Plan corrigé synthétique du sujet : Les évolutions récentes du commerce international : quelles implications ? §§§ Introduction La libéralisation des échanges repose sur les gains tirés du commerce, et de nombreux économistes (Samuelson, Bhagwati, etc) admettent que ces gains existent. Le développement dynamique des transactions internationales depuis 1950 s'est accompagné d'une transformation profonde des logiques de l'échange et de la répartition mondiale des activités à travers l'essor des entreprises multinationales. L’internationalisation des systèmes de production, qui reposent de plus en plus sur des structures verticales d’échange englobant plusieurs pays, dont chacun est spécialisé dans une étape particulière de la production, est un aspect important de l’évolution et du développement des échanges mondiaux contemporains. Mais le retour récent des crises a conduit à une résurgence des réflexes protectionnistes et à une recherche effrénée des avantages de la compétitivité. L'ensemble de ces transformations a profondément modifié la hiérarchie de la puissance économique entre les régions du monde, faisant émerger de nouveaux partenaires (les BRICS). Ainsi, on peut constater une évolution du CI favorisant notamment une DIPP entre partenaires inégalement développés (I) appelant de nouvelles règles d’organisation et de régulation des échanges (II). I - Un commerce international favorable à une DIPP entre partenaires inégalement développés Sur les 50 dernières années, le commerce international a progressé plus rapidement que la production mondiale de biens et services, ce qui signifie que le degré d'ouverture des économies a augmenté. A - La structure des échanges commerciaux contemporains Au cours des 30 dernières années, le commerce mondial des marchandises et des services commerciaux a augmenté d’environ 7% par an en moyenne, pour atteindre en 2011 un niveau record de 18000 milliards de dollars EU et 4000 milliards de dollars EU, respectivement. Ces évolutions ont été rendues possibles par la forte baisse des coûts de transport des marchandises et des communications, résultat d'innovations dans ces domaines. 1 - L’évolution de la composition des échanges Dans la structure des échanges, la part des produits manufacturés s'est accrue, alors que la part des produits de base (produits miniers et agricoles) a régressé. Dans le même temps, les échanges de services ont considérablement progressé. . le poids croissant des biens intermédiaires Biens destinés à la consommation intermédiaire des firmes (besoins nationaux, stratégies multinationales traditionnelles ou stratégies globales). . L’augmentation de la part des services Si on mesure le commerce en termes de valeur ajoutée, les services occupent une place plus importante. 2 - De nouvelles polarisations géographiques du commerce international . L'ensemble des pays participant significativement à l'échange s'est élargi à des partenaires plus divers, notamment les grands pays émergents (Chine, Brésil, Inde). . Entre 1980 et 2011, la part des économies en développement dans les exportations mondiales est passée de 34% à 47% et leur part dans les importations mondiales de 29% à 42%. L’Asie joue un rôle croissant dans le commerce mondial. 3 - Echanges inter-branches versus échanges intra-branches Les échanges « intra-branche » (échanges croisés de produits appartenant à la même branche productive) se sont développés. . Une tendance à la baisse du commerce inter-branches . Une tendance à la hausse de l’échange intra-branche vertical, source de coûts d’ajustement similaires à l’échange inter-branches. Ces échanges se sont accrus aussi en raison d’un DIPP incitant les firmes à exploiter des AC distants. B - Les caractéristiques de la DIPP actuelle Comment expliquer les délocalisations et les IDE contemporains ? 1 - Des avantages comparatifs ricardiens au paradigme OLI . L’approche théorique . La traduction empirique. Les entreprises transnationales (ou multinationales), opérent désormais à l'échelle du monde. Beaucoup d'entre elles ont développé des stratégies de délocalisation de leurs sites traditionnels de production en s'appuyant sur la recherche d'un avantage de coût (souvent de coût du travail). Cela les a conduites, à travers les délocalisations, à mettre en place une décomposition internationale des processus productifs (DIPP), qui fait éclater le processus de fabrication d'un produit complexe entre plusieurs sites de production, en jouant sur la spécialisation fine et l'avantage comparatif de chaque site. Elles intègrent souvent à ces stratégies des procédures d'externalisation de certains segments de la chaîne d'activité vers des sous-traitants locaux produisant à bas coûts. 2 - Le développement des échanges intra-firmes . L'intérêt de ce type d'échanges est, pour les firmes concernées, de pouvoir, à travers les procédures de facturation interne, faire apparaître les marges de profit dans les pays accordant les régimes de fiscalité sur les bénéfices les plus avantageux (c'est-à-dire les plus bas). 2 . Depuis plusieurs décennies, le commerce mondial augmente en moyenne presque 2 fois plus vite que la production mondiale (importance croissante des chaînes d’approvisionnement internationales), d’où l’intérêt de la mesure du commerce en termes de valeur ajoutée). II - Une évolution dans l’organisation et la régulation du commerce international Le renforcement de la zone d’échanges naturelle (P. R. Krugman) A - Un régionalisme renouvelé 1 - Les accords régionaux de faible niveau d’intégration : la promotion des ZLE . les accords régionaux ou de préférence régionale actuels . Importance du commerce entre les pôles de la Triade (Amérique du Nord, Europe occidentale, Asie) et renforcement du commerce intra-zone (70 % des exportations de l'Europe, en 2011, ont eu pour pays destinataire un pays européen). . Grand absent de ces échanges reste le continent africain, qui n'a représenté, en 2011, que 3 % des exportations mondiales (retards structurels, détérioration des termes de l’échange, etc). 2 - Les nouveaux partenariats . Le partenariat transatlantique . Le partenariat asiatique B - L’évolution du cadre protectionniste 1 - La hausse des barrières non tarifaires . Les distorsions de l’avantage comparatif induites par le protectionnisme, notamment la sous-évaluation des monnaies. . Autres BNT : les normes - techniques, sanitaires, contenu local-, les licences d’importation, l’insuffisante protection de la propriété intellectuelle. 2 - La difficile régulation du nouveau CI par l’OMC . Responsabilité des grandes négociations commerciales en faveur du libre- échange, étant dotée d'un pouvoir d'arbitrage et de sanctions à travers l'Organe de règlement des différends (ORD). . Une institution adaptée davantage à une régulation par EM qu’à une régulation de la DIPP (constat fait lors la réunion de Bali). . Des simulations ont montré que, dans un contexte économique dynamique caractérisé par l’ouverture des échanges, les pays en développement ont des chances de devancer les pays développés avec une croissance 2 à 3 fois plus élevée des exportations et du PIB, au 3 cours des prochaines décennies. Par contre, dans un scénario économique pessimiste et protectionniste, leur PIB augmenterait deux fois moins vite et la croissance des exportations serait plus faible que dans les pays développés. Conclusion . Le prix Nobel d'économie Joseph Stiglitz indique dans La Grande Désillusion, que la mondialisation économique fait apparaître des gagnants et des perdants. Contrairement à l'approche ricardienne d’un « jeu à somme positive » pour tous les participants, certaines économies ont souffert et souffrent encore de la mise en concurrence brutale de leur appareil productif avec des pays bénéficiant d'avantages comparatifs décisifs (pays émergents ou pays à faibles normes sociales, fiscales, environnementales, etc). . D'autres pays (les PMA, par exemple) restent encore largement en dehors du jeu de l'échange. Peut-être peut-on espérer qu'à long terme l'échange favorise l'homogénéisation des niveaux de développement et permette des relations plus harmonieuses mais ce n'est pas encore le cas. §§§ 4