Les préconditions du développement économique du Japon

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Démographie II.
Exposé dans le cadre du cours "Histoire économique A" du
25.03.2003
Fréderic Payot
Stefano Chiesa
Anton Rachinski
1
Première partie: Les préconditions du
développement économique du Japon
I. Introduction
Comme chacun le sait et comme indiqué dans le livre d'Angus Maddison "L'économie
mondiale-Une perspective millénaire", le Japon est le seul pays asiatique faisant partie du
groupe A. Et ceci s'explique entre autres par une formidable expansion économique qui se
manifeste aujourd'hui par un PIB nominal par habitant quasi égal à celui des Etats-Unis (cf.
annexe 3).
On peut dès lors se demander pourquoi n'y a-t-il pas d'autres pays asiatiques dans ce fameux
groupe de tête, pourquoi le Japon a-t-il connu un développement si différent de ses confrères
continentaux?
Il est clair que la réponse à cette question n'est pas simple et qu'elle nécessite des recherches
approfondies. C'est donc par le biais de cet essai que je vais tenter d'y répondre en me basant
sur une période bien particulière de l'histoire du Japon: l'ère Edo qui se déroula de 1603 à
1868 sous le règne de la famille des Tokugawa. Mon travail va donc consisté à analyser
successivement deux périodes de prospérité bien distinctes de cette ère sous des aspects
sociaux, culturels, politiques, économiques et légaux afin de montrer quelles sont les
préconditions de l'expansion économique Japonaise.
Mais avant cela, il me semble nécessaire de poser le contexte historique ainsi qu'une brève
description du fonctionnement de la société sous le régime des Tokugawa.
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II Contexte historique et politique de l'ère Edo
Dès la fin du VIe siècle, les pouvoirs de l'empereur, qui siégeait à Nara, puis à Kyoto, furent
limités par le développement de la féodalité: un ou plusieurs chefs militaires détenaient la
réalité du pouvoir et leur autorité était déléguée en province à des gouverneurs, les daimyô.
Jusqu'au XVIe siècle, plusieurs familles se partagèrent ainsi le pouvoir: les Fujiwara, les Taira
et les Minamoto.
En 1600, le daimyô d'Edo (aujourd'hui Tokyo), Tokugawa Ieyasu (1543-1616), défit tous ses
opposants à la bataille de Sekigahara et pris pour lui seul le titre de shogun (général en chef).
Il unifia le Japon sur lequel sa famille maintiendra sa domination jusqu'en 1868, l'empereur ne
conservant uniquement ses fonctions spirituelles de grand prêtre du shintô (religion indigène
du Japon de type chamanique, vénérant les forces de la nature).
La dictature des Tokugawa fut marquée par la stabilité du régime pendant deux siècles et
demi: gouvernement fort et centralisé à Edo, hiérarchie sociale très rigide, fermeture du Japon
aux influences extérieures et la bourgeoisie commerçante prospérant, l'art se développa en se
dégageant de l'influence chinoise.
Au XIXe siècle, cet isolationnisme se heurta à la pression grandissante des Etats-Unis et des
pays européens, soucieux d'ouvrir le Japon à leur commerce. En 1854, le commodore
américain Perry, commandant une escadre de la marine de guerre, fit ouvrir sous la menace
deux ports japonais (Shimoda et Hakodate). En quelques années, le Japon se trouva ouvert à
tous les pays étrangers et l'empereur Mutsuhito (1867-1912) prit la tête d'un mouvement
national qui obligea le dernier shogun, Tokugawa Yoshinobu (1837-1913), à se retirer le 9
novembre 1867. La monarchie fut rétablie, et la capitale Edo, rebaptisée Tokyo.
A partir de 1868, l'ère Meiji (ère des lumières) mit un terme à l'ère Edo en abolissant la
féodalité, à laquelle succéda un Etat centralisateur, gouverné par une monarchie
constitutionnelle, qui ouvrit le Japon au monde moderne.
III. Les préconditions du développement économique
1. Première période: de 1600 à 1750
1.1 Facteurs sociaux:
a) Les théories sociales du confucianisme:
Le confucianisme n'est pas une religion, mais plutôt un code moral pour la vie en société avec
une perspective humaniste. Il n'existe de dévotion à aucun dieu, mais un respect d'une
hiérarchie stricte pour permettre un fonctionnement optimal et sans conflit de la société.
L'individu se doit de rechercher le perfectionnement personnel, en tentant de devenir meilleur,
en étudiant et en perfectionnant ses relations suivant cinq principes:

Relations de prince à ministre
3

Relation de père à fils (principe de pouvoir)

Relation de femme à mari

et de cadet à aîné (principe de respect)

Relation d'ami à ami (principe de loyauté)
Ce qui signifie en clair qu'on doit respect et obéissance à celui dont la situation sociale est
plus élevée.
Il est à noter que recevoir du respect signifie en contrepartie être digne de lui et se comporter
de manière droite et juste, c'est-à-dire éviter les abus de pouvoir.
En se basant sur ces théories, les Tokugawa créèrent une hiérarchie sociale à quatre échelons.
Au sommet viennent les guerriers administrateurs, puis les paysans, les artisans et enfin les
marchands. Le premier ordre reproduit les grandes lignes de l'organisation militaire de la
période féodale; c'est une nouvelle aristocratie constituée de samouraïs (bushi en japonais) qui
n'ont pas le droit de se mêler aux autres couches de la société et qui portent, comme signe
distinctif, deux sabres. Malgré leur influence sur la vie économique et culturelle du pays, les
marchands viennent en bas de l'échelle sociale.
b) Les rapports sociaux:
La féodalité décentralisée, l'empereur restant en marge de tout lien féodal, présentait une
particularité: les rapports sociaux y étaient réglés par la morale et le devoir l'emportait sur le
droit. Le despotisme du supérieur ne s'exprimait pas à travers un absolutisme personnel. Le
rôle du chef était de légitimer les décisions prises par un consensus élaboré en dessous de lui.
Le devoir de loyauté du féal s'accompagnait aussi du devoir de reprendre éventuellement ses
supérieurs fautifs.
c) La motivation des paysans:
Au début du XVIIe siècle, alors que les paysans devaient payer des droits de propriété
excessifs pour pouvoir exploiter des terres, ils firent preuve d'une motivation exceptionnelle.
Augmenter leur productivité et donc leur volume de production leur permettrait d'acquérir une
indépendance certaine se manifestant ainsi par une possibilité d'acheter des terres et donc de
ne plus devoir payer de taxes. On a pu donc observé à cette époque, non seulement une
croissance de la production, mais aussi une croissance du nombre de ces paysans
indépendants. Et cette motivation grandissante joua un rôle essentiel dans la révolution
agricole du début du XVIIe siècle et qui sera expliquée plus loin.
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1.2 Facteurs culturels:
a) Recherche de l'harmonie et du compromis:
Les japonais ont toujours tentés de domestiquer leur nature tumultueuse et violente par la
recherche de l'harmonie à travers l'agencement des espaces ainsi que par la recherche du
compromis. A ceci s'ajoute la rigueur de la culture du riz, ressource initiale essentielle, qui
exigeait un dur travail communautaire dans les rizières où est né le sens du groupe consensuel.
Et la prééminence de cette notion de groupe, qui s'appuyait sur la solidarité entre les membres
et leur dévouement total, reste toujours le fondement du corps social.
b) Le pragmatisme des japonais:
Le relativisme pratiqué par les japonais explique aussi leur très grand pragmatisme qui les
conduit à séparer l'apparence de la réalité et à absorber les cultures et les technologies venues
de l'extérieur, mais aussi à résister à des religions et à des idéologies considérées comme trop
absolues.
c) Rejet de la religion chrétienne:
Les Tokugawa n'ignoraient pas les progrès de l'expansion coloniale européenne en Asie du
Sud-Est et ils savaient que les missionnaires chrétiens avaient souvent ouvert la voie à la
pénétration militaire et à la conquête. Les autorités japonaises eurent peu à peu la conviction
qu'il importait de bannir le christianisme pour assurer la stabilité politique et la sécurité du
pays. De plus, le christianisme présentait une caractéristique différente des religions déjà
existantes, celle d'être fondée sur l'individualisme et d'être ainsi en rupture avec la conscience
de groupe. Tokugawa Ieyasu lança alors des édits qui interdirent le christianisme et
menacèrent de mort les convertis qui refusaient d'abjurer.
1.3 Facteurs politiques:
a) L'unification politique du Japon:
Les Tokugawa mirent en place, dès le début du XVIIe siècle, une solide administration
centrale capable de gérer le pays tout entier et qui se signalait par son double caractère
bureaucratique et collégial. En dépit du contexte social typiquement féodal, les conditions de
recrutement des fonctionnaires étaient régies par des procédures bureaucratiques. Si le statut
héréditaire limitait le choix des postes auxquels chacun pouvait prétendre, le talent individuel
restait, à l'intérieur de ces limites, la clé des carrières, principalement pour l'accès aux emplois
supérieurs. Le second trait caractéristique était la collégialité des décisions. Dans tous les
domaines, la responsabilité collective primait l'autorité individuelle.Les détenteurs des
fonctions officielles ne jouaient qu'un rôle de figurants et la réalité du pouvoir appartenait à
des conseils et à des fonctionnaires travaillant par paires.
b) la police secrète de Edo:
Le gouvernement de Edo institua une catégorie spéciale de fonctionnaires - les metsuke faisant à la fois office de censeurs chargés de dénoncer les mauvais serviteurs de l'Etat et de
mouchards préposés à la surveillance des hommes et des groupes suspects au régime. Ainsi, le
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gouvernement des Tokugawa a-t-il le privilège (peu enviable) d'avoir été parmis les premiers
à disposer d'une importante et efficace police secrète, bientôt érigée au rang de principal
organe de l'Etat.
c) Le système du sankin-kotai:
Ce système fut inauguré à partir de 1635 par le gouvernement afin de s'assurer de la loyauté
des daimyô. Les daimyô de province étaient obligés de maintenir une résidence à Edo, d'y
séjourner une année sur deux et d'y laisser en permanence leur famille. Ce système était pour
les daimyô une lourde charge financière qui en contrepartie assurait la prospérité économique
de la capitale.
d) Stabilité politique et sécurité:
Le gouvernement des Tokugawa disposait seul du pouvoir militaire, ayant interdit aux daimyô
de posséder armes et canons et ayant aboli le transport de troupes et de matériels. Il leur
affecta des samouraï mais ces derniers, anciens militaires redoutables des guerres civiles,
n'étaient plus que des auxiliaires du maintien de l'ordre. Cette situation entraîna leur
désarmement. Le gouvernement lui-même allégea considérablement ses propres forces
armées, son pouvoir militaire se limitant à organiser la paix à l'intérieur du Japon. Ainsi le
shogun supprima les guerres civiles orientant le champ de la compétition entre les fiefs vers
l'activité économique. Il s'ensuit la plus longue période de paix qu'ait connu le Japon, près de
deux siècles et demi.
1.4 Facteurs économiques:
a) La révolution agricole:
Vers 1600, c'est une véritable révolution agricole qui s'opère au Japon. Une des raisons
invoquée plus haut était la motivation exceptionnelle des paysans. Mais la cause principale est
sans doute le rapide progrès technologique qui s'opéra au début du XVIIe siècle, se
manifestant notamment par un important progrès des méthodes d'irrigation. 28% des projets
d'irrigation majeurs de 781 à 1867 ont été entrepris durant la période 1596-1650, ceci
s'expliquant par la grande capacité à mobiliser de la main-d'oeuvre et des fonds. Cette
abondance de main-d'oeuvre découle d'une forte augmentation de la force de travail en milieu
rural, résultant de la transition démographique japonaise qui s'opéra plus ou moins entre 1500
et 1700.
b) Le développement des marchés urbains:
Parallèlement à l'unification politique et à la révolution agricole se créa un marché national en
milieu urbain. L'apparition de la notion de libre entreprise et la croissance de la population
dans les villes (Edo était alors la première agglomération mondiale) contribuèrent largement
au développement du commerce de textiles, aliments, lampe à huile, etc...
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c) Le développement des réseaux de transport:
On peut citer l'apparition de postes qui servaient de relais et d'auberge pour les marchands se
rendant dans les villes et le développement des ports, aidé par la volonté militaire de
transporter rapidement des armes et des hommes en cas d'attaques du continent.
d) La création d'un système monétaire:
Un des facteurs principaux de l'expansion économique japonaise durant cette période fut
l'édification d'un système monétaire basé sur une émission nationale, et conservant une valeur
monétaire au riz, et non plus sur l'importation de monnaies chinoises. Et même si le shogunat
imposa son autorité sur les émissions monétaires de l'ensemble du territoire au cours du
XVIIe siècle, l'aide de la bourgeoisie, fondeurs et financiers, s'avéra indispensable pour
l'émission et la circulation des valeurs.Une partie de la population citadine était donc
profondément impliquée dans la politique monétaire du shogunat, comme dans la politique
financière des fiefs.
e) Fermeture au commerce international:
L'objectif de stabilité visé par le régime se traduisit par une politique de fermeture du pays qui
le garantissait des changements pouvant intervenir à l'extérieur. Le Japon s'est protégé des
ambitions européennes. Comme indiqué plus haut, il s'est protégé contre le christianisme mais
aussi du point de vue économique, ce qui permis de limiter les sorties d'or. Dès lors, tout
commerce avec l'extérieur était impossible et interdit excepté avec les chinois et les hollandais
dont seules les importations de médicaments et de livres étaient autorisées, le Japon s'assurant
ainsi les bénéfices des sciences européennes.
1.5 Facteurs légaux:
a) Le droit de la propriété:
Dans un premier temps, les paysans, qui payaient des droits de propriété annuels directement
au daimyô, contractèrent des droits grâce auxquels ils pouvaient manager la terre qu'ils
cultivaient et le travail comme ils le voulaient. Il faut néanmoins différencier les droits de
cultiver une terre, attribués aux paysans, et les droits de recevoir une rente d'une terre,
attribuées uniquement aux daimyô. Dans un second temps, les paysans reçurent la propriété
des terres qu'ils cultivaient et devinrent ainsi indépendants.
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2. Deuxième période: de 1750 à 1868
2.1 Facteurs sociaux:
a) Disparition des frontières entre classes sociales:
Dans cette économie monétaire en plein développement, daimyô et samouraï éprouvaient
souvent de graves difficultés financières; nombreux étaient ceux qui devaient s'endetter
auprès de riches marchands des villes. Bientôt la frontière séparant l'aristocratie de la classe
marchande commença à s'estomper par le jeu combiné des alliances matrimoniales et des
itinéraires individuels de régression et d'ascension sociale. Et à la fin du XVIIIe et au début du
XIXe siècle, une nouvelle couche d'entrepreneurs plus agressifs commença à émerger des
zones rurales. Son apparition sonna le réveil des campagnes japonaises.
b) Montée de la bourgeoisie urbaine:
Allant de plus en plus vers une économie d'échanges, le statut des marchands dans les villes,
considérés comme la classe sociale la plus basse, acquis une importance sans précédent. Leur
rôle dans la politique monétaire du gouvernement et la politique financière des fiefs, ainsi que
leur richesse grandissante les amena au rang de bourgeois.
c) L'éveil de la conscience nationale:
C'est surtout l'éveil de la conscience national qui prélude à la modernisation du pays. On
constate à cet égard que le sentiment national apparaît au Japon plus tôt et sous une forme
plus aiguë que dans les autres pays asiatiques. Notons toutefois que la Corée et les autres pays
d'Asie du Sud-Est, dont la situation à l'égard de la Chine est comparable à celle du Japon,
seront beaucoup plus lents à découvrir leur propre identité nationale. Les raisons de ce retard
tiennent sans doute à leur contiguïté géographique, à l'adoption précoce des pratiques
politiques et sociales chinoises et à la subordination militaire périodiquement imposée par le
grand voisin. Les japonais, eux, sont séparés du continent par la mer; ils n'ont jamais été
vaincus par les armées chinoises et pendant toute la période féodale, ils ont su préserver
l'autonomie de leurs institutions.
2.2 Facteurs culturels:
a) Apparition d'établissements d'enseignement:
Dans plusieurs fiefs on vit apparaître des établissements d'enseignement destinés aux
samouraï; les citadins et les paysans devaient se contenter de petites académies privées sous le
nom d'écoles monastiques. On estime qu'à la fin de la période Tokugawa environ 45% des
hommes savaient lire et écrire contre seulement 15% des femmes. De semblables
pourcentages supportent aisément la comparaison avec ceux des pays d'Europe à la même
époque et ils excèdent de très loin ceux des autres pays asiatiques.
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b) Développement précoce d'un art populaire:
Si quelques grands artistes continuent à produire des oeuvres destinées à l'aristocratie, la
plupart s'attachent à satisfaire les goûts de la bourgeoisie nouvelle. Ainsi, se développe la
technique de la reproduction xylographique qui permet d'imprimer pour un prix raisonnable
de nombreux exemplaires d'une même estampe polychrome. Les sujets les plus reproduits
sont des acteurs célèbres, des courtisanes renommées, des femmes élégantes, parfois
représentées avec une légère intention érotique. Par la suite se développe le goût des
reproductions de paysages et de sites, lointains ancêtres de nos cartes postales. Ces techniques
sont assurément une des premières manifestations connues au monde d'un art véritablement
populaire.
c) La soif de connaissances:
Avec la naissance de l'économie commerciale et la montée de la bourgeoisie urbaine, la soif
de connaissances et le goût de la spéculation intellectuelle ne cessent de s'affirmer. Cette
curiosité se traduit d'abords par un regain d'intérêt pour l'Europe. L'importation de livres
européens étant autorisée, exception faite bien entendu des ouvrages religieux, une poignée
d'hommes à l'appétit intellectuel grandissant, s'attelle à l'étude de la science européenne et
noue des contacts avec les commerçants hollandais pour apprendre leur langue. Vers le milieu
du XIXe siècle, de nombreux japonais sont devenus des experts de spécialités occidentales
aussi variées que l'armurerie, la fonderie, les constructions navales, la cartographie,
l'astronomie ou la médecine. Quoique peu nombreux, ils forment un corps de techniciens de
grande valeur, capable de donner une nouvelle impulsion au développement scientifique.
2.3 Facteurs politiques:
a) L'ouverture du Japon:
En juillet 1853, le Commodore américain Perry presse le Japon d'ouvrir ses portes au
commerce international et donne un délai d'un an afin que le gouvernement prenne sa décision.
Pour la première fois depuis deux siècles et demi de pouvoir militaire, le shogunat consulte
l'empereur qui décide de conserver la politique d'isolationnisme. Mais en mars 1854, Perry
revient avec une escadre renforcée. Le shogun, face à la puissance militaire américaine et au
blocus de la baie d'Edo, est contraint de signer un traité selon lequel il devra ouvrir deux ports,
Shimoda et Hakodate. Rapidement des traités similaires seront signés avec la GrandeBretagne, les Pays-Bas et la Russie. C'est l'ouverture forcée du Japon au commerce
international.
2.4 Facteurs économiques:
a) Economie d'échange:
Même si les Tokugawa et l'ensemble de la classe aristocratique s'accrochèrent obstinément à
l'idée que l'agriculture constituait l'unique source de richesse du pays, une classe commerçante
active, dans les villes, jetait les bases d'une économie d'échange à priori peu compatible avec
les structures d'une société féodale. L'ancienne capitale impériale de Kyoto connut un
nouveau dynamisme en devenant le foyer d'une production artisanale de haute qualité et
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Osaka, grâce à sa position stratégique, accéda au rang de principal entrepôt commercial du
Japon occidental. De nombreux daimyô y établirent des maisons de commerce pour y écouler
leur production agricole ou se livrer aux activités économique les plus variées.
b) Economie monétaire:
Une véritable économie monétaire se développa sur l'ensemble de l'archipel. L'agriculture
commercialisait une part croissante de ses produits sur le marché national. Le crédit sous
toutes ses formes devenait d'un usage courant pour tout type de transaction et deux bourses de
commerce à Osaka et à Edo publiaient les variations quotidiennes du cours du riz.
c) Le réveil des campagnes:
Le Japon rural a enregistré pendant toute cette période des progrès réguliers qui se sont
traduits par un accroissement des revenus, une spécialisation des cultures, une amélioration
des techniques agricoles, et une intégration des activités rurales dans les circuits économiques
de la nation. D'ailleurs, dans certaines régions, les paysans étaient libres d'organiser la vie
villageoise à leur gré dès lors qu'ils payaient l'impôt. Et l'agriculture de subsistance tendait à
être relayée par une agriculture travaillant pour le marché. Pour accomplir les gros travaux, on
n'hésitait pas à embaucher une main- d'oeuvre salariée. Autant d'indices révélateurs du
dépérissement de l'organisation économique de type féodal.
d) Les progrès de la production de biens finis:
Ils se traduisent par un perfectionnement des techniques artisanales. Les fabricants de poterie
et de porcelaine adoptent les procédés des potiers coréens; ils dotent l'archipel d'une poterie
nationale d'excellente qualité technique et artistique. Dans des domaines tels que l'industrie
textile ou la production de laque décorative, les japonais font preuve d'un goût esthétique très
sûr que la fabrication à grande échelle n'altère jamais. Cette production de masse hautement
qualifiée et ce sens infaillible de l'esthétique ont caractérisé jusqu'à nos jours l'organisation de
l'économie japonaise.
IV Conclusion
Le tournant que le Japon a su prendre au XIXe siècle avec l'ère Meiji resterait
incompréhensible si l'on décidait d'ignorer la période Tokugawa, elle-même étroitement liée à
l'expérience féodale antérieure. Il est significatif de constater que l'Europe occidentale n'a
opéré sa grande mutation technologique, institutionnelle et idéologique que le jour où elle
s'est dégagée d'une expérience féodale similaire. Entre l'évolution du Japon et celle de
l'Europe, existe un parallélisme frappant. Ce sont les deux seules régions du monde à avoir
connu une véritable société féodale; ce sont aussi celles qui ont été les premières à entrer dans
le cycle de la croissance économique. L'existence d'une pareille concomitance incline à penser
qu'une expérience féodale constitue peut-être le meilleur prélude au développement des forces
de modernisation d'un pays.
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V Bibliographie
Ouvrages
Beasley, W. G., The modern history of Japan, Tokyo, Charles E. Tuttle Company, 1982.
Flouzat, Denise, Japon: éternelle renaissance?, Paris, Presses Universitaires de France, 2002.
Frédéric, Louis, Le Japon: dictionnaire et civilisation, Paris, Robert Laffont, 1996.
Hall, John Whitney, Japan before Tokugawa: political consolidation and economic growth,
Princeton, Princeton University Press, 1981.
Murdoch, James, A history of Japan; vol.3, London, K. Paul Trench Trubner, 1926.
Reischauer, Edwin O., Histoire du Japon et des japonais, Paris, Editions du Seuil,1997.
Totman, Conrad D., Politics in the Tokugawa Bakufu: 1600-1843, Berkley, University of
California Press, 1988.
Totman, Conrad D. (transl.), Tokugawa Japan: the social and economic antecedents of
modern Japan, Tokyo, University of Tokyo Press, 1990.
Yamamura, Kozo, A study of Samurai income and entrepreneurship: quantitative analyses of
economic and social aspects of the Samurai in Tokugawa and Meiji Japan, Cambridge
Massachussetts, Harvard University Press, 1974.
Liens internet
Institut de recherches politiques et économiques sur le Japon et l'Asie contemporains:
irpejac.free.fr
L'ère Tokugawa: perso.club-internet.fr/setzer/tokugawa/index.htm
Centre de recherches sur le Japon: www.ehess.fr/centres/crj
Statistics bureau and statistics center: www.stat.go.jp/english/index.htm
11
Annexe 1
Petit lexique:
Confucianisme: enseignement politico-social dû au sage chinois Confucius, reposant sur la
vertu d'humanité.
Daimyô: titre donné à tous les seigneurs gouvernant de larges territoires et ayant un grand
nombre de vassaux
Edo: ancien nom de la cité de Tokyo, utilisé de 1180 à 1868
Meiji: nom d'ère signifiant "Gouvernement éclairé", correspondant au règne de l'empereur
Meiji (Mutsuhito).
Shintô: religion indigène du Japon, de type chamanique, vénérant des kami (forces de la
nature ou "êtres supérieurs") dont les esprits sont censés pouvoir habiter temporairement des
objets ou des végétaux.
Shogun: titre conféré par l'empereur au plus puissants des chefs des clans militaires.
Tokugawa Ieyasu (1542-1616): fondateur de la dynastie shogunale, il réussit, pour la première
fois de l'histoire du Japon, à unifier le pays sous une même autorité.
Tokugawa Yoshinobu (1837-1913): quinzième et dernier shugun Tokugawa. Dès son
avènement, il dut faire face à la rébellion nationaliste des clans Choshu et Tatsuma dont les
samouraï, groupés autour du jeune empereur Mutsuhito, le contraignirent finalement à donner
sa démission (1867) pour fonder un gouvernement collégial avec les daimyô.
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Annexe 2
Liste des règnes des différents shoguns à l'époque d'Edo (famille Tokugawa):
1. Ieyasu (1603-1605)
2. Hidetada (1605-1623)
3. Iemitsu (1623-1651)
4. Ietsuna (1651-1680)
5. Tsunayoshi (1680-1709)
6. Ienobu (1709-1712)
7. Ietsugu (1713-1716)
8. Yoshimune (1716-1745)
9. Ieshige (1745-1760)
10. Ieharu (1760-1786)
11. Ieynari (1787-1837)
12. Ieyoshi (1837-1853)
13. Iesada (1853-1858)
14. Iemochi (1858-1866)
15. Yoshinobu (1867)
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Deuxième partie: Le développement
économique de l’Australie au 19e siècle.
I.Introduction.
Le but de cette partie n’est sûrement pas de résumer l’histoire de ce pays lointain, mais plutôt
de se concentrer sur quelques aspects de son évolution démographique et économique sur une
période de temps bien définie et de tenter d’analyser ces points d’un point de vue historique,
en accord avec le nom du cours. Nous allons néanmoins inclure quelques détails purement
historiques dans le texte qui va suivre (et notamment dans la partie introductive), simplement
parce qu’il nous ne semblait inutile de partager quelques unes de nos « découvertes » avec
ceux que prendront le temps de lire ce document.
Il est important de noter que l'histoire économique australienne dont nous allons traiter cidessous ne peut vraisemblablement pas être étudié sans faire référence à celle de la GrandeBretagne, du moins pas en ce qui concerne le 19e siècle. Ainsi, nous prévenons le lecteur que
ces références seront assez nombreuses mais qu'elles auront toujours pour but d'expliquer
davantage les points principaux qui seront traités dans notre travail.
1.1 Un historique: pourquoi l’Australie ?
A la fin du 18e siècle, suite à une série de mesures maladroites dans sa politique extérieure,
l’Angleterre perd plusieurs de ses colonies d’outre-mer, dont notamment une partie de ses
territoires en Amérique du Nord qui deviendront les Etats-Unis d’Amérique ainsi que
plusieurs îles dans les Antilles et les Baléares.
C’est donc pour des raisons stratégiques qu’il était impératif de rapidement soumettre de
nouveaux territoires à la domination britannique. Dans ces conditions, la découverte du
"Nouveau Pays de Galles" par le capitaine James Cook en 17701 était plus que bienvenue. En
effet, la colonisation de ce nouveau continent permettrait, dans l'esprit des politiciens
britanniques de l'époque, de répondre aux succès des expéditions coloniales des Français, des
Hollandais et des Espagnols.
Mais il y a une deuxième raison probablement plus significative que la première qui explique
la précipitation avec laquelle les britanniques ont commencés la colonisation de Botany Bay
qui se situe sur la côte est de l'Australie. Qu'est ce qui attirait les dirigeants anglais dans ce
climat peu accueillant et particulièrement pauvre en eau potable qu'ils ont trouver dans le
"Nouveau Pays de Galles". La réponse: sa capacité naturelle à devenir un gigantesque
pénitencier. En effet, la déportation des détenus vers les colonies était pratique courante dans
l'Empire britannique depuis le début du 17e siècle et c'est en 1717 qu'elle a été intégrée dans le
1
En fait, il semblerait que les premiers marins à longer les cotes australiennes étaient des Hollandais: en 1606 ils
ont tracés les contours nord et ouest du continent qu'ils ont baptisé la "Nouvelle Hollande". Ceci dit l'idée de
coloniser ces nouvelles terres a rapidement été abandonnée par manque de ressources naturelles intéressantes
pour les navigateurs Hollandais.
14
code pénal en tant que procédure officielle. Les colonies Américaines étaient le lieu de
prédilection pour la déportation des délinquants britanniques mais elles durent être
proclamées indépendantes suite au traité de Versailles en 1783. Ce qui présentait le "Nouveau
Pays de Galles" comme l'endroit idéal pour déporter les nouveaux détenus britanniques. Ainsi,
les détenus furent les premiers véritables colonisateurs de l'Australie.
II. Croissance économique Australienne avant 1900.
Au début du 18e siècle, le tableau économique international pouvait être dépeint en termes de
deux groupes d'acteurs: les pays du "centre" et les pays de la "périphérie". La GrandeBretagne faisait bien sur partie du premier groupe: son économie était caractérisée par une
diminution de la part de main d'oeuvre engagée dans l'agriculture au profit de l'industrie. Dans
ce contexte, la croissance économique et la prospérité dépendaient surtout de
l'approvisionnement de l'industrie en quantités suffisantes de matières premières, de la
disponibilité de nourriture pour la population, ainsi que d'une croissance de la demande pour
les produits manufacturés. Or, il était démontré déjà dans les années 1820 qu'il était plus
profitable par exemple d'importer de la laine australienne vers l'industrie textile anglaise que
de la produire cette matière première au dans l'agriculture domestique (la fameuse théorie des
avantages comparatifs!). Ainsi, l'interaction commerciale entre la Grande-Bretagne et
l'Australie pouvait se résumer à l'importation de matières premières australiennes et
l'exportation de biens industriels produits en Angleterre (toujours selon la théorie des
avantages comparatifs: l'industrie étant évidemment bien mieux développée en GrandeBretagne qu'en Australie).
Mais l'interaction économique entre ces deux pays ne se limitait pas uniquement à ce type de
commerce. L'Australie bénéficiait aussi d'investissement britanniques (car les meilleurs
rendements se trouvaient dans les pays avec lesquelles il y avait le plus de commerce) ainsi
que d'un flux de main d'oeuvre en provenance du "centre", notamment de la Grande-Bretagne.
Ainsi, l'économie australienne était dépendante de l'économie britannique et présentait un
exemple typique de relation existante entre un pays du "centre" et un pays de "périphérie".
2.1 Evolution économique.
En 1815, la population australienne était de 15000 seulement. Vers la fin du 19e siècle, elle est
montée jusqu'à 4 millions avec un niveau de vie semblable à celui des pays européens
industrialisés. Une progression étonnante, surtout étant donné la distance qui sépare le
continent australien de son partenaire commercial principal et le pays dont il dépendait le plus
à cette époque - la Grande-Bretagne ainsi que les conditions défavorable auxquelles étaient
soumis les colons dès le départ. A la différence avec l'Amérique du Nord, où l'expansion vers
l'ouest au 19e siècle (qui présente les mêmes caractéristiques que la colonisation de l'Australie)
s'est déroulée depuis les régions sur les côtes atlantiques qui étaient colonisées depuis deux
siècles déjà, la colonisation et le développement de l'économie australienne se sont produits
pratiquement en l'espace d'un siècle, et sans la présence de régions industrialisées dans le
voisinage. En d'autres termes, l'économie australienne est partie à zéro pour obtenir des
résultats admirables un siècle plus tard. Comment une telle progression était-elle possible?
15
Il semble que le développement économique australien au 19e siècle a été le produit de
l'interaction de deux types de groupes de forces. Du coté de l'offre, on peut citer 3 types de
facteurs principaux d'influence. Premièrement, l'augmentation progressive des ressources
naturelles exploitées: la découverte de terres utilisables pour l'agriculture et de divers minerais.
Deuxièmement, l'augmentation de la main d'oeuvre disponible non seulement suite à une
croissance naturelle liée à la fécondité de la population initiale, mais aussi l'immigration
massive2 (en provenance principalement de Grande-Bretagne). Troisièmement,
l'augmentation de l'épargne domestique et de l'investissement étranger (toujours en
provenance principalement de la Grande-Bretagne).
Du coté de la demande, on peut distinguer les influences intérieures et extérieures sur
l'économie australienne au 19e siècle. A l'intérieur du pays, le taux élevé de croissance de la
population stimulait certains types de production: le secteur alimentaire, celui de la
construction et du bâtiment ainsi que l'offre de biens non échangeables et des services. Sur le
plan international, l'Australie exportait des biens dont la production nécessitait (exploitant
ainsi un avantage comparatif) de grandes quantités de ressources naturelles et importait des
commodités qui ne pouvaient pas être produites dans le pays. Ainsi, le niveau de demande
agrégée dépendait fortement de facteurs domestiques et étrangers.
Sur ce sujet, il nous semble pertinent d'ajouter que l'accès à la mer avait joué un rôle
primordial dans le développement économique australien (comme dans celui de beaucoup
d'autres pays d'ailleurs). En effet, dans les paragraphes qui suivent nous parlerons beaucoup
de l'interaction de l'Australie avec le monde extérieur au 19e siècle: il est évident que sans la
présence de la mer beaucoup de ces interactions seraient impossibles et alors le tableau que
nous allons dépeindre ci-dessous serait tout à fait différent.
Pour expliquer les phénomènes qui ont eu une influence sur l’économie ainsi que la
démographie australienne, nous pouvons séparer le processus de développement économique
au 19e siècle en quatre phases distinctes entre 1820 et la deuxième moitié des années 1890.
Nous allons traiter chacune de ces phases séparément.
Les années 1820 et 1830 étaient des années du premier véritable « boom pastoral » en
Australie, basé sur l’élevage de mérinos pour obtenir de la laine qui serait exportée en
Angleterre à l’état primaire. La laine est en effet un produit idéalement adapté à une économie
abondante en terre et pauvre en main d’oeuvre, nécessitant peu d’investissement en capital.
Au même temps, la laine avait suffisamment de valeur par rapport à son poids pour que le
transport à travers le pays et ensuite par la mer jusqu’en Grande-Bretagne ne soit pas un
obstacle important. La laine était donc le produit national par excellence, elle est vite devenue
le produit principal d’exportation. Ceci dit, d’autres produits agricultures tels que le blé ainsi
que les minerais de cuivre étaient exploités là ou les terres le permettaient. Du point de vue de
la population, elle était de 400000 habitants en 1851 (sans compter les Aborigènes),
concentrée principalement dans les régions urbaines comme Sydney et Melbourne.
Dans les années 1850, l’économie australienne a vécu un autre boom dont l’importance
relative n’a jamais pu être égalée depuis. L’or a été découvert dans deux des colonies
britanniques : Victoria et le « Nouveau Pays de Galles ». Trois ans après la Californie, une
nouvelle ruée vers l’or avait commencée en Australie. L’or a remplacé la laine en tant que
principal produit d’exportation pendant presque deux décennies. Le niveau de population a
2
On reviendra plus en détail sur ce sujet.
16
explosé, passant de 400000 à 1.1 million en dix ans. Ceci s’explique par le fait que les
premiers gisements d’or découverts étaient alluviaux ce qui attirait des nombres
impressionnants d’immigrants. Qui plus est, les gisements étaient découverts dans des régions
capables de supporter une agriculture intensive ce qui a stimulé considérablement non
seulement le secteur d’agriculture, mais aussi celui du bâtiment et de la construction. En
même temps, la diminution de la demande de laine fut compensée par l’augmentation de la
demande de viande. Ainsi, l’économie australienne était en pleine expansion.
Dans les années 1860 jusqu’aux 1890, l’expansion de l’industrie de la laine a repris, mais de
façon moins considérable qu’avant 1850. Pour cela il existe trois explications. Premièrement,
la production de l’or a diminué très progressivement, contribuant ainsi à la balance des
paiements et attirant de nouveaux investissements britanniques. Deuxièmement, la production
de laine céda partiellement sa place à d’autres activités liées à l’élevage dans plusieurs régions
du pays. Troisièmement, les gouvernements des colonies commencèrent à être impliqués dans
ce que l’on appelait la « stratégie du développement ». Des obligations étaient émises sur le
marché londonien, des terrains publics étaient vendus et des impôts sur le revenu furent
instaurés. Ces sources servaient à financer la construction d’installations d’utilité publique
telles que ponts, routes, ports etc. plutôt que d’être investies dans la production de laine. Les
flux d’immigrants étaient maintenus grâce aux subsides gouvernementaux.
Finalement, les années 1890 furent une décade de récession majeure pour l’économie. Cette
récession avait pour cause l’expansion de l’industrie de la laine dans des régions avec des
niveaux trop bas et trop instables de précipitations, un important investissement du
gouvernement dans le développement de l’infrastructure qui avait des rendements bien trop
bas, ainsi que le changement de l’attitude des investisseurs britanniques par rapport au bienfondé de l’investissement dans l’industrie australienne. Quelque soit la raison dominante, les
années 1890 ont vu une importante réduction de la population de moutons, une augmentation
du chômage ainsi qu’une cessation de l’immigration. Malgré cela, l’activité économique était
maintenue par une reprise dans l’industrie de l’or grâce à la découverte de nouveaux
gisements et une diversification conséquente dans la production agricole. Celle-ci était due
non seulement au déclin de la production de laine, mais aussi au développement d’autres
denrées agricoles, telles que le blé, la viande et les produits laitiers, les deux derniers étant
encouragés par l’introduction de la réfrigération dans le transport de longue distance (toujours
vers l’Angleterre).
La reprise économique qui aurait du avoir lieu vers la fin des années fut retardée par une très
rude sécheresse. Ainsi, comme nous le voyons sur le graphique ci-dessous, ce n’est qu’à partir
de 1904 qu’on peut parler d’une véritable reprise économique. Cela dit, les changements
structurels qui ont eu lieu dans l’industrie, l’agriculture et sur le marché du travail australiens,
ont, semble t-il, été bénéfiques pour l’économie à plus long terme, comme nous allons
constater.
PIB
PIB
réel Population réel/tete
1861-1889
4,8
3,5
1,3
1889-1905
0,8
1,7
-0,8
1905-1914
5,2
2,3
2,9
Source : R.Maddock et I.W.Maclean, The Australian Economy In The Long Run
17
2.2 Conclusion : comparaison entre les offshoots britanniques.
Au même titre que les Etats-Unis ou le Canada, l’Australie peut être considérée comme un
offshoot britannique. Mais à la différence des deux premiers pays, la colonisation et
l’industrialisation australienne ont eu lieu plus tard. Regardons dans un premier temps
l’évolution des niveaux de population des trois pays :
Population des offshoots depuis 1820
300000000
Population
250000000
200000000
Australie
150000000
Canada
100000000
USA
50000000
0
1870 1913 1950 1973 1990 1998
Année
Source : A.Maddison, The World Economy
Il existe évidemment une énorme différence au niveau des ordres de grandeur entre les USA
et les deux autres pays. Pour bien se faire une idée de l’évolution des populations, nous allons
utiliser un graphique semi-logarithmique.
Population
Population des offshoots depuis 1820
1000000000
100000000
10000000
1000000
100000
10000
1000
100
10
1
Australie
Canada
USA
1820 1870 1913 1950 1973 1990 1998
Année
Source : A.Maddison, The World Economy
Nous voyons ici que l’évolution des populations a été très semblable a travers la période
étudié, la croissance australienne étant même plus forte sur la période de 1820 à 1870. Ceci
s’explique par le boom économique et la ruée vers l’or qui ont eu lieu à cette époque et qui
ont entraînés une immigration massive dans le pays. Nous pouvons aussi remarquer avec le
graphique ci-dessous que la croissance de la population australienne durant cette période n’a
jamais pu être égalée par la suite, sans doute grâce a un taux d’immigration extrêmement
élevé qui s’est ajouté à une croissance naturelle.
18
Taux de croissance
Croissance de la population des offshoots
4.00
3.50
3.00
2.50
2.00
1.50
1.00
0.50
0.00
Australie
Canada
USA
1820-1870
1870-1913
1913-1950
1950-1973
1973-1998
Année
Source : A.Maddison, The World Economy
Au point de vue du PIB, la situation est assez semblable à celle vue précédemment dans le
sens ou les ordres de grandeur sont différents pour les trois pays, nous allons donc étudier leur
évolution par le moyen d’un graphique semi-logarithmique :
PIB des offshoots
1E+14
1E+12
PIB
1E+10
Australie
1E+08
Canada
1E+06
USA
10000
100
1
1820
1870
1913
1950
1973
1990
1998
Annee
Source : A.Maddison, The World Economy
Nous nous apercevons de nouveau que la croissance australienne était plus forte entre 1820 et
1870 et qu’il y a assez peu de différences dans les niveaux de croissance des trois pays depuis.
Il serait intéressant d’étudier le PIB par tête :
19
PIB par tête des offshoots
PIB par tête (en $)
30000
25000
20000
Australie
15000
Canada
10000
USA
5000
0
1820
1870
1913
1950
1973
1990
1998
Année
Source : A.Maddison, The World Economy
La chose remarquable est qu’avec un retard initial de l’Australie dans le PIB par tête (517$ en
1820 contre 893$ au Canada et 1257$ aux USA), le pays arrive en tête en 1870 et en 1913.
Nous allons discuter des raisons de cette impressionnante performance à la fin de notre
conclusion. En regardant le graphique en barres ci-dessous, nous voyons clairement qu’entre
1820 et 1870, la croissance australienne est beaucoup plus importante que celle des deux
autres offshoots. Il semble donc que cette période soit cruciale dans le développement
économique de l’Australie.
Taux de croissance
Croissance du PIB par tête des offshoots
4.50
4.00
3.50
3.00
2.50
2.00
1.50
1.00
0.50
0.00
Australie
Canada
USA
18201870
18701913
19131950
19501973
19731998
Année
Ce que l’on constate après avoir étudié tous ces graphiques est que malgré des conditions
initiales défavorables ainsi qu’un retard dans le développement, l’Australie a non seulement
réussi à rattraper ce retard ce retard, mais a dépasser les deux autres offshoots en terme de PIB
réel par tête. Comment un tel essor économique a t-il été possible ?
Premièrement, il faut tenir compte du fait qu’une économie ne peut pas fonctionner sans un
système juridique bien défini. Or, les colons australiens ont hérité du système juridique
anglais qui était établi dès le départ sur les nouveaux territoires. Sur ce sujet, on peut ajouter
aussi que le fait que les colonisateurs étaient des détenus a pu avoir son importance. En effet,
selon certains historiens, la main d’oeuvre australienne composée de détenus ou d’ex-détenus
20
aurait été plus productive que celle au Canada ou aux Etats-Unis. En effet, les prisonniers
travaillaient plus dur pour obtenir d’abord leur liberté et ensuite un statut social qu’ils auraient
jamais pu avoir en Angleterre.
Deuxièmement, comme nous l’avons déjà mentionné, la présence d’un accès total à la mer fut
cruciale pour le commerce australien. Nous pouvons aussi souligner la relation économique
très étroite qui liait l’Australie à la Grande-Bretagne, sans laquelle ce commerce ne serait pas
possible. C’est cette même relation qui a permis à l’Australie d’avoir des investissements
anglais dont ne bénéficiant pas les USA ou le Canada, ou en tout cas pas dans la même
mesure.
Troisièmement, il faut accentuer le fait que les ressources naturelles du pays ont été utilisées
au maximum dès les toutes premières années de colonisation. La production de laine pour
exploiter l’avantage comparatif a été mise en place très rapidement mais c’est grâce à un
heureux concours de circonstances que ce produit principal d’exportation correspondait si
bien aux conditions géographiques de l’Australie ainsi qu’au niveau technologique qui était
disponible aux colons.
En ce qui concerne la période 1820-1890, la découverte de l’or a bien évidemment joué un
rôle primordial dans l’évolution économique de l’Australie, tant au niveau économique qu’au
niveau démographique.
III. Bibliographie :
« The Australian economy in the long run » , R.Maddock et I.W.McLean, Cambridge
University Press, 1987
« Inventing Australia: Images and Identity 1688-1980 », R.White, George Allen & Unwin,
1981
« Empire: How Britain made the modern world », N.Ferguson, Allen Lane (The Penguin
Press), 2003
« The World Economy: A Millenial Perspective », A.Maddison, OECD, 2001
21
Troisième partie: Le Brésil, esclavage et
immigration au 19eme siècle
A. Introduction
Deux aspects assez intéressants et fondamentaux de l'évolution brésilienne ont été,
chronologiquement, l'esclavage et l'immigration européenne: celle-ci a commencé en quantité
massive juste à la fin de l'ère liée à l'exploitation des esclaves.
Concernant l'esclavage mon intention est de montrer l'évolution et les particularités liées à la
réalité brésilienne.
Relativement à l'immigration je vais plutôt considérer des cas concrets: celui de Nova
Friburgo (immigration suisse) et l'immigration italienne, cas assez frappant.
En guise de conclusion je vais me pencher sur l'intégration des différentes ethnies dans le
Brésil depuis 1888, date de l'abolition de l'esclavage; cette dernière partie montrera des
aspects assez frappants (mais pas du tout étonnants, vus les autres pays colonisateurs) de la
population portugaise qui colonisa le Brésil.
B. L'esclavage
Après un premier essai de colonisation en 1531 et après avoir étés chassés par les indiens,
n'ayant pas réussi à s'adapter au climat sub-équatorial et à la concurrence française et
hollandaise, en 1549 le roi nomma Tome de Sousa, premier gouverneur du Brésil; il avait
comme but de centraliser l'autorité et sauver les régions encore en main des premiers
colonisateurs. Pour ce but partirent 1000 personnes sur 10 navires, dès leur arrivée, ils
s'aperçurent que le seul climat se prêtait à la culture de la canne à sucre. Cela demandait de la
main d'oeuvre et donc des esclaves furent amenés depuis l'Afrique dès que cette découverte
fut faite, vue que les aborigènes ne supportaient pas les maladies européennes et que n'étaient
pas enclins au travail dur.
A cause de cette incapacité au travail et à leurs attaques au moment où les premiers colons
sont arrivés, les portugais commencèrent à les exterminer (il passèrent de 6 millions avant
l'arrivée des européens à 100'000 en 1950).
( cf Annexe 4)
22
Les esclaves furent utilisés dans différents secteurs:
- le sucre
- l'or et les diamants
- le café
- le coton
- le cacao
- le caoutchouc
- l'entretien de bétail
- le riz
La principale activité au début était celle de la production du sucre jusqu'à la crise sucrière du
début du XVIII siècle et depuis ce moment, vue aussi les plus grands gains possibles avec
l'extraction de l'or, le travail fut dans les mines.
Dans les sucreries les esclaves travaillaient pratiquement sans interruptions et ils étaient
nourris par leur propriétaire pour qu'il n'aient pas la satisfaction de produire quelque chose
pour eux même, mais aussi pour diminuer les impôts des propriétaires, car les charges à
l'intérieur de l'entreprise n'étaient pas taxées.
Pour ce qui concerne les champs des esclaves étaient mis en couples. Chaque jour ils devaient
rassembler un certain quota; si ils le faisaient, dans leur temps libre ils pouvaient faire ce
qu'ils voulaient, avoir donc un terrain, pouvoir cultiver pour leur famille et se construire une
maison. Au cas où le quota n'était pas atteint, les punitions étaient très sévères, leur temps
libre enlevé et le quota pour les jours après augmenté. Le gros danger lié au travail était celui
des animaux dangereux cachés dans les champs. L'espérance de vie d'un noir dès le début du
travail dans les champs était estimé à 10 ans.
Entre temps la découverte de l'intérieur du Brésil permit le retrouvement des premiers filons
d'or dans la région de Minas Gerais autour du 1800. Cette découverte arriva au bon moment,
car la crise de sucre se faisait sentir de plus en plus. Cela a pu donner du nouveau travail à
tous les propriétaires qui étaient en difficulté et qui ne savaient plus comment survivre et
donner du travail aux esclaves. Les planteurs se déplacèrent donc vers la région de l'or et les
esclaves devinrent mineurs.
Avec cette transformation, les conditions de vie des esclaves furent encore plus dures, surtout
parce que les maîtres les faisaient travailler sans interruption et sans les nourrir, vue que dès
l'arrivée ils commencèrent tout de suite avec la recherche de l'or. Si le patron permettait aux
esclaves de cultiver eux-mêmes des petits champs, la production était quand même
insuffisante pour nourrir tout le monde, vu que Minas Gerais était une zone très aride.
Les esclaves étaient souvent battus et les femmes violées, c'est comme ça que rapidement la
race métisse vit le jour. Dans ces cas, souvent les femmes tuaient leurs propres enfants pour
leur empêcher de vivre une vie pareille.
Toutes ces facteurs réunis ont conduit certains esclaves à essayer de s'enfuir, ce qui pouvait
avoir des conséquences terribles si ils étaient retrouvés, mais qui les condamnait à la mort
sociale s'il réussissaient.
L'autre issue, qui a donné des résultats nettement meilleurs pour les esclaves, a été celle de la
révolte: la violence liée à celles-ci était directement proportionnelle à la violence utilisée
précédemment par les négriers. La révolte des esclaves d'Haïti montra la voie aux brésiliens,
qui gagnèrent eux aussi la leur. Depuis ce moment, les Rois portugais commencèrent à
23
prendre des décisions liées à la libération des esclaves et en 1888 la Princesse Isabella
prononça l'abolition de l'esclavage sans indemnisation pour les anciens propriétaires.
Jusqu'à présent j'ai toujours sous-entendu que les esclaves étaient que des Noirs, en réalité la
situation n'est pas si simple: les aborigènes brésiliens furent de plus en plus utilisés, même si
considérés moins valables, vu que leur coût était nettement plus bas et le nombre à disposition
à court terme amplement plus haut.
C. L'immigration italienne du XIX siècle
90000
estimation de Arthur
Hehl Neiva
80000
70000
60000
estimation de Emilio De
Luca
50000
40000
30000
20000
estimation de Salvio de
Almeida Azevedo
concernant la totalité
des immigrés
10000
0
1901 1902 1903 1904 1905 1906 1907
commentaire: à noter que les chiffres données par Azevedo sur la totalité des immigrés au
Brésil sont pour les trois premières années inférieures aux chiffres que De Luca donne pour
les immigrants italiens
la situation dans la région de São Paolo:
avoir des immigrants italiens au lieu des esclaves dans les fazendas de café faisait que tout
marche au mieux: l'immigrant italien était considéré comme une personne qui portait le
progrès, l'esclave par contre montrait de la décadence.
Entre 1888 et 1890 ex esclaves et immigrant travaillaient l'un à côté de l'autre. Pendant cette
période il avait été démontré que des fazendas plus petites mais travaillant avec des
immigrants produisaient plus que d'autres plus grandes mais avec des esclaves. Le seul
problème pour les propriétaires de ces entreprises étaient les suivants: les immigrants
voulaient avoir à disposition des écoles, des magasins et des bistros où pouvoir vivre leur
moment de loisirs.
Ce qui est frappant de cette première phase est que les autorités brésiliennes et les
propriétaires étaient disposés à payer le voyage aux agriculteurs italiens tellement leur aide
était considéré de valeur. Il faut aussi souligner que les immigrants étaient en prévalence très
pauvres et donc le rapatriement était pratiquement impossible.
24
Entre 1875 et 1891 plus que 250'000 personnes sont arrivés aux Brésil mais la date du début
de l'immigration massive est autour du 1887, juste avant l'abolition de l'esclavage.
Les fazendeiros étaient normalement les anciens propriétaires d'esclaves et donc la transition
pour eux aussi n'a pas été si simple: il est souvent difficile de s'habituer à payer les salaires et
fournir des infrastructures aux immigrants. Tout ceci provoque chez les immigrants du
mécontentement; pour que ces gens-ci restent le propriétaire faisait de façon à qu'ils
s'endettent dans le magasin lié à la fazenda avec des prix sur les biens très élevés ce qui
amenait donc l'immigrants à rester lié à son patron.
Tout ceci a continué pendant deux ans, en fait autour du 1890, 80'000 italiens arrivent et les
protestes augmentent tellement que les fazendeiros doivent changer leur attitude.
Depuis ce moment les immigrés auront:
- une propre production et leur propre terre
- des ventes en cas de surplus
- des protection de la part des autorités
- des infrastructures pour leur famille
À partir de là on pourra les considérer comme des colons, ceux-ci seront respectés et, à part
quelques rares cas de violence, ils ne seront jamais discriminés par leur provenance.
Tous les auteurs paulistes décrivent les italiens comme des héros qui ont sauvé l'état de São
Paolo de la ruine qui aurait dû y avoir au moment de la fin de l'esclavage.
Une alternative qui était proposé aux immigrants par les producteurs de café était celle d'avoir
leur propre maison, des terres pour leurs propres besoins en proportion des plantes de café que
le producteur leur avait donné à cultiver.
D Nova Friburgo
En mai 1817 Sebastien Nicolas Gachet, un diplomate fribourgeois désire créer au Brésil une
ville de colons suisses. Il propose donc le projet au gouverneur de Fribourg pour avoir la
permission de aller parler avec les autorités brésiliennes pour avoir une place dans les plaines
près de la mer.
"en outre de l'agriculture qui fera ma principale occupation, je me propose de faire de vives
tentatives pour procurer dans ces contrées lointaines l'écoulement de nos produits
manufacturés, avantages à désirer dans les circonstances actuelles de la Suisse"; cette phrase
montre son projet décrit quelque ligne avant.
Quand il arrive au Brésil le premier ministre refuse de l'écouter mais le roi accepte; sa
proposition était celle d'une colonie suisse, professant religion catholique, apostolique et
romaine, composé de 300 familles soit 2'000 personnes pour la première année et croissant
chaque année. En grande partie il y aurait eu des agriculteurs et des artisans.
Pour le Brésil cela aurait permit de s'étendre économiquement et démographiquement grâce
aux connaissances dans l'élevage, l'agriculture et l'industrie (en particulier dans le coton et la
tannerie) des suisses; en échange le gouvernement brésilien devait fournir certains aides à
cette colonie: dans le premier dix ans les colons ne devaient pas payer les impôts ni de dîmes
et après ils seront devenus brésiliens. En outre les terrains auraient dû devenir propriété des
suisses et le transport payé.
25
La décision est très difficile mais après de longues contractations Nova Friburgo voit la
naissance, au moins théorique pour le moment, le 16 mai 1818 avec le traité de colonisation.
Voici le contenu du traité:
- cent familles
- religion catholique, apostolique et romaine
- naturalisation dès le début et serment de fidélité
- transport payé
- pleine propriété des terres, ils recevront aussi animaux et semences
- dix ans de privilèges militaires et fiscaux
- possibilité de rentrer librement
- possibilité de posséder des esclaves
Pour le Canton de Fribourg s'annoncent 879 personnes pour partir mais tous ont besoin d'aide
pour se payer le voyage jusqu'en Hollande vu que Gachet avait dit que le gouvernement
brésilien aurait payé que la traversée de l'Atlantique. Dans le seul Canton de Fribourg les
personnes acceptées sont 702 et pour toute la Suisse 2016. Ce qui étonne est que pour
beaucoup de Cantons ceux qui adhèrent à cette aventure sont forcés vu qu'ils sont des
prisonniers ou des pauvres à la charge du Canton.
Suite à plusieurs faits négatifs liées à la gestion du voyage, Gachet est soulevé de sa charge de
consul et mis sous procès. Le créateur de cette aventure ne verra jamais Nova Friburgo.
1631 personnes arrivent a Nova Friburgo après un voyage parti de Estavayer-le-Lac, passant
en suite en Hollande et grâce 7 bateaux ils arrivent au Brésil. Les derniers sont arrivés à Nova
Friburgo le 18 février 1820; celle-ci pourrait être la date de la vraie naissance de cette ville
voulue par les suisses, crée par des suisses et maintenant habitée aussi par les suisses.
Le 17 avril 1820 arrive à Nova Friburgo un officier brésilien qui dit ces mots pour accueillir
la population: «montrez que vous avez l’âme fière et élevé et que si vous êtes venus chercher
au Brésil un asile que si n’est ni la crainte, ni le danger qui vous ont fait vous écarter de
l’Europe, mais bien l’ennui et la fatigue des bouleversements politiques qui ont agité et
tourmenté cette vielle terre».
Je vais maintenant donner une liste des faits importants après la fondation :
- les brésiliens n’acceptent pas la présence de protestants (provenant de la suisse
alémanique) sur leur sol brésilien, ils essaient donc de les convertir, en partie avec succès
- les colons vivent mal et ne se nourrissent pas correctement
- le taux de mortalité est très haut les 6 premiers mois
- les terres autour de la ville sont adjugés au colons par tirage au sort
- l’Etat brésilien finance les entreprises de petite industrie qui se créent à Nova Friburgo
Le deuxième et le troisième faits montrent déjà une situation qui se rapproche de la crise :
celle-ci arrivera dés que ils commenceront la saison agricole: des pluies abondantes détruisent
les champs et ruinent les maisons de la ville. Pour la première fois des esclaves sont utilisés
pour créer une route qui passe entre les champs, mais celle-ci sera aussi détruite à cause du
mauvais temps. Il faut aussi dire que ces mêmes esclaves seront utilisés en suite pour déboiser
les terrains des différents colons.
Après cette triste situation la majorité des colons se découragent et certains veulent même
rentrer. Les compatriotes qui étaient déjà partis précédemment pour faire fortune à Rio ce
chargent de les aider financièrement, vu que depuis la Suisse personne ne faisait rien et que le
26
gouvernement brésilien avait fini les fonds pour les subsidier. La mobilisation des suisses à
l’étranger est très grande et une nouvelle vague d’optimisme prend vie à Nova Friburgo.
Au début les conditions de vie s’améliorent mais après 1826 les problèmes réapparaissent et
tous les suisses partent pour Rio.
(cf Annexe 5)
E. Intégration des populations aborigènes et immigrantes depuis 1888
En ce qui concerne les populations immigrantes, comme on a vu pour les immigrants italiens,
l’intégration dans la communauté brésilienne, s’est faite sans aucun problème vue que
l’Europe était vue comme une terre d’immigrants utiles pour le bien-être de la nation.
La situation des aborigènes indios est nettement différente : au début ils ont été massacrés et
depuis 1950 les autorités ont pris beaucoup de mesures pour l’amélioration de la vie et la
survivance de leur race. Ils ont maintenant droit à des territoires appelés réserves et leur
nombre à en fait augmenté jusqu’à 150'000. Pour les protéger la constitution de 1988
reconnaît des droits collectifs aux populations indigènes sur les terres qu’ils occupent
historiquement; l’article 231 précise: «sont reconnus aux Indiens leur organisation sociale,
leurs coutumes, leurs langues, leurs croyances et leurs traditions ainsi que leurs droits
originels sur les terres qu’ils occupent traditionnellement, et il appartient à l’Union de les
délimiter, protéger et faire respecter tous leurs biens».
D’autres lois concernent directement le statut d’indiens et montrent les intentions du
gouvernement indien; plusieurs objectifs sont énoncés:
- étendre aux Indiens les bénéfices d’une législation commune
- prêter assistance aux Indiens et aux communautés indigènes
- respecter les particularités inhérentes à la condition indigène
- assurer aux Indiens la possibilité du libre chois dans leurs moyens de subsistance
- garantir aux Indiens la permanence de leurs territoires
- respecter dans le processus d’intégration de l’Indien à la communauté nationale, la
cohésion des communautés indigènes, ainsi que leurs valeurs culturelles, leurs
traditions, leurs us et coutumes
- réaliser des programmes visant à faire bénéficier les communautés indigènes
- utiliser la coopération, l’esprit d’initiative et les qualités personnelles de l’Indien en
vue de l’amélioration de ses conditions de vie et de son intégration dans le
développement du pays
- garantir aux Indiens et aux communautés indigènes la possession permanente des
terres qu’ils habitent en leur reconnaissant le droit à l’usufruit exclusif des richesses
naturelles
- garantir aux Indiens l’exercice complet de leurs droits civils et politiques
Malgré tous ces jolis mots l’idée qui est gardée par les brésiliens est celle que les aborigènes
sont quand même des personnes qui na savent pas travailler et donc peu respectés. Un
exemple sur tous sont les conditions pour les indiens de participer dans des tribunaux
- être âgé d’au moins 21 ans
- connaître la langue portugaise
- se qualifier pour une activité utile dans la communauté nationale
- comprendre les usages et les coutumes de la communauté nationale
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F. Bibliographie
-
Katia M. De Quieros Mattoso, Être esclave au Brésil, Hachette, Paris, 1979, 313 pp
-
Laird W. Bergad, Slavery and the Demographic and Economic History of Minas
Gerais, Brasil, 1720-1888, Cambridge University Press, Cambridge, 1999, 298 pp
-
Gilberto Freyre, Maîtres et esclaves, Gallimard, Paris, 1974, 550 pp
-
Mario Maestri, L'esclavage au Brésil, Karthala, Paris, 1991, 196 pp
-
Martin Nicoulin, La Genèse de Nova Friburgo, editions universitaires Fribourg,
Fribourg, 1973, 2ème volume, 364 pp
-
La presenza italiana nella storia e nella cultura del Brasile a cura di Rovilio Costa e
Luis Alberto De Boni, Edizioni della Fondazione Giovanni Agnelli, Turin, 1987, 440
pp
Et trois sites Internet assez intéressants:
- home.tvd.be/cr26093/brasil.html
Donne des informations de base concernant la colonisation et l'esclavage
- http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/amsudant/bresil.htm
Concerne plutôt la situation actuelle des Indios, dans le complexe très riche d'informations
bien précises
- http://perso.wanadoo.fr/miscigenation/bresilpop.htm
Donne un point de vue sur la situation démographique actuelle et quelques informations sur la
condition actuelle des Noirs
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