Sylvain Patri 21/05/2007 LINGUISTIQUE DIACHRONIQUE [EP : 3DCKDIA6] durée : 1h30. Aucun document n’est autorisé CORRIGÉS __________________ 1 / Espagnol(2 points) Soient les deux règles suivantes ayant successivement fonctionné l’une après l’autre, au cours de l’histoire de l’espagnol : (1) (2) Ø → j / o__# (mots monosyllabiques uniquement) Ø → e / #__sC en fonction des données suivantes : *do « je donne » → doj *presto « je prête » → presto *scribo « j’écris » → escribo *inscribo « j’inscris » → inscribo *sto « je suis » → estoj Indiquer : (a) laquelle des règles (α) ou (β) a nécessairement fonctionné avant l’autre ; (b) quelle(s) forme(s), en espagnol moderne, certifie(nt) l’antériorité chronologique d’une règle sur l’autre. L’antériorité de (β) sur (α) aurait fait attendre *sto → *esto L’antériorité de (α) sur (β) produit normalement *sto → *stoj → estoj 2 / Tojolabal (6 points) D’après les formes conjuguées du tojolabal (langue maya), on observe une alternance portant sur l’indice de personne correspondant à la première personne du singulier. Compte tenu du caractère de cette alternance, et en supposant l’existence d’une forme unitaire, indiquer la forme qu’avait le morphème de 1 p. sg. Campbell 203 1 2 3 4 5 6 formes en isolation man lap z’an ixo uŕ al 1 sg. xman xlap xz’an kixo kuŕ kal « manger » « acheter » « voir » « presser » « rompre » « dire » les contextes étant mutuellement exclusifs (x- devant C, k- devant V), on est conduit à deux hypothèses : (a) *k → x / __C (b) *x → k / __V la régularité de (b) est mise en cause par 4 ixo (on aurait eu *iko), mais celle de (a) ne recontre aucune contradiction dans le corpus. Il s’ensuit que le morphème était 1 sg. *k-. 2 3 / Allemand (4 points) Sachant qu’à l’intérieur d’un même morphème, toute opposition entre voyelles antérieures et postérieures (orthographiées respectivement u-ü, a-ä, etc.) en allemand moderne repose sur une ancienne variation entre voyelles de timbre différent en vieil allemand, restituer, d’après les données indiquées : (a) la forme normalement attendue du pluriel de « arbre » (b) le processus justifiant l’apparition de Bäume vieil allemand allemand moderne sg. pl. sg. pl. « hôte » gast : gesti → Gast Gäste « arbre » boum : bouma → Baum Bäume (a) La forme attendue était *Baume (b) analogie proportionnelle par rapport au modèle de Gast—Gäste 4 / Indo-européen (2+2 = 4 points) a) Sachant que *dheh1- est reflétée en grec par thē-lē « sein » (cf.latin fē-mina « femme ») et en irlandais par dinid- « sucer », indiquer la signification la plus plausible de la racine en indo-européen. Quand le bébé suce, il peut s’agir d’un sein (ou d’autre chose), mais quand il prend le sein, il suce toujours. On peut sucer quantité de choses, mais le sein n’est « sucable » qu’en période de lactation. La signification de *dheh1- était donc, selon toute vraisemblance, « prendre/donner le sein, allaiter, etc. ».— Il fallait être ici attentif au fait que gr. thēlē « sein » et lat. fēmina sont des formations nominales dérivées supposant un verbe. b) Sachant que *ķens- est reflété en gotique par herian « appeler » et védique par śamsati « prier », indiquer la signification la plus plausible de la racine en indo-européen. Un appel peut être un prière ou autre chose (on appelle son chien), mais une prière est toujours un appel au dieux. La signification de *ķens- était donc, selon toute vraisemblance, « prier ». 5 / la classification (4 points) Indiquer au moyen de diagrammes (bulles) toutes les rapports possibles de contiguïté pouvant exister entre deux langues A & B issues de la même souche commune. 1. A est inclus dans B (toutes les innovations de A se retrouvent dans B, mais l’inverse n’est pas vrai) 2. B est inclus dans A (toutes les innovations de B se retrouvent dans A, mais l’inverse n’est pas vrai) 3. A et B sont en intersection (A et B partagent certaines innovations) 4. Aet B sont disjoints (A et B ne partagent aucune innovation)