Avril - Scènes Magazine

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scènes
magazine
au poche genève :
aminata
ISSN 1016-9415
© Mario Del Curto
2 52 / mai 2013
CHF. 10.-- 7 €
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6 cinéma
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cine die / raymond scholer
festival de cannes / firouz-elisabeth pillet
ciné-club universitaire : claire denis / sarah maes
sous la loupe : side effects / christian bernard
cinémas du grütli : alain gomis & alice winocour / chr. bernard
entretien : benjamin avila / firouz-elisabeth pillet
entretien : ziad doueiri / firouz-elisabeth pillet
les films du mois / j. berclaz-lewis, s. lachat, d. leroy, f. pillet
21 opéra
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entretien : diana damrau / françois jestin
entretien : leonardo garcia alarcon / pierre-rené serna
grand théâtre : le chat botté / martine duruz
entretien : stéphanie lauricella / martine duruz
vernier : rigoletto / martine duruz
vevey : la cecchina / yves allaz
saison de l’opéra de lausanne / eric pousaz
zurich : trois sœurs, parsifal & rinaldo / eric pousaz
vienne : fidelio & aida / eric pousaz
bruxelles : la dispute / christian wasselin
barcelone : madame butterfly / françois lesueur
dijon : don giovanni / david verdier
avignon : jenufa / françois jestin
montpellier : le roi d’ys / françois jestin
monte-carlo : amica / françois jestin
lyon : festival justice / injustice / françois jestin
marseille : otello / françois jestin
berne : l’enlèvement au sérail & cenerentola / eric pousaz
mémento
40 théâtre
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entretien : laurent pelly / laurence tièche chavier
comédie : le rapport langhoff / rosine schautz
entretien : miguel fernandez-v. / laurence tièche chavier
théâtre du grütli : combat de sable & le baiser et la morsure
théâtre alchimic : reprise de art
théâtre de la parfumerie : reprise de albahaca
le poche : aminata / rosine schautz
entretien : jacob berger / rosine schautz
am stram gram : de mémoire d’estomac / firouz-e. pillet
château rouge : salif keïta & lost in the supermarket
bonlieu : le metteur en scène philippe car à l’honneur
théâtres des marionnettes / firouz-elisabeth pillet
252 / mai 2013
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entretien : josette baïz / françois jestin
mézières : sidi larbi cherkaoui & milonga / bertrand tappolet
56 musique
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cédric pescia et ses amis / pierre jaquet
kazuki yamada et l’osr / beata zakes
cully classique : anniversaire / yves allaz
portrait : sofia goubaïdoulina / emmanuèle rüegger
agenda genevois / martina diaz
saison de l’osr / serene regard
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bâle : les picasso sont là ! / régine kopp
mémento beaux-arts : france
musée de grenoble : alberto giacometti
mémento beaux-arts : ailleurs
cologne : dialogue wilhelm leibl & august sander
mémento beaux-arts : suisse romande
forum meyrin : « passage », photographies
mémento beaux-arts : suisse alémanique
musée de l’élysée : gilles caron, le conflit intérieur
ferme de la chapelle / tuana gökçim toksöz
schaulager : steve mc queen / régine kopp
72 manifestations
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nuit des musées à genève / viviane vuilleumier
salon du livre et de la presse de genève /viviane vuilleumier
75 paris
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odéon-théâtre de l’europe : le prix martin / régine kopp
musée du louvre : de l’allemagne / régine kopp
opéra : hänsel rutilant / pierre-rené serna
versailles : farnace / philippe baltzer
théâtre de l’essaïon : proudhon modèle courbet / julien roche
opéra de paris : programme roland petit / stéphanie nègre
théâtre de la ville : brilliant corners / stéphanie nègre
chronique des concerts / david verdier
sélection musicale / françois lesueur
mémento théâtre
théâtre du rond-point : le cirque invisible
mémento expositions
galerie sarti : peintres caravagesques italiens
88 les mémentos
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Signature
EDITO
direction
Frank Fredenrich, Jean-Michel Olivier,
Jérôme Zanetta
comité de rédaction
Christian Bernard, Serge Bimpage,
Françoise-Hélène Brou, Laurent
Darbellay, Frank Dayen, Martine
Duruz, Frank Fredenrich, FirouzElisabeth Pillet, Jérôme Zanetta
éditeur responsable
Frank Fredenrich
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secrétaire de rédaction
Julie Bauer
collaborateurs
Yves Allaz, Philippe Baltzer,
Julie Bauer, James Berclaz-Lewis,
Christian Bernard, Nancy Bruchez,
Gabriele Bucchi, Claudia Cerretelli,
Sarah Clar-Boson, Martina Diaz,
Catherine Fuchs, Catherine Graf,
Bernard Halter, Christophe Imperiali,
Pierre Jaquet, François Jestin,
Régine Kopp, David Leroy,
François Lesueur, Sarah Maes,
Anouk Molendijk, Michel Perret,
Eric Pousaz, Stéphanie Nègre,
Christine Pictet, Christine Ramel,
Serene Regard, Nancy Rieben,
Christophe Rime, Julien Roche,
Emmanuèle Rüegger, Maya Schautz,
Rosine Schautz, Raymond Scholer,
Pierre-René Serna, Bertrand Tappolet,
Laurence Tièche Chavier,
Tuana Gökçim Toksöz, David Verdier,
Christian Wasselin, Beata Zakes,
François Zanetta, Valérie Zuchuat
maquette : Viviane Vuilleumier
imprimé sur les presses de
PETRUZZI - Città di Castello, Italie
La révérence au maître disparu
L
a création culturelle est toujours affaire de processus. Au cours de
ce long cheminement, l’effort et la pensée dictent sans relâche les
conditions d’existence auxquelles tout artiste, lettré ou penseur se
plie fondamentalement afin que l’œuvre vienne au jour.
Mais de quelle encre est donc tracée la ligne d’un penseur ou artiste d’aujourd’hui, si ce n’est d’une relation primordiale, originelle et originale, un
fondement ontologique, une rencontre essentielle avec un maître ? Ce maître,
professeur, appelons-le comme bon nous semble (mais de grâce, surtout pas
« compreneur » ou n’importe quelle autre déclinaison de la même engeance
chtonienne !), représente le moment d’une rupture entre l’état d’ignorance ou
de doute et celui de la connaissance tout entière tournée vers la réflexion et sa
digestion. Cette confrontation – souvent unique pour toute la vie du penseur
ou de l’artiste – fera disparaître alors les frontières du monde clos, corseté, tel
qu’il était en mesure de seulement le concevoir jusque-là.
Ainsi, le maître aura dévoilé, le temps de la relation intellectuelle et amicale, de la jeunesse souvent, les traces de la cartographie du réel, les chemins
escarpés de la raison, ainsi que les voies de l’accès à la connaissance.
Cependant cette relation reste, doit rester éphémère, puisque la démarche doit
être accomplie individuellement, une fois que l’on s’est justement dépris du
maître. Dans cet exil, le penseur n’est pas seul en son royaume, au contraire,
puisqu’il place ses pas dans les pas de son professeur, la route a en effet été
cherchée, du moins ses prémices, auprès de l’ancien, elle luit donc de la
sagesse de celui qui guide. Le disciple forge dès lors ses réflexions non plus
comme le maître, mais à partir de lui, à partir de cette matière qu’il lui a
léguée pour toujours. La raison débutant en effet, lorsque le temps de la reproduction s’achève, laissant sa place à l’autonomie du sujet. Mais il faut pour
que ce processus puisse s’opérer une exceptionnelle rigueur intellectuelle de
la part de l’enseignant ainsi que des qualités que l’on ne rencontre que trop
rarement, un mélange de générosité et d’éthique.
Au temps de l’Egypte ancienne, il existait une divinité tutélaire des vallées désertiques, dangereuses et peuplées d’animaux venimeux. Ce dieuchien portait un nom symbolique de cette relation filiale, faite d’héritage, de
courage, d’ouverture et de protection, laquelle lie à jamais un maître à son disciple : “L’ouvreur de chemin“.
En ce sens et à quelques trente années d’écart, l’historien genevois décédé le dimanche 24 mars, Jean-Claude Favez, a été plus qu’un bon maître. Pour
beaucoup d’entre nous.
CR/FF/SCENES MAGAZINE
Au moment du bouclage de ce numéro nous apprenons la nouvelle de deux disparitions : la cinéaste Jacqueline Veuve et le comédien en dramaturge Bernard Liègme : triste printemps pour la vie culturelle romande !
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quand même de saluer les interprètes qui se sont investis dans l’entreprise, depuis Amanda Seyfried (qui paie de sa personne dans le rôle titre avec
un enthousiasme sans failles, malgré son peu de ressemblance physique
avec le modèle) à Hank Azaria (sosie parfait de Damiano), en passant par
Sharon Stone (qui livre un saisissant portrait de mère catholique hystérique, comme on n’en avait plus vu depuis Caroline Kava dans Born on
the 4th of July d’Oliver Stone (1989)).
le cinéma au jour le jour
Cine Die
63e Berlinale : Panorama
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Deux films américains, teintés d’hypocrisie, se proposaient d’attirer
les chalands par des thèmes « osés ».
Il est de notoriété publique que William Friedkin avait dû couper dans
son Cruising (1980) – où Al Pacino enquête sur une série d’homicides
homophobes - une quarantaine de minutes supputées explicites qui se
déroulaient dans les backrooms gay sado-maso new-yorkais. James Franco
et Travis Mathews ont eu l’idée de reconstituer ce corpus manquant avec
Interior. Leather Bar, mais à force d’hésitations pusillanimes et de
manque cruel d’imagination, la tentative tourne au ridicule. Des acteurs
manifestement mal à l’aise dans leurs accoutrements tout en cuir et lanières, qui ne savent pas trop bien comment imiter des orgies torrides, alors
qu’il eût suffi de faire appel à des spécialistes du hardcore pour obtenir un
semblant de vraisemblance. Nul et futile.
Dans Lovelace, Rob Epstein et Jeffrey Friedman reviennent sur la carrière de la première star mondialement connue du X, née Linda Boreman
et devenue célébrissime avec Deep Throat (1972, Gerard Damiano).
Contrairement à l’immense majorité des actrices du porno, Lovelace n’a
pas eu de véritable carrière, ses œuvres complètes atteignant à peine cinq
heures de projection. En 1980, elle publia Ordeal, son autobiographie, où
elle accuse son ex-mari Chuck Traynor de l’avoir prostituée (thèse qui est
Berlinale Special
Top of the Lake est une mini-série policière réalisée pour la télévision
par Jane Campion et Garth Davis. Située en Nouvelle-Zélande autour du
pittoresque lac Wakatipu, l’action est déclenchée par la disparition d’une
adolescente de 12 ans, enceinte, qui s’est enfuie du domicile de son père,
Holly Hunter dans «Top of the lake»
Peter Sarsgaard et Amanda Seyfried dans «Lovelace»
épousée à 100 % par le film). Elle est ainsi devenue sur le tard une ardente militante de l’anti-pornographie, et fut un témoin essentiel de la commission Meese en 1986 : une vie plus édifiante, tu meurs. Ce qui ne serait
peut-être pas le cas pour Marilyn Chambers (qui a épousé, après Linda, le
vil suborneur Traynor, décrit dans le film comme le diable incarné),
Vanessa del Rio (à laquelle l’éditeur Taschen a consacré, il y a peu, une
monographie monumentale) ou Marilyn Jess (fêtée par le LUFF en 2010),
toutes trois fières de leur parcours et, par conséquent, sans rédemption. Si
le choix des cinéastes n’est donc pas exempt de conformisme, il convient
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trafiquant notoire. Père aimant, mais boss hyper-violent, à la tête d’une
petite armée de malfrats, dont ses fils. L’enquête est menée par une jeune
détective qui a grandi dans le coin et a déjà eu maille à partir avec quelques
machos invétérés, toujours enclins à s’offrir un petit viol ni vu ni connu !
La densité romanesque est étoffée par la présence, dans un camping
improvisé, d’un bataillon de femmes en convalescence ou en quête de
repos, dont certaines se promènent nues, et dont la maîtresse spirituelle est
incarnée avec un calme imperturbable par une Holly Hunter aux longs
cheveux d’argent. La policière doit affronter son propre passé avant de
dénouer la toile des intrigues. On découvre que même les « bons
gaillards » de l’histoire ont quelque chose à cacher : des prédateurs ou
simplement des lâches. Les vers sont dans les fruits les plus succulents.
Tokyo Kazoku / Tokyo Family est l’hommage de Yoji Yamada à son
maître Yasujiro Ozu. Il s’agit du remake, 60 ans plus tard, de Tokyo
Monogatari / Le Voyage à Tokyo (1953), film qui fut élu meilleur de tous
les temps par la revue britannique Sight & Sound en 2012. Une dernière
fois, un couple âgé monte depuis leur île au large d’Hiroshima à Tokyo
pour rendre visite à leurs enfants. Le fils aîné est chef d’une clinique privée, la fille gère un salon de beauté, le cadet, machiniste de scène, court
après les engagements. La copine de ce dernier (jouée par la délicieuse Ju
Aoi) est la seule personne qui trouve le temps de s’occuper des ancêtres.
Après la guerre, chez Ozu, les enfants n’avaient pas le temps, parce qu’il
fallait reconstruire le pays. Maintenant, la nouvelle génération doit affronter une situation économique stagnante depuis presque deux décennies.
Au-delà des imprévus conjoncturels, les destins des aïeuls se ressemblent
furieusement.
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Ludwig II. est une nouvelle biographie (après celles de Käutner
(1955) et de Visconti (1972)) du roi « virginal » de Bavière due au tandem
conjugal Peter Sehr/Marie Noëlle, qui a confié le rôle principal à deux
acteurs différents. Sabin Tambrea du Berliner Ensemble, absolument
époustouflant en idéaliste épris des arts qui ne conçoit le bonheur que sous
forme sublimée, incarne le jeune souverain. Tandis que Sebastian Schipper
s’acquitte à merveille du rôle de l’ermite fou, bouffi et mal soigné des derniers mois. Comme il y a un hiatus de 14 ans entre les deux temporalités,
on s’habitue très vite à voir un personnage différent.
27e Festival International de Films de Fribourg
Je n’ai pas vu Three Sisters de Wang Bing, qui a remporté le « Regard
d’Or », mais au vu des films précédents de ce documentariste hors pair, je
me réjouis de sa récompense et me dis que les membres du jury de cette
année, Carlos Sorin en tête, n’ont pas les goûts frelatés de ceux de 2012.
Cela dit, le prix spécial accordé à Los Salvajes de l’Argentin Alejandro
Fadel me semble exagéré. Le film raconte l’évasion de cinq adolescents
(une fille et quatre garçons sans sens moral, aux pulsions dictées par leur
seule satisfaction immédiate) d’un centre de redressement et leur pérégrination à travers monts et vaux vers un hypothétique havre de paix que leur
font miroiter deux d’entre eux qui se souviennent d’en avoir tué le propriétaire. En route, ils sniffent de la colle, subissent des hallucinations, tuent
du bétail (ce qui occasionne le meurtre de l’un d’eux par un vaquero) ou
des humains, rencontrent un vieil ermite dresseur de faucon et tirent des
plans sur la comète. Les acteurs non professionnels ont vraiment la gueule de l’emploi, mais le parti pris de coller la caméra aux personnages, sans
éclairage adéquat, a un effet délétère sur la lisibilité que certains interprètent comme un choix artistique, semblable aux techniques des impression-
chacune est marquée par le traumatisme et le sentiment de culpabilité,
mais de quatre façons complètement différentes. Ce qui fait qu’on reste
scotché au récit (une performance pour un film de 270 minutes !). La quatrième partie permettant en outre, par une légitime astuce de scénario, de
retrouver l’identité du criminel, une cinquième partie peut se concentrer
sur Asako, qui se rend compte qu’elle connaît intimement l’homme
recherché. A partir de là, le film tend à prouver que des vilenies à première vue négligeables peuvent entraîner des conséquences catastrophiques et
que nous sommes donc les forgerons de notre karma. Même s’il a profité
de la fascination morbide distillée par le best-seller de Kanae Minato, sur
lequel se base le scénario, Kurosawa a atteint avec cette mini-série un sommet de sa carrière : contrairement à certains de ses films, il n’y a pas la
moindre once de gras. Tous les plans ont leur justification.
Le film sans doute le moins couru du festival fut National
Security de Ji-Yeong Jeong. Hommage aux citoyens persécutés par la
KCIA sous la présidence de Chun Doo-hwan, le film raconte les tortures subies pendant 22 jours par l’opposant Kim Geun-Tae (futur
député et ministre) en septembre 1985 dans les locaux de la police
secrète. Sans chichis, le récit se concentre sur les interrogatoires poussés (simulation de noyade, torture à l’électricité) pour faire avouer à la
victime qu’il a reçu des ordres de la Corée du Nord. La confession
entièrement fabriquée que les tortionnaires arrivent à lui faire signer
servira à le faire condamner dans le procès subséquent. Son cas est
considéré comme exemplaire de ce qu’ont eu à subir les activistes prodémocratiques avant l’installation d’un régime de droit en 1987.
Entièrement vu du côté de la victime, c’est un film dur à supporter,
mais cathartique.
La Corée du Nord était aussi représentée au FIFF, mais par le film
Jong-sim Han dans «Comrade Kim Goes Flying»
«Los Salvajes»
nistes. D’autant plus que les protagonistes se perdent, se dissolvent, se
consument in fine dans la brousse. Pas moins lyrique en fait que To the
Wonder de Malick : les flous « artistiques » de Fadel valent bien les batifolages incessants d’Olga Kurylenko et les prières torturées de Javier
Bardem.
Le prix du jury FIPRESCI fut attribué à Shokuzai / Pénitence de
Kiyoshi Kurosawa, qui le méritait pleinement. Une petite fille, Emili, est
assassinée dans son école après les cours. Ses quatre copines, qui ont vu
le meurtrier disparaître avec la gamine, ne se souviennent pas de sa tête.
Asako, la mère d’Emili, désespérée de savoir le coupable en liberté, promet aux enfants qu’elles feront pénitence toute leur vie, si elles ne se
remémorent pas les traits du meurtrier. Après ce préambule de 20 minutes,
le film fait un saut de 15 ans. Le destin respectif des quatre gamines occupe quatre segments d’environ cinquante minutes, montrant que la vie de
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le plus lisse et anti-critique qu’on puisse imaginer. Comrade Kim
Goes Flying pourrait tout aussi bien porter le titre The Grin of the
Working Class, car son héroïne n’abandonne jamais son sourire,
qu’elle œuvre dans les mines ou auprès de la bétonnière ou vole sur le
trapèze dont elle veut devenir championne. Projet initié par deux
cinéastes belges (Nicolas Bonner, Anja Daelemans), le scénario a été
remodelé pendant six ans avant d’aboutir au cocktail désiré « comédie, optimisme, conscience ouvrière » et rappelle dans une certaine
mesure les comédies kolkhoziennes d’Ivan Pyriev. Un co-réalisateur
coréen, Gwang-hun Kim, fonctionnait sans doute comme œil de
Pyongyang.
Au mois prochain
Raymond Scholer
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festival
Cannes 2013
La soixante-sixième édition du Festival de Cannes se
tiendra du 15 au 26 mai 2013. Thierry Frémaux et
Gilles Jacob dévoileront la vingtaine de films retenus en
compétition pour la Palme d'or, mais aussi les longs
métrages présentés hors compétition, et ceux présentés
dans la section Un Certain Regard. Bien que tous les
ingrédients de cette édition n’aient pas été encore dévoilés, Scènes Magazine a tenté de faire le tour des forces
en présence.
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Une sélection cannoise est toujours à double tranchant : la Croisette
réserve un accueil favorable et ouvre les portes du succès - du moins critique – par exemple pour Persepolis, The Artist, Polisse ou Des Hommes
et des Dieux. Mais un passage anonyme dans cette Mecque du septième
Art condamnent certaines réalisations à passer inaperçues et à sombrer
dans les limbes de l'oubli ; peu des festivaliers se rappellent de la présence en compétition de La Source des femmes en 2011 ? Pourtant, tous les
membres de la famille cinématographique rêvent de fouler un jour le tapis
rouge et de monter les célèbres marches du Palais des Festivals puisqu’être vu dans cette vitrine du cinéma est un gage d’être repérés par les professionnels – distributeurs, programmateurs, directeurs de festival.
Le film du cinéaste australien Baz Luhrmann, The Great Gatsby, sera
projeté lors de l’inauguration du 66e Festival de Cannes, le mercredi 15
mai, comme film d’ouverture dans le grand Théâtre Lumière du Palais des
Festivals, en Sélection officielle Hors Compétition. Adapté du plus célè-
bre roman de l’écrivain américain Francis Scott Fitzgerald, le film évoque,
dans l’effervescence des années vingt sur la côte Est des Etats-Unis, la
figure romantique et tragique de Jay Gatsby (Leonardo DiCaprio), racontée par son ami Nick Carraway (Tobey Maguire). Carey Mulligan joue
Daisy Buchanan, dont l’époux est incarné par Joel Edgerton. A cette distribution prestigieuse s’ajoute la participation de la légende du cinéma
indien Amitabh Bachchan, ainsi que celle du musicien américain, le rappeur Jay-Z.
Quant aux favoris pour la compétition, on peut mentionner plusieurs
films français : Jimmy P. d'Arnaud Desplechin - avec Benicio Del Toro,
Mathieu Amalric, Gina McKee - suit, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, Jimmy Picard, un Indien américain qui a combattu en France, et arrive dans un hôpital pour vétérans du Kansas. Il souffre de migraines atroces et de pertes soudaines de la vue et de l'ouïe. Malgré une batterie de
tests, son état mystifie les médecins. Les médecins décident de solliciter
l'aide de Georges Devereux, anthropologue français. Jeune & Jolie de
François Ozon - avec Marine Vacth, Géraldine Pailhas, Frédéric Pierrot trace le portrait aujourd'hui d’une jeune fille de dix-sept ans en quatre saisons et quatre chansons.
Les Salauds de Claire Denis - avec Vincent Lindon, Chiara
Mastroianni, Julie Bataille - nous plonge au cœur d’un drame familiale;
capitaine dans la marine marchande, Marco Silvestri est appelé d'urgence
à Paris. Sa sœur, Sandra, est désespérée : son mari s'est suicidé, l'entreprise familiale a fait faillite et sa fille a été admise en soins psychiatriques.
Sandra accuse le puissant homme d'affaires Edouard Laporte d'être le
responsable de ses maux. Déterminé à se venger, Marco rencontre la maîtresse de Pierre Laporte, Raphaëlle, qui vit seule avec son fils.
Incertitudes
D’autres habitués de La Croisette sont encore en plein labeur ; serontils prêts à temps ? Parmi ces cinéastes dont on espère voir les dernières
œuvres, citons : Quai d'Orsay de Bertrand Tavernier - avec Thierry
Film d’ouverture du 66e Festival de Cannes : «The Great Gatsby» © 2013 Warner Bros.
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Lhermitte, Raphaël Personnaz, Niels Arestrup - met en scène Alexandre élevés seul, a toujours eu pour Chris une préférence affichée, malgré les
Taillard de Worms; grand, magnifique, c’est un homme plein de panache casses, la prison…L’écho parvenu de Berlin était très favorable pour le
qui plaît aux femmes et est accessoirement ministre des Affaires premier film américain de Guillaume Canet, remake des Liens du sang de
Etrangères du pays des lumières : la France. Sa crinière argentée posée sur Jacques Maillot, co-écrit avec James Gray.
son corps d’athlète légèrement halé est
Le Dernier des injustes de Claude
partout, de la tribune des Nations Unies
Lanzmann présente une longue converà New-York jusque dans la poudrière de
sation avec le rabbin Benjamin
l’Oubanga. Là, il y apostrophe les puisMurmelstein sur son rôle controversé
sants et invoque les plus grands esprits
lors de la Seconde guerre mondiale. Si
afin de ramener la paix, calmer les nerle montage est fini, aucun doute à avoir,
veux de la gâchette et justifier son aura
le film sera naturellement présenté en
de futur prix Nobel de la paix cosséance spéciale. Et sera certainement
mique. La BD culte de Christophe
l'un des temps forts du 66e Festival de
Blain et Abel Lanzac adaptée pour le
Cannes.
grand écran par Bertrand Tavernier,
Attila Marcel de Sylvain Chomet était encore en tournage en janvier deravec Guillaume Gouix, Anne Le Ny,
nier, à Dakar; le montage du film seraBernadette Lafont - permettra au
Mathieu Amalric joue dans «Jimmy P.»
t-il fini à temps pour une présentation
cinéaste d’animation de s’illustrer dans
le dernier film d’Arnaud Desplechin
cannoise ? Dans l’affirmative, une
le film de fiction avec l’histoire de
place en sélection officielle paraît garantie pour une comédie politique Paul, la trentaine, qui vit dans un appartement parisien avec ses tantes,
Made in France deux ans après La Conquête.
deux vieilles aristocrates qui l’ont élevé depuis ses deux ans et rêvent de
La Vénus à la fourrure de Roman Polanski - avec Mathieu Amalric le voir devenir pianiste virtuose. Sa vie se résume à une routine quotidienet Emmanuelle Seigner - propose l’adaptation d’une pièce de théâtre inspi- ne, entre le grand piano du salon et le cours de danse de ses tantes où il
ré du roman érotique de Leopold Sacher-Masoch, qui a donné son nom au travaille en tant qu’accompagnateur. Isolé du monde extérieur, Paul a
masochisme. Le réalisateur franco-polonais n'est pas revenu à Cannes avec vieilli sans jamais avoir vécu... Jusqu’au jour où il rencontre Madame
un film sous le bras depuis sa Palme d'or pour Le Pianiste. Là encore, on Proust, sa voisine du quatrième étage, qui va lui permettre de replonger
est circonspect pour une question de
dans ses souvenirs enfouis.
délais. S'il est prêt, voilà un film qui
devrait diffuser un parfum de scandale
Outsiders
Parmi les films qui font figure
sur la Croisette.
d’outsiders, citons Jacky et le royaume
Le Bleu est une couleur chaude
des filles de Riad Sattouf, Un Château
d'Abdellatif Kéchichem - avec Léa
en Italie de Valérie Bruni-Tedeschi,
Seydoux, Adèle Exarchopoulos,
Grand Central de Rebecca Zlotowski,
Aurélien Recoing, Jérémie Laheurte Abus de faiblesse de Catherine Breillat,
dépeint la vie de Clémentine, qui basLe Passé d'Asghar Fahardi ou Aga
cule le jour où elle rencontre Emma,
d'Hiner Salem.
une jeune fille aux cheveux bleus, qui
Le Festival de Cannes a choisi pour
lui fait découvrir toutes les facettes du
l’affiche de son édition 2013 un couple
désir. Elle lui permettra d’affronter
qui incarne à la perfection l’esprit du
enfin le regard des autres. L'auteur de
Bertrand Tavernier sera peut-être à Cannes avec
«Quai d’Orsay»
cinéma : Joanne Woodward et Paul
La Graine et le mulet n'est jamais passé
Newman, pris en photo sur le tournage
par la case compétition, préférant la
lagune vénitienne à la croisette cannoise. Adaptation d'une BD culte, son du bien nommé A New Kind of Love, de Melville Shavelson (1963).
C’est pour le Festival l’occasion de rendre hommage à la mémoire de
nouveau film nécessiterait un gros travail de montage, si bien que l'incertitude plane sur son degré de finition. Reste que l'on rêve de découvrir Léa Paul Newman, disparu en 2008, et de faire un salut plein d’admiration à
Joanne Woodward, sa femme et son interprète d’élection.
Seydoux les cheveux bleus sur les marches du Palais des Festivals.
Le Festival de Cannes les a accueillis en 1958 - année de leur mariage - en sélectionnant en Compétition Les Feux de l’été (The Long Hot
Hors-compétition
Parmi les films en liste lors de la prochaine édition du Festival de Summer) de Martin Ritt, premier film qu’ils tournent ensemble. Le résulCannes, mentionnons Blood Ties de Guillaume Canet - avec Clive Owen, tat est une affiche particulièrement sensuelle qui accroche le regard.
Billy Crudup, Marion Cotillard. New York, 1974. Chris, la cinquantaine,
Firouz-E. Pillet
est libéré pour bonne conduite après plusieurs années de prison pour un
règlement de compte meurtrier. Devant la prison, Franck, son jeune frère,
un flic prometteur, est là, à contrecœur. Ce ne sont pas seulement des choix Pour en savoir plus sur la 55ème édition du Festival de Cannes :
de “carrières“ qui ont séparé Chris et Frank, mais bien des choix de vies www.festival-cannes.fr
et une rivalité qui se poursuit depuis l’enfance. Leur père Léon, qui les a
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ciné-club universitaire
Claire Denis
Du 8 avril au 17 juin 2013, 10 films de la réalisatrice
française, soit la quasi totalité de son œuvre, seront
projetés les lundis (de Pentecôte excepté) à
l’Auditorium Arditi de Genève.
Isabelle Huppert dans «White Materiel» de Claire Denis
Etrange. Opaque. Marginal. Exigeant. Tel est le champ sémantique
qu’on emploie généralement pour décrire le cinéma de Claire Denis. Avec
des œuvres qui déconcertent, ne s’encombrant pas de prolixes dialogues,
d’explications didactiques, de discours psychologiques et de liens de causalité évidents, elle filme le mineur comme le majeur, en plans toujours
d’égale importance. La mise en scène fragmentaire et la narration elliptique offrent peu d’indices et beaucoup de non-dits.
De ce constat émerge une réflexion cruciale : le cinéma de Claire
Denis est avant tout un cinéma de la sensation. Il met en son cœur textures de peau, jeux de regards et musique toujours hautement symbolique,
avec comme enjeux plastiques une représentation du corps sous toutes ses
formes. Influencée par d’autres arts, comme la peinture ou la danse, la
réalisatrice propose un cinéma très personnel empreint de nombreuses
références. Les liens qui unissent les individus, ou au contraire ce qui les
éloigne, intéressent particulièrement la réalisatrice. Les relations familiales entre frères et sœurs, entre parents et enfants, mais aussi les rapports
de domination et de pouvoir issus de l’histoire coloniale française, font
partie de ce qui caractérise cette œuvre, sans oublier cette curiosité insatiable pour l’amitié parfois ambiguë qui unit les personnages masculins.
Mais c’est surtout le désir charnel, les troubles qu’il occasionne, ses
déviances et ses tabous, qui parcourent l’ensemble de ses films.
Comment expliquer cet élan vers l’autre ? Comment exprimer et partager l’attirance et la fascination pour l’ardeur des corps ? Là se situe toute la
justesse et l’intelligence de ce cinéma, dont le principal fondement esthétique est de faire appel aux sens pour que naisse l’émotion. Au spectateur de
prendre plaisir à se laisser désorienter, à lâcher prise et à rester ouvert aux
sensations offertes par la beauté déroutante du cinéma de Claire Denis.
GALERIE LA FERME DE LA CHAPELLE
39, ROUTE DE LA CHAPELLE | CH -1212 GRAND-LANCY
WWW.FERMEDELACHAPELLE.CH
Sarah Maes
Ville de Lancy
République et canton de Genève
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sans trop de peine et elle tient. Et puisqu’il y est
question de folie, d’identité double, d’apparences trompeuses, de faux suicide, de trahison, de
femmes aussi vulnérables et séduisantes qu’elles se révéleront dangereuses, le rapprochement
avec Hitchcock (Psycho; Vertigo) ou Polanski
(Chinatown) est tentant.
sous la loupe
Side Effects
Ce 28e film tourné à 50 ans serait l’adieu au cinéma de Stephen Soderbergh
désireux de se consacrer désormais à la peinture. A en juger par ce
Side Effects, le cinéma y perdrait baucoup.
Mais, compte tenu de sa carrière toute en
contrastes (de Sex, Lies and Videotape Palme
d’Or à Cannes en 1989 (il a alors 26 ans) aux
récents Contagion et Magic Mike en passant par
Erin Brockovich, Traffic, le dyptique sur le Che
et les Ocean’s Eleven, Twelve et Thirteen), nous
ne sommes heureusement pas forcés de le croire (il a d’ailleurs récemment parlé d’une simple
année sabbatique).
Croire ou ne pas croire
Il ne faut surtout pas dévoiler l’intrigue de
Side Effects, thriller psychologico-politique
multipliant les fausses pistes. Quand le film
semble aller dans une direction, c’est
qu’il est déjà en train d’en changer. Les
premières scènes nous installent dans la
relation entre un sympathique psychiatre
le Dr Jonathan Banks (Jude Law) et sa
patiente Emily (Rooney Mara) dépressive
et suicidaire, à laquelle il administre différents anti-dépresseurs après avoir
consulté la précédente thérapeute d’Emily
(Catherine Zeta-Jones). Finalement il
essaye l’Ablixa, un médicament encore en
phase de tests conduits par le Dr. Banks
rémunéré à hauteur de 50.000$ par la
firme pharmaceutique. Les effets secondaires du médicament se révèleront tragiques.
On s’imagine alors avoir à faire à un
thriller dont le sujet serait les errances de
la psychiatrie dans le traitement médicamenteux de la dépression, puis l’histoire
avançant, le sujet semble être les connivences entre les pharmas et la médecine, puis
les procédures judiciaires à l’américaine contre
les médecins, puis les spéculations boursières
autour du lancement d’un médicament, puis…
D’où une certaine frustration face à ces sujets
politiques seulement effleurés parce que rapidement abandonnés (nous ne sommes pas chez
Sydney Lumet), avec le sentiment d’un scénario
qui à trop embrasser mal étreint.
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A l’ombre d’Hitchcock
Mais cette frustration est rapidement
dépassée car ces pistes non poursuivies évitent
au film tout didactisme pour laisser émerger le
vrai sujet : la croyance du spectateur et sa manipulation par un Soderbergh qui se souvient
d’Hitchcock. Nous pensions avoir compris et
nous avions tort. Nous pensions savoir qui est
qui et nous avions tort. Dans cette intrigue compliquée mais très habile, avançant plus par surprises que par suspense, les explications sont
données de façon indirecte, morcelée. Le spectateur s’en trouve à la fois fasciné, légèrement
Jusqu’à quel point se justifie-t-il ? Une
façon de répondre serait de retourner voir Side
Effects une deuxième fois pour voir ce qui se
passe lorsque l’on connaît déjà l’histoire. Faire
l’expérience avec Psycho ou Vertigo, également
des histoires d’identité double (Norman
Bates/sa mère; Madeleine Elster/Judy), c’est
découvrir l’élégance (et le génie) d’Hitchcock
dans la manipulation du spectateur, découvrir
qu’il a multiplié tôt dans le film les indices de la
“véritable identité” de Norman Bates ou de
Madeleine Elster, révélées en fin de film: nous
étions leurrés et pourtant tout ou presque était
déjà là mais nous ne pouvions pas le voir…
Soderbergh, plus brutal, n’atteint certainement
pas un tel degré de sophistication dans le traitement du spectateur.
Rooney Mara dans «Side Effects» © Ascot Elite Films
déséquilibré, doutant parfois d’avoir bien
compris.
L’histoire du film ne vaudrait-elle alors que
par les méandres de son parcours ? Side Effects
ne serait-il qu’un nouvel et brillant avatar du
film noir façon Faucon maltais où ne pas tout
comprendre de l’histoire serait finalement sans
grande importance ? La réponse est clairement
non. L’histoire peu être reconstituée après coup
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Il n’en demeure pas moins que Side Effects,
au-delà de ses aspects frustrants, est une belle
machine contrôlée dans le détail (outre la mise
en scène, Soderbergh assure sous des pseudos la
direction de la photo et le montage) qui mérite
largement d’être vue (et revue).
Christian Bernard
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du cercle des aînés : il doit mourir ce même jour, là dans sa ville, car c’est
la volonté de Dieu.
les cinémas du grütli
Alain Gomis et
Alice Winocour
Maillage réussi
Deux sorties marquantes ce mois : Aujourd’hui
troisième long métrage d’Alain Gomis le 1er mai et
Augustine, premier long métrage d’Aline Winocour
le 8 mai. Entre ces deux films, rien de commun dans
les partis pris formels, mais une commune quête
identitaire : dans l’effacement pour lui, dans
l’affirmation pour elle.
Aujourd’hui
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Ne rien savoir d’un cinéaste, ne rien savoir du film qu’on va voir : un
état d’ignorance dans lequel on se retrouve très rarement (nous sommes
tellement informés…), mais qui ne manque pas d’intérêt car, alors, on
s’embarque à l’aventure. C’est dans cette intéressante disposition que nous
avons vu Aujourd’hui, disposition parfaitement adaptée à ce film nomade
suivant les pas d’un personnage en marche.
Le film s’ouvre par un long travelling arrière. Avançant face à la
caméra, un homme jeune, Satché. Il est accompagné, entouré, encouragé
par des sourires, des hochements de tête, des gestes amicaux. On est en
Afrique, à Dakar. On devine qu’il va quitter les siens et qu’il va mourir. On
s’imagine qu’il va peut-être tenter l’échappée vers les Canaries, mais alors
pourquoi cette certitude qu’il ne peut qu’en mourir ? La réponse vient vite
L’oracle ne pouvant que s’accomplir, Satché va parcourir la ville pour
un dernier voyage. Voyage initiatique (comment apprendre à mourir) mais
aussi portrait d’une ville et d’une société. Le maillage est parfaitement
réussi. Au gré de son périple qui le mène de rencontres en rencontres, le
doux Satché, à la fois somnambulique et hyperlucide, incarné par le chanteur Saul Williams choisi par Gomis « pour son regard », se montre constamment taiseux (Saul Williams est Américain et ne comprend pas la langue du pays). C’est avant tout sur son visage et par son corps que se liront
les diverses émotions éprouvées par Satché dans la singulière situation
qu’il doit vivre.
Les rencontres de Satché sont traitées dans divers registres que le film
mêle avec une liberté admirable : le réalisme quasi documentaire pour la
vie de la rue ou lorsqu’il croise les révoltés de la misère ; le burlesque (sa
visite à l’Hôtel de Ville) ; le fantastique (très belle scène finale où après
avoir joué avec ses enfants, il les voit soudain s’éloigner adultes). Deux
scènes fortes : sa visite chez sa maîtresse, superbe scène de séduction
avortée, « Tu vas mourir et tu n’as pas vécu » lui lance-t-elle; sa visite chez
son oncle, un sage dont le métier est de préparer les cadavres et qui après
l’avoir massé (!) lui donnera pour viatique de cet ultime tour de sa vie : « Il
y a des gens qui ont encore moins de temps que toi et qui ne le savent pas.
Toi tu sais, tu as le temps de marcher tranquillement jusque là ».
Comme le Cléo de 5 à 7 d’Agnès Varda, autre déambulation où tout
a la saveur de la dernière fois, Aujourd’hui le bien-nommé célèbre l’instant présent. Ce film de mort, toujours plus serein, contemplatif, allégé à
mesure qu’il avance est un hymne à la vie.
Le film vu, le web nous apprend qu’Alain Gomis est né de mère française et de père sénégalais et que ses deux premiers films L’Afrance (2001)
et Andalucia (2007) décrivent « l'entre-deux dans lequel évoluent les individus déracinés». A sa manière
Aujourd’hui poursuit dans cette
veine, magnifiquement.
Augustine
En 1885 à l’hôpital de la Pitié
Salpêtrière à Paris, le professeur
Charcot (1825-1893), grand clinicien et neurologue, étudie l’hystérie.
Au cours de démonstrations
publiques, il provoque les crises
d’hystérie de ses patientes en les plaçant sous hypnose. Les photos prises
lors de ces séances sont restées célèbres (elles figurent immanquablement dans les anthologies de l’érotisme). Augustine, 19 ans, fut sa patiente favorite. De condition sociale très
basse comme les autres malades de
Charcot, elle était bonne, exploitée,
humiliée et ne savait ni lire ni écrire.
Alice Winocour choisit de
raconter l’histoire de la guérison
d’Augustine (Soko) due pour une
«Aujourd’hui» de Alain Gomis
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«Augustine» de Alice Winocour
part - mais pour une part seulement- à la relation qui va s’établir progressivement entre elle et Charcot (Vincent Lindon). L’évolution de cette relation les verra peu à peu sortir de leur rôles sociaux - lui de grand patron
ne voyant que des cas anonymes, elle de cobaye - pour finalement découvrir leur identité d’êtres désirants. En suivant ce fil rouge, Alice Winocour
sait éviter les deux pièges dans lesquels son sujet risquait de la faire tomber : celui du film psychologique refermé sur cette seule relation d’abord,
celui de la reconstitution naturaliste d’une époque et d’un milieu, ensuite.
Dans ce film sans temps mort, on a l’impression que tout ce qui était inutile a été éliminé. Chaque scène, généralement courte, chaque réplique,
chaque objet, fait signe et sens, comme un symptôme.
La première scène du film montre Augustine assurant le service de
table (grande bourgeoisie, nombreux convives, nombreuse domesticité).
Epuisée, elle titube et finalement s’effondre. Violente crise d’hystérie, son
corps agité de tremblements se tord dans tous les sens. Elle paraît possédée. Possédée du diable (on se signe). Elle-même, revenue à elle, constatant que son œil droit reste fermé, murmure une prière à son ange gardien
pour que son œil s’ouvre. Ce premier symptôme (il y en aura d’autres par
la suite) fait évidemment signe et sens pour le spectateur qui pressent ce
qu’il a de programmatique. Comme il pressent que l’hystérie est une
réponse sous forme de rébellion à la violence sociale subie par Augustine,
ce qu’elle-même ignore.
ensuite, curieux d’un spectacle
explicitement sexuel (masturbation, orgasme), pour Augustine
enfin, représentante des hystériques qui font de leur corps le
théâtre de leurs souffrances et de
leurs désirs.
Pourtant Charcot, aveugle à
ces symptômes, cherche dans une
toute autre direction : anomalie du
cerveau ou des ovaires. La voie de
la guérison d’Augustine sera
autre : recracher symboliquement
la violence subie pour devenir une
femme (c’est après avoir coupé la
tête d’une poule en cuisine - dont
le corps continuera à s’agiter
comme celui d’une hystérique que son œil s’ouvrira ; c’est après
avoir rêvé d’animaux abattus
qu’elle aura pour la première fois
ses règles). Accompagnant plus
que provoquant cette guérison, la
relation entre le Professeur
Charcot et Augustine est imaginée par Aline Winocour : relation de reconnaissance d’abord, puis, le transfert aidant, de désir avec passage à l’acte.
Se trouve ainsi soldé le rapport de force entre le médecin et sa patiente,
l’homme mûr marié et la très jeune fille, le grand bourgeois et la fille du
peuple. A l’avantage d’Augustine qui part en femme libre.
On a compris l’idée-force du scénario de la réalisatrice : Faire du
neurologue Charcot le découvreur de la psychanalyse à l’insu de son plein
gré en quelque sorte. Cette licence d’artiste n’est pourtant pas très éloignée de la réalité. Le jeune Freud, stagiaire pendant un semestre dans son
service, avait été fasciné par Charcot, « Aucun autre homme n’aura jamais
eu autant d’influence sur moi » écrira-t-il. C’est le dialogue noué entre les
deux hommes qui fortifia la conviction de Freud que « si l’hystérique était
submergé(e) par un affect dont sa conscience semblait tout ignorer de la
cause, il devait y avoir un processus psychique à même d’en rendre
compte ».
Vincent Lindon excelle dans l’incarnation d’un Charcot digne, grand
professionnel, emmené là où il n’imaginait jamais aller. Chiara
Mastroianni est superbe dans le rôle de l’aristocratique et fidèle épouse de
Charcot devinant tout. Quant à Soko, chanteuse et actrice de 27 ans, elle
traduit parfaitement l’élan vital d’Augustine. Tous trois parviennent à rendre lisible leur personnage tout en lui conservant sa part de mystère.
Christian Bernard
Théâtres
Augustine se retrouve à la Salpêtrière où sont réunies près de deux
mille femmes. Violence toujours des examens subis. Charcot la repère
pour la facilité avec laquelle elle reproduit ses crises d’hystérie sous hypnose et elle deviendra une de ses patientes les plus célèbres. Les leçons
publiques de Charcot avec Augustine font courir le Tout-Paris. Tout est
théâtre ici, mais à différents niveaux qu’Aline Winocour réussit à rendre
parfaitement lisibles : théâtre pour les journaux, comparant Augustine à
Rachel ou Sarah Bernhardt pour sa puissance d’expression, pour le public
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Séance spéciale suivie d’une discussion le 6 mai à 20h, en présence de Alice Winocour,
avec Prof. François Ansermet, Dr. Selma Aybeck, Dr. Anne Edan, Prof. Richard
Frackowiak, Prof. Jacques Gasser, Dominique Martin, Dr. Leslie Ponce, Dr. Renato Seidl
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Vous avez écrit le scénario à quatre mains avec un ami scénariste brésilien, Marcelo Müller ; pourquoi ?
entetien
Benjamín Avila
Avant de réaliser Enfance clandestine, Benjamín Avila
s’était déjà approché du thème propre à ce film. En
2003, avec l’argent obtenu grâce à un prix, un court
métrage a été monté. Celui-ci, intitulé Veo, Veo (Je vois,
Je vois), a marqué les prémices d’Enfance clandestine.
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Pour ces deux films, Marcelo Müller a co-écrit le scénario avec
Benjamín Avila. Plus connu pour ses courts métrages et documentaires, le
cinéaste réalise, ici, son premier long métrage dans lequel il joue également
un petit rôle. En 1979, dans une Argentine en pleine dictature, Juan, douze
ans, et sa famille reviennent à Buenos Aires sous une fausse identité après
des années d’exil. Les parents de Juan et son oncle Beto sont membres de
l’organisation Montoneros, en lutte contre la junte militaire au pouvoir qui
les traque sans relâche. Pour tous ses amis à l’école et pour Maria dont il est
amoureux, Juan se prénomme Ernesto, prénom choisi en hommage au Che.
Il ne doit pas l’oublier, le moindre écart peut être fatal à toute sa famille.
C’est une histoire de militantisme, de clandestinité et d’amour que narre
Enfance clandestine. Nommé à la quinzaine des réalisateurs lors de l’édition
2012 du Festival de Cannes, le film de Benjamín Avila a été encensé par le
public. Devant tant d’enthousiasme, le réalisateur n’a pu retenir ses larmes.
Rencontre lors de son passage à Genève.
J’avais déjà travaillé avec Marcelo pour des réalisations éducatives destinées à la télévision. J’ai fait appel à son aide, éprouvant un nécessaire
besoin de distanciation par rapport à mon passé. J‘avais besoin que
Marcelo, qui est un ami et connaît mon histoire personnelle, apporte un
regard extérieur dans l’écriture du scénario. Ainsi en arrivant à la seconder
version du scénario, nous nous sommes mis à parler non plus de moi ni de
mon opinion mais des personnages et de la structure afin que l’histoire ait
sa propre vie. Il arrive toujours un moment dans l’écriture où le scénario
impose sa propre logique. Il en va de même du tournage qui a été très
beau, intense et émotionnel.
Pourquoi ce choix de filmer à hauteur d’enfant bien que le
propos demeure très politique ?
Le regard des enfants devient le point central au cœur d’une famille militante dont les enfants vivent la clandestinité absolue au quotidien. Les
enfants qui ont vécu dans la clandestinité le militantisme de leurs parents
peuvent avoir un propos plus direct et moins condescendant sur les personnages. Recourir au regard des enfants permet d’exprimer que cette enfance clandestine comporte beaucoup de douleur, certes, mais aussi beaucoup
de joie et de plaisir.
L’amour fraternel, filial ou entre amis semble devenir ici une
forme de militantisme … ?
A cette époque, militer était un engagement de tous les jours. Cela correspondait à un état constant, dans le travail, dans les études, dans les discussions. Les militants avaient une foi entière dans ce qu’ils faisaient afin
de changer le monde. Dans une scène entre Cristina Banegas et Natalia
Oreiro, cette discussion entre la mère et la fille aborde l’éducation des
enfants dans ce contexte de parents militants, de transmission, de sécurité;
elle n’aboutit pas à une quelconque entente mais révèle l’amour comme
socle infaillible, au-delà des convictions personnelles.
Lors de la présentation de votre film au Festival de Cannes,
vous avez affiché une émotion intense …
Lors des divers festivals où mon film a été accueilli - Toronto, Cannes et San
Sebastián -, j’ai réalisé que Infancia clandestina a une portée universelle
telle que mon film a pu être compris et a ému le public canadien, français,
espagnol et maintenant suisse. J’ai été ému de l’accueil qui lui a été réservé.
Infancia clandestina sort sur les écrans européens alors qu’enfle une polémique autour du rôle du nouveau pape François, sous la
dictature … Votre film va-t-il permettre d’affronter les fantômes de
cette période ?
«Enfance clandestine» © Praesens films
Quelle est la part autobiographique dans votre premier long
métrage, Enfance clandestine ?
Je me suis inspiré de ma propre enfance pour raconter l’histoire d’Enfance
clandestine, sans pour autant écrire mon autobiographie. J’ai plutôt souhaité revisiter le militantisme de la dictature chilienne entre 1976 et 1983 en me
centrant sur une histoire d’amour entre deux enfants. Ma mère a disparu lors
de la junte militaire et que j’ai été séparé très jeune de mon demi-frère. Nous
nous sommes retrouvés cinq ans après. Encore aujourd’hui, trois cents
enfants kidnappés pendant la junte sont toujours portés disparus.
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L’élection du l'évêque argentin Jorge Mario Bergoglio a, en effet, fait couler
beaucoup d’encre dans les médias du monde mais en Argentine, ce débat sur
le rôle de l’Eglise sous la dictature n’est pas nouveau et date déjà de nombreuses années, quasiment depuis la fin de la dictature. Une partie de la
population argentine se demande si le souverain pontife a fermé les yeux sur
les atrocités commises par le régime entre 1976 et 1983 – période durant
laquelle il y a eu, d’après les associations de défense des droits de l’homme,
jusqu’à 30.000 disparitions. Certains accusateurs vont jusqu’à reprocher au
pape d’avoir dénoncé deux prêtres jésuites, Orlando Yorio et Francisco
Jalics, en 1976 alors qu’il dirigeait cet ordre en Argentine. Aujourd’hui, les
soupçons les plus graves semblent se dissiper et on retient le caractère social
et modéré du Pape mais la controverse sur le rôle de l’Eglise catholique pendant la dictature en Argentine est relancée et c’est un point positif pour le
combat des Mères de la Place de Mai qui recherchent les enfants confisqués.
Propos recueillis par Firouz-E. Pillet
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entretien
Ziad Doueiri
Adapté du roman L’Attentat de l’écrivain algérien Yasmina Khadra, le film
The Attack de Ziad Doueiri, en compétition officielle dans la
catégorie long métrage et projeté pour la première fois dans un pays arabe,
au Maroc, à l’occasion de la 12ème édition du Festival du Film de
Marrakech, y a décroché l'Etoile d'Or avant d’être acclamé aux Festivals
du film Telluride et international de Toronto, de décrocher le prix spécial
du jury au Festival du film à San Sebastian (Espagne) et d’être
ovationné au Festival international de Dubaï.
«L’Attentat» © Praesens films
L’Attentat, drame psychologique complexe
invitant le public à une réflexion humaine,
raconte l’histoire d’un chirurgien palestinien
bien intégré dans la communauté médicale de
Tel-Aviv et dont la vie se retrouve bouleversée
lorsque sa femme meurt au cours d’une attaque
terroriste; il sera prouvé par la suite qu’elle se
trouve incriminée et responsable de cette
attaque. Venu présenter son film lors du dernier
FIFDH en mars 2013 à Genève, le réalisateur
libanais a accepté de parler de ses motivations,
des enjeux de son film et de la polémique que
celui-ci suscite au Liban. Rencontre.
L’Attentat est un projet que vous
menez depuis longtemps ; pourquoi ?
J’ai galéré pour trouver des financements; le
Qatar, entre autres, a accepté de me donner un
coup de main en finançant une partie du film
bien que ce dernier n’ait pas été projeté au
Festival du Qatar, les organisateurs m’ont expliqué que le film était «risqué» vu le contexte
actuel, et ce, bien qu’ils l’aient aimé lorsqu’ils
l’ont vu.
Comment avez-vous travaillé sur l’adaptation du livre de Yasmina Khadra ?
J’ai co-écrit ce film avec mon épouse Joëlle
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Touma en m’inspirant du roman de
l’auteur, que j’ai
beaucoup aimé. Ce
fut un travail acharné
entre écriture et
recherche de financement pour mener à
bien ce projet; ça
nous a pris énormément de temps, en
fait depuis 2006
lorsqu’un producteur
m’a contacté pour
mettre ce projet en route. Ma démarche était d’aller au-delà des évidences concernant le conflit
israélo-palestinien et les prises de positions des
différents partis en cause, et de montrer une autre
vision, une autre manière de penser ce conflit qui
dure depuis des années. À travers mon personnage principal - Amin Jaâfari, ce médecin bien intégré dans la vie active à Tel Aviv - et dès la première séquence du film, on réalise l’ampleur de
ce drame avant tout humain : cet époux aimant
dont la vie paisible et bien huilée bascule lorsqu’il découvre que sa femme est impliquée dans
un attentat à la bombe. C’est le point de départ
d’une série d’interrogations, à mesure que le
médecin mène l’enquête sur la culpabilité de sa
femme, suivant les dédales de l’inconscient collectif, les prises de position hâtives, ces certitudes qu’on peut avoir et qui du jour au lendemain
peuvent s’avérer infondées. J’ai donc choisi de
traiter un sujet délicat sans parti pris, l’objectif
étant avant tout de revenir sur une problématique
réelle à travers une fiction, une histoire d’amour.
Quelle part de licence artistique vous
êtes-vous accordée par rapport à l’œuvre de
départ ?
Yasmina Khadra est un auteur doué qui vous fait
entrer avec brio dans son univers et ses écrits sont
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férocement critiqués dans le monde arabe. À la
lecture de son livre, j’ai été happé par sa façon
unique de raconter, de vous faire vivre dans la
peau de ses personnages. J’ai donc essayé le plus
possible d’être fidèle à son œuvre. A la fin de son
histoire le personnage principal sera tué, ce qui
ne sera pas le cas dans le film puisqu’en tant que
réalisateur j’ai dû personnaliser l’histoire en mettant la lumière sur le personnage d’Amin Jaâfari,
je me suis donc approprié la fin de l’histoire, j’en
ai fait une histoire personnelle, plus humaine.
Une partie du film a été filmée à TelAviv, en Israël. Comment s’est passé le tournage ?
Paradoxalement et malgré les a priori, je n’ai pas
eu de problèmes avec les personnes qui ont travaillé avec moi lors du tournage. Il faut préciser
qu’ils étaient tous de gauche, car les gens qui travaillent dans les arts sont en général tous libéraux, une élite de gauche. L’équipe était constituée de Juifs d’Irak et du Maroc qui parlent parfaitement arabe comme moi.
Le film est porté par le personnage du
médecin qui synthétise toutes les contradictions du Proche-Orient …
C’est l’histoire d’un docteur qui est censé sauver
des vies et qui découvre que sa femme est à l’origine d’un attentat à la bombe, c’est-à-dire
qu’elle a tué des personnes, volé leur vie, tout le
contraire de sa vocation de médecin.
L’Attentat a suscité moult remous.
Votre film aurait pu être nominé pour le prix
du meilleur film étranger par l’Académie
des oscars. Mais pour être admis à la sélection officielle, il fallait que le pays d’origine
le soumette. C’est-à-dire le Liban. Mais le
Liban a refusé ; quel est votre sentiment ?
L’industrie du cinéma reste très modeste au
Liban, parce qu’elle n’y trouve quasiment pas de
source de financement, mais aussi parce que le
gouvernement libanais est un obstacle pour le
septième art. Le Ministère de la Culture a refusé
que mon film représente le Liban parce qu’il
comprend quelques acteurs israéliens ! A titre
personnel, je suis très fâché par leur refus, mais
au sens plus large, je pense que leur attitude
décourage les gens comme moi à faire des films;
et que le Liban avait toutes ses chances avec
L’Attentat. Ils n’ont pas regardé les chances
potentielles pour le cinéma libanais mais ont fait
de mon film un prétexte politique. Or, je suis un
artiste et non un politicien. Le bureau de censure
n’a pas censuré un seul mot de mon film, ceci est
bel et bien la preuve que mon film ne dérange pas
pour son contenu...
Propos recueillis par
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FILL THE VOID
Les films du mois
(Le cœur a ses raisons) de Rama Burshtein,
avec Hadas Yaron, Yiftach Klein, Irit Sheleg.
Israel, 2013.
«11.6» de Philippe Godeau © JMH Distributions
11.6
16
de Philippe Godeau, avec François Cluzet,
Bouli Lanners, Corinne Masiero, Juana Acosta,
Johan Libéreau
Producteur et distributeur, Philippe Godeau
s’est lancé dans la réalisation en 2009 avec Le
dernier pour la route, film qui dépeint la lutte du
patron d’une agence de presse (François Cluzet),
qui combat sa dépendance à l’alcool loin de son
univers habituel, avec l’aide des Alcooliques
Anonymes.
Godeau revient dans 11.6 sur un casse qui
avait défrayé la chronique : celui qu’avait effectué sans aucune violence le 5 novembre 2009
Toni Musulin, un convoyeur de fonds, et qui lui
avait permis de dérober 11,6 millions d’euros à la
Banque de France. Après quelques semaines,
Musulin s’était rendu, avait restitué la plus grande partie de l’argent (on ne sait rien de 2,5
millions manquants), et avait été condamné à 3
ans, puis à 5 ans de prison ferme après son appel
(on ne fait pas de cadeaux à ceux qui roulent les
banques !). Son image dans le public est très rapidement devenue celle d’un Robin des Bois même
s’il n’a rien redistribué aux pauvres.
Philippe Godeau, à nouveau accompagné de
François Cluzet, raconte cette histoire dans un
film qui ressemble bien sûr à un polar, mais qui
rend un son très particulier du fait que l’histoire
et son épilogue sont déjà connus. Du coup,
Godeau et Cluzet s’attachent à faire sentir ce qui
se passe dans la tête de ce protagoniste taiseux, à
la fois fort (il pratique un art martial qui le fait
respecter de chacun) et fragile (il éprouve de
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grosses difficultés dans ses rapports à autrui).
Mais l’intérêt du film tient aussi, et peut-être
surtout, à la façon dont le cinéaste rend compte
du milieu social et professionnel dans lequel évolue Musulin. Il montre comment la pression
monte dans la tête et le cœur d’un convoyeur soumis aux pires conditions de travail, aux ordres et
aux humiliations quotidiennes des petits chefs de
son entreprise. Plus que l’appât du gain, ce qui se
dessine derrière l’élaboration du plan du casse,
c’est surtout le désir de se venger de ses supérieurs en les faisant licencier pour non respect
des consignes de sécurité qu’ils prétendent avoir
mises en place… Ce que Cluzet réussit magnifiquement à faire sentir sans paroles.
Autre qualité du film : le portraits de personnages faibles, presque borderline; formidable
Bouli Lanners en convoyeur de fonds un peu simple d’esprit, qui n’a qu’une petite souris à qui
donner son amour, qui croit en l’amitié de
Musulin parce que celui-ci le défend contre les
rires des autres convoyeurs et qui est perdu
lorsque celui-ci prend ses distances pour préparer
son coup ; formidable Corinne Masiero qui commence à percer sur les écrans, ici dans le rôle
ingrat d’une patronne de bistrot amante de
Musulin à qui elle donne tout sans rien recevoir
en échange… A cette attention portée à des personnages secondaires peu glamour, Godeau ajoute une capacité à laisser à tous, surtout à son protagoniste, de vastes zones de mystère. Une bonne
surprise pour un film d’un genre qu’on pourrait
croire éculé.
Serge Lachat
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Fill the Void montre la vie des Haredi ultraorthodoxes en Israël. Shira, dix-huit ans, rêve de
mariage. Lorsque sa sœur ainée Esther meurt en
couches, Yochay, son beau-frère, est poussé par la
communauté à partir se marier en Belgique. Sa
mère a une meilleure idée : et si Shira épousait
Yochay ? Entre le cœur et la raison, Shira devra
choisir, torturée par son désir de mener sa vie et
celui de satisfaire sa famille, face à la pression de
la communauté, en épousant le veuf.
C’est lorsque la réalisatrice, Rama
Burshtein, elle-même hassidique ultra-orthodoxe, a rencontré une jeune fille à un mariage,
que lui est venu l’idée de ce film. Cette jeune
fille, à peine majeure, était venue discuter à sa
table et la cinéaste avait remarqué qu'elle portait
à son annulaire une bague de fiançailles. Une fois
la jeune fille partie, une amie de Rama Burshtein
lui a confié qu'elle venait de se fiancer avec le
mari de sa sœur décédée depuis peu ; cette histoire singulière a enflammé l'imagination de Rama.
La caméra plonge les spectateurs avec subtilité mais sans fausse pudeur dans l’intimité de
cette famille hassidique orthodoxe vivant à Tel
Aviv, durant cette période délicate où la douleur
du deuil se mêle à la responsabilité pour la communauté de trouver une nouvelle femme pour le
veuf et une nouvelle mère pour le nouveau-né.
Dans la lignée de Wadjda (Scènes Magazine
n° 151, Avril 2013), premier film réalisé par une
cinéaste saoudienne en Arabie Saoudite, Le Cœur
a ses raisons marque à son tour l'histoire du septième art comme le premier film réalisé par une
cinéaste juive ultra-orthodoxe (Rama Burshtein,
née à New York) en Israël.
Le choix du sujet est inédit, et d’autant plus
surprenant que c’est une Juive appartenant à cette
communauté qui décide de le mettre en images.
La réalisatrice a voulu montrer que, malgré les
règles très strictes de ce milieu, les sentiments
existent, et que cet univers apparemment très
contenu et soumis à une obédience intransigeante, demeure humain, vivant et sentimental.
Malgré la volonté affirmée par la cinéaste de
rendre cet univers accessible à un public universel, Le cœur a ses raisons donne l’impression
d’être une fresque sociologique, presque un film
d’époque, dans lequel les protagonistes demeurent coupés du monde moderne, et, par conséquent, de notre réalité de spectateurs. La réalisa-
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trice défend sa création en insistant sur le caractère areligieux de son film ; elle s’est refusé
d’ailleurs à faire des comparaisons entre deux
univers, le religieux et le laïc. A ce propos, la religion juive n'ayant aucune règle relative à l’élaboration d'un film, cela a facilité la tâche de Rama
Burshtein, qui n'a pas rencontré beaucoup de
complications pour faire son film. Voulant
respecter les usages et ne pas trop se mettre en
avant, la cinéaste est allée trouver son rabbin, et
lui a parlé de son projet, ainsi que du thème
autour duquel il s'articulait. Ce dernier a demandé au mari de Rama de lire le scénario et de lui
fournir son approbation, et a finalement donné
son feu vert en lui signant une autorisation écrite. Un bout de papier symbolique qui fût précieux
lorsqu'il a fallu engager des figurants juifs, qui
auraient refusé d'apparaître dans le film sans l'approbation préalable d'un rabbin. Peut-être moins
méritoire que Wadjda quant aux risques pris par
sa créatrice, Fill the Void n’en est pas moins intéressant tant sur le plan sociologique qu’anthropologique, plus que sur le plan artistique.
Proposé par Israël pour la catégorie du
Meilleur Film Etranger aux Oscars de 2013, le
film n'a pas été retenu parmi les cinq derniers
nommés. En revanche, la comédienne Hadas
Yaron, dont l’interprétation tout en finesse est
magistrale, a été récompensée du Prix d'interprétation féminine à la Mostra de Venise de 2012. Ce
film a été nommé aux Spirit Awards comme
meilleur premier film et meilleur scénario.
Firouz Pillet
BESTIAIRE
de Denis Côté (2012)
Bestiaire est le sixième long-métrage de
Denis Côté. Ce cinéaste canadien d’expression
française a commencé par être critique de cinéma, puis auteur de quelques courts-métrages
remarqués avant de remporter un Léopard d’Or
(vidéo) en 2005 pour son premier long-métrage
Les Etats nordiques, puis un Léopard d’Argent et
un Prix de la mise en scène pour son troisième
film, Elle veut le Chaos en 2008. Carcasses, né
d’une résidence d’artiste, a été présenté à Cannes
en 2009 dans la Quinzaine des réalisateurs et
Curling a reçu le Prix de la mise en scène et le
Prix d’interprétation masculine en 2010 à
Locarno, dont le Festival sourit décidément à
Denis Côté. Son dernier film, Vic et Flo ont vu un
Ours, était en compétition à Berlin en février dernier, où il a remporté un Ours d’Argent de l’innovation. Bestiaire est un film difficile à classer : ni
tout à fait un documentaire animalier, ni vraiment
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«Fill the Void» de Rama Burshtein © ABC Distribution
une histoire racontée, c’est un essai poétique
(d’une poésie d’une infinie tristesse) et silencieux sur l’étrangeté des rapports entre humains
et animaux ! Le film s’ouvre sur une classe de
dessin où des étudiants reproduisent une gazelle
empaillée. On passe ensuite sans transition dans
un parc animalier de la région de Montréal filmé
en hiver. Certains animaux sont confinés à l’intérieur, d’autres comme les bisons ou les lamas
peuvent sortir. Mais la constante est l’enfermement : bovidés, grands félins, singes, oiseaux
(autruches et grues) sont enfermés dans des espaces plus ou moins restreints, à l’intérieur desquels ils peuvent somnoler, tourner en rond, se
cogner ou frapper plus ou moins violemment
contre portes et grillages (effet terrible des bruits
enregistrés)… Aucune voix off ne donne d’explication sur ces réactions des animaux ni sur les
gestes des gardiens. Aucun jugement n’est porté,
mais le spectateur suffoque, se sent étouffé par
cet emprisonnement qu’il sait définitif. Gêne
encore renforcée par des cadrages qui coupent les
animaux de manière étrange dans un geste violent du cinéaste cette fois-ci. Et le malaise est
encore plus grand dans l’atelier de taxidermie : la
violence exercée sur les corps morts (ici un
canard), les craquements d’os brisés, les peaux
arrachées puis recollées pour créer une fausse
vie sont à la limite du supportable.
La dernière partie revient au zoo dans une
saison plus chaude, certains animaux sont en
plein air… Mais le malaise persiste lorsque défilent les voitures des visiteurs qui viennent regarder et photographier les bêtes sans sortir de leur
voiture dans un safari qui prend les allures d’une
morbide procession. Dernière image : un éléphant s’éloigne, indifférent à ces humains qui
croient avoir touché à la vie sauvage !
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Denis Côté dit : « J’avais envie de filmer
toutes les manifestations où l’homme essaie de
montrer sa supériorité sur l’animal car je suis
toujours surpris par ce penchant naturel à vouloir le maîtriser ou l’apprivoiser ». De fait, il
devient difficile d’emmener innocemment ses
enfants au zoo après avoir vu ce film d’une force
étonnante !
Serge Lachat
VIRAMUNDO
de Pierre-Yves Borgeaud, avec Gilberto Gil.
Suisse, 2013.
Après plusieurs décennies de succès internationaux, Gilberto Gil, le maître de la musique
brésilienne, chef de file du tropicalisme, part
pour une tournée d’un nouveau genre à travers
l’hémisphère sud. De Salvador da Bahia, sa ville
natale, où il mène un cortège de carnaval, il se
rend dans les territoires aborigènes d’Australie,
puis dans les townships de Soweto, en Afrique du
Sud pour terminer son périple au cœur de
l’Amazonie brésilienne. Avec la même passion,
Gil poursuit son action débutée en tant que premier Noir devenu ministre de la Culture dans le
gouvernement de Lula : promouvoir la diversité
culturelle dans un monde globalisé. Gilberto Gil
transmet un message d’espoir aux Noirs de
Soweto et aux Aborigènes des territoires du Nord
de l’Australie, stupéfaits de savoir qu’au Brésil,
les Noirs peuvent accéder aux fonctions de
ministres, d’avocats, de médecins, de professeurs
d’Université. Au fil des rencontres et des
concerts se dévoile sa vision d’un futur pluriel,
polyculturel et interconnecté, riche d’espoirs,
d’échanges… et bien sûr de musiques métissées.
Le film documentaire de Pierre-Yves Borgeaud
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invite les spectateurs à suivre le périple de Gil à
travers l'hémisphère sud.
Né en 1963 à Monthey, Pierre-Yves
Borgeaud tourne en autodidacte des films Super8 avant d’écrire et de réaliser des courts métrages. Immergé dans l’univers musical, il travaille
comme journaliste indépendant, chroniqueur
jazz, cinéma & TV pour différents médias, mais
s’illustre aussi comme batteur et producteur de
musique, notamment avec le groupe Urgent Feel.
Il devient aussi l’un des pionniers suisses du
VJing – mixage live de ses propres images vidéo.
Pierre-Yves Borgeaud s’est déjà intéressé à
la musique analysée dans un contexte socio-politique : en 2007 sort son long-métrage, Retour à
Gorée, dans lequel le cinéaste revient avec le
chanteur sénégalais Youssou N’Dour sur les chemins du jazz et de l’esclavage. Ce documentaire
a connu un grand succès critique ainsi que dans
de nombreux festivals. Ce périple de Gilberto
Gil, qui milite pour la reconnaissance des cultures indigènes et pour leur accès à la vie politique
et culturelle de leur pays, nous entraîne dans un
périple captivant, accompagné par ses musiciens
- dont Gustavo di Dalva (percussions), et Jaques
Morelenbaum (violoncelle) ainsi que par les SudAfricains Vusi Mahlasela, surnommé «The
Voice», et Paul Hanmer (piano). L’image, la
photographie et le montage, particulièrement soignés, contribuent à rendre ce documentaire passionnant et à la bande-son entraînante.
Firouz Pillet
L’ECUME DES JOURS
de Michel Gondry. Avec Romain Duris, Audrey
Tautou, Gad Elmaleh, Omar Sy
Michel Gondry a assurément pris un risque
en adaptant L’écume des jours, livre marqué du
sceau a priori infâmant de la lecture obligée des
programmes scolaires.
Pour ceux qui y ont échappé ou pour rafraîchir la mémoire aux autres, Colin (Romain
Duris), secondé par Nicolas, son valet-ami
(Omar Sy), rencontre Chloé (Audrey Tautou); ils
tombent amoureux et se marient. Ils ont pour ami
Chick qui a une passion dévorante pour Jean-Sol
Partre dont il dévore les œuvres même sous
forme de pilules. Mais cette fantaisie et ce bonheur sont fauchés quand Chloé tombe malade, un
nénuphar poussant dans son poumon. L’argent
manque, Colin doit travailler dans des boulots
absurdes, leur appartement se rétrécit, Chick est
consumé par sa passion qui le tuera, et la mort
aura, comme toujours, le dernier mot.
Quelques indices pouvaient faire craindre le
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«Viramundo» avec Gilberto Gil © Looknow
pire dans ce projet. Le casting, rassemblant les
acteurs financièrement en vue du moment, fleurait le calibrage opportuniste et la promotion TV.
Pis encore, la nature forcément poétique du projet et les noms d’Omar Sy et d’Audrey Tautou
rappelaient l’ombre tutélaire et menaçante de
Jean-Pierre Jeunet. Restait pour se rassurer la
signature de Michel Gondry, seule promesse
garantissant une navigation sûre dans cette mer
d’écueils et, il est vrai, de préjugés. Au final,
Gondry réussit à dissiper certaines craintes: la
nature iconoclaste du roman est préservée, le casting est globalement juste et sa mise en scène n’a,
heureusement, rien du style grimaçant de JeanPierre Jeunet. La débauche d’énergie inventive et
le travail qu’elle implique impressionnent et
méritent à eux seuls le déplacement.
Gondry attaque son adaptation en déployant
son goût des mécaniques et des trucages à l’ancienne. Animation image par image, transparence, utilisation de cordes pour les raies de jour et
de tissus pour les taches de sang. Ce mélange de
Méliès et de théâtre associé à un vrai génie du
bricolage ludique assure un ravissement visuel
digne d’un théâtre baroque. Gondry poursuit ses
expériences visuelles entamées dans le vidéo clip
et poursuivies, notamment, dans Be Kind,
Rewind. Mais ces performances ont une exigence
qui constitue aussi leur limite : devoir épater en
permanence. L’intérêt s’épuise à la découverte et
les effets résistent mal à la répétition. La sonnette animée, la souris (par ailleurs très mal interprétée), la danse du “biglemoi“ montrent vite leur
limite et trahissent le manque d’organicité de leur
intervention. Mais le principal défaut de Gondry
est de ne pas avoir su adapter sa mise en scène
aux articulations dramaturgiques de son histoire.
Le roman peut se lire comme un condensé
de l’existence humaine, passant de l’innocence et
de l’amour triomphant où tout est fantaisie, à la
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vieillesse et la maladie qui chassent les humains
de l’Eden, les obligent au travail, forcément abrutissant, et conduisent à la mort, seule certitude.
Mais L’écume des jours n’est pas manichéen, il
constate avec mélancolie que tout contient le
germe de sa destruction, que tout est prédestiné à
dégénérer. La poésie se mue en absurde, la passion en obsession morbide.
La mise en scène a le défaut de traiter uniformément la première et la deuxième partie.
Bien sûr, les couleurs sont progressivement désaturées et finissent en noir et blanc, certes, les
événements deviennent de plus en plus dramatiques et l’appartement de plus en plus petit, mais
la caméra pose le même regard sur les situations.
Le style cartoonesque de Gondry, son rythme
soutenu, voire saccadé, ses changements de plans
rapides, perdurent alors qu’ils auraient dû ralentir et s’abandonner au temps de la narration. Le
film aurait dû cesser d’imprimer son rythme aux
événements et progressivement se reposer sur
eux, laisser les images de Vian se donner au spectateur. Le sentiment de perte et de deuil aurait eu
alors une chance de s’exprimer.
L’énergie de Gondry se retourne ainsi contre le film : la mécanique tourne à vide et ennuie
avant d’agacer tant elle révèle son incapacité à
émouvoir. Quelques scènes résistent néanmoins
comme celle de l’enterrement dans les marais,
mais il est trop tard, le film a cessé d’intriguer.
Dans ce cadre imposé, il était difficile pour
Romain Duris d’intérioriser son personnage,
mais son enthousiasme enfantin est communicatif, même si un peu forcé par endroit. Audrey
Tautou, par contre, réussit la performance de
maintenir son interprétation sur le fil et de
conserver à Chloé sa fragilité et son innocence
dans toutes les situations. Ce film est comme une
montre assortie de complications. On en admire
la mécanique et l’agencement, on admet que sa
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relative inutilité témoigne du génie de son créateur, mais on regrette qu’elle ne fasse que battre
le temps à la manière d’un métronome.
Il est possible que la mélancolie et la perte
ne fassent tout simplement pas partie du vocabulaire émotionnel de Gondry, cinéaste de l’emballement et de la frénésie.
David Leroy
- le film d’arts martiaux – The Grandmaster
confirme cette touche si caractéristique du
cinéaste : poétisation de l’instant figé, mélancolie inconsolable, voix off emplie de nostalgie. Ce
dernier opus s’inscrit, tant dans la forme que
dans le traitement, à la pâte de Wong Kar-wai.
Les effets de styles eux-mêmes ravivent les souvenirs des spectateurs : une attente dans une gare
figeant Zhang Ziyi, impassible face à des hom-
de sabres tournés de manière similaire dans Les
Cendres du temps.
Pour s’instruire sur les arts martiaux, véritable art de vivre en Chine, qu’il méconnaissait,
Wong Kar-wai est parti longtemps en Chine
continentale rencontrer des maîtres d'arts martiaux, pour se documenter sur leurs techniques et
leurs philosophies. Peu à peu, il s'est focalisé sur
la vie d'Ip Man, le maître de Bruce Lee, à qui il
rend ici hommage. Le cinéaste tenait à ce que les
combattants ne volent pas. Grand admirateur de
Kurosawa, il ne voulait pas l'on voie le sang ou
les corps meurtris mais tenait à peaufiner la précision de la gestuelle : cet aspect permet ainsi à
un public plus vaste de s’intéresser à son film,
qui va bien au-delà du film d’arts martiaux,
mêlant histoire, romance et politique … Mais,
sur ce point, le réalisateur reste allusif, que ce
soit sur l’invasion nippone de la Mandchourie, la
Grande Marche ou le protectorat britannique à
Hong-Kong. Pour le dernier combat de Tony
Leung, c'est par les pieds, puis les mains, que la
caméra de WKW dévoile la technique dans un
souci de souligner le geste chorégraphique. C’est
bien dans la précision de ces détails que le film
séduit, envoûte et captive un large public, bien
au-delà des férus d’arts martiaux.
Philippe Torreton dans «L’Ecume des jours» de Michel Gondry © Frenetic Films
THE GRANDMASTER
de Wong Kar-wai, avec Tony Leung Chiu Wai,
Zhang Ziyi. Hong-Kong, 2013.
Après quelques années d’attente, The
Grandmaster, le nouveau Wong Kar-wai, arrive
enfin sur les écrans; comme à l’accoutumée dans
la filmographie du cinéaste hong-kongais, ce
film est enivrant - avec une photographie splendide et picturale - mais complexe, et les méandres narratifs engendrent la troublante impression d’avoir visionné un grand film sans en avoir
pour autant cerné toutes les subtilités. Présenté
en ouverture de la Berlinale 2013, The
Grandmaster est de ces films qui captivent et
passionnent tout en laissant décontenancé, voire
perplexe.
En amont de ce film grandiose, une aventure créatrice qui a duré trois ans, de la Chine
enjouée du Sud au grand froid de Mandchourie,
et qui atteste que le cinéaste s’amuse à troubler
ses spectateurs, à les égarer dans des tourbillons
temporels, à brouiller les repères chronologiques
par le truchement d’ellipses et de narrations
enchevêtrées qui reflètent l’histoire selon les différents points de vue des protagonistes. Bien
qu’abordant un sujet méconnu de Wong Kar-wai
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Firouz Pillet
mes qui s’agitent autour d’elle, reflète l’attente
de Tony Leung dans Chungking Express ; ou des
prostituées d’une maison close montant des escaliers rappellent les marches escaladées
par Maggie Cheung dans In the Mood for Love;
enfin, l’utilisation de ralentis lors d’une scène
d’acrobaties martiales fait référence aux combats
WIN WIN
de Claudio Tonetti
On le fredonne un peu partout, le cinéma
suisse traverse ces derniers temps un discret
renouveau. Mais si l’intimidante avance que le
genre documentaire revendique sur les fictions
«The Grandmaster» de Wong Kar-wai © Filmcoopi
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helvétiques est frappante, il en devient effrayant
de considérer le fort déséquilibre de qualité entre
les films dramatiques et les comédies produits en
Suisse. Pourtant, attelé d’un fait divers amusant
(celui de l’ancien conseiller national jurassien
Pierre Kohler qui, en 2006, s’efforça d’organiser
la demi-finale de Miss Chine dans le Jura),
Claudio Tonetti s’engage à tenter de nous faire
rire. Bien maigre résultat, dès lors, que cette
comédie fluette qui se veut cocktail mêlant le
grotesque de la mixité culturelle et de gentillettes
attaques sur les vices du monde politique.
Ce n’est cependant pas faute de mauvaises
performances, puisque les acteurs s’avèrent, de
manière générale, plutôt compétents (parvenant
même, aux alentours des deux tiers du film, à
instiller quelques authentiques, même si
fugaces,
moments
d’émotion).
Passablement limitée, la réalisation est
néanmoins adéquate, même si le rythme
paraît parfois un tant soit peu forcé.
Malheureusement, il n’y a pas de remède
miracle pour faire rire, et même les
meilleurs acteurs ne parviennent pas toujours à insuffler de la vie dans un faible
scénario. Surtout lorsque ce dernier repose
sur ce style de comédie ‘interculturelle’,
déjà fatigué depuis le boom des ‘Chtis’,
d’autant plus décevante lorsque l’approche
est timide.
Ce que le sujet et son adaptation ne
fournissent pas en drôleries, ils le compensent peut-être avec une image attrayante
d’une Suisse, et tout particulièrement d’un
Jura, de carte postale. Faute de nous faire
réellement rire, ce nid de clichés peut
néanmoins être doté d’un certain charme.
Hélas ce n’est que faible consolation
puisque le périple de Paul Girard peine à s’extirper du conventionnel, mais l’important pour le
cinéma suisse c’est peut-être déjà de participer.
James Berclaz-Lewis
QUARTET
de Dustin Hoffman, avec Maggie Smith, Tom
Courtenay, Billy Connolly, Pauline Collins,
Michael Gambon. Grande-Bretagne, 2013.
Quel défi pouvait encore relever, après une
carrière exemplaire et magnifique, le talentueux
Dustin Hoffman, si ce n’est une première réalisation. C’est chose faite avec Quartet, film britannique inspiré de la pièce éponyme de Ronald
Harwood qui en a signé lui-même le scénario, dix
ans après l’Oscar obtenu pour son adaptation du
Pianiste de Roman Polanski. Le dramaturge s'é-
a
tait inspiré d'un documentaire suisse des années
80, qui décrivait le quotidien des résidents d'une
maison de repos fondée par Giuseppe Verdi,
lequel avait souhaité qu'après sa mort, la maison
soit ouverte à tout chanteur d'opéra ou artiste qui
n'avait pas fait fortune ou pensé à économiser (la
maison existe encore aujourd'hui). Maggie Smith
avait quant à elle déjà vu la pièce de théâtre, et
s'est laissée convaincre par Dustin Hoffman,
trouvant intéressant de marier à la fois le documentaire et la pièce de théâtre.
L’univers de prédilection demeure ici celui
des arts et de la scène, à travers cette histoire de
musiciens et chanteurs d’opéra vieillissants coulant des jours paisibles dans la pension de
Beecham House. L’arrivée de la cantatrice Jean
no, fait son entrée de reine, à la fois adulée et
détestée, elle focalise toutes les attentions au
détriment du spectacle annuel censé renflouer les
caisses de Beecham House.
A partir de là, seuls les sentiments mènent le
quatuor jusqu’à la catharsis et la réconciliation.
Les coulisses priment sur la scène, et on assiste à
peu de ‘‘répétitions’’ chantées. C’est là un choix
scénaristique judicieux de Dustin Hoffman qui
privilégie les scènes intimistes de ses vedettes, en
particulier celles entre les ex-époux Jean et
Reggie, magnifiquement incarnés par Maggie
Smith et Tom Courtenay. Merveilleusement
émouvants, ces derniers trouvent en Billy
Connolly et Pauline Collins, dans les rôles de
Wilf et Cissy, un double idéal tout aussi touchant
«Quartet» de Dustin Hoffman © Ascot-Elite films
Horton crée l’émoi parmi les pensionnaires et
ravivent des souvenirs enfouis, et les blessures
faites à ses amis Wilf et Cissy et à son ex-mari
Reggie, avec lesquels elle formait un quartet
légendaire durant leur jeunesse. Le groupe va
cependant devoir mettre ses différends de côté
pour un ultime concert qui permettrait d’aider
l’établissement menacé de fermeture. Qui dit
retrouvailles dit aussi remises en cause et secondes chances. Assez bavarde et cabotine, la première partie met en scène des individus esseulés
perdus dans leurs souvenirs de gloire passée ou
leur refus de vieillir. Quartet regorge de répliques
savoureuses à l’humour so british, avec son lot de
seconds rôles hauts en couleurs et judicieusement
recrutés, comme ce chef d’orchestre à la retraite
exécrable et dictatorial campé par Michael
Gambon. Quand Jean, l’ancienne grande sopra-
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même si moins meurtri par la vie. Les deux duos
se croisent, se disputent, se quittent pour mieux
se retrouver, à l’instar des héros de Beaucoup de
bruit pour rien de William Shakespeare.
Retraite, vieillesse et déboires sont reléguées au second plan au profit de l’amour sur
une partition musicale entraînante (Une trentaine
de titres, dont les classiques de Verdi Bach et
Rossini qui ravivent la flamme) qui mêle passé et
présent des protagonistes.
On sort de cette projection revigoré, l’esprit
joyeux, empli d’optimisme quant à nos vieux
jours puisque Quartet prouve que les maux
d’hier alimentent les espoirs d’aujourd’hui.
Heureuse initiative de Dustin Hoffman, de passer
ainsi à la réalisation ! A quand sa prochaine création ?
Firouz Pillet
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Violetta, ensuite il change complètement, il la
défend et enfin il veut l’unir avec son fils…
mais c’est trop tard !
grand théâtre de genève
Diana Damrau
La soprano Diana Damrau sera la Traviata au mois de mai à Zürich, et
donnera un récital le 24 au Grand Théâtre de Genève, accompagnée par le
harpiste Xavier de Maistre. Entretien.
Vous êtes tout juste de retour de NewYork où vous avez triomphé dans Rigoletto,
puis dans Traviata en prise de rôle. Vous
chantez souvent au Metropolitan…
Oui, nous sommes restés 3 mois à New-York
avec ma famille et je suis encore en plein décalage horaire ! J’ai déjà fait 6 prises de rôles au
Met, j’ai chanté des rôles de coloratura, comme
Zerbinetta ou Adèle dans Le Comte Ory avec
Juan Diego Florez et Joyce DiDonato, mais
aussi du Mozart avec Pamina et la Reine de la
Nuit, ainsi que des emplois un peu plus dramatiques comme Lucia di Lammermoor, ou
Hélène d’Egypte de Strauss.
Y a-t-il déjà des rôles, en particulier
dans la catégorie coloratura, que vous ne
chanterez plus ?
Dieu merci, je crois que je peux encore chanter
tous ces rôles ! Mais c’est vrai qu’il y a de plus
petits personnages que j’ai faits dans le passé,
que je ne peux plus mettre à mon programme
aujourd’hui, alors que je chante Lucia ou
Traviata… lorsqu’on a la chance de pouvoir
choisir, on chante plutôt les grands rôles, n’estce pas ! Si on prend la Reine de la Nuit par
exemple, je pense qu’on peut la garder pendant
un certain temps, tant qu’on reste dans un type
de répertoire. Mais il ne me serait pas possible
– et je m’y refuse ! – de l’alterner pour certains
soirs avec Traviata.
Une petite question sur Bellini, vous
avez abordé il y a deux ans i Puritani à
Genève, et puis vous débuterez prochainement dans Sonnambula…
C’est une petite évolution de mon répertoire.
Sonnambula est un rôle que j’ai toujours voulu
chanter, et je vais démarrer à Barcelone puis au
Met. Sonnambula est bien moins difficile et
mons long que Puritani, surtout qu’à Genève
nous avions joué une version presque sans coupures ! Et en tout cas, pas de débuts dans Norma
pour les 10 prochaines années !
Alors, ces débuts dans Traviata à NewYork, faut-il attendre de nombreuses années
avant d’aborder ce rôle ?
Ça s’est super bien passé ! Par coïncidence, j’ai
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Damrau Diana © Dan Ettinger
fait mes débuts dans le rôle de Traviata au Met
l’année du bicentenaire Verdi, et maintenant je
vais le reprendre un peu partout ! J’aurais dû
faire ma première Violetta l’année dernière à
Bilbao, mais à cause de la naissance de mon
second bébé, je n’ai pas pu. Le challenge – et
même le risque – était de chanter après la naissance, en faisant une prise de rôle : Traviata au
Met ! J’ai attendu longtemps afin d’être prête
pour ce rôle qui est pour moi un sommet dans
mon développement vocal. C’est une histoire
aussi très intense, émotionnelle, le personnage,
le voyage qu’il fait, il faut être capable de jouer
et d’exprimer ces sentiments par la voix. Verdi a
vraiment écrit pour trois voix, légère au 1er
acte, lyrique au second qui est le cœur de l’ouvrage avec ces grands arcs mélodiques dans le
duo avec Germont, et puis dramatique au III où
l’on doit chanter pianissimo avec toutes les couleurs qu’on possède à côté d’éruptions comme
« Gran Dio ! Morir si giovine ».
Vous n’étiez pas seule en prise de rôle,
il y avait avec vous un autre « débutant » :
Placido Domingo dans le rôle de Germont…
C’était une situation vraiment utopique pour
moi ! A 12 ans j’avais vu le film de Zeffirelli à
la télévision avec Stratas, et Domingo en
Alfredo, cela avait été déterminant pour mon
avenir. Au Met, il a superbement chanté,
Germont lui va très bien vocalement, il est aussi
un acteur impeccable et émouvant dans le développement du rôle. Au début il est très dur avec
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Concernant votre prochain récital,
vous serez accompagnée par le harpiste
Xavier de Maistre avec qui vous collaborez
depuis plusieurs années…
Nous nous connaissons depuis plus de 10 ans je
crois, et nous sommes amis. Xavier est pour moi
le meilleur harpiste au monde ; il était auparavant
dans les Wiener Philharmoniker, et mène depuis
quelques années une carrière solo. Un soir nous
parlions de nos préférences musicales : il me disait qu’il aime les mélodies françaises… et moi
aussi ! et dommage qu’on ne les joue pas assez
souvent dans les récitals. En poursuivant la discussion, il m’indique qu’il peut jouer à la harpe
cet air-ci, et cet autre aussi… alors je lui dis :
« quoi ? montre-moi ! » J’étais très étonnée des
capacités de la harpe comme instrument, à la fois
solo et accompagnateur. Etonnée aussi de la force
de cet instrument, il n’est pas restreint à de gentilles cantilènes à jouer au clair de lune ! A côté
des compositeurs français, nous avons essayé
Mozart, Schubert, Schuman, et aussi Richard
Strauss qui convient magnifiquement. Le programme de notre récital est allemand et français
en deuxième partie, et montre toutes les facettes
de l’instrument… et de ma voix j’espère !
Une question plus personnelle, vous
êtes mariée avec le baryton-basse Nicolas
Testé, essayez-vous de chanter ensemble sur
certaines productions ?
Oui, pour les prochaines années nous avons réussi à planifier nos agendas afin de passer notre
temps ensemble, dans les mêmes régions, dans
les mêmes théâtres, et aussi parfois sur les
mêmes productions. A New-York, Nicolas faisait
la couverture de Méphistophélès. L’année prochaine au Met il chante Colline dans Bohème tandis que je me produirai dans Sonnambula, et prochainement à Berlin il chantera dans Lucia et moi
dans Traviata. Nous chantons régulièrement
ensemble en récital, et nous serons aussi ensemble à l’affiche du Theater an der Wien au mois
d’octobre prochain. Il s’agira de la première
mondiale de A Harlot’s Progress du jeune compositeur Iain Bell ; cet opéra est un peu – si l’on
veut – la « sœur » du Rake’s Progress de
Stravinsky. J’y chanterai le rôle principal et
Nicolas plusieurs rôles de basse.
Propos recueillis par François Jestin
Grand Théâtre de Genève, le 24 mai à 19h30 (billetterie :
022/322.50.50 et www.geneveopera.com/)
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au grand théâtre de genève
Leonardo Garcia Alarcon
Argentin d’origine, Leonardo García Alarcón est aussi Genevois, puisqu’il
réside dans la cité des bords du Léman depuis de nombreuses années. Ce
tout jeune chef baroque essaime son inlassable talent, du festival
d’Ambronay à celui d’Aix-en-Provence, à la tête de l’ensemble Cappella
Mediterranea, qu’il dirigera le 12 mai prochain en accompagnant Anne
Sofie von Otter.
Juste consécration, il vient de recevoir à
Paris le Grand Prix 2013 de la Presse Musicale
Internationale. C’est au cours de la remise de ce
prix que nous l’avons rencontré.
Il y a, au plan musical, des ponts entre
Genève et l’Argentine. Pouvez-vous y revenir ?
22
Ces ponts sont nombreux. Peu de gens savent,
par exemple, que l’Orchestre de la Suisse
Romande a été fondé grâce à l’aide financière
d’une dame de Buenos Aires, qui était, pour la
petite histoire, la maîtresse d’Ansermet. On
possède des lettres d’Ansermet qui s’adresse à
elle en ces termes : “ Vous savez, la Suisse n’est
pas un pays aussi riche que l’Argentine… ” Ce
qui aujourd’hui peut surprendre, mais vers 1918
était tout à fait vrai. Les retournements de
l’Histoire ! Puis il y a eu la grande période de
Carlos Kleiber, Daniel Barenboim et Marta
Argerich, dans les années 80, artistes argentins
de réputation mondiale qui n’ont pas pu, bien
entendu, ne pas passer par Genève. On pourrait
multiplier les exemples, car la tradition musicale est longue en Argentine.
Et pour vous-même, qu’en est-il ?
J’ai reçu ma première formation musicale en
Argentine, mais je dois à Genève de l’avoir
complétée, au Conservatoire et au Centre de
Musique Ancienne. J’ai alors été pendant huit
ans organiste dans un temple calviniste de la
ville, ce qui était idéal pour moi qui suis nourri
de Bach depuis ma petite enfance. En Europe,
mais surtout en Suisse, je dois d’avoir pu rencontrer, et même travailler avec, Gardiner,
Savall, Herreweghe... Ma collaboration avec
Gabriel Garrido a été sur ce point déterminante,
qui m’a lancé dans la carrière.
Parlez-nous des particularités des
musiques baroques des Amériques…
Il est intéressant de noter que les instruments en
Amérique latine conservent toujours l’héritage
baroque. Les violons continuent à être portés de
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la même façon qu’il y a trois siècles. Le charango, instrument typique actuel des Amériques,
dérive de la vihuela, l’ancêtre espagnol de la guitare. N’oublions pas que la guitare était très utilisée à ce moment en Europe, comme les quatre
guitares obligées dans les opéras de Lully ! Les
harpes paraguayennes, autre exemple, restent
identiques aux harpes baroques italiennes. Le
clavecin a aussi survécu très longtemps. Car ces
pays n’ont pas véritablement connu le romantisme comme en Europe, période qui correspond
chez nous au moment de l’indépendance. C’est
ainsi qu’en musique, la technique baroque a subsisté. Un exemple : le folklore est très assimilable
à un répertoire espagnol des XVIe et XVIIe que
l’on appelle tonadas, tonos ou tonos humanos, du
temps des littérateurs Calderón et Quevedo. Une
sorte de miracle de conservation ! Alors que
l’Europe avait perdu cette filiation.
Vous souhaitez, semble-t-il, défendre
davantage les musiques de votre continent
d’origine…
J’ai quelques projets. J’aimerais faire des
concerts relatifs aux musiques des Jésuites en
Amérique : de formidables chœurs à trois ou
quatre voix, d’une science inimaginable,
comme ceux de Juan de Araujo ou Domenico
Zipoli à la fin du XVIIe siècle.
Dites-nous quelques mots de l’opéra
de Cavalli que vous allez donner, et recréer,
au prochain festival d’Aix…
Elena de Cavalli serait l’un des premiers opéras-comiques de l’Histoire. La trame est absolument délirante. L’équivalent de la Belle Hélène !
Et quelle musique ! Mais comme toujours chez
Cavalli, il y a une prépondérance du récitatif. Je
fais une grande confiance à Jean-Yves Ruf, un
metteur en scène très intéressant qui, à mon
avis, va dans le sens de la lecture musicale. Je
crois au succès de l’entreprise, et ce sera certainement une forme de révélation.
Jusqu’à présent vous avez surtout
joué le répertoire baroque italien, espagnol
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Leonardo Garcia Alarcon © Jacques Verrees
ou des Amériques. Mais vous êtes en passe de
l’élargir...
J’ai effectivement le projet d’aborder le XIXe
siècle et le XVIIIe siècle tardif. J’ai déjà commencé avec Rossini, La Cambiale di matrimonio, que j’ai donnée avec l’Académie
d’Ambronay à Ambronay et à Versailles. Je
pense m’attaquer maintenant à Bellini, pour
retrouver les ornements à la manière de Chopin.
Puis à Mozart, à commencer par Idomeneo.
Mais il y aura une place pour Piccini, le rival de
Gluck, et également Cherubini. Ce qui m’amène tout naturellement à Méhul, sa première
symphonie, et à Berlioz, Harold en Italie, que je
vais bientôt exécuter au concert.
Vous résidez à Genève. Comment cela
se passe-t-il ?
À Genève, ce qui est formidable c’est que l’on
peut transporter avec soi ses origines. C’est une
ville fortement cosmopolite. La ville m’a reçu
comme professeur au Conservatoire, où j’ai pu
créer une classe de chant baroque qui n’existait
pas auparavant. Cette ouverture, ce regard vers
le futur et les idées nouvelles, je ne suis pas sûr
que d’autres cités l’offrent à ce degré. J’ai été
adopté par ce pays et je l’ai adopté. Je suis
Argentin, mais il possible que dans deux ans
j’acquière la nationalité suisse.
Propos recueillis par Pierre-René Serna
Le 12 mai, Leonardo Garcia Alarcon dirigera La
Cappella Mediterranea lors du récital que donnera la
mezzo-soprano ANNE SOFIE VON OTTER au Grand Théâtre
de Genève à 19h30. L’artiste lyrique interprétera des airs
(Monteverdi, Cavalli, Provenzale, Rossi...) du baroque
italien tirés de son dernier CD Sogno Barocco.
Billetterie : 022/322.50.50 et www.geneveopera.com
Le 14 mai, les mêmes artistes se produiront avec le même
programme à la salle Gaveau à Paris.
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chat botté et américaine à genève
Stéphanie Lauricella
La jeune mezzo coloratur américaine de 28 ans Stéphanie Lauricella,
membre de la troupe des jeunes solistes, sera le Chat botté
au Grand Théâtre. Entretien.
A la fin de son engagement à Pittsburgh, elle
a passé une audition en présence de Tobias
Richter aux Etats-Unis, à l’issue de laquelle elle
a obtenu cet engagement. Cela lui semblait être
l’occasion d’établir des contacts professionnels
en Europe, de chanter de nouveaux rôles et d’apprendre le français ! Elle ne l’a étudié que peu au
collège mais compte beaucoup sur son nouvel
entourage, sur la télévision et les CDs pour s’améliorer. Un séjour en Europe est aussi une
bonne carte de visite qui a de l’importance aux
USA, d’ où son agent peut lui organiser des auditions.
Elle n’est à Genève que depuis janvier 2013
et déjà elle a pu faire ses preuves dans l’une des
filles du Rhin du Rheingold ; bientôt elle incarnera la deuxième Dryade de Rusalka et participera
à la Walkyrie. Les Genevois l’ont entendue également lors de la journée portes ouvertes dans deux
airs, l’un de la Cenerentola, dont elle a déjà interprété le rôle, et l’autre de Roméo et Juliette.
A Genève, les jeunes solistes ne bénéficient
pas de cours mais travaillent uniquement sur les
parties qu’ils auront à tenir. Ils se préparent aussi
pour leurs projets personnels, mais sous leur propre responsabilité et à leurs frais.
Stéphanie Lauricella
Stéphanie Lauricella ne connaît pas encore
ses collègues, car elle est la dernière arrivée, au
milieu de la saison. Elle a hâte que cela change,
grâce au Chat botté. Une chance pour elle que
son premier opéra en français soit destiné aux
enfants : le texte est simple et la musique charmante. Elle a pu aussi trouver de l’aide en regardant le DVD du spectacle de l’Opéra National du
Rhin.
Que pense-t-elle de Genève ? Elle se sent
bien dans son petit appartement peu éloigné du
théâtre, trouve la ville belle mais chère et s’étonne de la tranquillité la nuit. Lorsqu’elle ren-tre le
soir, il n’y a personne dans les rues !
Evidemment cela change de New York… !
Souhaitons-lui bonne chance, en particulier
pour son premier Compositeur (Ariane à
Naxos) en Virginie (janvier 2014) et pour une
carrière similaire à celle de Joyce di Donato,
son modèle.
D’après des propos recueillis et traduits
par Martine Duruz
«Le Chat Botté» à l’Opéra National du Rhin, photo alain Kaiser
Le Chat botté, pour les enfants
au Grand Théâtre
L’œuvre du compositeur russe d’ascendance
française, César Cui, membre du groupe des
Cinq, sera représentée au Grand Théâtre les 11 17
et 18 mai à 19h30 et pour les écoles le 17 à 10h
et 14h30. Cette année 2013 est l’occasion de fêter
le centième anniversaire de sa création, qui fut
précédée en 1911 par Le Petit Chaperon rouge,
premier essai de Cui dédié aux enfants.
La partition originale du Chat botté a disparu et seule une version pour chant et piano subsiste. Le Grand Théâtre a chargé la compositrice
russe Elena Langer de réaliser une version
orchestrale pour l’Orchestre du Collège de
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Genève. Ce dernier sera placé sous la baguette de
Philippe Béran, qui dirigera aussi les solistes,
dont la plupart font partie de la jeune troupe en
résidence du Grand Théâtre, et la Maîtrise du
Conservatoire populaire de musique, danse et
théâtre. Jean-Philippe Delavault, à qui l’on doit la
traduction française et l’adaptation du livret, nous
dit dans ses notes de mise en scène : « Le conte
du Chat botté (…) est une apologie de l’ambition
dans tout ce qu’elle a de meilleur.(…) Le talent
peut braver et vaincre les barrières sociales : c’est
le message résolument optimiste qu’il nous délivre. »
Les décors de Caroline Ginet ont été inspirés
par les gravures de Gustave Doré illustrant les
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contes de Perrault et le style théâtral des gravures du XIXe siècle. Les costumes de Sue Lecash,
plus symboliques qu’historiques, ont puisé à la
même source d’inspiration.
La distribution sera la suivante : le Chat,
Stéphanie Lauricella ; Jean, Fabrice Farina ; le 2e
Frère et l’Ogre, Khachik Matevosyan, le Frère
aîné , Romaric Braun ; le Roi, Marc Scoffoni ; la
Princesse, Elisa Cenni.
Aucun risque d’ennui, le spectacle ne dure
qu’une heure, une heure de rêve et d’enchantement pour les uns, de réflexion psychanalytique
pour les autres, selon les natures…
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bossu, laid, sensible, plein d’énergie et de force
pour se défendre et lutter, qui a pitié de luimême mais n’est pas exempt de culpabilité. Son
costume brillant lui sert à cacher sa difformité.
Les autres rôles d’importance seront tenus
par Ricardo Mirabelli (le Duc), Rosa Elvira
Sierra (Gilda) et Anita Dafinska (Maddalena).
L’orchestre symphonique de Bienne sera dirigé
par Franco Trinca.
vernier
Rigoletto
Les 31 mai, 2 et 4 juin, Vernier présente à la Salle des Fêtes du Lignon
Rigoletto de Verdi, une production du Théâtre Bienne-Soleure, dans une
mise en scène de Beat Wyrsch.
Le Théâtre
Bienne-Soleure
Beat Wyrsch est Directeur,
depuis la saison 2007-2008, du
théâtre Bienne-Soleure, et
Rigoletto sera sa dernière intervention avant son départ à la
retraite.
Scènes Magazine lui a posé
quelques questions sur la production que les Genevois découvriront bientôt, sans avoir besoin
de voyager :
24
Le spectacle est actualisé et
se déroule dans les années 50. A
l’origine, l’action - dont le livret est dû à Francesco Maria
Piave d’après Le Roi s’amuse de
Victor Hugo - se situe à la
Renaissance. Beat Wyrsch a
choisi une époque plus proche
de nous pour éliminer la distance historique, sans en faire toutefois un drame d’actualité. Plus
que la fresque politique ou
sociale, ce qui compte pour lui,
c’est la psychologie des personnages et les relations entre eux.
Ils sont en lien avec notre
époque.
L’idée de base est celle du
théâtre dans le théâtre. Deux
mondes s’opposent : celui de la
cour et celui de Rigoletto et de
sa fille. Le Duc veut, en enlevant
Gilda, la faire passer brutalement d’un monde à l’autre. Son
père ne parvient pas à la protéger de l’univers
de la frivolité et des plaisirs, univers dans lequel
il évolue pourtant lui-même et se laisse contaminer par la méchanceté et les mensonges des
courtisans. Il deviendra même criminel au
moment où il donne au spadassin Sparafucile
l’ordre de tuer le Duc. Le personnage est donc
ambigu, partageant son existence entre son logis
modeste où il enferme sa fille pour préserver sa
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«Rigoletto» © Edouard Rieben
pureté, et la cour où il exerce la fonction du
bouffon sarcastique et sans pitié.
Les chanteurs sont ou ont été membres de
la troupe du Théâtre Bienne-Soleure. Le metteur en scène les connaît bien et a travaillé avec
eux dans une atmosphère familiale ; le baryton
italien Michele Govi par exemple, interprète du
rôle-titre, avait participé à sa réalisation des Due
Foscari de Verdi. Il sera un Rigoletto vieux,
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L’exiguïté des scènes
de Bienne et Soleure n’a
jamais été un problème
pour Beat Wyrsch, puisqu’en tant que fondateur du
Pocket
Opera
en
Allemagne, il avait déjà
l’habitude des surfaces
limitées. Cela donne, dit-il,
la possibilité de se concentrer sur les personnages plutôt que sur les décors et la
machinerie. Précisons que
depuis 1998, l’Ensemble
dispose pour les grands
opéras du cinéma Le Palace
qui offre 550 places.
Les saisons sont établies en fonction des
dimensions de la scène
mais aussi bien sûr du
public local. Dans le passé,
des expériences ont été faites mais se sont révélées
peu concluantes : c’est
pourquoi la musique
contemporaine n’est plus
envisagée aujourd’hui. En
revanche le public se montre intéressé par les œuvres
relativement peu connues,
comme La Cecchina de
Piccinni, ou Antigono de
Josef Myslivecek (compositeur praguois du 18ème
siècle) ou Die Weisse Rose de Zimmermann.
D’après des propos recueillis par
Martine Duruz
31 mai, 2 et 4 juin. Salle des Fêtes du Lignon à 20h, dim
à 15h (www.vernier.ch/billetterie, ou Stand Info Balexert)
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une rareté à vevey
La Cecchina
Hôte d’un soir du Théâtre de Vevey, la troupe lyrique du Théâtre de
Bienne-Soleure y présente le mercredi 22 mai prochain sa production
maison de La Cecchina ossia la buona figliola, drama giocoso en trois actes
de Niccolò Piccinni sur un livret de Carlo Goldoni, dans une mise en scène
d’Alexander von Pfeil, avec Harald Siegel à la tête de l’Orchestre symphonique de Bienne. Une œuvre emblématique d’un genre hybride appelé à
connaître un large succès : l’opera semiseria.
Le compositeur
La Cecchina a connu pendant plus de vingt
ans un succès fulgurant en Europe après sa création à Rome en 1760. Elève à Naples de Leo et
de Durante, Piccinni composa plus de cinquante opéras, consacrant la naissance d’un genre,
l’opera semiseria, dont La
Cecchina est un des premiers et
plus parfaits exemples. Invité à
Paris par Marie-Antoinette,
Piccinni y entretiendra des relations
amicales avec Gluck, en dépit de la
fameuse Querelle des gluckistes et
des piccinnistes qui les confronta
entre 1775 et 1779. Héros malgré lui
des adeptes de l’opéra italien opposés à ceux de la tragédie lyrique à la
française – querelle sans vrai vainqueur, quand bien même Gluck
s’imposera comme le grand rénovateur de l’opéra français - Piccinni
retournera à Naples à la Révolution,
mais reviendra en France en 1798,
pour y devenir, peu avant sa mort en
1800, inspecteur de l’enseignement
au Conservatoire.
Apprécié de Haydn, qui monta
La Cecchina à Eszterhazà, mais
aussi de Mozart dont La Finta
Giardiniera, en 1775, est elle aussi
basée sur ce même type de livret –
Sandrina y étant en réalité une comtesse – Piccinni était surtout tenu en haute estime par Rossini, dont un des ouvrages est lui aussi
estampillé semiseria : La gazza ladra de 1817.
L’œuvre
Le marquis de la Conchiglia, qui aime
Cecchina, la jardinière du château, est en butte
aux intrigues de son entourage, qui cherche à tout
prix à mettre fin à cette idylle inconvenante jus-
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qu’à l’arrivée de Tagliaferro, un soldat allemand
qui révèle que son colonel et baron, vingt ans
plus tôt, avait perdu une petite fille reconnaissable à une tache lie de vin sur son sein. Or il s’avère que la petite Mariandel n’est autre que
Cecchina ! Rien ne s’opposera dès lors à ce que
«La Cecchina» © Edouard Rieben
les tourtereaux convolent en justes noces !
Sur cette intrigue convenue, Piccinni a composé une musique qui ne manque pas de
moments forts. Notamment, au premier acte, l’air
de Cecchina Una povera ragazza et le Finale, très
dramatique, avec une alternance de tonalités
majeures pour suggérer l’hostilité des gens du
château et mineures pour traduire les implorations de Cecchina.
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Au 2e acte, trompette et trombone marquent
l’arrivée de Tagliaferro, avec un comique que
Haydn reprendra dans l’Infedelta delusa, consistant à mélanger l’italien et l’allemand. Cet acte
marque aussi le point culminant de l’opéra, avec
le récitatif et l’air d’inspiration populaire Vieni, il
mio seno, doté d’un accompagnement comportant des instruments traditionnels napolitains,
comme le colascione, la mandoline et le mandolone. A la fin de l’acte, la confusion est à son
comble et les fils de l’intrigue déjà dénoués. Au
3e acte, on peut relever les effets comiques d’imitation du bruit du canon de l’air guerrier de
Tagliaferro Ah, comme tutte je consolar, dont
Haydn, encore lui, se souviendra dans son
Incontro improviso, en 1775.
La production biennoise
Donnant régulièrement leur chance à de jeunes artistes, le Théâtre de Bienne-Soleure achève
avec La Cecchina une saison lyrique
qui a enchaîné les chefs-d’œuvre :
Idomeneo de Mozart, Eugène Onéguine
de Tchaïkovski, Hänsel et Gretel de
Humperdinck, le Pays du Sourire de
Lehar et Rigoletto de Verdi. En tête de
la distribution de La Cecchina, on trouve la soprano portugaise Raquel
Camarinha, qui s’est déjà distinguée
dans des rôles aussi divers que Tatiana
de Fairy Queen à Bienne déjà, Eurilla
d’Orlando Paladino de Haydn au
Châtelet, ou encore Pamina, Zerlina,
Eurydice d’Orphée aux Enfers et Polly
de Dreigroschenoper. A ses côtés, on
trouvera des chanteurs expérimentés
comme Rosa Elvira Sierro (Lucinda)
ou William Lombardi (le Marquis),
ainsi que de jeunes interprètes issus du
Studio suisse d’opéra de Bienne.
A noter encore que le metteur en
scène allemand Alexander von Pfeil a
choisi de moderniser l’action. Il la
situe au début de XXe siècle, époque
où la hiérarchie entre aristocrates et
serviteurs était encore très stricte.
Décors et costumes sont de Piero Vineiguerra.
La Cecchina est jouée 15 fois entre le 12 avril et
le 7 juin : 8 fois à Bienne, 5 fois à Soleure, 1 fois
à Burgdorf et à Vevey.
Yves Allaz
Réservation pour Vevey : 021.925.94.94
www.billetterie.theatredevevey.ch
Réservation pour Bienne : 032.328.89.79
www.theater-biel.ch
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opéra de lausanne
Prochaine saison
lyrique
Rentré dans ses murs en automne dernier, l'Opéra de Lausanne a volé de
succès en succès pendant sa première saison jouée dans un théâtre dont
l'équipement technique a été entièrement rénové. La saison prochaine est
une période de consolidation, assortie d'une prise de risques calculée, qui
verra un nombre important de productions étrennées sur la scène vaudoise
avant de partir à l'étranger vers les théâtres coproducteurs comme l'Opéracomique de Paris ou l'Opéra Royal de Wallonie.
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La recette qui a conduit au succès actuel
d'une programmation où quasiment toutes les
grandes productions lyriques affichent complet
sera reprise l'an prochain. Aux vedettes confirmées se joignent quelques jeunes chanteurs aux
talents prometteurs qui trouvent à Lausanne
l'occasion idéale d'élargir leur répertoire dans
des conditions de répétitions que beaucoup de
grands théâtres ne peuvent tout simplement pas
s'offrir.
Programmation
L'ouverture des feux aura lieu le 4 octobre
avec Lakmé de Leo Delibes, un titre qui a connu
d'innombrables reprises sur les scènes françaises jusque dans les années qui ont suivi la fin de
la deuxième guerre mondiale avant de sombrer
dans une somnolence dont on l'arrache trop peu
souvent eu égard à ses grands mérites musicaux.
Tout le monde connaît, certes, le duo des fleurs
(qui a servi de musique de fond à une campagne
de publicité pour une grande compagnie aérienne britannique) ou le non moins célèbre “Air des
clochettes“ dont Maria Callas avait fait un tube
dans sa version en langue italienne, évidemment). Mais l'œuvre ne se limite pas à ces deux
airs; elle est riche de trésors oubliés, même si le
livret est marqué au sceau d'une condescendance apitoyée de colons insolents qui se croient
tout puissants envers ces 'gentilles' populations
autochtones considérées comme primitives...
Or, dans les faits, il s'agit tout de même d'une
intrigue qui se déroule aux Indes! L'héroïne sera
incarnée par une jeune soprano coloratur prometteuse, Julia Bauer, alors que le rôle de
Nikalantha sera confié au baryton russe Daniel
Kolossov, qui vient d'incarner sur ces mêmes
planches Angelotti dans Tosca avant de repren-
a
dre le rôle de Bartolo dans la série de représentations des Noces de Figaro qui clôt cette saison. Le ténor, à qui sont dévolues quelques très
belles mélodies au charme à la fois suranné et
envoûtant, aura les traits et le gosier agile de
Christophe Berry, un artiste déjà présent à
Lausanne dans Roméo et Juliette et, plus récemment, L'Aiglon. La mise en scène a été confiée
à Lilo Baur, une comédienne et metteuse en
scène suisse qui travaille essentiellement à
Londres et dont les états de service sont déjà
fort impressionnants, même si elle n'a pas encore amassé une grande expérience sur les planches lyriques.
Pour les Fêtes, le choix de la Direction s'est
porté sur un titre qui, lui aussi, fut extrêmement
populaire (qui n'a jamais fredonné : “Je suis
Sébastien Guèze fera partie des «Mousquetaires au
couvent», en fin d’année
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l'abbé Bridai-ai-ai-ne...“ ?) avant de sombrer
dans un relatif oubli : Les Mousquetaires au
Couvent de Louis Varney. L'intrigue de cet
opéra comique à la musique originale et aux raffinements musicaux inattendus dans ce type de
répertoire rappelle de loin celle du Comte Ory
de Rossini avec ses gais lurons déguisés en
pieuses nonnes pour retrouver leurs amoureuses
qu'on essaie d'arracher à leurs griffes avides de
sang frais ! La mise en scène en sera réglée par
Jérôme Deschamps, l'actuel directeur de
l'Opéra-comique de Paris et réunira une brochette de chanteurs français connus parmi lesquels on retrouve avec plaisir Franck Ferrari
dans un des rôles principaux (il incarnait notamment Belcore dans le spectacle de réouverture
en octobre 2012); il sera secondé dans ses entreprises audacieuses par Sébastien Guèze (Fritz
dans La Grande duchesse de Gerolstein en
décembre 2011), un des talents les plus prometteurs de la jeune génération. Le soprano italosuisse Laurence Guillot sera Marie de
Pontcourlay (on la remarqua surtout en Wanda
dans cette même Grande duchesse) alors que la
cantatrice Antoinette Dennefeld sera sa malicieuse sœur, Louise. La direction musicale est
confiée à Philippe Béran, qui fut en charge des
deux dernières éditions de La Route Lyrique
organisée tous les deux ans par l'institution lausannoise.
L'Opéra de Fribourg refera une halte à
Lausanne en janvier, pour présenter une œuvre
peu connue d'Offenbach, Le Voyage dans la
lune; il s'agit d'un opéra féerie en quatre actes et
... vingt-trois tableaux créé en 1875. Son livret,
bien évidemment, exploite de façon assez irrévérencieuse le formidable succès remporté par
le roman que Jules Verne avait publié dix ans
auparavant.
En février, les enfants seront à la fête avec
le fameux Hänsel et Gretel de Humperdinck, un
opéra qui est inséparable de Noël dans les théâtres de langue allemande mais dont le succès
reste confidentiel dans les pays de langue française. Il s'agira non de la version originale (écrite pour un orchestre de proportions presque
wagnériennes) mais d'une réduction dont l'instrumentation a été réalisée par Pierre Ruscher;
l'OCL lui-même se chargera d'accompagner ce
spectacle qui promet d'émerveiller grands et
petits. Les rôles principaux de cette réalisation,
qui sera chantée en français pour l'occasion,
seront tenus par Carine Séchaye, Céline Mellon
et Isabelle Henriquez en Sorcière.
Mars verra le retour à l'affiche, dans une
nouvelle production, de Luisa Miller de Verdi
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avec Giuseppe Gipali (Pollione dans Norma et
Manrico dans Il trovatore à Lausanne au cours
des saisons passées) et Alexia Voulgaridou (qui
fit une brève apparition dans le rôle titre de la
récente Tosca sur la scène de Georgette). Le rôle
capital du Comte Walter sera confié à la célèbre basse italienne Giovanni Furlanetto alors que
la duchesse Frederica aura la voix de Marie
Karall, une ancienne membre de l'Envol. La
direction orchestrale est assurée par Roberto
Rizzi Brignoli, également entendu à Lausanne
dans les titres susmentionnés alors que cette
nouvelle mise en scène verra revenir à Lausanne
Giancarlo del Monaco (qui a eu la charge de la
récente Tosca).
Après une reprise à fin avril du Barbier de
Séville déjà applaudi ici dans cette même mise
en scène d'Adriano Sinivia, la saison se terminera sur une autre rareté : l'opéra comique Die lustigen Weiber von Windsor d'Otto Nicolaï d'après Shakespeare. Le compositeur, peu connu,
est surtout entré dans l'histoire de la musique
pour avoir refusé le livret de Nabucco, qu'il
jugeait faible et inutilement violent, avant que
Verdi ne le transforme en ce joyau lyrique que
l'on sait (l'ouvrage sera d'ailleurs présenté à
Avenches en juillet prochain). Cette adaptation
des Joyeuses commères de Windsor est sans
conteste le chef-d'œuvre de son auteur : la ligne
mélodique flirte ouvertement avec le style
mozartien des derniers ouvrages lyriques du
maître de Salzbourg alors que le livret, remarquablement construit, reste beaucoup plus fidèle à l'original élisabéthain que la version de
Verdi, en conservant notamment la scène du
deuxième déguisement de Falstaff en vieille
tante radoteuse. Autour du Falstaff du grand
Harry Peeters, souvent vu et entendu sur les
En mars : récital du baryton Sebastian Geyer © Barbara Aumueller
planches du Grand Théâtre, se groupera une
belle brochette de chanteurs expérimentés pour
satisfaire aux exigences non négligeables d'un
style d'écriture passablement virtuose.
Et encore ...
Deux opéras en version de concert (L'Orfeo
de Monteverdi avec l'Ensemble Elyma placé sous
la direction de Gabriel Garrido en octobre et le
rare Dorilla in Tempe de Vivaldi en mai avec I
Barocchisti et Diego Fasolis) complètent l'offre
purement lyrique. Il faut ajouter encore quelques
concerts (en novembre, I Turchini placent leur
programme sous le signe de 'Bach et la musique
italienne' alors qu'en février 2014, la soprano
française Sandrine Piau rendra un hommage
appuyé à la musique baroque française - Rameau,
Lully, Campra, Charpentier... - avec la complicité des Paladins).
En mars, le pianiste Cédric Pescia accompagnera le baryton Sebastian Geyer dans l'indicible Voyage d'hiver de Schubert; enfin en avril,
l'Ensemble Arc-en-Ciel confrontera les Quatre
saisons de Vivaldi à celles de l'accordéoniste
argentin Astor Piazzola sous un titre prometteur: Les huit saisons!....
Cerise sur le gâteau : après la venue à
Lausanne en novembre de la troupe de flamenco dirigée par le chorégraphe sévillan Israel
Galván qui présentera un ambitieux programme
sous le titre Lo Real, les danseurs du Béjart
Ballet reviendront à l'Opéra avec, à l'affiche, la
reprise du grandiose Mandarin Merveilleux de
Bartók, dansé dans les costumes d'Anna De
Giorgi dessinés d'après les films de Fritz Lang.
La première partie du programme est encore en
cours d'élaboration.
Éric Pousaz
LAKMÉ : ve 4.10.13, 20h / di 6.10.13, 17h / me 9.10.13,
19h / ve 11.10.13, 20h / di 13.10.13, 15h
LES MOUSQUETAIRES AU COUVENT: di 22.12.13,
17h / me 25.12.13, 17h / ve 27.12.13, 20h / di 29.12.13, 15h
LE VOYAGE DANS LA LUNE : ve 17.1.14, 20h /
di 19.1.14, 17h
LUISA MILLER : ve 21.3.14, 20h / di 23.3.14, 17h /
me 26.3.14, 19h / ve 28.3.14, 20h / di 30.3.14, 15h
IL BARBIERE DI SIVIGLIA : di 27.4.14, 17h /
me 30.4.14, 19h / ve 2.5.14, 20h / di 4.5.14, 15h /
me 7.5.14, 19h
DIE LUSTIGEN WEIBER VON WINDSOR : ve 6.6.14,
20h / di 8.6.14, 17h / me 11.6.14, 19h / ve 13.6.14, 20h /
di 15.6.14, 15h
Renseignements complets:
www.opera-lausanne.ch/fr/spectacles/saison-2013-2014
En février 2014 : récital de la soprano Sandrine Piau
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opernhaus zurich
Trois Sœurs
Péter Eötvös est un compositeur comblé; il compte au
nombre des rares musiciens vivants dont les ouvrages
lyriques sont très régulièrement mis à l'affiche des
maisons d'opéra du monde entier. Ainsi en va-t-il de ces
Trois Sœurs, d'après Tchekhov, qui ont déjà été
représentées un peu partout, et dont c'était la première
locale à l'Opéra de Zurich en mars...
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Le spectacle est monté uniquement avec des chanteurs qui font partie
de la troupe permanente de l'Opernhaus. Et le résultat est tout simplement
brillant : aucun des treize rôles ne dépareille un ensemble de voix à la fois
brillantes et souples, qui se mettent sans retenue au service d'une écriture
exigeant des prouesses de la part des artistes qui s'y attaquent. L'œuvre ne
raconte pas directement l'intrigue ténue du chef-d'œuvre de Tchekhov. Elle
commence par un Prologue, qui nous montre les trois sœurs esseulées, restées pour compte dans cette propriété de campagne qu'elles en sont venues
à détester. Puis, en trois séquences, on raconte trois fois la même histoire
d'espoirs déçus et de solitude grandissante en s'attachant chaque fois à un
autre personnage. La fin de l'ouvrage, sous forme de long point d'orgue
orchestral sur lequel se greffent des paroles incohérentes dites plutôt que
chantées, laisse le spectateur dans le vague : à lui de trouver une conclusion
qui paraisse satisfaisante à cette situation dramatique sans issue...
Le langage musical du compositeur hongrois est peu agressif; il fait la
part belle aux peintures orchestrales suggestives, travaille le détail avec un
goût marqué pour la culture du beau son (à chaque personnage est attaché la
voix d'un instrument particulier...) et parvient, sans recourir à la mélodie, à
donner un profil accusé à chacune des situations dépeintes. On retrouve
donc, comme dans tout opéra romantiques, des scènes d'amour passionné,
des ruptures tragiques ou encore des commérages de gens que taraude l'ennui : tout cela est pourtant mis en œuvre sans que l'oreille puisse franchement discerner un motif qu'elle retiendrait. Il s'agit ainsi plus d'une ambiance musico-dramatique que d'un vrai drame musical: dans la fosse, une peti-
te formation de dix-huit musiciens (cuivres et vents) veillent à croquer le
portrait psychologique des personnages, alors qu'un grand ensemble symphonique fort d'une cinquantaine d'instrumentistes, est, lui, placé sur le fond
de la scène où il ajoute du la chair au corps instrumental relativement
modeste relégué en fosse.
La mise en scène de Herbert Fritsch séduit au premier abord, puis irrite. Le décor, qu'il a lui-même dessiné, reste très simple: il est fait de panneaux de bois coulissants qui permettent l'apparition et la disparition soudaines des personnages par simples glissements tout en laissant voir l'appareil
instrumental installé sur le fond du plateau. Les costumes somptueux de
Victoria Behr transforment les femmes en poupées russes géantes aux coiffes démesurées alors que ceux des hommes se limitent aux traditionnelles
casaques paysannes auxquelles se mêlent divers uniformes d'inspiration
militaire. La gestuelle est systématiquement grotesque: les personnages se
meuvent avec peine, tels des handicapés ou des ivrognes invétérés. Toujours
en équilibre instable, ils chutent de façon réitérée, laissent tomber les objets
qui leur sont confiés, se groupent et se regroupent avec des gestes saccadés,
comme s'ils n'étaient que des marionnettes dont les fils se seraient emmêlés. L'humour n'est bien sûr pas absent, mais pourquoi terminer la représentation sur un gag aussi gros, consistant à demander à tous les acteurs et
musiciens, chefs d'orchestre et souffleur compris, de prendre congé des
spectateurs en leur faisant d'interminables signes de la main comme si l'on
se trouvait sur un quai de gare, devant un train en partance qui ne parvient
pas à démarrer ?
La musique est, elle, admirablement servie par ces deux ensembles
instrumentaux dont les chefs, Michael Boder et Peter Sommerer, font
fusionner les timbres avec une précision remarquable. Sur le plateau, ce sont
tous les chanteurs qu'il faudrait mentionner; on se contentera des trois sœurs
incarnées ici par Ivana Rusko, une Irina au bord de la crise de nerfs dont
chaque aigu est placé avec une précision implacable, Anna Goryachova, une
Mascha au timbre profond mais d'une admirable légèreté, et Irène Friedli,
une Olga ici réduite à faire de la figuration par une partition qui ne la gâte
pas particulièrement. Rebeca Olvera, dans le rôle de l'insupportable et niaise belle-sœur Natacha, fait, elle, un grandiose numéro de mijaurée aux
accents ravageurs, puissants et délicieusement insupportables. Du côté des
hommes, on remarque surtout l'Andreï profond, au chant noble, d'Eliot
Madore et le Docteur au timbre de ténor fluet mais perçant de Martin Zysset.
En bref : une grande soirée en compagnie d'un des tout grands compositeurs
de l'époque actuelle..
Parsifal d'anthologie
«Trois Sœurs» avec Anna Goryachova (Mascha), Ivana Rusko (Irina) et Irène
Friedli (Olga) © Hans Jörg Michel
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La mise en scène de Claus Guth n'est pas neuve, mais elle n'a rien perdu
de son actualité depuis sa création il y a deux ans. Elle fait de Parsifal un
être naïf, manipulé, qui se mue au troisième acte en homme providentiel prêt
à tenir les rênes du pays d'une main de fer comme ce fut le cas en Italie et
en Allemagne dans un passé encore assez récent. La scène tournante présente une sorte d'établissement médico-social où sont soignés les rebuts
humains de la guerre. Dans ce monde de désolation, la femme est à la fois
la mère qui soigne et la séductrice qui fait oublier le présent sous ses caresses. Lorsqu'à la fin Parsifal enfonce sur sa tête sa nouvelle casquette de
général, Kundry est la dernière femme encore présente sur le plateau : dépitée, elle empoigne sa valise et disparaît de ce monde où elle n'a plus sa place.
La soirée est musicalement d'une perfection rare. Angela Denoke incarne une pécheresse séductrice au timbre vibrant et radieux, chargé d'une
séduction lascive de la meilleure veine dans l'acte central. Stuart Skelton, en
Parsifal, lui donne la réplique de son timbre clair, parfaitement maîtrisé jus-
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qu'à l'apothéose finale qu'il domine avec
éclat sans manifester
un quelconque signe
de fatigue. JanHendrik Rootering en
Gurnemanz séduit par
son émission flamboyante, à la fois
véhémente et chaleureuse, mais peine à
tenir le cap dans un 3e
acte qui le force à puiser dans ses dernières
réserves. Detlef Roth,
un Amfortas au chant
désespéré d'une admirable ampleur, et
Pavel Daniluk, un
«Parsifal» © Suzanne Schwiertz
Titurel aux graves
caverneux, s'opposent au Klingsor magnifique d'aplomb vocal du jeune
Tobias Schabel qui fait encore partie de l'Opéra Studio zurichois... Les
filles-fleurs, elles aussi membres de cette même troupe de jeunes espoirs du
chant lyrique, déploient un tapis aux couleurs ensorcelantes sous les pas d'un
Parsifal qui n'en peut plus tandis que le chœur renforcé de la maison régale
l'auditeur d'un chant d'une précision à laquelle on n'atteint pas toujours dans
des Maisons d'opéra autrement plus célèbres.
Le chef finnois Mikko Franck fait lui aussi forte
impression avec sa direction aérée, relativement rapide par
instants, mais toujours soucieuse de donner un maximum de
relief à l'accompagnement instrumental dont les commentaires se substituent souvent, comme il se doit, aux voix des
solistes. Les membres de l'orchestre, en parfait accord avec
la conception du chef, rivalisent de virtuosité pour donner
un maximum de vie à cette soirée qui entrera sans aucun
doute dans les annales du théâtre (23 mars)
parodient les tics et mimiques des héros (chorégraphie de Ramses Sigl).
La musique n'est pas reléguée pour autant au second plan. La distribution réunie pour l'occasion réalise de véritables prodiges dans ces airs où la
difficulté technique tient souvent lieu de seul élément justificatif. Sonia
Prina en Rinaldo semble même se délecter des chaînes de notes rapides que
le compositeur s'est ingénié à incorporer dans le profil d'un des rôles parmi
les plus difficiles, techniquement, de tout le répertoire. Son chant valeureux
n'en reste pas moins poignant dans les rares instants où le musicien semble
se rappeler que le personnage pourrait bien avoir une âme de temps en
temps. Malin Hartelius se démène avec un humour distancié dans son portrait d'Armida, la sorcière amoureuse : le timbre est clair, l'émission facile,
l'aigu triomphant. Jane Archibald en Almirena est plus convaincante dans la
plainte que dans le défi, la voix marquant de curieuses déficiences dans le
milieu de la tessiture lorsque le rythme s'accélère. Le baryton noir et agile
Ruben Drole campe un Argante délicieusement braillard : le soin que met le
chanteur à caricaturer ce portrait de méchant au cœur tendre ne se permet
fort judicieusement aucune vulgarité dans la recherche d'effets. Le contre
ténor Lawrence Zazzo se surpasse dans son portrait tout en nuances lumineuses d'un Goffredo légèrement dépassé par les événements alors que le
mezzo soprano ambré, robuste mais remarquablement conduit d'Anna
Goryachova élève presque le personnage d'Eustazio au rang de protagoniste
tant le chant de cette jeune artiste est assuré et sa présence scénique rayonnante.
L'Orchestre La Scintilla, constitué des membres du Philharmonia de
Zurich qui se sont spécialisés dans la pratique de la musique sur instruments
anciens, a acquis en quelques années une patte qui lui permet de rivaliser
Un Rinaldo à voir et revoir
Haendel a écrit Rinaldo pour convaincre le public londonien, jusqu'alors réticent, de la suprématie de l'art lyrique
italien sur les masques musico-dramatiques de tradition
anglaise, dont The Fairy Queen de Purcell est l'exemple le
plus réussi. Le livret de ce premier essai lyrique écrit pour
Londres n'est certes pas particulièrement bien construit,
mais la succession d'airs d'une virtuosité affichée ne pouvaient qu'enthousiasmer un public qui allait, dans les années
suivantes, se délecter de joutes vocales de plus en plus délirantes.
La production zurichoise de Jens Daniel Herzog sur une idée de Claus
Guth a pour principal mérite de prendre le livret pour ce qu'il est en adaptant avec humour les conventions de l'opéra baroque d'alors aux codes
visuels d'aujourd'hui. L'action se joue dans un lieu impersonnel, aéroport ou
grand hôtel international (décor de Christian Schmidt). Les comportements
des protagonistes y sont aussi convenus et prévisibles que les rebondissements d'une action qui ne s'encombre pas de psychologie ou de vraisemblance dramatique, tandis qu'une troupe de danseurs aux gestes mécaniques
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«Rinaldo» avec Malin Hartelius et Ruben Drole © Suzanne Schwiertz
avec les plus célèbres ensembles spécialisés dans ce répertoire. Sous la
direction rapide mais superbement différenciée d'Ivor Bolton, les instrumentistes semblent vouloir constamment mêler leurs voix aux invraisemblables
rebondissements scéniques et assurent leurs nombreux soli avec un aplomb
théâtral qui fait d'eux de véritables interlocuteurs privilégiés des chanteurs.
Une soirée à déguster sans retenue...(12 avril)
Eric Pousaz
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à vienne
Fidelio revisité
A plus de 80 ans, le chef autrichien Nikolaus
Harnoncourt n'a rien perdu de son enthousiasme
juvénile et n'a rien perdu de sa hargne à l'encontre des
faux détenteurs d'une certaine tradition, faite selon lui
d'un mélange de paresse intellectuelle et de
superficialité dans le travail. Aussi se pose-t-il toujours
en défenseur du retour aux sources dès qu'il
en a la possibilité.
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Lorsqu'on lui a offert la direction d'une nouvelle production de
Fidelio au Theater an der Wien, scène sur laquelle l'ouvrage fut créé il y a
près de 200 ans, il a aussitôt insisté pour redonner à la partition de
Beethoven son aspect premier. Il rappelle volontiers à cet égard que ce
compositeur est, par le style comme par la chronologie, plus proche de
Weber ou Schubert que de Wagner. Et il s'étonne toujours d'entendre que
l'on s'obstine aujourd'hui encore à distribuer les rôles principaux de l'unique opus lyrique du musicien à des Sieglinde, Wotan, Brünnhilde ou
Siegfried !
Les chanteurs qu'il a sélectionnés, tous très connus dans le répertoire
du préromantisme allemand, abordent ainsi pour la première fois ces
emplois chargés d'une longue tradition erronée. Une fois la surprise de la
première demi-heure passée, le public déchante rapidement car malgré les
bonnes intentions des artistes dans la fosse comme sur le plateau, justice
n'est pas rendue aux exigences techniques que l'écriture beethovénienne
pose aux chanteurs. Les voix manquent tout simplement de puissance et
d'éclat, sont noyées dans le commentaire instrumental et parviennent épui-
sées au bout de ce qui s'écoute comme un long marathon particulièrement
pénible. Les tempos choisis par le chef, très lents, ne leur facilitent pas la
tâche et tendent à paralyser l'action au point de transformer l'opéra en oratorio, voire en séquelle de la Missa solemnis. Au final, la fatigue se
marque sur les visages et se love dans les gosiers tandis que les spectateurs
s'étonnent de s'ennuyer légèrement à ce qu'ils considéraient jusque-là
comme un des grands chefs-d'œuvre du répertoire...
Juliane Banse commence à marquer le pas dès son premier grand air
('Abscheulicher') dont elle vient à bout avec force reprise de souffle et
coups de glotte disgracieux. Dans le deuxième acte, le chant devient gris,
mat et peine à traduire la victoire acquise de haute lutte sur le Mal que personnifie ici un Pizarro dont le portrait reste à peine esquissé tant Martin
Gantner possède une intonation hésitante et un phrasé mou. Michael
Schade fait meilleure figure en Florestan mais ne parvient pas à tenir dans
la durée et rejoint ses partenaires dans la grisaille d'un final sans dynamisme vocal. La Marzelline radieuse d'Anna Prohaska et le Rocco grognon
mais vocalement assuré de Lars Woldt font heureusement contrepoint aux
naufrages vocaux des titulaires des emplois principaux.
Le chef, de son côté, prend son temps et fait sonner son orchestre avec
un maximum de clarté afin de faire mieux apprécier l'originalité d'une
écriture qui fait la part belle aux dissonances expressives et aux délicates
différenciations d'atmosphère. L'orchestre sonne moins brillant que d'habitude, mais le son gagne en chaleur ce qu'il perd en éclat. Les choristes
de l'Arnold Schoenberg Chor, mal disposés sur le plateau, ne font pas l'effet désiré dans les deux grandes scènes chorales et se fondent malheureusement dans la morosité ambiante. Quant à la mise en scène de Herbert
Föttiger, elle impressionne par la beauté du décor choisi mais surcharge
l'intrigue d'une foule de détails pittoresques qui finissent par faire perdre
de vue le projet initial de Beethoven et de son librettiste. (19 mars)
L'Egypte comme si vous y étiez
Après cent représentations dans ce même décor, la direction de la
Staatsoper viennoise a décidé de donner un coup de frais à un spectacle
toujours aussi impressionnant par le caractère monumental de son illustration scénique
comme par la foule de figurants engagés
pour l'occasion. Nicolas Joël, l'actuel directeur de l'Opéra de Paris, a décidé de présenter une Aida sans chichis et raconte l'histoire avec panache et élégance. Chaque scène
évoque à grands renforts de lourds praticables un nouvel aspect de la vie dans l'ancienne Egypte telle qu'on se la représentait au
XIXe siècle avec ses architectures en ruines
et ses grands espaces sablonneux désertiques
que dore un soleil éclatant. On peut imaginer
une approche qui interpellerait plus directement le spectateur d'aujourd'hui, mais il serait
difficile d'imaginer faire mieux pour le séduire tout en l'impressionnant.
La distribution est dominée par les femmes: le timbre de Kristin Lewis n'a certes
rien d'inoubliable, mais ses pianissimi
impalpables et ses moments d'éclat lors du
grand final du 2e acte où elle domine facileTheater an der Wien : «Fidelio» avec Juliane Banse (Leonore) et Michael Schade (Florestan)
© Herwig Prammer
ment un chœur et un orchestre déchaînés
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PRODUCTION
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RODUCTION
SALZBURGER
DU SALZBUR
G R FESTSPIELE
GER
CONTE
C
ONTE LYRIQUE
LY
YRIQ
QUE EN 3 ACTES
Staatsoper : «Aida» avec Olga Borodina (Amneris), Kristin Lewis (Aida)
© Wiener Staatsoper / Michael Pöhn
font d'elle une des titulaires les plus convaincantes qui soient sur la scène
d'aujourd'hui. Le mezzo-soprano de bronze d'Olga Borodina déploie des
raffinements insoupçonnés pour croquer d'Amneris un portrait d'un panache racé; la voix, ronde et large, n'est jamais encombrée d'un vibrato
excessif et restitue avec finesse toutes les nuances voulues par le compositeur même s'il lui faut pour ce faire sacrifier quelques effets qui lui
auraient certainement assuré un triomphe encore plus marqué auprès d'un
public conquis. Piero Giuliacci est un Radames à la peine dont le chant va
en s'éteignant au fil de la représentation alors que l'Amonasro de Markus
Marquardt fait de l'effet sans trop se soucier de varier son chant. L'ancien
chef de l'OSR Pinchas Steinberg mène les instrumentistes et les choristes
de la maison à un train d'enfer; la brutalité des attaques, la rapidité de la
battue et une certaine propension à cultiver la puissance instrumentale
pour sa pure beauté sonore donnent parfois du fil à retordre aux interprètes, qui se trouvent alors souvent en décalage avec l'orchestre, mais l'opéra y gagne en urgence dramatique et tient le public en haleine malgré les
trop nombreuses interruptions nécessaires aux changements de décors
aussi monumentaux. (20 mars)
Eric Pousaz
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Chœur du Grand
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Orchestre de la Suisse Romande
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U 277 JUIN
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2013
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la monnaie, bruxelles
Le jeu de la dispute
et de l’opéra
A La Monnaie de Bruxelles vient d’avoir lieu la création de La Dispute, le
nouvel opéra de Benoît Mernier.
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Après JJR (citoyen de Genève) donné au
Bâtiment des forces motrices l’automne dernier,
le XVIIIe siècle a inspiré un autre opéra à un
compositeur de notre temps, en l’occurence
Benoît Mernier, dont La Dispute a été créée à La
Monnaie de Bruxelles (nous avons assisté à la
représentation du 13 mars). Cette fois cependant,
il ne s’agit pas d’une partition fondée sur un livret original (comme l’était le scénario indigeste
bricolé pour Fénelon par Ian Burton) mais de la
mise en musique d’une pièce de Marivaux, La
Dispute, étoffée de quelques scènes prises dans
d’autres pièces du même Marivaux.
L’intrigue est à la fois édifiante et cruelle.
Le dieu de l’adoration constante (Amour) et
celui de l’amour libertin (Cupidon) sont en pleine dispute (au sens de disputatio, débat) : qui,
«La Dispute»
de l’homme ou de la femme, est le plus prompt
à l’infidélité ? A l’occasion d’une dispute (cette
fois au sens de querelle) entre un Prince et sa
fiancée Hermiane, ils se travestissent et imaginent un stratagème : deux filles et deux garçons
parvenus à l’adolescence, mais élevés chacun
séparément, loin du monde, vont faire connaissance avec leur reflet, avec l’autre, et découvrir
du même coup l’émoi amoureux. Oui mais
l’une des deux jeunes filles rencontrera plus
a
tard l’autre garçon. Désirs, promesses, trahisons, confusions. A la fin, la question posée ne
trouvera pas sa réponse : Cupidon et Amour
feront la paix. Provisoirement.
Frottement
Le premier opéra de Benoît Mernier,
Frühlings Erwachen (L’Éveil du printemps,
2007), d’après la pièce éponyme de Frank
Wedekind, traitait lui aussi de l’éveil des sens
chez les adolescents mais dans une société corsetée (située vers 1900) et non dans un monde
idéal, utopique et uchronique. Car il s’agit ici de
retrouver l’une des obsessions du XVIIIe siècle,
celle de la pureté des origines, de la vertu naturelle que le frottement avec la société, plus que
l’éducation, mettra en péril.
La mise en scène
d’Ursel et Karl-Ernst
Herrmann (ce dernier
signant également les
costumes, cependant que la
première, avec la collaboration de Joël Lauwers, est
la signataire du livret) est
pleine d’intelligence et
d’intuitions heureuses. Elle
se déroule dans un espace
clos : un jardin nocturne au
centre duquel s’élabore
une espèce de cube dans
lequel évolueront les quatre personnages qui ont
grandi à l’état de nature. On
est touché par la manière dont les adolescents
rient, sautent et se conduisent comme de petits
animaux qui devinent peu à peu leur condition
humaine. Le frottement des sentiments rejoint ici
le frottement des corps.
Contrairement à Philippe Fénelon qui, dans
La Cerisaie cette fois (au Palais Garnier, en
2012), s’était laissé vampiriser par la petite
musique de Tchekhov, Benoît Mernier mène le
jeu et invente son propre lyrisme. Rien n’est
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écrit contre la voix et, sans qu’on puisse parler
à proprement parler d’opéra à numéros, la partition fait se succéder des moments lyriques, des
duos, des ensembles, des interludes orchestraux,
des mélodrames. Malheureusement, les
moments, trop nombreux, où la musique se tait
(les voix autant que l’orchestre), rompent le
charme. Le compositeur a-t-il craint qu’une
pièce comme La Dispute, qui ne fait pas se succéder les péripéties dramatiques (on est loin de
Rigoletto !) mais joue sur la finesse et l’ambiguïté du dialogue, ne puisse pas supporter un
traitement musical continu ? Mozart avait trouvé la parade en demandant à Da Ponte, avec
Cosi fan tutte, d’imaginer un livret original, et
non pas inspiré d’une pièce, pour traiter une
intrigue entièrement située dans l’âme et le
cœur des personnages. Dominique Visse en particulier, qui joue le rôle d’Amour déguisé en
Carise, le précepteur féminin, est en tant que
contre-ténor particulièrement peu gâté. Quand
les chanteurs parlent, par ailleurs, leurs voix
sont nimbées d’un très léger halo comme si
elles étaient tout à coup amplifiées.
Émerveillement
Ce qui n’empêche pas la distribution d’être
entièrement convaincante, avec notamment
Stéphanie d’Oustrac et Stéphane Degout,
magnifiques d’élégance et de présence dans le
rôle d’Hermiane et du Prince. Les quatre innocents qui découvrent la vie le font avec une fraîcheur désarmante : Julie Mathevet se révèle
rapidement la plus coquette et la plus rouée des
adolescentes, et Albane Carrère, Cyrille Dubois
et Guillaume Andrieux jouent avec bonheur la
carte de l’émerveillement et de la maladresse.
L’orchestre jouit d’un traitement particulièrement soigné. Privé du moelleux de la grande
formation symphonique (et c’est heureux, en
l’occurrence), il est vif, acéré, mais ne couvre
jamais les voix et se réserve quelques beaux
moments à découvert qui ne sombrent jamais
dans la démonstration. Le chef d’orchestre
Patrick Davin rappelle qu’on ne retrouve pas
chez Benoît Mernier les couleurs acides qu’il y
a dans l’orchestre d’un Philippe Boesmans
(avec qui Mernier a travaillé).
L’affiche de cette Dispute représente un
œuf en train de se fendre au moment où va sortir le poussin : elle est à l’image de la naissance
de ce bel opéra qui aurait pu pousser un peu plus
loin les fragments de la coquille (Marivaux !)
qui l’embarrassent encore.
Christian Wasselin
* Le dévédé de la création a été édité chez Cyprès.
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teatro del liceu, barcelona
auditorium de dijon
Vue au Liceu en 2005 et à Londres la saison passée, la
Butterfly du duo Caurier-Leiser était à nouveau
présentée à Barcelone en mars : l'occasion pour le public
venu en masse d'applaudir plusieurs distributions, dont
celle dominée le 23 mars par Ermonela Jaho.
On aurait tort de tenir Don Giovanni pour une œuvre
“acquise“ tant du côté de la compréhension de son
message que de sa portée. Sans autre parti-pris que celui
d'exprimer le plaisir du théâtre, c'est à un sociétaire de la
Comédie Française, Jean-Yves Ruf, que l'on a confié les
clés de ce beau spectacle.
Madama Butterfly Don Giovanni
Pour ses débuts in loco la soprano albanaise, qui a fait ses preuves chez
Verdi, Donizetti et Puccini, a illuminé la soirée grâce à sa remarquable interprétation de la geisha Cio-Cio San. Avec un physique gracile d’adolescente
et une jeu aussi pudique que raffiné, la cantatrice compose un personnage
d'une extrême sensibilité traversé par toute une gamme d’émotions. Fragile
et amoureuse au premier acte, la voilà prématurément vieillie au second,
allongée sur le côté à l'image des opiomanes, partagée entre confiance et
désespoir, avant la résignation finale et la décision irrévocable de son suicide (au 3). L'infaillible musicalité de la chanteuse, la richesse de ses
inflexions et la qualité de cette voix mordante conduite avec la plus grande
assurance, rendent cette performance criante de vérité. Même respect musical et même recherche psychologique pour cerner au plus près les sentiments exprimés par Suzuki, joliment dépeints par la jeune mezzo Gemma
Coma-Alibert. Le ténor Jorge de Leon donne sans doute trop de voix à son
Pinkerton, qu'il prive de nuance et promène parfois sur les rives du vérisme,
sans pour autant que le profil de ce dernier n'en souffre. Silhouettes
indispensables et subtilement dosées, l'odieux Goro de Vicente Ombuena, le
lâche Sharpless de Angel Odena, l’irritable bonze de Ievgeni Orlov, ou l'amoureux transi de Joan Josep Ramos, complètent ce cast platement dirigé
par José Miguel Pérez-Sierra, à qui échappe tout notion de soutien, de tempo
ou de relance du discours puccinien. Au plateau, un décor sobre et dépouillé,
juste animé par un jeu de trappes et de parois coulissantes qui relient le
monde clos de Butterfly à celui des vivants, vécu comme hostile, vient illustrer le propos tenu avec scrupule. Comme toujours avec Christian Fenouillat,
décorateur attitré des metteurs en scène, quelques belles images stylisées
attirent le regard, comme ce beau ciel étoilé qui semble veiller sur le couple
(final du 1er acte), ou cette branche de cerisier, seule témoin du sacrifice de
l'héroïne, transpercée tel un papillon et qui agite dans un dernier sursaut ses
longs bras ailés, à l'appel de son nom. Prochaines dates pour assister à ce
spectacle : du 20 au 29 juillet.
Le directeur de l'Opéra de Dijon, Laurent Joyeux, a eu la main heureuse
en associant au projet le brillantissime Chamber Orchestra of Europe, sous la
baguette du méconnu chef sud-africain Gérard Korsten. Le volume très généreux de l'auditorium permet d'accueillir un impressionnant décor figurant une
immense prairie vallonnée – décor unique sur lequel se déroule l'ensemble de
l'action. La fixité de ces éléments visuels est très timidement modifiée en
fonction des différents éclairages, en fonction des heures de cette “folle journée“. Cette application littérale de la règle des trois unités semble contredire
la volonté de Mozart de libérer le théâtre de son carcan narratif et moral. La
scénographie ne recule pas à utiliser les dégagements latéraux pour amplifier
l'espace et rapprocher le spectateur de l'action. Le point fort de cette production est la présence de figurants qui “doublent“ certains protagonistes en
créant une séduisante profondeur dramatique, comme la jeune servante de
Donna Elvira qui attire
sur elle le désir de Don
Giovanni.
Edwin
Crossley-Mercer est un
parfait séducteur – parfait également dans le
fait de relever de défi
d'incarner si jeune un
rôle aussi lourd. Risingstar incontournable des
jeunes voix françaises,
Don Giovanni au centre
le baryton projette avec
© Opéra de Dijon / Gilles Abegg
une douce véhémence
son timbre somptueux et souverain. La présence scénique est décontractée, en
rupture totale avec l'impression rendue par certains chanteurs qui paraissent
paralysés par l'enjeu. Josef Wagner (Leporello) est bien le seul à lui donner
une réplique digne de ce nom. L'émission est claire et assurée, le timbre franc
et volubile. Les dames connaissent des fortunes diverses, à commencer par la
pâle Diana Higbee (Donna Anna). Camille Poul campe une Zerlina un peu
raide mais très nette d'impact et de franchise de jeu tandis que la Donna Elvira
de Ruxandra Donose séduit par un timbre très riche et une ligne vocale soyeuse à souhait. On passera sans regrets sur la piètre prestation de Timo Riihonen
en Commandeur d'opérette, tandis que Michael Smallwood paie comptant la
dimension falote de son rôle en refusant d'y insuffler autre chose qu'une tessiture aléatoire et des aigus écrasés. Damien Pass est un Masetto de noble
dimension, capable sans aucun doute d'incarner des rôles plus ambitieux dans
un proche avenir. L'énergique direction de Gérard Korsten soulève un
Chamber Orchestra of Europe qui n'en demande pas tant pour faire entendre
des qualités qui éclatent à chaque mesure (26 mars).
François Lesueur
David Verdier
«Madama Butterfly» avec Ermonela Jaho dans le rôle-titre © A. Bofill
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à avignon
Jenufa
Après Wozzeck au mois de janvier, une autre œuvre majeure du XXème siècle est donnée en première
avignonnaise.
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Pour son entrée au répertoire de l'Opéra-Théâtre d'Avignon, le chefd’œuvre de Janacek est représenté dans la production de Friedrich MeyerOertel, déjà montrée à Bordeaux, Liège, et chroniquée dans ces colonnes à
l’occasion de son passage par Monte-Carlo (voir SM 204 en avril 2008).
Chose curieuse, l’impression d’il y a cinq ans est exactement la même ce
soir : les mouvements de l’ensemble des choristes semblent peu naturels,
tandis que le jeu des chanteurs solistes avance de manière fluide. Le toit en
bois qui descend dans la pénombre au ras du sol à l’acte II, alors que Jenufa
pédale sur sa machine à coudre, est à nouveau l’image la plus marquante…
et on retrouve avec une joie non dissimulée la « superbe moquette jaune, en
vente chez les meilleurs discounters en revêtements de sols » pour les actes
I et III ! Ces réserves étant émises, les décors de Heidrun Schmelzer ne sont
en rien un frein à l’intensité du drame qui se déroule sur le plateau. Et c’est
en premier lieu une ardente Jenufa qui nous est présentée ce soir, en la personne de Christina Dietzsch-Carvin, déjà applaudie à Avignon en 2011 lors
d’une représentation de concert de La Légende de Sainte-Elisabeth, de Franz
Listzt. La belle soprano allemande exprime par sa voix, ses gestes, les
expressions de son visage, toutes les douleurs et les espoirs du personnage.
Elle est aussi capable d’une puissance impressionnante, tout comme les
deux excellents ténors à ses côtés. Solides et élégants, Marlin Miller (Laca)
et Florian Laconi (Steva) ont une typologie vocale similaire, et on se dit
qu’ils pourraient sans problème procéder à un échange standard des deux
rôles. Il serait en tout cas très intéressant d’entendre un jour Florian Laconi
dans l’emploi – parfois claironnant – de Laca. L’entrée en scène de
Géraldine Chauvet (Kostelnicka) est tout de même un peu décevante : même
vieillie par le maquillage, la jeune mezzo française peine à se faire passer
pour la sacristine autoritaire... surtout lorsqu’elle court comme un lapin en
fond de scène pendant l’acte II ! La voix est d’une très belle qualité, enveloppante, et il y manque sans doute – en dehors d’un petit déficit de volume
par instants – un soupçon de monstruosité dans l’accent et de violence dans
la projection, qui rendaient glaçantes les apparitions d’autres titulaires du
rôle (Anja Silja et Eva Marton en tête). Les emplois secondaires sont tenus
de manière plus discrète, entre autres Anne Salvan (la grand-mère
Buryjovska), Philippe Ermelier (Stàrek) et Clémence Barrabé (Karolka).
Le chef Balàzs Kocsàr assure la réussite de l’ensemble, avec un orchestre appliqué sauf sur une période du 2ème acte, où le manque d’homogénéité est perceptible. Les cordes sont souvent somptueuses, magnifiques soli de
violon et violoncelle, alors que les percussions se montrent précises..
François Jestin
Janacek : JENUFA – le 19 mars 2013 à l’Opéra-Théâtre d’Avignon
L’Opéra-Théâtre d’Avignon accueillait (le 22 mars) Véronique Gens
pour un concert lyrique, avec Gluck et Mozart au programme. Pour entamer
la soirée, l’ouverture d’Iphigénie en Aulide est menée à un rythme d’escargot par le chef Yeruham Sharovsky aux commandes de l’ORALP, qui nous
propose un Gluck solennel et pompeux comme on ne l’a pas entendu depuis
50 ans ! Mais dès que la soprano française ouvre la bouche, l’auditeur est
immédiatement saisi par la beauté de son chant, et son exceptionnelle diction ciselée. Son Iphigénie est unique … aussi bien en Aulide qu’en Tauride,
son Eurydice est délicate, et son Alceste peut-être moins véhémente qu’on
pourrait l’attendre dans « Divinités du Styx ». En deuxième partie, Fiordiligi
et les airs de concert de Mozart la montrent aussi complètement à l’aise dans
ce répertoire, tandis que l’accompagnement musical devient adéquat.
à montpellier
Le Roi d’Ys
Du rififi à Montpellier ! Jouera, jouera pas ? Sur fond de
conflit ouvert entre le directeur général Jean-Paul
Scarpitta et les chœurs et orchestre de l’Opéra National de
Montpellier, le préavis de grève déposé par ces derniers a
finalement été levé la veille de la représentation.
Christina Dietzsch-Carvin et Géraldine Chauvet © ACM – studio Delestrade
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Et l'on ne peut que se réjouir que la représentation de concert, donnée
une seconde fois deux jours plus tard à l’Opéra-Comique à Paris, puisse
finalement se dérouler sans encombre. La soirée est organisée par
ColineOpéra, dont la mezzo Sophie Koch est la très active marraine, au profit de trois associations qui se démènent pour améliorer le quotidien, la
santé, l’éducation d’enfants en difficulté. Le Roi d’Ys d’Edouard Lalo est
encore une rareté de nos jours, qui a tout de même connu quelques récentes
représentations scéniques : une production de Nicolas Joël à Toulouse en
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Nicolas Cavallier, Julianna Di Giacomo, Sébastien Guèze, Sophie Koch et
Patrick Davin © Marc Ginot
2007, et aussi une autre mise en scène signée de Jean-Louis Pichon à SaintEtienne puis Liège en 2008, dont il existe un témoignage en DVD. Le ténor
Sébastien Guèze (Mylio) fait moins bonne impression au Corum que sur la
scène belge : en dehors de son déficit de graves, la voix n’est pas toujours
bien stable, ni précise, et il se réfugie trop systématiquement dans la nuance
forte. Déjà entendue au Capitole de Toulouse, Sophie Koch (Margared)
dispose à l’heure actuelle d’un impressionnant volume wagnérien dans l’aigu, mais traverse par moments quelques petits passages moins confortables
dans le bas du registre, et de son côté Franck Ferrari (Karnac) est vindicatif
dans l’accent. Nicolas Cavallier dans le rôle-titre ne semble pas tenir sa
meilleure forme, avec certains aigus accrochés difficilement alors que la
soprano américaine Julianna Di Giacomo (Rozenn) est une superbe découverte dans ce rôle : belle ligne vocale, puissance, et diction très appliquée.
La distribution est complétée par le solide Frédéric Goncalves (Jahel) et la
basse sonore aux accents slaves Nika Guliashvili (Saint Corentin), tandis
que les nombreux chœurs sont homogènes, les sopranos saturant toutefois à
plusieurs reprises dans l’aigu. Maître d’œuvre de la cohésion et réussite
d’ensemble, le chef Patrick Davin, déjà au pupitre à Liège, modèle une
somptueuse architecture à cet opéra. L’intrigue y est magnifiquement racontée par la musique, et l’orchestre met beaucoup d’application (très joli violoncelle solo … mais pas complètement parfait !), autant pour les délicates
mélodies que sur les brillants climax de la partition.
convoler tranquillement avec sa nouvelle servante Magdelone, Maître
Camoine fiance sa nièce Amica à Giorgio, gentil garçon un peu simplet.
Patatras, celle-ci est amoureuse de Rinaldo, frère de Giorgio, et les tourtereaux fuient dans la montagne pour échapper aux fiançailles. Giorgio –
peut-être simplet, mais bon randonneur – connaît un raccourci et arrive bon
premier au sommet. Grandes explications lorsque le couple arrive : Giorgio
est désespéré, et Rinaldo encore plus désespéré du désespoir de son frère,
s’enfuit en lui abandonnant Amica. Celle-ci, au comble du désespoir, veut
rejoindre Rinaldo mais fait une chute mortelle, rideau ! Dans cette production naturaliste de Jean-Louis Grinda, déjà montrée à l’Opéra de Rome, le
volume sonore des protagonistes nous donne parfois l’impression de se trouver dans les Arènes de Vérone. La belle Amarilli Nizza dans le rôle-titre est
capable d’aigus puissants, tout en parvenant encore à alléger sa voix pour
délivrer de beaux piani. On ne comprend en revanche que de très rares mots,
et le jeu de l’actrice est peu naturel, comme lorsqu’elle poursuit son amant
dans la montagne… en regardant avec une extrême précaution où elle va
poser ses bottines à talons sur le sol. Malgré ses efforts, la prononciation du
ténor Enrique Ferrer (Giorgio) est loin d’être formidable. Il produit beaucoup de sons très ouverts, la couleur du timbre pourrait être agréable, plutôt
belcantiste, mais reste sans grande substance ; il faut reconnaître tout de
même que l’émotion passe dans son grand air en 2ème partie. Même en
manque récurrent de graves, c’est finalement le baryton Lucio Gallo
(Rinaldo) qui se montre le plus solide : français plus que correct, voix bien
placée et timbrée, style peu raffiné mais en ligne avec l’œuvre. Mis à part le
tout petit rôle tenu par Annie Vavrille (Magdelone), l’autre baryton André
Heyboer (Camoine) n’est pas aussi sonore que d’ordinaire, mais sa diction
procure des moments de relaxation pour l’oreille branchée sur le cerveau !
François Jestin
Lalo : LE ROI D’YS – le 23 mars 2013 au Corum de Montpellier
Amarilli Nizza et Enrique Ferrer © Opéra de Monte-Carlo
à monte-carlo
Amica
Après sa création in loco en mars 1905, retour à l'Opéra
de Monte-Carlo de la rarissime Amica de Mascagni, en
version originale française.
Quelques instants de film en noir et blanc, puis le rideau se lève sur une
grange et ses bottes de foin devant un fond de paysage de montagne… une
structure de charpente en bois qui peut évoquer La Fanciulla del West vue
en début de saison à Monaco, une autre œuvre dans le plus pur style vériste. Le livret de Paul de Choudens se révèle mélo à souhait : afin de pouvoir
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La tâche des chanteurs n’est pas toujours facilitée par la direction très
expressive et parfois trop enthousiaste du chef Gianluigi Gelmetti. On
savoure le brillant de l’orchestre dans l’intermezzo entre les deux actes – le
format de l’œuvre est similaire à celui de Cavalleria Rusticana – pendant
lequel sont projetées des séquences de cimes rocheuses et enneigées, de cascades, toujours en noir et blanc à la manière des films muets d’il y a un siècle. Il est enfin dommage, pour le maintien de l’intensité dramatique qui fait
le sel d’une telle pièce, que l’intermezzo n’ait pas permis d’enchaîner d’une
traite entre les deux parties. Les dégagements lilliputiens du plateau de la
Salle Garnier imposent en effet d’intercaler un entracte pour pouvoir effectuer les changements de décors.
François Jestin
Mascagni : AMICA – le 24 mars 2013 à Monte-Carlo, salle Garnier
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à lyon
Festival Justice /
Injustice
« Justice / Injustice » sur l’affiche de l’Opéra de Lyon, en
noir pour le premier mot, et rouge pour le second avec du
sang qui dégouline de la lettre J. XIXème, XXème et
XXIème siècles au programme du mini-festival annuel et
un thème récurrent : le prisonnier.
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«Claude» © Stofleth
En création mondiale, l’opéra Claude sur un livret de Robert Badinter,
d’après Claude Gueux de Victor Hugo, est un spectacle captivant, vu dans la
production d’Olivier Py, à défaut de constituer une totale réussite. La
musique composée par Thierry Escaich est séduisante, variée, toujours intéressante : quelques séquences reviennent, on remarque l’utilisation marquante de l’orgue, de cloches, d’un xylophone, et certaines mesures évoquent irrésistiblement John Adams ou encore Benjamin Britten lors des
transitions entre les scènes successives. Les décors de Pierre-André Weitz
sont également un point fort : de grandes, voire immenses, structures sombres sur roulettes sont déplacées à vue par les machinistes-prisonniers, et
proposent tout à tour (c’est le cas de le dire, car elles tournent beaucoup !)
neuf cellules glauques sur un plan vertical, des murs de briques grises, le
bureau du Directeur de la prison, … Olivier Py y fait vivre avec brio le théâtre, et le spectateur s’installe vite dans l’ambiance, surtout avec la scène de
viol collectif d’Albin qui « plante le décor » en début de représentation.
Certains choix et éventuels excès – violence des gestes, agression des
oreilles par le bruit, etc – sont sans doute plus discutables, comme le partipris de l’homosexualité très explicite entre Claude et Albin, qui s’écarte de
l’œuvre de Victor Hugo. Il s’agirait plus ce soir d’une histoire d’amour entre
les deux hommes – coup de foudre dans la cellule de Claude, puis drame de
la séparation – que de la triste trajectoire de Claude Gueux vers l’échafaud
final. Robert Badinter est entré dans l’Histoire en tant que Garde des Sceaux
en faisant abolir la peine de mort en France en 1981, pas sûr qu’il en soit de
même pour sa nouvelle activité de librettiste d’opéra ! Le texte est bien prosaïque à certains endroits, et est loin de porter la même richesse et le même
charme que celui de la partition. Le baryton Jean-Sébastien Bou est remar-
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quablement déchaîné
(vocalement !) dans le
rôle-titre, Jean-Philippe
Lafont superbement distribué en Directeur gueulard, tout comme le contre-ténor Rodrigo Ferreira
(Albin) et Laurent Alvaro
(le surveillant général),
sous la baguette attentive
et précise de Jérémie
Rhorer.
Pour ce qui concerne
la musique du XXème
siècle, Il Prigioniero de
Dallapiccola et Erwartung
Lauri Vasar (il Prigioniero) © Fernandez
de Schoenberg forment
une belle affiche italoallemande, confiée pour sa réalisation visuelle aux soins d’Alex Ollé, membre du collectif catalan La Fura dels Baus. Déjà présent il y a deux ans à
Lyon pour Tristan et Isolde, le metteur en scène sait se renouveler et installe une tension angoissante sur scène. Le dispositif scénique est ingénieux :
un plateau tournant est actionné autour d’un voile central en forme de grand
cylindre. Dans une atmosphère très sombre éclairée parfois par quelques rais
de lumière verticale, le voile noir est soit transparent et laisse apercevoir
l’action en fond de plateau, soit complètement opaque et permet d’amener
des éléments de décors sur cette sorte de tapis roulant circulaire. L’évasion
du Prisonnier de sa cellule est assez fascinante : il traverse rapidement plusieurs portes et croise son double, sa mère en train de fumer négligemment,
un garçon, … Quelques gestes du Geôlier – le solide ténor Raymond Very –
envers le garçon installent un malaise en suggérant insidieusement ses tendances pédophiles. Le Prisonnier désespéré – le formidable baryton Lauri
Vasar, très incisif vocalement, beau gosse, mais qui peut progresser en italien – se tranche les veines au final. C’est la mère du Prisonnier, la puissante soprano Magdalena Anna Hofmann, qui joue la Femme dans le deuxième
opus. Un cyclorama à 360° est à présent installé autour du plateau tournant,
et les projections de films sur les deux couches du rideau plongent le spectateur dans la forêt, sous les feuillages, dans une clairière avec une maison…
Le traitement est très cinématographique et le metteur en scène a clairement
choisi un scénario : il s’agit d’un drame bourgeois où l’épouse jalouse a poignardé son mari trompeur. Dans ces deux pièces, le chef d’orchestre
Kazushi Ono semble nager comme un poisson dans l’eau, sa direction est
jubilatoire.
Dans le troisième ouvrage au programme, c’est le triomphe final de la
justice, mais après une longue injustice et toujours un prisonnier – Florestan
cette fois – détenu dans une geôle souterraine. Quoi que pour le souterrain
on repassera : les personnages de Fidelio sont ce soir perdus dans l’univers
à bord d’un vaisseau spatial, c’est certainement sidéral mais pas forcément
sidérant. Gary Hill, chargé de « l’installation média et mise en espace » (…
on ne croit pas si bien lire !) projette de belles animations sur le rideau de
tulle en avant-scène et en fond de plateau : moult étoiles et galaxies se transformant en visages, ou encore une armée d’humains / robots pouvant évoquer le film Metropolis. Les protagonistes se déplacent sur gyropodes, mais
l'effet de surprise s’essouffle très rapidement, et c’est surtout l’ajout de tex-
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«Fidelio» © Stofleth
tes français extraits du roman de science-fiction Aniara, écrit en 1956 par le
Suédois Harry Martinson, qui décrédibilise l’entreprise. Au-delà de la résonance intello-branchouille-futuriste du texte, les insertions de ces phrases
dites par une récitante qu’on peut lire sur l’écran rideau, viennent systématiquement casser le rythme et l’avancée de l’action. Encore plus discutable,
les récitatifs parlés de l’opéra sont adaptés pour coller à la situation (par
exemple, pas de terre à excaver ici pour creuser la tombe de Florestan, mais
Pizzaro envisage de le mettre dans une « capsule » après sa mort).
Malheureusement, pas d’échappatoire possible par une éventuelle faille spatio-temporelle, la partie chantée connaît également quelques faiblesses : la
soprano Michaela Kaune (Leonore) n’est pas distribuée idéalement dans ce
rôle, alors que le ténor Nikolai Schukoff (Florestan) est vaillant et semble
réellement épris de liberté. Pavlo Hunka (Don Pizzaro) et Karen Vourc’h
(Marzelline) ont de sérieux problèmes de justesse, tandis que Wilhelm
Schwinghammer (Rocco) et Christian Baumgärtel (Jaquino) assurent sans
problème leur partie. Au pupitre, Kazushi Ono montre une certaine neutralité dans cette pièce : direction techniquement de qualité, mais parfois en
déficit d’inspiration et de fougue.
Décidemment, l’Opéra de Marseille a la main heureuse avec les chefs d’orchestre, après le récent passage de Pinchas Steinberg au pupitre dans
Elektra. Les chœurs alternent quant à eux le bon, comme le passage a cappella du II avec les enfants, et le perfectible, lorsque le manque d’homogénéité est clairement mis en évidence par endroits. Le trio vocal se montre
excitant, même avec ses imperfections. Otello est l’un des rôles favoris de
Vladimir Galouzine, dont il possède toutes les notes, du grave barytonnant
soutenu aux aigus explosifs. Les sonorités sont celles d’un maure de Venise
plutôt slave, et l’intonation est par moments défectueuse – il lui faut ainsi
plusieurs mesures pour bien caler sa justesse au début du duo d’amour avec
Desdemona, en fin du I – mais ses aigus sont d’une telle vaillance ! La
Desdemona d’Inva Mula est une vraie jeune fille, visuellement et vocalement. Elle déroule sa partie avec une agréable fraîcheur et une musicalité
sans failles, ses aigus piani sont très réussis et semblent flotter, alors qu’à
l’autre extrémité le grave est moins confortable. On connaît la puissance
exceptionnelle du baryton Seng-Hyoun Ko (Iago), un habitué des Chorégies
d’Orange. Sur le plateau marseillais, il force visiblement moins qu’en extérieur, mais la performance reste impressionnante, avec un timbre très noir. Il
se retrouve en revanche en nette difficulté sur les passages où il doit alléger,
pour preuve une succession de micro-incidents dans l’air du Rêve de Cassio
(Era la notte). Sébastien Droy est un ténor de petit format qui convient à
Cassio, et Doris Lamprecht une Emilia de tradition. En coproduction avec
les Chorégies d’Orange (pour l’édition 2014), la nouvelle réalisation de
Nadine Duffaut est loin de constituer le point fort du spectacle. Décor
unique (d’Emmanuelle Favre) aux actes I et II, très noir, de parois et
poteaux, un escalier menant à une passerelle métallique (avec Otello déjà
présent au lever du rideau), et quelques caisses au sol sur les côtés : trop peu
de contraste entre les deux actes et les petits films (fumées ou nuages au I,
feuillages au II) projetés dans les ouvertures en fond de plateau sont finalement les images les plus intéressantes... avec les splendides costumes de
Katia Duflot. La scène est débarrassée de tout élément de décor au III – difficile de faire plus dépouillé ! –, mais un lit et un prie-Dieu sont tout de
François Jestin
Escaich : CLAUDE – le 10 avril 2013 à l’Opéra de Lyon
Dallapiccola : IL PRIGIONIERO – le 7 avril 2013 à l’Opéra de Lyon
Schoenberg : ERWARTUNG – le 7 avril 2013 à l’Opéra de Lyon
Beethoven : FIDELIO – le 5 avril 2013 à l’Opéra de Lyon
à marseille
Otello
Vladimir Galouzine, Inva Mula, Seng-Hyoun Ko : la
distribution vocale de cet Otello promettait beaucoup…
et n’a pas déçu !
Mais la très bonne surprise de la soirée vient d’abord de la fosse d’orchestre : le chef Friedrich Pleyer, qu’on connaissait surtout jusqu’à présent
dans Strauss et Wagner (il a dirigé die Walküre il y a 6 ans à Marseille), tient
la formation d’une main ferme et sereine. Certains passages présentent
moins de passion, voire de nervosité, que chez certains de ses confrères,
mais on apprécie globalement la qualité technique et la beauté du son.
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Seng-Hyoun Ko et Vladimir Galouzine © Christian Dresse
même amenés au IV, dans un ascétisme habituel. Le jeu des solistes et la gestion des mouvements des masses chorales paraissent également de facture
classique, avec quelques séquences qui peuvent laisser dubitatif :
lorsqu’Otello dégrade et chasse Cassio après l’émeute du 1er acte, pourquoi
diable Desdemona échange-t-elle un long regard appuyé (amoureux ?) avec
celui-ci ?
François Jestin
Verdi : OTELLO – le 2 avril 2013 à l’Opéra de Marseille
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Cendrillon
stadttheater bern
L'Enlèvement au Sérail
Lorsque Mozart compose son opéra, les turqueries sont à la mode. Le
sujet de son nouvel ouvrage comique est donc quasiment assuré de plaire.
Mais aujourd'hui, que faire de ce sérail où une Européenne est retenue
en otage par un improbable pacha enamouré et adepte de la philosophie
des Lumières ?
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La metteuse en scène américaine Lydia
Steier refuse tout recours aux moucharabiehs,
sabres recourbés et autres turbans. Pour elle, le
sérail, c'est le sentiment d'emprisonnement qu'éprouve une jeune fille de la bonne société bourgeoise contrainte d'épouser un jeune homme en
qui sa famille voit un bon parti.
Aussi l'opéra commence-t-il dans une église
où une assemblée endimanchée s'est réunie pour
célébrer le mariage de Konstanze avec Belmonte.
Tout à coup, la mariée chancelle : elle semble
voir devant elle, sur un chemin tout tracé, les étapes futures d'une vie dont elle ne veut pas, et elle
prend la fuite. La paroi de la chapelle disparaît
alors et la jeune femme se retrouve dans une
espèce de no man's land fait d'échafaudages dans
lesquels se promènent les personnages de conte
de fées ou de romans à l'eau de rose qui ont marqué son adolescence. Konstanze se réfugie dans
cet univers onirique d'enfants en mal de merveilleux pour échapper aux dures lois du monde
des adultes.
Après ce départ fulgurant, la mise en scène
s'enlise malheureusement et devient franchement
confuse. Osmin (habillé pour l'occasion en dragqueen jouant la demoiselle d'honneur lors de la
cérémonie du mariage) s'intéresse autant à
Pedrillo qu'à Blondchen, Belmonte s'amourache
d'une poupée qu'il caresse indéfiniment jusqu'à
en oublier sa promise et le Bassa Selim n'est autre
qu'une femme présentée dans le programme
comme l'alter ego de Konstanze. Ouf ! Des pulsions sexuelles non maîtrisées poussent
chacun(e) dans les bras de chacun(e) en un
joyeux tohu-bohu qui suscite quelques rires
gênés dans l'auditoire. Finalement, les parois de
la chapelle se referme et Konstanze accepte enfin
de dire oui à l'époux qu'on lui a choisi...
Est-ce encore du Mozart ? En fosse, le doute
n'est pas permis. Kevin John Edusei dirige avec
alacrité mais sans précipitation un orchestre virtuose, heureux de dépoussiérer la partition en
adoptant des parti pris interprétatifs toniques qui
mettent l'accent sur l'originalité de l'écriture plus
que sur la délicate harmonie de ses rythmes
allants. Robin Johannsen possède incontestablement toutes les qualités vocales requises pour
brosser de Konstanze un portrait tour à tour
brillant et légèrement mélancolique alors que
Uwe Stickert, en Belmonte séduit par un timbre
aux aigus chaleureux et une émission finement
nuancée. Yun-Jeong lee se joue des grands écarts
vocaux qui parsèment le rôle de Blondchen avec
un sourire désarmant; Andries Cloete en Pedrillo
lui donne la réplique avec une délicieuse impertinence qui n'exclut pas un contrôle du souffle quasiment parfait dans les passages
rapides.
Pavel
Shmulevich, enfin, traverse
le rôle d'Osmin avec sa voix
énorme, à la fois noire et
lumineuse, sans recourir aux
tics habituels de chanteurs
souvent trop âgés dans ce rôle
qui n'est finalement pas si
comique que cela. A défaut
de satisfaire les yeux, voilà
une production qui charme
les oreilles...
Eric Pousaz
Jusqu'au 2 juin. Renseignements :
www.konzerttheaterbern.ch
«L’Enlèvement au Sérail» © Annette Boutellier
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u
a
La cenerentola de Rossini est un opéra qui
met plutôt en valeur les qualités d'homogénéité
de la distribution que le brio de tel ou tel interprète talentueux; bien sûr, chaque protagoniste
dispose d'un air ou deux, mais la majorité des
numéros musicaux est réservée à des duos, trios,
quatuors ou autres ensembles turbulents. Et sur
ce plan, l'Opéra de Berne joue gagnant avec une
troupe de chanteurs dotés de voix fraîches et de
tempéraments scéniques qui ne demandent qu'à
s'épanouir. Pris séparément, les membres de la
troupe ne peuvent certainement pas se mesurer
aux plus grands interprètes du moment, mais leur
joie de jouer et de chanter est communicative au
point que l'on quitte le théâtre avec la certitude
absolue d'avoir vécu une grande soirée.
Le mezzo soprano d'Inga Jäger occupe le
milieu du terrain avec son Angelina bougillonne,
vif-argent et sympathique en diable ; le chant
peine parfois à se couler avec aisance dans les
vocalises du rondo final, mais par le timbre
comme par la rage de vaincre les difficultés d'une
écriture véritablement hérissée de difficultés,
cette interprète investit le rôle avec une superbe
aisance. Mark Milhofer en Ramiro lui rend la
pareille : le timbre est parfois pauvre en demiteintes, l'aigu manque de facilité, mais quelle
faconde et quel entregent! Aaron Agulay est plus
près de ce qu'on attend d'un Dandini: l'émission
est franche, la voix saine dans tout le registre, et
la gestique allie naturel et énergie avec une
déconcertante facilité. Carlos Esquivel campe lui
aussi un Don Magnifico d'anthologie sans jamais
se placer indûment au premier plan: précise dans
le parler rapide, caressante dans la cantilène,
étourdissante dans la vocalise, sa voix allie toutes
les qualités nécessaires à un grand chanteur rossinien. Martin Lorenz Weidmann reste plus pâle
avec son Alidoro au timbre grisâtre alors que les
deux sœurs incarnées par Camille Butcher et
Claude Eichenberger sont tout simplement parfaites. Le chef Srboljub Dinic a parfois de la
peine à maintenir l'ordre entre toutes ces personnalités débordantes de vitalité et certains ensembles dérangent l'oreille par leur coordination
déficiente, mais le choix des tempi comme l'alternance des pulsions rytrhmiques attestent chez
ce chef un réjouissant sens des équilibres.
La mise en scène de Cordula Däumer ne fait
pas dans la dentelle. Voulant faire rire à tout prix
elle passe parfois au-delà des limites du bon goût.
Finalement, le tourbillon scénique, réglé avec
une précision d'orfèvre, emporte néanmoins facilement l'adhésion. (16 février)
Eric Pousaz
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genève
Grand Théâtre (022/418.31.30)
Madama Butterfly (Joel-Grandage) – 2, 5 mai
lausanne
Opéra (021.315.40.20)
Le Vin herbé (Bouvier) – 29 mai
turin
bruxelles
La Monnaie (32/70.23.39.39)
Cosi fan tutte (Morlot-Haneke) – 23, 26,
28, 30 mai
b a rc e l o n e
zurich
Opernhaus (044.268.66.66)
Lady Macbeth de Mtsensk (Currentis-Homoki) – 3
mai
Falstaff (Santi-Bechtolf) – 4, 7, 10, 12 mai
Die Schatzinsel (Rösner- Loschky) – 9, 20 mai
La Traviata (Wilson-Flimm) – 5, 8, 11, 15, 18 mai
Don Giovanni (Ticciati-Baumgarten) 26, 29 mai
paris
Champs-Elysées (01.49.52.50.50)
Don Giovanni (Rhorer-Braunschweig) – 3, 5, 7 mai
Agrippina (Lopez Banzo) – 15 mai
Imeneo (Hogwood) – 22 mai
Cité de la musique (01.44.84.44.84)
Die Erste Walpurgisnacht (Krivine) – 25 mai
Les Nuits d’été/Athalie (Equilbey) – 29 mai
Opéra Comique (0825.01.01.23)
Marouf, savetier du Caire (Altinoglu-Deschamps)
– 25, 27, 29, 31 mai
Opéra National (08.92.90.90)
Bastille :
Hänsel und Gretel (Flor-Clément) – 3, 6 mai
Götterdämmerung (Jordan-Krämer) – 21, 25, 30
mai
La Gioconda (Oren-Pizzi) – 2, 7, 10, 13, 17, 20, 23,
26, 31 mai
Salle Pleyel (01.42.56.13.13)
Agrippina (Jacobs) – 14 mai
Liceu (34.934.85.99.13)
Il Turco in Italia (Perez-Loy) – 18, 23, 28 mai
madrid
Teatro Real (34/90.224.48.48)
Don Pasquale (Muti-de Rosa) – 13, 15, 17, 19 mai
l o n d re s
ROH (0044/207.304.4000)
Die Zauberflöte (Jones-McVicar) – 3, 7, 9 mai
Don Carlo (Pappano-Hytner) – 4, 8, 11, 15,
18, 21, 25 mai
La Donna del lago (Mariotti-Fulljames) – 17, 20,
23, 27, 31 mai
bologne
Teatro Communale (39/051.617.42.99)
Il trionfo di Clelia (De Risio-Loweyry) – 14, 16, 17,
19, 21, 22 mai
f l o re n c e
Teatro del Maggio musicale
Don Carlo (Mehta-Ronconi) – 2, 5, 8, 12 mai
The Rape of Lucretia (Webb-Abbado) – 17, 19,
21, 22, 23, 24, 25 mai
milan
Teatro alla scala (39/02.720.03.744)
Götterdämmerung (Barenboim -Cassiers) – 18,
22, 16, 30 mai
Oberto (Frizza-Martone) – 2, 5, 10, 14 mai
avignon
ro m e
Opéra-Théâtre (04.90.82.81.40)
Roméo et Juliette (Guingal-Fourny) – 26, 28 mai
Rienzi (Soltesz-de Ana) – 9, 12, 14, 16, 18 mai
dijon
Teatro dell’opera (39/06.48.16.02.55)
Opéra (03.80.48.82.82)
L’Olimpiade (Luks-Herrmann) – 22, 24, 25 mai
lyon
Opéra National (08.26.30.53.25)
Capriccio (Kontarsky-Marton) – 7, 9, 11, 13,
15, 17, 19 mai
marseille
Opéra (04.91.55.11.10)
La Clemenza di Tito (Shanahan-McVicar) – 4, 7,
10, 12 mai
nice
Opéra (04.92.17.40.79)
Il ritorno d’Ulisse in patria (Correas-Rauck) –
31 mai
saint-étienne
Opéra-Théâtre (04.77.47.83.40)
La Princesse de Trébizonde (CampelloneKoeken) – 17, 19, 21 mai
Opéra National (0825.84.14.84)
Les Pêcheurs de perles (Davin-Boussard) – 17,
21, 23, 26, 28, 30 mai
a m s t e rd a m
a
c
t
u
Teatro Regio (39/011.881.52.41)
Eugène Oneguine (Noseda-Holten) – 17, 18, 19,
22, 23, 24, 25, 26 mai
venise
Teatro La Fenice (39/041.24.24)
Cosi fan tutte (Manacorda-Michieletto) – 12, 16,
19, 23, 26 mai
Don Giovanni (Manacorda-Michieletto) – 4, 10,
14, 17, 21, 24, 28 mai
vienne
Staatsoper (43/1514447880)
La Traviata (Armiliato-Sivadier) – 8, 11, 14, 17 mai
La Fille du régiment (Campanella-Pelly) – 1er, 4,
7, 10, 13 mai
Der fliegende Holländer (Harding-Mielitz) –
2, 5, 9 mai
Die Zauberflöte (Lange-Marelli) – 3, 6 mai
Das Rheingold (Welser-Möst-Bechtolf) – 12 mai
Die Walküre (Welser-Möst-Bechtolf) – 15 mai
Siegfried (Welser-Möst-Bechtolf) – 19 mai
Götterdämmerung (Welser-Möst-Bechtolf) –
22 mai
Andrea Chenier (Armiliato-Schenk) – 16,
21, 24 mai
Tosca (Aemiliato-Wallmann) – 18 mai
Carmen (de Billy-Zeffirelli) – 20, 23, 26, 30 mai
Theater an der Wien (43/15.88.85)
Orlando (Dubrowsky-Panighini) – 13, 15, 17, 19,
21, 23, 25, 29, 29, 31 mai
Il Trovatore (Meir Wellber-Stölzl) – 26, 29, 31 mai
berlin
Deutsche Oper (49/30.343.84.343)
Lucrezia Borgia (Yurkevych) – 1er mai
Die Zauberflöte (Repusic-Krämer) – 3 mai
Staatsoper (49/30.20.35.45.55)
Agrippina (Jacobs-Boussard) – 2, 5, 9 mai
Der Fliegende Holländer (Harding-Stözl) – 1er,
4, 10, 16, 19, 22 mai
Die Zauberflöte (Salemkour-Everding) – 12, 24
mai
Le Vin herbé (Ollu-Mitchell) – 25, 29 mai
Komische Oper (49/30.47.99.74.00)
Don Giovanni (Sandner-Konwitschny) –
12, 18 mai
Die Entführung aus dem serail (Poska-Beito) 1er, 10, 20, 23 mai
Le Grand Macabre (Brönnimann-Kosky) –
5, 17 mai
Le Nozze di Figaro (Nanasi-Kosky) –
24, 26 mai
Die Zauberflöte (Poska-Kosky) – 4, 9, 11, 16
mai
new york
s t r a s b o u rg
Opera (31.20.62.55.456)
La Traviata (Carella-Decker) – 6, 8, 10, 14, 17,
20, 23, 26, 29 mai
o p é r a
Maria-Grazia Schiavo interprétera le rôle-titre de «Il trionfo
di Clelia» lors des représentations de Bologne
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Metropolitan Opera (00.1.212.362.60.00)
Giulio Cesare (Bicket-McVicar) – 3, 7, 10 mai
Das Rheingold (Luisi-Lepage) – 4 mai
Die Walküre (Luisi-Lepage) – 6 mai
Siegfried (Luisi-Lepage) – 8 mai
Götterdämmerung (Luisi-Lepage) – 2, 11 mai
Rigoletto (Armiliato-Mayer) – 1er mai
Dialogue des carmélites (Langrée-Dexter) –
4, 9, 11 mai
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laurent pelly et victor hugo au théâtre de carouge
Mangeront-ils ?
Co-directeur du Théâtre National de Toulouse Midi-Pyrénées (TNT),
Laurent Pelly avait déjà monté sur la scène de Carouge un autre texte du
Théâtre en liberté de Victor Hugo, Mille francs de récompense. Il revient
cette fois avec une pièce féroce et drôle aux alexandrins affranchis de toute
règle, Mangeront-ils ?, qui triomphait il y a peu à Toulouse. Le texte
illustre ce grand théâtre populaire, politique et engagé dont le metteur en
scène aime la générosité et la folie. Entretien avec Laurent Pelly.
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décor et le rend irréalisable. Cela exige une
grande complexité technique. D’autre part il y a
les alexandrins chaotiques et les très longues
tirades : Airolo a une réplique de six pages ! Il
faut donc trouver le bon rythme entre philosophie, drame et comédie. Les représentations qui
ont eu lieu à Toulouse en avril ont été plus
qu’encourageantes car le public a pris grand
plaisir au spectacle et l’a savouré, comme on
savoure Shakespeare car les deux auteurs ont en
commun l’audace, le goût du merveilleux et du
fantastique, le mélange des genres.
Vous aimez particulièrement Victor
Hugo…
Victor Hugo écrit les textes qui formeront Le Théâtre en liberté alors qu’il est en
exil à Guernesey et qu’il avait décidé de ne
plus écrire pour le théâtre. Pourquoi ce choix
de les porter à la scène ?
40
trouver refuge dans une nature hostile. Affamés
– au sens propre – par le pouvoir, prisonniers du
Il est difficile de passer à autre chose quand on
a goûté à cette forme de folie et de démesure.
Ce texte-ci est écrit en alexandrins, ce qui n’est
pas le cas de Mille francs de récompense, mais
ce sont des alexandrins échevelés, des tirades
très longues. L’œuvre est à la fois accessible et
sophistiquée, très riche et élaborée, intelligente
mais jamais « intello ». On retrouve les thèmes
chers à Hugo – la violence, le pouvoir, la nature, l’amour – ainsi que de nombreuses références à d’autres œuvres poétiques et romanesques.
Le premier titre du recueil, La Puissance des
faibles reflète l’engagement politique de Hugo,
auquel s’ajoute une dimension jubilatoire et farceuse. Le premier acte est proche de la commedia dell’arte, mais aussi de Shakespeare avec un
long discours sur la mort et la vanité de l’être
humain. Le second acte bascule dans la grande
comédie burlesque.
Laurent Pelly © Ph. Emmanuel Grimault
Le propos semble à la fois simple à
exposer et complexe à cerner.
Sans doute parce que le pamphlet politique
contre la peine de mort se déploie dans un univers fantastique de moyen âge, entre féerie et
gothique et que c’est toujours drôle et intelligent. Victor Hugo mêle poème lyrique et discours humaniste, mélo et philosophie pour
dénoncer une société tyrannique dominée par la
violence sociale. La faim ici n’est pas la famine,
mais elle symbolise aux yeux du poète la violence faite aux faibles, au même titre que la misère. Victor Hugo s’en prend à l’Église responsable selon lui de bien des maux et met dans la
bouche du tyran un discours violemment anticlérical, ce qui crée un double sens. A côté de
cela, se déroule la romance des deux jeunes
aristocrates contraints par la convoitise du roi de
e
cloître-refuge, entourés d’une nature vénéneuse,
les deux amoureux recevront l’aide de la sorcière centenaire et d’Airolo, personnages positifs
du récit. On retrouve là la contradiction habituelle chez Hugo entre générosité et dangerosité de la nature, une nature fantasmée et romantique. De même qu’on retrouve un personnage
cher à l’auteur, le voleur au grand cœur, homme
des bois bavard, grossier, mais aussi généreux et
intelligent.
J’aimerais monter Lucrèce Borgia, Ruy Blas, je
vais monter Le Songe d’une nuit d’été de
Shakespeare. Et je retravaillerai avec les deux
jeunes acteurs suisses qui interprètent le couple
d’amoureux, Charlotte Dumartheray et Cédric
Leproust, qui sont magnifiques.
L’intrigue et son décor ont-elles présenté des difficultés de mise en scène ?
Du 14 mai au 2 juin : Mangeront-ils ? de Victor Hugo,
mise en scène Laurent Pelly. Première en Suisse. Théâtre
de Carouge, Salle François-Simon, mar-mer-jeu-sam à
1h, ven à 20h, dim à 17h, relâche lun (billetterie :
022/343.43.43 - [email protected])
Le texte a rarement été monté et l’on comprend
pourquoi. La forme en est particulière, à commencer par la didascalie initiale qui décrit le
n
t
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Propos recueillis par
Laurence Tièche Chavier
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comédie de genève
Le Rapport Langhoff
En 1987, le metteur en scène Matthias Langhoff, un temps pressenti pour
diriger la Comédie de Genève, mit sur le papier ce qu’il attendait d’un
théâtre de son temps. Ce sont ces réflexions qui constituent le fameux
Rapport Langhoff.
Comment ça a commencé
Le Rapport Langhoff, premièrement intitulé Projet pour le Théâtre de la Comédie de
Genève, a d’abord été rédigé en allemand, puis
traduit. La version allemande, tapée à la machine sur papier A4, était reliée avec des spirales
blanches, comportait 113 pages sans les
annexes, quand la version française de 127
pages était reliée avec des spirales noires. Et
cela commençait ainsi : « Worum es sich bei dieser, meiner Etude handelt… » (trad. De quoi
s’agit-il dans cette étude ?), puis suivait un
‘jüdischer Witz’, une plaisanterie juive, qui
raconte l’histoire d’un pauvre homme qui a
perdu sa femme et qui… « se rend chez le rabbin pour commander les funérailles. Le rabbin
lui propose une oraison funèbre telle que non
seulement le pauvre homme et toute sa famille
éclatent en sanglots, mais que les fossoyeurs et
même les gens qui passent près du cimetière et
ne saisissent que quelques mots au passage
soient remplis de douleur et se mettent à pleurer.
Cette oraison coûte 300 florins. L’homme lui
répond : ‘Rabbin, je suis pauvre, jamais je ne
pourrai payer 300 florins’. ‘Bon’, dit le rabbin,
‘j’ai aussi une autre oraison funèbre qui vous
fera pleurer vous et votre famille, mais ni les
fossoyeurs, ni les gens qui passent près du cimetière ne se mettront à pleurer. Elle ne coûte que
200 florins.’ ‘200 florins’, dit l’homme, ‘tout à
fait impossible. Je suis pauvre, j’ai des enfants à
nourrir et une maison à entretenir. Je ne peux
pas payer 200 florins’. ‘J’ai encore une troisième oraison funèbre’ dit le rabbin, ‘qui ne coûte
que 50 florins. Mais je me permets de vous la
déconseiller, elle a une nuance comique (Aber
von der möchte ich abraten, die hat einen Stich
ins Komische…) »
Nuance comique, car la Fondation d’Art
Dramatique qui chapeautait la nomination n’était pas prête à y mettre le ‘juste’ prix, et que
Langhoff lui-même disait d’emblée: ‘moi, je
joue le rôle du rabbin qui sait que tout est faisable’ et terminait son avant-propos en posant la
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c
t
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bonne question : mais qui est exactement cette
‘femme défunte’ que l’on veut enterrer ?
Rapport pour une femme défunte
De quoi parle en fait ce Rapport ?
Essentiellement de théâtre, de comment on
organise un théâtre (‘diriger un théâtre n’est
véritablement intéressant que dans la mesure où
on le conçoit comme une activité artistique’),
comment on peut transformer un lieu, quel
genre de théâtre l’on devrait y faire et avec qui
(‘comme je suis très attiré par une confrontation
avec le cinéma au théâtre, mon travail serait en
relation avec un spectacle de Godard… la
deuxième salle serait entièrement à disposition
de l’AMR qui y organiserait des concerts), de
programmes possibles, des métiers du théâtre
(‘ le travail d’un metteur en scène n’a rien à voir
avec celui d’un directeur’) et enfin du budget à
prévoir.
Cependant, ce rapport n’est pas qu’une longue présentation programmatique, voire une
note d’intention très documentée : c’est aussi et
surtout, et là réside probablement l’intérêt de
‘monter’ ce rapport, une somme de réflexions
venant d’un véritable Européen cosmopolite et
multilingue, un homme de cette riche
Mitteleuropa dont on devrait se souvenir quotidiennement - ne serait-ce que par souci d’hygiène mentale - un homme dont la famille s’est de
tout temps illustrée dans les métiers artistiques,
et qui continue de le faire toutes générations
confondues, un homme de parole aussi, qui ne
parle pas pour ne rien dire, mais qui pense, et
qui fournit des exemples pertinents pour avérer
tout ce qu’il propose. C’est pourquoi, quand en
1987, il voit la Comédie comme « un théâtre de
production, capable de créer sept spectacles par
saison, répartis sur deux salles (…) Deuxième
salle de théâtre, moins commerciale dans sa
conception, plus locale et plus expérimentale
aussi (…) C’est là que le théâtre peut se développer, c’est presque toujours là qu’il innove. »
ce ne sont pas des paroles en l’air, ce sont de
vraies hypothèses de travail, de réflexion, qui
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Marie-José Malis © Marc Vanappelghem
s’appuient sur des expériences menées en
France ou dans cette Allemagne qu’il connaît si
bien, dont il décrit par exemple le modèle de
fonctionnement de la Fondation Strobel - studio
qui développe et utilise des appareils électroniques pour la production des musiques modernes - (‘je pense qu’un théâtre devrait fonctionner comme la fondation Strobel, avec un artiste
au poste de directeur’). Sous-entendu, si un studio peut mettre un artiste à sa tête, pourquoi pas
un ‘lieu artistique’ ?
Le texte se terminait, dans la version française uniquement, sur un remerciement sincère,
empreint de modestie, vu la somme rédigée :
« Je remercie tous les lecteurs de cette étude
pour la peine qu’ils se sont donnée à comprendre les problèmes exposés ; je leur sais gré de la
patience qu’il leur aura fallu pour suivre les
méandres de mes réflexions parfois extravagantes ». Mais comme disait Cocteau : « Le rêve
est la forme sous laquelle toute créature vivante
possède le droit au génie, à ses imaginations
bizarres, à ses magnifiques extravagances. »
Terminons par conséquent sur une plaisanterie extravagante, celle du Juif pragois à qui
l’on demanda de pointer sur la mappemonde
l’endroit où il souhaitait être définitivement
expédié et qui répondit : « Excusez-moi, vous
n’en auriez pas une autre ? »
La question à se poser in fine et de toute
urgence, c’est: « vous n’en auriez pas un autre,
de Langhoff ? »
Rosine Schautz
Du 23 mai au 2 juin : Le rapport Langhoff de Matthias
Langhoff, m.e.s. Marie-José Malis. La Comédie de
Genève, relâche lun, mar-ven 20h, mer-jeu-sam 19h, dim
17h (Billetterie : 022/350.50.01 / [email protected])
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Danse
Fenix
Foofwa d’Imobilité – Neopost Ahrrrt
7 et 8 mai à 20h30
Théâtre
Le Dindon
Georges Feydeau – Philippe Adrien
Du 13 au 15 mai à 20h30
THÉÂTRE FORUM MEYRIN
PLACE DES CINQ-CONTINENTS 1, 1217 MEYRIN
WWW.FORUM-MEYRIN.CH
BILLETTERIE 022 989 34 34 DU LU AU VE DE 14H À 18H
[email protected]
SERVICE CULTUREL MIGROS GENÈVE /
STAND INFO BALEXERT / MIGROS NYON-LA COMBE
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théâtre en cavale à pitoëff
Allez… Salut !
La neuvième et dernière saison du Théâtre en Cavale se termine en
donnant naissance à une toute nouvelle association au nom qui fleure bon
le sud et nos racines culturelles, le Théâtre Mediterraneo. En guise de
faire-part, les comédiens offrent un spectacle-hommage aux personnages
de théâtre qui ont peuplé la scène de Pitoëff et à tous ceux qui veilleront
sur la croissance de Mediterraneo.
Entretien avec l’auteur-comédien-metteur en scène Miguel Fernandez-V.
Miguel Fernandez-V. © Kathelijne Reijse Saillet
On peut interpréter le titre de deux
façons, l’une triste, l’autre joyeuse. Laquelle
est la bonne ?
C’est un adieu à la magnifique salle Pitoëff,
mais ce n’est pas une fin. Nulle amertume, nul
regret. Les comédiens s’en vont monter ailleurs
leurs tréteaux mais les personnages hanteront
encore longtemps la scène et les coulisses.
Salut ! se veut un commencement, un coup de
théâtre destiné à raviver l’intérêt du public pour
les aventures théâtrales des personnages qu’il a
aimés ou qu’il découvrira sur d’autres scènes,
dans d’autres lieux.
Un peu déçu malgré tout de quitter
des lieux aussi chargés d’histoire et de vie ?
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Qui ne le serait pas, d’autant plus que la salle a
été rénovée en 2012 et qu’elle n’est pas faite
pour la musique, or c’est l’Alhambra qui va
l’occuper temporairement pendant les travaux à
la rue de la Rôtisserie. Il est évident que l’amour
que la troupe de Cavale voue au lieu lui fait
regretter que personne ne reprenne le flambeau.
Que deviendra la salle Pitoëff ? L’avenir est
nébuleux et certaines décisions paraissent
incompréhensibles, voire incohérentes. La
vocation de cette salle historique au cœur d’un
quartier populaire est d’entrer en résonance
avec un public de gens ordinaires pour lui offrir
du rire, de la réflexion, de la détente, du suspense. Où ira ce public ? Le Théâtre en Cavale, avec
ses animations autour des spectacles, son
accueil personnalisé, ses bandes-annonces a été
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précurseur en la matière et avait trouvé son
public. Quoi qu’il en soit, l’association du
Théâtre en Cavale sera dissoute cet été mais ses
comédiens ne disparaîtront pas pour autant
puisque l’association du théâtre Mediterraneo
va s’enrichir de l’équipe de Zorba renforcée par
quelques autres, plus trois musiciens, soit une
dizaine de personnes en tout, et que le spectacle Allez… Salut ! sera itinérant en 2014.
Venons-en à ce Salut ! qui se veut
joyeux.
Un directeur vient dire adieu mais ne veut pas
partir. Il est triste de quitter des lieux devenus
comme sa maison familiale. Les
gardiens du théâtre vont petit à
petit le pousser dehors, ces
concierges n’étant que les fantômes des rôles précédemment
incarnés par les comédiens.
Zorba demande au directeur de
partir car tant qu’il reste, les
personnages des pièces qu’il a
montées ne peuvent revenir sur
scène. Parmi ces fantômes se
glissent quelques très grands
rôles qui n’ont pas été interprétés sur la scène du Pitoëff tels
que Cyrano, Rodrigue, Knock.
Le directeur rechigne à quitter
la scène, le saut dans le vide
l’effraie, il cherche ses marques.
Petit à petit cependant, l’autolamentation du début va laisser
place au désir de découvrir ce
qu’il y aura après. Une fois le
travail de deuil fait, un nouveau
départ sera possible. Les acteurs
pratiquent un art vivant pour des spectateurs
vivants qui retrouveront ailleurs, joués différemment, les personnages qu’ils aiment. Les
acteurs sont de passage, seuls les rôles sont
immortels, la pièce ne dit rien d’autre que cela.
Alors, que vive le théâtre !
Propos recueillis par
Laurence Tièche Chavier
Du 17 mai au 9 juin : Allez… Salut ! de Miguel
Fernandez-V. Théâtre en Cavale à Pitoëff, mer-sam à
19h, jeu-ven à 20h30, dim à 17h, relâche lun-mar (rés.
079/759.94.28 / www.cavale.ch - loc. Service culturel
Migros, Stand Info Balexert, Migros Nyon La Combe)
n
43
Théâtre du Grütli
([email protected] / 022 888 44 88)
Du 7 au 14 mai :
«Combat de sable»
Photo © Sebastien Monachon
Du 21 au 31 mai :
«Le baiser et la morsure»
© Steeve Iuncker
Théâtre Alchimic : «Art»
Du 14 au 21 mai 2013 (réservations au 022/301.68.38)
Théâtre de la Parfumerie : «Albahaca»
Du 28 mai au 9 juin 2013 (location au 022/341.21.21)
Photo Daniel Gomez
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Georges : Georges, une fille jamais elle ne me l’a dit, sauf l’institutrice.
Aminata : Bon, Georges maintenant ça ne peut plus durer faut partir. Tes
habits faut les remettre. Un pull comme ça où tu l’as trouvé ?
Georges : Ma mère. »
théâtre de poche
Aminata
Aminata, c’est le prénom d’une clandestine se livrant à
la prostitution, mais pas seulement. C’est aussi une
pièce qui dresse le portrait d’une femme insoumise
possédant les mots, le corps et la tendresse qui
consolent.
Quatre protagonistes
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Aminata : 40 ans, Sénégalaise sans papiers, arpente les trottoirs.
Georges : 30 ans, passionnément adoré par sa mère, redécouvre le monde
dans un lit aux caresses tarifées.
Solange : petite cinquantaine, déstabilisée par la fugue de son fils et décidée à le faire retrouver à tout prix, engage un inspecteur pas très ‘canal historique’, un certain Joël … « L’action se déroule dans une ville d’Europe »
stipulait en prologue le regretté Gilles-Souleymane Laubert, dont la pièce,
alors intitulée Sortie(s), avait obtenu en 2011 le prix d’écriture dramatique
de la Société Suisse des Auteurs.
Une écriture redessinée
« Georges : Maintenant je ne peux plus retourner Aminata c’est Aminata
que tu as dit ?
Aminata : Oui c’est Aminata quoi. Rafet naa, pas compliqué alors toi ton
nom ?
Georges : Georges que ma mère elle a déclaré à l’état civil enfin pas souvent elle le dit, Georges. Le nom c’est plutôt le fils. Toujours le fils.
Aminata : Georges, rafet.
Georges : Rafet, ça veut dire quoi ?
Aminata : Joli, ça veut dire joli. Comme ton prénom… Georges.
«Aminata» © Mario Del Curto
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L’écriture un peu émiettée de Gilles S. Laubert donne à voir, d’emblée, ce dont traite la pièce, à savoir comment dire l’altérité sans théories
exténuantes ou convenues, comment désorganiser les a priori, comment
déconstruire les habitudes et réinventer sinon un monde du moins une
manière de dire ce monde. A l’instar d’un Koltès qui a parfois parsemé ses
textes de mots arabes, de phrases en arabe, Laubert instille du wolof dans
quelques parties, et recrée une grammaire, une ponctuation, une diction
que l’on entend déjà dans les paroles jetées en vrac sur la page blanche. En
écoutant Georges, on se surprend à penser d’une part à l’Ernesto de Duras,
cet enfant-philosophe qui possédait un étrange vocabulaire et une manière très personnelle de décrypter son environnement tout en remettant en
cause l’éducation dans ce qu’elle a de forcément conventionnel, enfant misimple d’esprit, mi-sage en mode absurde, et l’on songe aussi à Kaspar
Hauser, ce fameux ‘spécimen’ sauvage, perdu, abandonné, peut-être noble,
mais resté à jamais marginal et incompris. Et finalement assassiné, comme
Georges…
« C’est un handicapé de la tête qui est resté comme un bébé depuis sa
naissance. Dans toute la pureté…C’est un handicapé que je vous dis ! Il
est né avec le cordon ombilical autour du cou. Il était presque mort. ».
C’est ainsi que la mère décrit son fils à l’inspecteur chargé de le retrouver.
A quoi il répondra, implacable: « Dure vous êtes une femme dure… Une
femme comme vous elle me fait pitié… De bois, votre tête elle est comme
du bois et le cœur c’est de la pierre… J’ai de la pitié pour vous… Le fils
je vais vous le retrouver. »
Rosine Schautz
Entretien avec le metteur en scène
Qu’est-ce qui vous a attiré de prime abord dans cette pièce ?
Ce texte a immédiatement résonné en moi. Il réunissait des thèmes qui me
tiennent à cœur et que j’ai traités dans plusieurs de mes
films : l’altérité, la prostitution, le rapport à la mère, à
la femme, et finalement, en sous-texte, aussi, au père,
ou disons à l’homme. La pièce de Gilles Laubert est par
ailleurs construite comme un film, elle est ‘montée’
selon un crescendo très cinématographique. A côté de
cela, la langue de Laubert qui est un peu ‘tordue’, aux
marges du possible, voire du compréhensible, me plaît
et me fascine. Elle me rappelle Ramuz et me fait entendre l’Afrique dans un même mouvement. Elle me donne
accès à cette parole d’émigrés, de l’immigration, cette
langue sens dessus dessous, qu’ici Aminata, l’héroïne,
se réapproprie et nous restitue dans toute sa majesté.
Une sorte de retour à l’archaïque, pourtant très moderne, très contemporain.
Enfin, quand René Gonzalez m’a proposé de monter
cette pièce, je ne savais pas qu’il allait disparaître presqu’en même temps que Gilles, quelques semaines plus
tard… Aussi ai-je conçu ce spectacle également comme
une récitation aux morts, une oraison des vivants pour
les morts. J’ai eu l’idée de mettre en scène cette parole
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trompe, on peut prendre des chemins qui s’avèrent
complètement faux, des sens interdits, des détours,
des contours, puis on trouve des solutions, on ‘répare’, on se corrige. En fait, le travail est complétement
différent, même si au final on fait entendre des mots
et on montre des images… J’ai aussi travaillé de près
la lumière et créé avec Matthias Grau un dispositif
vidéo qui donne à voir les scènes un peu comme au
cinéma et propose une scénographie pertinente, cohérente qui fasse entrer le spectateur dans cette histoire
circulaire à quatre personnages.
Propos recueillis pas Rosine Schautz
Du 6 au 26 mai : Aminata de Gilles Laubert, m.e.s. Jacob Berger.
Le Poche-Genève, lun-ven à 20h30, mer-jeu-sam à 19h, dim à
17h, mar relâche
Réservation : 022/310.37.59 lun-ven 9h30 à 12h + 14h à 18h Loc. SCM)
«Aminata» © Mario Del Curto
pour faire lien avec eux. C’est ma manière de célébrer, voire d’invoquer
ces deux hommes.
En quoi le métier de cinéaste et de metteur en scène est-il différent pour vous ?
Les deux relèvent de la création,
mais être cinéaste demande d’avoir
des moyens considérables. On
dépend de toute une série de mises à
disposition de fonds, ce qui est parfois un peu pénible, d’autant que le
verdict des instances sollicitées peut
tout faire arrêter. Alors le projet
tombe à l’eau avant même d’avoir
existé. Depuis toujours je vais au
théâtre, c’est un lieu que je connais,
j’aime y entendre de la parole. Je
suis d’ailleurs arrivé au cinéma par
la littérature, la lecture, le texte plus
que par l’image.
Gilles-Souleymane Laubert, auteur et comédien, fut le fondateur de la
Compagnie des Cris. Après une formation à l’École Supérieure d’Art
Dramatique de Genève (ESAD), il interpréta des rôles de premier plan
dans de nombreux spectacles en
France, en Suisse et en Belgique.
Parmi ses pièces, L’Abus, jouée près
d’une centaine de fois dans une mise
en scène de Martine Paschoud, est
parue aux éditions Les Solitaires
Intempestifs. Sur les bords a été représentée en Suisse et en France.
Aminata a reçu le prix SSA 2011.
Gilles-Souleymane Laubert est décédé le 8 mai 2012.
Jacob Berger est un cinéaste né en
1963. Après des études à la Tisch
School of the Arts de l’Université de
New York, il réalise son premier long
métrage en 1990, Angels, présenté en
compétition officielle du Festival de
Berlin. Puis, il tourne Jour Blanc,
avec notamment Heinz Bennent. Il
réalise ensuite 1 Journée, ainsi que de
nombreux documentaires pour Temps
Présent et pour Arte. Son long-métrage, Aime ton père, a représenté la
Suisse aux Oscars 2003. Il a, enfin,
cosigné le scénario de Libertad, le
film de Nicolas Wadimoff, sélectionné à la dernière Quinzaine des
Réalisateurs de Cannes.
Comment avez-vous procédé pour le ‘casting’ et la construction du spectacle ?
Le casting a été long, puis est venu le
travail à la table. J’ai dû organiser
mon temps de manière à tenir sur le
long terme. Le temps au cinéma et
au théâtre n’est pas le même. Quand
on filme, on met en boîte, on se
‘sert’ de quelques instants, et ensuite
on passe à autre chose, on tourne un
autre plan. Au théâtre, il y a les
déplacements, les mises en places
qui se trouvent petit à petit, on cherche ensemble des mouvements, on se
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Jacob Berger © Gilles Philippot
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théâtre am stram gram
De mémoire d’estomac
Au mois de mai, le Théâtre Am Stram Gram propose De mémoire
d’estomac d’Antoinette Rychner, dans une mise en scène de Robert Sandoz,
un spectacle destiné au jeune public dès huit ans.
Malgré son style enfantin, De Mémoire
d’estomac s’avère être une fable des plus sérieuses. La morale de la pièce souligne la beauté de
la vie qui est palpitante mais aussi injuste.
Robert Sandoz destine son spectacle d’abord
aux adolescents, à ceux qui se frottent au monde
pour se construire une identité et surmonter les
incertitudes. Rencontre avec l’auteure,
Antoinette Rychner.
Quelle a été votre source d’inspiration
pour cette pièce ? La différence ?
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Au départ, c’est Laure Fallet, une amie, qui m’a
parlé d’un projet qu’elle souhaitait mettre sur
pied. Elle voulait créer un spectacle de marionnettes destiné aux enfants. Elle a évoqué « une
fille au bras en forme de violon ». Je me souviens qu’elle a replié le bras, ébauchant un geste
du coude vers l’interrupteur, pour mimer l’étrange handicap. L’image a fait mouche, et j’ai
dit que j’allais tenter d’écrire cette histoire.
Finalement ce n’est pas Laure, mais son compagnon Robert Sandoz qui s’est emparé de ce
texte. Il n’était plus question de marionnettes,
pourtant cette donne de départ m’a permis de
prendre des libertés. Par exemple, le personnage
de l’estomac ; je ne l’aurais sans doute pas
inventé si je ne m’étais pas dit qu’en marionnettes, on pouvait « tout faire ».
Vous utilisez les codes du conte (les
pommes font référence à Blanche Neige,..)
mais vous vous écartez des situations convenues du genre … Pour mieux surprendre ?
Je n’ai pas décidé consciemment d’utiliser les
codes du conte. Il se trouve que je n’avais que
peu écrit pour le jeune public, je me demandais
comment attaquer, comment commencer l’histoire de cette fille un peu spéciale. Il fallait montrer
la naissance – ça s’est imposé; et puis mon héroïne allait partir à la rencontre de tout ce qui existe, s’exposer aux aventures. Cette petite fille au
milieu de rien, qui doit aller au-devant de ce qui
vient, c’est aussi l’auteure cherchant à se frayer
un chemin. Par la suite, le texte a été remodelé
plusieurs fois mais la sorcière, les pommes sont
de purs surgissements au détour du premier jet.
Ces figures sont venues à moi tandis que je me
baladais en des contrées à la fois collectives et
ancestrales, les contes de ma culture, et intimes
puisque des lieux que j’aime (vergers de pommes
par exemple, ou vieille maison à la cuisine pavée
de pierres) m’ont servi de décor mental. Si la
fable s’écarte finalement des canons du conte, ce
n’est pas non plus par stratégie réfléchie de ma
part, mais parce qu’une fois les personnages nés,
leur trajectoire a suivi une logique propre, qui
devait passer par les déboires et fièvres de nos
adolescences réelles, à l’intérieur de ce territoire
de la féerie et du symbolisme où ils progressaient.
La différence qui
stigmatise la petite fille
initialement devient vecteur de partage ?
La malformation conditionne son existence, puisqu’elle provoque l’abandon de
ses parents. C’est à cause de
cet abandon qu’elle va être
mise en situation de survie,
contrainte à un apprentissage rapide, prendre des
risques, faire des rencontres
importantes. Cette malformation structure aussi le
Antoinette Rychner © Francesca Palazzi
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récit car nous commençons par voir l’effet causé
à l’entourage, puis nous voyons comment l’héroïne elle-même découvre qu’elle est différente,
qu’elle ne correspond pas entièrement au modèle
humain. Ce rapport entre l’être perçu et l’être qui
se percoit lui-même, c’est essentiel dans la pièce.
Par la suite, c’est le personnage d’Alphonso, une
sorte de vieux sculpteur fou, qui porte à son tour
un regard sur le bras malformé et y voit un potentiel, une singularité à développer. Il va tenter de
« sculpter » ce bras dans le sens de son inspiration, mais cela ne plaira pas à l’adolescente qui
ne rêve que d’un bras conforme aux autres bras
de la terre. Tout au long de la vie de l’héroïne,
différents regards seront posés sur cette différence et c’est à travers ces regards que l’héroïne va
se définir. Pour chacun, ce bras aura une autre
apparence, une autre signification. Ce n’est que
dans la mort, une fois que ce fameux bras sera
sublimé en instrument qu’il va rassembler,
gagner une portée universelle ; dans la musique,
il devient effectivement un instrument de partage
(« tout le village » vient écouter le son du violon), il génère quelque chose d’accessible à tous,
alors que vibre le bois constitué au fil d’un parcours, d’une souffrance personnelle.
La parabole de votre histoire est que
la vie est belle mais que la fin surprend.
Contrairement aux Walt Disney, vous préparez les jeunes à des histoires qui peuvent finir
mal ?
Il fallait simplement que je sacrifie ces deux jeunes gens pour tirer d’eux les instruments qui
allaient devenir le violon et l’archet. Si je les
avais laissé vivre centenaires, ils auraient sans
doute vécu heureux mais je pense que le violon
produit sonnerait moins bien. Il n’y a pas de visée
pédagogique, mais le fait est que certains événements de la vie peuvent se montrer absurdes,
douloureux, incompréhensibles, et qu’il n’y a
aucune raison d’épargner le spectateur sous prétexte qu’il est jeune.
Lors des représentations de Besançon, des
enfants en situation de handicap moteur sont
venus voir le spectacle. Une éducatrice m’a rapporté qu’elle n’était « pas sûre qu’ils aient compris que les jeunes personnages mouraient à la
fin, mais qu’elle n’avait pas souhaité insister sur
ce point ». Pour ma part, j’étais heureuse qu’ils
aient perçu la fin de façon peu dramatique, car je
n’étais moi-même pas si triste en écrivant la fin,
j’avais plutôt l’impression d’une transformation
organique qui se faisait en souplesse.
Propos recueillis par Firouz-E. Pillet
www.amstramgram.ch
www.toinette.ch
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Théâtre des
Marionnettes
de Genève
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2013/2014 au
ll - Abonnez-v
ASSICS
ous!
Lundi 28 octobre 2013 à 20 h
ORCHESTRE DU FESTIVAL DE BUDAPEST
Jeudi 28 novembre 2013 à 20 h
ORCHESTRE RÉVOLUTIONNAIRE ET ROMANTIQUE
Mardi 10 décembre 2013 à 20 h
CAMERATA BERN
Jeudi 16 janvier 2014 à 20 h
ORCHESTRE DE CHAMBRE DE BÂLE
Jeudi 13 février 2014 à 20 h
ORCHESTRE DE CHAMBRE DE POLOGNE
Jeudi 13 mars 2014 à 20 h
ORCHESTRE SYMPHONIQUE DE MONTRÉAL
Mardi 29 avril 2014 à 20 h
ORCHESTRE SYMPHONIQUE DE LA BBC
L’OPÉRA DU DRAGON
CHIEN BLEU
Dès 4 ans
1 au 19 mai 2013
Le mystère d’une enfance
fantastique face à un chien
protecteur.
Adultes, ados
22 au 26 mai 2013
Entre mythologie et conte
populaire, la résistance face
à un tyran.
3, rue Rodo, Genève – 022 807 31 07
www.marionnettes.ch
THÉÂTRE
de
Mercredi 21 mai 2014 à 20 h
ORCHESTRE DU THÉÂTRE MARIINSKI
Billetterie: Service culturel Migros Genève, Rue du Prince 7, Tél. 022 319 61 11
Abonnements en vente du lundi 27 mai au vendredi 6 septembre 2013.
Billets en vente dès le 17 septembre 2013.
Organisation: Service culturel Migros Genève
www.culturel-migros-geneve.ch www.migros-pour-cent-culturel-classics.ch
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VALÈRE
sion
Prune Beuchat
AVRIL
Je 11 – S underland de Clément Koch
Ma 16 – Hors-la-loi de Régis Duqué
Me 24 – Eric Antoine – Magie et Humour
MAI
Ma 7 – Le Ravissement d’Adèle de Rémi De Vos
Je 16 – In love with Federer à Sierre
Ve 17 – In love with Federer à Sierre
2012 · 2013
saison
027 323 45 61 | www.theatredevalere.ch
*
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Château Rouge, Annemasse
(location +33 / 450.43.24.24)
Le 15 mai : Salif Keïta
Photo © DR
Le 23 mai : « Lost in the Supermarket »
Photo © Christophe Raynaud de Lage
Bonlieu, Annecy : Philippe Car à l’honneur
(réservations au +33 / 450.33.44.11)
Les 17 et 18 mai : «Sur le chemin d’Antigone»
Photo © Elian Bachini
Du 21 au 23 mai : «La Caravane du Cid»
Photo © Elian Bachini
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théâtre des marionnettes de genève
Au fil du récit, le lien très fort entre ce chien coloré et la petite fille se consolide ; quelle est leur relation ?
Chien bleu
Fabrizio Montecchi, metteur en scène et scénographe né en
Italie en 1960, a suivi des études d'art et d'architecture et
vit actuellement en Italie. Dès 1977, il commence sa
collaboration avec la compagnie Teatro Gioco Vita de
Piacenza, période durant laquelle il travaille à la
croissance et au développement du théâtre d'ombres.
Les comédiennes manipulent parfois à vue les figurines du récit au cœur
d’un univers d’ombres et de couleurs. Elles jouent aussi les rôles de la
mère et de la fille. Cela contribue à renforcer le fait que la jeune Charlotte
ne s’étonne pas de la vision d’un chien bleu. Si elle n’en a jamais vu, elle
l’accepte néanmoins tout de suite. Elle pressent bien qu’il est aussi solitaire et parfois incompris qu’elle. Il existe ainsi souvent chez l’enfant cette
capacité d’émerveillement et d’accueil par rapport à ce qui est inconnu. Le
chien apparaît pour aider la petite fille à grandir.
L’Opéra du Dragon
Le théâtre des Marionnettes de Genève accueille, du 1er au 19 mai,
Chien Bleu, une adaptation du Teatro Gioco Vita de l’œuvre éponyme de
Nadja, la sœur de Grégoire Solotareff, spectacle destiné au jeune public dès
4 ans. Ce spectacle mêlant ombres et figures multicolores dépeint l’amitié
qui se tisse entre un chien bleu ciel et Charlotte, une fillette curieuse; le
chien devient à la fois le protecteur et le confident de la fillette. Rencontre
avec le metteur en scène.
Pourquoi avoir choisi Chien bleu ?
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Je trouvais intéressant de voir que la présence d’un animal hors du commun, le chien bleu, permet d’aborder le thème du double. La vision de
l’enfance développée par Nadja est celle d’un être qui possède déjà tout,
au plan des capacités et de la sensibilité. J’ai alors hésité à monter L’Enfant
des sables, Chien Bleu ou Méchante. La figure du double y prenait la
forme d’un petit enfant de sable, d’un
animal ou d’une poupée. Ces livres
ont en commun une matière expressive remarquable tant au plan graphique et des couleurs, que dans la
profondeur de l’univers intime d’un
enfant. Pour Chien Bleu, la force des
illustrations est telle qu’il est impossible de séparer les images du texte.
L’image est empreinte de cette force
mythique liée à la figure tutélaire du
chien. Tout en respectant l’esprit du
livre, on a souhaité le rendre vivant
sur le plateau, d’où nom-bre d’énergies, mais aussi d’éléments silencieux
qui traduisent la vie intérieure profonde des personnages principaux,
Charlotte et le chien.
Les marionnettes sont
confiées aux soins de deux comédiennes - Laura Dell´Albani et
Deniz Azhar Azari. Comment avez-vous travaillé avec elles ?
«Chien bleu» © Jonathan Gobbi
La présence des deux comédiennes qui manipulent les figures et ombres
du récit se veut délicate, discrète, comme des conteuses venues raconter
une histoire. C’est une manière de prendre l’enfant avec soi dans ce voyage initiatique, au pays des ombres et au fil d’un univers émotionnel. Nous
avons aussi imaginé le rêve de Charlotte. Dans cette scène, tout semble
possible dans le jeu sur les tailles des ombres aussi vivantes que possible
créées par des silhouettes manipulées et parfois fixées à la table. Le regard
au sein des ombres ainsi que le profil de la silhouette sont essentielles pour
l’expressivité du personnage.
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Le talentueux Johanny Bert vient à Genève présenter L’Opéra du
Dragon, un spectacle pour adolescents et adultes, qui sera proposé du 22 au
26 mai. Le metteur en scène surprend encore avec cette fable cruelle et mordante sur la tyrannie et l'assujettissement des hommes. Après une formation
de comédien aux ateliers de la Comédie de Saint-Étienne, et de marionnette auprès d’Alain Recoing (Théâtre aux Mains Nues), Johanny Bert a travaillé avec différentes compagnies dont le Théâtre Archimage dirigée par
Guy Jutard. En 2000, il fonde la compagnie le Théâtre de Romette pour
développer des projets personnels. Il s’entoure pour chaque création d’une
équipe constituée d’acteurs, de plasticiens, d’auteurs, de techniciens et, souvent, d’artistes invités. Dans le présent spectacle, un dragon sauve toute une
ville du choléra. Les habitants reconnaissants décident de se placer sous sa
protection et lui livrent chaque année une vierge comme épouse, promise à
la mort... jusqu'à ce que la belle Elsa résiste. Arrive alors un chevalier servant qui mène la résistance contre le tyran. Inspiré du Dragon d'Evgueni
Scwartz, L'Opéra du dragon est une fable politique où Heiner Müller pose
quelques questions qui résonnent avec l’actualité. Rencontre.
Quels aspects vous ont plu dans l’écriture de Heiner Müller ?
Cette écriture offre une trame dans laquelle tout se dit en peu de mots, de
façon presque lapidaire, nécessaire. Il n’a pas écrit une réduction de la pièce
de Schwartz. Il a porté son regard personnel, historique sur cette fable
ancienne qui a traversé les générations, en convoquant un langage simple,
poétique, qui laisse la place à l’action et à l’image interprétative.
Ce texte, qui parle de soumission volontaire, demeure actuel …
Müller nous pose quelques questions décisives : les hommes sont-ils faits
pour la liberté ? Ont-ils le courage de s’émanciper des régimes totalitaires et
à quelles conditions ? La pièce interroge, aussi, la place que nos sociétés
font encore à l’utopie, ou aux perspectives de bonheur collectif.
Vous mêlez sur le plateau plusieurs types de présence ...
Sur le plateau, évoluent et dialoguent en permanence quatre langages, qui
sont aussi quatre formes de présence : les figures marionnettiques (foule
d’individus similaires, uniformément privés de corps, dont n’émergent que
quelques identités singulières) ; trois acteurs manipulateurs, qui donnent les
impulsions physiques et prennent en charge la partition gestuelle des
marionnettes ; une actrice-récitante qui interprète toutes les voix des personnages ; un musicien qui, entouré de ses nombreux instruments, entrelace sa
partition sonore à celle des mouvements dramatiques, chorégraphiques et
vocaux. Dans ces interactions multiples, s’offre alors au spectateur une
vision, en acte, non pas de la finalité de l’Histoire (pouvons-nous croire à
l’avènement d’un monde définitivement meilleur ?), mais de sa fabrique
démocratique, dans la (re)négociation permanente du contrat qui lie ceux à
qui ils délèguent leurs pouvoirs.
Propos recueillis par Firouz E. Pillet
www.marionnettes.ch
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Vous reprenez à Annemasse votre
spectacle créé en 2011 pour les 20 ans de
Grenade…
château rouge, annemasse
Josette Baïz
A la tête du Groupe et de la Compagnie Grenade, la chorégraphe Josette
Baïz fera escale le 15 mai sur la scène de Château Rouge à Annemasse, avec
son spectacle « Grenade, les 20 ans ». Entretien.
Grenade est une association d’enfants
et d’adolescents (le groupe) et de professionnels (la compagnie), c’est une structure très
originale…
Le groupe Grenade est constitué d’enfants de 6 à
18 ans, puis de ce groupe est issue la compagnie
professionnelle. C’est-à-dire que lorsque les
enfants sont grands, s’ils ont une évolution suffisante, ils deviennent des professionnels dans ma
compagnie, et c’est le cas pour beaucoup. Nous
sommes un peu les seuls à faire ça en France,
c’est ce qui est particulier dans notre aventure.
Nous tenons à ce que les enfants soient scolarisés, et ne souhaitons pas qu’ils
deviennent une sorte de groupe
qui suivrait des cours par correspondance. Comme nous voyageons assez souvent, nous sommes obligés de faire une double
distribution pour les moins de 16
ans, sinon ce serait très problématique avec l’école. Les agendas sont établis un ou deux ans à
l’avance, et c’est toute une organisation : nous suivons les
devoirs en tournée, et ils les
envoient par mail, …
Votre implantation
locale à Aix-en-Provence est
forte, vous participez régulièrement au festival au mois de juillet ?
Oui, nous sommes très implantés dans le tissu
local, nous avons énormément d’adhérents dans
les cours, et des structures passerelles existent
avec l’art lyrique ; nous créerons un Roméo et
Juliette pour l’édition 2013 du festival d’Aixen-Provence. Nous avons une école à Aix et
intervenons régulièrement dans 7 écoles sur Aix
et Marseille, y compris dans les quartiers nord.
Nous avons eu une activité en forte expansion
depuis des années, et rencontrons actuellement
un problème d’espace, avec beaucoup de danseurs, beaucoup de dates de spectacles, de nombreuses chorégraphies qui tournent.
Vous avez donc avec vous des enfants
issus des quartiers nord de Marseille …
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Il y a 20 ans, nous avions démarré avec les quartiers nord de Marseille, et les jeunes provenaient
exclusivement de ces quartiers. Et puis au cours
des années, mon principe étant celui de l’évolution, c’est-à-dire faire l’année suivante quelque
chose de plus technique, de plus recherché, nous
avons pratiqué un métissage de culture assez
énorme, en travaillant le classique, le hip-hop, le
contemporain, la danse orientale, la danse africaine... Il faut avouer que les spectacles sont
devenus de plus en plus difficiles, je voulais
montrer que les enfants sont capables de s’intégrer dans des choses assez complexes. C’est évi-
Le spectacle donné en 2011 nous semblait un
programme très ambitieux avec des pièces chorégraphiées par 6 grands noms de la danse d’aujourd’hui. Les échos ont été très favorables et
puis nous avons eu une reconnaissance idéale
dans le monde de la danse avec le Théâtre de la
Ville à Paris, qui nous a programmés une semaine au mois de mai 2012. Nous sommes entrés
comme cela un peu dans la cour des grands !
Avec le Roméo et Juliette à Aix cet été, et puis
aussi avec d’autres perspectives, nous sommes
sur des projets un peu « énormes » à présent.
Mais c’est une évolution que nous sommes très
heureux de connaître, avec de nouveaux défis.
Angelin Preljocaj est l’un des 6 chorégraphes de votre spectacle, lui aussi basé à
Aix-en-Provence…
On peut dire que le Ballet Preljocaj basé à Aix et
nous-mêmes ne sommes pas dans le même
monde ! C’est sûrement l’un des chorégraphes
qui tournent le plus en
France voire à l’étranger. Ce
n’est pas la même dynamique que la nôtre. Ce qui
nous caractérise est que,
pour le moment, il n’y a pas
de référence pour ce que
nous faisons. Au début c’était difficile, le ministère de
la Culture nous disait : « que
faites-vous avec ces enfants ?
Ce n’est pas professionnel,
ce n’est pas de la danse… »
Ce qui fait plaisir est qu’au
bout de 20 ans, nous avons
Grenade les 20 ans «Vers un pays sage»,
énormément travaillé et somchorégraphie Jean-Christophe Maillot © Jean Barak
mes arrivés à un tel profesdemment un tour de force, mais un peu au détri- sionnalisme avec les enfants, que plus personne
ment du nombre d’enfants qui viennent des quar- ne nous dit ça ! Les gens sont en reconnaissance
tiers. Certains enfants de Grenade sont fous de de ce travail, et même, ce qui est dit et m’est très
danse et viennent 4 ou 5 fois par semaine pour agréable aux oreilles, est que les enfants nous
pouvoir vraiment travailler et progresser. Du donnent une autre lecture des pièces. Les enfants
coup, les enfants des quartiers, qui sont quand sont très frais, très drôles, plein de vie, forcément
même moins soutenus par leurs parents, ont un très communicatifs, ils donnent une autre vision
peu moins de facilité à suivre. On est passés de et un coup de jeunesse à ces pièces, déjà ancien100% à l’origine à 10% à peu près de jeunes des nes pour certaines d’entre elles. C’est cela qui me
quartiers aujourd’hui. Et puis l’époque a changé, fait plaisir maintenant, d’avoir pu, au bout de tant
en 1989 les enfants faisaient du hip-hop dans les d’années de travail, donner une autre vision des
caves avec une espèce de volonté de s’en sortir choses.
Propos recueillis par François Jestin
par l’art vivant. Actuellement avec internet ce
n’est plus vraiment cette réalité, ils s’investissement moins dans cette école de la vie avec de Relais Château-Rouge à 20h30 (loc. +33/450.43.24.24)
Le 15 mai : Grenade, les 20 ans
vrais gens.
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théâtre du jorat, mézières
La détresse enchantée
De Puz/zle, polyphonie de gestes imaginée au dernier Festival d’Avignon
à M¡longa, création autour du tango, le chorégraphe belge et marocain
Sidi Larbi Cherkaoui mêle gestes, mythes, cultures et origines d’ici et
d’ailleurs.
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Musique populaire et danse contemporaine
se croisent dans cette reviviscence du tango, qui
loin d’être la danse de salon actuelle, exprime la
sensualité, le drame, la gouaille et le désespoir
des couches les plus déshéritées de la société.
Cette création renouera-t-elle avec le succès historique international du spectacle Tango
Argentino qui suivit, en 1983, la chute de la
junte militaire en Argentine et marqua un regain
d’intérêt dans les jeunes générations pour le
tango avec la réouverture des milongas (dancings dévolus à cette expression dansée) ? Ou
l’œuvre aura-t-elle cette dimension d’insoumission liée à cette danse d’une fascinante beauté
propre à devenir l’allégorie d’un pays qui fut
sous la férule dictatoriale et autoritaire durant
des décennies, et si bien saisie par
Carlos Saura dans son film Tango
(1998) ?
fauder de nouvelles expressions pour s’affirmer
et survivre. En témoignent les hautes murailles
carcérales partagées entre lamentations et
besoin de consolation de Foi (2004) ou les boîtes catafalques croisées dans Sutra (2008). Au
fil de Puz/zle (2012), elles laissent la place à un
immense jeu de dominos ou sudoku géant architectural. Les compositions musicales des pièces
chorégraphiques du maître flamand sont souvent somptueuses. A la musique harmonique
live ou électro succède ainsi, pour Puz/zle, le
groupe A Filetta, qui revisite la tradition vivante des polyphonies corses, lesquelles se tuilent
en sinuosités aux oscillations vocales de la
Libanaise Fadia Tomb El-Hage. Tous sont intimement intégrés à l’espace scénique et au cane-
Arts mêlés
Au sein de sa compagnie, l’artiste
n’a sans doute pas oublier que cette
danse sociétale, menée en couple et
apparue dans la banlieue de Buenos
Aires au cœur du 19e siècle mourant, se
dansait avec une inventivité souvent
renouvelée entre hommes ou dans les
lupanars, car les femmes venaient alors
à manquer. Les comédies dansées américaines au cinéma - telle Shall we
dance ? avec Jennifer Lopez et Richard
Gere - ont préféré retenir, dans leur
immense majorité, un érotisme à fleur
de chair, des pas souvent d’une rare
complexité, la différence marquée entre
figures exécutées avec une époustouflante vélocité et le gel de certains
temps, comme mis en suspens, faisant
sculpture graphique, idéales pour ce
magnifique créateur d’images corporelles scéniques qu’est Sidi Larbi
Cherkaoui. Chez lui, les scénographies
contraignent souvent les corps à écha-
«Milonga». Choregraphie Sidi Larbi Cherkaoui.
Photo credit: Diego Franssens
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vas chorégraphique. L’âme cinéphile s’ébroue,
elle, à la stridence de la flute jouée par le percussionniste japonais Kazunari Abe. Elle reconduit le souffle épique du film Ran signé
Kurosawa. A l’occasion de M¡longa, la partition
musicale tango est l’œuvre de l’excellent quintet de Fernando Marzan qui évolue avec une
grande vivacité d’expression au cœur de la capitale argentine.
Au fil de ses pièces, le chorégraphe a toujours convoqué et tressé les arts traditionnels du
monde entier, composant un univers baroque
foisonnant, traversé des questionnements de
notre temps. Comme cette nouvelle création
l’attestera sans nul doute, il est l’artisan d’une
danse physique, dramatique et théâtrale. Elle
sert un propos pouvant aussi mettre en avant
l’altérité, le spirituel et une puissante réflexion
sur notre devenir mortel. Que l’on songe, par
exemple à l’épisode de la danse des noyés dans
Loin ou aux lapidations, ensevelissements
minéraux et guerres des pierres au ralenti et en
instantanés figés pour Puz/zle. Sur la crête de
ces états « mouvementés », inspirés de déplacements organiques, naturels, l’on ne distingue
plus ce qui manipule et ce qui est manipulé.
Afin d’enrichir ses horizons, Cherkaoui
convie sur son plateau des artistes issus de disciplines contrastées : danseuses flamenca et indienne, chorégraphes comme
Akram Khan et Damien Jalet, le sculpteur Antony Gormley ainsi que des
musiciens de cultures variées. De l’alphabet gestuel narratif du Nord de
l’Inde (khatak) et sa poétique expressivité de mains papillonnantes aux ondulations du hip hop en serpentant par le
bûto aux gestes tourmentés d’arbre
mort, ce chorégraphe à l’imaginaire
arborescent sait précipiter artistes et
gestes jaillis de tous les horizons avec
un sens rarement égalé de l’équilibre.
Pour M¡longa, le travail s’est développé en connivence avec danseurs et
musiciens argentins en partant des soirées dansées se tenant dans des bars de
Buenos Aires. Un tango portant sans
doute par instants davantage l’empreinte aristocratique qui l’a sorti de ses bordels d’origine durant les années 20 avec
l’avènement de Carlos Gardel. Les
corps lianes d’une extrême physicalité
chers au chorégraphe se retrouveront
sans doute dans ces couples enlacés,
voire au gré du plus intense mouvement
spiralé, où l’on ne peut distinguer où
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«Milonga». Choregraphie Sidi Larbi Cherkaoui. Photo credit Diego Franssens
débute une anatomie et l’endroit exact où s’achève l’autre. Des couples feront probablement
mousser leurs mouvements de bras et leurs jeux
de jambes se délieront en de vertigineux équilibres, dramatiques voire cocasses. Ainsi sur
scène, contemplera-t-on ce pas mythique appelé
salida qui clôt de multiples variations et permet
à l’élément masculin de recouvrer – temporairement – une maîtrise du couple. Seront revisités
une très large palette de figures dont l’asentenda (impressionnantes ondulations des hanches),
le pas croisé ou le moulinet.
Réminiscences de Buenos Aires
Cherkaoui aura sans doute à cœur de revivifier cet aspect veines ouvertes de l’Amérique
latine du tango tout en se souvenant peut-être
que l’Allemagne de l’entre-deux-guerres en
donna une version chorégraphiée très staccato,
architecturée de mouvements de tête semblables
à des poignards et une dimension spectrale proche du muet et de l’expressionnisme triomphant
avec ses corps silhouettés entre la 2d et la 3d
que le décor semble, un temps, proposer dans
M¡longa.
La pièce aligne une paire d’interprètes
contemporains, un orchestre de tango formé de
cinq musiciens et dix danseurs de tango, dont le
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prodige Valentina Villaroel, à l’expressivité de
la plus belle eau, rehaussée par un visage almodovarien. Ses solides lignes de corps n’ont
jamais oublié leur formation à l’Ecole de danse
nationale Maria Ruonava, donnant une vue physique complète alliant ballet, danse contemporaine, mime et trapèze. Impressionnante est sa
performance dansée et chantée dans le spectacle
Evita Vive, un immense succès dirigé par Peter
Macfarlane à Buenos Aires. L’opus tuile effluves de hip-hop, tango et disco, en retraçant la
vie d’Evita Peron, de sa naissance à Los Toldos
à sa disparition, à 33 ans, dans le Palais présidentiel. La native de Grenade et ultrapopulaire
chorégraphe Blanca Li serait bien inspirée de
faire appel à pareil chef-d’œuvre pour élargir
son éventail chorégraphique déjà fort étendu.
En 1995, Cherkaoui, lui, n’a-t-il pas remporté le
concours du meilleur solo de danse, mis sur
pied par le chorégraphe Alain Platel, avec un
tuilage de funk, disco et hip-hop, le tout estampillé danse contemporaine par son auteur ?
La création de Cherkaoui cisèle le milonga,
ces danses de groupes menées en tango. Et qui,
à Genève, se donnent souvent rendez-vous dans
les cours d’écoles ou parcs. La sensation ressentie lors d’une figure pareille à la promenade et
la contrepromenade sous la conduite d’une
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enseignante vous tenant fermement par la taille,
cavalier devenue cavalière, fluidifiant les sens
comme rarement, est l’une des plus belles expériences corporelles et sensitives qu’une vie dansante amateure ou professionnelle peut connaître. Quelle soit envisagée ou non dans une perspective culturelle éloignée de ses expressions
classiques et heureusement impures, mélangées
par essence, la pratique de cette danse exigeante dans la formidable attention à l’autre qu’elle
développe en couple bien réel dans la vie, favorisant une incroyable circulation d’énergie entre
les partenaires, vaut bien des thérapies de couples cognitives notamment. Puisse cette pièce
créée en Suisse romande par l’un des chorégraphes les plus prestigieux du moment - ayant
œuvré notamment pour le Genevois Ballet du
Grand Théâtre (Loin, 2008), insuffler au tango
et à sa transmission la reconnaissance qu’ils
méritent assurément.
Bertrand Tappolet
M¡longa, 23 au 29 mai, Théâtre du Jorat, Mézières.
Coproduction notamment avec le Théâtre de Vidy.
Rens : www.vidy.ch et www.theatredujorat.ch
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Cédric Pescia
et ses amis
Schubert et Bartók
Pour la 7e année, le Théâtre Kléber-Méleau, à RenensMalley, accueille les «Rencontres Musicales avec Cédric
Pescia», pianiste né à Lausanne en 1976.
« En fait je m'intéresse surtout au récital, et à la musique de chambre, des genres qui me permettent la recherche, la remise en question »
ainsi s'exprimait récemment le Vaudois Cédric Pescia dans les colonnes de
cette revue. Cette curiosité s'appuie sur un constat évident : « Je trouve qu'en Suisse, et tout particulièrement en Suisse romande, c'est inouï
tout ce qui se passe ! Pour un artiste, il y a largement les moyens de se
former, de faire carrière et d'y être bien ! »
Ce credo trouve un écho dans la politique de la direction du théâtre Kléber-Méleau. Un simple coup d'œil sur les affiches permet de
prendre conscience du désir de renouvellement, de diversité... et de
surprendre le public ! En un tel lieu, le théâtre côtoie la musique et la
musique côtoie le théâtre ! Produit par l' «Ensemble EnScène» le programme musical se veut jeu, véritable mise en scène.
Le pianiste peut ainsi donner libre cours à son imagination, ses
désirs d'innovation et de collaborations.
Chant et piano
Pour la première rencontre, le talentueux musicien lausannois, qui
mène actuellement une carrière à Berlin, s'est associé à Marie-Claude
Chappuis. La Fribourgeoise d'origine, une valeur sûre de l'univers
lyrique, privilégie les esthétiques italienne et allemande des XVIIIe et
XIXe siècles. Elle a fondé le «Festival du Lied» à Fribourg en 2001.
Pour cette occasion, elle se laisse entraîner un peu en dehors de son
répertoire, vers des pages de De Falla, Fauré et Poulenc. Nul doute que
la lecture des partitions avec un associé qu'elle
connaît bien - ne manquera
pas de fraîcheur.
Nurit Stark est une violoniste israélienne qui est passée par la Julliard
School de New York. Une amitié ancienne la lie à Cédric Pescia. Très
engagée dans la musique contemporaine, elle a été récompensée pour ses
activités dans ce domaine (Prix Spécial de la meilleure interprétation pour
la pièce contemporaine 1756 de Viktor Suslin au Concours Leopold
Mozart de Augsburg). Nul ne s'étonnera de la voir interpréter Bartók, un
musicien expérimentateur s'il en est. Mais le concert sera aussi orienté
vers Schubert, et le mélomane peut s'attendre à une lecture décapante de
cette production. Selon
Cédric Pescia, « la recherche personnelle est nécessaire, il est indispensable
d'avoir une réflexion progressive, de construire ses
connaissances ».
Avec un quatuor
La dernière rencontre s'articulera autour des esthétiques de Bridge, Fauré et
Brahms. Pour l'occasion, le
partenaire sera le Quatuor
Schumann, formé de
Christian Favre (piano),
Tedi Papavrami (violon),
Christoph Schiller (alto),
François Guye (violoncelle).
Chacun de ces artistes
Nurit Stark
mène une vie indépendante, mais il ne faut pas oublier qu'à quatre, ils se produisent... depuis
1998 ! Cette soirée se profile, elle aussi, sous le signe de la diversité
des personnalités et des expériences, mais également de la solidité d'un
passé commun !
Entre l'Ukraine
et la Suisse
S'il s'associe à des
interprètes aux arts et techniques très variés, Cédric
Pescia recherche aussi le
dialogue musical avec les
compositeurs. La deuxième
rencontre en sera une preuve : Valentin Silvestrov, né
à Kiev en 1937, écrit
depuis de nombreuses
années. Son style, très
expressif, a d'abord été
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influencé par le post-sérialisme alors pratiqué en Europe occidentale. Puis
sa production a plutôt été définie comme “l'épilogue ultime du grand
romantisme“. Pour jouer ses partitions, le compositeur sera au piano, tout
comme Cédric Pescia; deux instruments à cordes (alto et violoncelle) donneront la réplique. Là encore, l'instigateur de ces soirées pourra réaliser un
autre aspect de son credo : « s'intéresser aux créateurs de notre époque ».
rencontres musicales à kléber-méleau
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Pierre Jaquet
QUATRE CONCERTS – à 20 HEURES
Théâtre Kléber-Méleau, 1020 Renens-Malley
tél 021 625 84 29, [email protected]
- Mardi 14 mai : Marie-Claude Chappuis mezzo-soprano, Cédric Pescia piano Oeuvres de De Falla, Fauré, Poulenc
- Mercredi 15 mai : Valentin Silvestrov et Cédric Pescia pianos, Nurit Stark violon,
Ivan Monighetti violoncelle - Oeuvre de Silvestrov
- Jeudi 16 mai : Nurit Stark violon, Cédric Pescia piano - Oeuvres de Schubert et
Bartók
- Vendredi 17 mai : Quatuor Schumann - Oeuvres de Bridge, Fauré et Brahms
Cédric Pescia © Uwe Neumann
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kazuki yamada avec l’osr
Kabuki
en queue de pie
En mai, le maestro japonais fera pleurer et danser les mélomanes genevois.
Portrait d’un grand amoureux de l’univers musical occidental venu de
l’Orient.
Chant, danse et habilité technique sont les
trois éléments essentiels qui forment le kabuki, le
traditionnel art théâtral japonais. Etrange coïncidence, il suffit de changer une lettre — en alphabet occidental — pour transformer le prénom du
maestro Yamada en kabuki. Cette forme, autrefois considérée d’avant-garde, place au centre le
jeu d’acteur, qui, muni d’un costume et d’un
maquillage dignes d’un guerrier samouraï, entouré d’un décor spectaculaire, se livre à une interprétation à la fois très expressive et extrêmement
codifiée. Alors que les biographies du chef ne lui
attribuent aucune liaison connue avec la
Terpsichore vêtue en geisha, il est époustouflant
de voir comment ce musicien intègre — consciemment ou non — les principes de cet ancien
art dramatique dans sa manière de diriger un
orchestre. Il réussit ainsi à littéralement hypnotiser le public qui, fasciné par le mystère et secoué
par une vague d’émotions proche d’un tsunami,
quitte la salle de concert transformé… Sa personnalité, hors du commun, amène même les critiques musicaux à renouveler leur vocabulaire
des superlatifs: à Birmingham, «il a inspiré une
expressivité vibrante chez de nombreux solistes»;
à Strasbourg, il a conduit la phalange à «un
rayonnement exceptionnel»; à Genève, il a redonné à l’OSR «de l’étincelle et de la confiance en
soi», tout en établissant avec les musiciens «une
communication qui frôle la séduction». A
Londres, alors que le public «bcbg» du Barbican
avait accueilli cet Asiatique gesticulant avec
quelques craintes, il a été vite rassuré: le jeune
maestro est tout à fait capable de s’effacer devant
l’œuvre, qu’il dirige d'une main ferme, tout en
gardant «sa joie de vie»… De l’appréhension, la
presse britannique passe vite à l’acclamation de
Kazuki Yamada, défini comme une «star en devenir». Oui, le maestro Yamada est un maître de
kabuki, sans costume impressionnant, certes,
mais avec de nombreuses teintes d’orchestre en
guise de palette de maquillage...
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L’homme de la situation
Né en 1979 au Japon, après des études à la
Tokyo National University of Fine Arts and
Music, Kazuki Yamada a poursuivi sa formation
en Europe, à l’International Summer Academy
du Mozarteum de Salzbourg en 2002. A cette
époque, il avait déjà fondé la Sinfonietta de
Yokohama, dans son pays natal, et venait de se
mettre à la baguette de l’Orchestre Philharmonique de Varna, en Bulgarie. L’on peut difficilement imaginer une collaboration plus exotique:
une véritable rencontre de l’Orient et de l’Est.
Une suite de concours de circonstances projette
de façon vertigineuse le jeune Kazuki sur les
podiums les plus prestigieux: en 2009, il gagne le
Grand Prix de Direction du 51e Concours
International des jeunes chefs d’orchestre à
Besançon, une récompense qui lui vaut une invitation à diriger l’Orchestre symphonique de la
BBC. Ensuite, il fait ses preuves en remplaçant à
la dernière minute, avec autant de maîtrise que de
brio, des chefs de renom, comme Michel Plasson
à la tête de l’Orchestre de Paris en 2009, Seiji
Ozawa en 2010, auprès de son Académie de
Musique. Son début avec l’OSR, la même année,
a laissé le public et les musiciens sous une telle
impression que le jeune Japonais a failli prendre
la tête de la phalange après le départ de Marek
Janowski ! Mais le choix définitif s’est porté sur
la personnalité forte d’expérience de Neeme
Järvi, et Kazuki Yamada a signé un contrat de
trois ans en tant que principal chef invité.
Un pied sur chaque continent
Si les maîtres de toile et de plume français
ont éprouvé à une époque une grande fascination
pour les japonaiseries, le maestro nippon semble
vivre cette attraction dans le sens inverse: son
répertoire comprend toutes les grandes intégrales
symphoniques du cœur de l’Europe, avec une
forte prédilection pour les compositeurs français
des XIX et XXe siècles.
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Kazuji Yamada by Yoshinori Tsuru
Aujourd’hui, Kazuki Yamada, installé à
Berlin avec sa famille, est lié professionnellement avec de nombreuses phalanges japonaises
(Philharmonique de Japon, Tokyo, Nagoya,
Hiroshima, Kanagawa…), tout en continuant à
conquérir de nombreuses scènes européennes,
entre Stockholm ou Turku dans le Nord et
Castille et Leon dans le Sud, en passant par
Cologne ou Toulouse, sans oublier de vaquer à
son engagement auprès de l’OSR. Les concerts
du mois de mai à Genève auront justement à l’affiche les noms de Fauré et Ravel, un hommage à
l’univers de prédilection du maître de cérémonie.
Entre mystère et emportement, la musique
de Kazuki Yamada fera vivre aux mélomanes une
véritable catharsis printanière aux parfums des
cerisiers japonais. A vous de choisir si après le
concert vous opterez pour un verre de vin rouge
ou une tasse de thé au jasmin… Sur la table du
maestro Yamada, il y a les deux.
Beata Zakes
OSR, Kazuki Yamada, direction. Chœur de chambre de
la Haute Ecole de Genève (Chef de chœur, Celso
Antunes).
- Mercredi 8 mai 2013, 20h, Victoria Hall : avec Brigitte
Fournier, soprano , Ludovic Tézier, baryton. Fauré:
Requiem en ré mineur op. 48 / Ravel: Daphnis et Chloé,
ballet en trois parties
- Dimanche 12 mai 2013, 11h, Victoria Hall
Ravel : Alborada del Gracioso (sous réserve) / Daphnis et
Chloé – ballet en trois parties
Location Espace Ville de Genève - Pont de la Machine,
Grütli, Genève Tourisme, Cité Seniors
Billetterie en ligne http://billetterie-culture.ville-ge.ch
Renseignements par téléphone Suisse 0800 418 418 (gratuit), Etranger +41 22 418 36 18 (payant)
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cully classique : dix ans d’existence
Eclatant anniversaire
Du 21 au 30 juin, l’ »Esprit de l’Est » soufflera sur la 10e édition du
Festival Cully Classique. Pour célébrer avec faste cet anniversaire, JeanChristophe de Vries et son équipe ont placé la barre très haut, en invitant
des stars comme les pianistes Grigory Sokolov ou Nikolaï Lugansky et en
donnant une ampleur encore accrue à une manifestation qui n’a cessé de
prendre de l’essor depuis ses débuts en 2004.
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Reliés par le fil rouge des musiques et
artistes des pays de l’Est, les concerts auront
lieu comme par le passé à la Salle Davel, au
Temple, ainsi qu’au Caveau Potterat pour des
fins de soirée de musique ethno. Mais aussi, et
c’est nouveau, à la Géode, un grand dôme
installé pour la circonstance au bord du lac, de
même qu’au Caveau des étudiants, géré par les
jeunes musiciens de la HEMU pour des soirées
à thème ou des impros sur des films muets,
façon piano-bar des années 30. Ou encore, autre
nouveauté, au Steinway Lounge - Hug Musique,
un espace dédié à des rencontres entre un jeune
interprète convié à se produire aux côtés d’un
des artistes du festival, le violoncelliste Henri
Demarquette ou les pianistes Plamena
Mangova, Gérard Wyss et Cédric Pescia.
Le Festival IN
Après la soirée inaugurale du 21 juin
confiée au grand Grigory Sokolov, les concerts
du Festival IN – à côté de près de 40 concerts du
Festival OFF ! - verront se produire le duo violoncelle et piano d’Alexandre Kniasev et
Plamena Mangova dans les sonates de Chopin,
Chostakovitch et Rachmaninov. Le pianiste
Nikolaï Lugansky jouera des Etudes-Tableaux
et la Sonate No 2 de Rachmaninov, tandis que le
jeune prodige moscovite Andrei Korobeinikov
se fera l’interprète de Brahms et des deuxième
et huitième Sonates de Prokofiev. Le duo violon
et piano de Patricia Kopatchinskaja et Polina
Leschenko proposera un programme particulièrement alléchant avec les Danses roumaines de
Bartok, la Sonate No1 de Schnittke, Tzigane de
Ravel et la splendide Sonate No 3 de Georges
Enesco. Cinq soirées qui devraient faire le bonheur des mélomanes les plus exigeants, au
Temple de Cully.
Pédagogie et Découverte
Comme chaque année, le Cully Classique
comporte un volet pédagogique avec des ateliers intitulés Vis-à-Vis, soit un atelier de chant
conduit par les pianistes Julius Drake et Helmut
Deutsch, ainsi qu’un atelier de musique de
chambre animé par la violoniste Natalia
Prischepenko et Cédric Pescia.
Il y a aussi les deux concerts-découverte,
en matinée au Temple. L’un attribué à la pianiste française Sarah Lavaud, qui a construit son
programme « autour de Janacek » et se verra
enregistrée par la RTS Espace 2.
L’autre à Juliette Granier Calva, une
pianiste d’origine franco-espagnole, qui a mis Rachmaninov,
Scriabine et Prokofiev (Suite de
Roméo et Juliette) à l’affiche de son
récital.
A la Géode
La Géode, quant à elle,
accueillera les Roumains de Taraf
de Haïdouks pour une soirée tzigane des plus alléchantes, puis le
fameux quartet des Mentsch dans
son répertoire klezmer, le groupe
des Muzsikas, fleuron de la
musique hongroise depuis plus de
Andrei Korobeinikov © Julianna Volo
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Muriel Cantoreggi
40 ans à travers le monde, ainsi que le clarinettiste Giora Feidmann, associé aux Gitanes
Blondes pour un concert alliant klezmer, jazz,
soul et classique. Dernière des cinq soirées à la
Géode, à 22 heures comme les quatre autres,
celle de Haris Pilton & Gypsy Sound System,
avec accordéon, voix et violon, et dans une
ambiance que les organisateurs promettent d’être décoiffante.
Les dix bougies
Enfin, 10e anniversaire oblige ! Il sera
célébré par deux concerts réunissant des musiciens qui ont marqué le festival depuis sa création. Celui du dimanche 23 juin au Temple
réunira le Quatuor Terpsycordes, les pianistes
Plamena Mangova et, à quatre mains, Cédric
Tiberghien et Finghin Collins. Celui du dimanche 30 juin, en clôture du festival, associera les
pianistes Korobeinikov, Pescia et Wyss, la violoniste Muriel Cantoreggi, le violoncelliste
Demarquette et la soprano Caroline Melzer, qui
chantera les Sept Romances sur des poèmes
d’Alexander Blok op. 127 de Dimitri Chostakovitch.
On ne sera pas surpris d’apprendre qu’avec une programmation d’une telle ampleur le
Cully Classique, qui avait attiré quelque 5000
auditeurs l’an dernier, compte bien connaître
une affluence record pour cette édition-anniversaire 2013.
Yves Allaz
Location : www.cullyclassique.ch
[email protected]
+41 21 312 15 35
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celle-là sa foi. Elle aimerait la partager avec sa
mère, mais celle-ci la rabroue. Dans la Russie
communiste, il est mal vu d’être croyant. Sofia
vit donc sa foi en cachette. Bien plus tard, en
1970, elle sera baptisée dans l’Église russe
orthodoxe avec l’approbation de sa mère.
portrait
Sofia Goubaïdoulina
Rares sont les compositrices qui se sont imposées par le passé, si l’on
considère l’histoire de la musique dans son ensemble. Heureusement,
cela a changé. De plus en plus de femmes se consacrent de nos jours à la
composition, avec succès.
Sofia Goubaïdoulina est née en 1931 en
Union Soviétique, à Tchistopol dans la république tatare. Elle grandit à Kasan, ville qui
connaît une certaine activité culturelle. C’est à
Moscou qu’elle se rend pour étudier la composition. Mais ses premières œuvres sont
accueillies avec réprobation par le jury soviétique. « Vous avez pris une mauvaise voie » lui
reproche-t-on. C’est Chostakovitch, le maître de
la jeune compositrice, qui lui dit de continuer
dans cette mauvaise voie.
Hommage
Il s’ensuit une période de riche créativité
qui n’a pas cessé depuis. On lui commande une
œuvre pour le 250e anniversaire de la mort de
Bach. Ce sera la Passion selon saint Jean auquel
sa foi en la résurrection fait ajouter Pâques
selon saint Jean. Ces deux oratorios constituent
à ses yeux le sommet de son œuvre. L’année
dernière, elle a composé Labyrinthe pour les
douze
violoncellistes
des
Berliner
Philarmoniker.
L’été dernier, le Festival de Lucerne a proposé toutes les œuvres majeures de la compositrice en sa présence. Quel contraste y a-t-il entre
la frêle et gracieuse dame et la puissance de
Offertorium ou de la Passion et Pâques selon
saint Jean, une œuvre bouleversante. Nous
avons pu entendre également de nombreuses
œuvres de musiques de chambre, toutes caractérisées par une grande liberté.
Surprenant, le choix des instruments : il y a
des pièces pour quatre timbaliers et trois autres
percussionnistes, d’autres pour trois trompettes,
seules ou accompagnées. Très belles également
les pièces pour accordéon,
seul ou accompagné.
Envoûtante, la pièce composée pour les douze violoncellistes des Berliner
Philarmoniker.
Lors de tous les
concerts, nous avons
remarqué des éléments
expérimentaux tels que les
caresses sur les timbales
(Au début était le rythme),
les souffles à vide de l’accordéon (De Profundis) et
partout le frottement des
cordes avec la main, celles
des cordes de piano dans la
Passion, ou des cordes
de violoncelles dans
Labyrinthe.
Sofia Goubaïdoulina. Photo Roche / Bruno Caflisch
Expérimentation
Sofia Goubaïdoulina a continué à composer en se consacrant à l’expérimentation, mise à
l’écart de la vie musicale officielle. C’est un
événement inattendu qui va la faire connaître en
1981 : le célèbre violoniste Gidon Kremer interprète son concerto intitulé Offertorium. En 1992
Sofia Goubaïdoulina s’installe en Allemagne
dans un village près de Hambourg.
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Sofia n’était pas une enfant comme les autres. Elle a cinq ans quand un piano entre dans la
maison. Elle se désintéresse vite des touches et
joue avec les cordes une fois le piano ouvert.
Elle les pince, fait glisser ses petits doigts sur
elles et découvre un nouveau monde de sons. Et
il y a autre chose : sans que personne ne le lui
ait appris, elle prie. Quand un jour elle voit pour
la première fois une icône elle sait que c’est
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Comment ne pas se
rappeler la petite Sofia de
cinq ans et ses expériences avec les cordes du
piano ? Comment ne pas dire avec Baudelaire
en parlant de Sofia Goubaïdoulina que
« le génie est l’enfance retrouvée à
volonté » ?
Emmanuèle Rüegger
é
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LA NUIT
DES MUSÉES
GENÈVE
+ AFTER EN FAMILLE
www.ville-geneve.ch/musees
Entrée: 10 francs le samedi 11 mai ;
gratuit le dimanche 12 mai.
Liste des billetteries sur le site internet
m u s i q u e
sur les scènes en mai
Agenda genevois
Le printemps va peut-être enfin s’installer dans la cité du bout
du lac grâce à Madame Butterfly de Puccini, à l’affiche de
l’opéra de la Place Neuve jusqu’au 5 mai.
Puis ce sera au tour du Chat Botté, mis en
musique par Elena Langer, d’occuper les jeunes
genevois du 11 au 18 mai. Mais le talent vocal
sera mis en l’honneur grâce à deux récitals
majestueux. Le premier aura Anne Sophie
von Otter comme protagoniste, qui viendra
le 12 mai accompagnée par la Cappella
Mediterranea de Leonardo Garcia Alarcon
pour interpréter des œuvres baroques. A ne
pas manquer ensuite, le 24 mai, le récital de
Diana Damrau qui sera accompagnée par
Xavier de Maistre à la harpe, pour interpréter
des œuvres allant de Schubert à Duparc.
Côté symphonique, Kazuki Yamada sera
au Victoria Hall avec l’OSR le 8 mai, accompagné par le baryton Ludovic Tézier et la
soprano Brigitte Fournier. Au programme : le
Requiem de Fauré et Daphis et Chloé de
Ravel. Ceux qui manqueront ce concert pourront réécouter l’œuvre de Ravel le dimanche
12, même lieu même orchestre, dans le cadre
des Concerts du dimanche de la Ville de
Genève. Les 14 et 15 mai, l’OSR retrouvera
son directeur artistique Neeme Järvi pour
interpréter la Symphonie fantastique de
Berlioz et le Concerto pour piano et orchestre No 1 en fa dièse mineur op. 1 de
Rachmaninov, avec Alexander Gavrylyuk au
piano. Le Concerto pour piano et orchestre No
Alexander Gavrylyuk © Mika Bovan
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3 en ré mineur op. 30 sera exécuté le lendemain soir, 15 mai, toujours au Victoria Hall. La même
équipe pourra être retrouvée les
Gabor Tarkövi © G. Tarkövi
Carolin Widmann
29 et 31 mai, avec cette fois des soirées dédiées
exclusivement
à
Rachmaninov. Au programme notamment : le
Concerto pour piano et
orchestre No 4 en sol
mineur op. 40 (le 29) et la
Rhapsodie sur un thème de
Paganini op. 43. Les déçus
préférant le Concerto pour
piano et orchestre No 2 en
ut mineur op. 18 du compositeur russe pourront se
consoler le 31 mai.
Le 4 mai, la série Jazz
Classics accueille Avishai
Cohen au Victoria Hall
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pour ce qui sera en principe le dernier concert
de la saison.
L’Orchestre de Chambre de Genève propose un concert le 21 mai au BFM, dirigé par
David Greilsammer, avec Carolin Widmann
au violon, pour interpréter l’ouverture de
Scanderbeg de Francœur, le Concerto pour
violon et orchestre, « A la mémoire d’un
ange » de Berg et la Symphonie No 2 de
Schumann.
Notons la venue de l’orchestre de
Chambre Vienne-Berlin au Victoria Hall le 23
mai, invité par le Migros-pour-centculturelClassics, avec au programme des œuvres peu
jouées comme le Concerto pour piano, violon
et cordes de Mendelssohn ou le Concerto
pour piano et orchestre No 1 de
Chostakovitch. Les solistes sont le pianiste
Yefim Bronfman, le violoniste Rainer
Honeck, le flûtiste Dieter Flury et le trompettiste Gabor Tarkovi.
La Camerata du Léman, dirigée par
Benoît Willmann, accompagnera le Studio
Flay Ballet pour deux représentations, les 3 et 4
mai au BFM, du Songe d’une nuit d’été de
Mendelssohn.
La série Concertus Saisonnus accueille, le
24 mai, Muza Rubackyte, au piano, accompagnée par l’Orchestre de Ribeaupierre que dirige
Luc Baghdassarian, dans un programme
Beethoven et Tchaïkovski; puis le 29 mai, c’est
au tour de Pascal Chenu de donner du piano “et
de la voix“ au Point-Favre à Chêne-Bourg.
Signalons encore le “Concert du Lac“ du
30 mai avec le comédien Michael Lonsdale et
le pianiste Nicolas Celoro qui évoqueront
«Franz Liszt ou le rêve d’amour».
Remarquons enfin que le week-end du 25
et 26 mai, des dizaines de fanfares se produiront
au Victoria Hall dans des concerts gratuits !
Martina Diaz
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orchestre de la suisse romande
Nouvelle saison
Lors de la conférence de presse annuelle du 18 mars
dernier, l'Orchestre de la Suisse Romande a présenté sa
programmation des concerts pour la saison prochaine.
Son directeur artistique et musical, Neeme Järvi, ouvrira la saison au
Victoria Hall le 20 septembre 2013 avec notamment la Symphonie N° 76
de Haydn et la Symphonie N° 1 de Mendelssohn. Quant au concert de clôture, c'est au jeune chef japonais Kazuki Yamada qu'il a été confié, avec au
programme trois grands classiques du répertoire : Pacifique 231
d'Honegger, Shéhérazade de Rimski-Korsakov et le Concerto pour violon
de Tchaïkovski.
Créations musicales
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Entre ces deux dates, la volonté exprimée par l'institution de proposer
une palette d’œuvres diversifiées explique - entre autres - le nombre
important de créations musicales. En effet, plusieurs nouvelles œuvres
sont prévues sur l'ensemble de la saison. On retrouvera notamment le violoniste français Renaud Capuçon comme interprète du Concerto pour
violon de Pascal Dusapin, sous la baguette de Neeme Järvi pour une première suisse, lors des concerts du 9 et 10 janvier à Lausanne et à Genève.
Une création européenne est également attendue avec le Concerto pour
Neeme Järvi © Aline Paley
orgue de Terry Riley, avec en soliste le jeune organiste américain
Cameron Carpenter. C'est enfin le violoncelliste Jean-Guihen Queyras
qui jouera lors de la création suisse d'Emergences, une partition signée par
Michael Jarrel.
Temps forts
Les temps forts de la saison mettent en scène, pour l'année 2013,
Jean-Yves Thibaudet dirigé par Kazuki Yamada dans le Concerto N° 2
pour piano et orchestre de Liszt, l'Adagio Celeste pour orchestre à cordes
d'Einojuhani Rautavaara et la Symphonie N° 9, dite « La Grande » de
Schubert, le 23 octobre prochain. Les Amis de l'OSR présentent le 20
L’Orchestre de la Suisse Romande © Grégory Maillot
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novembre une affiche prometteuse
avec le grand chef russe de
l'Orchestre Philharmonique de
Saint-Pétersbourg,
Yuri
Temirkanov. Il sera à la tête de
l'OSR dans la Symphonie N° 2 de
Brahms et le Concerto pour piano
et orchestre N° 5 de Beethoven
avec Emanuel Ax.
chef Vasily Petrenko. Celui-ci dirigera également l'ouverture de La
Pie voleuse de Rossini et la
Symphonie N° 4 de Beethoven.
Voyages
Concernant les déplacements
prévus pour cette nouvelle saison,
l'Orchestre de la Suisse Romande
partira au mois de mars 2014 en
tournée en Allemagne et, pour la
Pour les amateurs de voix,
première fois en Scandinavie, avec
Neeme Järvi dirigera la soprano
une série de concerts essentielleDeborah Voigt dans les
Les 28, 30 mai et 1er juin 2014 : Cameron Carpenter © Michael Hart
ment axés sur la musique de Raff,
Wesendonck Lieder de Richard
Brahms et Berlioz. De Cologne,
Wagner, le 27 novembre à Genève
et le lendemain à Lausanne. L'orchestre retrouvera Charles Dutoit le 19 l'orchestre se rendra à Göteborg, Vara et finalement Oslo. Lors de tous ces
février 2014 pour un concert des œuvres d'Ottorino Respighi, Les Fêtes concerts, le chef Neeme Järvi aura sous sa baguette Vadim Repin et Truls
romaines, Les Fontaines de Rome et Les Pins de Rome ainsi que le Mork dans le Double concerto de Brahms. Enfin, dès juillet 2014, c'est au
Concerto pour piano et orchestre N° 22 de Mozart avec Louis Lortie. pays du Soleil levant que se rendra la phalange orchestrale pour des
Nous retrouverons aussi Vadim Repin et Truls Mork dans le Double concerts placés cette fois sous la direction de son principal chef invité,
concerto pour violon et violoncelle de Brahms sous la direction de Neeme Kazuki Yamada.
Notons encore pour terminer qu'on retrouvera le 31 août 2013 Neeme
Järvi. Ce concert sera d'ailleurs donné deux fois au Victoria Hall les 12 et
14 mars avec la Marche solennelle du couronnement de Tchaïkowski et la Järvi et Elisabeth Leonskaja au Festival Septembre Musical de Montreux
Symphonie N° 11 de Chostakovitch. A noter que le second soir, la pour un programme autour de Grieg et Prokovief.
Symphonie N° 5 de Prokofiev remplacera celle de Chostakovitch. Enfin,
Serene Regard
le 1er mai 2014, c'est la grande artiste et pianiste russe Elisabeth
Leonskaja que l'on retrouvera au Victoria Hall, où elle interprétera le
Concerto N° 1 pour piano et orchestre de Chopin, accompagnée par le Plus d’informations sur : http://www.osr.ch/
Le 6 janvier 2014 : Sonya Yoncheva © Javier del Real
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Les 25 et 27 septembre 2013 : Violeta Urmana © Ivan Balderramo
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e x p o s i t i o n s
kunstmuseum basel : rétrospective des collections bâloises
Les Picasso sont là
une histoire d’amour assez particulière et qui
nous est racontée en détails, documentation à
l’appui, au centre du parcours.
Un parcours exhaustif
Une rétrospective spectaculaire, qui montre toutes les périodes créatrices de l’artiste :
période bleue, rose, cubisme, surréalisme, les
années quarante, les années cinquante et l’œuvre tardive, mais aussi tous les genres et techniques pratiqués par l’artiste. Pour ce faire tout
le second étage du musée a été réquisitionné et
le parcours chronologique se construit autour
C’est dire tout le mérite du musée des avait crée une fondation pour ses œuvres (aux des quatorze salles, les unes se concentrant plus
Beaux-Arts de Bâle et de son directeur Picasso s’ajoutaient Gauguin, Van Gogh, sur les œuvres peintes, les autres plus confidenBernhardt Mendes Bürgi de se lancer dans cette Pissaro et d’autres), était obligé de vendre ses tielles dédiées aux dessins, esquisses, gravures.
aventure d’une rétrospective Picasso, riche de deux toiles de Picasso. A moins que le musée ne
La première salle est un éblouissement. La
169 œuvres. Avec une grande intuition et habi- les acquière et dans ce cas, il faudrait trouver Buveuse d’absinthe (1901) et La Femme dans la
leté de sa part, puisqu’il ne s’appuie sur aucun 8,4 millions. La votation populaire permit de loge (1901) de la période bleue croisent le
prêt extérieur à la ville de Bâle. Il y a tout d’a- débloquer 6 millions mais il restait à trouver 2.4 regard des Deux Frères (1906), placés dans un
bord la collection Picasso, abritée par le musée, millions. Qu’à cela ne tienne, le directeur du espace pictural vidé de tout détail narratif et
exceptionnelle pour un musée et une ville de musée (marié à l’époque à Ida Chagall, la fille peints dans des tons chauds de rose. De la même
cette taille et qu’une succession de directeurs du peintre) organisa avec le soutien de toute la époque et sur un mur voisin, une série de natuont contribué à enrichir. Il y a surtout une tradi- ville une grande fête populaire pour réunir les res mortes datant des années 1907/1908 annontion de collectionneurs et mécènes qui, au fil fonds. Sur des badges créés pour l’occasion, on cent le cubisme : Pain et compotier aux fruits
des décennies, ont étoffé la collection. Sans lisait : No pictures for USA ou Don’t let them go sur une table (1908/1909) présente une consRaoul La Roche, Rudolf Staechelin, Karl im ou encore All you need is Picasso. Depuis ce truction géométrique et rappelle la leçon cézaObersteg, Maja Hoffmann-Sacher, Georges jour-là, Picasso et la ville de Bâle entretiennent nienne, traiter la nature « par le cylindre, la
Bloch ou Ernst Beyeler, on ne ferait pas
sphère et le cône ». Acquis en 1939 par
le Modern Art de New York, le tableau
grand cas de Picasso à Bâle.
des Demoiselles d’Avignon (1907) est à
sa manière présente dans une salle de
All you need is Picasso
Et, au centre de cette passion pour
l’exposition, consacrée aux œuvres sur
cet artiste, il y a la votation populaire de
papier du cubisme, sous forme de deux
1967, devant permettre de garder deux
dessins : un croquis de mars/avril 1907
œuvres essentielles de la période rose,
qui montre une scène de bordels avec
l’Arlequin assis (1923) et Les deux frècinq prostituées, un matelot et un étures (1906). Une affaire suivie de près
diant, et une étude plus tardive de mai
par l’artiste qui, enthousiaste et touché
1907 (un don de Douglas Cooper au
par cette mobilisation populaire, avait
musée) montrant une composition forteoffert trois toiles : Homme, femme et
ment réduite et des personnages bien
enfant (1906), Le Couple (10 juin
plus géométrisés. Cette tendance à frag1967), Vénus et l’amour (9 juin 1967)
menter le monde pour réunir ensuite les
et une esquisse pour Les Demoiselles
éléments d’une façon nouvelle et libre
d’Avignon (1907). Un choix d’autant
s’accentuera à partir de 1909; en témoigne toute une salle de dessins. Avec
plus cornélien pour le directeur du
L’Aficionado (1912) ou Le Poète (1912),
musée de l’époque Franz Meyer, que
c’est une salle consacrée au cubisme
ces deux toiles de la période rose,
analytique, qui réduit la palette et cherappartenant au collectionneur Peter
che à créer un nouveau langage formel.
Staechelin, étaient déposées en prêts au
Pour illustrer le cubisme synthétique, le
musée depuis 1947. S’en séparer signimusée possède quelques chefs-d’œuvre
fiait que le fonds Picasso, dont faisait
comme Femme à la guitare (1911/1914)
aussi partie un important ensemble
Pablo Picasso «Les deux freres», 1906
ou Le Guéridon (1914).
cubiste, serait déstabilisé. Or, à la suite
Huile sur toile, 141.4 x 97.1 cm. Kunstmuseum Basel
A partir de 1920, Picasso comme
d’un revers de fortune, une faillite de Dépôt de la commune de Bâle 1967. Photo : Kunstmuseum Basel,
Martin P. Buhler © Succession Picasso / ProLitteris, Zurich
d’autres artistes abandonnent le cubisplusieurs millions, Peter Staechelin, qui
Les directeurs de musée en ont pleinement conscience : organiser une grande
exposition sur Picasso représente la plupart du temps un casse-tête. Non qu’ils
soient à court d’idées, mais plutôt de financement pour garantir les transports
et les assurances. L’Etat français ne s’était-il pas porté garant lors de la
dernière grande exposition au Grand Palais à Paris, Picasso et ses maîtres ?
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Pablo Picasso «Les demoiselles des bords de la Seine», d‘apres Courbet, 1950 Huile sur contre-plaqué, 100.4 x 208 cm
Kunstmuseum Basel. Photo : Kunstmuseum Basel, Martin P. Buhler © Succession Picasso / ProLitteris, Zurich
me et suit la devise du « retour à l’ordre » qui nant. En 1932, c’est Marie-Thérèse qui se retro- modèle tout en s’emparant de l’autorité du maîcorrespond à cette période néo-classique et pour uve dans la toile, Sculpture d’une tête. Sa tre. Françoise Gillot, avec qui il s’installe en
laquelle Tête de femme (1921) est un bel exem- Femme au chapeau assise dans un fauteuil 1948, quittera Picasso en 1953. Une rupture
ple d’harmonie, respectant les canons formels (1941/1942) frappe par son contraste entre la propice à la création puisqu’il réalise un grand
classiques. A la première salle, répond, à l’autre composition classique du portrait en trois nombre d’esquisses en petit format, sous le titre,
bout, celle toute aussi flamboyante, consacrée quarts et la déformation de la tête de la femme. Suite de 180 dessins dont 27 feuillets sont préaux Arlequins. Le monde du cirque, le ballet, les
L’envie de se renouveler passait aussi chez sentés. Au cours de l’année 1968, âgé de 87 ans,
comédiens font partie des sujets privilégiés de Picasso dans sa réinterprétation d’œuvres de remarié en 1961 avec Jacqueline Roque, il rePicasso. Nombreux seront les visiteurs à recon- Gustave Courbet ou d’Edouard Manet. En 1950, prend la gravure, travaillant jusqu’à sept
naître le fameux Arlequin assis (1923) de la à 69 ans, il peint sa version du tableau de plaques de cuivre par jour. Il en résulte la série
période rose, il trône en majesté dans la salle. Courbet, Les Demoiselles des bords de la Seine, des 347 gravures avec ses motifs préférés, les
Mais ce serait faire injure aux autres tableaux du en caricaturant d’une certaine manière son amants, les mousquetaires, les clowns, le peinmême sujet que de ne pas les nommer,
tre et son modèle. Son œuvre tardive
comme l’Arlequin jouant de la guitare
est présentée en 1970, trois ans avant
(1914/1918), L’Arlequin au loup (1918).
sa mort, dans une grande exposition
Picasso n’a jamais été un peintre surau palais des Papes à Avignon. C’est
réaliste à part entière, même s’il
aussi avec des sculptures et des toiles
a flirté avec le surréalisme, son art restant
des années 1960 à 1970 que prend
trop dépendant du réel. Toute une salle
fin l’exposition bâloise. Picasso est
explicite cette phase avec une dizaine de
alors plus productif que jamais. La
toiles dont sept en provenance de la fonrapidité avec laquelle il peint, est-elle
dation Beyeler. Absentes de la première
pour lui une manière de conjurer la
partie du parcours, les représentations des
mort ?
femmes deviennent un sujet plus obsesUn bémol toutefois à l’exposisionnel à partir des années 1940. Entre
tion mais qui n’enlève rien à sa quaautres, lorsqu’il traite le motif de la
lité : l’austérité de la scénographie.
femme qui pleure, dans environ soixante
La célèbre discrétion bâloise, une
dessins, gravures et peintures. Les porrègle de vie à laquelle les Bâlois ne
traits de femmes prédominent mais subisdérogent guère, y est-elle pour
sent des déformations et les corps sont
quelque chose ? Derrière les façades
soumis à un traitement ludique et volupdes maisons patriciennes se cachent
tueux. En 1940, Dora Maar, sa nouvelle
des collections. C’est aussi ça l’hismaîtresse apparaît dans ses œuvres :
toire des Picasso de Bâle.
Régine Kopp
Femme assise (Dora, 1938), Tête de
Pablo Picasso «Le poète», 1912. Huile sur toile, 59.9 x 47.9 cm
femme (1941), une suite de quatre dessins
Kunstmuseum Basel, Don de Maja Sacher-Stehlin à la ville de
Bâle; Dépôt de la commune de Bâle 1967. Photo : Kunstmuseum
Jusqu’au 21 juillet 2013
sur papier journal, un jeu de formes fulmiBasel, Martin P. Buhler © Succession Picasso / ProLitteris, Zurich
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expositions
FRANCE
Annemasse
Villa du Parc : Estefania Penafiel
Loaiza / Thu van Tran. Du 17 mai au
20 juillet.
Arles
Musée départemental Arles
Antique : Rodin, la lumière de
l'Antique. Jusqu’au 1er sept.
Musée Réattu : Nuage - De
Magritte à Warhol, de Man Ray à
Manzoni ou Kiefer. Du 15 mai au
31 octobre.
en
france
Le
Cannet
Musée Bonnard : Les Collec-
mai. La médaille en France aux
XIXe et XXe s. Jusqu’au 31 août.
Musée d'histoire de Lyon :
Lyon au XVIIIe, un siècle surprenant ! Jusqu’au 5 mai.
Pontoise
Musée Tavet-Delacour : Donation
Otto Freundlich (peinture, sculpture, gravure dessin, pastel). Jusqu’en
août 2013
Malraux : Pissaro au fil de la Seine.
De Paris au Havre. Jusqu’au 29 septembre.
Surréalisme à l'histoire. Jusqu’au 19
mai
tions. Parcours sensible d'un peintre. Du 4 mai au 16 juin.
LeMuséeHavre
Marseille
d'art moderne André
Musée Cantini : Matta, du
Lens
Le Louvre
: L’Europe de
Rubens. Du 22 mai au 23 septembre. Le Temps à l’œuvre.
Jusqu’au 21 octobre.
au bord de l'eau. Loisirs et
Impressionnisme. Jusqu’au 29 sept.
Musée de Normandie : En couleurs. Dans le sillage de
l'Impressionnisme, la photographie
autochrome 1903-1931. Jusqu’au
29 septembre.
66 Céret
Musée d’art moderne : Auguste
LeWitt. Dessins muraux de 1968 à
2007. Jusqu’au 29 juillet. Vues d'enhaut. Du 17 mai au 7 octobre.
Rouen
Musée des beaux-arts : La couleur
réfléchie, l'impressionnisme à la surface de l'eau. Jusqu’au 29 septembre.
Sérignan
Musée Régional
Montpellier
Musée Fabre : L’atelier de l’œu
d'Art
Contemporain : Olivier Mosset.
Jusqu’au 12 juin.
Brueghel. Jusqu’au 20 mai. Traits
de génie. Jusqu’au 1er juillet
vre - de Raphaël à Tiepolo, dessins
italiens du musée Fabre. Jusqu’au
12 mai.
lations by Erwin Olaf. Jusqu’au
30 juin.
Musée des beaux-arts :
Métissages. Collections Denise
et Michel Meynet. Jusqu’au 20
scene : Costumer le pouvoir.
Jusqu’au 20 mai.
Lille
Caen
Palais des Beaux-Arts : Focus
Musée des Beaux-Arts : Un été
Metz
Centre Pompidou-Metz : Sol
D'une guerre l'autre. Jusqu’au 20
mai
Lyon
Moulins
La Sucrière : Emotions, instalCentre national du costume de
Toulon
Hôtel des Arts : Mappamundi.
Jusqu’au 12 mai.
AILLEURS
Baden
Baden
Nice
Musée Frieder Burda : Matta Musée Chagall : Marc Chagall Fictions. Jusqu’au 2 juin
Herbin. Jusqu’au 26 mai.
Croissy
s/Seine
Musée de la Grenouillère :
Musée de Grenoble
Alberto Giacometti
Monet et Renoir côte à côte à La
Grenouillère. Jusqu’au 30 juin.
Grâce à une collaboration exceptionnelle avec la
Fondation Alberto et Annette Giacometti, le musée de
Grenoble présente une exposition consacrée à l'un des
sculpteurs les plus marquants du XXe siècle : Alberto
Giacometti (1901-1966).
Evian
Palais Lumière : Collection Paul
Eluard. Picasso, Breton, Ernst,
Dali, Arp, De Chirico, Cocteau...
Jusqu’au 26 mai.
Considéré comme l'un des plus grands sculpteurs
du XXe siècle, Alberto Giacometti, dont la recherche
obstinée de la représentation de la figure humaine a
trouvé dans l'art de ces 30 dernières années un écho
tout particulier, demeure un artiste rare dans les collections publiques françaises.
Fécamp
Musée : Les Falaises de Monet,
les autres cathédrales. Jusqu’au 29
septembre.
Grenoble
Magasin / Centre National
Grâce à un ensemble de plus de soixante-dix
sculptures, peintures, œuvres graphiques et photographies - provenant pour l'essentiel de la Fondation
Alberto et Annette Giacometti mais aussi de collections publiques et privées, françaises et étrangère cette exposition propose une approche précise et
didactique de la démarche de l'artiste, tout en s'attachant par une mise en espace rigoureuse à restituer à
chaque œuvre toute sa part de mystère et son pouvoir
de fascination.
d’Art Contemporain : Anselm
Reyle. Jusqu’au 5 mai.
Musée de Grenoble : Alberto
Giacometti. Jusqu’au 9 juin.
Giverny
Musée des impressionnismes :
Signac, les couleurs de l’eau.
Jusqu’au 2 juillet
Le CateauCambrésis
Musée Matisse : Matisse. La
A voir jusqu’au 9 juin 2013
«La Cage», 1950. Bronze peint
175,6 x 37 x 39,6 cm. Collection musée de Grenoble
© Succession Alberto Giacometti (Fondation Alberto et
Annette Giacometti, Paris © ADAGP, Paris 2013
Couleur découpée - une donation
révélatrice. Jusqu’au 9 juin.
a
g
e
n
d
a
expositions
en
europe
Picasso - Paris 1901. Jusqu’au 26
mai.
Wallraf-Richartz-Museum, Cologne
Madrid
Fondation Mapfre : Bohèmes.
Wilhelm Leibl & August Sander
Dialogue insolite entre peinture et photographie
Jusqu’au 5 mai.
Musée du Prado : El Labrador L’œuvre complète du peintre espagnol Juan Fernández. Jusqu’au 16
juin. Dessins espagnols du British
Museum - De la Renaissance à Goya.
Jusqu’au 19 juin.
Musée Thyssen-Bornemisza :
Impressionnisme et Peinture en
plein air - De Corot à Van Gogh.
Jusqu’au 12 mai.
Bien que ces deux œuvres soient placées près l’une de l’autre,
elles sont en fait séparées par presque un demi-siècle. Leur rencontre n’est que l’une de celles que propose l’exposition ‘D’Homme à
Homme. Wilhelm Leibl & August Sander’, un fascinant dialogue à
travers les médias et les décennies.
Le peintre Wilhelm Leibl (1844–1900) et le photographe
August Sander (1876–1964) figurent parmi les plus importants
portraitistes allemands. Bien que ces deux maîtres ne se soient
sûrement jamais rencontré durant leur existence, ils partageaint la
même fascination pour le visage humain, ainsi que le public pourra le découvrir en visitant l’exposition qui leur est consacrée.
August Sander. Le père du photographe,
1905, Gelatinesilberabzug 1920er-Jahre,
23,5 x 16,5 cm, © Le Collection
Photographique / SK Stiftung Kultur –
August Sander Archiv, Köln;
VG Bild-Kunst, Bonn, 2013
En neuf chapitres, l’exposition
«D’Homme
à
Homme» trace une grande variété de tangentes, d’intersections et de parallèles entre les œuvres exposées, révélant
ainsi l’art du portrait de ces deux artistes exceptionnels.
Maintenant que ces deux créateurs sont enfin face à face,
il est possible de constater, avec surprise, que Wilhelm Leibl
peut être considérer comme l’un des précurseurs d’August
Sander.
Padoue
Palazzo del Monte : Le cardinal
Pietro Bembo et l’invention de la
Renaissance. Jusqu’au 19 mai.
Palazzo Zabarellla : De Nittis.
Jusqu’au 26 mai.
Ravenne
Musée d’art de la
Ville :
Borderline. Artistes entre normalité
et folie. De Bosch à l’Art brut, de
Ligabue à Basquiat. Jusqu’au 16 juin.
Rome
Chiostro del Bramante : Brueghel.
Avec cette exposition, le Wallraf continue sa série de présentations (telles «Hotel California», 2007 et «Do or Die»,
2010), dans lesquelles peinture et photographie sont confrontées l’une à l’autre de différentes manières.
A voir du 17 mai au 11 août 2013
Wilhelm Leibl. Le père de l’artiste, le
Kappellmeister Karl Leibl, 1866, huile sur toile,
79 x 63 cm, Wallraf-Richartz-Museum, Köln
Merveilles de l’art flamand. Jusqu’au
2 juin.
Macro : Portrait d’une cité. L’Art à
Rome 1960 - 2001. Jusqu’au 26 mai.
Scuderie del Quirinal : Le Titien.
Jusqu’au 16 juin.
Trévise
Musée de Sainte Catherine :
Berlin
Martin-Gropius-Bau
(Am
Kupfergraben) De Beckmann à
Warhol. Jusqu’au 9 juin.
Musée de la Photographie : «La
Vérité Nue et Plus». Photographie de
nu autour de 1900. Du 3 mai au 25
août.
Russia. Jusqu’au 30 juin.
Palais des Beaux-Arts (23,
Ravenstein) Antoine Watteau - La
leçon de Musique. Jusqu’au 12 mai
Cologne
Wallraf-Richartz-Museum
:
Wilhelm Leibl & August Sander. Un
dialogue insolite entre peinture et
photographie. Du 17 mai au 11 août
Bilbao
Musée Guggenheim : L’art en Ferrare
guerre. France 1938-1947 - De
Palazzo dei Diamanti : Le regard
Picasso à Dubuffet. Jusqu’au 8 sept.
de Michelangelo - Antonioni et les
arts. Jusqu’au 9 juin.
Brescia
Musée Santa Giulia : De De Florence
Chirico à Cattelan et au-delà. &
Palazzo Strozzi : Le printemps de
Daimler Art Collection - D’Albers à
Warhol. Jusqu’au 30 juin.
la Renaissance. Jusqu’au 18 août.
Musées royaux des Beaux-Arts :
Art et vie en Italie entre les deux
guerres. Jusqu’au 16 juin.
Bruxelles
Constantin Meunier (1831-1905).
Jusqu’au 7 juillet. Kandinsky &
a
g
Forli
Musée San Domenico : Novecento.
e
n
Zotti - 50 ans de peinture.
Jusqu‘au 30 juin.
Francfort
Schirn Kunsthalle : Yoko Ono rétrospective. Jusqu’au 12 mai.
Städelmuseum : Beauté et
Révolution - Le Classicisme de 17701820. Jusqu’au 26 mai.
Londres
British Museum : Art de l’âge de
glace - arrivée de l’esprit moderne.
Jusqu’au 26 mai. Vie et Mort Pompéi et Herculanum. Jusqu’au 29
septembre.
Estorick Collection of Modern
Italian Art : Giorgio Casali
Photographe. «Domus» 1951 – 1983.
Design and Art in Italy. Du 22 mai au
8 septembre.
Royal Academy of Arts : George
Bellows (1882-1925) - Modern
American Life. Jusqu’au 9 juin.
Tate Britain : Schwitters en
Angleterre. Jusqu’au 12 mai.
The Courtauld Gallery : Becoming
d
a
Venise
Palazzo Grassi : Rudolf Stingel. Du
7 avril au 31 décembre.
Peggy Guggenheim Collection :
Les années 60 dans les collections
du Guggenheim. De l’art informel au
pop art. Jusqu’au 12 mai.
Stanza Cinese del Caffè Florian :
Omar Galliani - Le songe de la
Princesse Lyu Ji au Florian. Du 30 juin
au 30 septembre.
Vienne
Albertina Museum (Albertinapl.)
Max Ernst. Jusqu’au 5 mai. Lewis
Baltz. Jusqu’au 2 juin. Bosch Bruegel
Rembrandt Rubens. Jusqu’au 30 juin
Kunsthistorisches Museum : À
l’ombre des pyramides – Les fouilles
autrichiennes de Gizeh (1912-1929).
Jusqu’au 20 mai.
67
expositions
Genève
Art en île - Halle Nord (pl. de l’île
68
1) Après la tempête - Thomas
Schunke. Du 2 au 25 mai.
Bibliothèque d’art et d’archéologie (Promenade du Pin) Pop-Up!.
Collages, pliages et livres surgissants.
Jusqu’au 31 mai.
Blancpain Art Contemporain
(Maraîchers 63) Marie José Burki.
Du 2 mai au 29 juin.
Blondeau & Cie (Muse 5) Sol
Lewitt. Du 2 mai au 13 juillet.
Brachard Contemporain (Cité 18)
Alain Pictet. Jusqu’au 21 juin.
Centre d'Art Contemporain
(Vieux-Grenadiers 10) Hôtel Abisso.
Jusqu’au 12 mai.
Centre de la Photographie (Bains
28) Kurt Caviezel. Jusqu’au 5 mai
Espace L (40, rte des Jeunes)
Design brésilien des années 50 à
nos jours. Jusqu’au 7 mai.
Ferme de la Chapelle (Grand
Lancy) Geneviève Capitanio, June
Papineau, Axelle Snakkers. Jusqu’au
8 mai.
Fondation Baur (Munier-Romilly
8) NOIRS D’ENCRE - REGARDS CROISÉES.
Hans Hartung et les peintres chinois
contemporains. Jusqu’au 4 août
Fondation Bodmer (Cologny) Le
Lecteur à l’œuvre. Jusqu’au 25 août.
Gagosian Gallery (Longemalle
19) Elisa Sighicelli. Jusqu’au 4 mai
Galerie Bärtschi (rte des Jeunes
43) Alighiero Boetti / Alighiero e
Boetti. Jusqu’au 21 juin.
Galerie Patrick Cramer (VieuxBillard 2) Henry Moore, gravures.
Du 2 mai au 17 juillet.
Galerie Foëx (Évêché 1) Thierry
Leclerc. Jusqu’au 22 juin.
Galerie Anton Meier (Athénée 2)
Annelies Strba, nouvelles photographies. Jusqu’au 29 juin.
Galerie Skopia (Vieux-Grenadiers
9) Pierre-Olivier Arnaud. Du 2 mai
au 6 juillet.
Galerie Turetsky (Grand-Rue 25)
José Hinojo. Jusqu’au 21 juin.
Interart (Grand-Rue 33) Artistes
d'après-guerre et contemporains Dewasne, Dubuffet, Fautrier,
Francis, Matta, Vieira da Silva,
Wesselmann. Jusqu’au 21 juin.
Mamco (Vieux-Granadiers 10)
Cycle L’Éternel Détour, séquence
printemps : Julius Kaesdorf & Aldo
Walker, expositions monographiques. «Retour du monde. Les
artistes et le tramway de Paris» &
Une collection d’amateurs à
Genève. Jusqu’au 5 mai.
Médiathèque du Fonds d'Art
Contemporain (Bains 34) Back &
en
Forth. Jusqu’au 1er juin.
Milkshake Agency (24, Montbrillant) Jonathan Frigeri. Jusqu’au 2
juin.
Musée Ariana (Av. Paix 10) 8 artistes & La Terre. Jusqu’au 8 sept.
Musée d’art et d’histoire (Ch.Galland 2) Roger Pfund. Le multiple
et le singulier. Jusqu’au 11 août.
Musée Barbier-Mueller (JeanCalvin 10) Arts de l’Antiquité. Une
collection centenaire. Jusqu’au 20
octobre.
Musée d’ethnographie, Conches:
Rousseau et l’inégalité. Jusqu’au
23 juin.
suisse
par Guillaume Bardet, designer.
Jusqu’au 26 mai. All'Ambic - série de
vases créés par Patricia Urquiola.
Jusqu’au 22 septembre.
Musée cantonal des beaux-arts (pl.
Riponne) Alex Katz & Félix Vallotton.
Peinture. Jusqu’au 9 juin.
Musée de l’Elysée (Elysée 18)
Gilles Caron, le conflit intérieur.
Jusqu’au 12 mai. Nothin’ But
Working - Phill Niblock, une
rétrospective. Jusqu’au 12 mai.
Musée Historique de Lausanne :
Ernest Pizzotti, points d'encrage.
Jusqu’au 9 juin.
Bulle
Lausanne
Musée : Daguerréotypes de J.Collection de l’Art brut (Bergières Ph. Girault de Prangey. Jusqu’au
11) «Welcome to my World ! Daniel
Johnston» & «James Edward Deeds».
Jusqu’au 30 juin.
Fondation de l’Hermitage (2, rte
Signal) Fenêtres. De la Renaissance à
nos jours. Jusqu’au 20 mai.
Mudac (pl. Cathédrale 6) L'usage
des jours - 365 objets en céramique
Gindre. Jusqu’au 12 mai.
Musée d’art et d’histoire : Des
regards, des passants, photographies du Musée Albertina, Vienne.
Jusqu’au 30 juin.
Martigny
Fondation Pierre Gianadda :
Sam Szafran - 50 ans de peinture.
Jusqu’au 16 juin.
Le Manoir de la Ville : L’EPAC
s’expose. Jusqu’au 19 mai
Morges
Maison du Dessin de Presse :
Plumes croisées - Violence et corruption en Amérique Centrale, dessins
de Chappatte, Alecus, Banegas,
JotaCé.... Jusqu’au 12 mai.
Neuchâtel
Fribourg
Centre Dürrenmatt (Pertuis du Saut
Espace Tinguely - Saint-Phalle :
31 décembre.
«Artistes en rébellion». Rico Weber,
photographies inédites. Jusqu’au
1er septembre.
Fri-Art : Claudia Comte & Jérémie
74) Augustin Rebetez, Noé
Cauderay & Giona Bierens de
Haan. Jusqu’au 30 juin.
Laténium (Hauterive) FLEURS DES
PHARAONS. Du 19 mai au 2 mars.
Le Service de la Culture de Meyrin expose au Forum Meyrin
« Passage » photographies
Un groupe de onze photographes - originaires d’Angleterre, de France, de Russie, de Suisse, de Suède,
et des USA - interrogent la frontière entre l'enfance et l'âge adulte. Parmi eux figure le photographe Steeve
Iuncker qui présente du 14 avril au 16 juin, dans le cadre de cette exposition collective, le début de son travail sur les rites de passages - Toxicomanie, bizutage, alcoolisme excessif, manifestations sportives, premières relations sexuelles, violences à l’école, concerts rock, rap ou rave...
Au moment où notre
société s'angoisse du
monde qu'elle va laisser à
ses enfants, alors qu'elle
les transforme en consommateurs de plus en plus
tôt, alors que derrière les
apparences de grand libéralisme, elle les norme de
façon beaucoup plus pernicieuse qu'auparavant
mais avec d'autres
valeurs, des artistes
contemporains témoignent
en contrechamp, de ce
moment de la vie, tellement singulier, temps de
nostalgie autant que de
rêve, de mal-être autant
Une réalisation photographique de Laure Donzé
que de projection dans
l’avenir.
Au delà de l’adolescence, c’est la métamorphose, le passage que constitue cette étape complexe du développement humain qui intéresse les artistes contemporains. Et c’est bien cet encore, ce carrefour de tous les
possibles qui est documenté.
A voir jusqu’au 1er juin 2013
De plus, les 2 et 16 mai à 19h aura lieu la projection d’un film de Anne Linsel & Rainer Hoffmann intitulé
Les RÊVES DANSANTS qui raconte l’histoire de 40 adolescents sur les pas de Pina Bausch.
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d
a
expositions
en
Musée de l’Elysée, Lausanne
Davos
Gilles Caron, le conflit intérieur
Kirchner Museum : Les 30 ans du
Gilles Caron (1939-1970) a “couvert“ tous les grands conflits contemporains, de la guerre des Six Jours
à la répression du Printemps de Prague, en passant par la guerre du Viêt Nam, le conflit du Biafra et celui de
l’Irlande du Nord. Il a même relaté par l’image les bouleversements estudiantins de Mai 68, immortalisant
Daniel Cohn-Bendit face à un CRS devant la Sorbonne, à Paris, un cliché devenu célèbre. Hélas, lors d’un
reportage au Cambodge, il paiera cet engagement de sa vie, disparaissant avec deux autres Français dans une
zone contrôlée par les Khmers rouge de Pol-Pot.
C’est sa mobilisation comme parachutiste lors de
la guerre d’Algérie qui a déterminé sa vocation de
photojournaliste. En effet, il a alors été témoin des
brutalités infligées aux civils, et il a voulu ensuite
faire compendre à ses contemporains la situation des
populations prises dans l’engrenage de la guerre.
Le musée de l’Elysée a choisi de lui rendre hommage en exposant 150 images et documents d’archives provenant de la Fondation Gilles Caron, de la collection du Musée de l’Elysée et de collections privées.
La présentation se déploie en six “temps“, chacun d’eux permettant de redécouvrir une facette de
l’un des plus importants photoreporters du XXe siècle. L’on passe ainsi de l’Héroïsme des débuts à la
Nouvelle Vague des années 60’. Entre ces deux phases, on voit Gilles Caron aux prises avec l’Histoire,
puis sensible aux Douleurs des Autres, avant d’atteindre la Révolte. La dernière étape conduit le reporter
à se prendre comme objet de reportage, livrant ainsi
un portrait en demi-teinte, anti-héroïque.
A voir jusqu’au 12 mai 2013
Daniel Cohn-Bendit face a un CRS devant la
Sorbonne, Paris, 6 mai 1968
© Fondation Gilles Caron
Musée d’ethnographie (St- Nicolas)
Hors-champs. Jusqu’au 20 octobre.
Vevey
Musée Jenisch : Robert Nanteuil.
Jusqu’au 26 mai. Rudy Decelière.
Jusqu’au 5 mai.
Musée suisse de l’Appareil photographique (Grand Place) Dominique
Derisbourg, Impressions. Jusqu’au
16 septembre.
Yverdon
Maison d’Ailleurs (Pl. Pestalozzi 14)
Aleksi Briclot. Jusqu’au 25 août.
OUTRE SARINE
Bâle
Antikenmuseum
Basel (St.
Alban-Graben 5) Pétra. Splendeur
du désert. Jusqu’au 20 mai.
Fondation Beyeler (Riehen) La
Collection Renard. Jusqu’au 5 mai.
Ferdinand Hodler. Jusqu’au 26 mai.
MAX ERNST. Du 26 mai au 8 sept.
a
g
Kunsthalle : Adrian Melis.
Jusqu’au 26 mai. Eitan Efrat & Sirah
Foighel Brutmann. Jusqu’au 2 juin.
Kunstmuseum (St. Alban-Graben
16) Les Picasso sont là ! Une
rétrospective à partir de collections bâloises. Jusqu’au 21 juillet.
Museum für Gegenwartskunst
(St. Alban-Rheinweg 60) Tell It To
My Heart - Collected by Julie Ault.
Jusqu’au 12 mai. SOME END OF
THINGS. Du 25 mai au 15 septembre
Musée des Cultures (Münsterpl.
20) Et maintenant? Révolution des
objets en Amazonie. Jusqu’au 29
septembre.
Cartoonmuseum (St. AlbanVorstadt 28) JULES STAUBER.
Jusqu’au 26 mai.
Museum für Wohnkultur
(Elisabethenstr. 27-29) Le rêve du
Cheik Ibrahim. Trésors de la collection de textiles et de bijoux de
Widad Kamel Kawar. Jusqu’au 1er
septembre.
Musée Tinguely (Paul SacherAnlage 1) Tinguely@ Tinguely. Un
nouveau regard sur l'œuvre de Jean
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n
Tinguely. Jusqu’au 30 septembre. Les
mille lieux de l'art. Les photographies
d'Ad Petersen. Jusqu’au 26 mai.
Schaulager : Steve McQueen.
Jusqu’au 1er septembre
Berne
Centre Paul Klee (Monument im
Fruchtland 3) Du japonisme au zen.
Klee et l'Extrême-Orient. Jusqu’au
12 mai. Klee et Jawlensky - Une amitié d’artistes. Jusqu’au 26 mai.
Musée des Beaux-Arts (Hodlerstr.
8-12) Hannes Schmid - Real Stories.
Jusqu’au 21 juillet. Mythe et secret
- Le symbolisme et les artistes suisses. Jusqu’au 18 septembre.
Musée d’Histoire de Berne
(Helvetiaplatz 5) Quin, l’empereur
éternel et ses guerriers de terre
cuite. Jusqu’au 17 novembre
Galerie TH13 (Theaterplatz 13)
«A Journey» par Patrick Messina.
Jusqu’au 1er juin.
Bienne
Centre-Pasqu’Art (fbg Lac 71-75)
DEXTER DALWOOD. Jusqu’au 16 juin.
d
suisse
a
Kirchner Museum - La Collection.
Jusqu’au 21 juin.
Riggisberg
Abegg-Stiftung : Le plaisir de
collectionner - Objets d’art et textiles de collections privées anciennes. Jusqu’au 10 novembre.
Saint-Gall
Kunstmuseum : Filipa César Single Shot Films. Jusqu’au 23 juin.
Dan Flavin - Lights. Jusqu’au 18
août.
Soleure
Kunstmuseum : Edouard Vallet,
dessins. Jusqu’au 9 juin.
Weil
/ Rhein
Vitra Design Museum : Louis
Kahn. Jusqu’au 11 août.
Winterthur
Fotomuseum (Grüzenstr. 44)
Concret. Architecture et photographie. Jusqu’au 20 mai.
Fotostiftung Schweiz (Grüzenstr. 45) De quoi nous vivons.
Images de vol de Georg Gerster.
Jusqu’au 26 mai.
Kunstmuseum (Museumstr. 52)
Giuseppe Penone. Jusqu’au 20 août.
Villa Flora (Tösstalstr. 44) Chefsd’œuvre de la Collection Hahnloser /
Jaeggli. Jusqu’au 1er septembre.
Zurich
Kunsthaus (Heimpl.1) Haris Epami
nonda. Jusqu’au 5 mai. Chagall.
Jusqu’au 12 mai. KELLY NIPPER - Black
Forest. Jusqu’au 16 juin. WALKYRIES
AU-DESSUS DE ZURICH - 150 ans de
représentations wagnériennes à
Zurich. Du 24 mai au 18 août.
Landesmuseum : «Animali» Animaux réels et fabuleux de
l’Antiquité à l’époque moderne.
Jusqu’au 14 juillet.
Museum Bellerive (Augustinergasse 9) Mucha Manga Mystery –
Alphonse Mucha, pionnier de l’art
graphique. Jusqu’au 14 juillet.
Museum für Gestaltung
(Austellungsstr. 60) It Truly Pays:
The Crime Film. Jusqu’au 2 juin.
Museum Rietberg (Gablerstr. 15)
Scènes des États Princiers indiens.
Jusqu’au 1er août.
Museum Strauhof (Augustinergasse 9) Ainsi vivent-ils encore
aujourd’hui. Jusqu’au 9 juin.
69
exposition
ferme de la chapelle
Fleurs et merveilles
Pour fêter l’éveil de la nature et son lot de splendeurs, trois nymphes
exposent leur ode à leur façon. Au programme : courbes, couleurs,
féminité et, paysages enchantés.
Jardin d’Éden au milieu des pâquerettes,
jonquilles et cerisiers en fleurs, la Ferme de la
Chapelle célèbre le printemps. Pour cela, la
galerie a fait appel à trois artistes dont les univers se côtoient mais ne se touchent pas. Paresse
et déambulation de l’imagination sont au programme.
Mythes
On quitte les jardins d’Éden pour
s’engouffrer dans les bois et, dans l’élan, un peu plus loin dans le fantastique
avec June Papineau. Des troncs d’arbres imposants et plus vrais que nature
Axelle Snakkers, Paysage imparfait, 201213, huile sur alu gravé
Nature diffractée
70
Une explosion chromatique nous
accueille d’emblée. La nature anamorphosée, vivace et saisissante de Geneviève
Capitanio invite le visiteur à se plonger
dans des paysages enchanteurs ou enchantés. On voyage des peintures à l’huile grands
formats aux tapisseries miniatures finement
brodées en essayant vainement de reconnaître les animaux ou la végétation initiale, ici
dilués dans les ondulations de couleurs. Ce
travail fait suite à une œuvre réalisée à la
piscine de Monthey en 2007. La Valaisanne
avait peint des motifs bleus de tons divers
sur l’ensemble du bassin et la déformation
de l’image provoquée par l’eau est devenu,
dès lors, un de ses thèmes de prédilection.
Les formes représentées s’étirent et ondulent à l’extrême sans que leurs couleurs se
mélangent.
écorces et racines. Tandis qu’on avance dans
la salle, une pièce obscure contenant des éléments fluorescents attire notre regard. On
descend quelques marches pour pénétrer
dans un espace confiné où des filaments
translucides et phosphorescents flottent gracieusement dans les airs et nous encadrent
délicatement. Impossible d’ignorer la ressemblance du décor avec celui de certaines
séquences du film Avatar, en particulier celles où les “Woodsprite“ (les esprits de
l’Arbre de Vie) sont présents.
Sommeil paradoxal
Il est maintenant temps de prendre de la
hauteur avec la Genevoise Axelle Snakkers
qui, elle, propose, à l’étage, une contemplation rêveuse des cieux à travers des feuillages. L’artiste a choisi des supports en aluminium
sur lesquels elle superpose plusieurs
June Papineau, «Pas de deux», 2012,
glaise de porcelaine, méthylcellulose, colle
couches de peinture à l’huile qu’elle va
blanche, propylène glycol, gaze de reliure,
ensuite aller rechercher par endroit à l’aide
sel (du Jura)
d’une ponceuse. Le contraste entre le métal
et les couleurs, ainsi que la technique employée,
nous accueillent dans un premier temps. procurent une grande pureté à l’œuvre et l’éloiPour réaliser cette série, l’Américaine gnent du sujet initial. Le degré d’abstraction est
s’est inspirée du mythe de Marsyas - un tel que dans l’imaginaire, nous voilà couché sur
faune qui se fit dépecer par Apollon l’herbe au pied d’un chêne massif et feuillu,
pour avoir humilié le dieu à la flûte. observant le ciel à travers nos paupières par une
Mais la pratique de June Papineau s’é- belle journée ensoleillée.
carte largement de la violence de l’acte
Tuana Gökçim Toksöz
d’Apollon. Ses pièces issues d’un long
et minutieux travail de moulage sont un
éloge pacifique aux arbres qui lui ont Jusqu’au 8 mai, Ferme de la Chapelle
servis de modèles. Par un geste poé- Geneviève Capitanio \ June Papineau \ Axelle Snakkers
tique, l’artiste immortalise à jamais les
Geneviève Capitanio, «Planter», 2010
huile sur toile, 120 X 150 cm
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exposition
schaulager : la fabrication de l’image
Steve Mc Queen
Dans le paysage muséal bâlois, le Schaulager tient une
place particulière. Conçu au départ pour entreposer la
collection Emanuel Hoffmann, présidée par la petite-fille
Maja Oeri, qui l’a largement enrichie au fils des années
par des œuvres très contemporaines, le lieu se veut avant
tout un centre de recherche, qui s’ouvre occasionnellement
au public, à l’occasion d’expositions décidées par
Maja Oeri, elle-même.
Héritière comme plusieurs autres membres de la famille HoffmannOeri de l’entreprise pharmaceutique Hoffmann-La Roche, elle a la liberté de
faire ce qu’elle veut et son institution ne dépend pas de la manne publique.
Cela ne l’empêche pas d’être très active dans d’autres institutions culturelles bâloises comme le musée des Beaux-Arts, dont l’extension n’aurait pu
se faire sans son soutien. Au Schaulager, elle programme généralement des
événements de grande envergure, comme ce fut le cas pour Jeff Wall ou
Robert Gobert. Cette année, elle offre son lieu à l’œuvre artistique du
cinéaste Steve Mc Queen – à ne pas confondre avec l’acteur de cinéma - et
transforme du coup ses espaces d’exposition en cinéma multiplex, présentant une vingtaine de vidéos et de films mais aussi de travaux photographiques de cet artiste. Celui-ci a participé à l’installation de ses œuvres, les
mettant en relation comme le ferait un commissaire, chargé d’accrocher une
exposition et réfléchissant au dialogue des œuvres. Si ce n’est qu’il est plus
difficile de faire cohabiter des films, puisque le son est une composante
supplémentaire à gérer et peut venir brouiller une bonne réception des images. Un défi donc pour le visiteur qui doit prendre le temps de s’immerger
dans les différents univers d’images créés par l’artiste, souvent insolites.
Une œuvre en évolution constante
Depuis une vingtaine d’années, le vidéaste et cinéaste, né en 1969, a
créé une œuvre extrêmement variée et en évolution constante. Des travaux
où les frontières entre le narratif et le documentaire s’estompent, traitant des
champs thématiques allant de la politique à la religion en passant par les
questions de la violence, du corps, des problèmes ethniques. Chaque nouveau travail artistique surprend par sa précision mais aussi par la curiosité
totalement décomplexée de l’artiste à innover. L’artiste a retenu une première fois l’attention, lorsque lui fut décerné le Prix Turner de la Tate Gallery
en 1999 avec Deadpan, une œuvre présentée dans l’exposition comme le
sont celles qu’il avait montrées à Documenta 11 et à la Biennale de Venise
en 2009. C’est à partir de 2008 que Steve Mc Queen se lance dans le film
de fiction : Hunger lui rapporte une caméra d’or au festival de Cannes mais
aussi beaucoup de critiques car l’artiste n’est pas du genre à faire des compromis. L’automne prochain, c’est un film sur l’esclavage, Twelve years a
slave, qui sera à l’affiche. En attendant, les passionnés d’images ne manqueront en aucun cas ce rendez-vous de création contemporaine, généralement
réservé aux grandes métropoles. Un projet imposant, réalisé avec l’Art
Institute of Chicago, et auquel la collection Emanuel Hoffmann participe
directement, puisqu’elle-même possède dix œuvres de l’artiste.
Dès l’entrée dans la première salle, le visiteur est happé par l’image de
la statue de la Liberté de New York, autour de laquelle tournicote un héli-
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Steve McQueen, «Exodus», 1992/97, Videostill, Courtesy the Artist /
Marian Goodman Gallery, New York / Paris, and Thomas Dane Gallery,
London © Steve McQueen
coptère que l’on ne voit pas mais que l’on devine au bruit assourdissant, qui
agresse le visiteur et qui fait place, lorsque l’hélicoptère s’éloigne de la statue, au sifflement du vent. Le panorama urbain qui défile rapidement crée
une coulisse agitée, faisant ainsi prendre conscience des dimensions architecturales de l’espace, de l’altitude, de l’étendue. On peut aussi pousser l’interprétation plus loin et faire une association avec les techniques de surveillance dans l’espace urbain. Ce film Static (2009) est de fait une parfaite
introduction dans l’œuvre de l’artiste. Vouloir visionner tous les films in
extenso n’est toutefois guère réaliste car cela représente plus de dix heures
de films. C’est pourquoi le musée autorise le visiteur à venir trois fois en utilisant un seul billet d’entrée.
Pertinence
La manière de projeter les films, la qualité du son, la grandeur et la
tonalité de l’espace, sont des composantes intrinsèques à la pertinence de
l’œuvre. L’installation Pursuit (2005) composé d’un espace tout en miroirs
au milieu duquel se dresse un écran double face, où défilent des points lumineux, plonge le visiteur dans une zone abstraite de l’indétermination provoquant une perte de l’orientation et de la perception corporelle. Il en va de
même de Drummroll (1998) où le spectateur semble être enfermé dans le
tambour d’une machine à laver, qui roule dans les rues de Manhattan. Avec
Deadpan (1997), Steve Mc Queen propose une séquence filmée d’une
action qui reste toujours la même, captée toutefois de différents points de
vue dans une tension entre statisme et dynamisme. L’artiste est debout
devant une cabane de bois, reste sans bouger, même lorsque la façade s’écroule sur lui et ne peut s’en tirer que grâce à l’ouverture de la fenê-tre. Une
scène qui lui a été inspirée par le gag du film Steamboatbill, Jr (1928) de
Buster Keaton. Quand il représente la Grande-Bretagne en 2009 à la
Biennale de Venise, son film de 35 minutes, Giardini nous montre l’autre
côté de la réalité de ce lieu prestigieux du monde de l’art globalisé. Il souligne la désolation de ce quartier filmé en hiver, tandis qu’une meute de
lévriers farfouillent dans les ordures. Une installation particulièrement bouleversante et prêtée par l’Imperial War Museum évoque les soldats anglais
morts en Irak, sous forme de planches de timbres-postes, conservées dans
un meuble de bois de chêne aussi longtemps que les instances postales
anglaises n’en autoriseront pas leur utilisation. Pour circuler au milieu de
toutes ces diverses projections, de durée et d’intérêt variables, un livret (allemand ou anglais) est remis au spectateur. On ne sort en tout cas pas indemne de cette expérience artistique et l’artiste pose nombre de questions auxquelles il ne prétend en aucun cas apporter de réponses.
Régine Kopp
Jusqu’au 1er septembre 2013, www.schaulager.org
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m a n i f e s t a t i o n
La Bibliothèque de Genève propose un
Book-dating : le but est de permettre au public
de découvrir des auteurs et des ouvrages, de
parler de ses goûts en matière de lecture, de se
dévoiler inévitablement un peu…
à genève
Nuit des musées
Un événement aura lieu à Genève pour la première fois. En effet, les 11 et
12 mai, 22 musées du canton ouvriront leurs portes la nuit de samedi dès
17 heures. Et ils ont concocter un programme alléchant d’animations
nocturnes. Quant au dimanche 12 mai, date officielle de la Journée
internationale des musées, les festivités se poursuivront dès 10 heures,
avec une programmation intitulée «after en famille».
72
De Compesières à Cologny, en passant par
Conches, Carouge ou par les Nations, cheminant à travers Genève, jeunes et moins jeune
trouveront de quoi partir à la découverte des
institutions muséales genevoises. Le programme du week-end compte 163 moments de
médiation culturelle et scientifique répartis sur
58 activités différentes : contes, projections
vidéo, ateliers, animations, ateliers d’écriture,
visites commentées, etc.
La liste des musées participant à l’événement est la suivante : Bibliothèque de Genève,
Cathédrale Saint-Pierre et Site archéologique,
Centre d’art contemporain, Conservatoire et
de Genève), Musée d’histoire des sciences,
Musée international de la Réforme, Musée de
l’Ordre de Malte, Musée du Service d'incendie
et de secours, Musée de la Société des Nations,
Musée des Suisses dans le Monde, Muséum
d’histoire naturelle.
Les points forts du week-end
Trois musées de la Rive droite - le Musée
Ariana, les Conservatoire et Jardin botaniques
et le Musée d’histoire des sciences - se sont
associés pour proposer un Rallye des musées
de samedi à dimanche, avec un tirage au sort
assorti de nombreux lots, au Musée Ariana le
dimanche à 16h30*.
Le
Musée
Ariana, qui souhaite
se montrer festif et
inventif, organise
diverses activités destinées à tous les
publics. Par exemple,
le samedi à 20h30,
21h30, 22h30 et
23h30, place à une
Chasse aux intrus ! Il
est également possible d’opter pour une
soirée de contes, à
19h30, 21h15 et
Ariana, exposition «8 artistes et la terre» : Jacqueline Lerat (1920 – 2009)
«Sculpture et végétaux», 1985 gres chamotté, engobes et émaux, 70 x 33 cm,
22h15, intitulée Il
collection privee © photo Paul-Antoine Levasseur
était une fois... gustave Revilliod. Et à
Jardin botaniques, Fondation Baur, Musée des minuit, comme tous les chats sont gris, auront
Arts d’Extrême-Orient, Fondation Martin lieu d’autres animations.
Bodmer, Maison de Rousseau et de la
Littérature, Maison Tavel, Médiathèque, Fonds
La Cathédrale Saint-Pierre ouvre excepd’art contemporain de la Ville de Genève, tionnellement l’accès aux tours à la tombée de
Musée Ariana, Musée d’art et d’histoire, la nuit ; une occasion d’admirer les lumières de
Mamco, Musée Barbier-Mueller, Musée de la ville d’en haut. Portes ouvertes également
Carouge, MEG Conches (Musée d'ethnographie pour les dessous de la cathédrale.
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Gérard Guillaumat sera aux Conservatoire et
Jardin botanique © Isabelle Meister
Parmi un florilège d’activités plutôt garni,
on relèvera aux Conservatoire et Jardin botaniques une Lecture-Performance par la Cie
Folledeparole, avec Gérard Guillaumat : Une
saison en enfer d'après Arthur Rimbaud (à 22h
à la Serre tempérée).
Les musiciens Jacques Demierre et Brice
Catherin visitent la Fondation Baur et improvisent la voix, proche et lointaine, des collections.
Ce qu’ils jouent de leurs instruments - épinette,
clavicorde, violoncelle piccolo, et instruments
divers - surgit de l’instant et du lieu. Les
concerts improvisés ont lieu samedi à 18h15,
19h15 et 20h15. Le dimanche sera organisé, dès
14h30, le “jeu des objets cachés“.
La Maison de Rousseau et de la littérature revêt son manteau de mystère avec des lectures subversives par des écrivains, de 19h à tard
dans la nuit. Le lendemain, changement d’ambiance : les jeunes sont invités à découvrir
Rousseau et son époque. Une animation, à 11h,
s’adresse au jeu public dès 8 ans, sous l’intitulé
Dans les habits d’un enfant genevois du XVIIIe
(sur inscription : [email protected]). Un parcours audio-guidé est prévu de 11h à 16h sur le
thème La vie et l’œuvre de Rousseau. A 16h30,
des contes et récits pour petits et grands seront
proposés.
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m a n i f e s t a t i o n
Kathputli (marionnettes à fils) : spectacle Danses indiennes. Kathputli du
Rajasthan accompagnés de musique
traditionnelle à 21h.
Le dimanche, les
techniques de fabrication de marionnettes seront dévoilées par Pierre
Monnerat, sculpteur
sur marionnettes (à
14h30 et 16h).
Le
MEG
Conches prêtera sa
pelouse à POL pour
un Crépuscule sonore, un concert électronique,
à 20h30. Pour sa performance, POL puisera
aussi les sources de son mix dans la collection
des Archives Internationales de Musiques
Populaires du MEG.
Liu Guo Song (1932) «Sea of Floating Ice», Jiu Zhai Gou series.
Encre sur papier, 58 x 95 cm © Collection Gérard et Dora Cognié
Pour faire revivre le Moyen Age l'espace
d'une soirée, des démonstrations d'escrime historique - à 19h, 20h et 21h -, proposées par la
Militia Genavae, feront vibrer les voûtes romanes des caves du seigneur Tavel – à la Maison
Tavel.
Le Musée d’art et d’histoire décline le
thème de la nuit et de l’obscurité à travers le
temps et les arts : Nuit et poésie, Entre rêve et
cauchemar… (visites commentées dans les collections à 19h, 20h et 21h) et invite les jeunes à trouver qui a tué Charles-Emmanuel
de Savoie lors d’un MAH « Cluedo » (animations du dimanche à 14h et 16h). Le
samedi soir, des performances de Mapping
architectural organisées par le festival éponyme se dérouleront sur la façade de l’institution.
Au Parc Betrand, le MEG et le
Département de géographie et environnement de
l’Université de Genève proposent de faire le
tour du monde en photographie (1860-1890)
grâce aux Clichés exotiques d’Alfred Bertrand.
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Le Musée international de la Réforme se
penche sur les progrès au temps de la Réforme
avec la Démonstration du fonctionnement d’une
ancienne presse d’imprimerie par les membres
de l’Imprimerie des Arts : animation de 17h à
22h en continu le samedi, de 14h à 17h le
dimanche. Egalement en continu, une
Présentation de livres anciens : animation de
17h à 22h le samedi, de 14h à 17h le dimanche.
Le Musée des Suisses dans le monde fait
la lumière sur ceux - 700’000 aventuriers suisses
- qui ont marqué le monde de leur empreinte.
Une longue histoire de découverte, d’entraine,
d’exploration, d’esprit d’enteprise et... d’innovation.
Les galeries du Muséum d’histoire naturelle s’animent : on les visite guidé-e-s à la
lampe de poche ; les mains dans le sable,
dans la peau d'un paléontologue à la recherche d'ossements de dinosaures ; ou encore
en voyage avec les oiseaux pour les toutpetits.
Le temps d’une soirée, le Musée des
Suisses dans le Monde s’unit à la Fondation
Bodmer pour proposer un service de navettes gratuites en covoiturage. Trois «
Limousines de la Mariée » relient ces deux
musées situés hors des sentiers battus selon
le parcours: Penthes – Hôtel-de-Ville (MIR,
Maison de Rousseau, Barbier Muller,
Maison Tavel) – Cologny, toutes les 20
minutes, en boucle.
Le Mamco (Musée d’art moderne et
contemporain) invite la Kunsthalle Marcel
Duchamp de Cully. Au programme, projections en continu de Nu descandant un escalier, un hommage à l’Armory Show (1913).
Et sous le titre Petits Rendez-vous
“Dégringolade“, des visites guidées pour
les enfants de 5 à 10 ans -accompagnés
d’un adulte - ont lieu à 11h15 et 11h45,
Dans le cadre de l’exposition Ainsi
font, font, font. Marionnettes d'ici et
d'ailleurs, ateliers et spectacles de marionnettes à fil indiennes animeront le Musée
de Carouge. Samedi, la compagnie
Pannalals’ Puppets propose de découvrir
les sagas de l’Inde grâce à la féerie des
Remplacer l’eau par le mercure et … la face
de la science en est changée ! Le Musée d’histoire des sciences revisite les enjeux et les étapes de l’utilisation de ce métal en science lors de
présentations spectaculaires d’instruments.
Samedi à 20h & dimanche à 15h, animation : Du
mercure plutôt que de l’eau, présentation d’instruments au grand salon. Samedi à 21h &
dimanche à 14h, visite commentée de l’exposition Génie des artisans, de l’atelier au laboratoire.
Les Musées de l’Ordre de Malte,
Musée de la Société des Nations et le
Musée du Service d’Incendie et de Secours
proposent des visites commentées et des
horaires élargis.
Carouge, exposition «Ainsi font font font» :
Marionnette tchèque de la première moitié
du 20e siècle, collection particulière
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Viviane Vuilleumier
Plus d’informations sur :
www.ville-geneve.ch/musees
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manifestation
écoulés depuis la publictation du premier
album. Cette exposition fera les honneurs du
Salon du livre de Paris avant d’investir l’espace
du Salon genevois. Zep, “papa“ de Titeuf prendra ses quartiers au Salon du Livre de Genève
avec son éditeur Glénat.
genève, du 1er au 5 mai 2013
Salon du livre
et de la presse
Quelques beaux rendez-vous sont agendés pour cette 27ème édition du Salon du
livre et de la presse de Genève qui offre, entre autres, le Mexique comme hôte
d’honneur, une grande exposition d’art, un Salon africain du livre et de la
presse, un Salon de l’étudiant, un village BD, une Cuisine des livres,
des expositions...
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Parmi les points forts de l’actualité, signalon que le Salon du livre 2013 accueillera de
nombreux écrivains de renom, parmi lesquels
figurent l’Américain Douglas Kennedy - dont
l’éloge n’est plus à faire, car son talent est largement reconnu et lui a valu plusieurs prix - et
le “nouveau venu“, le Romand Joël Dicker qui
a fait un tabac avec son livre «La vérité sur l’affaire Harry Quebert»; les deux “stars“ seront
présentes le mercredi 1er mai à 15h sur la scène
de L’apostrophe. Une rencontre exclusive !
Autre rendez-vous à ne pas manquer, celui
qui vous permettra de rencontrer un des plus
célèbres auteurs suisses de bande dessinée, à
savoir Cosey. Il sera à La Librairie de la bande
dessinée le jeudi 2 mai de 11h à 16h.
Comme chaque année depuis dix ans,
saluons la présence du Salon africain du livre,
de la presse et de la culture. Pour cette édition
“anniversaire“, le Salon africain organise, le
vendredi 3 mai dès 20h30, une nocturne qui
promet de marquer les esprits. En vedette, et en
solo, le chanteur nigérien Keziah Jones offrira
un spectacle inédit et surprenant construit sur le
A noter également l’exposition Blaise
Cendrars 1913 / 2013 - Des mondes simultanés organisée par la BCU Lausanne et du
Centre d'Études Blaise Cendrars autour du centenaire de La Prose du Transsibérien et de la
Petite Jehanne de France.
Les Editions Gallimard et la Fondation
parfum de la littérature et du Blufunk,
mélange de blues et
de funk dont il est
l’initiateur.
Expositions
Au chapitre des
expositions,
la
“grande exposition“
est dédié cette année
à
Plonk
&
Replonk. Ces deux
frères graphistes
sont bien connus des Romands, qui ont déjà pu
goûter à de nombreuses reprises à la dérision de
leur univers via le monde médiatique. Ils se distinguent spécialement par la création de cartes
postales anciennes sur des thèmes souvent puisés dans les mythes suisses, qu’ils ont retouchés
et détournés avec humour.
« Depuis l’invention du “Copié à la Main”
par les moines-pirates de Tasmanie, jusqu’au
“Lu avec les Pieds” de l’intelligentsia occidentale, le courage du verbe s’est toujours couché
devant la blancheur du papier. Papier en pierre,
papier en bois dur, papier en
roseaux, papier en feuilles; finalement le livre a paru.»
Plonk & Replonk se sont fixé
comme mission de “rétablir“
quelques vérités, au doigt, à l’œil et
au pied de la lettre, car l’histoire de
la littérature et de la presse a besoin
de bon chienchiens, gardiens des
enfers de l’orthographe et du nonsens qui se perd...
La BD au Salon du Livre et de la Presse
Antoine de Saint-Exupéry présentent sur le
stand H870 une exposition sur l’auteur du Petit
Prince et de Vol de Nuit. Vingt-quatre panneaux,
richement illustrés (photos, lettres, manuscrits,
témoignages) retraceront avec précision la carrière d’un homme devenu écrivain presque par
accident.
Hôte d’honneur
Enfin, quelques mots sur l’hôte d’honneur
2013, le Mexique : un des pays les plus peuplés
d’Amérique latine, un pays qui a vu se succéder
au fil du temps plusieurs cultures, plusieurs traditions, et qui a intégré toutes ces influences,
tous ces apports, pour produire une grande
richesse culturelle. Le programme culturel du
Mexique proposera conversations, lectures
publiques, débats, conférences, tables rondes.
Synonyme de diversité et de multiculturalisme, la richesse du pays sera également mise
en lumièreà travers la photographie, le cinéma,
le théâtre, sans oublier bien sûr son art
culinaire.
Viviane Vuilleumier
Titeuf sera aussi à la fête, puisqu’une exposition célèbrera ses 20
ans - plus précisément les 20 ans
Joel Dicker © Jeremy Spierer
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Plus d’informations sur :
http://www.salondulivre.ch/fr/
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odéon-théâtre de l’europe
Le Prix Martin
Peter Stein met en scène cette dernière grande
comédie de Labiche, écrite en 1876; il s’agit pour lui
de sa première création en France.
Agé aujourd’hui de 74 ans, Peter Stein, cette légende vivante de la mise
en scène allemande, a donc choisi un genre très français, longtemps décrié
comme distraction bourgeoise, pour faire son entrée sur la scène française. Un genre sur lequel il porte un regard différent, étranger, et auquel il
avait déjà osé s’attaquer, en mettant en scène, en 1973, La Cagnotte de
Labiche en allemand.
Universalité du propos
C’était aussi l’époque où de grands metteurs en scène français redonnaient à ce genre leurs lettres de noblesse. Jean-Pierre Vincent monta La
Cagnotte en 1971 et Patrice Chéreau amorça sa carrière avec L’Affaire de
la rue Lourcine en 1966, en privilégiant une approche burlesque, satirique.
Peter Stein regarde les personnages de son point de vue, en ethnologue, et
constate « qu’on trouve dans la pièce les trois âges de la sexualité : sa
naissance, sa maturité, sa
mort ou disons son extinction ». Car, ce qu’il cherche,
c’est à dégager le caractère
intemporel de la pièce, son
universalité. Bien sûr, les
ingrédients du genre ne manquent pas, et le mari, la femme
et l’amant sont au rendezvous. Mais les relations
sexuelles ne concernent pas
seulement la traditionnelle
relation triangulaire. Pour les
trois couples inventés pour la
nécessité de l’intrigue, le sexe
est l’occupation principale : le
couple de bourgeois expérimenté en la matière, le jeune
couple amoureux qui pratique
l’exercice avec délice et sans
interruption, et les deux amis,
« sexuellement à la retraite et
qui voudraient être tranquilles ».
Deux très bons amis,
Ferdinand Martin (Jacques
Weber) et Agénor Montgommier (Laurent Stocker) se retrouvent souvent
à parler affaire mais surtout à jouer aux cartes, au bésigue. C’est donc assis
à une table de jeu que nous faisons leur connaissance, au lever du rideau
et que nous les quitterons, après une série de rebondissements, causés par
l’inévitable rivalité entre les deux amis, le cocu et l’amant, l’un trompant
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l’autre. Le mari cocu promettant d’éliminer son rival et imaginant pour
cela, avec le concours de son cousin, Hernandez Martinez (Pedro
Casablanc), roi des Chichimèques, une promenade dans les montagnes
suisses, qui tournerait mal, et qui serait l’occasion de faire disparaître le
fautif dans un précipice. La Suisse étant alors dans l’imaginaire bourgeois
ce que représente aujourd’hui les Seychelles ou une autre île lointaine. Il
faut entendre le domestique Pionceux (Jean-Damien Barbin), frère de lait
de Martin, prononcer « la Souisse… » avec des trémolos dans la voix en
évoquant une destination de rêve, mais aussi le voir dans son pantalon
trop large, aux allures clownesques. Une composition superbement jouée,
qui emporte l’adhésion du public. Comme toujours, rien de ce qui était
prévu n’arrive.
Enthousiasme
Peter Stein se révèle non seulement un magnifique directeur d’acteurs, qui pose sur les personnages un regard contemporain mais il dispose aussi d’acteurs exceptionnels. Un Jacques Weber, “hénaurme“, qui
forme avec Laurent Stocker, un couple à la Laurel et Hardy, inoubliable.
Les autres comédiens ne sont pas en reste et sont irrésistibles : Pedro
Casablanc en matador macho, Manon Combes en servante d’auberge
découvrant les nouveautés du sexe parisien et Christine Citti en femme
volage et désireuse de plaire.
Lors de la création, Flaubert voyait dans cette pièce une bouffonnerie
pleine d’esprit et comparait Labiche à Molière. L’efficacité de la construction, la qualité des dialogues et les répliques géniales ne peuvent que lui
«Le Prix Martin» © Pascal Victor-ArtcomArt
donner raison. En ces temps moroses de crise, le public ne s’y trompe pas
et réserve un accueil enthousiaste au spectacle.
Régine Kopp
www. theatre-odeon.eu
Jusqu’au 5 mai 2013
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de l’allemagne, de friedrich à beckmann
Le Louvre
à l’heure allemande
Fallait-il prendre prétexte de la célébration des 50 ans du Traité de l’Elysée
entre la France et l’Allemagne pour consacrer une exposition à la peinture
allemande de la fin du XVIIIe siècle à la veille de la seconde guerre mondiale ?
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Les Français entretiennent une relation
ambiguë avec l’Allemagne, qui ne date pas d’aujourd’hui. Il suffit de se rappeler ce qu’écrivait
Baudelaire à Wagner, après les représentations de
Tannhäuser à Paris : « Vous n’êtes pas le premier,
Monsieur, à l’occasion duquel j’ai eu à souffrir et
à rougir de mon pays ».
Cette exposition, riche de deux cents œuvres, orchestrée de main de maître par Sébastien
Allard, conservateur en chef au département des
peintures du Louvre, Johannes Grave, directeur
adjoint du centre allemand d’histoire de l’art de
Paris et Danièle Cohn, professeur d’esthétique à
Paris I, leur permettra de mieux la connaître.
L’exposition est exemplaire dans sa conception présentée thématiquement et passionnante
dans son contenu, dédié à l’esthétique allemande
de 1800 à 1939, méconnue d’une grande partie
du public. Petit rappel historique : jusqu’à la
constitution de l’Etat-nation
en 1871,
l’Allemagne était multiconfessionnelle, marquée
par une discontinuité géographique, un flotte-
de Goethe et le peintre nous le montre assis en
voyageur parmi des ruines, y faisant allusion à
l’Antiquité grecque et romaine.
Cette référence présente tout au long du
XIXe siècle jusqu’à la première guerre mondiale
compose la première partie de l’exposition, sous
le signe d’Apollon et Dionysos. « Noble simplicité et grandeur tranquille » caractérisent cette
conception classique de la beauté, celle d’Apollon et qu’illustre à merveille Apollon parmi les
bergers de Gottlieb Schick (1806-1808), avec la
majesté de ses paysages, l’équilibre de la compo-
ment des frontières, des régimes
politiques différents. Cette unité
s’est construite sur la notion de
« Kultur » héritée de la philosophie
des Lumières et devient déterminante pour constituer une identité culturelle basée sur « trois grandes forces
motrices : le rapport à l’histoire, à la
nature et à l’humain », souligne le
commissaire français. Trois axes
d’où découlera tout naturellement le
parcours de l’exposition, s’articulant
sur trois grands thèmes, la référence
à l’Antique, la notion de paysage et
la place de l’individu.
La pensée allemande
Avant d’entrer dans le vif du
sujet, le visiteur est tout d’abord
accueilli dans la rotonde, par la
monumentale et ô combien programmatique œuvre d’Anselm Kiefer, De
Julius Schnorr von Carolsfeld, «Vierge a l’Enfant», 1820
huile sur toile, 74 x 62 cm. Cologne, Wallraf-Richartz-Museum
& Fondation Corboud © Rheinisches Bildarchiv, Cologne
Johann Heinrich Wilhelm Tischbein, «Goethe dans la campagne romaine», 1787
huile sur toile, 164 x 206 cm. Francfort, Stadel Museum
© U. Edelmann - Stadel Museum - ARTOTHEK
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l’Allemagne (19822013). A méditer
aussi bien à l’entrée
et qu’à la sortie. Mais
le lever de rideau sur
l’exposition,
qui
emprunte son titre à
l’ouvrage de Mme de
Staël, se fait avec le
portrait de Goethe,
peint par Johann
Heinrich Wilhelm
Tischbein, Goethe
dans la campagne
romaine (1787), véritable icône nationale.
La pensée allemande
s’identifie à la figure
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sition, l’absence de mouvement. Dans le sillage
de ce classicisme d’une beauté tranquille, un
groupe de jeunes artistes, appelés les Nazaréens,
poussés par un esprit patriotique, remplacent le
modèle antique par celui de l’art médiéval et de
la Renaissance, se référant aussi bien à Raphaël
qu’à Dürer. A regarder La Vierge à l’Enfant
(1820) de Julius Schnorr von Carolsfeld ou
Marie, Elisabeth, l’Enfant Jésus et Jean (1825)
de Johann Friedrich Overbeck, la pureté du trait
évoque tout naturellement Raphaël. De même
l’œuvre de Franz Pforr, L’Entrée de Rodolphe de
Habsbourg à Bâle (1808-1810) a valeur de manifeste avec son style archaïsant, renvoyant aux
gravures allemandes du XVIe siècle. Le rêve
médiéval se lit aussi dans le tableau de Carl
Hasenpflug, Vue idéale de la cathédrale de
Cologne (1834-1836). Commencée en 1248, la
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cathédrale ne fut terminée qu’en 1880, construite dans le style gothique, typiquement allemand
et symbolisait l’unité du peuple.
L’imaginaire allemand
Mais il n’y a pas que les vues de cathédrales qui constituent l’imaginaire allemand, il y a
aussi les éléments du merveilleux empruntés aux
contes populaires écrits entre autres par les frères
Grimm. Avec ses châteaux, ses fleuves, ses
forêts, ses chevaliers errant dans la nuit, le
Chevaliers devant la hutte du charbonnier de
Carl Philip Fohr fonctionne comme un digne
ancêtre d’Harry Potter.
Mais ce classicisme presque trop parfait,
qui marque cette première moitié du XIXe siècle,
finit par s’épuiser dans l’académisme. Une nouvelle génération d’artistes s’emploient à revitaliser la forme et recourent à Dionysos, symbole de
la force de la vie et de la puissance pulsionnelle.
Hans von Marées ou Anselm Feuerbach et surtout le Suisse Arnold Böcklin se lâchent en
quelque sorte dans la matière picturale et ne brident plus leur sensualité. Le Réveil du printemps
(1880) de Böcklin, avec ses nymphes et ses satyres est certes une réinterprétation du Printemps
de Botticelli mais la tonalité y est bien plus onirique et étrange. Quand il peint en 1886, Le jeu
des Néréides, le sujet reste classique mais il s’en
dégage une sensualité qui témoigne d’un esprit
transgressif tout à fait nouveau.
Au cœur du parcours, c’est le rôle de la nature dans la constitution de l’identité allemande,
qui est traité dans sa conception goethéenne,
c’est-à-dire « restituer la morphogenèse, celle
des couleurs, des roches, des nuages, des plantes
et des êtres vivants ». La peinture du paysage se
fait connaissance géologique du monde, ce que
Carl Gustav Carus illustre parfaitement avec ses
paysages géognostiques, plus proches de l’essai
scientifique que d’un sentiment de la nature.
L’amour que Goethe voue à la nature, fortement
empreint d’encyclopédisme, est visualisé par son
herbier et des études aquarellées décomposant le
spectre de la lumière. Sa théorie des couleurs
publiée dès 1810 prend ici la forme d’un grand
octogone coloré et le rapprochement qui est fait
avec des œuvres de Paul Klee est lumineux.
Friedrich à l’honneur
A l’opposé, la conception subjective de
Caspar David Friedrich pourrait se résumer par
sa formule : « clos ton œil physique afin de voir
d’abord avec ton œil de l’esprit ». Friedrich ne
peint pas sur le motif mais ses représentations de
montagnes n’en sont pas moins sublimes. Ce sont
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Caspar David Friedrich, «L’Arbre aux corbeaux», 1822, huile sur toile, 59 x 73 cm. Paris, musée du Louvre
© RMN Grand Palais (Musée du Louvre) / Michel Urtado
au total dix-sept peintures de Friedrich qui auront
été prêtées par de grands musées allemands et
des collectionneurs privés, et qui feront rêver le
visiteur. Arrêtez-vous devant Brume matinale
dans les montagnes (1808), une composition si
moderne par les formes, qui s’estompent. A côté
de lui, les paysages de Philip Otto Runge,
empreints de symbolisme et de mysticisme, semblent plus édulcorés. C’est avec Friedrich que le
paysage prend une connotation nationale, parfaitement incarné par L’Arbre aux corbeaux (1822)
et que se construit une histoire de l’art allemand,
« contre le cosmopolitisme des avant-gardes,
considérées pour beaucoup comme françaises.
Friedrich devint peu à peu l’artiste allemand par
excellence ».
Ce romantisme ne sert pas seulement des
intérêts nationalistes mais devient, dès 1933,
avec la montée du nazisme, un refuge pour certains artistes, comme nous le montre le Paysage
du Bodensee avec arc-en-ciel (1939) d’Otto
Dix. Avec l’horreur de la première guerre mondiale (la série d’encre d’Otto Dix est saisissante), la perte des repères, les artistes renoncent à
l’idéalisation et à l’héroïsation et cherchent à
exprimer l’humain dans son imperfection, sa
banalité, sa souffrance. C’est le dernier volet du
parcours, intitulé Ecce Homo. Il y a ceux qui
renouent avec la passion du Christ, pour exprimer l’humanité souffrante, comme Karl Hoffer,
Le Crieur (1935), Lovis Corinth, Ecce Homo
(1925) ou Max Beckmann. Son œuvre L’Enfer
aux oiseaux (1938), issue d’une collection pri-
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vée new-yorkaise, est prémonitoire de la barbarie à venir. L’imaginaire romantique tourne ici
en vision cauchemardesque.
L’individu se retrouve non seulement au
centre des préoccupations des artistes mais
aussi des cinéastes. Des extraits de Metropolis
(1927) de Fritz Lang sont diffusés ; des images
qui montrent avec force comment l’individu
peut être broyé dans l’anonymat des villes,
réduit à l’esclavage dans les usines.
En fin de parcours, deux autres films sont
projetés. Aux Hommes, le dimanche (1930) de
Robert Siodmak et Billy Wilder, qui exprime
une vitalité joyeuse, répondent les corps figés
du film de propagande Olympia, tourné par
Leni Riefenstahl en 1936 pour les Jeux olympiques. Les images tiennent lieu de commentaires. Le parcours prend fin, en évoquant la
Nouvelle Objectivité et un de ses représentants,
Christian Schad qui choisit le difforme et l’étrange pour parler de l’homme. Certains se
demanderont pourquoi ne pas avoir pris en
compte l’expressionnisme ou l’art du Cavalier
Bleu ou même le mouvement dada. C’est que ce
panorama ne se veut en aucun cas exhaustif
mais tributaire des choix des commissaires,
qu’il serait malvenu de critiquer, car le résultat
est une exposition riche et originale et sur
laquelle on ne saurait faire l’impasse !
Régine Kopp
Du 28 mars au 24 juin 2013
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la grande prêtresse vocale que fut et demeure
Anja Silja (la Sorcière). Pour sa part, le parti
que prend Claus Peter Flor, dans une direction
musicale profonde et imposante, chargée de
parures orchestrales, pousse l’œuvre vers le
post-romantisme. Ce qu’elle est assurément, en
ce XIXe siècle finissant, au-delà de son prétexte de fabliau pour petits et grands inspiré des
Frères Grimm.
opéra
Hänsel rutilant
Hänsel et Gretel fait un clin d’œil au palais Garnier, entre facéties,
allusions, illusions, beau chant et luxuriance orchestrale.
La voix et le secret
d’Antonacci
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L’Opéra-Comique présente ce
qui pourrait se qualifier de gala
Antonacci : une soirée qui conjugue
Il Segreto di Susanna et la Voix
humaine, deux opéras courts avec la
fameuse mezzo italienne comme
principale protagoniste.
Une manière de démontrer deux
facettes distinctes du grand talent de
la diva. Dans l’irrésistible et inspiré
intermezzo de Wolf-Ferrari, elle
incarne une héroïne pétillante à la
grâce immédiate, avec aussi la coloratoure belcantiste de rigueur. Son
compagnon à la scène, Vittorio
Prato, et rôle masculin de ce dialogue
à deux personnages (sur fond de
Opérra Garnier : «Hänsel et Gretel» avec Daniela Sindram (Hänsen), Anne-Catherine Gillet (Gretel) et Anja Silja (Die
fumées de cigarettes – on fume beauKnusperhexe). Crédit Opéra national de Paris/ Monika Rittershaus
coup sur les scènes actuellement,
Et voilà que le “ Märchenoper ”, le conte ble plutôt les adultes. Ils peuvent goûter le chant mais ici le sujet et ledit secret s’y prêtent), lui
de fées lyrique d’Humperdinck, fait son entrée parfaitement dominé et projeté de Daniela répond avec la loquacité adéquate. Pour le soliau répertoire de l’Opéra de Paris. Excès d’hon- Sindram (Hänsel), Anne-Catherine Gillet loque téléphonique de l’opéra de Poulenc, Anna
neur ? pour un ouvrage que l’on croit – à tort – (Gretel), Jochen Schmeckenbecher (Peter), Caterina Antonacci délivre son lyrisme et son
tenir de la pochade… Mais ainsi servi, il ne Irmgard Vilsmaier (Gertrud), ou le souvenir de intense sentiment de chanteuse tragique qui a
démérite pas des ors qui l’accueillent. En raison
de la mise en scène, tout d’abord, signée
Mariame Clément, jouant d’images de chambres (à coucher) enserrées dans des tableaux
juxtaposés, superposés et culbutés, où la forêt,
les personnages fantasmagoriques qui la peuplent et perturbent les petits héros, deviennent
univers familier d’un cocon familial, d’un rêve
dont la clef se dérobe. Il y a donc les cadres de
cet intérieur protecteur et angoissant à la fois,
dédoublés (comme les personnages et les intentions) et résonnants. Le tout reste beau plastiquement et subtilement évocateur. Mais il est
fort à parier que les enfants, qui parsèment le
public de cet opéra qui leur est théoriquement
destiné, ne saisissent pas toujours les péripéties
de cette fable de deux garçonnets polissons, perdus et retrouvés dans une forêt allusive et intellectuellement détournée !…
Opéra Comique : Anna Caterina Antonacci dans «Il Segreto di Sisanna» © Bohumil Kostohryz
Puisque le spectacle vise dans son ensem-
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fait sa juste réputation (comme dans sa
Cassandre des Troyens, il y a moins d’un an au
Covent Garden de Londres). Une apothéose !
que le public salue de bravos répétés.
Ce serait le plus spectaculaire du spectacle.
La mise en scène de Ludovic Lagarde n’aspire
pas à beaucoup de transcendance, sans complications dans un même décor d’intérieur de logement et des costumes façon années 30 (entre les
époques d’un opéra créé en 1909 et l’autre en
1959). Elle possède toutefois la vertu de laisser
l’héroïne libre de ses gestes et de sa prestance
théâtrale. Pour sa part, l’Orchestre philharmonique du Luxembourg se fait brutal pour Il
Segreto, à l’encontre du caractère diaphane de la
partition géniale de Wolf-Ferrari, et conventionnel pour l’œuvre moins compliquée de Poulenc,
sous la battue simple et par trop directe de
Pascal Rophé.
Isola habitée
L’Atelier lyrique de l’Opéra de Paris reprend à la Ferme du Buisson, ancienne ferme
reconvertie en théâtre de la banlieue parisienne,
L’Isola disabitata, une production maison
vieille de déjà huit ans. Mais qui n’a aucunement vieilli. La mise en scène signée conjointement par Dominique Pitoiset et Stephen Taylor
joue délicatement de gestes et attitudes bien serties, devant et derrière une table en forme de
comptoir (et unique décor), pour narrer les
entrecroisements et petits soubresauts des deux
couples de ce conte musical sur un livret déli-
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L’Atelier Lyrique à la Ferme du Buisson : «L’Isola disabitata» avec Andreea Soare (Silvia), Pietro Di Bianco (Enrico),
Oleksiy Palchykov (Gernando) et Agata Schmidt (Costanza). Crédit : Opéra national de Paris/ Mirco Magliocca
cieusement campé par Métastase.
Et les nouvelles voix de l’Atelier renouvellent l’attrait, particulièrement avec l’assurance
éprouvée d’Agata Schmidt et Andreea Soare.
Mais Oleksiy Palchykov et Pietro Di Bianco ne
manquent pas non plus d’abattage comme d’aisance vocale. Dans la fosse, l’Orchestre-Atelier
OstinatO (lui aussi formé de tout jeunes musiciens) distille la verve, et l’élan quand il faut,
sous la baguette claire d’Iñaki Encina Oyón.
L’ensemble fait fête à cet opéra des plus subtilement inspirés de Haydn.
À noter le livret distribué au public,
condensé sous forme de jolie bande dessinée
Opéra Bastille : «Siegried» avec Torsten Kerl (Siegfried) et Peter Lobert (Fafner)
© Opéra national de Paris / Elisa Haberer
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due à Philippe Dupuy. Charmante initiative de
la Ferme du Buisson.
Siegfried miroitant
À la Bastille, Siegfried réserve d’autres
plaisirs, comme on l’imagine. Ce volet, le plus
réussi du Ring présenté en 2010 et 2011, a encore gagné en acuité. Günter Krämer n’a que très
peu modifié sa mise en scène, si l’on omet la
vêture du héros principal (qui quitte sa salopette pour un trois-pièces noir à culottes courtes,
façon costume-marin d’enfant), mais semble
avoir fouillé ses mille détails. Les nains de jardin du premier acte ne résonnent pas seulement
comme une dérision (allusion
au petit peuple des Niebelungen
et au gnome Mime), mais aussi
comme un symbole, de la forêt
allemande et de ses légendes et
terreurs. Le plateau vocal se
conforme à cette lecture fouillée
avec une stupéfiante justesse,
tout spécialement le Mime
impayable de jeu scénique tourbillonnant de Wolfgang
Ablinger-Sperrhacke, tout aussi
irrésistible vocalement. Mais
Torsten Kerl n’est lui-même pas
en reste, Siegfried gamin pénible à souhait, avec sa voix de
ténor sans brailler et chantante,
comme on aimerait qu’il en soit
toujours ainsi pour Wagner.
Peter Sidhom reste cet Alberich
profond que l’on avait déjà
goûté. Les nouveaux venus de la
distribution complètent une
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sirop dégoulinant. On en arriverait à
souhaiter une incongruité ! Pas de
quoi crier au génie (comme dans certain commentaire halluciné du programme du Châtelet).
La mise en scène de Jo Davies
est distrayante. Les chanteurs sont
adaptés, avec les voix bien placées
de Duncan Rock, Kimy McLaren,
Rebecca Bottone et Lisa Milne,
aidées d’une sonorisation qui empêche de se faire une idée précise de
leurs vertus vocales, mais pour une
fois plutôt moins gênante.
L’Orchestre de chambre de Paris et
sa cinquantaine d’instrumentistes
(quand à Broadway on s’en contente
au mieux d’une quinzaine) déroulent
leur fil sans histoire, avec des violons à l’unisson, sous la direction
également à l’unisson de Kevin
Châtelet : «Carousel» avec Duncan Rock (Billy Bigelow) © Marie-Noëlle Robert
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vocalité de haut vol. Egils Silins est un
Wanderer imposant, Peter Lobert un Fafner
d’outre-tombe, et Alwyn Mellor une Brünnhilde
de large projection épanchée. Seule Qiu Lin
Zhang dénote, Erda flottante et hululante. Du
côté de l’orchestre, l’enthousiasme serait de
même nature, pour le scintillement des timbres,
mais surtout au dernier acte et à la fin du
deuxième. Car la première partie de cet acte et
le premier dans son entier, semblent englués
dans des tempos alanguis, auxquels, dans notre
souvenir, la même direction de Philippe Jordan
avait échappé il y a deux ans. Écueil dommageable dans ce scherzo de la Tétralogie.
dues à Agnes de Mille), pour ce produit industriel. Reste une histoire assez attachante de petites gouapes, mais qui s’éternise dans des dialogues qui n’en finissent plus, parsemée de chansons, danses et musiques de fond cinématographiques. Musicalement, si l’on peut dire, on
relève un beau chœur sur la fin, qui serait
magnifique si la mélodie ne tournait court, et un
air de baryton un peu senti, parmi un obstiné
Farrell.
Méditerranées
Il Diluvio universale est une espèce de
vaste cantate scénique, d’après l’épisode du
Déluge de la Bible, créée à Messine en 1682.
L’œuvre n’est ressortie des archives que récemment et doit sa résurrection à Leonardo García
Alarcón. Après l’avoir présentée au dernier fes-
Carousel collectif
Poursuivant sa croisade (?) de la comédie
musicale états-unienne, le Châtelet propose
Carousel. Ce serait une sorte de pièce de théâtre avec musique de scène, qui en son temps (en
1945 ! au sortir de la guerre) a fait un triomphe
à Broadway. Il convient de décrypter en détail le
programme de salle, pour saisir qui en sont les
véritables auteurs. Car aux deux signataires
officiellement mis en avant, Oscar
Hemmerstein pour le livret et les paroles des
chansons et Richard Rodgers pour les thèmes
desdites chansons, il faut ajouter les noms de
Benjamin Glazer pour l’adaptation de la pièce
théâtrale originale de Ferenc Molnar, de Don
Walker pour l’orchestration et l’harmonisation,
auxquelles participent aussi Robert Russell
Bennett, Stephen Jones, Hans Spialek et Guys
Levene. Ouf ! Ce qui fait beaucoup de monde
(une dizaine ! en comptant les parties dansées
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Salle Gaveau : Raquel Andueza
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tival d’Ambronay, il l’offre à Paris, à l’OpéraComique précisément. L’inspiration musicale,
signée Michelangelo Falvetti, musicien lui aussi
à redécouvrir, ne faiblit pas à travers arias et
ensembles bien pensés. L’originalité ne manque
pas, dans des trouvailles harmoniques et mélodiques, mais – disons-le honnêtement – sans
que l’ensemble constitue un des plus grands
chefs-d’œuvre qui soit. La direction de García
Alarcón insuffle une vie de chaque instant, à la
tête de sa Capella Mediterranea, du Chœur de
chambre de Namur (l’un des meilleurs qui
soient actuellement pour la musique baroque) et
de solistes choisis, dont Fernando Guimarães,
Mariana Flores et Evelyn Ramirez Munoz.
L’auditoire qui s’écrase à ce concert réclame
rappels sur rappels, qui n’auront pas manqué.
microphones, assez indignes de ce répertoire et
du lieu, il faut bien dire, mais apparemment
nécessités pour l’une des chanteuses (la
Grecque).
Bruckner et Sibelius
La saison lyrique de l’Opéra de Paris se
ponctue de concerts en miroir. C’est ainsi que
Semyon Bychkov fait un retour éclatant à Paris,
à la Bastille, pour une Huitième de Bruckner
enflammée devant un Orchestre de l’Opéra au
grand complet (cent quarante musiciens) et survolté. Impressionnant.
À la salle Pleyel, c’est Sibelius qui est célébré. Sa Deuxième vibre sous la conduite de
Mikko Franck devant un Orchestre philharmonique de Radio France qui obéit comme un seul
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des pièces musicales dans une veine légère,
dont Cendrillon. Ce charmant petit opéra pour
sept chanteurs et un pianiste était ressorti de
l’oubli il y a une dizaine d’années pour une production d’Opéra en Île-de-France, et revit
aujourd’hui à l’Opéra-Comique. Le livret est,
bien évidemment, tiré du conte. Mais Pauline,
qui le signe et connaissait trop bien les opéras
sur le sujet de Rossini et Massenet, s’amuse à
une fine parodie avec de jolis airs qui n’ont l’air
de rien, mais dénotent tel ou tel trait inspiré. À
la salle Favart, il est précédé d’un prologue avec
des textes d’époque dits par Marie Brunel et des
mélodies de contemporains (Gounod, SaintSaëns, Massenet), qui sont autant d’occasions
de mettre en exergue les vertus des jeunes composants de l’Académie de l’Opéra-Comique.
Alix Le Saux, Sandrine Buendia,
Patrick Kabongo Mubenga, Safir
Behloul, ne manquent pas de bagout
et d’aisance vocale, auxquels Olivier
Déjean, Eva Ganitzate et Magali
Arnault Stanczak ajoutent une maîtrise consommée. Le piano de
Bertrand Halary et la mise en scène
dépouillée de Thierry Thieû Niang,
sur un plateau nu mais coloré d’objets domestiques et de costumes
bariolés, suffisent à emporter l’adhésion du public et de tous. Beaucoup
mieux qu’un simple travail d’école !
Lieder d’Atelier
Opéra-Comique : «Cendrillon» © Pierre Grosbois
De Méditerranée, il est aussi question avec
le concert intitulé, comme il se doit,
“ Mediterraneo ”. C’est à la salle Gaveau le lancement du disque pareillement dénommé (chez
Virgin Classics), et Christina Pluhar officie à la
tête de son ensemble L’Arpeggiata et de solistes
vocaux éminemment élus. Le Portugal,
l’Espagne, l’Italie, la Turquie et la Grèce sont à
l’honneur, dans des répertoires allant du
baroque à l’époque actuelle, de la musique
savante à celle populaire ou traditionnelle. On
ne cherchera pas une fidélité philologique
rigoureuse, mais plutôt une réinterprétation destinée à un public actuel. Raquel Andueza,
Vincenzo Capezzuto, Katerina Papadopoulou et
la chanteuse de fado Mísia, ne ménagent pas
leur entregent. On regrettera cependant les
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homme. Voilà deux musiciens, Bruckner et
Sibelius, qui désormais s’inscrivent au répertoire régulier des institutions parisiennes. Après
tant d’années de silence, on ne saurait que s’en
réjouir.
Cendrillon d’académie
Cendrillon est un “opéra de salon” écrit par
Pauline Viardot en 1904, pour son salon précisément, qui faisait alors courir le Tout-Paris.
Pauline Viardot est restée un nom célèbre de
l’Histoire de la musique, mais moins comme
compositrice. Fille du ténor et compositeur
espagnol Manuel Garcia et sœur de la
Mabibran, elle fut au XIXe siècle une diva adulée, la muse de Berlioz et de Gounod comme de
nombreux artistes et écrivains. Elle laisse aussi
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À l’Auditorium du Louvre,
c’est à un cycle de mélodies allemandes que convie l’Atelier Lyrique
de l’Opéra de Paris (en appendice à
l’exposition “De l’Allemagne” au
Musée). De Schubert à Brahms et
Richard Strauss, mais aussi Kurt Weill, Liszt et
Carl Loewe, un florilège de lieder permet aux
jeunes solistes de présenter toutes les palettes
des couleurs romantique, post-romantique et de
cabaret berlinois. Tiago Matos, Andreea Soare,
Michal Partyka, Andriy Gnatiuk et Oleksiy
Palchykov délivrent un savoir-faire et un talent
reconnus (déjà, sur les scènes), mais Élodie
Hache et Florian Sempey excellent, conjuguant
ardeur et expressivité. Philipp Richardson,
Françoise Ferrand, Jorge Martínez et Alissa
Zoubritski les accompagnent d’un piano pénétré
ou éloquent, pour ce parcours de la mélodie
allemande en tous ses états.
Pierre-René Serna
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théâtre de l’essaïon
opéra royal de versailles
On approchait de la deux-centième représentation de
«Proudhon modèle Courbet» et la pièce n'avait rien
perdu de sa fraîcheur et de sa vivacité. Au moment où le
rideau tombait et que se rallumaient les lumières de la
salle, le spectateur sortait d'un enchantement :
quoi, c'était déjà fini ?
La majeure partie de l’œuvre instrumentale du « prêtre
roux » est bien connue. En revanche ses opéras ne sont
encore que trop peu représentés.
Proudhon ...
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Farnace
Il faut dire qu'on se serait bien plu à entendre deviser plus longuement
nos quatre compères. La pièce convoque les figures de Gustave Courbet et
de Pierre-Joseph Proudhon, tous deux franc-comtois et amis : le premier travaille dans son atelier d'Ornans à une peinture mégalomaniaque, L'Atelier,
où il figure au centre de la société tel un dieu séparant les élus et les réprouvés. Parmi les premiers se trouve Proudhon. Le penseur anarchiste rend justement visite à Courbet, qui a une demande à lui faire. Malhabile au maniement du concept, il désire s'adjoindre les services d'un intellectuel tel que
Proudhon pour rédiger un livret sur son œuvre. Courbet souhaite en effet
organiser une exposition privée, le Pavillon du Réalisme, dans l'éventualité
où certaines de ses peinture seraient refusées au Salon. Sur ces entrefaites
débarque Jenny, modèle et maîtresse du peintre, féministe avant la lettre, qui
confronte Proudhon à ses positions conservatrices et petites-bourgeoises sur
le rôle des femmes dans la société. Arrive enfin Georges, le paysan braconnier, qui aura du mal à entendre
les idées nouvelles de l'anarchiste
et se verra expliquer le concept de
mutualisme lors d'une des scènes
les plus drôles de la pièce.
On croise donc le fer de la
parole, tout au long de cette pièce
qui brille par la qualité des dialogues et l'excellence des comédiens. Tous ont la gueule de l'emploi ; il faut dire que la
Compagnie Bacchus vient de
Franche-Comté, les comédiens
n'ont donc aucun mal à imiter le
patois local, Alain Leclerc
(Courbet) et Djelali Ammouche
(le paysan) au premier chef.
«Proudhon modèle Courbet»
L'interprétation vive et enlevée
© Danica Bijeljac
sert donc un texte tout à fait passionnant : on cause socialisme, peinture, politique, sexualité et religion avec
un art consommé de l'éristique. En toile de fond, l'immense Atelier de
Courbet, qui paraît déteindre sur les personnages de la pièce : est-ce dû à la
mise en scène, à la scénographie ou aux éclairages, toujours est-il que notre
petite société tend à acquérir sous nos yeux une dimension picturale. Nous
faisons face à un tableau animé, composé de quelques représentants de la
société du Second Empire. Cette pièce est en somme une belle réussite et
vaut le détour !
Max Emanuel Cencic dans «Farnace»
Mais parlons de Farnace. Cet opéra, créé pendant le carnaval de
Venise de 1727, fut repris plusieurs fois dans le même théâtre (un fait très
rare pour l’époque), il fut exporté ensuite dans toute l’Europe avec un succès triomphal. Puis, trois siècles d’un inexplicable oubli … avant une timide renaissance il y a quelques années : une poignée d’enregistrements, un
quarteron de mises en scènes et de versions de concert (dont une à
l’opéra de Lausanne). La construction de l’Opéra Royal de Versailles est
quasi contemporaine à la création de l’œuvre. C’est dans ce splendide
écrin que le talentueux chef grec Georges Petrou a choisi de présenter cette
œuvre dans une version de concert avec une distribution
superlative emmenée par le brillant contre-ténor Max Emanuel Cencic
dans le rôle titre.
« Farnace », fils de Mithridate, règne sur le Bosphore en 65 avant JC
(et 2078 avant Jerôme Cahuzac). Il vient d’être vaincu par Pompeo.
Tamiri, son épouse, espère convaincre son conjoint de renoncer à une
revanche sur le cruel souverain romain. Les 3 heures de ce spectacle, pour
3 actes et 40 scènes, passent comme un songe. Aux côtés de cet impeccable « Farnace », on admire la dangereuse Bérénice, reine de Cappadoce,
de la mezzo-soprano Mary-Ellen Nesi ; la Tamiri tourmentée et digne de
Ruxandra Donose, écartelée entre un époux et une mère qui sont ennemis
jurés, la gracieuse Selinda de Carol Garcia et le Gilade ensorcelant de
Vivica Genaux. Toutes quatre, dans leurs registres, se révèlent d’admirables tragédiennes. Le compositeur a parsemé cette œuvre d’arias magnifiques que chaque interprète défend avec talent.
La programmation à venir du Château de Versailles est digne des
meilleurs festivals d’art lyrique : citons par gourmandise le récital de
Cecila Bartoli le 16 juin ou l’Oratorio de Pâques de Bach avec le
Monteverdi Choir sous la baguette de Sir John Eliot Gardiner le 27 juin.
Vive Versailles !!!
Philippe Baltzer
Julien Roche
Théâtre de l'Essaïon, Paris. Jusqu'au 25 mai 2013. Jeudi, vendredi, samedi 20h00
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Renseignements et réservations : www.chateauversailles-spectacles.fr
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opéra de paris
théâtre de la ville
Présenté au Palais Garnier du 15 au 24 mars, ce programme
consacré à trois œuvres de Roland Petit était le premier
depuis le décès du maître en 2011. Chorégraphiés entre 1945
et 1953, ces trois ballets - Le rendez-vous, Le Loup et Carmen
-devenus des classiques du répertoire, étaient l’occasion de
redécouvrir le talent du chorégraphe à créer des ambiances
et des personnages féminins mystérieux.
Pour la première fois, le Théâtre de la Ville accueillait, du 2
au 6 avril, Emanuel Gat et sa compagnie avec Brilliant
Corners. C’est l’occasion de découvrir cette pièce maîtresse
du chorégraphe israélien installé dans le sud de la France.
Roland Petit
Brilliant Corners
Le rendez-vous nous plonge dans le Paris de la libération. Décor en noir
et blanc de Brassaï, sortie de guinguette, les Parisiens profitent de leur liberté retrouvée. Parmi eux, un jeune homme erre ; il a rendez-vous avec la plus
belle fille du monde et c’est ce qui le rattache à la vie. Malheur à lui, cette
femme troublante est l’envoyée du diable venue pour le mettre à mort.
Influence surréaliste, ce ballet est un témoignage de la création artistique au
sortir de la guerre. Les deux personnages principaux sont interprétés ce soir
par deux jeunes artistes de la compagnie, Alexandre Gasse et Amandine
Albisson. Ils forment tous les deux un couple équilibré, lui en jeune homme
sensible et perdu et elle, pleine de finesse et de mordant.
Créé en 1953, Le Loup est une variation du mythe de la Belle et la bête.
Une jeune mariée tombe amoureuse d’un personnage de foire, le loup, alors
que son mari se fait manipuler par une bohémienne. La fin est dramatique.
«Brilliant Corners» Photo Emanuel Gat Dance
Brilliant Corners est un ballet contemporain qui se déroule en grande partie sans musique. Le silence est rompu parfois par un air de Franz
Schubert joué au piano. Scènes de groupe, au sol, duo, trio, mouvements
et immobilité, les ingrédients de la danse contemporaine sont présents. Ce
qui est fascinant dans cette pièce, c’est la communion entre les artistes sur
scène, quand ils dansent ensemble ou se répondent. Cette communion, ces
ensembles impeccablement exécutés, soulignent le raffinement de la chorégraphie. Aucune intention du chorégraphe ne semble perdue. Calé dans
notre fauteuil, les yeux rivés sur la scène, on a l’impression de sentir l’air,
l’espace traversé par le mouvement. Les mouvements des danseurs, dans
l’instant, envoûtent. Pourtant, en sortant, que nous reste-il ? Avec quoi partons-nous ? L’absence de réponse à cette question est ce qui manque à cette
œuvre pour qu’elle s’inscrive dans notre mémoire.
Stéphanie Nègre
E. Abbagnato et N. Le Riche dans «Carmen». Photo J Benhamou
La danse en mai
Plus difficile d’accès, ce ballet, par son intrigue et sa scénographie, ne
dépasse pas la curiosité historique. Quant à l’interprétation, si Sabrina
Mallem en bohémienne brûle les planches, Emilie Cozette, la jeune fille, et
Stéphane Bullion, le loup, ne parviennent pas à nous transmettre grandchose à part l’envie de vite passer à autre chose. Avec Carmen, Roland Petit
s’attaque à un mythe. Sur scène, ce soir, Nicolas Le Riche est Don José et
Eleonora Abbagnato, la belle cigarière. Ces deux-là jouent le jeu de l’amour
passionné dans cette version resserrée du drame. Amour et mort, le ballet est
bel et bien un classique. Cette représentation est marquée par la nomination
d’Eleonora Abbagnato au rang de danseuse étoile de l’opéra de Paris. C’est
une belle consécration pour une danseuse à la présence scénique incroyable
et qui fut l’une des interprètes fétiches de Roland Petit.
L’Opéra de Paris présente du 2 mai au 2 juin une soirée avec quatre œuvres,
L’Oiseau de feu de Maurice Béjart, L’Après-midi d’un faune de Vaslav Nijinski, Afternoon
of a Faun de Jerome Robbins et Bolero de Sidi Larbi Cherkaoui.
Au théâtre de Chaillot, du 14 au 16 mai, Michèle Noiret présentera sa création Hors
champ.
LA Dance project, groupe emmené par Benjamin Millepied, futur directeur de la
danse de l’opéra de Paris sera au Théâtre du Chatelet du 23 au 25 mai pour présenter
quatre ballets, Winterbranch de Merce Cunningham, Quintett de William Forsythe et
Moving Parts de Benjamin Millepied.
Belle et rare occasion d’applaudir des solistes de grandes compagnies étrangères,
un gala Noureev est organisé au Palais des congrès le 31 mai et le 1er juin. A ne pas manquer également, la venue du ballet du théâtre Mariinsky au Théâtre des Champs-Elysées
du 29 au 31 mai pour Le Sacre du printemps de Vaslav Nijinski.
Stéphanie Nègre
Stéphanie Nègre
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chronique des concerts
Moment fort
Avec la conclusion du cycle Pollini-perspectives, la salle Pleyel aura connu un
moment fort, sans doute une des plus belles soirées de cette saison.
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Maurizio Pollinni
Le récital s'ouvrait avec la création française des 12 Madrigali-Concertati de Salvatore
Sciarrino. Musique difficile autant que subtile,
au sens propre. Le public peu habitué à ce répertoire exigeant ne se montre pas à la hauteur de
la concentration exigée par la pièce, malgré les
efforts du fils du pianiste – Daniele Pollini - luimême pianiste. Le KlangForum Wien placé
sous la direction de Tito Ceccherini réalise un
écrin sonore d'une grande finesse pour les voix
des Neue Vocalsolisten Stuttgart. Cette musique
purement instrumentale est faite de répétition
obsédante de motifs, figures fuyantes et accords
plaqués aux extrémités du clavier. Les gestes du
pianiste se propagent en miroir parmi les instruments qui l'accompagnent. Dans la seconde partie, Maurizio Pollini officie dans les trois dernières sonates de Beethoven. La netteté et l'équilibre des plans sont remarquables, laissant à
l'instrument toute sa résonance naturelle. Les
variations construisent patiemment un édifice
sonore comme il nous fut rarement donné d'en
voir. Le contraste des timbres et des univers est
d'une évidence jamais prise en défaut par le
désir de rendre visible la maîtrise à l'atteindre.
Autre lieu, autre répertoire… c'est au théâtre des Abbesses qu'il faut se rendre pour entendre à quelques semaines d'intervalle l'intégrale
a
des sonates et partitas de Bach par la jeune violoniste baroque Amandine Beyer. Dans la première partie de ce programme, la justesse joue
un peu à Jean qui pleure et Jean qui rit. Un
vibrato retenu, presque janséniste, ne permet
pas de corriger les nombreuses fautes d'intonation qui se bousculent et empêchent la continuité de l'écoute. Malgré un engagement évident,
les fugues se délitent progressivement lorsque le
contrepoint se fait plus resserré et redoutable,
surtout dans la Partita n°2, qui ne sort pas
indemne de ce traitement très risqué. Le deuxième concert est beaucoup plus satisfaisant, à la
fois plus extraverti et plus spirituel dans la
teneur du propos. Le prélude de la 3e Partita
donne une bonne occasion de faire briller les
alternances de sons pleins et de sons filés.
L'archet est volontairement doux et soyeux ou
d'une dureté impressionnante quand il s'agit de
faire défiler les furies de notes dans les mouvements rapides.
Amandine Beyer
L'Orchestre de l'Opéra National de Paris
profite du printemps pour sortir de sa fosse et
gagner la scène dans deux programmes très différents et d'une esthétique remarquable. Pour le
premier, la baguette est confiée à Semyon
Bychkov, de retour à Paris pour diriger l'impressionante 8e symphonie d'Anton Bruckner. Sans
parti-pris mystique et conceptuel, le chef russe
(naturalisé américain) sait créer un flux et reflux
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des cordes qui prend corps progressivement, au
fur et à mesure qu'approche l'acmé de la grande
arche à mi course du mouvement. L'Adagio est
(sans surprise) le centre nerveux de l’interprétation. Les rudesses du Scherzo ne traduisent pas
autre chose que la volonté d'en découdre avec
cette demi-heure de glacis harmonique, au
risque d'un lancinant et hypnotique surplace.
Les cuivres de l'Opéra se montrent à la hauteur
du défi, impeccables d'homogénéité tant dans
les longues tenues que dans les attaques.
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Philippe Jordan conclut cette belle série à
Bastille avec le Triple concerto de Beethoven,
suivi par Une Vie de Héros de Richard Strauss.
La jeune garde de l'interprétation allemande
était réunie ce soir-là pour le meilleur… et pour
le pire. Le violon de Veronika Eberle est d'une
sobriété très peu expressive, sans doute idéal
dans une œuvre aussi “officielle“ mais qui lasse
l'écoute sur la durée. Danjulo Ishizaka (violoncelle) semble se ranger à cette esthétique du
terne et de l'absence de projection. Seul le piano
de Martin Helmchen semble avoir quelque
chose à dire mais jamais les trois jeunes musiciens ne semblent s'intéresser au discours opulent que Philippe Jordan déploie derrière eux.
Une Vie de Héros balaie d'un revers de main ces
tièdes impressions. L'Orchestre de l'Opéra s'en
donne à cœur joie pour libérer tout l'humour et
l'énergie qui règnent dans cette musique. La
bataille du Héros contre ses “ennemis“ ou la
compagne du Héros sont deux moments particulièrement représentatifs de l'art du chef suisse
à impulser une dimension lyrique dans une
œuvre symphonique. La narration suit son cours
avec un réalisme impressionnant que conclut
brillamment une Ouverture des Maîtres
Chanteurs donnée en bis.
David Verdier
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Sélection musicale de mai :
L'Opéra Bastille affiche tout le mois de mai La Gioconda de Ponchielli,
production dirigée par Daniel Oren et mise en scène par Pier Luigi Pizzi
avec dans les rôles principaux Violeta Urmana (La Gioconda) et Marcelo
Alvarez (Enzo Grimaldo) - le couple de La forza del destino entendu la saison dernière -, Luciana D’Intino (2 au 17 mai) / Elena Bocharova (20 au 31
mai) (Laura Adorno), Orlin Anastassov (Alvise Badoero), María José
Montiel (La Cieca) et Sergey Murzaev (Barnaba), Orchestre et chœur de
l'Opéra de Paris, un opéra que l'on ne pensait plus voir un jour à Paris. Puis
toujours sur cette scène à partir du 21 mais jusqu'au 16 juin, dernière étape
du Ring wagnérien avec Le Crépuscule des Dieux dirigé par Philippe Jordan
et mis en scène par Günter Krämer avec Torsten Kerl (Siegfried), Evgeny
Nikitin (Gunther), Peter Sidhom (Alberich), Hans Peter König (Hagen),
Petra Lang (21, 30 mai, 3, 7 juin) / Brigitte Pinter (25 mai, 12 juin) / Linda
Watson (16 juin) (Brünnhilde), Wiebke Lehmkuhl (Erste Norn, Flosshilde),
Edith Haller (Dritte Norn, Gutrune), Sophie Koch (Zweite Norn, Waltraute),
Caroline Stein (Woglinde) et Louise Callinan (Wellgunde), l'Orchestre de
l'Opéra national de Paris.
Au Palais Garnier du 23 mai au 18 juin, reprise de Giulio Cesare de
Haendel, un spectacle réalisé par Laurent Pelly et dirigé cette fois par
Emmanuelle Haïm avec l'orchestre et le Chœur d'Astrée. Les interprètes
seront Lawrence Zazzo (Giulio Cesare), Varduhi Abrahamyan (Cornelia),
Karine Deshayes (Sesto), Sandrine Piau (Cleopatra) en lieu et place de Jane
Archibald, Christophe Dumaux (Tolomeo), Paul Gay (Achilla), Dominique
Visse (Nireno) et Jean-Gabriel Saint-Martin (Curio). Verdi à l'honneur les 10
et 11 juin à la Bastille avec le Requiem dirigé par Philippe Jordan et son
orchestre et un quatuor vocal composé de Kristin Lewis, Violeta Urmana,
Piotr Beczala et Ildar Abdrazakov. A Garnier le 22 mai récital de Diana
Damrau et du harpiste Xavier De Maistre (Schubert, Strauss, Hahn,
Chausson, Fauré, Duparc et Dell'Acqua). Le 5 juin, enfin, récital du ténor
Torsten Kerl accompagné au piano par Boris Bloch (Wagner, Korngold et
Zemlinsky). Enfin le 1er juin à l'Amphi Bastille, récital de Tamar Iveri
(Rachmaninov, Rubinstein, Tchaïkovski..) avec Nino Pavlenichvili au piano,
dans le cadre de Convergences.
Au Châtelet le 29 mai, récital de la soprano Karita Mattila accompagnée au piano par Ville Matvejeff : au programme Poulenc, Debussy,
Duparc, Aulis Sallinen et Marx.
Au Théâtre des Champs-Elysées, le 2 mai, Requiem de Mozart par
Jérémie Rhorer à la tête du Cercle de l’Harmonie avec Sandrine Piau,
Renata Pokupi , Jeremy Ovenden et Nahuel Di Pierro. Le 6 mai, Petite
messe solennelle de Rossini par Daniele Gatti avec Anna Caterina
Antonacci, Marie-Nicole Lemieux, Celso Albelo, Carlo Colombara et
l'Orchestre National de France. Le 15 mai, Agrippina de Haendel sera dirigée par Eduardo López Banzo avec, dans les rôles principaux, Ann
Hallenberg (Agrippina), Vivica Genaux (Nerone), María Espada (Poppea),
Carlos Mena (Ottone), Luigi De Donato (Claudio), Enrique Sánchez Ramos
(Pallante), Elías Benito (Lesbo) et José Hernández Pastor (Narciso), orchestre Al Ayre Español. Haendel toujours le 22 mai avec Imeneo placé sous la
direction de Christopher Hogwood avec Rebecca Bottone (Rosmene), Lucy
Crowe (Clomiri), David Daniels (Tirinto), Vittorio Prato (Imeneo) et
Stephan Loges (Argenio), l'Academy of Ancient Music. Concert Wagner le
24 par la Staatskapelle de Dresde, le chef Christian Thielemann et le ténor
Johan Botha (Le Vaisseau fantôme, Rienzi, Lohengrin et Tannhäuser).
Du 25 mai au 3 juin l'Opéra comique propose Mârouf, savetier du
Caire de Henri Rabaud, un spectacle réglé par Jérôme Deschamp et dirigé
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par Alain Altinoglu à la tête de
l'Orchestre Philharmonique de Radio
France avec Nathalie Manfrino
(Princesse Saamcheddine), Doris
Lamprecht (Fattoumah), Sébastien
Bou (Mârouf), Nicolas Courjal (Le
Sultan), Franck Leguérinel (Le Vizir).
A la Cité de la Musique, Les nuits
d'été de Berlioz et Athalie de
Mendelssohn par Laurence Equilbey
seront jouées le 29 mai avec Véronique
Gens, Karnn Vourc'h. Récital Vincent
le Texier le 14 avec Jeff Cohen au
piano, tandis que Juliane Banse sera
accompagnée, le 15, par le
Kammerorchester de Munich conduit
par Alexander Liebreich.
Le 5 juin à Garnier : Récital
Au Théâtre de l'Athénée Ariadne
Torsten Kerl © Bettina Stoss
auf Naxos de Strauss les 14, 16 et 18
mai, une version de concert conçue par Benjamin Lazar, dirigée par Maxime
Pascal, avec Virgile Ancely, Damien Bigourdan, Jenny Daviet, Cyrille
Dubois et Julie Fuchs.
Le prochain Festival de Saint Denis ouvrira le 29 mai avec L'enfance
du Christ de Berlioz dirigée par Colin Davis avec Stéphanie d'Oustrac,
Jeremy Ovenden, Stéphane Degout et François Lis (second concert le 31).
A l'affiche de la Salle Pleyel, Agrippina de Haendel comme au TCE,
par l'Akademie für Alte Musik Berlin et René Jacobs avec Alexandrina
Pendatchanska (Agrippina), Marcos Fink (Claudio), Sunhae Im (Poppea),
Jennifer Rivera (Nerone), Bejun Mehta (Ottone), Christian Senn (Pallante),
Dominique Visse (Narciso) et Gulya Orendt (Lesbo). Concert de l'Orchestre
de Paris dirigé par Christoph Eschenbach le 29 mai avec le baryton
Matthias Goerne : au programme Karl Amadeus Hartmann (Scène chantée
sur des paroles de Sodome et Gomorrhe de Jean Giraudoux) et Tchaïkovski
(Symphonie n° 5).
Du côté de la Salle Gaveau « Un songe baroque », le 14 mai autour des
compositeurs Monteverdi, Cavalli, Provenzale, Rossi… interprétés par Anne
Sofie Von Otter, l'Ensemble Cappella Mediterranea dirigée par Leonardo
Garcia Alarcon. Le ténor Ian Bostridge interprétera Le Voyage d'hiver de
Schubert le 24 avec Julius Drake. Entre le 28 mai et le 1er juin, soirées
musicales avec au programme des mélodies de Schubert chantées par
Angelika Kirchschlager et accompagnées par Valentin Erben (violoncelle),
Philippe Cassard (piano) et le Quatuor Van Kuijk, mais également Elisabeth
Kulman (mezzo-soprano), Christoph Eschenbach (piano), Yann Dubost
(contrebasse) et le Quatuor Thymos.
Au Musée d'Orsay le 23 mai, La Senna festeggiante de Antonio Vivaldi
avec Lorna Anderson, Diana Moore, David Wilson-Johnson, The King's
Consort et Robert King à la direction. Le 16 mai concert exceptionnel de
Marie-Nicole Lemieux avec Roger Vignoles au piano (Fauré, Hahn,
Koechlin et Duparc).
Ailleurs en France : Emily Magee retrouve La Comtesse Madeleine de
Capriccio à Lyon du 7 au 19 mai, dans une nouvelle production signée
David Marton et placée sous la direction de Bernhard Kontarsky.
Vu et entendu : distribution exemplaire pour le Siegfried de la Bastille
dirigé avec dextérité par Philippe Jordan le 29 mars 2013.
François Lesueur
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t h é â t r e
ALAMBIC COMÉDIE (06.32.75.59.36)
La Cantatrice chauve de Ionesco m.e.s. Alain Lahaye - jusqu’au 15 juin
ATELIER (loc. 01.46.06.49.24)
Oh les beaux jours de Beckett m.e.s. Marc Paquien - avec
Catherine Frot - jusqu’au 1er juin
BOUFFES PARISIENS
(loc. 01.42.96.92.42)
Hier est un autre jour ! de JeanFrançois Cros, Sylvain Meyniac m.e.s. Eric Civanyan - jusqu’au 13
juillet
CINÉ 13 (01.42.54.15.12)
La liste de mes envies de Grégoire
Delacourt - m.e.s. Anne Bouvier jusqu’au 10 mai.
COLLINE (rés. 01.44.62.52.52)
Dénommé Gospodin de Philipp
Löhle - m.e.s. Benoît Lambert - du 15
mai au 15 juin
COMÉDIE DES CHAMPS ELYSÉES
(01.53.23.99.19)
La folle de Chaillot de Jean
Giraudoux - m.e.s. Didier Long - jusqu’au 30 juin
COMÉDIE FRANÇAISE
SALLE RICHELIEU (01.44.58.15.15)
Troïlus et Cressida de Shakespeare m.e.s. Jean-Yves Ruf - jusqu’au 5 mai.
Les Trois Sœurs de Tchekhov m.e.s. Alain Françon - jusqu’au 20
mai
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Un fil à la patte de Georges
Feydeau - m.e.s. Jérôme Deschamps
- jusqu’au 9 juin
Phèdre de Racine - m.e.s. Michael
Marmarinos - jusqu’au 26 juin
L’Ecole des femmes de Molière m.e.s. Jacques Lassalle - jusqu’au 22
juillet
Rituel pour une métamorphose de
Saadallah Wannous - m.e.s.
Sulayman Al-Bassam - du 18 mai au
11 juillet
VIEUX-COLOMBIER (01.44.39.87.00)
Oblomov d'Ivan Alexandrovitch
Gontcharov - m.e.s. Volodia Serre du 7 mai au 9 juin
STUDIO-THÉÂTRE (01.44.58.98.98)
Ce que j’appelle oubli de Laurent
Mauvignier - m.e.s. Denis Podalydès
- du 8 au 19 mai
Cabaret Boris Vian de Boris Vian m.e.s. Serge Bagdassarian - du 23
mai au 30 juin
COMÉDIE SAINT-MICHEL
(loc. 01.55.42.92.97)
Autopsie des contes de fées de
Christophe Delessart - m.e.s. Cyril
Jarousseau - jusqu’au 1er juin
Escroc thérapie de et m.e.s.
Maxime Thévenon - jusqu’au 30 juin
DARIUS MILHAUD
(rés. 01.42.01.92.96)
Être (une femme en prison : cor-
respondances) d’après «Rosa, la vie»
d’Anouk Grinberg et Laure Bernardi
- m.e.s. Jean-Luc Pérignac - du 5
avril au 28 juin
EDOUARD VII (01.47.42.59.92)
Comme s’il en pleuvait de
Sébastien Thiéry - m.e.s. Bernard
Murat - avec Pierre Arditi et Evelyne
Buyle - jusqu’au 4 mai
GUICHET MONTPARNASSE
(01.43.27.88.61)
L’Aigle à deux Têtes de Jean
Cocteau - m.e.s. Caroline Rainette jusqu’au 11 mai
HEBERTOT (01.43.87.23.23)
La Conversation de Jean
d’Ormesson - m.e.s. Jean Laurent
Silvi - jusqu’au 14 juin (relâche du 28
avril au 9 mai inclus)
Le père de Florian Zeller - m.e.s.
Ladislas Chollat - avec Robert Hirsch
et Isabelle Gelinas - jusqu’au 15 juin
(relâche du 28 avril au 9 mai inclus)
LA BRUYERE (01.48.74.76.99)
Les 39 marches de Hitchcock m.e.s. Eric Métayer - jusqu’au 29 juin
LUCERNAIRE (01.45.44.57.34)
La vie de Galilée de Brecht m.e.s. Christophe Luthringer - jusqu’au 22 juin
MATHURINS (rés. 01.42.65.90.00)
Dernier coup de ciseaux de Marylin
Abrams, Bruce Jordan, Paul Pörtner -
Théâtre du Rond-Point
Le Cirque invisible
Un homme + une femme = un clown illusionniste + une acrobate caméléon = un lapin géant + un dragon =
une cafetière humaine + un peloton cycliste ...
Victoria Chaplin et Jean-Baptiste Thiérrée se métamorphosent à l’infini. On se frotte les yeux. Est-ce qu’ils
sont deux ou est-ce qu’ils sont dix ? Est-ce qu’on est en train de rêver ? Vous ne savez plus quel âge vous avez…
Normal, l’âge est une notion qui n’existe pas dans le cosmos féerique où ce couple vous entraîne.
Car c’est à l’intérieur d’un rêve que le père du nouveau cirque et la fille Chaplin se sont rencontrés… Le rêve
que ce rêve ne finirait jamais… Le rêve
d’élever leurs enfants dans la piste… Le
rêve de partager leur amour avec tous les
publics. Ils l’ont vécu et vont nous le faire
vivre !
Célébré de New York à Pékin, leur
Cirque invisible tourne depuis trente ans
autour de la planète en se rapprochant
doucement de sa cible : Paris. Il revient à
nouveau au Rond-Point pour nous
enchanter.
du 16 mai au 15 juin 2013
Réservations au 01.44.95.98.21
m.e.s. Sébastien Azzopardi, Sacha
Danino - jusqu’au 1er juin
MÉLO D’AMÉLIE (01.40.26.11.11)
Le bal des crapules de Luc
Chaumar - m.e.s. Corinne Boijols jusqu’au 1er septembre
NOUVEAUTÉS (01.47.70.52.76)
Cher trésor de et m.e.s. Francis
Veber - avec Gérard Jugnot - jusqu’au 25 mai
ODÉON EUROPE (01.44.85.40.40)
Le Prix Martin de Labiche - m.e.s.
Peter Stein - jusqu’au 5 mai
AUX ATELIERS BERTHIER :
Cendrillon de et m.e.s. Joël
Pommerat - du 23 mai au 29 juin
PALAIS ROYAL (01.42.97.40.00)
Le repas des fauves de Vahé
Katcha - m.e.s. Julien Sibre - jusqu’au 31 mai
PETIT HÉBERTOT
(http://www.billetreduc.com/83505
/evtbook.htm?date=1)
Un fou noir au pays des blancs de
et m.e.s. Pie Tshibanda - jusqu’au 30
juin
PETIT-MONTPARNASSE
(01.43.22.83.04)
Riviera d’Emmanuelle RobertEspalieu - m.e.s. Gérard Gélas - jusqu’au 12 mai
RANELAGH (loc. 01.42.88.64.44)
Colorature, Mrs Jenkins et son pianiste de Stephen Temperley - m.e.s.
Agnès Boury - jusqu’au 3 mai.
ROND-POINT (01.44.95.98.21)
La maison d’os de Roland
Dubillard - m.e.s. Anne-Laure
Liégeois - jusqu’au 11 mai
Le Cirque invisible de Victoria
Chaplin et Jean-Baptiste Thierrée du 16 mai au 15 juin
L’Art du rire de et avec Jos
Houben - du 17 mai au 15 juin
Ugzu de et avec Jean-Claude
Leguay, Christine Murillo, Grégoire
OEstermann - du 23 mai au 30 juin
STUDIO DES CHAMPS-ÉLYSÉES
(01.53.23.99.19)
Le Porteur d’histoire de et m.e.s.
Alexis Michalik - jusqu’au 30 juin
THÉÂTRE MICHEL (01.42.65.35.02)
Un pavé dans la cour de et m.e.s.
Didier Caron - jusqu’au 31 mai
«Le Cirque invisible» © Jean Louis Fernandez
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Galerie Sarti
Peintres caravagesques italiens,
peintres de la réalité
Evénement à Paris, avec l’organisation par la galerie G. Sarti d’une
magnifique exposition mettant en scène vingt-deux tableaux exceptionnels
d’artistes italiens ayant travaillé dans la lignée du Caravage, offrant ainsi
au public le plus bel exemple d’œuvres caravagesques jamais réuni en
galerie.
Signés de grands artistes des écoles romaine, napolitaine, toscane,
génoise, lombarde et bolonaise, tous les tableaux présentés dans cette
exposition ont été réunis par Giovanni Sarti au cours des dix dernières
années. L’accrochage rassemble en majorité des peintres très célèbres,
mais aussi quelques autres qui méritent d’être redécouverts, à l’instar
d’Agostino Melissi ou de ce peintre anonyme toscan auteur d’un saisissant
«Enlèvement de Ganymède» montrant l’enfant abandonné contre l’aigle,
sur un fond de ciel nuageux.
Parmi les autres grands chefs-d’œuvre exposés figurent le «Saint
Sébastien» de Bartolomeo Manfredi, puissant et expressif, deux tableaux
de Jusepe de Ribera - une œuvre de jeunesse connue et documentée («Saint
Philippe»), et une vraie découverte, le très mystique «Roi David». Sans
oublier le «Roi Clovis» d’Orazio Riminaldi, qui étonne par son sujet
typiquement francais traité dans un savant mélange de caravagisme et de
classicisme.
du 11 avril au 12 juillet 2013
Daniele CRESPI (Milan, 1597 ca. - 1630) «La Flagellation». Vers 1624-1625
Huile sur toile, 108 x 91 cm
Bibliothèque Richelieu
GUY DEBORD. UN ART DE LA GUERRE
– jusqu’au 13 juillet
Centre Pompidou
JESÚS RAFAEL SOTO (1923-2005) –
jusqu’au 20 mai
EILEEN GRAY – jusqu’au 20 mai
Cité des Sciences
LÉONARD DE VINCI. Projets, dessins, machines – jusqu’au 18 août
Fondation Cartier
RON MUECK – jusqu’au 29 sept.
Galerie des Gobelins
ELOGE DE LA NATURE, XVIe - XXIe
siècles – du 9 avril à janvier
Grand Palais
DYNAMO, UN SIÈCLE DE LUMIÈRE ET
DE MOUVEMENT DANS L’ART 19132013 – jusqu’au 22 juillet
Jeu de Paume
LAURE ALBIN GUILLOT (1879-1962)
– jusqu’au 12 mai
ADRIAN PACI – jusqu’au 12 mai
La Maison Rouge
SOUS INFLUENCES – jusqu’au 19
mai.
Le Centquatre
KEITH HARING (1958–1990) / The
a
g
Political Line - Grands formats –
jusqu’au 18 août
Mona Bismarck Center
QUILT ART – jusqu’au 19 mai.
Musée des arts décoratifs
TROMPE-L'OEIL – jusqu’au 15
novembre.
Musée d’art du judaïsme
LA VALISE MEXICAINE - Capa, Taro,
Chim. Négatifs de la Guerre
d’Espagne – jusqu’au 30 juin.
Musée d’art moderne
KEITH HARING (1958–1990) / The
Political Line – jusqu’au 18 août
Musée Carnavalet
GEORG EMANUEL OPIZ, aquarelles
et gravures – jusqu’au 26 juin.
Musée Cernuschi
L’ECOLE DE SHANGHAI (1840-1920)
– jusqu’au 30 juin
Musée Cognacq-Jay
SOUVENIRS DU XVIIIE SIÈCLE. Les
nostalgies de Jules Dalou, sculpteur de la IIIe République – jusqu’au 13 juillet
Musée Dapper
DESIGN EN AFRIQUE – jusqu’au 14
juillet
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Musée Guimet
TRÉSORS DE LA CHINE ANCIENNE Bronzes rituels de la collection
Meiyintang – jusqu’au 10 juin
Musée de la Grenouillère
Croissy-sur-Seine
MONET ET RENOIR CÔTE À CÔTE –
jusqu’au 30 juin.
Musée Jacquemart-André
EUGÈNE BOUDIN AU FIL DE SES VOYAGES – jusqu’au 22 juillet
Musée du Louvre
GIOTTO ET COMPAGNIE – jusqu’au
15 juillet
L’ART DU CONTOUR. Le dessin dans
l’Égypte ancienne – jusqu’au 22
juillet
DAVID D’ANGERS, dessins des
musées d’Angers – jusqu’au 20 mai
LE MEXIQUE AU LOUVRE, chefsd’œuvre de la Nouvelle Espagne,
17e et 18e s. – jusqu’au 3 juin
DE L’ALLEMAGNE, 1800-1929. De
Friedrich à Beckmann – jusqu’au
24 juin
Musée du Luxembourg
MARC CHAGALL, ENTRE GUERRE ET
PAIX – jusqu’au 21 juillet
d
a
Musée Maillol
MURANO. Chefs-d'œuvre de
verre, de la Renaissance au XXIe
siècle – jusqu’au 28 juillet
Musée Marmottan-Monet
MARIE LAURENCIN – jusqu’au 30
juin
Musée de l’Orangerie
LES MACCHIAIOLI 1850-1877. Des
impressionnistes italiens ? – jusqu’au 22 juillet
Musée d’Orsay
L'ANGE DU BIZARRE. LE ROMANTISME
NOIR DE FÜSSLI À MAX ERNST – jusqu’au 9 juin
LA COLLECTION SPENCER ET
MARLENE HAYS. Une passion française – jusqu’au 30 juin
Petit Palais
JULES DALOU (1838-1902), LE
SCULPTEUR DE LA RÉPUBLIQUE – jusqu’au 13 juillet
LES IMPRESSIONNISTES SLOVÈNES ET
LEUR TEMPS (1890-1920) – jusqu’au
13 juillet
FÉLIX ZIEM "J'AI RÊVÉ LE BEAU".
Peintures et aquarelles – jusqu’au
4 août
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m é m e n t o
GENEVE
concerts
4.5. : Jazz Classics. AVISHAI COHEN
STRINGS. Victoria Hall à 20h30
(loc. 0900.800.800 / Ticketcorner)
Dimanche 5.5. : Amarcordes.
MUSIQUE POUR DEUX VIOLONS. RICCARDO
MINASI ET NICOLAS PENEL (De Leclair à
Bartók). Château de Dardagny 18h
(réservation sur http://www.amarcordes.ch/)
5.5. : QUATUOR DE GENÈVE (Grieg,
Chostakovitch). Musée d’art et
d’histoire (salle des Armures), à 11h
(Location sur place dès 10h le jour
du concert)
8.5. : Série Symphonie. OSR, dir.
Kazuki Yamada, BRIGITTE FOURNIER,
soprano, LUDOVIC TÉZIER, baryton,
CHOEUR DE CHAMBRE DE LA HAUTE
ÉCOLE DE MUSIQUE DE GENÈVE (Chef de
choeur, Celso Antunes) (Fauré,
Ravel). Victoria Hall à 20h (Tél.
022/807.00.00 / [email protected])
12.5. : Concert du dimanche de la
ville de Genève. ORCHESTRE DE LA
SUISSE ROMANDE, dir. Kazuki Yamada,
CHŒUR DE CHAMBRE DE LA HAUTE
ÉCOLE DE MUSIQUE DE GENÈVE, dir.
Celso Antunes (Ravel). Victoria Hall
à 11h (rens. 0800.418.418, billets :
Alhambra, Grütli)
12.5. : QUATUOR DE GENÈVE
(Beethoven, Chostakovitch). Aula
de l’Ecole Allemande, ch. de
Champ-Claude 6, Vernier, à 16h
(billetterie : www.vernier.ch/billetterie ou 022/306.07.80)
14.5. : Série Répertoire. OSR, dir.
Neeme Järvi, ALEXANDER GAVRYLYUK,
piano (Rachmaninoff, Berlioz).
Victoria Hall à 20h (Tél.
022/807.00.00 / [email protected])
15.5. : Série Grands Classiques.
OSR, dir. Neeme Järvi, ALEXANDER
GAVRYLYUK, piano (Rachmaninov,
Berlioz). Victoria Hall à 20h (Tél.
022/807.00.00 / [email protected])
16.5. : Swiss Chamber Concerts.
JÜRG DÄHLER, alto. DANIEL HAEFLIGER,
violoncelle. GILLES VONSATTEL, piano
(Benjamin, Schumann, Schlumpf,
Beethoven, Lehmann, Mendelssohn
Bartholdy). Conservatoire à 20h
(Billets : Très Classic, tél.
022/781.57.60)
21.5. : Concerts de soirée. L’OCG,
dir. David Greilsammer, CAROLIN
WIDMANN, violon (Francoeur, Berg,
Schumann). BFM à 20h (loc.
022/807.17.90 / [email protected]
(lun-ven 9h30–12h/14h30–16h) ou
www.ticketportal.com)
WITH
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A Genève et Vernier
Le Quatuor de Genève
En mai, deux concerts du Quatuor de Genève sont à signaler dans la
région.
Le premier aura lieu au Musée d’art et d’histoire de Genève le
dimanche 5 mai à 11h, sous le thème « Voyage musical en Europe (III) », et
propose au programme le Quatuor de Grieg et le Quatuor no. 4 de
Chostakovitch.
Le deuxième, intitulé
« Beethoven s'invite à
Vernier (II) », associe, lui,
le Quatuor à cordes opus
18 n°6 de Beethoven et le
quatuor
n°4
de
Chostakovitch; il aura
pour cadre l’Aula de
l’Ecole Allemande à
Vernier, le dimanche 12
mai à 16h.
le 5 mai
Location sur place dès 10h
le jour du concert
le 12 mai
Quatuor de Genève
photo Anne-Christine Wanders
Billetterie : 022/306.07.80 ou
www.vernier.ch/billetterie
Aula du Collège de Saussure
« De Fil en Aiguille »
La création de l’opéra en deux actes de Philippe Dragonetti, sur un
livret de Claude Demeure, aura lieu en mai à l’Aula du Collège de Saussure.
Pour cette œuvre, le compositeur a un peu bousculé le Mythe, y mêlant
humour, irrévérence et fantaisie. Ainsi vous découvrirez Thésée aux Enfers,
Orphée au Labyrinthe, Ariane en plein Bronx et Ulysse au Calypso Bar... Cet
“opera giacoso“ réserve même une place à Pénélope, couturière pour
Hermès, pour vous entretenir de ses déboires.
Nul doute que la
trame musicale tissée
par “De fil en aiguille“ ravira le spectateur et lui réservera
quelques surprises.
Pour cet événement, L’Orchestre de
Chambre de Genève
sera placé sous la
direction de Philippe
Girard. A l’orchestre
se joignent le Chœur
Philippe Dragonetti
Contrastes (préparé
par Cécile Polin
Rogg) et le Chœur du Collège de Saussure (préparé par Philippe Girard).
Parmi les solistes, citons Noémie Cosendai, Nina d’Angiolella, Patrick
Porchet ou Grégoire May, de même que Claude Demeure, Audrey Hirsch ou
Léonie Cachelin...
les 7, 8 et 10 mai 2013 à 20h
Location : Service culturel Migros, Rue du Prince 7 - téléphone 022 319 61 11
23.5. : Migros-pour-cent-culturelclassics. ORCHESTRE DE CHAMBRE
VIENNE-BERLIN, YEFIM BRONFMAN,
piano, RAINER HONECK, violon,
DIETER FLURY, flûte, GÁBOR TARKÖVI,
trompette (Schubert, Bartholdy,
Martin, Bartók, Chostakovitch).
Victoria Hall à 20h (loc. SCM
022/319.61.11)
24.5. : Concertus Saisonnus. MUZA
RUBACKYTE, piano. Orchestre de
Ribeaupierre, dir. Luc Baghdassarian
(Beethoven, Tchaïkovsky). Victoria
Hall à 20h30 (loc. Grütli, Genève
Tourisme / rens. 0800.418.418)
28.5. : HAUSER / VARÈSE. Ensemble
Contrechamps,
dir.
Baldur
Brönnimann, Eklekto Geneva
Percussion Center (Hauser, Varèse).
Studio Ernest-Ansermet à 20h
(billets 45 min. avant le concert / ou:
www.contrechamps.ch/reserver)
29.5. : Concertus Saisonnus.
PASCAL CHENU, voix-piano. Point
Favre, Chêne-Bourg, à 20h30 (Rens.
et rés. 076/345.80.76)
29.5. : Série Symphonie. OSR, dir.
Neeme Järvi, ALEXANDER GARVYLYUK,
piano (Rachmaninoff). Victoria Hall à
20h (Tél. 022/807.00.00 /
[email protected])
30.5. : Les Concerts du Lac.
MICHAEL LONSDALE, comédien &
NICOLAS CELORO, piano. «Franz Liszt
ou le rêve d'amour». Victoria Hall à
20h (Tél. 078 888 51 25, [email protected])
31.5. : Série Répertoire. OSR, dir.
Neeme Järvi, ALEXANDER GAVRYLYUK,
piano (Rachmaninoff). Victoria Hall à
20h (Tél. 022/807.00.00 / E-mail:
[email protected])
théâtre
Jusqu’au 5.5. : LA DIVERGENCE DES
TRAJECTOIRES de et m.e.s, Valentine
Sergo, Compagnie Uranus. Théâtre
en Cavale à Pitoëff, mer-sam à 19h,
jeu-ven à 20h30, dim à 17h, relâche
lun-mar (rés. 079/759.94.28 - loc.
Service culturel Migros, Stand Info
Balexert, Migros Nyon La Combe)
Jusqu’au 5.5. : VLADIMIR de Matjaz
Zupancic, m.e.s. Véronique Ros de la
Grange, Création. Théâtre Alchimic,
mar-jeu-ven à 20h30; mer-sam-dim à
19h, relâche lun (rés. 022/301.68.38
/ [email protected] - loc.
Service culturel Migros)
Jusqu’au 8.5. : LES MAINS SALES de
Jean-Paul Sartre, m.e.s. Philippe
Sireuil. La Comédie de Genève, relâche lun, mar-ven 20h, mer-jeu-sam
19h, dim 17h (loc. 022/350.50.01 /
[email protected])
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Château de Dardagny
Victoria Hall
Amarcordes
Franz Liszt ou le rêve d'amour
La saison Amarcordes se termine avec deux concerts à ne manquer
sous aucun prétexte.
Le 5 mai prochain, Riccardo
Minasi et Nicolas Penel uniront leurs
violons pour proposer un florilège de
musique allant de Leclair à Bartok.
Quant au 2 juin, il sera consacré
à Brahms, plus précisément au
Sextuor en si bémol majeur op.18 et
aux Liebeslieder-Walzer pour quatuor
vocal et piano à quatre mains, et sera
servi par l’Ensemble Fratres.
La saison des Concerts du Lac se poursuit avec une rencontre entre le
comédien Michael Lonsdale et le pianiste Nicolas Celoro, qui auront à cœur
d’offrir un parcours musical et biographique original, mettant en lumière la
vie et la personnalité du compositeur hongrois, la noblesse de son
âme et le charme de son époque.
Cette évocation sera l’occasion
d’entendre les œuvres les plus belles
et les plus significatives du répertoire lisztien, par exemple les
Rhapsodies hongroises n°2 et n°6,
La Campanella ou La Vallée
d'Obermann...
Dimanche 5 mai à 18h
Dimanche 2 juin à 18h
le 30 mai à 20h
Réservations en ligne :
http://www.amarcordes.ch/
ou par tél. : 022.754.10.90
Le violoniste Riccardo Minasi
90
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Réservation en ligne :
www.lesconcertsdulac.ch
Michael Lonsdale
Théâtre du Loup
Salle de l'Athénée 4
La petite reine
Festival Les Athénéennes
Eric Jeanmonod a choisi de rendre un hommage amusant au vélo par
le biais d’une sorte de “cabaret cyclopédique“ animé par Marcel-Ferdinand
Peugeot, dernier descendant fictif et fantasque de la dynastie du moulin à
poivre, de la petite reine et de la fameuse “203“.
Ce spectacle est une création qui chante le vélo; le vélo qui demeure
l’ami des enfants, des citadines et citadins malins, des prolos de tous les
pays, des acrobates du
bitume, des sportifs amateurs ...
La programmation de ce 3e festival - baptisé “Different Trains“ - nous
promet musique classique, jazz et créations contemporaines, et nous invite
au voyage, au parcours initiatique, à la confrontation de trajectoires
opposées, aux rencontres inattendues...
Parmi les artistes invités, citons
le pianiste Fabrizio Chiovetta et le
baryton Roman Trekel (le 7 mai,
“Winterreise“ de Schubert), le
Quatuor Diotima (le 8 mai, BarberReich), la pianiste Audrey Vigoureux
avec le quatuor Diotima (le 9 mai,
Brahms), Sanja et Lidjia Bizak (récital Stravinski-Bernstein pour deux
pianos le 11 mai), et l’ensemble
Matka dirigé par Elena Schwarz (le
12 mai, création suisse de “Naon“)
du 7 au 26 mai
Mardi, jeudi, samedi à 19h
Mercredi, vendredi à 20h
Dimanche à 18h (relâche le lundi)
Réservations :
tél. 022.301.31.00
«La petite reine», photo E.J.
du 7 mai au 12 mai 2013
Théâtre des Amis
Fabrizio Chiovetta © Eric Fauchs
Les affaires sont les affaires
Octove Mirbeau est à l’honneur
au théâtre Amis avec ce réquisitoire
féroce et brillant, mettant en scène
Isidore Lechat, un homme soucieux
de son enrichissement personnel, un
cynique qui gouverne les siens par le
simple pouvoir de l’argent.
En fait, un type d’homme que
l’on rencontre assez souvent de nos
jours, sur nos écrans de télévision,
dans notre économie, dans la politique...
Victoria Hall
Concertus Saisonnus
L’Orchestre de Ribaupierre, placé sous la baguette de son chef Luc
Baghdassarian, présentera un programme
Beethoven (Concerto pour piano et
orchestre N.5 “L’Empereur“ avec en
soliste la pianiste Muza Rubackyte), et
Tchaïkovski (5e Symphonie en mi mineur
op. 64).
Vendredi 24 mai à 20h30
Location :
Maison des Arts du Grütli & Genève Tourisme
A noter que ce concert sera repris le
dimanche 26 mai à 17h au Centre Manor de
Sierre. Location 027.451.16.99
du 7 mai au 9 juin
Le metteur en scène Raoul Pastor
© Isabelle Meister
Réservations : tél. 022.342.28.74
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Loc. : Magasins Très Classic et Disco Club /
billets sur place 30 min. avant les concerts
Muza Rubackyte
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Jusqu’au 12.5. : MA PETITE
MONIQUE de et m.e.s. Xenia
Marcuse. One-woman show avec
Caroline Gasser. Théâtre du CrèveCœur, mer-sam 20h30 ; dim 17h15,
relâche lun et mar (réservation
022/786.86.00)
Jusqu’au 12.5. : LÉGENDES DE LA
FORÊT VIENNOISE de Ödön von
Horváth, m.e.s. Frédéric Polier, création. Le Grütli, Grande salle (soussol), mar-jeu-sam à 19h, mer-ven à
20h, dim à 18h. Relâche lun (billetterie : [email protected] /
022/888.44.88)
1.5. : LES HOMMES VIENNENT DE MARS
ET LES FEMMES DE VÉNUS, spectacle de
et par Paul Dewandre, mis en scène
par Thomas Le Douarec. Théâtre du
Léman à 20h30 (loc. Fnac)
du 1er au 5.5. : DE MÉMOIRE D’ESTOMAC d’Antoinette Rychner, m.e.s.
Robert Sandoz, dès 10 ans. Théâtre
Am Stram Gram, à 19h, sam-dim à
17h (Loc. 022/735.79.24 et Service
Culturel Migros)
Du 1er au 19.5. : CHIEN BLEU d’après
Nadja, m.e.s. Isabelle Detrez, dès 4
ans. Théâtre des Marionnettes, mer à
15h, sam à 17h, dim à 11h et 17h (rés.
022/ 807.31.07, [email protected])
Du 6 au 26.5. : AMINATA de Gilles
Laubert, m.e.s. Jacob Berger. Le
Poche-Genève, lun-ven à 20h30,
mer-jeu-sam à 19h, dim à 17h, mar
relâche (rés. 022/310.37.59 lun-ven
9h30 à 12h + 14h à 18h - Loc. SCM)
7 et 8.5. : JÉRUSALEM PLOMB DURCI
de Winter Family / Ruth Rosenthal &
Xavier Klaine, performance de théâtre documentaire. Théâtre de
l’Usine, mar à 19h, mer à 20h30 (rés.
022/328.08.18 ou www.darksite.ch)
Du 7 au 14.5. : COMBAT DE SABLE de
Haouah Noudj, m.e.s. Peter
Palasthy. Le Grütli, Petite Salle
(2ème étage), à 20h, dim à 18h.
Relâche lun (billetterie : [email protected] / 022/888.44.88)
Du 7 au 26.5. : LA PETITE REINE de et
m.e.s. Eric Jeanmonod, Théâtre du
Loup, Création. Théâtre du Loup,
mar-jeu-sam à 19h, mer-ven à 20h,
dim à 17h, relâche lun (rés.
022/301.31.00)
Du 7.5. au 9.6. : LES AFFAIRES SONT
LES AFFAIRES d’Octave Mirbeau,
m.e.s. Raoul Pastor, Création.
Théâtre des Amis, Carouge, marmer-ven à 20h, jeu-sam à 19h, dim à
18h (rens. 022/342.28.74)
Du 14 au 21.5. : ART de Yasmina
Reza, m.e.s. Elidan Arzoni. Théâtre
Alchimic, mar-jeu-ven à 20h30; mersam-dim à 19h, relâche lun (rés.
022/301.68.38 / billetterie@alchi-
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Fête de la Danse 2013
La Fête de la danse revient pour une 8e édition déchaînée avec des
cours, des spectacles et des festivités dans 20 villes de Suisse et de France
voisine.
La Fête de la Danse, c’est quelques jours pour découvrir la danse dans
les théâtres, les centres culturels et dans l’espace public. Spectacles, animations, parties, disco kids,... à chacun de concocter son programme idéal. Et
partout des centaines de cours de danse, de tout style, pour petits et grands,
débutants ou passionnés!
Par exemple, dans le
canton de Genève, il y
aura des cours samedi 4
et dimanche 5 mai de 11h
à 18h à la Maison des arts
du
Grütli,
au
Conservatoire Populaire
de Musique et au Grand
Théâtre, tandis que le
Forum Meyrin en programme de 11h à 15h, et
que la Salle des Fêtes du
Lignon en propose de
14h30 à 17h...
Parmi les spectacles
à l’affiche, le chorégraphe
canadien Daniel Léveillé
reprend, à la Salle des
Eaux-Vives de l’ADC, sa
pièce «Amour, acide et
noix», le samedi 4 mai à
A l’ADC, salle des Eaux-Vives : <»Amour, acide et
19h.
noix» de Daniel Léveillé © John Morstad
Des bals tout public
sont également programmés, ainsi celui du samedi 4 mai à la Salle des Fêtes
du Lignon, ou du dimanche 5 mai à la Salle du Faubourg. S’y ajoutent la
projection de films de danse, un programme junior et ado, et une scène
ouverte aux écoles de danse, le dimanche, sur la plaine de Plainpalais...
Du vendredi 3 au dimanche 5 mai 2013
Infos : www.fetedeladanse.ch
mic.ch - loc. Service culturel Migros)
Du 14 au 26.5. : GAME_LOVER de
Gaspard Boesch, m.e.s. Lorenzo
Gabriele. Au Casino-Théâtre, marven à 20h, mer-jeu-sam à 19h, dim à
17h, relâche lun (rés. 022/793.54.45
ou [email protected])
Du 14.5. au 2.6. : MANGERONT-ILS ?
de Victor Hugo, m.e.s. Laurent Pelly.
Première en Suisse. Théâtre de
Carouge, Salle François-Simon, marmer-jeu-sam à 1h, ven à 20h, dim à
17h, relâche lun (billetterie :
022/343.43.43 - [email protected])
Du 17.5. au 9.6. : ALLEZ… SALUT !
de Miguel Fernandez-V. Théâtre en
Cavale à Pitoëff, mer-sam à 19h, jeuven à 20h30, dim à 17h, relâche lunmar (rés. 079/759.94.28 / www.cavale.ch - loc. Service culturel Migros,
Stand Info Balexert, Migros Nyon La
Combe)
18, 19, 25 et 26.5. : DRÔLES DE
FILLES avec Sandrine Viglino, Carine
Martin et une invitée surprise. Au
Casino-Théâtre, sam à 19h et dim à
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17h (rés. 022/793.54.45 ou
[email protected])
Du 21 au 31.5. : LE BAISER ET LA
MORSURE / OPUS 2 de et m.e.s.
Guillaume Béguin. Le Grütli, Grande
salle (sous-sol), mar-jeu-sam à 19h,
mer-ven à 20h, dim à 18h. Relâche
lun (billetterie 022/888.44.88 ou
[email protected] / )
Du 22 au 26.5. : L’OPÉRA DU DRAGON
de Heiner Müller, m.e.s. Johanny
Bert, adultes et ados. Théâtre des
Marionnettes, à 19h, sam à 20h, dim
à 17h (rés. 022/807.31.07, [email protected])
Du 22 au 26.5. : DÉSIRS SANS DESTIN d’Anna Barseghian & Stefan
Kristensen. Théâtre Saint-Gervais,
Salle Marieluise Fleisser, 2ème
sous-sol - grande salle, mar-jeusam à 19h, mer-ven à 20h30, dim
18h, relâche lu (loc. 022/908.20.20
ou www.saint-gervais.ch)
du 22.5. au 16.6. : MISEREZ INVITE
CUCHE ET BARBEZAT. Une explosion
d’humour. Avec Benjamin Cuche,
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Jean-Luc Barbezat et Pierre
Miserez. Théâtre du Crève-Cœur,
Cologny (rés. 022/786.86.00)
Du 23.5. au 2.6. : LE RAPPORT
LANGHOFF de Matthias Langhoff,
m.e.s. Marie-José Malis. La Comédie
de Genève, relâche lun, mar-ven
20h, mer-jeu-sam 19h, dim 17h
(Billetterie : 022/350.50.01 / [email protected])
Du 28.5. au 9.6. : ALBAHACA de et
m.e.s. Michele Millner. Reprise.
Théâtre de La Parfumerie à 20h (loc.
022 341 21 21)
Du 30.5. au 2.6. : LEGENDS de et
avec Phil Hayes Maria Jerez et
Thomas Kasebacher. Théâtre de
l’Usine à 20h30 (rés. 022/328.08.18
ou www.darksite.ch/theatreusine/)
Du 30.5. au 16.6. : RING de
Eleonore Confino, m.e.s. Sarah
Marcuse. Théâtre Alchimic, mar-jeuven à 20h30; mer-sam-dim à 19h,
relâche lun (rés. 022/301.68.38 /
[email protected] - loc. Service
culturel Migros)
danse
Du 1er au 4.5. : AMOUR, ACIDE ET
NOIX & LE SACRE DU PRINTEMPS de
Daniel Léveillé. Salle des Eaux-Vives,
82-84 r. Eaux-Vives, à 20h30, sam à
19h (billets : Service culturel Migros,
Stand Info Balexert, Migros Nyon La
Combe)
15 et 16.5. : CMMN SNS PRJCT de
Martin Schick et Laura Kalauz. Salle
des Eaux-Vives, 82-84 r. Eaux-Vives,
à 20h30 (billets : Service culturel
Migros, Stand Info Balexert, Migros
Nyon La Combe)
25.5. : Accueil ADC. ITMOI (IN THE
MIND OF IGOR) d‘Akram Khan.
Bâtiment des Forces Motrices à
20h30 (billets : Service culturel
Migros, Stand Info Balexert, Migros
Nyon La Combe)
opéra
Les 2, 5.5. : MADAME BUTTERFLY de
Puccini. OSR, dir. Alexander Joel,
m.e.s. Michael Grandage. Grand
Théâtre de Genève à 19h30, le 5 à
15h (billetterie : 022/322.50.50 et
www.geneveopera.com/)
Les 3 (19h), 4 (17h) et 5.5. (11h et
14h30) : ATCHAFALAYA. Opera pour
enfants
d’Isablle
Aboulker.
L’Epicentre à Collonge-Bellerive
(Res. : www.opera-theatre.ch)
7, 8 et 10.5. : DE FIL EN AIGUILLE.
Opéra de Philippe Dragonetti, création. L’Orchestre de Chambre de
Genève, dir. Philippe Girard, Chœur
du Collège de Saussure & Chœur
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Contrastes. Collège de Saussure à
20h (loc. Service culturel Migros)
12.5. : ANNE-SOFIE VON OTTER,
MEZO-soprano & ELIN ROMBO, soprano. Avec La Cappella Mediterranea,
dir. Leonardo Garcia Alarcon
(Monteverdi, Cavalli, Provenzale,
Rossi...). Grand Théâtre de Genève
à 19h30 (billetterie : 022/322.50.50
et www.geneveopera.com/)
11, 17, 18.5. : LE CHAT BOTTÉ, de
César Cui, version musicale d’Elena
Langer. Orchestre du Collège de
Genève, dir. Philippe Béran. Prod.
de l’Opéra national du Rhin. Grand
Théâtre, à 19h30 (billetterie :
022/322.50.50 et www.geneveopera.com/)
24.5. : DIANA DAMRAU, soprano
colorature, XAVIER DE MAISTRE, harpe.
Grand Théâtre de Genève à 19h30
(billetterie : 022/322.50.50 et
www.geneveopera.com/)
31.5., 2 et 4.6. : RIGOLETTO, de
Verdi par le Théâtre Bienne-Soleure.
Salle des Fêtes du Lignon à 20h, dim
à 15h (www.vernier.ch/billetterie, ou
Stand Info Balexert)
divers
Du 2 au 8.5. : FESTIVAL D’ATELIERSTHÉÂTRE. Théâtre de Carouge
LAUSANNE
concerts
1.5. : Les Concerts découvertes.
L’ARBRE À MUSIQUE OU LES AVENTURES
DE SÉRAPHINE. O.C.L., dir. Jean
Deroyer, Comédien/ne de La
Manufacture, texte de Sylvie Robe,
musique de Nicolas Bacri. Salle
Métropole à 17h (Billetterie de
l’OCL, 021/345.00.25)
6 et 7.5. : O.C.L., dir. et piano
CHRISTIAN ZACHARIAS (Beethoven).
Métropole à 20h (Billetterie de
l’OCL, 021/345.00.25)
7.5. : Les Entractes du mardi.
EDOUARD JACCOTTET & ALEXANDER
GRYTSAYENKO,
violon.
KARL
WINGERTER & JOHANNES ROSE, alto.
EMMANUELLE GOFFART, violoncelle
(Dvorak, Mendelssohn-Bartholdy).
Salle Métropole à 12h30 (Billetterie
de l’OCL, 021/345.00.25)
12.5. : VIRTUOSES DE MOSCOU, dir. et
violon Vladimir Spivakov et PIERRE
AMOYAL, CAMERATA DE LAUSANNE
(Akutagawa, Bach, Boccherini,
Tchaïkovsky). Opéra de Lausanne, à
17h (Billetterie : 021/315.40.20, lun-
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Vidy-Lausanne
Le petit maître corrigé
Raconter en quelques lignes une pièce de Marivaux, quelle gageure !
Merveille méconnue du répertoire (merci à José Lillo et à sa bande de
l’avoir exhumée), «Le petitmaître corrigé» est une
comédie qui parle de mariage,
de relations amoureuses plus
ou moins factices, de stratégies relationnelles où les confusions et les quiproquos
abondent.
Créé au Théâtre de
l’Orangerie à Genève, cette
réussite connaîtra donc à Vidy
une seconde vie.
Heureusement, même si
le mariage dont il est question
semble compromis, grâce à
Marivaux qui avait le sens du
dénouement heureux, il aura
bien lieu. Mais quel
labyrinthe pour y parvenir !
«Le Petit-Maître Corrigé».
Création 2012 du Théâtre de l’Orangerie
© Juan Carlos Hernandez
ven de 12h à 18h / en ligne et infos :
www.opera-lausanne.ch)
Du 14 au 19.5. à 20h : QUATRE
CONCERTS avec Cédric Pescia.
Théâtre Kléber-Méleau (rés.
021/625.84.29)
Mardi 14 : Marie-Claude Chappuis,
mezzo-soprano, Cédric Pescia,
piano (De Falla, Fauré, Poulenc) /
Mercredi 15 : VALENTIN SILVESTROV et
CÉDRIC PESCIA, pianos, NURIT STARK
violon, IVAN MONIGHETTI, violoncelle
(Silvestrov) / Jeudi 16 : CÉDRIC
PESCIA, piano, NURIT STARK violon
(Schubert et Bartok) / Vendredi 17 :
QUATUOR SCHUMANN (Bridge, Fauré et
Brahms).
16.5. : OSR, dir. Neeme Järvi,
ALEXANDER GAVRYLYUK, piano (Berlioz,
Rachmaninoff). Théâtre de Beaulieu
à 20h15 (Tél. 022/807.00.00 / E-mail:
[email protected] ou chez Passion
Musique)
26.5. : Les Concerts du dimanche.
O.C.L., dir. Clemens Schuldt, JOËL
MAROSI, violoncelle (Haydn,
Prokofiev). Salle Métropole à 11h15
(Billetterie de l’OCL: Tél.
021/345.00.25)
29.5. et 2.6. : ORCHESTRE
SYMPHONIQUE UNIVERSITAIRE DE
LAUSANNE, dir. Aurélien AzanZielinski. Soliste : Elsa Dorbath,
prix de l’OSUL (Debussy, SaintSaëns, Bartok). La Grange de
Dorigny, le 29 mai à 20h30, le 2 juin
à 17h (loc. 021 311 38 68)
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du 14 mai au 2 juin
Location : 021.619.45.45
30.5. : OSR, dir. Neeme Järvi,
ALEXANDER GAVRYLYUK, piano
(Rachmaninoff). Théâtre de Beaulieu
à 20h15 (Tél. 022/807.00.00 / E-mail:
[email protected] ou chez Passion
Musique)
théâtre
Jusqu’au 3.5. : DENOMME GOSPODIN
de Philipp Lohle, m.e.s. Benoit
Lambert. Vidy-Lausanne, La
Passerelle, mar-sam à 20h, dim à
18h, relâche lun (loc. 021/619.45.45)
Jusqu’au 5.5. : LES ORANGES, conte
contemporain d’Aziz Chouaki, dir.
Laurent Hatat, sur une idee
d’Azeddine Benamara. Chapiteau
Vidy-L, mar-jeu-sam à 20h30, ven à
19h, dim à 17h (loc. 021/619.45.45)
Jusqu’au 5.5. : LA FORCE DE TUER de
Lars Noren, m.e.s. Philippe Luscher.
Vidy-Lausanne, salle Rene Gonzalez,
mar-sam à 19h30, dim à 18h30 (loc.
021/619.45.45)
Jusqu’au 8.5. : LE HAUT-DE-FORME
de Eduardo De Filippo. M.e.s.
Philippe Mentha. Théâtre KléberMéleau, ma/me/je 19h, ve / sa
20h30, di 17h30 (rés. 021/625.84.29)
Les 1er, 4 et 5.5. : LE JARDIN SOUS
LA LUNE de Marcelle Delpastre, m.e.s.
Vincent Vergone. Le petit théâtre,
mer à 14h et 17h, sam-dim à 10h,
14h, 17h (rés. en ligne : www.lepetittheatre.ch/)
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Les 5, 7.5. : NATHAN LE SAGE, de
Gotthold Ephraim Lessing, m.e.s.
Jean Chollet. Espace culturel des
Terreaux,mar- jeu à 19h / dim à 17h
(loc. http://www.terreaux.org/)
Du 8 au 26.5. : YUKONSTYLE de
Sarah Berthiaume, m.e.s. Celie
Pauthe.
Vidy-Lausanne,
La
Passerelle, à 20h, dim à 18h, relâche
lun (loc. 021/619.45.45)
Du 11 au 26.5. : UN CANTO LUNGO
50 ANNI de et par Giovanna Marini.
Vidy-Lausanne, salle Rene Gonzalez,
à 19h30, dim à 18h30, relâche lunjeu (loc. 021/619.45.45)
Du 13 au 21.5. : LES PRÉCIEUSES
RIDICULES - S'INVITENT DANS LES ÉCOLES! de Molière, m.e.s. Vincent
Bonillo. La Grange de Dorigny, lun
relâche, mar-jeu-sam 19h, mer-ven
20h30, dim 17h (rés. 021/692.21.24)
Du 14.5. au 2.6. : LE PETIT-MAITRE
CORRIGE de Marivaux. Adaptation et
m.e.s. Jose Lillo. Chapiteau Vidy-L,
mar-mer-jeu-sam à 20h30, ven à 19h,
dim à 17h (loc. 021/619.45.45)
Du 14.5. au 2.6. : LA CHEVAUCHÉE
SUR LE LAC DE CONSTANCE de Peter
Handke par le Théâtre du projecteur, m.e.s. Jean-Gabriel Chobaz.
Pulloff Théâtres (réservation :
021/311.44.22)
Les 17 à 20h30 et 18.5. à 19h :
ADISHATZ / ADIEU, conception et interprétation Jonathan Capdevielle.
L’Arsenic ([email protected] /
021/625.11.36)
Du 22 au 26.5. : IN LOVE WITH
FEDERER, m.e.s. Denis Maillefer,
Théâtre en Flammes, création /
théâtre. L’Arsenic (021/625.11.36 /
[email protected])
Du 22.5. au 2.6. : LES ENFANTS DU
SOLEIL d’apres Maxime Gorki.
Adaptation et m.e.s. Mikael Serre.
Vidy-Lausanne, salle Charles
Apothéloz, mar-jeu-sam à 19h, ven à
20h30, dim à 17h30 (rés.
021/619.45.45 - www.billetterievidy.ch)
Du 23 au 29.5. : LE RAVISSEMENT
D’ADÈLE de Rémi De Vos. Mise en
scène : Geneviève Pasquier Production Cie Pasquier-Rossier.
Théâtre Kléber-Méleau, ma-me-je
19h – ve-sa 20h30 – di 17h30 (rés.
021/625.84.29 ou en ligne
Les 28 à 19h et 29.5. à 20h30 :
JERK, conception et m.e.s. Gisèle
Vienne, création. L’Arsenic ([email protected] / 021/625.11.36)
31.5.et 1er et 2.6. : BRONX de
Chazz Palminteri, m.e.s. Steve
Suissa, avec Francis Huster. Théâtre
du Jorat, Mézières, à 20h, dim à 17h
(rés. : www.theatredujorat.ch/)
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opéra
Mardi 21.5. : Conférence Forum
Opéra. LE NOZZE DI FIGARO.
Conférencier: Pierre Michot. Salon
Bailly de l’Opéra de Lausanne à
18h45 (billets en vente à l'entrée de
la conférence)
29.5. : QUATUOR SIN NOMINE / LE VIN
HERBÉ dir. Renaud Bouvier, Violon
Patrick Genet, Violon François
Gottraux, Alto Hans Egidi,
Violoncelle Marc Jaermann, Piano
Virginie Falquet (Frank Martin).
Opéra
de
Lausanne,
à
20h (Billetterie : 021/315.40.20, lunven de 12h à 18h / en ligne et infos:
www.opera-lausanne.ch)
danse
Du 2 et 3.5. : NOT MY PIECE, chor.
et conception Martin Schick, création. L’Arsenic ([email protected] / 021/625.11.36)
3 et 5.5. : MULAMBO et LE SACRE DU
PRINTEMPS de Stravinsky, chor. Cisco
Aznar, créations. Ecole-Atelier Rudra
Béjart Lausanne. Opéra de
Lausanne, av. Théâtre 12, ven à 20h,
dim à 17h (Billetterie :
021/315.40.20, lun-ven de 12h à 18h
/ en ligne et infos : www.opera-lausanne.ch)
4 et 5.5. : CMMN SNS PRJCT, conception et interprétation Laura Kalauz et
Martin Schick. Dans le cadre de la
Fête de la Danse. L’Arsenic ([email protected] / 021/625.11.36)
17.5. : ULIANA LOPATKINA & FRIENDS,
Danseuse Étoile et danseurs du
Théâtre Mariinsky. Gala de danse.
Opéra de Lausanne, av. Théâtre 12,
ven à 20h (Billetterie :
021/315.40.20, lun-ven de 12h à 18h
/ en ligne et infos : www.opera-lausanne.ch)
Du 23 au 29.5. : M¡LONGA de Sidi
Larbi Cherkaoui Chor. Sidi Larbi
Cherkaoui. Théâtre du Jorat,
Mézières, à 20h, dim à 17h, lun relâche (rés. 021/903.07.55 ou en ligne :
www.theatredujorat.ch/)
Du 31.5. au 2.6. : IFEEL2, chor.
Marco Berettini, Mekl Prod., création. L’Arsenic ([email protected] / 021/625.11.36)
divers
16.5. : ANNE ROUMANOFF. Espace
culturel des Terreaux, à 20h (loc.
http://www.terreaux.org/)
AILLEURS
annecy
BONLIEU SCÈNE NATIONALE aux Haras
d’Annecy, sauf mention contraire
(rens./rés. 04.50.33.44.11 / [email protected])
14 et 15.5. : L’HISTOIRE D’AMOUR DE
ROMÉO ET JULIETTE de Shakespeare,
m.e.s. Philippe Car
Du 14 au 17.5. : LE TOUR COMPLET
DU CŒUR de et avec Gilles Cailleau
17 et 18.5. : SUR LE CHEMIN
D’ANTIGONE, m.e.s. Philippe Car
Du 21 au 23.5. : LA CARAVANE DU
CID de Philippe Car et Yves Fravega,
m.e.s. Philippe Car
22 et 23.5. : L’ILIADE, m.e.s. Claude
Brozzoni
28 et 29.5. : LA CURVA, chor. Israel
Galván
Du 30.5. au 2.6. : MORSURE,
Compagni Rasposo, Cirque
annemasse
RELAIS CHÂTEAU-ROUGE à 20h30
sauf mention contraire (loc.
+33/450.43.24.24)
15.5. : SALIF KEITA, Afropop
15.5. : GRENADE, LES 20 ANS, chor.
Josette Baïz, Abou Lagraa, Philippe
Découflé, Jean-Claude Gallotta,
Michel Kélémenis, Jean-Christophe
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Maillot, Angelin Preljocaj
15.5. : IN NOMINE, dir. William
Blank, Namascae Lemanic Modern
Ensemble
23.5. : LOST IN THE SUPERMARKET de
Philippe Malone, m.e.s. Laurent
Vacher
24.5. : HUMANO PROJECT, Jazz
divonne
ESPLANADE DU LAC
(loc. FNAC ou tél. 021/962.21.19)
Du 14 au 20.5. : CIRQU’Ô LAC. 3e édition du Festival du cirque.
fribourg
THÉÂTRE EQUILIBRE
Salle Equilibre à 20h, sauf mention
contraire (loc. Fribourg Tourisme
026/350.11.00 / [email protected])
2.5. : NEW YORK VOICES & FJO BIG
BAND, dir. Mathieu Kyriakidis
3.5. à 19h30 : ORCHESTRE
SYMPHONIQUE SUISSE DES JEUNES.
CHŒUR NEUE WIENER STIMMEN, dir.
Kai Bumann (Volkmar Andreae,
Mendelssohn, Bruckner).
23 et 24.5. : DIDON ET ENÉE
d’Henry Purcell, dir. Laurent Gendre,
Ensemble Orlando Fribourg
30.5. : ORCHESTRE DE CHAMBRE
FRIBOURGEOIS, dir. Laurent Gendre,
GYULA STULLER, violon (Stravinsky,
Prokofiev, Brahms)
Fondation Gianadda, Martigny
Maria Joao Pirès
La pianiste portugaise, mondialement connue pour
son interprétation
des concertos de
Mozart, se produira à
Martigny en mai, en
compagnie
du
Kammerorchesterbasel placé sous la
direction du chef
anglais
Trevor
Pinnock.
Le programme
proposé lors de cette
Maria Joao Pirès © Felix Broede / DG
soirée comprend des
œuvres de Wagner
(Siegfried-Idyll, WWV 103), Chopin (Concerto pour piano et orchestre no 2,
op. 21) et bien sûr Mozart (Symphonie no 41, KV 551 «Jupiter»)
Vendredi 3 mai 2013
Location : 027/722.39.78
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la chaux-fds
ARC EN SCÈNES. CENTRE NEUCHÂTELOIS
DES ARTS VIVANTS sauf mention
contraire (loc. 032/967.60.50)
15.5., AES-TPR : HAMLET MACHINE
de Heiner Müller, m.e.s. Max
Legoubé
23.5., AES-TPR : ARBEIT OU L’ÉLOGE
DE L’ÉPHÉMÈRE de Tr’espace
martigny
FONDATION GIANADDA à 20 h,
dimanche à 17 h, sauf mention
contraire (loc. 027/722.39.78)
Vendredi 3.5. : MARIA JOAO PIRES,
piano. KAMMERORCHESTERBASEL, dir.
Trevor Pinnock (Wagner, Chopin,
Mozart)
meyrin
FORUM MEYRIN à 20h30 sauf mention contraire (loc. 022/989.34.34)
7 et 8.5. : FENIX, chor. Foofwa
d’Imobilité - Neopost Ahrrrt
Du 13 au 15.5. : LE DINDON de
Feydeau, m.e.s. Philippe Adrien
monthey
THÉÂTRE DU CROCHETAN à 20h30
(loc. 024/471.62.67)
1.5. : LEONCE ET LENA de Georg
Büchner, m.e.s. Eric Devanthéry
3.5. : LAURENT + DESHUSSES de
Laurent Deshusses et Pierre Naftule,
m.e.s. Pierre Naftule
8.5. : ROSARIO TOLEDO, Flamenco
17.5. : LE RAVISSEMENT D’ADÈLE de
Rémi de Vos, m.e.s. Geneviève
Pasquier. Cie Pasquier-Rossier
30.5. : BLAISE CENDRARS de JeanRené Dubulluit, m.e.s. Eléonore Dyl
morges
THÉÂTRE DE BEAUSOBRE à 20h
(loc. 024/471.62.67)
3.5. : BENJAMIN BIOLAY, Chanson
neuchâtel
THÉÂTRE DU PASSAGE. A 20h, di à 17h
(loc. 032/717.79.07)
3.5. : I SKARBONARI
11 et 12.5. / 17h : FICELLES par la
compagnie Les pieds dans le vent
nyon
USINE À GAZ sauf mention contraire
(loc. 022/361.44.04)
2 et 3.5. : LES PRÉCIEUSES RIDICULES
de Molière, m.e.s. Vincent Bonillo
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thonon-évian
onex
SPECTACLES ONÉSIENS, salle communale à 20h30 (loc. 022/879.59.99
ou SCM 022/319.61.11)
14 et 15.5. : SOPHIA ARAM
plan/ouates
ESPACE VÉLODROME, sauf avis
contraire (loc. 022/888.64.60)
15.5. : BRONX de Chazz Palminteri,
m.e.s. Steve Suissa, Théâtre
30.5. : CABARET GREC, Concert
sion
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THÉÂTRE DE VALÈRE à 20h15, sauf mention contraire (loc. 027/323.45.61)
7.5. : LE RAVISSEMENT D’ADÈLE de
Rémi De Vos, m.e.s. G. Pasquier
Jeu 16.5 à 19h30 et Ven 17.5. à
20h00 au Théâtre des Halles à
Sierre : IN LOVE WITH FEDERER,
m.e.s. Denis Maillefer
PETITHÉÂTRE (rés. [email protected], 027/321.23.41)
Les 16, 17 et 1.5. : INTIMITÉ DATA
STORAGE d’Antoinette Rychner,
m.e.s. Jérôme Richer. Horaire : jeusam à 19h, ven à 20h30
En tournée
Le Ravissement d’Adèle
MAISON DES ARTS, ESPACE MAURICE
NOVARINA à 20h30, sauf mention
contraire (loc. 04.50.71.39.47 ou en
ligne : billetterie.mal-thonon.org)
7.5. : LE VOYAGE ÉGARÉ de et avec
Aurélie Namur, m.e.s. Félicie Artaud
Du 13 au 15.5. : CIRCOLUNA de
Nicola Lusuardi, m.e.s. Fabrizio
Montecchi
14.5., Evian : JOURNAL D’UN CURÉ DE
CAMPAGNE d’après Bernanos
17.5. : ANDRÉS MARÍN par Andrés
Marín, Danse
23 et 24.5. : LES REVENANTS d’après
Ibsen, m.e.s. Thomas Ostermeier
28.5. : TERRES ! de Lise Martin,
m.e.s. Nino d’Introna
vevey
THÉÂTRE à 19h30 (loc. 021/925.94.94 /
L@ billetterie)
3.5. : LA FEMME DANS TOUS SES ÉTATS
de Joanna Murray-Smith, m.e.s.
Geoffrey Dyson
14.5. : BREL… LA DANSE À MILLE
TEMPS. Ballet Chemnitz, chor. L.Devos
21.5. : Arts & Lettres. ISABELLE
FAUST, violon. JULIA-MARIA KRETZ, violon. PAULINE SACHSE, alto. STEFAN
«Le ravissement d'Adèle» a été créé à Nuithonie en avril 2013
photo de répétition © dgbp Virginie Otth, David Gagnebin
Après sa création à Nuithonie, la dernière création de la compagnie
Pasquier-Rossier part à la conquête de la Suisse romande.
Construite comme un polar, avec moult rebondissements, «Le
Ravissement d’Adèle» de Rémi De Vos est une pièce drôle et tendre qui s’empare avec ironie du monde moderne et dépeint chaque génération dans un
moment de fragilité. A noter que le mot “ravissement“ n’est pas à prendre
non dans le sens d’enchantement, mais dans celui “d’enlèvement, de rapt“.
La pièce concerne donc la disparition d’une adolescente... Fugue ?
Rapt ? Tout est possible... Après la pose d’un avis de recherche dans les commerces, des battues sont organisées, un inspecteur vient sur place pour élucider l’affaire. Chaque habitant y va de son hypothèse, chacun soupçonnant
son voisin, les langues se délient, causant peu à peu la zizanie dans la communauté. A découvrir avec ravissement !
OPÉRAS
CONCERTS
RÉCITALS
DANSE
MIDI-RÉCITALS
CONFÉRENCES
le 1er mai à Yverdon, Théâtre Benno-Besson
Location : 024/423.65.84
le 7 mai à Sion, Théâtre de Valère
Location : 27/323.45.61
le 17 mai à Monthey, Théâtre du Crochetan
T 021 315 40 20 · WWW.OPERA-LAUSANNE.CH
Location : 024/471.62.67
mai – juin 2013
du 23 au 29 mai à Renens, Théâtre Kléber-Méleau
Réservation : 021/625.84.29 ou sur le site du théâtre
3 & 5 MAI · CRÉATIONS DANSE
CISCO AZNAR &
ÉCOLE-ATELIER RUDRA BÉJART
LE SACRE DU PRINTEMPS – IGOR STRAVINSKY
MULAMBO
CHORÉGRAPHIES DE CISCO AZNAR
12 MAI · CONCERT
VIRTUOSES DE MOSCOU &
CAMERATA DE LAUSANNE
VLADIMIR SPIVAKOV ET PIERRE AMOYAL
17 MAI · GALA DE DANSE
ULIANA LOPATKINA & FRIENDS
DANSEUSE ÉTOILE ET DANSEURS DU THÉÂTRE MARIINSKY
29 MAI · CONCERT – 30E ANNIVERSAIRE DU QUATUOR
QUATUOR SINE NOMINE
LE VIN HERBÉ
FRANK MARTIN
ACADÉMIE VOCALE DE SUISSE ROMANDE
DIRECTION RENAUD BOUVIER
7, 9, 12, 14 & 16 JUIN · OPÉRA
LE NOZZE DI FIGARO
WOLFGANG AMADEUS MOZART
11 JUIN, 12H15 – MIDI RÉCITAL AVEC LES ARTISTES
FEHLANDT, alto. JENS-PETER MAINTZ,
violoncelle (Mendelssohn, Mozart).
22.5. : LA CECCHINA de Goldoni et
Piccinni, m.e.s. Alexander von Pfeil
28.5. : LE VOYAGEUR SANS BAGAGE de
Jean Anouilh, m.e.s. Gwendoline
Hamon et Alain Fromager
29.5. : Arts & Lettres. JERUSALEM
CHAMBER MUSIC FESTIVAL. ELENA
BASHKIROVA,
piano.
MICHAEL
BARENBOIM, violon. ORI KAM, alto.
NICHOLAS ALTSTAEDT, violoncelle.
PASCAL MORAGUÈS, clarinette (Mozart,
Hindemith, Carter).
villars s/glâne
4 et 5.5. : 20'000 LIEUES SOUS LES
de Jules Vernes, m.e.s. Sydney
Bernard
7, 8, 10, 11, 15, 16, 17 et 18.5. :
LES 81 MINUTES DE MADEMOISELLE A.
par Le Magnifique Théâtre, m.e.s.
Julien Schmutz, création
MERS
yverdon
THÉÂTRE BENNO BESSON sauf mention
contraire (loc. 024/423.65.84)
1.5. : LE RAVISSEMENT D’ADÈLE,
m.e.s. Geneviève Pasquier
3.5. : HISTOIRES CONDANSÉES,
Compagnie Neopost Ahrrrt /
Foofwa d’Imobilité, Danse
ESPACE NUITHONIE (026/407.51.51) à
20h, sauf mention contraire (loc.
Fribourg Tourisme 026/350.11.00)
a
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AMINATA
DE GILLES LAUBERT
MISE EN SCÈNE JACOB BERGER
AVEC BAPTISTE GILLIÉRON
ELPHIE PAMBU
MARGARITA SANCHEZ
GILLES TSCHUDI
ÉQUIPE ARTISTIQUE MICHEL BEUCHAT
AUDE CHOLLET, TANIA D’AMBROGIO, MATHIEU DORSAZ
SONIA GENEUX, MATTHIAS GRAU, DOMINIQUE JAQUET
FRANÇOIS PLANSON, AUDE PY
COPRODUCTION THÉÂTRE VIDY-LAUSANNE / LE POCHE GENÈVE
AVEC LE SOUTIEN DE LA SOCIÉTÉ SUISSE DES AUTEURS (SSA)
THÉÂTRE LE POCHE
www.lepoche.ch / 022 310 37 59 / location Service culturel Migros
Elphie Pambu, comédienne
6 > 26 MAI 2013
CRÉATION VISUELLE JEAN-MARC HUMM, LA FONDERIE / PHOTOGRAPHIE MARIO DEL CURTO
LE POCHE GENÈVE EST SUBVENTIONNÉ PAR LA VILLE DE GENÈVE (DÉPARTEMENT DE LA CULTURE)
LA RÉPUBLIQUE ET CANTON DE GENÈVE. IL EST GÉRÉ PAR LA FONDATION D’ART DRAMATIQUE (FAD)
Christian Gregori, comédien
( Enquête policière & boulev ersante histoire d’amour )
Récital de piano
Concert lyrique
Lang Lang
Anna Caterina Antonacci
Roberto Alagna
Jeudi 11 juillet à 21h45
Vendredi 19 juillet à 21h45
Wagner
Der Fliegende Holländer
Vendredi 12 juillet à 21h45
Verdi
Un Ballo in Maschera
Samedi 3 août à 21h30
Récital de piano
François-Frédéric Guy
Cour Saint-Louis
Lundi 15 juillet à 21h45
Révélations classiques
Mardi 6 août à 21h30
Concert lyrique
Patrizia Ciofi
Leo Nucci
Lundi 5 août à 21h30
Concert Adami
Cour Saint-Louis
Saluces.com - Licences 1-137284 / 2-1001992
Vendredi 19 juillet à 18H00
THEATRE ANTIQUE
11 juillet - 6 août 2013
RÉSERVATIONS TEL 04 90 34 24 24 FAX 04 90 11 04 04 www.choregies.com
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