Pour aller plus loin: grandir à la ferme protège des

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Grandir à la ferme protège des allergies
Santé: Une étude soutenue par le Fonds national suisse montre que la saleté d’une étable aide à se prémunir
contre les allergies.
Nez qui coule et gorge qui gratte. La saison des allergies commence généralement en mars pour s’achever au mois de
juin. Du moins en ce qui concerne le pollen. Pour le reste, allergie alimentaire ou autre, c’est toute l’année. «Environ
25% de la population souffre de ce mal, rapporte le professeur Philippe Eigenmann, responsable de l’unité
d’allergologie pédiatrique aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). Un chiffre en constante hausse.»
Mais pourquoi sommes-nous de plus en plus sensibles aux allergènes? Afin de répondre à cette question, des
chercheurs, soutenus par le Fonds national suisse (FNS), ont fait naître des souris dans une étable à Vollèges, près de
Martigny (VS). Puis ils ont soumis les rongeurs à un allergène cutané artificiel. Leurs résultats, publiés le 8 mars dans
la revue Clinical & Experimental Allergy, montrent que les spécimens qui sont nés et ont grandi en laboratoire, dans
un milieu aseptisé, développent une réaction allergique plus importante que ceux vivant dans une ferme. En d’autres
termes, l’environnement rural semble protéger les animaux contre ces réactions immunitaires.
Un résultat qui n’est pas nouveau: «De précédents travaux ont déjà indiqué que les enfants de fermières ayant travaillé
à l’intérieur de l’étable pendant leur grossesse réagissent encore moins aux allergènes que les autres, raconte Philippe
Eigenmann, principal auteur de l’étude. Mais étudier des rongeurs nous a permis d’analyser en détail la réaction
allergique, chose impossible chez l’humain.» Chez la souris, donc, les résultats montrent que le système immunitaire
des rongeurs nés à la campagne s’avère beaucoup plus fort que celui de ceux vivants en laboratoire, avec notamment
des lymphocytes T – des cellules immunitaires – plus réactifs.
«Il semble que le système immunitaire soit plus stimulé lors de la vie à la ferme, notamment en raison de la présence
plus fréquente de bactéries. Cela le rend moins réactif à la présence d’allergènes dans l’environnement, explique
Philippe Eigenmann. A l’inverse, dans un milieu aseptisé, le système immunitaire se trouve, en quelque sorte,
désœuvré et donc très réactif à la moindre molécule.» La flore intestinale des rongeurs s’est également révélée
différente en fonction de leurs conditions de vie. L’appareil digestif des souris de ferme renfermait une plus
importante diversité de bactéries et un certain type de virus était présent en plus grand nombre. Ces mastadenovirus
pourraient être à l’origine de la modération de la réponse immunitaire.
Est-ce à dire que, pour protéger nos bambins des allergies, il faudrait les faire vivre dans un milieu moins aseptisé?
«L’hygiène a permis de réduire drastiquement le nombre d’infections, répond Philippe Eigenmann. Mais il existe un
revers à la médaille: les allergies sont en hausse. Il faut, bien entendu, conserver les bienfaits de la propreté. Mais nous
devrions trouver un moyen d’exposer nos enfants aux bactéries, par exemple sous une forme inactivée.» (TDG)
Créé: 09.03.2017, 10h07
http://www.tdg.ch/savoirs/sante/grandir-ferme-protege-allergies/story/29190311
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