LE PROGRÈS LUNDI 25 AVRIL 2016 16 ACTU LOIRE ET RÉGION LOIRE GÉ N ÉROSITÉ La loi contre le gaspillage, une bonne idée mais un vrai casse-tête Les magasins de plus de 400 m² ne doivent plus jeter de nourriture mais les associations de la Loire ne pourront pas tout récupérer. I nterdire à la grande distribution de jeter de la nourriture, tel est le contenu des amendements votés récemment par les députés. Si, limiter le gaspillage alimentaire est une noble cause, la mise en pratique n’est pas si simple. En effet, trois grandes associations collectent dans le département de la Loire : la Banque alimentaire, les Restos du cœur et le Secours populaire. Chacune fait de son mieux, selon ses moyens, pour assurer cette ramasse matinale dans les grandes enseignes. Mais il y a des limites qui sont concrètes : le temps imparti, le nombre de bénévoles et de véhicules. Sachant que les règles d’hygiène doivent être strictement respectées, comme la chaîne du froid mais aussi la date de péremption à ne pas dépasser. Alors, si chacune peut faire un effort supplémentaire, il est clair qu’il ne leur sera pas possible de servir toutes les ensei- gnes de plus de 400 m² comme l’exige la loi. On estime sur le département que 130 magasins sont concernés par cette directive et seulement 40 d’entre eux sont déjà partenaires d’une structure caritative. Tous les autres sont donc en demande de solution pour ne pas être hors la loi. Les associations préviennent : « On sera très vigilant sur la qualité des produits donnés, on ne veut pas devenir la poubelle de chaque grande surface ». En quête de solutions Alors, des solutions sont recherchées. Par exemple, la Banque alimentaire, qui fonctionnant comme un magasin général, pourrait déléguer certaines ramasses qui seraient alors effectuées directement par les associations qui n’auraient plus à passer au siège chaque jour. Gérard Ribeyron, le président, estime aussi que « chaque tournée peut être rallongée » de quoi engranger 20 % de plus. Il serait aussi possible de dupliquer dans la Loire la plate- n La Banque alimentaire fournit 53 associations de la Loire. Photo Yves FLAMMIN forme numérique baptisée Proxidon déjà en place dans le Rhône. Les magasins fournissent une liste des produits à donner sur un site internet et les associations font leur marché. Autre idée qui vient de germer, la Banque alimentaire envisage de transformer des fruits et légumes « qui sont parfois li- mites » pour faire des soupes, des confitures et des pâtes de fruits. Le projet est estimé à 45 000 euros et la recherche de partenaires a commencé. Il va sans dire que ce sont des hommes et des femmes de bonne volonté qui font tourner la machine. Ils seraient ravis d’être rejoints par de nouveaux bénévoles. Une organisation bien rodée « 90 % des fruits et légumes retirés des rayons sont donnés », les 10 % restants partent au compost car en mauvais état. Joël Dumeil, le responsable logistique d’Auchan Villars a mis en place une organisation bien rodée. Les rayons sont installés entre 4 heures et 6 heures du matin. Une équipe logistique récupère les produits, les trie et les conditionne dans des cageots en plastique pouvant se superposer. Tout cela dans une chambre froide dédiée. www.leprogres.fr Yvette Granger PRATIQUE Pour joindre la Banque alimentaire : 04 77 91 11 61. REPÈRE Le Monop’ en quête d’un partenaire n « Nous avons démarché les associations » 500 kg de denrées préparées Chaque jour, ce sont 500 kg de denrées préparées pour une deuxième vie. Outre les fruits et légumes, on trouve de la viande, de la crémerie, de la viennoiserie, les boîtes de conserve cabossées ou les paquets à peine déchirés sont ajoutés dans ce panier géant. Bien évidemment, les dates limites sont toujours respectées. L’équipe des bénévoles de la Banque alimentaire arrive à 8 heures, charge le camion frigorifique et re- Si les grandes surfaces sont contraintes de lutter contre le gaspillage, elles en tirent un bénéfice. Elles peuvent défiscaliser jusqu’à 60 % de la valeur marchande du don fait à une association. n Les produits sont conditionnés chaque matin à Auchan. Photo Yves SALVAT part à 8 h 15 poursuivre sa tournée. Tout est optimisé au maximum car la distribution doit se faire le matin même pour que les bénéficiaires aient accès à ces denrées au plus tard dans l’après-midi. Ici, on n’a pas attendu la loi anti gaspillage pour distribuer. La SPA reçoit les produits animaux, l’Agasef (Enfance et famille du Forez) récu- père textiles, vaisselle et jouets, le lycée agricole de Montravel est destinataire du compost. Et même le pain dur est remis à Agro-Ondaine pour servir d’appât à la pêche. Quand ce n’est pas récupérable, direction le bac à méthane. Cette fois, c’est une entreprise qui vient récupérer ces déchets qui vont devenir source d’énergie. Arnaud Lenne est le manager de direction du Monop’Hôtel de Ville à Saint-Étienne. Son magasin dispose d’une surface de 640 m² et il est donc concerné par cette réglementation. « Nous cherchons une association qui passe récupérer la marchandise. Nous avons démarché les Restos du Cœur mais ils ferment aux beaux jours, nous attendons une réponse de la Banque alimentaire ». Avant le vote des députés, les aliments périmés étaient jetés à la poubelle, comme des ordures ménagères. Ici, les produits frais sont retirés à J-2 et l’épicerie à J-30. Arnaud Lenne estime qu’il peut fournir l’équivalent de deux glacières de 40 litres en produits frais deux fois par semaine. LOI - 1