musée Chagall : Marc Chagall Fictions. Jusqu’au 2 juin Herbin. Jusqu’au 26 mai. Croissy s/Seine Musée de la Grenouillère : Musée de Grenoble Alberto Giacometti Monet et Renoir côte à côte à La Grenouillère. Jusqu’au 30 juin. Grâce à une collaboration exceptionnelle avec la Fondation Alberto et Annette Giacometti, le musée de Grenoble présente une exposition consacrée à l'un des sculpteurs les plus marquants du XXe siècle : Alberto Giacometti (1901-1966). Evian Palais Lumière : Collection Paul Eluard. Picasso, Breton, Ernst, Dali, Arp, De Chirico, Cocteau... Jusqu’au 26 mai. Considéré comme l'un des plus grands sculpteurs du XXe siècle, Alberto Giacometti, dont la recherche obstinée de la représentation de la figure humaine a trouvé dans l'art de ces 30 dernières années un écho tout particulier, demeure un artiste rare dans les collections publiques françaises. Fécamp Musée : Les Falaises de Monet, les autres cathédrales. Jusqu’au 29 septembre. Grenoble Magasin / Centre National Grâce à un ensemble de plus de soixante-dix sculptures, peintures, œuvres graphiques et photographies - provenant pour l'essentiel de la Fondation Alberto et Annette Giacometti mais aussi de collections publiques et privées, françaises et étrangère cette exposition propose une approche précise et didactique de la démarche de l'artiste, tout en s'attachant par une mise en espace rigoureuse à restituer à chaque œuvre toute sa part de mystère et son pouvoir de fascination. d’Art Contemporain : Anselm Reyle. Jusqu’au 5 mai. Musée de Grenoble : Alberto Giacometti. Jusqu’au 9 juin. Giverny Musée des impressionnismes : Signac, les couleurs de l’eau. Jusqu’au 2 juillet Le CateauCambrésis Musée Matisse : Matisse. La A voir jusqu’au 9 juin 2013 «La Cage», 1950. Bronze peint 175,6 x 37 x 39,6 cm. Collection musée de Grenoble © Succession Alberto Giacometti (Fondation Alberto et Annette Giacometti, Paris © ADAGP, Paris 2013 Couleur découpée - une donation révélatrice. Jusqu’au 9 juin. a g e n d a expositions en europe Picasso - Paris 1901. Jusqu’au 26 mai. Wallraf-Richartz-Museum, Cologne Madrid Fondation Mapfre : Bohèmes. Wilhelm Leibl & August Sander Dialogue insolite entre peinture et photographie Jusqu’au 5 mai. Musée du Prado : El Labrador L’œuvre complète du peintre espagnol Juan Fernández. Jusqu’au 16 juin. Dessins espagnols du British Museum - De la Renaissance à Goya. Jusqu’au 19 juin. Musée Thyssen-Bornemisza : Impressionnisme et Peinture en plein air - De Corot à Van Gogh. Jusqu’au 12 mai. Bien que ces deux œuvres soient placées près l’une de l’autre, elles sont en fait séparées par presque un demi-siècle. Leur rencontre n’est que l’une de celles que propose l’exposition ‘D’Homme à Homme. Wilhelm Leibl & August Sander’, un fascinant dialogue à travers les médias et les décennies. Le peintre Wilhelm Leibl (1844–1900) et le photographe August Sander (1876–1964) figurent parmi les plus importants portraitistes allemands. Bien que ces deux maîtres ne se soient sûrement jamais rencontré durant leur existence, ils partageaint la même fascination pour le visage humain, ainsi que le public pourra le découvrir en visitant l’exposition qui leur est consacrée. August Sander. Le père du photographe, 1905, Gelatinesilberabzug 1920er-Jahre, 23,5 x 16,5 cm, © Le Collection Photographique / SK Stiftung Kultur – August Sander Archiv, Köln; VG Bild-Kunst, Bonn, 2013 En neuf chapitres, l’exposition «D’Homme à Homme» trace une grande variété de tangentes, d’intersections et de parallèles entre les œuvres exposées, révélant ainsi l’art du portrait de ces deux artistes exceptionnels. Maintenant que ces deux créateurs sont enfin face à face, il est possible de constater, avec surprise, que Wilhelm Leibl peut être considérer comme l’un des précurseurs d’August Sander. Padoue Palazzo del Monte : Le cardinal Pietro Bembo et l’invention de la Renaissance. Jusqu’au 19 mai. Palazzo Zabarellla : De Nittis. Jusqu’au 26 mai. Ravenne Musée d’art de la Ville : Borderline. Artistes entre normalité et folie. De Bosch à l’Art brut, de Ligabue à Basquiat. Jusqu’au 16 juin. Rome Chiostro del Bramante : Brueghel. Avec cette exposition, le Wallraf continue sa série de présentations (telles «Hotel California», 2007 et «Do or Die», 2010), dans lesquelles peinture et photographie sont confrontées l’une à l’autre de différentes manières. A voir du 17 mai au 11 août 2013 Wilhelm Leibl. Le père de l’artiste, le Kappellmeister Karl Leibl, 1866, huile sur toile, 79 x 63 cm, Wallraf-Richartz-Museum, Köln Merveilles de l’art flamand. Jusqu’au 2 juin. Macro : Portrait d’une cité. L’Art à Rome 1960 - 2001. Jusqu’au 26 mai. Scuderie del Quirinal : Le Titien. Jusqu’au 16 juin. Trévise Musée de Sainte Catherine : Berlin Martin-Gropius-Bau (Am Kupfergraben) De Beckmann à Warhol. Jusqu’au 9 juin. Musée de la Photographie : «La Vérité Nue et Plus». Photographie de nu autour de 1900. Du 3 mai au 25 août. Russia. Jusqu’au 30 juin. Palais des Beaux-Arts (23, Ravenstein) Antoine Watteau - La leçon de Musique. Jusqu’au 12 mai Cologne Wallraf-Richartz-Museum : Wilhelm Leibl & August Sander. Un dialogue insolite entre peinture et photographie. Du 17 mai au 11 août Bilbao Musée Guggenheim : L’art en Ferrare guerre. France 1938-1947 - De Palazzo dei Diamanti : Le regard Picasso à Dubuffet. Jusqu’au 8 sept. de Michelangelo - Antonioni et les arts. Jusqu’au 9 juin. Brescia Musée Santa Giulia : De De Florence Chirico à Cattelan et au-delà. & Palazzo Strozzi : Le printemps de Daimler Art Collection - D’Albers à Warhol. Jusqu’au 30 juin. la Renaissance. Jusqu’au 18 août. Musées royaux des Beaux-Arts : Art et vie en Italie entre les deux guerres. Jusqu’au 16 juin. Bruxelles Constantin Meunier (1831-1905). Jusqu’au 7 juillet. Kandinsky & a g Forli Musée San Domenico : Novecento. e n Zotti - 50 ans de peinture. Jusqu‘au 30 juin. Francfort Schirn Kunsthalle : Yoko Ono rétrospective. Jusqu’au 12 mai. Städelmuseum : Beauté et Révolution - Le Classicisme de 17701820. Jusqu’au 26 mai. Londres British Museum : Art de l’âge de glace - arrivée de l’esprit moderne. Jusqu’au 26 mai. Vie et Mort Pompéi et Herculanum. Jusqu’au 29 septembre. Estorick Collection of Modern Italian Art : Giorgio Casali Photographe. «Domus» 1951 – 1983. Design and Art in Italy. Du 22 mai au 8 septembre. Royal Academy of Arts : George Bellows (1882-1925) - Modern American Life. Jusqu’au 9 juin. Tate Britain : Schwitters en Angleterre. Jusqu’au 12 mai. The Courtauld Gallery : Becoming d a Venise Palazzo Grassi : Rudolf Stingel. Du 7 avril au 31 décembre. Peggy Guggenheim Collection : Les années 60 dans les collections du Guggenheim. De l’art informel au pop art. Jusqu’au 12 mai. Stanza Cinese del Caffè Florian : Omar Galliani - Le songe de la Princesse Lyu Ji au Florian. Du 30 juin au 30 septembre. Vienne Albertina Museum (Albertinapl.) Max Ernst. Jusqu’au 5 mai. Lewis Baltz. Jusqu’au 2 juin. Bosch Bruegel Rembrandt Rubens. Jusqu’au 30 juin Kunsthistorisches Museum : À l’ombre des pyramides – Les fouilles autrichiennes de Gizeh (1912-1929). Jusqu’au 20 mai. 67 expositions Genève Art en île - Halle Nord (pl. de l’île 68 1) Après la tempête - Thomas Schunke. Du 2 au 25 mai. Bibliothèque d’art et d’archéologie (Promenade du Pin) Pop-Up!. Collages, pliages et livres surgissants. Jusqu’au 31 mai. Blancpain Art Contemporain (Maraîchers 63) Marie José Burki. Du 2 mai au 29 juin. Blondeau & Cie (Muse 5) Sol Lewitt. Du 2 mai au 13 juillet. Brachard Contemporain (Cité 18) Alain Pictet. Jusqu’au 21 juin. Centre d'Art Contemporain (Vieux-Grenadiers 10) Hôtel Abisso. Jusqu’au 12 mai. Centre de la Photographie (Bains 28) Kurt Caviezel. Jusqu’au 5 mai Espace L (40, rte des Jeunes) Design brésilien des années 50 à nos jours. Jusqu’au 7 mai. Ferme de la Chapelle (Grand Lancy) Geneviève Capitanio, June Papineau, Axelle Snakkers. Jusqu’au 8 mai. Fondation Baur (Munier-Romilly 8) NOIRS D’ENCRE - REGARDS CROISÉES. Hans Hartung et les peintres chinois contemporains. Jusqu’au 4 août Fondation Bodmer (Cologny) Le Lecteur à l’œuvre. Jusqu’au 25 août. Gagosian Gallery (Longemalle 19) Elisa Sighicelli. Jusqu’au 4 mai Galerie Bärtschi (rte des Jeunes 43) Alighiero Boetti / Alighiero e Boetti. Jusqu’au 21 juin. Galerie Patrick Cramer (VieuxBillard 2) Henry Moore, gravures. Du 2 mai au 17 juillet. Galerie Foëx (Évêché 1) Thierry Leclerc. Jusqu’au 22 juin. Galerie Anton Meier (Athénée 2) Annelies Strba, nouvelles photographies. Jusqu’au 29 juin. Galerie Skopia (Vieux-Grenadiers 9) Pierre-Olivier Arnaud. Du 2 mai au 6 juillet. Galerie Turetsky (Grand-Rue 25) José Hinojo. Jusqu’au 21 juin. Interart (Grand-Rue 33) Artistes d'après-guerre et contemporains Dewasne, Dubuffet, Fautrier, Francis, Matta, Vieira da Silva, Wesselmann. Jusqu’au 21 juin. Mamco (Vieux-Granadiers 10) Cycle L’Éternel Détour, séquence printemps : Julius Kaesdorf & Aldo Walker, expositions monographiques. «Retour du monde. Les artistes et le tramway de Paris» & Une collection d’amateurs à Genève. Jusqu’au 5 mai. Médiathèque du Fonds d'Art Contemporain (Bains 34) Back & en Forth. Jusqu’au 1er juin. Milkshake Agency (24, Montbrillant) Jonathan Frigeri. Jusqu’au 2 juin. Musée Ariana (Av. Paix 10) 8 artistes & La Terre. Jusqu’au 8 sept. Musée d’art et d’histoire (Ch.Galland 2) Roger Pfund. Le multiple et le singulier. Jusqu’au 11 août. Musée Barbier-Mueller (JeanCalvin 10) Arts de l’Antiquité. Une collection centenaire. Jusqu’au 20 octobre. Musée d’ethnographie, Conches: Rousseau et l’inégalité. Jusqu’au 23 juin. suisse par Guillaume Bardet, designer. Jusqu’au 26 mai. All'Ambic - série de vases créés par Patricia Urquiola. Jusqu’au 22 septembre. Musée cantonal des beaux-arts (pl. Riponne) Alex Katz & Félix Vallotton. Peinture. Jusqu’au 9 juin. Musée de l’Elysée (Elysée 18) Gilles Caron, le conflit intérieur. Jusqu’au 12 mai. Nothin’ But Working - Phill Niblock, une rétrospective. Jusqu’au 12 mai. Musée Historique de Lausanne : Ernest Pizzotti, points d'encrage. Jusqu’au 9 juin. Bulle Lausanne Musée : Daguerréotypes de J.Collection de l’Art brut (Bergières Ph. Girault de Prangey. Jusqu’au 11) «Welcome to my World ! Daniel Johnston» & «James Edward Deeds». Jusqu’au 30 juin. Fondation de l’Hermitage (2, rte Signal) Fenêtres. De la Renaissance à nos jours. Jusqu’au 20 mai. Mudac (pl. Cathédrale 6) L'usage des jours - 365 objets en céramique Gindre. Jusqu’au 12 mai. Musée d’art et d’histoire : Des regards, des passants, photographies du Musée Albertina, Vienne. Jusqu’au 30 juin. Martigny Fondation Pierre Gianadda : Sam Szafran - 50 ans de peinture. Jusqu’au 16 juin. Le Manoir de la Ville : L’EPAC s’expose. Jusqu’au 19 mai Morges Maison du Dessin de Presse : Plumes croisées - Violence et corruption en Amérique Centrale, dessins de Chappatte, Alecus, Banegas, JotaCé.... Jusqu’au 12 mai. Neuchâtel Fribourg Centre Dürrenmatt (Pertuis du Saut Espace Tinguely - Saint-Phalle : 31 décembre. «Artistes en rébellion». Rico Weber, photographies inédites. Jusqu’au 1er septembre. Fri-Art : Claudia Comte & Jérémie 74) Augustin Rebetez, Noé Cauderay & Giona Bierens de Haan. Jusqu’au 30 juin. Laténium (Hauterive) FLEURS DES PHARAONS. Du 19 mai au 2 mars. Le Service de la Culture de Meyrin expose au Forum Meyrin « Passage » photographies Un groupe de onze photographes - originaires d’Angleterre, de France, de Russie, de Suisse, de Suède, et des USA - interrogent la frontière entre l'enfance et l'âge adulte. Parmi eux figure le photographe Steeve Iuncker qui présente du 14 avril au 16 juin, dans le cadre de cette exposition collective, le début de son travail sur les rites de passages - Toxicomanie, bizutage, alcoolisme excessif, manifestations sportives, premières relations sexuelles, violences à l’école, concerts rock, rap ou rave... Au moment où notre société s'angoisse du monde qu'elle va laisser à ses enfants, alors qu'elle les transforme en consommateurs de plus en plus tôt, alors que derrière les apparences de grand libéralisme, elle les norme de façon beaucoup plus pernicieuse qu'auparavant mais avec d'autres valeurs, des artistes contemporains témoignent en contrechamp, de ce moment de la vie, tellement singulier, temps de nostalgie autant que de rêve, de mal-être autant Une réalisation photographique de Laure Donzé que de projection dans l’avenir. Au delà de l’adolescence, c’est la métamorphose, le passage que constitue cette étape complexe du développement humain qui intéresse les artistes contemporains. Et c’est bien cet encore, ce carrefour de tous les possibles qui est documenté. A voir jusqu’au 1er juin 2013 De plus, les 2 et 16 mai à 19h aura lieu la projection d’un film de Anne Linsel & Rainer Hoffmann intitulé Les RÊVES DANSANTS qui raconte l’histoire de 40 adolescents sur les pas de Pina Bausch. a g e n d a expositions en Musée de l’Elysée, Lausanne Davos Gilles Caron, le conflit intérieur Kirchner Museum : Les 30 ans du Gilles Caron (1939-1970) a “couvert“ tous les grands conflits contemporains, de la guerre des Six Jours à la répression du Printemps de Prague, en passant par la guerre du Viêt Nam, le conflit du Biafra et celui de l’Irlande du Nord. Il a même relaté par l’image les bouleversements estudiantins de Mai 68, immortalisant Daniel Cohn-Bendit face à un CRS devant la Sorbonne, à Paris, un cliché devenu célèbre. Hélas, lors d’un reportage au Cambodge, il paiera cet engagement de sa vie, disparaissant avec deux autres Français dans une zone contrôlée par les Khmers rouge de Pol-Pot. C’est sa mobilisation comme parachutiste lors de la guerre d’Algérie qui a déterminé sa vocation de photojournaliste. En effet, il a alors été témoin des brutalités infligées aux civils, et il a voulu ensuite faire compendre à ses contemporains la situation des populations prises dans l’engrenage de la guerre. Le musée de l’Elysée a choisi de lui rendre hommage en exposant 150 images et documents d’archives provenant de la Fondation Gilles Caron, de la collection du Musée de l’Elysée et de collections privées. La présentation se déploie en six “temps“, chacun d’eux permettant de redécouvrir une facette de l’un des plus importants photoreporters du XXe siècle. L’on passe ainsi de l’Héroïsme des débuts à la Nouvelle Vague des années 60’. Entre ces deux phases, on voit Gilles Caron aux prises avec l’Histoire, puis sensible aux Douleurs des Autres, avant d’atteindre la Révolte. La dernière étape conduit le reporter à se prendre comme objet de reportage, livrant ainsi un portrait en demi-teinte, anti-héroïque. A voir jusqu’au 12 mai 2013 Daniel Cohn-Bendit face a un CRS devant la Sorbonne, Paris, 6 mai 1968 © Fondation Gilles Caron Musée d’ethnographie (St- Nicolas) Hors-champs. Jusqu’au 20 octobre. Vevey Musée Jenisch : Robert Nanteuil. Jusqu’au 26 mai. Rudy Decelière. Jusqu’au 5 mai. Musée suisse de l’Appareil photographique (Grand Place) Dominique Derisbourg, Impressions. Jusqu’au 16 septembre. Yverdon Maison d’Ailleurs (Pl. Pestalozzi 14) Aleksi Briclot. Jusqu’au 25 août. OUTRE SARINE Bâle Antikenmuseum Basel (St. Alban-Graben 5) Pétra. Splendeur du désert. Jusqu’au 20 mai. Fondation Beyeler (Riehen) La Collection Renard. Jusqu’au 5 mai. Ferdinand Hodler. Jusqu’au 26 mai. MAX ERNST. Du 26 mai au 8 sept. a g Kunsthalle : Adrian Melis. Jusqu’au 26 mai. Eitan Efrat & Sirah Foighel Brutmann. Jusqu’au 2 juin. Kunstmuseum (St. Alban-Graben 16) Les Picasso sont là ! Une rétrospective à partir de collections bâloises. Jusqu’au 21 juillet. Museum für Gegenwartskunst (St. Alban-Rheinweg 60) Tell It To My Heart - Collected by Julie Ault. Jusqu’au 12 mai. SOME END OF THINGS. Du 25 mai au 15 septembre Musée des Cultures (Münsterpl. 20) Et maintenant? Révolution des objets en Amazonie. Jusqu’au 29 septembre. Cartoonmuseum (St. AlbanVorstadt 28) JULES STAUBER. Jusqu’au 26 mai. Museum für Wohnkultur (Elisabethenstr. 27-29) Le rêve du Cheik Ibrahim. Trésors de la collection de textiles et de bijoux de Widad Kamel Kawar. Jusqu’au 1er septembre. Musée Tinguely (Paul SacherAnlage 1) Tinguely@ Tinguely. Un nouveau regard sur l'œuvre de Jean e n Tinguely. Jusqu’au 30 septembre. Les mille lieux de l'art. Les photographies d'Ad Petersen. Jusqu’au 26 mai. Schaulager : Steve McQueen. Jusqu’au 1er septembre Berne Centre Paul Klee (Monument im Fruchtland 3) Du japonisme au zen. Klee et l'Extrême-Orient. Jusqu’au 12 mai. Klee et Jawlensky - Une amitié d’artistes. Jusqu’au 26 mai. Musée des Beaux-Arts (Hodlerstr. 8-12) Hannes Schmid - Real Stories. Jusqu’au 21 juillet. Mythe et secret - Le symbolisme et les artistes suisses. Jusqu’au 18 septembre. Musée d’Histoire de Berne (Helvetiaplatz 5) Quin, l’empereur éternel et ses guerriers de terre cuite. Jusqu’au 17 novembre Galerie TH13 (Theaterplatz 13) «A Journey» par Patrick Messina. Jusqu’au 1er juin. Bienne Centre-Pasqu’Art (fbg Lac 71-75) DEXTER DALWOOD. Jusqu’au 16 juin. d suisse a Kirchner Museum - La Collection. Jusqu’au 21 juin. Riggisberg Abegg-Stiftung : Le plaisir de collectionner - Objets d’art et textiles de collections privées anciennes. Jusqu’au 10 novembre. Saint-Gall Kunstmuseum : Filipa César Single Shot Films. Jusqu’au 23 juin. Dan Flavin - Lights. Jusqu’au 18 août. Soleure Kunstmuseum : Edouard Vallet, dessins. Jusqu’au 9 juin. Weil / Rhein Vitra Design Museum : Louis Kahn. Jusqu’au 11 août. Winterthur Fotomuseum (Grüzenstr. 44) Concret. Architecture et photographie. Jusqu’au 20 mai. Fotostiftung Schweiz (Grüzenstr. 45) De quoi nous vivons. Images de vol de Georg Gerster. Jusqu’au 26 mai. Kunstmuseum (Museumstr. 52) Giuseppe Penone. Jusqu’au 20 août. Villa Flora (Tösstalstr. 44) Chefsd’œuvre de la Collection Hahnloser / Jaeggli. Jusqu’au 1er septembre. Zurich Kunsthaus (Heimpl.1) Haris Epami nonda. Jusqu’au 5 mai. Chagall. Jusqu’au 12 mai. KELLY NIPPER - Black Forest. Jusqu’au 16 juin. WALKYRIES AU-DESSUS DE ZURICH - 150 ans de représentations wagnériennes à Zurich. Du 24 mai au 18 août. Landesmuseum : «Animali» Animaux réels et fabuleux de l’Antiquité à l’époque moderne. Jusqu’au 14 juillet. Museum Bellerive (Augustinergasse 9) Mucha Manga Mystery – Alphonse Mucha, pionnier de l’art graphique. Jusqu’au 14 juillet. Museum für Gestaltung (Austellungsstr. 60) It Truly Pays: The Crime Film. Jusqu’au 2 juin. Museum Rietberg (Gablerstr. 15) Scènes des États Princiers indiens. Jusqu’au 1er août. Museum Strauhof (Augustinergasse 9) Ainsi vivent-ils encore aujourd’hui. Jusqu’au 9 juin. 69 exposition ferme de la chapelle Fleurs et merveilles Pour fêter l’éveil de la nature et son lot de splendeurs, trois nymphes exposent leur ode à leur façon. Au programme : courbes, couleurs, féminité et, paysages enchantés. Jardin d’Éden au milieu des pâquerettes, jonquilles et cerisiers en fleurs, la Ferme de la Chapelle célèbre le printemps. Pour cela, la galerie a fait appel à trois artistes dont les univers se côtoient mais ne se touchent pas. Paresse et déambulation de l’imagination sont au programme. Mythes On quitte les jardins d’Éden pour s’engouffrer dans les bois et, dans l’élan, un peu plus loin dans le fantastique avec June Papineau. Des troncs d’arbres imposants et plus vrais que nature Axelle Snakkers, Paysage imparfait, 201213, huile sur alu gravé Nature diffractée 70 Une explosion chromatique nous accueille d’emblée. La nature anamorphosée, vivace et saisissante de Geneviève Capitanio invite le visiteur à se plonger dans des paysages enchanteurs ou enchantés. On voyage des peintures à l’huile grands formats aux tapisseries miniatures finement brodées en essayant vainement de reconnaître les animaux ou la végétation initiale, ici dilués dans les ondulations de couleurs. Ce travail fait suite à une œuvre réalisée à la piscine de Monthey en 2007. La Valaisanne avait peint des motifs bleus de tons divers sur l’ensemble du bassin et la déformation de l’image provoquée par l’eau est devenu, dès lors, un de ses thèmes de prédilection. Les formes représentées s’étirent et ondulent à l’extrême sans que leurs couleurs se mélangent. écorces et racines. Tandis qu’on avance dans la salle, une pièce obscure contenant des éléments fluorescents attire notre regard. On descend quelques marches pour pénétrer dans un espace confiné où des filaments translucides et phosphorescents flottent gracieusement dans les airs et nous encadrent délicatement. Impossible d’ignorer la ressemblance du décor avec celui de certaines séquences du film Avatar, en particulier celles où les “Woodsprite“ (les esprits de l’Arbre de Vie) sont présents. Sommeil paradoxal Il est maintenant temps de prendre de la hauteur avec la Genevoise Axelle Snakkers qui, elle, propose, à l’étage, une contemplation rêveuse des cieux à travers des feuillages. L’artiste a choisi des supports en aluminium sur lesquels elle superpose plusieurs June Papineau, «Pas de deux», 2012, glaise de porcelaine, méthylcellulose, colle couches de peinture à l’huile qu’elle va blanche, propylène glycol, gaze de reliure, ensuite aller rechercher par endroit à l’aide sel (du Jura) d’une ponceuse. Le contraste entre le métal et les couleurs, ainsi que la technique employée, nous accueillent dans un premier temps. procurent une grande pureté à l’œuvre et l’éloiPour réaliser cette série, l’Américaine gnent du sujet initial. Le degré d’abstraction est s’est inspirée du mythe de Marsyas - un tel que dans l’imaginaire, nous voilà couché sur faune qui se fit dépecer par Apollon l’herbe au pied d’un chêne massif et feuillu, pour avoir humilié le dieu à la flûte. observant le ciel à travers nos paupières par une Mais la pratique de June Papineau s’é- belle journée ensoleillée. carte largement de la violence de l’acte Tuana Gökçim Toksöz d’Apollon. Ses pièces issues d’un long et minutieux travail de moulage sont un éloge pacifique aux arbres qui lui ont Jusqu’au 8 mai, Ferme de la Chapelle servis de modèles. Par un geste poé- Geneviève Capitanio \ June Papineau \ Axelle Snakkers tique, l’artiste immortalise à jamais les Geneviève Capitanio, «Planter», 2010 huile sur toile, 120 X 150 cm a c t u a l i t é exposition schaulager : la fabrication de l’image Steve Mc Queen Dans le paysage muséal bâlois, le Schaulager tient une place particulière. Conçu au départ pour entreposer la collection Emanuel Hoffmann, présidée par la petite-fille Maja Oeri, qui l’a largement enrichie au fils des années par des œuvres très contemporaines, le lieu se veut avant tout un centre de recherche, qui s’ouvre occasionnellement au public, à l’occasion d’expositions décidées par Maja Oeri, elle-même. Héritière comme plusieurs autres membres de la famille HoffmannOeri de l’entreprise pharmaceutique Hoffmann-La Roche, elle a la liberté de faire ce qu’elle veut et son institution ne dépend pas de la manne publique. Cela ne l’empêche pas d’être très active dans d’autres institutions culturelles bâloises comme le musée des Beaux-Arts, dont l’extension n’aurait pu se faire sans son soutien. Au Schaulager, elle programme généralement des événements de grande envergure, comme ce fut le cas pour Jeff Wall ou Robert Gobert. Cette année, elle offre son lieu à l’œuvre artistique du cinéaste Steve Mc Queen – à ne pas confondre avec l’acteur de cinéma - et transforme du coup ses espaces d’exposition en cinéma multiplex, présentant une vingtaine de vidéos et de films mais aussi de travaux photographiques de cet artiste. Celui-ci a participé à l’installation de ses œuvres, les mettant en relation comme le ferait un commissaire, chargé d’accrocher une exposition et réfléchissant au dialogue des œuvres. Si ce n’est qu’il est plus difficile de faire cohabiter des films, puisque le son est une composante supplémentaire à gérer et peut venir brouiller une bonne réception des images. Un défi donc pour le visiteur qui doit prendre le temps de s’immerger dans les différents univers d’images créés par l’artiste, souvent insolites. Une œuvre en évolution constante Depuis une vingtaine d’années, le vidéaste et cinéaste, né en 1969, a créé une œuvre extrêmement variée et en évolution constante. Des travaux où les frontières entre le narratif et le documentaire s’estompent, traitant des champs thématiques allant de la politique à la religion en passant par les questions de la violence, du corps, des problèmes ethniques. Chaque nouveau travail artistique surprend par sa précision mais aussi par la curiosité totalement décomplexée de l’artiste à innover. L’artiste a retenu une première fois l’attention, lorsque lui fut décerné le Prix Turner de la Tate Gallery en 1999 avec Deadpan, une œuvre présentée dans l’exposition comme le sont celles qu’il avait montrées à Documenta 11 et à la Biennale de Venise en 2009. C’est à partir de 2008 que Steve Mc Queen se lance dans le film de fiction : Hunger lui rapporte une caméra d’or au festival de Cannes mais aussi beaucoup de critiques car l’artiste n’est pas du genre à faire des compromis. L’automne prochain, c’est un film sur l’esclavage, Twelve years a slave, qui sera à l’affiche. En attendant, les passionnés d’images ne manqueront en aucun cas ce rendez-vous de création contemporaine, généralement réservé aux grandes métropoles. Un projet imposant, réalisé avec l’Art Institute of Chicago, et auquel la collection Emanuel Hoffmann participe directement, puisqu’elle-même possède dix œuvres de l’artiste. Dès l’entrée dans la première salle, le visiteur est happé par l’image de la statue de la Liberté de New York, autour de laquelle tournicote un héli- a c t u a l Steve McQueen, «Exodus», 1992/97, Videostill, Courtesy the Artist / Marian Goodman Gallery, New York / Paris, and Thomas Dane Gallery, London © Steve McQueen coptère que l’on ne voit pas mais que l’on devine au bruit assourdissant, qui agresse le visiteur et qui fait place, lorsque l’hélicoptère s’éloigne de la statue, au sifflement du vent. Le panorama urbain qui défile rapidement crée une coulisse agitée, faisant ainsi prendre conscience des dimensions architecturales de l’espace, de l’altitude, de l’étendue. On peut aussi pousser l’interprétation plus loin et faire une association avec les techniques de surveillance dans l’espace urbain. Ce film Static (2009) est de fait une parfaite introduction dans l’œuvre de l’artiste. Vouloir visionner tous les films in extenso n’est toutefois guère réaliste car cela représente plus de dix heures de films. C’est pourquoi le musée autorise le visiteur à venir trois fois en utilisant un seul billet d’entrée. Pertinence La manière de projeter les films, la qualité du son, la grandeur et la tonalité de l’espace, sont des composantes intrinsèques à la pertinence de l’œuvre. L’installation Pursuit (2005) composé d’un espace tout en miroirs au milieu duquel se dresse un écran double face, où défilent des points lumineux, plonge le visiteur dans une zone abstraite de l’indétermination provoquant une perte de l’orientation et de la perception corporelle. Il en va de même de Drummroll (1998) où le spectateur semble être enfermé dans le tambour d’une machine à laver, qui roule dans les rues de Manhattan. Avec Deadpan (1997), Steve Mc Queen propose une séquence filmée d’une action qui reste toujours la même, captée toutefois de différents points de vue dans une tension entre statisme et dynamisme. L’artiste est debout devant une cabane de bois, reste sans bouger, même lorsque la façade s’écroule sur lui et ne peut s’en tirer que grâce à l’ouverture de la fenê-tre. Une scène qui lui a été inspirée par le gag du film Steamboatbill, Jr (1928) de Buster Keaton. Quand il représente la Grande-Bretagne en 2009 à la Biennale de Venise, son film de 35 minutes, Giardini nous montre l’autre côté de la réalité de ce lieu prestigieux du monde de l’art globalisé. Il souligne la désolation de ce quartier filmé en hiver, tandis qu’une meute de lévriers farfouillent dans les ordures. Une installation particulièrement bouleversante et prêtée par l’Imperial War Museum évoque les soldats anglais morts en Irak, sous forme de planches de timbres-postes, conservées dans un meuble de bois de chêne aussi longtemps que les instances postales anglaises n’en autoriseront pas leur utilisation. Pour circuler au milieu de toutes ces diverses projections, de durée et d’intérêt variables, un livret (allemand ou anglais) est remis au spectateur. On ne sort en tout cas pas indemne de cette expérience artistique et l’artiste pose nombre de questions auxquelles il ne prétend en aucun cas apporter de réponses. Régine Kopp Jusqu’au 1er septembre 2013, www.schaulager.org i t é 71 m a n i f e s t a t i o n La Bibliothèque de Genève propose un Book-dating : le but est de permettre au public de découvrir des auteurs et des ouvrages, de parler de ses goûts en matière de lecture, de se dévoiler inévitablement un peu… à genève Nuit des musées Un événement aura lieu à Genève pour la première fois. En effet, les 11 et 12 mai, 22 musées du canton ouvriront leurs portes la nuit de samedi dès 17 heures. Et ils ont concocter un programme alléchant d’animations nocturnes. Quant au dimanche 12 mai, date officielle de la Journée internationale des musées, les festivités se poursuivront dès 10 heures, avec une programmation intitulée «after en famille». 72 De Compesières à Cologny, en passant par Conches, Carouge ou par les Nations, cheminant à travers Genève, jeunes et moins jeune trouveront de quoi partir à la découverte des institutions muséales genevoises. Le programme du week-end compte 163 moments de médiation culturelle et scientifique répartis sur 58 activités différentes : contes, projections vidéo, ateliers, animations, ateliers d’écriture, visites commentées, etc. La liste des musées participant à l’événement est la suivante : Bibliothèque de Genève, Cathédrale Saint-Pierre et Site archéologique, Centre d’art contemporain, Conservatoire et de Genève), Musée d’histoire des sciences, Musée international de la Réforme, Musée de l’Ordre de Malte, Musée du Service d'incendie et de secours, Musée de la Société des Nations, Musée des Suisses dans le Monde, Muséum d’histoire naturelle. Les points forts du week-end Trois musées de la Rive droite - le Musée Ariana, les Conservatoire et Jardin botaniques et le Musée d’histoire des sciences - se sont associés pour proposer un Rallye des musées de samedi à dimanche, avec un tirage au sort assorti de nombreux lots, au Musée Ariana le dimanche à 16h30*. Le Musée Ariana, qui souhaite se montrer festif et inventif, organise diverses activités destinées à tous les publics. Par exemple, le samedi à 20h30, 21h30, 22h30 et 23h30, place à une Chasse aux intrus ! Il est également possible d’opter pour une soirée de contes, à 19h30, 21h15 et Ariana, exposition «8 artistes et la terre» : Jacqueline Lerat (1920 – 2009) «Sculpture et végétaux», 1985 gres chamotté, engobes et émaux, 70 x 33 cm, 22h15, intitulée Il collection privee © photo Paul-Antoine Levasseur était une fois... gustave Revilliod. Et à Jardin botaniques, Fondation Baur, Musée des minuit, comme tous les chats sont gris, auront Arts d’Extrême-Orient, Fondation Martin lieu d’autres animations. Bodmer, Maison de Rousseau et de la Littérature, Maison Tavel, Médiathèque, Fonds La Cathédrale Saint-Pierre ouvre excepd’art contemporain de la Ville de Genève, tionnellement l’accès aux tours à la tombée de Musée Ariana, Musée d’art et d’histoire, la nuit ; une occasion d’admirer les lumières de Mamco, Musée Barbier-Mueller, Musée de la ville d’en haut. Portes ouvertes également Carouge, MEG Conches (Musée d'ethnographie pour les dessous de la cathédrale. a c t u a Gérard Guillaumat sera aux Conservatoire et Jardin botanique © Isabelle Meister Parmi un florilège d’activités plutôt garni, on relèvera aux Conservatoire et Jardin botaniques une Lecture-Performance par la Cie Folledeparole, avec Gérard Guillaumat : Une saison en enfer d'après Arthur Rimbaud (à 22h à la Serre tempérée). Les musiciens Jacques Demierre et Brice Catherin visitent la Fondation Baur et improvisent la voix, proche et lointaine, des collections. Ce qu’ils jouent de leurs instruments - épinette, clavicorde, violoncelle piccolo, et instruments divers - surgit de l’instant et du lieu. Les concerts improvisés ont lieu samedi à 18h15, 19h15 et 20h15. Le dimanche sera organisé, dès 14h30, le “jeu des objets cachés“. La Maison de Rousseau et de la littérature revêt son manteau de mystère avec des lectures subversives par des écrivains, de 19h à tard dans la nuit. Le lendemain, changement d’ambiance : les jeunes sont invités à découvrir Rousseau et son époque. Une animation, à 11h, s’adresse au jeu public dès 8 ans, sous l’intitulé Dans les habits d’un enfant genevois du XVIIIe (sur inscription : [email protected]). Un parcours audio-guidé est prévu de 11h à 16h sur le thème La vie et l’œuvre de Rousseau. A 16h30, des contes et récits pour petits et grands seront proposés. l i t é m a n i f e s t a t i o n Kathputli (marionnettes à fils) : spectacle Danses indiennes. Kathputli du Rajasthan accompagnés de musique traditionnelle à 21h. Le dimanche, les techniques de fabrication de marionnettes seront dévoilées par Pierre Monnerat, sculpteur sur marionnettes (à 14h30 et 16h). Le MEG Conches prêtera sa pelouse à POL pour un Crépuscule sonore, un concert électronique, à 20h30. Pour sa performance, POL puisera aussi les sources de son mix dans la collection des Archives Internationales de Musiques Populaires du MEG. Liu Guo Song (1932) «Sea of Floating Ice», Jiu Zhai Gou series. Encre sur papier, 58 x 95 cm © Collection Gérard et Dora Cognié Pour faire revivre le Moyen Age l'espace d'une soirée, des démonstrations d'escrime historique - à 19h, 20h et 21h -, proposées par la Militia Genavae, feront vibrer les voûtes romanes des caves du seigneur Tavel – à la Maison Tavel. Le Musée d’art et d’histoire décline le thème de la nuit et de l’obscurité à travers le temps et les arts : Nuit et poésie, Entre rêve et cauchemar… (visites commentées dans les collections à 19h, 20h et 21h) et invite les jeunes à trouver qui a tué Charles-Emmanuel de Savoie lors d’un MAH « Cluedo » (animations du dimanche à 14h et 16h). Le samedi soir, des performances de Mapping architectural organisées par le festival éponyme se dérouleront sur la façade de l’institution. Au Parc Betrand, le MEG et le Département de géographie et environnement de l’Université de Genève proposent de faire le tour du monde en photographie (1860-1890) grâce aux Clichés exotiques d’Alfred Bertrand. a c t u Le Musée international de la Réforme se penche sur les progrès au temps de la Réforme avec la Démonstration du fonctionnement d’une ancienne presse d’imprimerie par les membres de l’Imprimerie des Arts : animation de 17h à 22h en continu le samedi, de 14h à 17h le dimanche. Egalement en continu, une Présentation de livres anciens : animation de 17h à 22h le samedi, de 14h à 17h le dimanche. Le Musée des Suisses dans le monde fait la lumière sur ceux - 700’000 aventuriers suisses - qui ont marqué le monde de leur empreinte. Une longue histoire de découverte, d’entraine, d’exploration, d’esprit d’enteprise et... d’innovation. Les galeries du Muséum d’histoire naturelle s’animent : on les visite guidé-e-s à la lampe de poche ; les mains dans le sable, dans la peau d'un paléontologue à la recherche d'ossements de dinosaures ; ou encore en voyage avec les oiseaux pour les toutpetits. Le temps d’une soirée, le Musée des Suisses dans le Monde s’unit à la Fondation Bodmer pour proposer un service de navettes gratuites en covoiturage. Trois « Limousines de la Mariée » relient ces deux musées situés hors des sentiers battus selon le parcours: Penthes – Hôtel-de-Ville (MIR, Maison de Rousseau, Barbier Muller, Maison Tavel) – Cologny, toutes les 20 minutes, en boucle. Le Mamco (Musée d’art moderne et contemporain) invite la Kunsthalle Marcel Duchamp de Cully. Au programme, projections en continu de Nu descandant un escalier, un hommage à l’Armory Show (1913). Et sous le titre Petits Rendez-vous “Dégringolade“, des visites guidées pour les enfants de 5 à 10 ans -accompagnés d’un adulte - ont lieu à 11h15 et 11h45, Dans le cadre de l’exposition Ainsi font, font, font. Marionnettes d'ici et d'ailleurs, ateliers et spectacles de marionnettes à fil indiennes animeront le Musée de Carouge. Samedi, la compagnie Pannalals’ Puppets propose de découvrir les sagas de l’Inde grâce à la féerie des Remplacer l’eau par le mercure et … la face de la science en est changée ! Le Musée d’histoire des sciences revisite les enjeux et les étapes de l’utilisation de ce métal en science lors de présentations spectaculaires d’instruments. Samedi à 20h & dimanche à 15h, animation : Du mercure plutôt que de l’eau, présentation d’instruments au grand salon. Samedi à 21h & dimanche à 14h, visite commentée de l’exposition Génie des artisans, de l’atelier au laboratoire. Les Musées de l’Ordre de Malte, Musée de la Société des Nations et le Musée du Service d’Incendie et de Secours proposent des visites commentées et des horaires élargis. Carouge, exposition «Ainsi font font font» : Marionnette tchèque de la première moitié du 20e siècle, collection particulière a l i t Viviane Vuilleumier Plus d’informations sur : www.ville-geneve.ch/musees é 73 manifestation écoulés depuis la publictation du premier album. Cette exposition fera les honneurs du Salon du livre de Paris avant d’investir l’espace du Salon genevois. Zep, “papa“ de Titeuf prendra ses quartiers au Salon du Livre de Genève avec son éditeur Glénat. genève, du 1er au 5 mai 2013 Salon du livre et de la presse Quelques beaux rendez-vous sont agendés pour cette 27ème édition du Salon du livre et de la presse de Genève qui offre, entre autres, le Mexique comme hôte d’honneur, une grande exposition d’art, un Salon africain du livre et de la presse, un Salon de l’étudiant, un village BD, une Cuisine des livres, des expositions... 74 Parmi les points forts de l’actualité, signalon que le Salon du livre 2013 accueillera de nombreux écrivains de renom, parmi lesquels figurent l’Américain Douglas Kennedy - dont l’éloge n’est plus à faire, car son talent est largement reconnu et lui a valu plusieurs prix - et le “nouveau venu“, le Romand Joël Dicker qui a fait un tabac avec son livre «La vérité sur l’affaire Harry Quebert»; les deux “stars“ seront présentes le mercredi 1er mai à 15h sur la scène de L’apostrophe. Une rencontre exclusive ! Autre rendez-vous à ne pas manquer, celui qui vous permettra de rencontrer un des plus célèbres auteurs suisses de bande dessinée, à savoir Cosey. Il sera à La Librairie de la bande dessinée le jeudi 2 mai de 11h à 16h. Comme chaque année depuis dix ans, saluons la présence du Salon africain du livre, de la presse et de la culture. Pour cette édition “anniversaire“, le Salon africain organise, le vendredi 3 mai dès 20h30, une nocturne qui promet de marquer les esprits. En vedette, et en solo, le chanteur nigérien Keziah Jones offrira un spectacle inédit et surprenant construit sur le A noter également l’exposition Blaise Cendrars 1913 / 2013 - Des mondes simultanés organisée par la BCU Lausanne et du Centre d'Études Blaise Cendrars autour du centenaire de La Prose du Transsibérien et de la Petite Jehanne de France. Les Editions Gallimard et la Fondation parfum de la littérature et du Blufunk, mélange de blues et de funk dont il est l’initiateur. Expositions Au chapitre des expositions, la “grande exposition“ est dédié cette année à Plonk & Replonk. Ces deux frères graphistes sont bien connus des Romands, qui ont déjà pu goûter à de nombreuses reprises à la dérision de leur univers via le monde médiatique. Ils se distinguent spécialement par la création de cartes postales anciennes sur des thèmes souvent puisés dans les mythes suisses, qu’ils ont retouchés et détournés avec humour. « Depuis l’invention du “Copié à la Main” par les moines-pirates de Tasmanie, jusqu’au “Lu avec les Pieds” de l’intelligentsia occidentale, le courage du verbe s’est toujours couché devant la blancheur du papier. Papier en pierre, papier en bois dur, papier en roseaux, papier en feuilles; finalement le livre a paru.» Plonk & Replonk se sont fixé comme mission de “rétablir“ quelques vérités, au doigt, à l’œil et au pied de la lettre, car l’histoire de la littérature et de la presse a besoin de bon chienchiens, gardiens des enfers de l’orthographe et du nonsens qui se perd... La BD au Salon du Livre et de la Presse Antoine de Saint-Exupéry présentent sur le stand H870 une exposition sur l’auteur du Petit Prince et de Vol de Nuit. Vingt-quatre panneaux, richement illustrés (photos, lettres, manuscrits, témoignages) retraceront avec précision la carrière d’un homme devenu écrivain presque par accident. Hôte d’honneur Enfin, quelques mots sur l’hôte d’honneur 2013, le Mexique : un des pays les plus peuplés d’Amérique latine, un pays qui a vu se succéder au fil du temps plusieurs cultures, plusieurs traditions, et qui a intégré toutes ces influences, tous ces apports, pour produire une grande richesse culturelle. Le programme culturel du Mexique proposera conversations, lectures publiques, débats, conférences, tables rondes. Synonyme de diversité et de multiculturalisme, la richesse du pays sera également mise en lumièreà travers la photographie, le cinéma, le théâtre, sans oublier bien sûr son art culinaire. Viviane Vuilleumier Titeuf sera aussi à la fête, puisqu’une exposition célèbrera ses 20 ans - plus précisément les 20 ans Joel Dicker © Jeremy Spierer a c t u a Plus d’informations sur : http://www.salondulivre.ch/fr/ l i t é p a r odéon-théâtre de l’europe Le Prix Martin Peter Stein met en scène cette dernière grande comédie de Labiche, écrite en 1876; il s’agit pour lui de sa première création en France. Agé aujourd’hui de 74 ans, Peter Stein, cette légende vivante de la mise en scène allemande, a donc choisi un genre très français, longtemps décrié comme distraction bourgeoise, pour faire son entrée sur la scène française. Un genre sur lequel il porte un regard différent, étranger, et auquel il avait déjà osé s’attaquer, en mettant en scène, en 1973, La Cagnotte de Labiche en allemand. Universalité du propos C’était aussi l’époque où de grands metteurs en scène français redonnaient à ce genre leurs lettres de noblesse. Jean-Pierre Vincent monta La Cagnotte en 1971 et Patrice Chéreau amorça sa carrière avec L’Affaire de la rue Lourcine en 1966, en privilégiant une approche burlesque, satirique. Peter Stein regarde les personnages de son point de vue, en ethnologue, et constate « qu’on trouve dans la pièce les trois âges de la sexualité : sa naissance, sa maturité, sa mort ou disons son extinction ». Car, ce qu’il cherche, c’est à dégager le caractère intemporel de la pièce, son universalité. Bien sûr, les ingrédients du genre ne manquent pas, et le mari, la femme et l’amant sont au rendezvous. Mais les relations sexuelles ne concernent pas seulement la traditionnelle relation triangulaire. Pour les trois couples inventés pour la nécessité de l’intrigue, le sexe est l’occupation principale : le couple de bourgeois expérimenté en la matière, le jeune couple amoureux qui pratique l’exercice avec délice et sans interruption, et les deux amis, « sexuellement à la retraite et qui voudraient être tranquilles ». Deux très bons amis, Ferdinand Martin (Jacques Weber) et Agénor Montgommier (Laurent Stocker) se retrouvent souvent à parler affaire mais surtout à jouer aux cartes, au bésigue. C’est donc assis à une table de jeu que nous faisons leur connaissance, au lever du rideau et que nous les quitterons, après une série de rebondissements, causés par l’inévitable rivalité entre les deux amis, le cocu et l’amant, l’un trompant a c t u a l i s l’autre. Le mari cocu promettant d’éliminer son rival et imaginant pour cela, avec le concours de son cousin, Hernandez Martinez (Pedro Casablanc), roi des Chichimèques, une promenade dans les montagnes suisses, qui tournerait mal, et qui serait l’occasion de faire disparaître le fautif dans un précipice. La Suisse étant alors dans l’imaginaire bourgeois ce que représente aujourd’hui les Seychelles ou une autre île lointaine. Il faut entendre le domestique Pionceux (Jean-Damien Barbin), frère de lait de Martin, prononcer « la Souisse… » avec des trémolos dans la voix en évoquant une destination de rêve, mais aussi le voir dans son pantalon trop large, aux allures clownesques. Une composition superbement jouée, qui emporte l’adhésion du public. Comme toujours, rien de ce qui était prévu n’arrive. Enthousiasme Peter Stein se révèle non seulement un magnifique directeur d’acteurs, qui pose sur les personnages un regard contemporain mais il dispose aussi d’acteurs exceptionnels. Un Jacques Weber, “hénaurme“, qui forme avec Laurent Stocker, un couple à la Laurel et Hardy, inoubliable. Les autres comédiens ne sont pas en reste et sont irrésistibles : Pedro Casablanc en matador macho, Manon Combes en servante d’auberge découvrant les nouveautés du sexe parisien et Christine Citti en femme volage et désireuse de plaire. Lors de la création, Flaubert voyait dans cette pièce une bouffonnerie pleine d’esprit et comparait Labiche à Molière. L’efficacité de la construction, la qualité des dialogues et les répliques géniales ne peuvent que lui «Le Prix Martin» © Pascal Victor-ArtcomArt donner raison. En ces temps moroses de crise, le public ne s’y trompe pas et réserve un accueil enthousiaste au spectacle. Régine Kopp www. theatre-odeon.eu Jusqu’au 5 mai 2013 i t é 75 p a r i s de l’allemagne, de friedrich à beckmann Le Louvre à l’heure allemande Fallait-il prendre prétexte de la célébration des 50 ans du Traité de l’Elysée entre la France et l’Allemagne pour consacrer une exposition à la peinture allemande de la fin du XVIIIe siècle à la veille de la seconde guerre mondiale ? 76 Les Français entretiennent une relation ambiguë avec l’Allemagne, qui ne date pas d’aujourd’hui. Il suffit de se rappeler ce qu’écrivait Baudelaire à Wagner, après les représentations de Tannhäuser à Paris : « Vous n’êtes pas le premier, Monsieur, à l’occasion duquel j’ai eu à souffrir et à rougir de mon pays ». Cette exposition, riche de deux cents œuvres, orchestrée de main de maître par Sébastien Allard, conservateur en chef au département des peintures du Louvre, Johannes Grave, directeur adjoint du centre allemand d’histoire de l’art de Paris et Danièle Cohn, professeur d’esthétique à Paris I, leur permettra de mieux la connaître. L’exposition est exemplaire dans sa conception présentée thématiquement et passionnante dans son contenu, dédié à l’esthétique allemande de 1800 à 1939, méconnue d’une grande partie du public. Petit rappel historique : jusqu’à la constitution de l’Etat-nation en 1871, l’Allemagne était multiconfessionnelle, marquée par une discontinuité géographique, un flotte- de Goethe et le peintre nous le montre assis en voyageur parmi des ruines, y faisant allusion à l’Antiquité grecque et romaine. Cette référence présente tout au long du XIXe siècle jusqu’à la première guerre mondiale compose la première partie de l’exposition, sous le signe d’Apollon et Dionysos. « Noble simplicité et grandeur tranquille » caractérisent cette conception classique de la beauté, celle d’Apollon et qu’illustre à merveille Apollon parmi les bergers de Gottlieb Schick (1806-1808), avec la majesté de ses paysages, l’équilibre de la compo- ment des frontières, des régimes politiques différents. Cette unité s’est construite sur la notion de « Kultur » héritée de la philosophie des Lumières et devient déterminante pour constituer une identité culturelle basée sur « trois grandes forces motrices : le rapport à l’histoire, à la nature et à l’humain », souligne le commissaire français. Trois axes d’où découlera tout naturellement le parcours de l’exposition, s’articulant sur trois grands thèmes, la référence à l’Antique, la notion de paysage et la place de l’individu. La pensée allemande Avant d’entrer dans le vif du sujet, le visiteur est tout d’abord accueilli dans la rotonde, par la monumentale et ô combien programmatique œuvre d’Anselm Kiefer, De Julius Schnorr von Carolsfeld, «Vierge a l’Enfant», 1820 huile sur toile, 74 x 62 cm. Cologne, Wallraf-Richartz-Museum & Fondation Corboud © Rheinisches Bildarchiv, Cologne Johann Heinrich Wilhelm Tischbein, «Goethe dans la campagne romaine», 1787 huile sur toile, 164 x 206 cm. Francfort, Stadel Museum © U. Edelmann - Stadel Museum - ARTOTHEK a c t l’Allemagne (19822013). A méditer aussi bien à l’entrée et qu’à la sortie. Mais le lever de rideau sur l’exposition, qui emprunte son titre à l’ouvrage de Mme de Staël, se fait avec le portrait de Goethe, peint par Johann Heinrich Wilhelm Tischbein, Goethe dans la campagne romaine (1787), véritable icône nationale. La pensée allemande s’identifie à la figure u a sition, l’absence de mouvement. Dans le sillage de ce classicisme d’une beauté tranquille, un groupe de jeunes artistes, appelés les Nazaréens, poussés par un esprit patriotique, remplacent le modèle antique par celui de l’art médiéval et de la Renaissance, se référant aussi bien à Raphaël qu’à Dürer. A regarder La Vierge à l’Enfant (1820) de Julius Schnorr von Carolsfeld ou Marie, Elisabeth, l’Enfant Jésus et Jean (1825) de Johann Friedrich Overbeck, la pureté du trait évoque tout naturellement Raphaël. De même l’œuvre de Franz Pforr, L’Entrée de Rodolphe de Habsbourg à Bâle (1808-1810) a valeur de manifeste avec son style archaïsant, renvoyant aux gravures allemandes du XVIe siècle. Le rêve médiéval se lit aussi dans le tableau de Carl Hasenpflug, Vue idéale de la cathédrale de Cologne (1834-1836). Commencée en 1248, la l i t é p a r i s cathédrale ne fut terminée qu’en 1880, construite dans le style gothique, typiquement allemand et symbolisait l’unité du peuple. L’imaginaire allemand Mais il n’y a pas que les vues de cathédrales qui constituent l’imaginaire allemand, il y a aussi les éléments du merveilleux empruntés aux contes populaires écrits entre autres par les frères Grimm. Avec ses châteaux, ses fleuves, ses forêts, ses chevaliers errant dans la nuit, le Chevaliers devant la hutte du charbonnier de Carl Philip Fohr fonctionne comme un digne ancêtre d’Harry Potter. Mais ce classicisme presque trop parfait, qui marque cette première moitié du XIXe siècle, finit par s’épuiser dans l’académisme. Une nouvelle génération d’artistes s’emploient à revitaliser la forme et recourent à Dionysos, symbole de la force de la vie et de la puissance pulsionnelle. Hans von Marées ou Anselm Feuerbach et surtout le Suisse Arnold Böcklin se lâchent en quelque sorte dans la matière picturale et ne brident plus leur sensualité. Le Réveil du printemps (1880) de Böcklin, avec ses nymphes et ses satyres est certes une réinterprétation du Printemps de Botticelli mais la tonalité y est bien plus onirique et étrange. Quand il peint en 1886, Le jeu des Néréides, le sujet reste classique mais il s’en dégage une sensualité qui témoigne d’un esprit transgressif tout à fait nouveau. Au cœur du parcours, c’est le rôle de la nature dans la constitution de l’identité allemande, qui est traité dans sa conception goethéenne, c’est-à-dire « restituer la morphogenèse, celle des couleurs, des roches, des nuages, des plantes et des êtres vivants ». La peinture du paysage se fait connaissance géologique du monde, ce que Carl Gustav Carus illustre parfaitement avec ses paysages géognostiques, plus proches de l’essai scientifique que d’un sentiment de la nature. L’amour que Goethe voue à la nature, fortement empreint d’encyclopédisme, est visualisé par son herbier et des études aquarellées décomposant le spectre de la lumière. Sa théorie des couleurs publiée dès 1810 prend ici la forme d’un grand octogone coloré et le rapprochement qui est fait avec des œuvres de Paul Klee est lumineux. Friedrich à l’honneur A l’opposé, la conception subjective de Caspar David Friedrich pourrait se résumer par sa formule : « clos ton œil physique afin de voir d’abord avec ton œil de l’esprit ». Friedrich ne peint pas sur le motif mais ses représentations de montagnes n’en sont pas moins sublimes. Ce sont a c t u Caspar David Friedrich, «L’Arbre aux corbeaux», 1822, huile sur toile, 59 x 73 cm. Paris, musée du Louvre © RMN Grand Palais (Musée du Louvre) / Michel Urtado au total dix-sept peintures de Friedrich qui auront été prêtées par de grands musées allemands et des collectionneurs privés, et qui feront rêver le visiteur. Arrêtez-vous devant Brume matinale dans les montagnes (1808), une composition si moderne par les formes, qui s’estompent. A côté de lui, les paysages de Philip Otto Runge, empreints de symbolisme et de mysticisme, semblent plus édulcorés. C’est avec Friedrich que le paysage prend une connotation nationale, parfaitement incarné par L’Arbre aux corbeaux (1822) et que se construit une histoire de l’art allemand, « contre le cosmopolitisme des avant-gardes, considérées pour beaucoup comme françaises. Friedrich devint peu à peu l’artiste allemand par excellence ». Ce romantisme ne sert pas seulement des intérêts nationalistes mais devient, dès 1933, avec la montée du nazisme, un refuge pour certains artistes, comme nous le montre le Paysage du Bodensee avec arc-en-ciel (1939) d’Otto Dix. Avec l’horreur de la première guerre mondiale (la série d’encre d’Otto Dix est saisissante), la perte des repères, les artistes renoncent à l’idéalisation et à l’héroïsation et cherchent à exprimer l’humain dans son imperfection, sa banalité, sa souffrance. C’est le dernier volet du parcours, intitulé Ecce Homo. Il y a ceux qui renouent avec la passion du Christ, pour exprimer l’humanité souffrante, comme Karl Hoffer, Le Crieur (1935), Lovis Corinth, Ecce Homo (1925) ou Max Beckmann. Son œuvre L’Enfer aux oiseaux (1938), issue d’une collection pri- a l i t vée new-yorkaise, est prémonitoire de la barbarie à venir. L’imaginaire romantique tourne ici en vision cauchemardesque. L’individu se retrouve non seulement au centre des préoccupations des artistes mais aussi des cinéastes. Des extraits de Metropolis (1927) de Fritz Lang sont diffusés ; des images qui montrent avec force comment l’individu peut être broyé dans l’anonymat des villes, réduit à l’esclavage dans les usines. En fin de parcours, deux autres films sont projetés. Aux Hommes, le dimanche (1930) de Robert Siodmak et Billy Wilder, qui exprime une vitalité joyeuse, répondent les corps figés du film de propagande Olympia, tourné par Leni Riefenstahl en 1936 pour les Jeux olympiques. Les images tiennent lieu de commentaires. Le parcours prend fin, en évoquant la Nouvelle Objectivité et un de ses représentants, Christian Schad qui choisit le difforme et l’étrange pour parler de l’homme. Certains se demanderont pourquoi ne pas avoir pris en compte l’expressionnisme ou l’art du Cavalier Bleu ou même le mouvement dada. C’est que ce panorama ne se veut en aucun cas exhaustif mais tributaire des choix des commissaires, qu’il serait malvenu de critiquer, car le résultat est une exposition riche et originale et sur laquelle on ne saurait faire l’impasse ! Régine Kopp Du 28 mars au 24 juin 2013 é 77 p a r i s la grande prêtresse vocale que fut et demeure Anja Silja (la Sorcière). Pour sa part, le parti que prend Claus Peter Flor, dans une direction musicale profonde et imposante, chargée de parures orchestrales, pousse l’œuvre vers le post-romantisme. Ce qu’elle est assurément, en ce XIXe siècle finissant, au-delà de son prétexte de fabliau pour petits et grands inspiré des Frères Grimm. opéra Hänsel rutilant Hänsel et Gretel fait un clin d’œil au palais Garnier, entre facéties, allusions, illusions, beau chant et luxuriance orchestrale. La voix et le secret d’Antonacci 78 L’Opéra-Comique présente ce qui pourrait se qualifier de gala Antonacci : une soirée qui conjugue Il Segreto di Susanna et la Voix humaine, deux opéras courts avec la fameuse mezzo italienne comme principale protagoniste. Une manière de démontrer deux facettes distinctes du grand talent de la diva. Dans l’irrésistible et inspiré intermezzo de Wolf-Ferrari, elle incarne une héroïne pétillante à la grâce immédiate, avec aussi la coloratoure belcantiste de rigueur. Son compagnon à la scène, Vittorio Prato, et rôle masculin de ce dialogue à deux personnages (sur fond de Opérra Garnier : «Hänsel et Gretel» avec Daniela Sindram (Hänsen), Anne-Catherine Gillet (Gretel) et Anja Silja (Die fumées de cigarettes – on fume beauKnusperhexe). Crédit Opéra national de Paris/ Monika Rittershaus coup sur les scènes actuellement, Et voilà que le “ Märchenoper ”, le conte ble plutôt les adultes. Ils peuvent goûter le chant mais ici le sujet et ledit secret s’y prêtent), lui de fées lyrique d’Humperdinck, fait son entrée parfaitement dominé et projeté de Daniela répond avec la loquacité adéquate. Pour le soliau répertoire de l’Opéra de Paris. Excès d’hon- Sindram (Hänsel), Anne-Catherine Gillet loque téléphonique de l’opéra de Poulenc, Anna neur ? pour un ouvrage que l’on croit – à tort – (Gretel), Jochen Schmeckenbecher (Peter), Caterina Antonacci délivre son lyrisme et son tenir de la pochade… Mais ainsi servi, il ne Irmgard Vilsmaier (Gertrud), ou le souvenir de intense sentiment de chanteuse tragique qui a démérite pas des ors qui l’accueillent. En raison de la mise en scène, tout d’abord, signée Mariame Clément, jouant d’images de chambres (à coucher) enserrées dans des tableaux juxtaposés, superposés et culbutés, où la forêt, les personnages fantasmagoriques qui la peuplent et perturbent les petits héros, deviennent univers familier d’un cocon familial, d’un rêve dont la clef se dérobe. Il y a donc les cadres de cet intérieur protecteur et angoissant à la fois, dédoublés (comme les personnages et les intentions) et résonnants. Le tout reste beau plastiquement et subtilement évocateur. Mais il est fort à parier que les enfants, qui parsèment le public de cet opéra qui leur est théoriquement destiné, ne saisissent pas toujours les péripéties de cette fable de deux garçonnets polissons, perdus et retrouvés dans une forêt allusive et intellectuellement détournée !… Opéra Comique : Anna Caterina Antonacci dans «Il Segreto di Sisanna» © Bohumil Kostohryz Puisque le spectacle vise dans son ensem- a c t u a l i t é p fait sa juste réputation (comme dans sa Cassandre des Troyens, il y a moins d’un an au Covent Garden de Londres). Une apothéose ! que le public salue de bravos répétés. Ce serait le plus spectaculaire du spectacle. La mise en scène de Ludovic Lagarde n’aspire pas à beaucoup de transcendance, sans complications dans un même décor d’intérieur de logement et des costumes façon années 30 (entre les époques d’un opéra créé en 1909 et l’autre en 1959). Elle possède toutefois la vertu de laisser l’héroïne libre de ses gestes et de sa prestance théâtrale. Pour sa part, l’Orchestre philharmonique du Luxembourg se fait brutal pour Il Segreto, à l’encontre du caractère diaphane de la partition géniale de Wolf-Ferrari, et conventionnel pour l’œuvre moins compliquée de Poulenc, sous la battue simple et par trop directe de Pascal Rophé. Isola habitée L’Atelier lyrique de l’Opéra de Paris reprend à la Ferme du Buisson, ancienne ferme reconvertie en théâtre de la banlieue parisienne, L’Isola disabitata, une production maison vieille de déjà huit ans. Mais qui n’a aucunement vieilli. La mise en scène signée conjointement par Dominique Pitoiset et Stephen Taylor joue délicatement de gestes et attitudes bien serties, devant et derrière une table en forme de comptoir (et unique décor), pour narrer les entrecroisements et petits soubresauts des deux couples de ce conte musical sur un livret déli- c t u r i s L’Atelier Lyrique à la Ferme du Buisson : «L’Isola disabitata» avec Andreea Soare (Silvia), Pietro Di Bianco (Enrico), Oleksiy Palchykov (Gernando) et Agata Schmidt (Costanza). Crédit : Opéra national de Paris/ Mirco Magliocca cieusement campé par Métastase. Et les nouvelles voix de l’Atelier renouvellent l’attrait, particulièrement avec l’assurance éprouvée d’Agata Schmidt et Andreea Soare. Mais Oleksiy Palchykov et Pietro Di Bianco ne manquent pas non plus d’abattage comme d’aisance vocale. Dans la fosse, l’Orchestre-Atelier OstinatO (lui aussi formé de tout jeunes musiciens) distille la verve, et l’élan quand il faut, sous la baguette claire d’Iñaki Encina Oyón. L’ensemble fait fête à cet opéra des plus subtilement inspirés de Haydn. À noter le livret distribué au public, condensé sous forme de jolie bande dessinée Opéra Bastille : «Siegried» avec Torsten Kerl (Siegfried) et Peter Lobert (Fafner) © Opéra national de Paris / Elisa Haberer a a a l i t due à Philippe Dupuy. Charmante initiative de la Ferme du Buisson. Siegfried miroitant À la Bastille, Siegfried réserve d’autres plaisirs, comme on l’imagine. Ce volet, le plus réussi du Ring présenté en 2010 et 2011, a encore gagné en acuité. Günter Krämer n’a que très peu modifié sa mise en scène, si l’on omet la vêture du héros principal (qui quitte sa salopette pour un trois-pièces noir à culottes courtes, façon costume-marin d’enfant), mais semble avoir fouillé ses mille détails. Les nains de jardin du premier acte ne résonnent pas seulement comme une dérision (allusion au petit peuple des Niebelungen et au gnome Mime), mais aussi comme un symbole, de la forêt allemande et de ses légendes et terreurs. Le plateau vocal se conforme à cette lecture fouillée avec une stupéfiante justesse, tout spécialement le Mime impayable de jeu scénique tourbillonnant de Wolfgang Ablinger-Sperrhacke, tout aussi irrésistible vocalement. Mais Torsten Kerl n’est lui-même pas en reste, Siegfried gamin pénible à souhait, avec sa voix de ténor sans brailler et chantante, comme on aimerait qu’il en soit toujours ainsi pour Wagner. Peter Sidhom reste cet Alberich profond que l’on avait déjà goûté. Les nouveaux venus de la distribution complètent une é 79 p a r i s sirop dégoulinant. On en arriverait à souhaiter une incongruité ! Pas de quoi crier au génie (comme dans certain commentaire halluciné du programme du Châtelet). La mise en scène de Jo Davies est distrayante. Les chanteurs sont adaptés, avec les voix bien placées de Duncan Rock, Kimy McLaren, Rebecca Bottone et Lisa Milne, aidées d’une sonorisation qui empêche de se faire une idée précise de leurs vertus vocales, mais pour une fois plutôt moins gênante. L’Orchestre de chambre de Paris et sa cinquantaine d’instrumentistes (quand à Broadway on s’en contente au mieux d’une quinzaine) déroulent leur fil sans histoire, avec des violons à l’unisson, sous la direction également à l’unisson de Kevin Châtelet : «Carousel» avec Duncan Rock (Billy Bigelow) © Marie-Noëlle Robert 80 vocalité de haut vol. Egils Silins est un Wanderer imposant, Peter Lobert un Fafner d’outre-tombe, et Alwyn Mellor une Brünnhilde de large projection épanchée. Seule Qiu Lin Zhang dénote, Erda flottante et hululante. Du côté de l’orchestre, l’enthousiasme serait de même nature, pour le scintillement des timbres, mais surtout au dernier acte et à la fin du deuxième. Car la première partie de cet acte et le premier dans son entier, semblent englués dans des tempos alanguis, auxquels, dans notre souvenir, la même direction de Philippe Jordan avait échappé il y a deux ans. Écueil dommageable dans ce scherzo de la Tétralogie. dues à Agnes de Mille), pour ce produit industriel. Reste une histoire assez attachante de petites gouapes, mais qui s’éternise dans des dialogues qui n’en finissent plus, parsemée de chansons, danses et musiques de fond cinématographiques. Musicalement, si l’on peut dire, on relève un beau chœur sur la fin, qui serait magnifique si la mélodie ne tournait court, et un air de baryton un peu senti, parmi un obstiné Farrell. Méditerranées Il Diluvio universale est une espèce de vaste cantate scénique, d’après l’épisode du Déluge de la Bible, créée à Messine en 1682. L’œuvre n’est ressortie des archives que récemment et doit sa résurrection à Leonardo García Alarcón. Après l’avoir présentée au dernier fes- Carousel collectif Poursuivant sa croisade (?) de la comédie musicale états-unienne, le Châtelet propose Carousel. Ce serait une sorte de pièce de théâtre avec musique de scène, qui en son temps (en 1945 ! au sortir de la guerre) a fait un triomphe à Broadway. Il convient de décrypter en détail le programme de salle, pour saisir qui en sont les véritables auteurs. Car aux deux signataires officiellement mis en avant, Oscar Hemmerstein pour le livret et les paroles des chansons et Richard Rodgers pour les thèmes desdites chansons, il faut ajouter les noms de Benjamin Glazer pour l’adaptation de la pièce théâtrale originale de Ferenc Molnar, de Don Walker pour l’orchestration et l’harmonisation, auxquelles participent aussi Robert Russell Bennett, Stephen Jones, Hans Spialek et Guys Levene. Ouf ! Ce qui fait beaucoup de monde (une dizaine ! en comptant les parties dansées a Salle Gaveau : Raquel Andueza c t u a l i t é p tival d’Ambronay, il l’offre à Paris, à l’OpéraComique précisément. L’inspiration musicale, signée Michelangelo Falvetti, musicien lui aussi à redécouvrir, ne faiblit pas à travers arias et ensembles bien pensés. L’originalité ne manque pas, dans des trouvailles harmoniques et mélodiques, mais – disons-le honnêtement – sans que l’ensemble constitue un des plus grands chefs-d’œuvre qui soit. La direction de García Alarcón insuffle une vie de chaque instant, à la tête de sa Capella Mediterranea, du Chœur de chambre de Namur (l’un des meilleurs qui soient actuellement pour la musique baroque) et de solistes choisis, dont Fernando Guimarães, Mariana Flores et Evelyn Ramirez Munoz. L’auditoire qui s’écrase à ce concert réclame rappels sur rappels, qui n’auront pas manqué. microphones, assez indignes de ce répertoire et du lieu, il faut bien dire, mais apparemment nécessités pour l’une des chanteuses (la Grecque). Bruckner et Sibelius La saison lyrique de l’Opéra de Paris se ponctue de concerts en miroir. C’est ainsi que Semyon Bychkov fait un retour éclatant à Paris, à la Bastille, pour une Huitième de Bruckner enflammée devant un Orchestre de l’Opéra au grand complet (cent quarante musiciens) et survolté. Impressionnant. À la salle Pleyel, c’est Sibelius qui est célébré. Sa Deuxième vibre sous la conduite de Mikko Franck devant un Orchestre philharmonique de Radio France qui obéit comme un seul a r i s des pièces musicales dans une veine légère, dont Cendrillon. Ce charmant petit opéra pour sept chanteurs et un pianiste était ressorti de l’oubli il y a une dizaine d’années pour une production d’Opéra en Île-de-France, et revit aujourd’hui à l’Opéra-Comique. Le livret est, bien évidemment, tiré du conte. Mais Pauline, qui le signe et connaissait trop bien les opéras sur le sujet de Rossini et Massenet, s’amuse à une fine parodie avec de jolis airs qui n’ont l’air de rien, mais dénotent tel ou tel trait inspiré. À la salle Favart, il est précédé d’un prologue avec des textes d’époque dits par Marie Brunel et des mélodies de contemporains (Gounod, SaintSaëns, Massenet), qui sont autant d’occasions de mettre en exergue les vertus des jeunes composants de l’Académie de l’Opéra-Comique. Alix Le Saux, Sandrine Buendia, Patrick Kabongo Mubenga, Safir Behloul, ne manquent pas de bagout et d’aisance vocale, auxquels Olivier Déjean, Eva Ganitzate et Magali Arnault Stanczak ajoutent une maîtrise consommée. Le piano de Bertrand Halary et la mise en scène dépouillée de Thierry Thieû Niang, sur un plateau nu mais coloré d’objets domestiques et de costumes bariolés, suffisent à emporter l’adhésion du public et de tous. Beaucoup mieux qu’un simple travail d’école ! Lieder d’Atelier Opéra-Comique : «Cendrillon» © Pierre Grosbois De Méditerranée, il est aussi question avec le concert intitulé, comme il se doit, “ Mediterraneo ”. C’est à la salle Gaveau le lancement du disque pareillement dénommé (chez Virgin Classics), et Christina Pluhar officie à la tête de son ensemble L’Arpeggiata et de solistes vocaux éminemment élus. Le Portugal, l’Espagne, l’Italie, la Turquie et la Grèce sont à l’honneur, dans des répertoires allant du baroque à l’époque actuelle, de la musique savante à celle populaire ou traditionnelle. On ne cherchera pas une fidélité philologique rigoureuse, mais plutôt une réinterprétation destinée à un public actuel. Raquel Andueza, Vincenzo Capezzuto, Katerina Papadopoulou et la chanteuse de fado Mísia, ne ménagent pas leur entregent. On regrettera cependant les a c t u homme. Voilà deux musiciens, Bruckner et Sibelius, qui désormais s’inscrivent au répertoire régulier des institutions parisiennes. Après tant d’années de silence, on ne saurait que s’en réjouir. Cendrillon d’académie Cendrillon est un “opéra de salon” écrit par Pauline Viardot en 1904, pour son salon précisément, qui faisait alors courir le Tout-Paris. Pauline Viardot est restée un nom célèbre de l’Histoire de la musique, mais moins comme compositrice. Fille du ténor et compositeur espagnol Manuel Garcia et sœur de la Mabibran, elle fut au XIXe siècle une diva adulée, la muse de Berlioz et de Gounod comme de nombreux artistes et écrivains. Elle laisse aussi a l i t À l’Auditorium du Louvre, c’est à un cycle de mélodies allemandes que convie l’Atelier Lyrique de l’Opéra de Paris (en appendice à l’exposition “De l’Allemagne” au Musée). De Schubert à Brahms et Richard Strauss, mais aussi Kurt Weill, Liszt et Carl Loewe, un florilège de lieder permet aux jeunes solistes de présenter toutes les palettes des couleurs romantique, post-romantique et de cabaret berlinois. Tiago Matos, Andreea Soare, Michal Partyka, Andriy Gnatiuk et Oleksiy Palchykov délivrent un savoir-faire et un talent reconnus (déjà, sur les scènes), mais Élodie Hache et Florian Sempey excellent, conjuguant ardeur et expressivité. Philipp Richardson, Françoise Ferrand, Jorge Martínez et Alissa Zoubritski les accompagnent d’un piano pénétré ou éloquent, pour ce parcours de la mélodie allemande en tous ses états. Pierre-René Serna é 81 p a r i s théâtre de l’essaïon opéra royal de versailles On approchait de la deux-centième représentation de «Proudhon modèle Courbet» et la pièce n'avait rien perdu de sa fraîcheur et de sa vivacité. Au moment où le rideau tombait et que se rallumaient les lumières de la salle, le spectateur sortait d'un enchantement : quoi, c'était déjà fini ? La majeure partie de l’œuvre instrumentale du « prêtre roux » est bien connue. En revanche ses opéras ne sont encore que trop peu représentés. Proudhon ... 82 Farnace Il faut dire qu'on se serait bien plu à entendre deviser plus longuement nos quatre compères. La pièce convoque les figures de Gustave Courbet et de Pierre-Joseph Proudhon, tous deux franc-comtois et amis : le premier travaille dans son atelier d'Ornans à une peinture mégalomaniaque, L'Atelier, où il figure au centre de la société tel un dieu séparant les élus et les réprouvés. Parmi les premiers se trouve Proudhon. Le penseur anarchiste rend justement visite à Courbet, qui a une demande à lui faire. Malhabile au maniement du concept, il désire s'adjoindre les services d'un intellectuel tel que Proudhon pour rédiger un livret sur son œuvre. Courbet souhaite en effet organiser une exposition privée, le Pavillon du Réalisme, dans l'éventualité où certaines de ses peinture seraient refusées au Salon. Sur ces entrefaites débarque Jenny, modèle et maîtresse du peintre, féministe avant la lettre, qui confronte Proudhon à ses positions conservatrices et petites-bourgeoises sur le rôle des femmes dans la société. Arrive enfin Georges, le paysan braconnier, qui aura du mal à entendre les idées nouvelles de l'anarchiste et se verra expliquer le concept de mutualisme lors d'une des scènes les plus drôles de la pièce. On croise donc le fer de la parole, tout au long de cette pièce qui brille par la qualité des dialogues et l'excellence des comédiens. Tous ont la gueule de l'emploi ; il faut dire que la Compagnie Bacchus vient de Franche-Comté, les comédiens n'ont donc aucun mal à imiter le patois local, Alain Leclerc (Courbet) et Djelali Ammouche (le paysan) au premier chef. «Proudhon modèle Courbet» L'interprétation vive et enlevée © Danica Bijeljac sert donc un texte tout à fait passionnant : on cause socialisme, peinture, politique, sexualité et religion avec un art consommé de l'éristique. En toile de fond, l'immense Atelier de Courbet, qui paraît déteindre sur les personnages de la pièce : est-ce dû à la mise en scène, à la scénographie ou aux éclairages, toujours est-il que notre petite société tend à acquérir sous nos yeux une dimension picturale. Nous faisons face à un tableau animé, composé de quelques représentants de la société du Second Empire. Cette pièce est en somme une belle réussite et vaut le détour ! Max Emanuel Cencic dans «Farnace» Mais parlons de Farnace. Cet opéra, créé pendant le carnaval de Venise de 1727, fut repris plusieurs fois dans le même théâtre (un fait très rare pour l’époque), il fut exporté ensuite dans toute l’Europe avec un succès triomphal. Puis, trois siècles d’un inexplicable oubli … avant une timide renaissance il y a quelques années : une poignée d’enregistrements, un quarteron de mises en scènes et de versions de concert (dont une à l’opéra de Lausanne). La construction de l’Opéra Royal de Versailles est quasi contemporaine à la création de l’œuvre. C’est dans ce splendide écrin que le talentueux chef grec Georges Petrou a choisi de présenter cette œuvre dans une version de concert avec une distribution superlative emmenée par le brillant contre-ténor Max Emanuel Cencic dans le rôle titre. « Farnace », fils de Mithridate, règne sur le Bosphore en 65 avant JC (et 2078 avant Jerôme Cahuzac). Il vient d’être vaincu par Pompeo. Tamiri, son épouse, espère convaincre son conjoint de renoncer à une revanche sur le cruel souverain romain. Les 3 heures de ce spectacle, pour 3 actes et 40 scènes, passent comme un songe. Aux côtés de cet impeccable « Farnace », on admire la dangereuse Bérénice, reine de Cappadoce, de la mezzo-soprano Mary-Ellen Nesi ; la Tamiri tourmentée et digne de Ruxandra Donose, écartelée entre un époux et une mère qui sont ennemis jurés, la gracieuse Selinda de Carol Garcia et le Gilade ensorcelant de Vivica Genaux. Toutes quatre, dans leurs registres, se révèlent d’admirables tragédiennes. Le compositeur a parsemé cette œuvre d’arias magnifiques que chaque interprète défend avec talent. La programmation à venir du Château de Versailles est digne des meilleurs festivals d’art lyrique : citons par gourmandise le récital de Cecila Bartoli le 16 juin ou l’Oratorio de Pâques de Bach avec le Monteverdi Choir sous la baguette de Sir John Eliot Gardiner le 27 juin. Vive Versailles !!! Philippe Baltzer Julien Roche Théâtre de l'Essaïon, Paris. Jusqu'au 25 mai 2013. Jeudi, vendredi, samedi 20h00 a c t Renseignements et réservations : www.chateauversailles-spectacles.fr u a l i t é p a r i s opéra de paris théâtre de la ville Présenté au Palais Garnier du 15 au 24 mars, ce programme consacré à trois œuvres de Roland Petit était le premier depuis le décès du maître en 2011. Chorégraphiés entre 1945 et 1953, ces trois ballets - Le rendez-vous, Le Loup et Carmen -devenus des classiques du répertoire, étaient l’occasion de redécouvrir le talent du chorégraphe à créer des ambiances et des personnages féminins mystérieux. Pour la première fois, le Théâtre de la Ville accueillait, du 2 au 6 avril, Emanuel Gat et sa compagnie avec Brilliant Corners. C’est l’occasion de découvrir cette pièce maîtresse du chorégraphe israélien installé dans le sud de la France. Roland Petit Brilliant Corners Le rendez-vous nous plonge dans le Paris de la libération. Décor en noir et blanc de Brassaï, sortie de guinguette, les Parisiens profitent de leur liberté retrouvée. Parmi eux, un jeune homme erre ; il a rendez-vous avec la plus belle fille du monde et c’est ce qui le rattache à la vie. Malheur à lui, cette femme troublante est l’envoyée du diable venue pour le mettre à mort. Influence surréaliste, ce ballet est un témoignage de la création artistique au sortir de la guerre. Les deux personnages principaux sont interprétés ce soir par deux jeunes artistes de la compagnie, Alexandre Gasse et Amandine Albisson. Ils forment tous les deux un couple équilibré, lui en jeune homme sensible et perdu et elle, pleine de finesse et de mordant. Créé en 1953, Le Loup est une variation du mythe de la Belle et la bête. Une jeune mariée tombe amoureuse d’un personnage de foire, le loup, alors que son mari se fait manipuler par une bohémienne. La fin est dramatique. «Brilliant Corners» Photo Emanuel Gat Dance Brilliant Corners est un ballet contemporain qui se déroule en grande partie sans musique. Le silence est rompu parfois par un air de Franz Schubert joué au piano. Scènes de groupe, au sol, duo, trio, mouvements et immobilité, les ingrédients de la danse contemporaine sont présents. Ce qui est fascinant dans cette pièce, c’est la communion entre les artistes sur scène, quand ils dansent ensemble ou se répondent. Cette communion, ces ensembles impeccablement exécutés, soulignent le raffinement de la chorégraphie. Aucune intention du chorégraphe ne semble perdue. Calé dans notre fauteuil, les yeux rivés sur la scène, on a l’impression de sentir l’air, l’espace traversé par le mouvement. Les mouvements des danseurs, dans l’instant, envoûtent. Pourtant, en sortant, que nous reste-il ? Avec quoi partons-nous ? L’absence de réponse à cette question est ce qui manque à cette œuvre pour qu’elle s’inscrive dans notre mémoire. Stéphanie Nègre E. Abbagnato et N. Le Riche dans «Carmen». Photo J Benhamou La danse en mai Plus difficile d’accès, ce ballet, par son intrigue et sa scénographie, ne dépasse pas la curiosité historique. Quant à l’interprétation, si Sabrina Mallem en bohémienne brûle les planches, Emilie Cozette, la jeune fille, et Stéphane Bullion, le loup, ne parviennent pas à nous transmettre grandchose à part l’envie de vite passer à autre chose. Avec Carmen, Roland Petit s’attaque à un mythe. Sur scène, ce soir, Nicolas Le Riche est Don José et Eleonora Abbagnato, la belle cigarière. Ces deux-là jouent le jeu de l’amour passionné dans cette version resserrée du drame. Amour et mort, le ballet est bel et bien un classique. Cette représentation est marquée par la nomination d’Eleonora Abbagnato au rang de danseuse étoile de l’opéra de Paris. C’est une belle consécration pour une danseuse à la présence scénique incroyable et qui fut l’une des interprètes fétiches de Roland Petit. L’Opéra de Paris présente du 2 mai au 2 juin une soirée avec quatre œuvres, L’Oiseau de feu de Maurice Béjart, L’Après-midi d’un faune de Vaslav Nijinski, Afternoon of a Faun de Jerome Robbins et Bolero de Sidi Larbi Cherkaoui. Au théâtre de Chaillot, du 14 au 16 mai, Michèle Noiret présentera sa création Hors champ. LA Dance project, groupe emmené par Benjamin Millepied, futur directeur de la danse de l’opéra de Paris sera au Théâtre du Chatelet du 23 au 25 mai pour présenter quatre ballets, Winterbranch de Merce Cunningham, Quintett de William Forsythe et Moving Parts de Benjamin Millepied. Belle et rare occasion d’applaudir des solistes de grandes compagnies étrangères, un gala Noureev est organisé au Palais des congrès le 31 mai et le 1er juin. A ne pas manquer également, la venue du ballet du théâtre Mariinsky au Théâtre des Champs-Elysées du 29 au 31 mai pour Le Sacre du printemps de Vaslav Nijinski. Stéphanie Nègre Stéphanie Nègre a c t u a l i t é 83 p a r i s chronique des concerts Moment fort Avec la conclusion du cycle Pollini-perspectives, la salle Pleyel aura connu un moment fort, sans doute une des plus belles soirées de cette saison. 84 Maurizio Pollinni Le récital s'ouvrait avec la création française des 12 Madrigali-Concertati de Salvatore Sciarrino. Musique difficile autant que subtile, au sens propre. Le public peu habitué à ce répertoire exigeant ne se montre pas à la hauteur de la concentration exigée par la pièce, malgré les efforts du fils du pianiste – Daniele Pollini - luimême pianiste. Le KlangForum Wien placé sous la direction de Tito Ceccherini réalise un écrin sonore d'une grande finesse pour les voix des Neue Vocalsolisten Stuttgart. Cette musique purement instrumentale est faite de répétition obsédante de motifs, figures fuyantes et accords plaqués aux extrémités du clavier. Les gestes du pianiste se propagent en miroir parmi les instruments qui l'accompagnent. Dans la seconde partie, Maurizio Pollini officie dans les trois dernières sonates de Beethoven. La netteté et l'équilibre des plans sont remarquables, laissant à l'instrument toute sa résonance naturelle. Les variations construisent patiemment un édifice sonore comme il nous fut rarement donné d'en voir. Le contraste des timbres et des univers est d'une évidence jamais prise en défaut par le désir de rendre visible la maîtrise à l'atteindre. Autre lieu, autre répertoire… c'est au théâtre des Abbesses qu'il faut se rendre pour entendre à quelques semaines d'intervalle l'intégrale a des sonates et partitas de Bach par la jeune violoniste baroque Amandine Beyer. Dans la première partie de ce programme, la justesse joue un peu à Jean qui pleure et Jean qui rit. Un vibrato retenu, presque janséniste, ne permet pas de corriger les nombreuses fautes d'intonation qui se bousculent et empêchent la continuité de l'écoute. Malgré un engagement évident, les fugues se délitent progressivement lorsque le contrepoint se fait plus resserré et redoutable, surtout dans la Partita n°2, qui ne sort pas indemne de ce traitement très risqué. Le deuxième concert est beaucoup plus satisfaisant, à la fois plus extraverti et plus spirituel dans la teneur du propos. Le prélude de la 3e Partita donne une bonne occasion de faire briller les alternances de sons pleins et de sons filés. L'archet est volontairement doux et soyeux ou d'une dureté impressionnante quand il s'agit de faire défiler les furies de notes dans les mouvements rapides. Amandine Beyer L'Orchestre de l'Opéra National de Paris profite du printemps pour sortir de sa fosse et gagner la scène dans deux programmes très différents et d'une esthétique remarquable. Pour le premier, la baguette est confiée à Semyon Bychkov, de retour à Paris pour diriger l'impressionante 8e symphonie d'Anton Bruckner. Sans parti-pris mystique et conceptuel, le chef russe (naturalisé américain) sait créer un flux et reflux c t u a des cordes qui prend corps progressivement, au fur et à mesure qu'approche l'acmé de la grande arche à mi course du mouvement. L'Adagio est (sans surprise) le centre nerveux de l’interprétation. Les rudesses du Scherzo ne traduisent pas autre chose que la volonté d'en découdre avec cette demi-heure de glacis harmonique, au risque d'un lancinant et hypnotique surplace. Les cuivres de l'Opéra se montrent à la hauteur du défi, impeccables d'homogénéité tant dans les longues tenues que dans les attaques. xx Philippe Jordan conclut cette belle série à Bastille avec le Triple concerto de Beethoven, suivi par Une Vie de Héros de Richard Strauss. La jeune garde de l'interprétation allemande était réunie ce soir-là pour le meilleur… et pour le pire. Le violon de Veronika Eberle est d'une sobriété très peu expressive, sans doute idéal dans une œuvre aussi “officielle“ mais qui lasse l'écoute sur la durée. Danjulo Ishizaka (violoncelle) semble se ranger à cette esthétique du terne et de l'absence de projection. Seul le piano de Martin Helmchen semble avoir quelque chose à dire mais jamais les trois jeunes musiciens ne semblent s'intéresser au discours opulent que Philippe Jordan déploie derrière eux. Une Vie de Héros balaie d'un revers de main ces tièdes impressions. L'Orchestre de l'Opéra s'en donne à cœur joie pour libérer tout l'humour et l'énergie qui règnent dans cette musique. La bataille du Héros contre ses “ennemis“ ou la compagne du Héros sont deux moments particulièrement représentatifs de l'art du chef suisse à impulser une dimension lyrique dans une œuvre symphonique. La narration suit son cours avec un réalisme impressionnant que conclut brillamment une Ouverture des Maîtres Chanteurs donnée en bis. David Verdier l i t é p Sélection musicale de mai : L'Opéra Bastille affiche tout le mois de mai La Gioconda de Ponchielli, production dirigée par Daniel Oren et mise en scène par Pier Luigi Pizzi avec dans les rôles principaux Violeta Urmana (La Gioconda) et Marcelo Alvarez (Enzo Grimaldo) - le couple de La forza del destino entendu la saison dernière -, Luciana D’Intino (2 au 17 mai) / Elena Bocharova (20 au 31 mai) (Laura Adorno), Orlin Anastassov (Alvise Badoero), María José Montiel (La Cieca) et Sergey Murzaev (Barnaba), Orchestre et chœur de l'Opéra de Paris, un opéra que l'on ne pensait plus voir un jour à Paris. Puis toujours sur cette scène à partir du 21 mais jusqu'au 16 juin, dernière étape du Ring wagnérien avec Le Crépuscule des Dieux dirigé par Philippe Jordan et mis en scène par Günter Krämer avec Torsten Kerl (Siegfried), Evgeny Nikitin (Gunther), Peter Sidhom (Alberich), Hans Peter König (Hagen), Petra Lang (21, 30 mai, 3, 7 juin) / Brigitte Pinter (25 mai, 12 juin) / Linda Watson (16 juin) (Brünnhilde), Wiebke Lehmkuhl (Erste Norn, Flosshilde), Edith Haller (Dritte Norn, Gutrune), Sophie Koch (Zweite Norn, Waltraute), Caroline Stein (Woglinde) et Louise Callinan (Wellgunde), l'Orchestre de l'Opéra national de Paris. Au Palais Garnier du 23 mai au 18 juin, reprise de Giulio Cesare de Haendel, un spectacle réalisé par Laurent Pelly et dirigé cette fois par Emmanuelle Haïm avec l'orchestre et le Chœur d'Astrée. Les interprètes seront Lawrence Zazzo (Giulio Cesare), Varduhi Abrahamyan (Cornelia), Karine Deshayes (Sesto), Sandrine Piau (Cleopatra) en lieu et place de Jane Archibald, Christophe Dumaux (Tolomeo), Paul Gay (Achilla), Dominique Visse (Nireno) et Jean-Gabriel Saint-Martin (Curio). Verdi à l'honneur les 10 et 11 juin à la Bastille avec le Requiem dirigé par Philippe Jordan et son orchestre et un quatuor vocal composé de Kristin Lewis, Violeta Urmana, Piotr Beczala et Ildar Abdrazakov. A Garnier le 22 mai récital de Diana Damrau et du harpiste Xavier De Maistre (Schubert, Strauss, Hahn, Chausson, Fauré, Duparc et Dell'Acqua). Le 5 juin, enfin, récital du ténor Torsten Kerl accompagné au piano par Boris Bloch (Wagner, Korngold et Zemlinsky). Enfin le 1er juin à l'Amphi Bastille, récital de Tamar Iveri (Rachmaninov, Rubinstein, Tchaïkovski..) avec Nino Pavlenichvili au piano, dans le cadre de Convergences. Au Châtelet le 29 mai, récital de la soprano Karita Mattila accompagnée au piano par Ville Matvejeff : au programme Poulenc, Debussy, Duparc, Aulis Sallinen et Marx. Au Théâtre des Champs-Elysées, le 2 mai, Requiem de Mozart par Jérémie Rhorer à la tête du Cercle de l’Harmonie avec Sandrine Piau, Renata Pokupi , Jeremy Ovenden et Nahuel Di Pierro. Le 6 mai, Petite messe solennelle de Rossini par Daniele Gatti avec Anna Caterina Antonacci, Marie-Nicole Lemieux, Celso Albelo, Carlo Colombara et l'Orchestre National de France. Le 15 mai, Agrippina de Haendel sera dirigée par Eduardo López Banzo avec, dans les rôles principaux, Ann Hallenberg (Agrippina), Vivica Genaux (Nerone), María Espada (Poppea), Carlos Mena (Ottone), Luigi De Donato (Claudio), Enrique Sánchez Ramos (Pallante), Elías Benito (Lesbo) et José Hernández Pastor (Narciso), orchestre Al Ayre Español. Haendel toujours le 22 mai avec Imeneo placé sous la direction de Christopher Hogwood avec Rebecca Bottone (Rosmene), Lucy Crowe (Clomiri), David Daniels (Tirinto), Vittorio Prato (Imeneo) et Stephan Loges (Argenio), l'Academy of Ancient Music. Concert Wagner le 24 par la Staatskapelle de Dresde, le chef Christian Thielemann et le ténor Johan Botha (Le Vaisseau fantôme, Rienzi, Lohengrin et Tannhäuser). Du 25 mai au 3 juin l'Opéra comique propose Mârouf, savetier du Caire de Henri Rabaud, un spectacle réglé par Jérôme Deschamp et dirigé a c t u a l a r i s par Alain Altinoglu à la tête de l'Orchestre Philharmonique de Radio France avec Nathalie Manfrino (Princesse Saamcheddine), Doris Lamprecht (Fattoumah), Sébastien Bou (Mârouf), Nicolas Courjal (Le Sultan), Franck Leguérinel (Le Vizir). A la Cité de la Musique, Les nuits d'été de Berlioz et Athalie de Mendelssohn par Laurence Equilbey seront jouées le 29 mai avec Véronique Gens, Karnn Vourc'h. Récital Vincent le Texier le 14 avec Jeff Cohen au piano, tandis que Juliane Banse sera accompagnée, le 15, par le Kammerorchester de Munich conduit par Alexander Liebreich. Le 5 juin à Garnier : Récital Au Théâtre de l'Athénée Ariadne Torsten Kerl © Bettina Stoss auf Naxos de Strauss les 14, 16 et 18 mai, une version de concert conçue par Benjamin Lazar, dirigée par Maxime Pascal, avec Virgile Ancely, Damien Bigourdan, Jenny Daviet, Cyrille Dubois et Julie Fuchs. Le prochain Festival de Saint Denis ouvrira le 29 mai avec L'enfance du Christ de Berlioz dirigée par Colin Davis avec Stéphanie d'Oustrac, Jeremy Ovenden, Stéphane Degout et François Lis (second concert le 31). A l'affiche de la Salle Pleyel, Agrippina de Haendel comme au TCE, par l'Akademie für Alte Musik Berlin et René Jacobs avec Alexandrina Pendatchanska (Agrippina), Marcos Fink (Claudio), Sunhae Im (Poppea), Jennifer Rivera (Nerone), Bejun Mehta (Ottone), Christian Senn (Pallante), Dominique Visse (Narciso) et Gulya Orendt (Lesbo). Concert de l'Orchestre de Paris dirigé par Christoph Eschenbach le 29 mai avec le baryton Matthias Goerne : au programme Karl Amadeus Hartmann (Scène chantée sur des paroles de Sodome et Gomorrhe de Jean Giraudoux) et Tchaïkovski (Symphonie n° 5). Du côté de la Salle Gaveau « Un songe baroque », le 14 mai autour des compositeurs Monteverdi, Cavalli, Provenzale, Rossi… interprétés par Anne Sofie Von Otter, l'Ensemble Cappella Mediterranea dirigée par Leonardo Garcia Alarcon. Le ténor Ian Bostridge interprétera Le Voyage d'hiver de Schubert le 24 avec Julius Drake. Entre le 28 mai et le 1er juin, soirées musicales avec au programme des mélodies de Schubert chantées par Angelika Kirchschlager et accompagnées par Valentin Erben (violoncelle), Philippe Cassard (piano) et le Quatuor Van Kuijk, mais également Elisabeth Kulman (mezzo-soprano), Christoph Eschenbach (piano), Yann Dubost (contrebasse) et le Quatuor Thymos. Au Musée d'Orsay le 23 mai, La Senna festeggiante de Antonio Vivaldi avec Lorna Anderson, Diana Moore, David Wilson-Johnson, The King's Consort et Robert King à la direction. Le 16 mai concert exceptionnel de Marie-Nicole Lemieux avec Roger Vignoles au piano (Fauré, Hahn, Koechlin et Duparc). Ailleurs en France : Emily Magee retrouve La Comtesse Madeleine de Capriccio à Lyon du 7 au 19 mai, dans une nouvelle production signée David Marton et placée sous la direction de Bernhard Kontarsky. Vu et entendu : distribution exemplaire pour le Siegfried de la Bastille dirigé avec dextérité par Philippe Jordan le 29 mars 2013. François Lesueur i t é 85 t h é â t r e ALAMBIC COMÉDIE (06.32.75.59.36) La Cantatrice chauve de Ionesco m.e.s. Alain Lahaye - jusqu’au 15 juin ATELIER (loc. 01.46.06.49.24) Oh les beaux jours de Beckett m.e.s. Marc Paquien - avec Catherine Frot - jusqu’au 1er juin BOUFFES PARISIENS (loc. 01.42.96.92.42) Hier est un autre jour ! de JeanFrançois Cros, Sylvain Meyniac m.e.s. Eric Civanyan - jusqu’au 13 juillet CINÉ 13 (01.42.54.15.12) La liste de mes envies de Grégoire Delacourt - m.e.s. Anne Bouvier jusqu’au 10 mai. COLLINE (rés. 01.44.62.52.52) Dénommé Gospodin de Philipp Löhle - m.e.s. Benoît Lambert - du 15 mai au 15 juin COMÉDIE DES CHAMPS ELYSÉES (01.53.23.99.19) La folle de Chaillot de Jean Giraudoux - m.e.s. Didier Long - jusqu’au 30 juin COMÉDIE FRANÇAISE SALLE RICHELIEU (01.44.58.15.15) Troïlus et Cressida de Shakespeare m.e.s. Jean-Yves Ruf - jusqu’au 5 mai. Les Trois Sœurs de Tchekhov m.e.s. Alain Françon - jusqu’au 20 mai 86 Un fil à la patte de Georges Feydeau - m.e.s. Jérôme Deschamps - jusqu’au 9 juin Phèdre de Racine - m.e.s. Michael Marmarinos - jusqu’au 26 juin L’Ecole des femmes de Molière m.e.s. Jacques Lassalle - jusqu’au 22 juillet Rituel pour une métamorphose de Saadallah Wannous - m.e.s. Sulayman Al-Bassam - du 18 mai au 11 juillet VIEUX-COLOMBIER (01.44.39.87.00) Oblomov d'Ivan Alexandrovitch Gontcharov - m.e.s. Volodia Serre du 7 mai au 9 juin STUDIO-THÉÂTRE (01.44.58.98.98) Ce que j’appelle oubli de Laurent Mauvignier - m.e.s. Denis Podalydès - du 8 au 19 mai Cabaret Boris Vian de Boris Vian m.e.s. Serge Bagdassarian - du 23 mai au 30 juin COMÉDIE SAINT-MICHEL (loc. 01.55.42.92.97) Autopsie des contes de fées de Christophe Delessart - m.e.s. Cyril Jarousseau - jusqu’au 1er juin Escroc thérapie de et m.e.s. Maxime Thévenon - jusqu’au 30 juin DARIUS MILHAUD (rés. 01.42.01.92.96) Être (une femme en prison : cor- respondances) d’après «Rosa, la vie» d’Anouk Grinberg et Laure Bernardi - m.e.s. Jean-Luc Pérignac - du 5 avril au 28 juin EDOUARD VII (01.47.42.59.92) Comme s’il en pleuvait de Sébastien Thiéry - m.e.s. Bernard Murat - avec Pierre Arditi et Evelyne Buyle - jusqu’au 4 mai GUICHET MONTPARNASSE (01.43.27.88.61) L’Aigle à deux Têtes de Jean Cocteau - m.e.s. Caroline Rainette jusqu’au 11 mai HEBERTOT (01.43.87.23.23) La Conversation de Jean d’Ormesson - m.e.s. Jean Laurent Silvi - jusqu’au 14 juin (relâche du 28 avril au 9 mai inclus) Le père de Florian Zeller - m.e.s. Ladislas Chollat - avec Robert Hirsch et Isabelle Gelinas - jusqu’au 15 juin (relâche du 28 avril au 9 mai inclus) LA BRUYERE (01.48.74.76.99) Les 39 marches de Hitchcock m.e.s. Eric Métayer - jusqu’au 29 juin LUCERNAIRE (01.45.44.57.34) La vie de Galilée de Brecht m.e.s. Christophe Luthringer - jusqu’au 22 juin MATHURINS (rés. 01.42.65.90.00) Dernier coup de ciseaux de Marylin Abrams, Bruce Jordan, Paul Pörtner - Théâtre du Rond-Point Le Cirque invisible Un homme + une femme = un clown illusionniste + une acrobate caméléon = un lapin géant + un dragon = une cafetière humaine + un peloton cycliste ... Victoria Chaplin et Jean-Baptiste Thiérrée se métamorphosent à l’infini. On se frotte les yeux. Est-ce qu’ils sont deux ou est-ce qu’ils sont dix ? Est-ce qu’on est en train de rêver ? Vous ne savez plus quel âge vous avez… Normal, l’âge est une notion qui n’existe pas dans le cosmos féerique où ce couple vous entraîne. Car c’est à l’intérieur d’un rêve que le père du nouveau cirque et la fille Chaplin se sont rencontrés… Le rêve que ce rêve ne finirait jamais… Le rêve d’élever leurs enfants dans la piste… Le rêve de partager leur amour avec tous les publics. Ils l’ont vécu et vont nous le faire vivre ! Célébré de New York à Pékin, leur Cirque invisible tourne depuis trente ans autour de la planète en se rapprochant doucement de sa cible : Paris. Il revient à nouveau au Rond-Point pour nous enchanter. du 16 mai au 15 juin 2013 Réservations au 01.44.95.98.21 m.e.s. Sébastien Azzopardi, Sacha Danino - jusqu’au 1er juin MÉLO D’AMÉLIE (01.40.26.11.11) Le bal des crapules de Luc Chaumar - m.e.s. Corinne Boijols jusqu’au 1er septembre NOUVEAUTÉS (01.47.70.52.76) Cher trésor de et m.e.s. Francis Veber - avec Gérard Jugnot - jusqu’au 25 mai ODÉON EUROPE (01.44.85.40.40) Le Prix Martin de Labiche - m.e.s. Peter Stein - jusqu’au 5 mai AUX ATELIERS BERTHIER : Cendrillon de et m.e.s. Joël Pommerat - du 23 mai au 29 juin PALAIS ROYAL (01.42.97.40.00) Le repas des fauves de Vahé Katcha - m.e.s. Julien Sibre - jusqu’au 31 mai PETIT HÉBERTOT (http://www.billetreduc.com/83505 /evtbook.htm?date=1) Un fou noir au pays des blancs de et m.e.s. Pie Tshibanda - jusqu’au 30 juin PETIT-MONTPARNASSE (01.43.22.83.04) Riviera d’Emmanuelle RobertEspalieu - m.e.s. Gérard Gélas - jusqu’au 12 mai RANELAGH (loc. 01.42.88.64.44) Colorature, Mrs Jenkins et son pianiste de Stephen Temperley - m.e.s. Agnès Boury - jusqu’au 3 mai. ROND-POINT (01.44.95.98.21) La maison d’os de Roland Dubillard - m.e.s. Anne-Laure Liégeois - jusqu’au 11 mai Le Cirque invisible de Victoria Chaplin et Jean-Baptiste Thierrée du 16 mai au 15 juin L’Art du rire de et avec Jos Houben - du 17 mai au 15 juin Ugzu de et avec Jean-Claude Leguay, Christine Murillo, Grégoire OEstermann - du 23 mai au 30 juin STUDIO DES CHAMPS-ÉLYSÉES (01.53.23.99.19) Le Porteur d’histoire de et m.e.s. Alexis Michalik - jusqu’au 30 juin THÉÂTRE MICHEL (01.42.65.35.02) Un pavé dans la cour de et m.e.s. Didier Caron - jusqu’au 31 mai «Le Cirque invisible» © Jean Louis Fernandez a c t u a l i t é b e a u x - a r t s Galerie Sarti Peintres caravagesques italiens, peintres de la réalité Evénement à Paris, avec l’organisation par la galerie G. Sarti d’une magnifique exposition mettant en scène vingt-deux tableaux exceptionnels d’artistes italiens ayant travaillé dans la lignée du Caravage, offrant ainsi au public le plus bel exemple d’œuvres caravagesques jamais réuni en galerie. Signés de grands artistes des écoles romaine, napolitaine, toscane, génoise, lombarde et bolonaise, tous les tableaux présentés dans cette exposition ont été réunis par Giovanni Sarti au cours des dix dernières années. L’accrochage rassemble en majorité des peintres très célèbres, mais aussi quelques autres qui méritent d’être redécouverts, à l’instar d’Agostino Melissi ou de ce peintre anonyme toscan auteur d’un saisissant «Enlèvement de Ganymède» montrant l’enfant abandonné contre l’aigle, sur un fond de ciel nuageux. Parmi les autres grands chefs-d’œuvre exposés figurent le «Saint Sébastien» de Bartolomeo Manfredi, puissant et expressif, deux tableaux de Jusepe de Ribera - une œuvre de jeunesse connue et documentée («Saint Philippe»), et une vraie découverte, le très mystique «Roi David». Sans oublier le «Roi Clovis» d’Orazio Riminaldi, qui étonne par son sujet typiquement francais traité dans un savant mélange de caravagisme et de classicisme. du 11 avril au 12 juillet 2013 Daniele CRESPI (Milan, 1597 ca. - 1630) «La Flagellation». Vers 1624-1625 Huile sur toile, 108 x 91 cm Bibliothèque Richelieu GUY DEBORD. UN ART DE LA GUERRE – jusqu’au 13 juillet Centre Pompidou JESÚS RAFAEL SOTO (1923-2005) – jusqu’au 20 mai EILEEN GRAY – jusqu’au 20 mai Cité des Sciences LÉONARD DE VINCI. Projets, dessins, machines – jusqu’au 18 août Fondation Cartier RON MUECK – jusqu’au 29 sept. Galerie des Gobelins ELOGE DE LA NATURE, XVIe - XXIe siècles – du 9 avril à janvier Grand Palais DYNAMO, UN SIÈCLE DE LUMIÈRE ET DE MOUVEMENT DANS L’ART 19132013 – jusqu’au 22 juillet Jeu de Paume LAURE ALBIN GUILLOT (1879-1962) – jusqu’au 12 mai ADRIAN PACI – jusqu’au 12 mai La Maison Rouge SOUS INFLUENCES – jusqu’au 19 mai. Le Centquatre KEITH HARING (1958–1990) / The a g Political Line - Grands formats – jusqu’au 18 août Mona Bismarck Center QUILT ART – jusqu’au 19 mai. Musée des arts décoratifs TROMPE-L'OEIL – jusqu’au 15 novembre. Musée d’art du judaïsme LA VALISE MEXICAINE - Capa, Taro, Chim. Négatifs de la Guerre d’Espagne – jusqu’au 30 juin. Musée d’art moderne KEITH HARING (1958–1990) / The Political Line – jusqu’au 18 août Musée Carnavalet GEORG EMANUEL OPIZ, aquarelles et gravures – jusqu’au 26 juin. Musée Cernuschi L’ECOLE DE SHANGHAI (1840-1920) – jusqu’au 30 juin Musée Cognacq-Jay SOUVENIRS DU XVIIIE SIÈCLE. Les nostalgies de Jules Dalou, sculpteur de la IIIe République – jusqu’au 13 juillet Musée Dapper DESIGN EN AFRIQUE – jusqu’au 14 juillet e n Musée Guimet TRÉSORS DE LA CHINE ANCIENNE Bronzes rituels de la collection Meiyintang – jusqu’au 10 juin Musée de la Grenouillère Croissy-sur-Seine MONET ET RENOIR CÔTE À CÔTE – jusqu’au 30 juin. Musée Jacquemart-André EUGÈNE BOUDIN AU FIL DE SES VOYAGES – jusqu’au 22 juillet Musée du Louvre GIOTTO ET COMPAGNIE – jusqu’au 15 juillet L’ART DU CONTOUR. Le dessin dans l’Égypte ancienne – jusqu’au 22 juillet DAVID D’ANGERS, dessins des musées d’Angers – jusqu’au 20 mai LE MEXIQUE AU LOUVRE, chefsd’œuvre de la Nouvelle Espagne, 17e et 18e s. – jusqu’au 3 juin DE L’ALLEMAGNE, 1800-1929. De Friedrich à Beckmann – jusqu’au 24 juin Musée du Luxembourg MARC CHAGALL, ENTRE GUERRE ET PAIX – jusqu’au 21 juillet d a Musée Maillol MURANO. Chefs-d'œuvre de verre, de la Renaissance au XXIe siècle – jusqu’au 28 juillet Musée Marmottan-Monet MARIE LAURENCIN – jusqu’au 30 juin Musée de l’Orangerie LES MACCHIAIOLI 1850-1877. Des impressionnistes italiens ? – jusqu’au 22 juillet Musée d’Orsay L'ANGE DU BIZARRE. LE ROMANTISME NOIR DE FÜSSLI À MAX ERNST – jusqu’au 9 juin LA COLLECTION SPENCER ET MARLENE HAYS. Une passion française – jusqu’au 30 juin Petit Palais JULES DALOU (1838-1902), LE SCULPTEUR DE LA RÉPUBLIQUE – jusqu’au 13 juillet LES IMPRESSIONNISTES SLOVÈNES ET LEUR TEMPS (1890-1920) – jusqu’au 13 juillet FÉLIX ZIEM "J'AI RÊVÉ LE BEAU". Peintures et aquarelles – jusqu’au 4 août 87 m é m e n t o GENEVE concerts 4.5. : Jazz Classics. AVISHAI COHEN STRINGS. Victoria Hall à 20h30 (loc. 0900.800.800 / Ticketcorner) Dimanche 5.5. : Amarcordes. MUSIQUE POUR DEUX VIOLONS. RICCARDO MINASI ET NICOLAS PENEL (De Leclair à Bartók). Château de Dardagny 18h (réservation sur http://www.amarcordes.ch/) 5.5. : QUATUOR DE GENÈVE (Grieg, Chostakovitch). Musée d’art et d’histoire (salle des Armures), à 11h (Location sur place dès 10h le jour du concert) 8.5. : Série Symphonie. OSR, dir. Kazuki Yamada, BRIGITTE FOURNIER, soprano, LUDOVIC TÉZIER, baryton, CHOEUR DE CHAMBRE DE LA HAUTE ÉCOLE DE MUSIQUE DE GENÈVE (Chef de choeur, Celso Antunes) (Fauré, Ravel). Victoria Hall à 20h (Tél. 022/807.00.00 / [email protected]) 12.5. : Concert du dimanche de la ville de Genève. ORCHESTRE DE LA SUISSE ROMANDE, dir. Kazuki Yamada, CHŒUR DE CHAMBRE DE LA HAUTE ÉCOLE DE MUSIQUE DE GENÈVE, dir. Celso Antunes (Ravel). Victoria Hall à 11h (rens. 0800.418.418, billets : Alhambra, Grütli) 12.5. : QUATUOR DE GENÈVE (Beethoven, Chostakovitch). Aula de l’Ecole Allemande, ch. de Champ-Claude 6, Vernier, à 16h (billetterie : www.vernier.ch/billetterie ou 022/306.07.80) 14.5. : Série Répertoire. OSR, dir. Neeme Järvi, ALEXANDER GAVRYLYUK, piano (Rachmaninoff, Berlioz). Victoria Hall à 20h (Tél. 022/807.00.00 / [email protected]) 15.5. : Série Grands Classiques. OSR, dir. Neeme Järvi, ALEXANDER GAVRYLYUK, piano (Rachmaninov, Berlioz). Victoria Hall à 20h (Tél. 022/807.00.00 / [email protected]) 16.5. : Swiss Chamber Concerts. JÜRG DÄHLER, alto. DANIEL HAEFLIGER, violoncelle. GILLES VONSATTEL, piano (Benjamin, Schumann, Schlumpf, Beethoven, Lehmann, Mendelssohn Bartholdy). Conservatoire à 20h (Billets : Très Classic, tél. 022/781.57.60) 21.5. : Concerts de soirée. L’OCG, dir. David Greilsammer, CAROLIN WIDMANN, violon (Francoeur, Berg, Schumann). BFM à 20h (loc. 022/807.17.90 / [email protected] (lun-ven 9h30–12h/14h30–16h) ou www.ticketportal.com) WITH 88 A Genève et Vernier Le Quatuor de Genève En mai, deux concerts du Quatuor de Genève sont à signaler dans la région. Le premier aura lieu au Musée d’art et d’histoire de Genève le dimanche 5 mai à 11h, sous le thème « Voyage musical en Europe (III) », et propose au programme le Quatuor de Grieg et le Quatuor no. 4 de Chostakovitch. Le deuxième, intitulé « Beethoven s'invite à Vernier (II) », associe, lui, le Quatuor à cordes opus 18 n°6 de Beethoven et le quatuor n°4 de Chostakovitch; il aura pour cadre l’Aula de l’Ecole Allemande à Vernier, le dimanche 12 mai à 16h. le 5 mai Location sur place dès 10h le jour du concert le 12 mai Quatuor de Genève photo Anne-Christine Wanders Billetterie : 022/306.07.80 ou www.vernier.ch/billetterie Aula du Collège de Saussure « De Fil en Aiguille » La création de l’opéra en deux actes de Philippe Dragonetti, sur un livret de Claude Demeure, aura lieu en mai à l’Aula du Collège de Saussure. Pour cette œuvre, le compositeur a un peu bousculé le Mythe, y mêlant humour, irrévérence et fantaisie. Ainsi vous découvrirez Thésée aux Enfers, Orphée au Labyrinthe, Ariane en plein Bronx et Ulysse au Calypso Bar... Cet “opera giacoso“ réserve même une place à Pénélope, couturière pour Hermès, pour vous entretenir de ses déboires. Nul doute que la trame musicale tissée par “De fil en aiguille“ ravira le spectateur et lui réservera quelques surprises. Pour cet événement, L’Orchestre de Chambre de Genève sera placé sous la direction de Philippe Girard. A l’orchestre se joignent le Chœur Philippe Dragonetti Contrastes (préparé par Cécile Polin Rogg) et le Chœur du Collège de Saussure (préparé par Philippe Girard). Parmi les solistes, citons Noémie Cosendai, Nina d’Angiolella, Patrick Porchet ou Grégoire May, de même que Claude Demeure, Audrey Hirsch ou Léonie Cachelin... les 7, 8 et 10 mai 2013 à 20h Location : Service culturel Migros, Rue du Prince 7 - téléphone 022 319 61 11 23.5. : Migros-pour-cent-culturelclassics. ORCHESTRE DE CHAMBRE VIENNE-BERLIN, YEFIM BRONFMAN, piano, RAINER HONECK, violon, DIETER FLURY, flûte, GÁBOR TARKÖVI, trompette (Schubert, Bartholdy, Martin, Bartók, Chostakovitch). Victoria Hall à 20h (loc. SCM 022/319.61.11) 24.5. : Concertus Saisonnus. MUZA RUBACKYTE, piano. Orchestre de Ribeaupierre, dir. Luc Baghdassarian (Beethoven, Tchaïkovsky). Victoria Hall à 20h30 (loc. Grütli, Genève Tourisme / rens. 0800.418.418) 28.5. : HAUSER / VARÈSE. Ensemble Contrechamps, dir. Baldur Brönnimann, Eklekto Geneva Percussion Center (Hauser, Varèse). Studio Ernest-Ansermet à 20h (billets 45 min. avant le concert / ou: www.contrechamps.ch/reserver) 29.5. : Concertus Saisonnus. PASCAL CHENU, voix-piano. Point Favre, Chêne-Bourg, à 20h30 (Rens. et rés. 076/345.80.76) 29.5. : Série Symphonie. OSR, dir. Neeme Järvi, ALEXANDER GARVYLYUK, piano (Rachmaninoff). Victoria Hall à 20h (Tél. 022/807.00.00 / [email protected]) 30.5. : Les Concerts du Lac. MICHAEL LONSDALE, comédien & NICOLAS CELORO, piano. «Franz Liszt ou le rêve d'amour». Victoria Hall à 20h (Tél. 078 888 51 25, [email protected]) 31.5. : Série Répertoire. OSR, dir. Neeme Järvi, ALEXANDER GAVRYLYUK, piano (Rachmaninoff). Victoria Hall à 20h (Tél. 022/807.00.00 / E-mail: [email protected]) théâtre Jusqu’au 5.5. : LA DIVERGENCE DES TRAJECTOIRES de et m.e.s, Valentine Sergo, Compagnie Uranus. Théâtre en Cavale à Pitoëff, mer-sam à 19h, jeu-ven à 20h30, dim à 17h, relâche lun-mar (rés. 079/759.94.28 - loc. Service culturel Migros, Stand Info Balexert, Migros Nyon La Combe) Jusqu’au 5.5. : VLADIMIR de Matjaz Zupancic, m.e.s. Véronique Ros de la Grange, Création. Théâtre Alchimic, mar-jeu-ven à 20h30; mer-sam-dim à 19h, relâche lun (rés. 022/301.68.38 / [email protected] - loc. Service culturel Migros) Jusqu’au 8.5. : LES MAINS SALES de Jean-Paul Sartre, m.e.s. Philippe Sireuil. La Comédie de Genève, relâche lun, mar-ven 20h, mer-jeu-sam 19h, dim 17h (loc. 022/350.50.01 / [email protected]) m é m e n t Château de Dardagny Victoria Hall Amarcordes Franz Liszt ou le rêve d'amour La saison Amarcordes se termine avec deux concerts à ne manquer sous aucun prétexte. Le 5 mai prochain, Riccardo Minasi et Nicolas Penel uniront leurs violons pour proposer un florilège de musique allant de Leclair à Bartok. Quant au 2 juin, il sera consacré à Brahms, plus précisément au Sextuor en si bémol majeur op.18 et aux Liebeslieder-Walzer pour quatuor vocal et piano à quatre mains, et sera servi par l’Ensemble Fratres. La saison des Concerts du Lac se poursuit avec une rencontre entre le comédien Michael Lonsdale et le pianiste Nicolas Celoro, qui auront à cœur d’offrir un parcours musical et biographique original, mettant en lumière la vie et la personnalité du compositeur hongrois, la noblesse de son âme et le charme de son époque. Cette évocation sera l’occasion d’entendre les œuvres les plus belles et les plus significatives du répertoire lisztien, par exemple les Rhapsodies hongroises n°2 et n°6, La Campanella ou La Vallée d'Obermann... Dimanche 5 mai à 18h Dimanche 2 juin à 18h le 30 mai à 20h Réservations en ligne : http://www.amarcordes.ch/ ou par tél. : 022.754.10.90 Le violoniste Riccardo Minasi 90 o Réservation en ligne : www.lesconcertsdulac.ch Michael Lonsdale Théâtre du Loup Salle de l'Athénée 4 La petite reine Festival Les Athénéennes Eric Jeanmonod a choisi de rendre un hommage amusant au vélo par le biais d’une sorte de “cabaret cyclopédique“ animé par Marcel-Ferdinand Peugeot, dernier descendant fictif et fantasque de la dynastie du moulin à poivre, de la petite reine et de la fameuse “203“. Ce spectacle est une création qui chante le vélo; le vélo qui demeure l’ami des enfants, des citadines et citadins malins, des prolos de tous les pays, des acrobates du bitume, des sportifs amateurs ... La programmation de ce 3e festival - baptisé “Different Trains“ - nous promet musique classique, jazz et créations contemporaines, et nous invite au voyage, au parcours initiatique, à la confrontation de trajectoires opposées, aux rencontres inattendues... Parmi les artistes invités, citons le pianiste Fabrizio Chiovetta et le baryton Roman Trekel (le 7 mai, “Winterreise“ de Schubert), le Quatuor Diotima (le 8 mai, BarberReich), la pianiste Audrey Vigoureux avec le quatuor Diotima (le 9 mai, Brahms), Sanja et Lidjia Bizak (récital Stravinski-Bernstein pour deux pianos le 11 mai), et l’ensemble Matka dirigé par Elena Schwarz (le 12 mai, création suisse de “Naon“) du 7 au 26 mai Mardi, jeudi, samedi à 19h Mercredi, vendredi à 20h Dimanche à 18h (relâche le lundi) Réservations : tél. 022.301.31.00 «La petite reine», photo E.J. du 7 mai au 12 mai 2013 Théâtre des Amis Fabrizio Chiovetta © Eric Fauchs Les affaires sont les affaires Octove Mirbeau est à l’honneur au théâtre Amis avec ce réquisitoire féroce et brillant, mettant en scène Isidore Lechat, un homme soucieux de son enrichissement personnel, un cynique qui gouverne les siens par le simple pouvoir de l’argent. En fait, un type d’homme que l’on rencontre assez souvent de nos jours, sur nos écrans de télévision, dans notre économie, dans la politique... Victoria Hall Concertus Saisonnus L’Orchestre de Ribaupierre, placé sous la baguette de son chef Luc Baghdassarian, présentera un programme Beethoven (Concerto pour piano et orchestre N.5 “L’Empereur“ avec en soliste la pianiste Muza Rubackyte), et Tchaïkovski (5e Symphonie en mi mineur op. 64). Vendredi 24 mai à 20h30 Location : Maison des Arts du Grütli & Genève Tourisme A noter que ce concert sera repris le dimanche 26 mai à 17h au Centre Manor de Sierre. Location 027.451.16.99 du 7 mai au 9 juin Le metteur en scène Raoul Pastor © Isabelle Meister Réservations : tél. 022.342.28.74 a g Loc. : Magasins Très Classic et Disco Club / billets sur place 30 min. avant les concerts Muza Rubackyte e n d a m Jusqu’au 12.5. : MA PETITE MONIQUE de et m.e.s. Xenia Marcuse. One-woman show avec Caroline Gasser. Théâtre du CrèveCœur, mer-sam 20h30 ; dim 17h15, relâche lun et mar (réservation 022/786.86.00) Jusqu’au 12.5. : LÉGENDES DE LA FORÊT VIENNOISE de Ödön von Horváth, m.e.s. Frédéric Polier, création. Le Grütli, Grande salle (soussol), mar-jeu-sam à 19h, mer-ven à 20h, dim à 18h. Relâche lun (billetterie : [email protected] / 022/888.44.88) 1.5. : LES HOMMES VIENNENT DE MARS ET LES FEMMES DE VÉNUS, spectacle de et par Paul Dewandre, mis en scène par Thomas Le Douarec. Théâtre du Léman à 20h30 (loc. Fnac) du 1er au 5.5. : DE MÉMOIRE D’ESTOMAC d’Antoinette Rychner, m.e.s. Robert Sandoz, dès 10 ans. Théâtre Am Stram Gram, à 19h, sam-dim à 17h (Loc. 022/735.79.24 et Service Culturel Migros) Du 1er au 19.5. : CHIEN BLEU d’après Nadja, m.e.s. Isabelle Detrez, dès 4 ans. Théâtre des Marionnettes, mer à 15h, sam à 17h, dim à 11h et 17h (rés. 022/ 807.31.07, [email protected]) Du 6 au 26.5. : AMINATA de Gilles Laubert, m.e.s. Jacob Berger. Le Poche-Genève, lun-ven à 20h30, mer-jeu-sam à 19h, dim à 17h, mar relâche (rés. 022/310.37.59 lun-ven 9h30 à 12h + 14h à 18h - Loc. SCM) 7 et 8.5. : JÉRUSALEM PLOMB DURCI de Winter Family / Ruth Rosenthal & Xavier Klaine, performance de théâtre documentaire. Théâtre de l’Usine, mar à 19h, mer à 20h30 (rés. 022/328.08.18 ou www.darksite.ch) Du 7 au 14.5. : COMBAT DE SABLE de Haouah Noudj, m.e.s. Peter Palasthy. Le Grütli, Petite Salle (2ème étage), à 20h, dim à 18h. Relâche lun (billetterie : [email protected] / 022/888.44.88) Du 7 au 26.5. : LA PETITE REINE de et m.e.s. Eric Jeanmonod, Théâtre du Loup, Création. Théâtre du Loup, mar-jeu-sam à 19h, mer-ven à 20h, dim à 17h, relâche lun (rés. 022/301.31.00) Du 7.5. au 9.6. : LES AFFAIRES SONT LES AFFAIRES d’Octave Mirbeau, m.e.s. Raoul Pastor, Création. Théâtre des Amis, Carouge, marmer-ven à 20h, jeu-sam à 19h, dim à 18h (rens. 022/342.28.74) Du 14 au 21.5. : ART de Yasmina Reza, m.e.s. Elidan Arzoni. Théâtre Alchimic, mar-jeu-ven à 20h30; mersam-dim à 19h, relâche lun (rés. 022/301.68.38 / billetterie@alchi- a g é m e Fête de la Danse 2013 La Fête de la danse revient pour une 8e édition déchaînée avec des cours, des spectacles et des festivités dans 20 villes de Suisse et de France voisine. La Fête de la Danse, c’est quelques jours pour découvrir la danse dans les théâtres, les centres culturels et dans l’espace public. Spectacles, animations, parties, disco kids,... à chacun de concocter son programme idéal. Et partout des centaines de cours de danse, de tout style, pour petits et grands, débutants ou passionnés! Par exemple, dans le canton de Genève, il y aura des cours samedi 4 et dimanche 5 mai de 11h à 18h à la Maison des arts du Grütli, au Conservatoire Populaire de Musique et au Grand Théâtre, tandis que le Forum Meyrin en programme de 11h à 15h, et que la Salle des Fêtes du Lignon en propose de 14h30 à 17h... Parmi les spectacles à l’affiche, le chorégraphe canadien Daniel Léveillé reprend, à la Salle des Eaux-Vives de l’ADC, sa pièce «Amour, acide et noix», le samedi 4 mai à A l’ADC, salle des Eaux-Vives : <»Amour, acide et 19h. noix» de Daniel Léveillé © John Morstad Des bals tout public sont également programmés, ainsi celui du samedi 4 mai à la Salle des Fêtes du Lignon, ou du dimanche 5 mai à la Salle du Faubourg. S’y ajoutent la projection de films de danse, un programme junior et ado, et une scène ouverte aux écoles de danse, le dimanche, sur la plaine de Plainpalais... Du vendredi 3 au dimanche 5 mai 2013 Infos : www.fetedeladanse.ch mic.ch - loc. Service culturel Migros) Du 14 au 26.5. : GAME_LOVER de Gaspard Boesch, m.e.s. Lorenzo Gabriele. Au Casino-Théâtre, marven à 20h, mer-jeu-sam à 19h, dim à 17h, relâche lun (rés. 022/793.54.45 ou [email protected]) Du 14.5. au 2.6. : MANGERONT-ILS ? de Victor Hugo, m.e.s. Laurent Pelly. Première en Suisse. Théâtre de Carouge, Salle François-Simon, marmer-jeu-sam à 1h, ven à 20h, dim à 17h, relâche lun (billetterie : 022/343.43.43 - [email protected]) Du 17.5. au 9.6. : ALLEZ… SALUT ! de Miguel Fernandez-V. Théâtre en Cavale à Pitoëff, mer-sam à 19h, jeuven à 20h30, dim à 17h, relâche lunmar (rés. 079/759.94.28 / www.cavale.ch - loc. Service culturel Migros, Stand Info Balexert, Migros Nyon La Combe) 18, 19, 25 et 26.5. : DRÔLES DE FILLES avec Sandrine Viglino, Carine Martin et une invitée surprise. Au Casino-Théâtre, sam à 19h et dim à e n 17h (rés. 022/793.54.45 ou [email protected]) Du 21 au 31.5. : LE BAISER ET LA MORSURE / OPUS 2 de et m.e.s. Guillaume Béguin. Le Grütli, Grande salle (sous-sol), mar-jeu-sam à 19h, mer-ven à 20h, dim à 18h. Relâche lun (billetterie 022/888.44.88 ou [email protected] / ) Du 22 au 26.5. : L’OPÉRA DU DRAGON de Heiner Müller, m.e.s. Johanny Bert, adultes et ados. Théâtre des Marionnettes, à 19h, sam à 20h, dim à 17h (rés. 022/807.31.07, [email protected]) Du 22 au 26.5. : DÉSIRS SANS DESTIN d’Anna Barseghian & Stefan Kristensen. Théâtre Saint-Gervais, Salle Marieluise Fleisser, 2ème sous-sol - grande salle, mar-jeusam à 19h, mer-ven à 20h30, dim 18h, relâche lu (loc. 022/908.20.20 ou www.saint-gervais.ch) du 22.5. au 16.6. : MISEREZ INVITE CUCHE ET BARBEZAT. Une explosion d’humour. Avec Benjamin Cuche, d a n t o Jean-Luc Barbezat et Pierre Miserez. Théâtre du Crève-Cœur, Cologny (rés. 022/786.86.00) Du 23.5. au 2.6. : LE RAPPORT LANGHOFF de Matthias Langhoff, m.e.s. Marie-José Malis. La Comédie de Genève, relâche lun, mar-ven 20h, mer-jeu-sam 19h, dim 17h (Billetterie : 022/350.50.01 / [email protected]) Du 28.5. au 9.6. : ALBAHACA de et m.e.s. Michele Millner. Reprise. Théâtre de La Parfumerie à 20h (loc. 022 341 21 21) Du 30.5. au 2.6. : LEGENDS de et avec Phil Hayes Maria Jerez et Thomas Kasebacher. Théâtre de l’Usine à 20h30 (rés. 022/328.08.18 ou www.darksite.ch/theatreusine/) Du 30.5. au 16.6. : RING de Eleonore Confino, m.e.s. Sarah Marcuse. Théâtre Alchimic, mar-jeuven à 20h30; mer-sam-dim à 19h, relâche lun (rés. 022/301.68.38 / [email protected] - loc. Service culturel Migros) danse Du 1er au 4.5. : AMOUR, ACIDE ET NOIX & LE SACRE DU PRINTEMPS de Daniel Léveillé. Salle des Eaux-Vives, 82-84 r. Eaux-Vives, à 20h30, sam à 19h (billets : Service culturel Migros, Stand Info Balexert, Migros Nyon La Combe) 15 et 16.5. : CMMN SNS PRJCT de Martin Schick et Laura Kalauz. Salle des Eaux-Vives, 82-84 r. Eaux-Vives, à 20h30 (billets : Service culturel Migros, Stand Info Balexert, Migros Nyon La Combe) 25.5. : Accueil ADC. ITMOI (IN THE MIND OF IGOR) d‘Akram Khan. Bâtiment des Forces Motrices à 20h30 (billets : Service culturel Migros, Stand Info Balexert, Migros Nyon La Combe) opéra Les 2, 5.5. : MADAME BUTTERFLY de Puccini. OSR, dir. Alexander Joel, m.e.s. Michael Grandage. Grand Théâtre de Genève à 19h30, le 5 à 15h (billetterie : 022/322.50.50 et www.geneveopera.com/) Les 3 (19h), 4 (17h) et 5.5. (11h et 14h30) : ATCHAFALAYA. Opera pour enfants d’Isablle Aboulker. L’Epicentre à Collonge-Bellerive (Res. : www.opera-theatre.ch) 7, 8 et 10.5. : DE FIL EN AIGUILLE. Opéra de Philippe Dragonetti, création. L’Orchestre de Chambre de Genève, dir. Philippe Girard, Chœur du Collège de Saussure & Chœur 91 m 92 é m Contrastes. Collège de Saussure à 20h (loc. Service culturel Migros) 12.5. : ANNE-SOFIE VON OTTER, MEZO-soprano & ELIN ROMBO, soprano. Avec La Cappella Mediterranea, dir. Leonardo Garcia Alarcon (Monteverdi, Cavalli, Provenzale, Rossi...). Grand Théâtre de Genève à 19h30 (billetterie : 022/322.50.50 et www.geneveopera.com/) 11, 17, 18.5. : LE CHAT BOTTÉ, de César Cui, version musicale d’Elena Langer. Orchestre du Collège de Genève, dir. Philippe Béran. Prod. de l’Opéra national du Rhin. Grand Théâtre, à 19h30 (billetterie : 022/322.50.50 et www.geneveopera.com/) 24.5. : DIANA DAMRAU, soprano colorature, XAVIER DE MAISTRE, harpe. Grand Théâtre de Genève à 19h30 (billetterie : 022/322.50.50 et www.geneveopera.com/) 31.5., 2 et 4.6. : RIGOLETTO, de Verdi par le Théâtre Bienne-Soleure. Salle des Fêtes du Lignon à 20h, dim à 15h (www.vernier.ch/billetterie, ou Stand Info Balexert) divers Du 2 au 8.5. : FESTIVAL D’ATELIERSTHÉÂTRE. Théâtre de Carouge LAUSANNE concerts 1.5. : Les Concerts découvertes. L’ARBRE À MUSIQUE OU LES AVENTURES DE SÉRAPHINE. O.C.L., dir. Jean Deroyer, Comédien/ne de La Manufacture, texte de Sylvie Robe, musique de Nicolas Bacri. Salle Métropole à 17h (Billetterie de l’OCL, 021/345.00.25) 6 et 7.5. : O.C.L., dir. et piano CHRISTIAN ZACHARIAS (Beethoven). Métropole à 20h (Billetterie de l’OCL, 021/345.00.25) 7.5. : Les Entractes du mardi. EDOUARD JACCOTTET & ALEXANDER GRYTSAYENKO, violon. KARL WINGERTER & JOHANNES ROSE, alto. EMMANUELLE GOFFART, violoncelle (Dvorak, Mendelssohn-Bartholdy). Salle Métropole à 12h30 (Billetterie de l’OCL, 021/345.00.25) 12.5. : VIRTUOSES DE MOSCOU, dir. et violon Vladimir Spivakov et PIERRE AMOYAL, CAMERATA DE LAUSANNE (Akutagawa, Bach, Boccherini, Tchaïkovsky). Opéra de Lausanne, à 17h (Billetterie : 021/315.40.20, lun- e n t o Vidy-Lausanne Le petit maître corrigé Raconter en quelques lignes une pièce de Marivaux, quelle gageure ! Merveille méconnue du répertoire (merci à José Lillo et à sa bande de l’avoir exhumée), «Le petitmaître corrigé» est une comédie qui parle de mariage, de relations amoureuses plus ou moins factices, de stratégies relationnelles où les confusions et les quiproquos abondent. Créé au Théâtre de l’Orangerie à Genève, cette réussite connaîtra donc à Vidy une seconde vie. Heureusement, même si le mariage dont il est question semble compromis, grâce à Marivaux qui avait le sens du dénouement heureux, il aura bien lieu. Mais quel labyrinthe pour y parvenir ! «Le Petit-Maître Corrigé». Création 2012 du Théâtre de l’Orangerie © Juan Carlos Hernandez ven de 12h à 18h / en ligne et infos : www.opera-lausanne.ch) Du 14 au 19.5. à 20h : QUATRE CONCERTS avec Cédric Pescia. Théâtre Kléber-Méleau (rés. 021/625.84.29) Mardi 14 : Marie-Claude Chappuis, mezzo-soprano, Cédric Pescia, piano (De Falla, Fauré, Poulenc) / Mercredi 15 : VALENTIN SILVESTROV et CÉDRIC PESCIA, pianos, NURIT STARK violon, IVAN MONIGHETTI, violoncelle (Silvestrov) / Jeudi 16 : CÉDRIC PESCIA, piano, NURIT STARK violon (Schubert et Bartok) / Vendredi 17 : QUATUOR SCHUMANN (Bridge, Fauré et Brahms). 16.5. : OSR, dir. Neeme Järvi, ALEXANDER GAVRYLYUK, piano (Berlioz, Rachmaninoff). Théâtre de Beaulieu à 20h15 (Tél. 022/807.00.00 / E-mail: [email protected] ou chez Passion Musique) 26.5. : Les Concerts du dimanche. O.C.L., dir. Clemens Schuldt, JOËL MAROSI, violoncelle (Haydn, Prokofiev). Salle Métropole à 11h15 (Billetterie de l’OCL: Tél. 021/345.00.25) 29.5. et 2.6. : ORCHESTRE SYMPHONIQUE UNIVERSITAIRE DE LAUSANNE, dir. Aurélien AzanZielinski. Soliste : Elsa Dorbath, prix de l’OSUL (Debussy, SaintSaëns, Bartok). La Grange de Dorigny, le 29 mai à 20h30, le 2 juin à 17h (loc. 021 311 38 68) a g du 14 mai au 2 juin Location : 021.619.45.45 30.5. : OSR, dir. Neeme Järvi, ALEXANDER GAVRYLYUK, piano (Rachmaninoff). Théâtre de Beaulieu à 20h15 (Tél. 022/807.00.00 / E-mail: [email protected] ou chez Passion Musique) théâtre Jusqu’au 3.5. : DENOMME GOSPODIN de Philipp Lohle, m.e.s. Benoit Lambert. Vidy-Lausanne, La Passerelle, mar-sam à 20h, dim à 18h, relâche lun (loc. 021/619.45.45) Jusqu’au 5.5. : LES ORANGES, conte contemporain d’Aziz Chouaki, dir. Laurent Hatat, sur une idee d’Azeddine Benamara. Chapiteau Vidy-L, mar-jeu-sam à 20h30, ven à 19h, dim à 17h (loc. 021/619.45.45) Jusqu’au 5.5. : LA FORCE DE TUER de Lars Noren, m.e.s. Philippe Luscher. Vidy-Lausanne, salle Rene Gonzalez, mar-sam à 19h30, dim à 18h30 (loc. 021/619.45.45) Jusqu’au 8.5. : LE HAUT-DE-FORME de Eduardo De Filippo. M.e.s. Philippe Mentha. Théâtre KléberMéleau, ma/me/je 19h, ve / sa 20h30, di 17h30 (rés. 021/625.84.29) Les 1er, 4 et 5.5. : LE JARDIN SOUS LA LUNE de Marcelle Delpastre, m.e.s. Vincent Vergone. Le petit théâtre, mer à 14h et 17h, sam-dim à 10h, 14h, 17h (rés. en ligne : www.lepetittheatre.ch/) e n Les 5, 7.5. : NATHAN LE SAGE, de Gotthold Ephraim Lessing, m.e.s. Jean Chollet. Espace culturel des Terreaux,mar- jeu à 19h / dim à 17h (loc. http://www.terreaux.org/) Du 8 au 26.5. : YUKONSTYLE de Sarah Berthiaume, m.e.s. Celie Pauthe. Vidy-Lausanne, La Passerelle, à 20h, dim à 18h, relâche lun (loc. 021/619.45.45) Du 11 au 26.5. : UN CANTO LUNGO 50 ANNI de et par Giovanna Marini. Vidy-Lausanne, salle Rene Gonzalez, à 19h30, dim à 18h30, relâche lunjeu (loc. 021/619.45.45) Du 13 au 21.5. : LES PRÉCIEUSES RIDICULES - S'INVITENT DANS LES ÉCOLES! de Molière, m.e.s. Vincent Bonillo. La Grange de Dorigny, lun relâche, mar-jeu-sam 19h, mer-ven 20h30, dim 17h (rés. 021/692.21.24) Du 14.5. au 2.6. : LE PETIT-MAITRE CORRIGE de Marivaux. Adaptation et m.e.s. Jose Lillo. Chapiteau Vidy-L, mar-mer-jeu-sam à 20h30, ven à 19h, dim à 17h (loc. 021/619.45.45) Du 14.5. au 2.6. : LA CHEVAUCHÉE SUR LE LAC DE CONSTANCE de Peter Handke par le Théâtre du projecteur, m.e.s. Jean-Gabriel Chobaz. Pulloff Théâtres (réservation : 021/311.44.22) Les 17 à 20h30 et 18.5. à 19h : ADISHATZ / ADIEU, conception et interprétation Jonathan Capdevielle. L’Arsenic ([email protected] / 021/625.11.36) Du 22 au 26.5. : IN LOVE WITH FEDERER, m.e.s. Denis Maillefer, Théâtre en Flammes, création / théâtre. L’Arsenic (021/625.11.36 / [email protected]) Du 22.5. au 2.6. : LES ENFANTS DU SOLEIL d’apres Maxime Gorki. Adaptation et m.e.s. Mikael Serre. Vidy-Lausanne, salle Charles Apothéloz, mar-jeu-sam à 19h, ven à 20h30, dim à 17h30 (rés. 021/619.45.45 - www.billetterievidy.ch) Du 23 au 29.5. : LE RAVISSEMENT D’ADÈLE de Rémi De Vos. Mise en scène : Geneviève Pasquier Production Cie Pasquier-Rossier. Théâtre Kléber-Méleau, ma-me-je 19h – ve-sa 20h30 – di 17h30 (rés. 021/625.84.29 ou en ligne Les 28 à 19h et 29.5. à 20h30 : JERK, conception et m.e.s. Gisèle Vienne, création. L’Arsenic ([email protected] / 021/625.11.36) 31.5.et 1er et 2.6. : BRONX de Chazz Palminteri, m.e.s. Steve Suissa, avec Francis Huster. Théâtre du Jorat, Mézières, à 20h, dim à 17h (rés. : www.theatredujorat.ch/) d a m opéra Mardi 21.5. : Conférence Forum Opéra. LE NOZZE DI FIGARO. Conférencier: Pierre Michot. Salon Bailly de l’Opéra de Lausanne à 18h45 (billets en vente à l'entrée de la conférence) 29.5. : QUATUOR SIN NOMINE / LE VIN HERBÉ dir. Renaud Bouvier, Violon Patrick Genet, Violon François Gottraux, Alto Hans Egidi, Violoncelle Marc Jaermann, Piano Virginie Falquet (Frank Martin). Opéra de Lausanne, à 20h (Billetterie : 021/315.40.20, lunven de 12h à 18h / en ligne et infos: www.opera-lausanne.ch) danse Du 2 et 3.5. : NOT MY PIECE, chor. et conception Martin Schick, création. L’Arsenic ([email protected] / 021/625.11.36) 3 et 5.5. : MULAMBO et LE SACRE DU PRINTEMPS de Stravinsky, chor. Cisco Aznar, créations. Ecole-Atelier Rudra Béjart Lausanne. Opéra de Lausanne, av. Théâtre 12, ven à 20h, dim à 17h (Billetterie : 021/315.40.20, lun-ven de 12h à 18h / en ligne et infos : www.opera-lausanne.ch) 4 et 5.5. : CMMN SNS PRJCT, conception et interprétation Laura Kalauz et Martin Schick. Dans le cadre de la Fête de la Danse. L’Arsenic ([email protected] / 021/625.11.36) 17.5. : ULIANA LOPATKINA & FRIENDS, Danseuse Étoile et danseurs du Théâtre Mariinsky. Gala de danse. Opéra de Lausanne, av. Théâtre 12, ven à 20h (Billetterie : 021/315.40.20, lun-ven de 12h à 18h / en ligne et infos : www.opera-lausanne.ch) Du 23 au 29.5. : M¡LONGA de Sidi Larbi Cherkaoui Chor. Sidi Larbi Cherkaoui. Théâtre du Jorat, Mézières, à 20h, dim à 17h, lun relâche (rés. 021/903.07.55 ou en ligne : www.theatredujorat.ch/) Du 31.5. au 2.6. : IFEEL2, chor. Marco Berettini, Mekl Prod., création. L’Arsenic ([email protected] / 021/625.11.36) divers 16.5. : ANNE ROUMANOFF. Espace culturel des Terreaux, à 20h (loc. http://www.terreaux.org/) AILLEURS annecy BONLIEU SCÈNE NATIONALE aux Haras d’Annecy, sauf mention contraire (rens./rés. 04.50.33.44.11 / [email protected]) 14 et 15.5. : L’HISTOIRE D’AMOUR DE ROMÉO ET JULIETTE de Shakespeare, m.e.s. Philippe Car Du 14 au 17.5. : LE TOUR COMPLET DU CŒUR de et avec Gilles Cailleau 17 et 18.5. : SUR LE CHEMIN D’ANTIGONE, m.e.s. Philippe Car Du 21 au 23.5. : LA CARAVANE DU CID de Philippe Car et Yves Fravega, m.e.s. Philippe Car 22 et 23.5. : L’ILIADE, m.e.s. Claude Brozzoni 28 et 29.5. : LA CURVA, chor. Israel Galván Du 30.5. au 2.6. : MORSURE, Compagni Rasposo, Cirque annemasse RELAIS CHÂTEAU-ROUGE à 20h30 sauf mention contraire (loc. +33/450.43.24.24) 15.5. : SALIF KEITA, Afropop 15.5. : GRENADE, LES 20 ANS, chor. Josette Baïz, Abou Lagraa, Philippe Découflé, Jean-Claude Gallotta, Michel Kélémenis, Jean-Christophe é m e Maillot, Angelin Preljocaj 15.5. : IN NOMINE, dir. William Blank, Namascae Lemanic Modern Ensemble 23.5. : LOST IN THE SUPERMARKET de Philippe Malone, m.e.s. Laurent Vacher 24.5. : HUMANO PROJECT, Jazz divonne ESPLANADE DU LAC (loc. FNAC ou tél. 021/962.21.19) Du 14 au 20.5. : CIRQU’Ô LAC. 3e édition du Festival du cirque. fribourg THÉÂTRE EQUILIBRE Salle Equilibre à 20h, sauf mention contraire (loc. Fribourg Tourisme 026/350.11.00 / [email protected]) 2.5. : NEW YORK VOICES & FJO BIG BAND, dir. Mathieu Kyriakidis 3.5. à 19h30 : ORCHESTRE SYMPHONIQUE SUISSE DES JEUNES. CHŒUR NEUE WIENER STIMMEN, dir. Kai Bumann (Volkmar Andreae, Mendelssohn, Bruckner). 23 et 24.5. : DIDON ET ENÉE d’Henry Purcell, dir. Laurent Gendre, Ensemble Orlando Fribourg 30.5. : ORCHESTRE DE CHAMBRE FRIBOURGEOIS, dir. Laurent Gendre, GYULA STULLER, violon (Stravinsky, Prokofiev, Brahms) Fondation Gianadda, Martigny Maria Joao Pirès La pianiste portugaise, mondialement connue pour son interprétation des concertos de Mozart, se produira à Martigny en mai, en compagnie du Kammerorchesterbasel placé sous la direction du chef anglais Trevor Pinnock. Le programme proposé lors de cette Maria Joao Pirès © Felix Broede / DG soirée comprend des œuvres de Wagner (Siegfried-Idyll, WWV 103), Chopin (Concerto pour piano et orchestre no 2, op. 21) et bien sûr Mozart (Symphonie no 41, KV 551 «Jupiter») Vendredi 3 mai 2013 Location : 027/722.39.78 a g e n d a n t o la chaux-fds ARC EN SCÈNES. CENTRE NEUCHÂTELOIS DES ARTS VIVANTS sauf mention contraire (loc. 032/967.60.50) 15.5., AES-TPR : HAMLET MACHINE de Heiner Müller, m.e.s. Max Legoubé 23.5., AES-TPR : ARBEIT OU L’ÉLOGE DE L’ÉPHÉMÈRE de Tr’espace martigny FONDATION GIANADDA à 20 h, dimanche à 17 h, sauf mention contraire (loc. 027/722.39.78) Vendredi 3.5. : MARIA JOAO PIRES, piano. KAMMERORCHESTERBASEL, dir. Trevor Pinnock (Wagner, Chopin, Mozart) meyrin FORUM MEYRIN à 20h30 sauf mention contraire (loc. 022/989.34.34) 7 et 8.5. : FENIX, chor. Foofwa d’Imobilité - Neopost Ahrrrt Du 13 au 15.5. : LE DINDON de Feydeau, m.e.s. Philippe Adrien monthey THÉÂTRE DU CROCHETAN à 20h30 (loc. 024/471.62.67) 1.5. : LEONCE ET LENA de Georg Büchner, m.e.s. Eric Devanthéry 3.5. : LAURENT + DESHUSSES de Laurent Deshusses et Pierre Naftule, m.e.s. Pierre Naftule 8.5. : ROSARIO TOLEDO, Flamenco 17.5. : LE RAVISSEMENT D’ADÈLE de Rémi de Vos, m.e.s. Geneviève Pasquier. Cie Pasquier-Rossier 30.5. : BLAISE CENDRARS de JeanRené Dubulluit, m.e.s. Eléonore Dyl morges THÉÂTRE DE BEAUSOBRE à 20h (loc. 024/471.62.67) 3.5. : BENJAMIN BIOLAY, Chanson neuchâtel THÉÂTRE DU PASSAGE. A 20h, di à 17h (loc. 032/717.79.07) 3.5. : I SKARBONARI 11 et 12.5. / 17h : FICELLES par la compagnie Les pieds dans le vent nyon USINE À GAZ sauf mention contraire (loc. 022/361.44.04) 2 et 3.5. : LES PRÉCIEUSES RIDICULES de Molière, m.e.s. Vincent Bonillo 93 m é m n t o thonon-évian onex SPECTACLES ONÉSIENS, salle communale à 20h30 (loc. 022/879.59.99 ou SCM 022/319.61.11) 14 et 15.5. : SOPHIA ARAM plan/ouates ESPACE VÉLODROME, sauf avis contraire (loc. 022/888.64.60) 15.5. : BRONX de Chazz Palminteri, m.e.s. Steve Suissa, Théâtre 30.5. : CABARET GREC, Concert sion 94 e THÉÂTRE DE VALÈRE à 20h15, sauf mention contraire (loc. 027/323.45.61) 7.5. : LE RAVISSEMENT D’ADÈLE de Rémi De Vos, m.e.s. G. Pasquier Jeu 16.5 à 19h30 et Ven 17.5. à 20h00 au Théâtre des Halles à Sierre : IN LOVE WITH FEDERER, m.e.s. Denis Maillefer PETITHÉÂTRE (rés. [email protected], 027/321.23.41) Les 16, 17 et 1.5. : INTIMITÉ DATA STORAGE d’Antoinette Rychner, m.e.s. Jérôme Richer. Horaire : jeusam à 19h, ven à 20h30 En tournée Le Ravissement d’Adèle MAISON DES ARTS, ESPACE MAURICE NOVARINA à 20h30, sauf mention contraire (loc. 04.50.71.39.47 ou en ligne : billetterie.mal-thonon.org) 7.5. : LE VOYAGE ÉGARÉ de et avec Aurélie Namur, m.e.s. Félicie Artaud Du 13 au 15.5. : CIRCOLUNA de Nicola Lusuardi, m.e.s. Fabrizio Montecchi 14.5., Evian : JOURNAL D’UN CURÉ DE CAMPAGNE d’après Bernanos 17.5. : ANDRÉS MARÍN par Andrés Marín, Danse 23 et 24.5. : LES REVENANTS d’après Ibsen, m.e.s. Thomas Ostermeier 28.5. : TERRES ! de Lise Martin, m.e.s. Nino d’Introna vevey THÉÂTRE à 19h30 (loc. 021/925.94.94 / L@ billetterie) 3.5. : LA FEMME DANS TOUS SES ÉTATS de Joanna Murray-Smith, m.e.s. Geoffrey Dyson 14.5. : BREL… LA DANSE À MILLE TEMPS. Ballet Chemnitz, chor. L.Devos 21.5. : Arts & Lettres. ISABELLE FAUST, violon. JULIA-MARIA KRETZ, violon. PAULINE SACHSE, alto. STEFAN «Le ravissement d'Adèle» a été créé à Nuithonie en avril 2013 photo de répétition © dgbp Virginie Otth, David Gagnebin Après sa création à Nuithonie, la dernière création de la compagnie Pasquier-Rossier part à la conquête de la Suisse romande. Construite comme un polar, avec moult rebondissements, «Le Ravissement d’Adèle» de Rémi De Vos est une pièce drôle et tendre qui s’empare avec ironie du monde moderne et dépeint chaque génération dans un moment de fragilité. A noter que le mot “ravissement“ n’est pas à prendre non dans le sens d’enchantement, mais dans celui “d’enlèvement, de rapt“. La pièce concerne donc la disparition d’une adolescente... Fugue ? Rapt ? Tout est possible... Après la pose d’un avis de recherche dans les commerces, des battues sont organisées, un inspecteur vient sur place pour élucider l’affaire. Chaque habitant y va de son hypothèse, chacun soupçonnant son voisin, les langues se délient, causant peu à peu la zizanie dans la communauté. A découvrir avec ravissement ! OPÉRAS CONCERTS RÉCITALS DANSE MIDI-RÉCITALS CONFÉRENCES le 1er mai à Yverdon, Théâtre Benno-Besson Location : 024/423.65.84 le 7 mai à Sion, Théâtre de Valère Location : 27/323.45.61 le 17 mai à Monthey, Théâtre du Crochetan T 021 315 40 20 · WWW.OPERA-LAUSANNE.CH Location : 024/471.62.67 mai – juin 2013 du 23 au 29 mai à Renens, Théâtre Kléber-Méleau Réservation : 021/625.84.29 ou sur le site du théâtre 3 & 5 MAI · CRÉATIONS DANSE CISCO AZNAR & ÉCOLE-ATELIER RUDRA BÉJART LE SACRE DU PRINTEMPS – IGOR STRAVINSKY MULAMBO CHORÉGRAPHIES DE CISCO AZNAR 12 MAI · CONCERT VIRTUOSES DE MOSCOU & CAMERATA DE LAUSANNE VLADIMIR SPIVAKOV ET PIERRE AMOYAL 17 MAI · GALA DE DANSE ULIANA LOPATKINA & FRIENDS DANSEUSE ÉTOILE ET DANSEURS DU THÉÂTRE MARIINSKY 29 MAI · CONCERT – 30E ANNIVERSAIRE DU QUATUOR QUATUOR SINE NOMINE LE VIN HERBÉ FRANK MARTIN ACADÉMIE VOCALE DE SUISSE ROMANDE DIRECTION RENAUD BOUVIER 7, 9, 12, 14 & 16 JUIN · OPÉRA LE NOZZE DI FIGARO WOLFGANG AMADEUS MOZART 11 JUIN, 12H15 – MIDI RÉCITAL AVEC LES ARTISTES FEHLANDT, alto. JENS-PETER MAINTZ, violoncelle (Mendelssohn, Mozart). 22.5. : LA CECCHINA de Goldoni et Piccinni, m.e.s. Alexander von Pfeil 28.5. : LE VOYAGEUR SANS BAGAGE de Jean Anouilh, m.e.s. Gwendoline Hamon et Alain Fromager 29.5. : Arts & Lettres. JERUSALEM CHAMBER MUSIC FESTIVAL. ELENA BASHKIROVA, piano. MICHAEL BARENBOIM, violon. ORI KAM, alto. NICHOLAS ALTSTAEDT, violoncelle. PASCAL MORAGUÈS, clarinette (Mozart, Hindemith, Carter). villars s/glâne 4 et 5.5. : 20'000 LIEUES SOUS LES de Jules Vernes, m.e.s. Sydney Bernard 7, 8, 10, 11, 15, 16, 17 et 18.5. : LES 81 MINUTES DE MADEMOISELLE A. par Le Magnifique Théâtre, m.e.s. Julien Schmutz, création MERS yverdon THÉÂTRE BENNO BESSON sauf mention contraire (loc. 024/423.65.84) 1.5. : LE RAVISSEMENT D’ADÈLE, m.e.s. Geneviève Pasquier 3.5. : HISTOIRES CONDANSÉES, Compagnie Neopost Ahrrrt / Foofwa d’Imobilité, Danse ESPACE NUITHONIE (026/407.51.51) à 20h, sauf mention contraire (loc. Fribourg Tourisme 026/350.11.00) a g e n d a AMINATA DE GILLES LAUBERT MISE EN SCÈNE JACOB BERGER AVEC BAPTISTE GILLIÉRON ELPHIE PAMBU MARGARITA SANCHEZ GILLES TSCHUDI ÉQUIPE ARTISTIQUE MICHEL BEUCHAT AUDE CHOLLET, TANIA D’AMBROGIO, MATHIEU DORSAZ SONIA GENEUX, MATTHIAS GRAU, DOMINIQUE JAQUET FRANÇOIS PLANSON, AUDE PY COPRODUCTION THÉÂTRE VIDY-LAUSANNE / LE POCHE GENÈVE AVEC LE SOUTIEN DE LA SOCIÉTÉ SUISSE DES AUTEURS (SSA) THÉÂTRE LE POCHE www.lepoche.ch / 022 310 37 59 / location Service culturel Migros Elphie Pambu, comédienne 6 > 26 MAI 2013 CRÉATION VISUELLE JEAN-MARC HUMM, LA FONDERIE / PHOTOGRAPHIE MARIO DEL CURTO LE POCHE GENÈVE EST SUBVENTIONNÉ PAR LA VILLE DE GENÈVE (DÉPARTEMENT DE LA CULTURE) LA RÉPUBLIQUE ET CANTON DE GENÈVE. IL EST GÉRÉ PAR LA FONDATION D’ART DRAMATIQUE (FAD) Christian Gregori, comédien ( Enquête policière & boulev ersante histoire d’amour ) Récital de piano Concert lyrique Lang Lang Anna Caterina Antonacci Roberto Alagna Jeudi 11 juillet à 21h45 Vendredi 19 juillet à 21h45 Wagner Der Fliegende Holländer Vendredi 12 juillet à 21h45 Verdi Un Ballo in Maschera Samedi 3 août à 21h30 Récital de piano François-Frédéric Guy Cour Saint-Louis Lundi 15 juillet à 21h45 Révélations classiques Mardi 6 août à 21h30 Concert lyrique Patrizia Ciofi Leo Nucci Lundi 5 août à 21h30 Concert Adami Cour Saint-Louis Saluces.com - Licences 1-137284 / 2-1001992 Vendredi 19 juillet à 18H00 THEATRE ANTIQUE 11 juillet - 6 août 2013 RÉSERVATIONS TEL 04 90 34 24 24 FAX 04 90 11 04 04 www.choregies.com