L`impact des fluctuations des termes de l`échange (Résumé)

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L’impact des fluctuations des termes de l’echange sur la
croissance economique au Sénégal (Résumé)
Par : Ismaïla KAMMA
Publication : 2007
66 pages
Les pays en développement connaissent un modèle de développement basé sur l'exportation
des matières primaires. Les prix de ces produits de base suivent une évolution instable dans le
marché mondial. Par conséquent, cela entraîne un flottement des termes de l'échange qui peut
influencer la croissance économique de ces pays à travers les dépenses publiques,
l'investissement privé, la productivité, le chômage, la pauvreté etc.
Selon Varangis et al. (1995), " Les pays tributaires des produits de base subissent souvent de
graves revers en matière de termes de l'échange, ce qui nuit du même coup à leur croissance
économique à long terme et à l'investissement ".
Le Sénégal, à l'instar des pays en développement, exporte essentiellement des produits
primaires depuis son accession à l'indépendance. Il s'agit notamment des crustacés mollusques
coquillages (22 %), du poisson frais de mer (11 %), des engrais minéraux et chimiques (7 %),
du coton en masse (4 %) et des phosphates (1 %). Ces mouvements d'exportation
s'accompagnent par de faibles performances de l'économie avec un taux de croissance réel du
PIB qui est en moyenne de 3,18 % sur la période de 1970 à 2003.
C'est à partir de 1994, après la dévaluation du FCFA, que la croissance économique a connu
un essor pour tourner autour de 5 à 6 %. Ces taux de croissance sont encore insuffisants pour
réduire la pauvreté et l'inégalité des revenus. C'est pour cette raison que l'État du Sénégal a
initié la stratégie de croissance accélérée qui consiste à propulser certains secteurs de
l'économie en vue de porter, à moyen et long terme, le taux de croissance réel annuel du PIB à
plus de 7 % en moyenne.
Cependant, l'évolution instable des termes de l'échange pourrait heurter cette volonté de l'État
qui consiste à relancer la croissance économique du pays. Elle pourrait être aussi un obstacle
pour l'atteinte des objectifs du millénaire pour le développement. Elle pourrait également
entraîner une instabilité des recettes d'exportation, perturber la gestion de la dette extérieure et
affaiblir les investissements. Elle empêcherait à l'État, qui est à la quête d'une croissance
économique stable et durable, d'assurer un niveau de vie élevé et le bien-être de sa population.
L'étude a pour objectif d'analyser l'impact des fluctuations des termes de l'échange sur la
croissance économique du Sénégal et repose sur les hypothèses suivantes
¾ Les fluctuations des termes de l'échange ont un impact négatif sur la croissance
économique ;
¾ La croissance des exportations a un impact positif sur la croissance économique ;
¾ La croissance des importations a un effet négatif sur la croissance économique.
La théorie économique définit les termes de l'échange comme le rapport entre le prix des
exportations et celui des importations avec une année de référence donnée.
Les termes de l'échange s'améliorent dans le temps, si 1-'on exporte une quantité moindre de
marchandises pour se procurer la même quantité de biens importés. Dans le cas inverse, les
termes de l'échange se dégradent.
Ce rapport de prix traduit l'évolution du pouvoir d'achat des exportations, à volume
d'échanges donné : la structure des échanges est fixée à partir d'un panier de référence
représentatif des flux commerciaux du pays considéré. Il reflète la compétitivité-prix d'un
pays donné. Il est indépendant des effets quantité.
Par hypothèse, Prebisch (1950) considère que les pays du tiers monde exportent leurs matières
premières vers les pays développés d'où ils importent des produits manufacturés. Ainsi les
termes de l'échange des pays du Sud se seraient détériorés. La cause principale de la
détérioration serait l'impact divergent, sur les prix, des gains de productivité selon qu'ils
concernent les produits primaires (issus de l'agriculture ou du secteur minier) et des produits
manufacturés.
Dans les pays développés, les gains de productivité dans la production des biens manufacturés
sont censés engendrer des revenus plus élevés, notamment des hausses de salaires sous la
pression de syndicats puissants et organisés.
Des études récentes ont été faites sur le rapport spécifique entre les fluctuations des termes de
l'échange et le développement, se fondant principalement sur une expérience africaine.
Selon Berthelier et al. (2004), la volatilité des prix des produits exportés perturbe la gestion
macro-économique des pays, décourage les investissements privés nationaux comme
étrangers et entretient la vulnérabilité des économies africaines.
Kose et Riezman (2001) examine le rôle des fluctuations des prix à l'importation et à
l'exportation en expliquant les fluctuations macroéconomiques de 22 pays africains non
exportateurs de pétrole entre 1970 et 1990. Construisant un modèle multisectoriel d'une petite
économie ouverte, et adaptant des données africaines à ce modèle, ils constatent que les
fluctuations dans les prix des biens échangeables dans le marché mondial expliquent
fortement la moitié des fluctuations dans le rendement global.
Pour analyser l'impact des fluctuations des termes de l'échange sur la croissance économique
du Sénégal, nous avons utilisé un modèle à correction d'erreur avec des variables de court
terme et des variables de long terme.
On part d'une fonction linéaire dont la variable endogène est le taux de croissance du PIB en
termes réels et la variable exogène le vecteur de l'ensemble des facteurs pouvant affecter la
croissance économique. Après des transformations, le modèle empirique qui découle de cette
fonction fait intervenir cinq variables : le taux de croissance réel du PIB (TCPIB), les
fluctuations des termes de l'échange (FLUTE), le taux de croissance des exportations de biens
et services (TEX), le taux de croissance des importations de biens et services (TIM) et le taux
d'inflation (INF).
Les résultats du modèle estimé montrent que les fluctuations des termes de l'échange, le taux
de croissance des importations, ainsi que le taux d'inflation n'ont pas d'influence significative
sur la croissance économique du Sénégal. Ces résultats confirment ceux obtenus par Diagne et
Daffé (2002) dans une étude qu'ils ont faite sur le profil de la croissance au Sénégal. Selon
eux, les variations des termes de l'échange et l'inflation sont sans influence significative sur la
croissance de l'économie sénégalaise.
En revanche, l'étude révèle que le taux de croissance des exportations est très significatif à
court et à long terme. Des résultats similaires ont été obtenus par Brochart (1984) qui a
montré qu'une augmentation des exportations du Sénégal de 5 % accroît le PIB à prix
constants de 0,4 %.
Il découle de cette étude que l'Etat doit promouvoir les exportations pour développer le
commerce extérieur et propulser la croissance économique. Pour cela, les politiques
économiques suivantes sont préconisées : la diversification des produits exportés, la
connaissance des marchés étrangers, une forte présence des produits locaux d'exportation sur
les marchés extérieurs, un encadrement rapproché des entreprises exportatrices et la création
d'un environnement incitatif en matière d'exportation sur les marchés extérieurs, un
encadrement rapproché des entreprises exportatrices et la création d’un environnement
incitatif en matière d’exportation.
Descripteurs :
Sénégal, croissance économique, termes de l’échange
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