Aménagement des espaces sous toiture

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CT GROS ŒUVRE
Cet article fait suite à
celui consacré à la rénovation des caves (Cahier 18
des Dossiers du CSTC
n° 2/2009). Il s’inscrit dans une tendance actuelle qui vise à valoriser
au mieux l’ensemble des espaces
disponibles, compte tenu du coût de
l’immobilier.
Aménagement des
espaces sous toiture
✍ Issu d’une approche multidisciplinaire,
cet article a été rédigé par l’ensemble de
l’équipe des conseillers de la Guidance
technologique ‘Ecoconstruction et
développement durable’, subsidiée par
la Région bruxelloise, en collaboration
avec la Guidance technologique ‘Installations de climatisation et confort intérieur’, subsidiée par la Région wallonne.
1 DES ESPACES OUVERTS À TOUS
LES VENTS
Les espaces situés sous les toitures inclinées
ont de tout temps été considérés comme des
zones tampons destinées à protéger l’habitation contre le froid et l’humidité. Le plus
souvent, ils ne présentaient aucune finition et
étaient pratiquement ouverts à tous les vents.
Lorsque leur accès n’était pas trop difficile,
ils pouvaient également servir au stockage de
produits non périssables.
Le prix actuel de l’immobilier incite de plus
en plus de propriétaires à aménager ces espaces, afin de pouvoir les réaffecter utilement,
notamment en locaux d’habitation.
Lorsque les hauteurs disponibles sont suffisantes, la transformation d’un grenier en
locaux habités s’avère en général beaucoup
moins problématique que la rénovation des
caves, abordée dans un précédent article [15].
Il importe néanmoins que les travaux soient
entrepris par des professionnels disposant des
compétences nécessaires, car des interventions
inadaptées ou mal réalisées ne permettront pas
d’obtenir le confort souhaité et risquent même
d’entraîner des dégâts à moyen terme.
On remarquera par ailleurs que, si les aspects
liés à l’humidité sont sans aucun doute la problématique la plus contraignante lors de l’aménagement des caves, le confort thermique et,
dans une moindre mesure, acoustique constitue
un défi supplémentaire dans le cas des greniers.
2 QUELQUES RAPPELS
2.1 Couverture
L’aménagement d’un grenier nécessite une
charpente en bon état, une parfaite étanchéité
Fig. 1 L’aménagement d’un grenier nécessite une charpente en bon état, une
parfaite étanchéité à l’eau et une étanchéité à l’air suffisante.
à l’eau et une étanchéité à l’air suffisante de
l’ensemble de la toiture. Dans les anciens bâtiments, cette contrainte s’accompagne souvent
d’une vérification de l’état des poutres et surtout de leurs encastrements, d’un démontage
des matériaux de couverture (tuiles, ardoises, etc.) et de leur remise en place ou de leur
renouvellement après pose d’une sous-toiture
(souple ou rigide) étanche à l’eau.
Afin d’éviter le démontage d’éléments de couverture en bon état, on peut envisager la pose
par l’intérieur de systèmes de sous-toiture de
‘substitution’ tels que ceux décrits dans CSTCContact n° 23 [8]. Si cette technique est plus
difficile à mettre en œuvre et présente certains
désavantages par rapport à la solution ‘idéale’
évoquée ci-avant, elle permet néanmoins de
prolonger quelque peu la durée de vie de la
couverture, tout en améliorant très sensiblement le niveau d’isolation thermique.
Fig. 2 Charpente à pannes dans une
construction ancienne.
2.2 Charpentes
Dans les constructions anciennes, on se trouve
le plus souvent en présence d’ouvrages de
charpenterie à pannes portant de mur à mur
(figure 2) ou de charpentes composées de
fermes traditionnelles. Ce mode constructif
facilite grandement la rénovation des lieux en
raison d’un faible encombrement au sol et de
hauteurs disponibles importantes.
Les Dossiers du CSTC – N° 2/2010 – Cahier n° 2 – page 1
Par opposition, dans nombre de bâtiments plus
contemporains, l’aménagement peut s’avérer
nettement plus problématique et/ou moins rentable économiquement s’il n’a pas été prévu à
l’origine. En effet, l’utilisation de charpentes
industrialisées légères multiplie le nombre de
fermes et limite souvent les hauteurs libres
ainsi que les surfaces récupérables.
CT GROS ŒUVRE
2.3 Murs
pignons
En l’absence de mitoyenneté ou en cas de mitoyenneté partielle, l’exposition directe aux
pluies battantes des maçonneries en pignon
favorise les pénétrations d’eau. La présence
de maçonneries massives anciennes (sans
coulisse) soumises à des conditions d’évaporation favorables du côté intérieur peut engendrer une cristallisation des sels, accompagnée
d’une dégradation importante des matériaux
(briques et joints).
3 CONTRAINTES PARTICULIÈRES
AUX ESPACES SOUS TOITURE
Les dégâts dus aux pénétrations de pluies
battantes sont relativement courants du côté
intérieur des murs pignons exposés et/ou des
corps de cheminée. Il en va de même pour les
problèmes de condensation et de dégradation
des maçonneries de cheminée au niveau des
combles (espaces non chauffés).
Toutefois, la principale difficulté rencontrée
dans l’aménagement d’un grenier est liée au
confort thermique. En effet, par opposition
aux locaux enterrés, les greniers ne possèdent
que très peu d’inertie thermique. Ce manque
d’inertie, cumulé à une faible isolation thermique entraîne des écarts de températures
rapides et importants, c’est-à-dire qu’il y fait
rapidement très froid en hiver ou très chaud
en été. Cet inconfort doit être compensé par la
pose d’une isolation thermique performante.
L’absence d’éclairage naturel est une autre
particularité des greniers. C’est pourquoi la
rénovation de ces locaux nécessite la mise en
place de lucarnes, de fenêtres de toiture ou de
puits de lumière, avec les difficultés que ces
interventions engendrent en ce qui concerne
l’étanchéité à l’eau ou à l’air, le confort acoustique, le risque de ponts thermiques, le risque
de surchauffe, etc.
L’utilisation en logement requiert une accessibilité aisée et sécurisée qui fait souvent défaut
dans les greniers existants. Cette accessibilité
est d’autant plus importante qu’elle reste souvent la seule possibilité d’évacuation directe
en cas d’incendie. En contrepartie, il faut tenir
compte du fait que le placement d’un escalier
et des abords nécessaires réduira potentiellement les surfaces récupérables.
4 EXAMENS NÉCESSAIRES AVANT
TRAVAUX
Comme c’est le cas avant toute opération de
rénovation ou d’aménagement, il est nécessaire de définir de manière précise les lieux,
les matériaux composant les murs, le sol et la
toiture ainsi que leur état, et de déceler d’éventuels problèmes ou dégâts particuliers.
Vu l’absence plus que probable de plans, l’approche débutera par un relevé des surfaces
utilisables et des hauteurs potentiellement disponibles. Relevé qui tiendra compte de l’accès (escalier, palier) et de son emprise sur la
manière d’aménager les lieux. De même, on
examinera les possibilités de raccordement
aux infrastructures existantes aux étages inférieurs (sanitaire, chauffage, électricité, par
exemple).
Cet état des lieux sera complété par un diagnostic des désordres rencontrés, qu’il s’agisse :
• de dégâts aux matériaux de couverture et
aux raccords d’étanchéité
• de taches ou de dégradations aux maçonneries consécutives à une pénétration de pluies
battantes ou à une condensation dans les
conduits de cheminée maçonnés
• d’attaques des bois de charpente par les champignons et/ou les insectes xylophages, etc.
Fig. 3 L’accessibilité sécurisée fait
souvent défaut dans les greniers
existants.
Fig. 4 Instruments de diagnostic de
l’humidité des matériaux.
Les Dossiers du CSTC – N° 2/2010 – Cahier n° 2 – page 2
Le diagnostic sera d’autant plus opportun qu’il
sera mené avec compétence par une personne
spécialisée, apte à définir les interventions
prioritaires en fonction de la future affectation
des espaces.
La compétence ne doit cependant pas faire
oublier l’utilité de mesures simples susceptibles de confirmer les désordres, de les quantifier et de permettre d’en suivre l’évolution
après les traitements nécessaires.
Dans cette optique, il existe du matériel aisément utilisable sur chantier, destiné soit :
• au diagnostic de l’humidité. Les appareils
courants (figures 4 et 5) sont simples d’utilisation et permettent de localiser rapidement
les zones les plus problématiques. Basés
sur des principes résistifs et/ou capacitifs,
ils sont indifféremment utilisables pour le
bois et la maçonnerie. L’interprétation des
mesures se fera de préférence de manière
comparative, entre zones saines et suspectes. Pour le bois, les mesures d’humidité
seront menées en priorité au droit des encastrements ou des zones de contact avec les
maçonneries
• à l’appréciation de la profondeur et du type
d’altération des éléments constituant la
structure de toiture et/ou du plancher. Réalisé, par exemple, à l’aide d’un marteau (son),
d’un test de poinçonnement (figure 6), d’enfoncement comparatif de micro-aiguilles
ou de forages, cet examen permet de juger
de la résistance résiduelle des poutres et
planchers, et éventuellement de mettre en
évidence le type d’altération et ses causes
potentielles
• à l’examen semi-quantitatif de la présence
de sels, qui peuvent, dans certains cas, se
retrouver en quantités importantes dans
des greniers ayant anciennement servi au
stockage de paille ou de foin. Si des péné-
Fig. 5 Mesure de l’humidité par radiofréquence.
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Fig. 7 Bandelettes de test pour le
contrôle des sels.
Fig. 6 Mesure de dureté à la pointe.
trations d’eau se sont produites, ces matières organiques se sont transformées en
nitrates, c’est-à-dire en sels qui présentent
une tendance fortement hygroscopique et
s’opposent à l’assèchement normal des matériaux. D’autres sels, comme les sulfates,
peuvent provenir directement des matériaux
de construction ou de résidus de condensation des fumées dans les cheminées. Les
sulfates auront plutôt tendance à détériorer
les matériaux en se cristallisant à leur surface, ou à entraîner des déformations (formation de sulfoaluminate hydraté gonflant).
Pour l’examen semi-quantitatif de ces sels,
on peut aisément utiliser in situ des bandelettes indicatrices (figure 7), qui changent
de couleur en fonction de la quantité de sels
présents (voir également le ‘Guide pour la
restauration des maçonneries’, 2e partie,
procédure 46) [7].
Suivant les cas et les espaces utilisables, certaines destinations pourraient se révéler peu
réalistes, voire totalement impossibles (salles
d’eau, stockage de denrées périssables, etc.).
Notons également que, lorsque les travaux de
rénovation visent à mettre en location un nouvel appartement dans un bâtiment existant, des
démarches officielles de changement d’affectation sont à prévoir.
6 TRAVAUX D’AMÉNAGEMENT DES
COMBLES
6.1 Travaux
de couverture
Si le contrôle de l’état des matériaux de couverture (tuiles, ardoises, etc.) est un préalable à
toute opération d’aménagement des combles,
il faut également être conscient que l’étanchéi-
té à l’eau est une condition fondamentale. Les
travaux vont en effet entraîner un confinement
des bois de charpente et de l’isolant, qui seront
de ce fait particulièrement sensibles aux moindres infiltrations.
Sur d’anciennes couvertures, l’obtention
d’une bonne étanchéité exigera le plus souvent
la mise en place d’une sous-toiture.
Dans la mesure où cette étanchéité nécessite le
démontage de la couverture, une telle intervention, même effectuée de manière minutieuse,
est destructrice pour de nombreux types d’éléments fixés mécaniquement (ardoises naturelles et artificielles, bandes métalliques, etc.).
En cas d’éléments simplement accrochés ou
déposés (tuiles), il faudra également tenir
compte d’un certain pourcentage de casse. Le
remplacement à l’identique de ces éléments de
couverture relativement anciens, dont la fabri-
5 OBJECTIFS DES TRAVAUX
En parallèle aux examens précités, l’utilisation souhaitée des espaces sous toiture jouera
un rôle prépondérant dans les possibilités
d’aménagement et le choix des interventions
à mener.
En effet, selon que l’on opte pour une affectation en salle de jeux, en atelier, en chambre ou
en appartement comprenant cuisine et sanitaires, les contraintes seront fondamentalement
différentes, notamment sur le plan du confort
thermique et acoustique, des besoins en renouvellement d’air, de l’accessibilité, de l’amenée
et de l’évacuation d’eau ou du renforcement
éventuel de la structure portante (sol ou charpente). Le coût des travaux sera également
proportionnel à ces contraintes.
Fig. 8 Détériorations de poutres à la suite d’une pénétration d’humidité.
Les Dossiers du CSTC – N° 2/2010 – Cahier n° 2 – page 3
CT GROS ŒUVRE
Fig. 9 Charpente limitant la hauteur libre.
cation n’est plus assurée, n’est par ailleurs pas
toujours évident.
6.2 Lutte
contre les pénétrations d’eau
de pluie par les maçonneries
Les pignons anciens en maçonnerie massive
(sans coulisse), tout comme les souches de
cheminée, sont rapidement saturés d’humidité
lors de pluies battantes. Lorsque les greniers
sont inoccupés, la présence d’humidité dans
ces maçonneries est rarement constatée par
les occupants, du fait des possibilités d’évaporation qui réduisent les risques de migration dans les locaux d’habitation. Il en va tout
autrement dès lors que l’on affecte des combles en logement. Dans ce cas, il n’existe plus
de zone tampon, les murs du grenier étant directement revêtus de finitions plus ou moins
sensibles à l’humidité (enduits, peintures, papiers peints, etc.).
En cas de pénétration d’eau dans les souches
de cheminée et les murs pignons, la solution
optimale consiste à réaliser un bardage, en profitant de l’occasion pour y apporter une isolation thermique. La pose d’un enduit sur isolant
représente également une solution très efficace.
Si le bardage ou l’enduit ne peut être retenu
d’un point de vue architectural et/ou urbanistique, on peut envisager une réfection des
joints de maçonnerie extérieure, suivie d’un
traitement d’hydrofugation. Ce traitement, qui
présente l’avantage de ne pas modifier l’aspect
du bâtiment, conduit à une amélioration de la
situation, sans toutefois offrir de garantie totale contre les risques d’apparition de taches
d’humidité sur les finitions intérieures.
Dans tous les cas, ces interventions seront
complétées par un contrôle des souches de
cheminée et des dépassants de toiture, ou par
la pose de solins et de contre-solins [11].
Si, après ces travaux, on note encore de légers
problèmes d’humidité, deux solutions pourront être mises en place du côté intérieur :
• pose, sur l’ensemble des murs concernés,
d’une membrane de doublage, fixée mécaniquement contre la maçonnerie et servant
de support aux enduits de finition
• pose d’un système de finition sur isolant thermique totalement insensible à l’humidité;
cette technique offre l’avantage de cumuler
la protection des finitions intérieures contre
l’humidité capillaire et l’isolation thermique
des locaux. On veillera cependant à poser une
étanchéité à la vapeur d’eau du côté ‘chaud’
afin d’éviter les condensations internes.
en œuvre de manière prudente, en veillant à ne
pas reporter les problèmes à d’autres éléments
(gîtes du plancher, par exemple).
Les techniques évoquées peuvent également
être retenues dans le cas de dégradations intérieures des conduits de cheminée. Dans ce cas
précis, l’humidification résulte d’une condensation interne à la cheminée. Ce phénomène se
produit durant les périodes les plus froides et,
de préférence, dans des locaux moins chauffés au droit du passage d’une cheminée dans
l’environnement extérieur (situation typique
des combles). La condensation peut s’accompagner de taches de bistre ou d’une dégradation des maçonneries (attaque acide, sulfates
expansifs). Il faut alors impérativement combiner la pose d’une barrière étanche ou d’une
finition sur isolant, avec le tubage de la cheminée, en particulier dans l’hypothèse du placement d’une chaudière à haut rendement et,
a fortiori, d’une chaudière à condensation [2].
De manière générale, lorsque les pénétrations
d’eau restent importantes après rejointoiement et hydrofugation des parois extérieures,
les solutions précitées sont à considérer avec
beaucoup de prudence, car elles risquent d’accentuer l’humidification des finitions dans les
locaux des étages inférieurs. Dans ce cas, la
solution du bardage ou de l’enduit (voir ciavant) est à privilégier, surtout si elle est cumulée avec la pose d’une isolation thermique.
Le bardage devra, si possible, concerner l’ensemble de la souche de cheminée, du pignon
ou du dépassant de toiture considéré, afin
d’éviter de reporter les problèmes aux zones
voisines ou en contrebas.
6.3 Interventions
sur les charpentes
6.3.1 Adaptation des charpentes
Signalons que ces systèmes ‘intérieurs’ ne
protègent bien évidemment pas les maçonneries contre la pénétration d’eau de pluie, ni les
éléments de bois qui y sont encastrés (poutres,
gîtages). Ces solutions doivent donc être mises
Dans les anciens bâtiments, la présence de
charpentes traditionnelles en bois présentant
peu d’emprise au sol facilite en règle générale
l’aménagement des espaces sous toiture. Dans
Les Dossiers du CSTC – N° 2/2010 – Cahier n° 2 – page 4
certains cas, la valeur architecturale de la charpente incite même à des interventions minimalistes visant à préserver, en tout ou en partie,
les structures apparentes. Pour ces charpentes,
l’attention portera en priorité sur le bon état
du bois et des assemblages, ainsi que sur les
réparations et les traitements éventuels (voir
§ 6.3.2 et § 6.3.3, p. 5).
Dans des bâtiments plus récents, la présence
de charpentes industrialisées complique sensiblement l’utilisation pratique des lieux, que
ce soit du fait d’une emprise au sol importante
et/ou de hauteurs libres limitées (voir figure 9).
Toute modification de ces charpentes nécessitera la compétence d’entreprises spécialisées
et sera menée sur la base de calculs de stabilité en fonction des options de transformation
souhaitées.
Dans tous les cas, quel que soit l’ancienneté
ou le principe constructif de la charpente, on
tiendra compte des surcharges éventuelles résultant des travaux, qu’il s’agisse de l’ajout
d’isolants, de panneaux de sous-toiture ou
d’un changement de matériaux de couverture.
6.3.2 Traitements curatifs
Après le diagnostic d’une dégradation par des
agents biologiques – insectes xylophages et
champignons lignivores (figure 10, p. 5) – et
après avoir traité les problèmes d’humidité
qui ont conduit à leur développement, des interventions curatives spécifiques devront être
prises afin de remédier aux désordres :
• traitement des éléments en bois et, dans certains cas, également de la maçonnerie, au
moyen de produits insecticides et/ou fongicides disposant, dans la mesure du possible,
d’un agrément technique. Les différents
systèmes de traitement sont détaillés dans
la Note d’information technique n° 180 [6]
• remplacement ou réparation de poutres
et/ou d’encastrements par des renforts en
bois, en profilés métalliques ou en résine
coulée in situ et armée.
CT GROS ŒUVRE
Fig. 10 Poutre attaquée par des champignons et des
insectes.
Signalons d’une manière générale que les problèmes et dégâts aux ouvrages de charpente
touchent en priorité les parties susceptibles de
subir une humidification, notamment :
• les encastrements dans les maçonneries
(surtout en cas de pignons exposés au sud
et à l’ouest)
• les pourtours des souches de cheminée
• les parties en contact avec les lucarnes, les
sablières, etc.
• et bien évidemment tous les éléments proches
de défauts visibles au niveau de l’étanchéité.
6.3.3 Traitements préventifs
Même si les traitements appliqués in situ ne
peuvent prétendre à une efficacité comparable
à ceux réalisés en usine, il nous paraît prudent
de prévoir l’application par badigeonnage ou
par pulvérisation de traitements mixtes contre
Fig. 11 Absence de sous-toiture et pénétration d’eau.
les insectes xylophages et contre les champignons lignivores, pour les bois de charpente,
et de produits de protection contre la corrosion
pour les structures métalliques. En cas d’occupation des lieux durant les travaux ou très
rapidement après ces derniers, il y a lieu de
s’assurer de l’absence de toxicité des matières
actives des différents produits, traitements et
solvants utilisés, et de veiller dans tous les cas
à une ventilation intensive des lieux.
6.4 Parois, cloisons
6.5 Confort
thermique
Un aspect important de l’aménagement d’un
espace sous toiture concerne le confort thermique des futurs occupants.
et planchers
L’aménagement des combles implique le plus
souvent le cloisonnement des lieux en zones
d’affectation différente. Les planchers existants étant, dans la grande majorité des cas, en
bois avec des possibilités de surcharge réduites,
les parois rapportées seront en matériaux aussi
rigides et légers que possible. L’usage en cloison, de plaques minces fixées sur une ossature
en bois ou sur des profilés métalliques légers
est ici la solution la plus simple, rapide et économique. On profitera des possibilités existantes afin d’intercaler un isolant acoustique
et/ou thermique pour améliorer le confort.
La stabilité des cloisons légères sera améliorée
par leur assemblage ainsi que par une solidarisation avec le sol (plancher) et leur fixation à la
charpente existante, voire localement avec un
faux plafond limitant la hauteur des volumes
créés. Ces cloisons seront également utilisées
pour le passage des gaines électriques et canalisations sanitaires.
!

Fig. 12 Conservation après traitement
de poutres attaquées par les insectes.
Pour rappel, les cloisons légères n’assurent aucun rôle structural et ne peuvent en aucun cas
reprendre des efforts résultant, par exemple,
de l’appui d’un ou plusieurs éléments de charpente.
Que l’espace soit transformé en pièce de séjour,
en chambre à coucher ou en salle de jeux, il sera
nécessaire de se prémunir contre la froideur de
l’hiver et la chaleur de l’été. Une série de mesures sont à prévoir pour atteindre cet objectif :
• isolation thermique
• étanchéité à l’air
• ventilation nocturne
• protection solaire
• chauffage
• et éventuellement refroidissement.
L’isolation thermique de la toiture est primordiale dans le contexte énergétique actuel. En
période hivernale, elle permet de limiter les
pertes de chaleur vers l’extérieur et donc de
réduire les besoins de chauffage et la consommation d’énergie. En période estivale, le matériau de couverture peut facilement atteindre
une température de 80 °C sous l’effet du soleil.
L’isolation thermique restreint alors le transfert de chaleur vers l’intérieur, limitant ainsi le
risque de surchauffe.
Traitements
de préservation
Les traitements de préservation, qu’ils soient préventifs ou curatifs, sont d’autant plus
utiles et importants qu’une partie, voire la quasi-totalité des matériaux de charpente
deviendra inaccessible après aménagement des combles et se retrouvera dans de nouvelles conditions hygrothermiques, souvent plus défavorables du fait du confinement et
de l’isolation thermique rapportée. Il est donc essentiel que l’ensemble de ces traitements
soient appliqués avec la plus grande vigilance.
Les Dossiers du CSTC – N° 2/2010 – Cahier n° 2 – page 5
CT GROS ŒUVRE
6.5.1 Choix de l’isolant et de son
épaisseur
Nombre d’isolants thermiques de nature et de
forme diverses sont aujourd’hui disponibles
sur le marché. Leur propriété fondamentale
se caractérise par leur aptitude à s’opposer au
passage de la chaleur.
Les isolants agissant sur les échanges par con­
duction, leur résistance thermique R (m²K/W)
est directement proportionnelle à leur épaisseur d (m) et inversement proportionnelle à la
conductivité thermique λ (W/mK) du matériau
constitutif, soit :
R = d/λ (m²K/W).
Dans une toiture inclinée, la résistance thermique totale Rtot se calcule en additionnant la
résistance thermique de chacune des couches
constitutives ainsi que la résistance d’échange
à la surface intérieure et extérieure. Le coefficient de transmission thermique (ou valeur U)
de la toiture est alors simplement l’inverse de
la résistance thermique totale, soit :
U = 1/Rtot (W/m²K).
Les réglementations thermiques régionales en
vigueur imposent, dans le cas de bâtiments
neufs ou de transformations faisant l’objet
d’un permis d’urbanisme, une valeur U maximale de 0,3 W/m².K (ou Rmin = 3,33 m².K/W)
et ce, pour les différentes parois de l’enveloppe
du bâtiment (toiture, murs extérieurs, etc.).
L’octroi de primes ou de déductions fiscales
dans le cadre d’une rénovation est lié au respect d’une résistance thermique minimale
(souvent de la couche d’isolation thermique
prise individuellement). Dès lors, le choix
d’un isolant s’effectue avant tout sur la base
de ses performances thermiques identifiées
principalement par sa conductivité thermique
(λ). De cette dernière dépendra l’épaisseur à
mettre en œuvre, critère généralement déterminant en cas de travaux de rénovation, alors
que les espaces intérieurs disponibles sont
souvent réduits.
Le positionnement de l’isolant dans le complexe toiture et la présence de fixations mécaniques traversantes ou, plus encore, de pièces
de bois (appelées ‘fraction bois’) interrompant
à distances régulières la couche d’isolation
sont également de nature à influencer l’épaisseur requise.
A titre d’information, le tableau 1 mention-
*
Valeur U
Pour les toitures, les réglementations
thermiques des trois régions prescrivent actuellement une valeur Umax de
0,3 W/m².K (ou Rmin = 3,33 m².K/W).
Tableau 1 Epaisseur d’isolation nécessaire (arrondie au cm supérieur) dans
une toiture à versants pour répondre aux exigences réglementaires, en fonction de la nature du matériau isolant et de son emplacement dans le complexe
toiture.
Fermettes ou chevrons
de largeur ≤ 3,5 cm
Charpente traditionnelle ou chevrons de
largeur ≥ 5 cm (*)
Matériau isolant
Laine minérale (panneaux, matelas)
13 à 17 cm
Polystyrène expansé (plaques)
Polystyrène extrudé (plaques)
6 à 9 cm
7 à 9 cm
Mousse de polyuréthanne (plaques)
10 à 14 cm
5 à 7 cm
Mousse phénolique (plaques)
10 à 17 cm
5 à 9 cm
Verre cellulaire (plaques)
15 à 20 cm
8 à 11 cm
Perlite expansée (plaques)
19 à 22 cm
11 à 12 cm
Cellulose (panneaux)
14 à 22 cm
7 à 12 cm
18 cm
10 cm
Cellulose (soufflée)
15 à 22 cm
–
Fibres végétales ou animales
(panneaux)
15 à 22 cm
8 à 12 cm
32 cm
21 cm
Liège (panneaux)
Fibres végétales ou animales (en
vrac)
(*) Les épaisseurs indiquées dans cette colonne sont celles à considérer lorsqu’il s’agit de compléter
une isolation existante sans spécifications connues (λ par défaut), disposée entre des chevrons de
6 cm de hauteur. La nouvelle couche d’isolation est supposée continue et peut être rapportée par
l’intérieur ou par l’extérieur.
ne les épaisseurs d’isolant (en centimètres)
permettant de satisfaire aux exigences réglementaires en vigueur, en tenant compte
de l’influence d’une fraction bois de 12 %.
Les caractéristiques des isolants considérées
sont celles stipulées dans la nouvelle norme
NBN B 62-002 [3] ainsi que dans la base de
données de produits créée dans le cadre des
réglementations PEB, reconnue par les trois
régions du pays et disponible en ligne sur
www.epbd.be.
6.5.2 Etanchéité à l’air et mise en
œuvre
Quelles que soient la composition du complexe
toiture et la nature de l’isolant, il n’y a pas
d’isolation thermique performante sans étanchéité à l’air. En effet, si l’air froid extérieur
!

peut s’infiltrer au travers du complexe toiture
ou si l’air chaud intérieur peut s’en échapper,
une partie importante du bénéfice de l’isolation thermique mise en œuvre sera perdue,
entraînant une situation d’inconfort.
Pour éviter d’en arriver là, il y a lieu d’appliquer les principes suivants :
• réduire au maximum la présence de couches
d’air ou d’espaces vides dans le complexe
toiture afin d’empêcher l’air d’y circuler (cf.
Infofiche n° 24) [13]
• veiller à ce qu’au moins une des couches
du complexe toiture soit étanche à l’air, en
soignant tout particulièrement les raccords
avec les éléments susceptibles de provoquer
des discontinuités (charpente, pannes, percements, etc.). Pour les structures légères telles
que des toitures inclinées dont la couverture
n’est, elle-même, pas étanche à l’air, cette
Produits
minces réfléchissants
Même posé de façon optimale, un produit mince réfléchissant associé à deux lames
d’air non ventilées de 2 cm d’épaisseur (soit une épaisseur totale de 5 à 6 cm) peut tout
au plus prétendre égaler une isolation traditionnelle (laine minérale, polystyrène expansé, etc.) d’épaisseur équivalente, soit 4 à 6 cm. En d’autres termes, ces produits seuls ne
permettent pas de satisfaire aux exigences d’isolation thermique ni aux critères d’obtention des primes. Pour plus d’informations, on consultera le Rapport CSTC n° 9 [10].
Les Dossiers du CSTC – N° 2/2010 – Cahier n° 2 – page 6
CT GROS ŒUVRE
exigence requiert un soin tout particulier lors
de la mise en œuvre du pare-vapeur, lequel
assure également la fonction d’étanchéité à
l’air (cf. Cahier n° 9 des Dossiers du CSTC
n° 3/2007) [9]. Dans certains cas, le choix
d’une sous-toiture capillaire et/ou très perméable à la diffusion de vapeur (panneaux à base
de fibres de bois, par exemple) peut s’avérer
opportun lorsqu’il s’agit de limiter le risque
d’écoulement des eaux de condensation.
Bien que chaque intervention dans le cadre
d’une rénovation ait ses spécificités, certaines recommandations peuvent être formulées
lorsqu’il y a lieu d’améliorer l’isolation thermique d’une toiture existante.
r Isolation par l’intérieur
Le complexe ‘pare-vapeur / isolation complémentaire’ est rapporté en sous-face de la structure et/ou dans l’épaisseur de cette dernière.
Dans de nombreux cas, on opte pour la pose de
laine minérale dans l’épaisseur des chevrons
existants, complétée par la pose de panneaux
rigides ou de matelas d’isolation. Cette disposition nécessite toutefois la présence d’une
sous-toiture performante. En cas de défaillance de cette dernière, il sera nécessaire de poser,
dans les règles de l’art, une nouvelle sous-toiture après dépose des éléments de couverture
ou, à défaut, de choisir une solution de substitution via l’intérieur (figure 13), telle que décrite dans CSTC-Contact n° 23 [8].
r Isolation par l’extérieur
Lorsque le caractère fonctionnel de la couverture n’est plus assuré et qu’un remplacement
doit être envisagé, il est possible d’améliorer
sensiblement le niveau d’isolation thermique
et l’étanchéité à l’air du complexe toiture, sans
devoir démonter les finitions intérieures. Les
techniques suivantes peuvent être proposées :
• l’isolant est posé par l’extérieur dans l’épaisseur de la structure existante (après démontage de l’ancienne couverture). Si cette dernière n’est pas suffisante pour atteindre un
niveau d’isolation thermique satisfaisant,
il est possible de prévoir un contre-chevronnage. Le cas échéant, lorsqu’il y a lieu
d’améliorer l’étanchéité à l’air du complexe
toiture, une membrane complémentaire
(feuille de polyéthylène, par exemple) peut
être rapportée par l’extérieur avant la pose
de la nouvelle couche d’isolation (voir figure 14). La difficulté consiste néanmoins
à garantir une parfaite étanchéité à l’air de
cette membrane et surtout de ses jonctions.
On ne dispose en effet pas d’un support parfaitement continu qui assure une exécution
aisée de ces raccords. Lorsqu’une membrane relativement étanche à la diffusion
de vapeur est intégrée entre deux épaisseurs
d’isolant, en l’absence de tout autre pare-vapeur performant, la résistance thermique de
l’isolant situé au-dessus (du côté froid) doit
être au moins 1,5 fois supérieure à celle de
l’isolant situé en dessous (du côté chaud).
Cette règle se veut sécuritaire pour des bâti-
1
2 3
4
5
6
Il importe de souligner que les deux solutions
proposées ci-avant auront pour conséquence
une surélévation du niveau de la couverture,
ce qui nécessitera l’adaptation des rives et des
gouttières.
6.5.3 Ventilation nocturne et protection
solaire
Malgré l’isolation thermique, les espaces sous
toiture sont généralement sensibles à la sur1
Ces techniques permettent l’obtention d’un
très bon niveau d’isolation thermique, tout en
conservant la couverture de toiture existante.
ments à faible ou moyenne production d’humidité. Grâce à des simulations hygrothermiques plus précises, il est souvent possible
de justifier des rapports plus faibles
• un système d’isolation (panneaux sandwiches, toiture Sarking, par exemple) est
rapporté par l’extérieur sur les chevrons
existants, en veillant particulièrement à
l’étanchéité à l’air des divers raccords
(parties courantes, pied de versant, rives).
L’idéal est de prévoir la pose d’un support
continu (panneaux à base de bois, par exemple) sur lequel on place une membrane étanche à l’air. Ce support permet une fermeture
soignée des jonctions de lés ainsi que des
raccords au droit des rives et des pénétrations de la toiture. Outre l’amélioration
sensible du niveau d’isolation thermique et
de l’étanchéité à l’air du complexe toiture,
cette technique offre l’avantage de favoriser
la correction des ponts thermiques éventuels
(têtes de mur non isolées, par exemple).
2
3
4
7
5
1,5 x
x
9
8
9
10 11 12
1. Tuile
2. Latte de fixation
3. Chevron
4. Sous-toiture de substitution
5. Latte en bois traité
6. Liteau
7. Joint de mastic souple
8. Isolation entre les chevrons
9. Isolation sous les chevrons
10.Barrière à l’air et à la vapeur
11.Vide technique
12.Finition intérieure
Fig. 13 Coupe transversale d’une
toiture existante sans contre-lattes,
munie a posteriori d’une isolation et
d’une sous-toiture de substitution.
8
6
7
1.
2.
3.
4.
5.
Nouveau chevron
Nouvelle couche d’isolation
Contre-latte
Sous-toiture
Membrane d’étanchéité à l’air et à la
vapeur
6. Membrane d’étanchéité à l’air et à la
vapeur éventuelle
7. Finition
8. Couche d’isolation existante
9. Chevron existant
Fig. 14 Isolant posé par l’extérieur dans une nouvelle structure de toiture.
Les Dossiers du CSTC – N° 2/2010 – Cahier n° 2 – page 7
CT GROS ŒUVRE
chauffe estivale. Pour limiter cet inconfort,
deux options complémentaires sont possibles :
• réduire les apports solaires au travers des
fenêtres grâce à des protections solaires extérieures
• recourir au refroidissement passif, en assurant une ventilation intensive de nuit. Tirer
ainsi parti de la fraîcheur des nuits d’été
nécessite la présence d’ouvertures telles
que des fenêtres, par lesquelles l’air pourra
entrer et sortir. Pour limiter les nuisances,
ces ouvertures seront idéalement dotées de
moustiquaires.
6.5.4 Chauffage et refroidissement
En fonction de la destination des locaux sous
toiture et de la performance thermique des parois, il sera parfois nécessaire de prévoir un
système de chauffage pour garantir le confort
thermique des occupants (voir § 6.8.3, p. 9).
Les mesures préconisées ci-avant permettent,
dans la majorité des cas, en Belgique, de se
passer de refroidissement actif. Dans certains
contextes exceptionnels, le recours à cette
technique devra cependant être envisagé.
6.6 Ventilation
L’aménagement d’un grenier en espace habitable nécessite l’adaptation des dispositifs de
ventilation. Les règles de l’art en la matière sont
décrites dans la norme NBN D 50‑001 [4].
Le but de la ventilation est de maintenir une
bonne qualité d’air à l’intérieur des locaux, en
apportant de l’air frais extérieur, d’une part,
et en évacuant l’air vicié par la présence et
les activités des occupants, d’autre part. L’air
frais est introduit dans les locaux de séjour, les
chambres à coucher, les salles de jeux, les bureaux, etc. L’air vicié est extrait des cuisines,
WC, salles de bains et buanderies.
La ventilation permet également de limiter la
teneur en humidité de l’air et de se prémunir
ainsi contre les dégradations qui peuvent en
résulter (moisissures, etc.).
Tableau 2 Modes de ventilation possibles.
Mode d’alimentation
Alimentation naturelle
Alimentation mécanique
Mode d’évacuation
Évacuation naturelle
Évacuation mécanique
Système A :
ventilation naturelle
Système C :
ventilation mécanique simple
flux par extraction
Système B :
ventilation mécanique simple
flux par insufflation
Système D :
ventilation mécanique double
flux
La ventilation naturelle (système A) est généralement peu onéreuse car elle se résume
principalement à la mise en œuvre de grilles
de ventilation dans les façades et d’ouvertures
d’évacuation débouchant en toiture (*) (voir la
figure 15). Ses possibilités d’application dans
un grenier peuvent toutefois être limitées par
le fait que certains locaux nécessitant un apport d’air frais ne sont pas en contact avec un
élément de façade. Les conditions de verticalité et de hauteur pour le débouché de l’évacuation en toiture constituent une autre contrainte
importante parfois difficile à surmonter. Du
point de vue énergétique, on peut regretter que
l’air chaud (vicié) soit rejeté à l’extérieur sans
récupération de chaleur.
La ventilation mécanique simple flux par extraction (système C) diffère de la ventilation
naturelle par la présence d’un ventilateur
(moteur électrique) destiné à l’extraction de
l’air vicié. Cette méthode simplifie généralement la réalisation de l’évacuation de l’air
et rend son débit plus constant. Le système
nécessite, par contre, l’achat d’un ventilateur
(d’où consommation d’électricité) et une
place plus importante pour le ventilateur et
les conduits.
La ventilation mécanique simple flux par insufflation (système B) est très peu employée
en Belgique. Elle diffère de la ventilation naturelle par la présence d’un ventilateur (moteur électrique) et de conduits destinés à l’introduction d’air frais. Ce système permet de
résoudre le problème de l’alimentation d’air
des locaux qui ne sont pas en contact avec
un élément de façade, mais requiert un investissement complémentaire et une place plus
importante pour le ventilateur et les conduits,
indépendamment de la consommation d’électricité nécessaire au fonctionnement du moteur.
La ventilation mécanique double flux (système D) consiste à maîtriser les débits d’air
par le biais d’un ventilateur de pulsion et d’un
ventilateur d’extraction. Elle offre également
la possibilité de récupérer la majeure partie
de la chaleur de l’air vicié (de l’ordre de 80
à 90 %). Elle nécessite toutefois un investissement plus lourd et entraîne un encombrement plus conséquent (groupe de ventilation,
conduits de pulsion et d’extraction). Du point
de vue énergétique, la consommation des
ventilateurs est largement compensée par
la récupération de chaleur. Enfin, signalons
l’importance du dimensionnement de l’installation, qui peut avoir une influence sur la gêne
acoustique.
6.7 Amélioration
du confort acoustique
La norme NBN S 01-400-1 [5] définit des
critères d’isolement aux bruits extérieurs à
respecter lorsqu’on aménage des combles
en espaces de vie. L’isolement recommandé
sera fonction du niveau de bruit extérieur, de
l’orientation du bâtiment et de la présence
L’introduction et l’évacuation d’air peuvent
être réalisées de façon naturelle ou mécanique,
ce qui donne quatre combinaisons possibles
résumées dans le tableau 2.
Le choix du système est libre, mais doit être
respecté dans l’ensemble de l’habitation.
Cela signifie que, s’il existe déjà un système
de ventilation, l’espace sous toiture doit être
ventilé de la même façon que le reste de l’habitation.
Fig. 15 Prise d’air dans un mur extérieur et bouche de rejet en toiture.
(*) Voir la norme NBN D 50-001 [4] pour des informations plus détaillées.
Les Dossiers du CSTC – N° 2/2010 – Cahier n° 2 – page 8
CT GROS ŒUVRE
éventuelle de bruits dominants de trafic
aérien ou ferroviaire. Dans tous les cas, la
valeur d’isolement aux basses fréquences,
mesurée sur site (DAtr), s’élève au moins à
26 dB.
Dans certaines situations (chambres à coucher sous des toitures exposées à des niveaux
de bruit extérieur importants, par exemple le
long d’axes routiers à grande circulation), les
performances demandées par la norme peuvent atteindre des valeurs d’isolement très
élevées (DAtr > 45 dB). L’isolement acoustique reposant généralement sur la masse, ces
critères peuvent sembler contraignants en ce
qui concerne les toitures, bien souvent plus
légères que les maçonneries. Grâce au principe acoustique masse-ressort-masse, on peut
néanmoins atteindre des valeurs très élevées
et donc répondre aux critères les plus stricts
de la norme.
Le bon fonctionnement du principe masseressort-masse sera assuré par la sous-toiture, par l’isolant thermique et la finition
intérieure ainsi que son mode de fixation. La
couverture n’aura, quant à elle, que très peu
d’incidence sur l’isolement acoustique de
l’ensemble.
Selon ce principe, l’isolement acoustique aux
bruits aériens sera d’autant plus élevé :
• que la sous-toiture est lourde : des panneaux à rainures et languettes donneront un
meilleur résultat qu’une sous-toiture sous
forme de film
• que la finition intérieure est découplée de
la charpente : la pose de plaques de finition sur une ossature métallique ‘souple’
fixée à la charpente permettra de gagner
plusieurs décibels d’isolement par rapport
à la même finition fixée sur une ossature
en bois; la conception et l’exécution des
contacts périphériques seront à soigner
particulièrement
• que la finition intérieure est composée de
panneaux souples, lourds et peu rayonnants
(par exemple, une double épaisseur de plaques de plâtre revêtues de carton)
• que la distance entre la sous-toiture et la
finition intérieure est grande (meilleure
isolation avec une finition sous les pannes
qu’avec une finition entre les pannes)
• que l’isolant thermique est épais et composé
d’un matériau à cellules ouvertes (laine minérale, par exemple).
toiture bien isolée pouvant atteindre un isolement de plus de 60 dB, on se rend bien compte
que même une fenêtre de toiture avec survitrage constituera un point faible qui limitera
d’office les performances d’isolement de l’ensemble de la toiture. On évitera donc autant
que possible de placer des fenêtres dans les
toitures où l’on vise une haute protection au
bruit.
6.8 Autres
interventions
6.8.1 Eclairage
L’utilisation des greniers en espaces de vie
implique le placement de fenêtres; selon les
besoins et les possibilités; celles-ci seront disposées :
• en toiture (de nombreux systèmes spécifiques ont été développés pour cet usage)
• dans les murs pignons
• en partie haute des façades lorsque l’architecture le permet (murs gouttereaux).
Si l’implantation des fenêtres dans une façade
ou un mur pignon ne pose pas de difficultés
techniques particulières, celle de fenêtres de
toiture nécessite une étude approfondie quant
aux points suivants :
• impact sur le confort thermique (déperditions thermiques en hiver et surchauffe en
été) et acoustique (pluie, grêle, bruits aériens, etc.)
• précautions à prendre en matière d’étanchéité à l’eau et à l’air des raccords.
Afin de réduire nombre de ces problèmes, les
fenêtres de toiture sont le plus souvent munies,
dès le placement, de protections solaires extérieures.
D’autres améliorations, abordées aux chapitres précédents, peuvent également être envisagées.
On retrouvera les performances acoustiques
de différentes compositions ainsi que de plus
amples informations sur le sujet dans un article paru dans CSTC-Magazine [12].
En ce qui concerne les fenêtres de toiture,
elles présentent des indices d’affaiblissement
acoustique de l’ordre de 29 dB en version
standard et de 42 dB pour les fenêtres spéciales munies d’un survitrage en usine. Une
Fig. 16 Fenêtres en toiture.
Les Dossiers du CSTC – N° 2/2010 – Cahier n° 2 – page 9
6.8.2 Accessibilité
L’accessibilité est une matière complexe et
son application, variable en fonction des régions. En ce qui concerne les locaux sous toiture, il s’agit de rester particulièrement réaliste, dans la mesure où les accès principaux des
logements ne sont eux-mêmes pas toujours
exempts de défauts. Il est évident que, dans
ce cas, des investissements importants visant
l’accessibilité des greniers n’ont que peu de
sens.
En ce qui concerne la législation, on peut
consulter :
• en région bruxelloise : le titre IV du règlement urbanistique régional [14]
• en région wallonne : les articles 414 et 415
du CWATUP [16]
• en région flamande : le nouvel arrêté du
gouvernement flamand relatif à l’accessibilité, qui devrait être d’application depuis le
1er mars 2010 [1].
Dans l’approche globale de l’aménagement
d’un grenier, il faut également tenir compte
du fait que la mise en place d’un escalier,
d’éléments de sécurité et d’abords réduira
potentiellement les surfaces récupérables,
déjà plus ou moins amputées par les pentes
de toiture.
6.8.3 Chauffage, sanitaires, capteurs
solaires
Si une isolation thermique performante a été
posée (voir § 6.5, p. 5 et suivantes), les besoins
en chauffage devraient s’avérer d’autant plus
faibles que le reste du bâtiment est chauffé et
que l’air chaud a tendance à s’élever vers les
étages. Dans cette optique, il est généralement
possible, après contrôle de la puissance de la
chaudière et des circuits de chauffage considérés, d’utiliser l’installation existante (souvent
CT GROS ŒUVRE
surdimensionnée) et d’y raccorder une boucle
supplémentaire destinée au chauffage de l’étage. Au cas où la puissance disponible serait
insuffisante, on devra prévoir le placement
d’une chaudière supplémentaire, par exemple de type mural à ‘ventouse’ (c’est-à-dire à
chambre de combustion étanche) ne nécessitant pas de cheminée traditionnelle.
tallations électriques (RGIE) lors de leur mise
en service ou lors de toute modification ou extension importante. C’est un organisme agréé
qui doit contrôler l’installation et délivrer un
certificat de conformité. Pour les installations domestiques, ce dernier doit être renouvelé, après vérification, au minimum tous les
25 ans.
Si le placement d’appareils sanitaires est envisagé, il sera en général assez facile de réaliser une dérivation du circuit de distribution
existant. Pour l’eau chaude, il s’agira d’évaluer si les temps d’attente ne deviennent pas
trop longs (gaspillage d’eau et d’énergie) : on
compte un maximum d’une dizaine de secondes pour l’évier et la douche, et de 30 secondes pour la baignoire. Dans certains cas, il sera
préférable de prévoir une production d’eau
chaude spécifique pour la partie rénovée, a
fortiori si on projette d’installer une chaudière
pour le chauffage des locaux concernés.
Les éléments indispensables à une installation conforme concernent le câblage, la mise
à la terre, la liaison équipotentielle, le tableau
électrique et les volumes de sécurité dans les
pièces d’eau.
Une difficulté majeure de l’aménagement des
sanitaires tient à l’évacuation des eaux usées :
une évacuation gravitaire nécessite le passage
d’une conduite d’un diamètre non négligeable
et aussi rectiligne que possible. Si cette solution présente des difficultés, on peut ramener
l’ensemble des eaux usées de l’étage vers une
cuve munie d’une pompe, permettant une
évacuation par une conduite de diamètre plus
faible. Dans ce cas, il convient d’accorder une
attention particulière à l’isolation acoustique
de la pompe.
Au cas où le remplacement de la couverture
s’avère nécessaire, on pourrait prévoir la pose
de capteurs solaires thermiques, qui participeront activement au chauffage de l’eau sanitaire
et apporteront éventuellement un appoint de
chauffage. Des capteurs photovoltaïques pourraient être installés en parallèle et fournir une
‘électricité verte’.
6.8.4 Installation électrique
Les installations électriques doivent être
conformes au Règlement général sur les ins-
Par ailleurs, l’installation électrique des locaux
sous toiture nécessite souvent de nouvelles lignes à partir du tableau général, qui, pour des
raisons de sécurité incendie, se situe dans bien
des cas à proximité de l’entrée de l’immeuble.
Cette opération pourra donc présenter des difficultés ou induire des travaux connexes non
négligeables pour atteindre les combles (traversée d’appartements sous-jacents, etc.).
7 CONCLUSIONS
Vu le coût actuel du logement, l’aménagement
des greniers est une option retenue en priorité
lorsqu’on souhaite accroître les surfaces habitables. De manière générale, ce choix entraîne
en effet relativement peu de contraintes techniques dans la mesure où les anciennes charpentes offrent des espaces libres importants. Dans
nombre de bâtiments plus récents, l’usage des
fermes préfabriquées et leur encombrement
limitent ces possibilités et nécessitent des
adaptations souvent importantes si l’on désire
disposer d’espaces acceptables.
Le fait qu’il y ait peu de contraintes techniques
ne signifie pas que les travaux d’aménagement
puissent se limiter à des interventions légères
de pose de cloisons et de finitions. En effet,
il y a lieu d’assurer au préalable une parfaite
étanchéité à l’eau de la couverture, étanchéité
qui implique idéalement, dans des bâtiments
anciens, la pose d’une sous-toiture, rigide ou
souple, après démontage de la couverture exis-
Les Dossiers du CSTC – N° 2/2010 – Cahier n° 2 – page 10
tante. Ces opérations de démontage et remontage entraînent d’inévitables casses et amènent
souvent à devoir remplacer une bonne partie,
voire l’ensemble des matériaux de couverture,
même si leur état initial semblait acceptable.
On profitera par ailleurs de ces travaux importants pour contrôler l’état de la charpente
et effectuer d’éventuels renforcements, s’ils
s’avèrent nécessaires en raison des surcharges
liées aux travaux d’aménagement (panneaux
de sous-toiture, isolation thermique, acoustique, finitions intérieures, etc.).
Afin d’éviter le démontage et le remontage
d’éléments de toiture en bon état, il est possible d’opter pour la pose, via l’intérieur, de systèmes de sous-toiture de substitution. Même
si cette solution est moins sécurisante que la
pose sur les chevrons d’une sous-toiture performante, elle permet néanmoins de retarder le
remplacement de la couverture et de poser une
couche d’isolation thermique ainsi que des finitions intérieures.
Outre l’équipement des espaces et l’étanchéité à l’eau de la couverture, l’aménagement
des greniers requiert une attention tout particulière en ce qui concerne le confort thermique d’hiver et d’été. L’isolation à prévoir
sera d’autant plus importante que l’inertie
thermique des lieux est généralement faible.
De même, le confort acoustique fera l’objet
de soins proportionnels aux sources extérieures de bruit (trafic urbain, proximité d’un aéroport, etc.).
On gardera à l’esprit que l’aménagement en
locaux d’habitation nécessite souvent le remplacement ou l’adaptation des moyens d’accès
(escalier) et des zones de recul et de sécurité
correspondantes. Il faudra tenir compte de ces
contraintes dans le calcul des surfaces utiles
après rénovation des lieux.
En ce qui concerne les autres interventions
(chauffage, électricité, sanitaires, etc.), la rénovation des combles ne se différencie pas
fondamentalement de travaux semblables dans
le corps de bâtiment et ne devrait pas présenter
de difficultés particulières. n
CT GROS ŒUVRE
t
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Arrêté du Gouvernement flamand du 5 juin 2009 fixant un règlement urbanistique flamand relatif à l’accessibilité. Bruxelles, Moniteur
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Les Dossiers du CSTC – N° 2/2010 – Cahier n° 2 – page 11
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