GUIDE DE LA RENOVATION (collection parcours pédagogiques, Foucher) Les idées forces Le nouveau positionnement de l'économie et du droit constitue un élément fondamental de la rénovation. I. L'articulation entre BEP et baccalauréat professionnel Schématiquement on peut dire que : • en BEP, la logique principale du droit et de l'économie est celle de la personne • en baccalauréat professionnel, la logique principale est celle du professionnel. Logique principale ne signifie pas exclusive; le développement de la personne et la formation du professionnel sont étroitement liés et les deux aspects se retrouvent aux deux niveaux. L'économie et le droit appartiennent au domaine professionnel. L'étude du droit et de l'économie ne débouche pas (sauf quelques aspects limités) sur des savoirfaire professionnels c'est pourquoi le référentiel ne formule pas de « compétences professionnelles » en droit et en économie. En revanche, l'acquisition et la mise en pratique des compétences professionnelles suppose certaines connaissances juridiques et économiques qui sont présentées comme des « connaissances associées » à l'exercice du métier. La pédagogie est axée sur l'observation et l'analyse de situations d'entreprise. En BEP, les objectifs sont principalement le développement de la personne et la préparation à l'enseignement dispensé en baccalauréat professionnel, notamment l'acquisition du vocabulaire de base. La pédagogie s'appuie sur le vécu de l'élève en tant que jeune, consommateur, citoyen et futur salarié. II. Baccalauréat professionnel, l'économie et le droit se situent autour du cœur du métier On peut distinguer quatre grands objectifs : 1. Se situer dans l'entreprise L'économie et le droit permettent à l'employé qualifié du tertiaire administratif de se situer dans l'entreprise, par rapport à la direction de l'entreprise et par rapport aux autres services ; ces savoirs lui fournissent des clés pour : • comprendre le rôle du service auquel il appartient, dans le fonctionnement d'ensemble de l'entreprise, • comprendre les décisions prises par la direction et leurs enjeux pour l'entreprise, • comprendre les informations venant des autres services : non seulement leur contenu technique mais aussi leur portée dans le fonctionnement de l'entreprise ; cette compréhension lui est indispensable pour communiquer avec les autres services. L'économie apporte une vue d'ensemble de la structure de l'entreprise et de son fonctionnement. L'entreprise est présentée comme un système qui évolue en permanence pour s'adapter aux changements de son environnement et notamment du marché : accentuation de la concurrence, progrès techniques, ouverture des frontières. L'élève découvre les activités de l'entreprise par les grands domaines : - action commerciale, production, gestion des ressources humaines, financement - et les grandes tendances d'évolution de celle-ci. Les compétences professionnelles sont organisées par activités, ce qui peut donner une représentation morcelée et partielle de l'entreprise ; la vision d'ensemble apportée par l'économie et le droit corrige cette expression éventuellement réductrice de la qualification. Économie générale, économie d'entreprise II ne s'agit pas de disciplines différentes ni de sous-ensembles hermétiques. La distinction recouvre des points de vue différents : l'économie d'entreprise s'intéresse aux problèmes économiques que se pose un chef d'entreprise qui doit prendre des décisions, l'économie générale organise les données et les analyses utiles aux responsables économiques nationaux (gouvernement, autorité monétaire, analyste de l'INSEE). Les problèmes traités sont en partie les mêmes (ex. : l'investissement, l'exportation) mais d'autres sont spécifiques (ex. : l'imposition des bénéfices, le taux de change) ; quand ils sont les mêmes, ils ne sont pas traités de la même façon et ni avec les mêmes objectifs (ex.: l'emploi, le financement de l'entreprise). Étudier 'économie d'entreprise, c'est observer et analyser le fonctionnement de l'entreprise en essayant de rendre compte de la logique interne de celle-ci, c'est-à-dire de la logique des décisions de l'entrepreneur, parfois en tension avec les intérêts de ses salariés. Le lien entre économie d'entreprise et économie générale est évident si l'on considère que l'économie générale constitue « l'environnement » de l'entreprise (ex. : la politique du taux d'intérêt) et qu'une décision d'économie générale devrait reposer sur une bonne compréhension des mécanismes de l'entreprise (ex. : une politique de relance de l'investissement). Le référentiel de baccalauréat professionnel est orienté vers l'économie d'entreprise ; celui de BEP vers l'économie générale. •— 2. Acquérir des outils méthodologiques L'économie et le droit comprennent l'utilisation de méthodes spécifiques qui sont très utiles à l'employé pour 'exercice des savoir-faire professionnels. Ces méthodes et outils d'analyse sont notamment : • l'analyse d'un document • l'observation et l'analyse d'une situation d'entreprise • la mise en évidence d'un problème de gestion • l'analyse et la représentation de données quantitatives (tableaux, pourcentages, graphiques, calculs économiques)' • l'analyse d'un contrat • la recherche d'une information dans une documentation •— 3. Comprendre le cadre juridique de l'activité de l'entreprise L'action de l'entreprise se situe dans un cadre juridique précis qui est la base du fonctionnement de notre système d'économie de marché. Le référentiel de baccalauréat professionnel insiste sur trois aspects fondamentaux : • le contrat, • la responsabilité, • les règles de la concurrence. •— 4. Acquérir des savoir-faire professionnels spécifiques (droit) Le référentiel de droit du baccalauréat professionnel comporte aussi un ensemble de règles que l'employé administratif qualifié utilise directement dans son travail professionnel ; la connaissance de ces règles et la capacité de les mettre en pratique relève de la compétence professionnelle ; celleci s'exerce dans trois domaines : • fiscalité, • droit du travail, • droit des affaires (certains aspects). Actuellement le pôle économique et juridique regroupe l'ensemble des connaissances économiques et juridiques indispensables à l'exercice des compétences professionnelles. L'horaire est de 2 heures hebdomadaires, dont une heure dédoublée. 2. La certification est renforcée dans le cadre d'une unité spécifique au sein de l'épreuve scientifique et technique. L'évaluation s'était appauvrie au fil des années de sorte que le contraste était fort entre les ambitions affichées par le référentiel et le niveau des questions de 'examen. Désormais, est instituée une unité spécifique d'une heure, clairement orientée vers l'observation et l'analyse de situations d'entreprise. 3. Les contenus, mieux délimités, comportent une dimension méthodologique à développer. Le nouveau référentiel propose moins de matière pour laisser place à des savoir-faire méthodologiques. Cette réduction de la matière est clairement explicitée dans la colonne de droite du référentiel (limites). Le professeur est invité à s'en tenir aux limitations proposées et à prendre le temps de faire acquérir les contenus par des méthodes d'observation et d'analyse de situations. • L'enseignement économique et juridique du BEP est centré sur la personne, son éducation et sa socialisation. L'enseignant est invité à privilégier les approches concrètes liées au vécu de 'élève, à ses préoccupations ou à ses interrogations sur le monde qui l'entoure. L'élève est vu à la fois comme un jeune qui s'intègre dans la société, un consommateur, un citoyen et un futur salarié, sans privilégier aucun de ces aspects. L'économie apporte une compréhension des mécanismes élémentaires de l'économie afin d'éclairer certains grands problèmes de notre société : protection sociale, emploi, internationalisation, union européenne, etc. En BEP, il s'agit essentiellement d'économie générale. Les connaissances de base des droits fondamentaux de la personne et du fonctionnement des institutions judiciaires et politiques donnent au jeune citoyen et au futur salarié un cadre solide pour son insertion sociale, au sens large. • Par ailleurs, l'acquisition du vocabulaire économique et juridique de base tel qu'il est prévu dans le référentiel doit être une priorité. Ce vocabulaire devra être considéré comme acquis lors de l'entrée en baccalauréat professionnel ou technologique. • Le changement par rapport à l'ancien référentiel Le changement est surtout important dans le contenu de la partie économique : • moins de notions et surtout moins de difficultés conceptuelles • orientation vers l'économie générale pour construire le « soc e » des formations ultérieures. Le référentiel et les pratiques pédagogiques Pour le baccalauréat professionnel, le référentiel invite, par son écriture, à une démarche active et progressive : observer la réalité, essayer de la comprendre, en tirer des conclusions de portée générale. Il s'agit d'éviter tout développement théorique a priori sous prétexte d'armer l'élève pour qu'il aille ensuite interpréter la réalité. Certes, l'élève ne peut pas tout redécouvrir, mais le professeur est là pour l'aider à formuler des énoncés de portée générale à partir d'une observation du réel (ou d'un réel reconstitué) ; ce qui compte, c'est de proposer une activité ou un questionnement pertinent s'appuyant sur des représentations simples mais frappantes du réel, pour permettre à l'élève de tirer lui-même des cône usions que le professeur contribuera à améliorer ou à élargir. Certes le résultat de la démarche sera une conceptualisation ou une théorisation, mais c'est le cheminement proposé pour y arriver qui est essentiel, à la fois pour l'efficacité de l'acquisition du savoir et parce qu'il entraîne l'élève à un raisonnement économique et juridique qu'il devra pratiquer dans l'entreprise. La première partie, en tête du référentiel, vient renforcer l'objectif méthodologique de l'enseignement économique et juridique : La composante méthodologique des compétences en économie et droit doit être privilégiée en particulier en ce qui concerne les points suivants : 1 ) Observer et analyser une situation d'entreprise (caractériser son contexte, son activité principale, son organisation et sa structure, ses performances...) ; 2) Mettre en évidence un problème lié à un choix de gestion et comparer des soutiens envisagées ; 3) Dégager les incidences juridiques d'une situation d'entreprise ; 4) Analyser un document économique et/ou juridique ; 5) Analyser, représenter, interpréter des données quantitatives ou statistiques ; 6) Consulter, mettre à jour, exploiter une documentation juridique ou économique ; 7) Analyser un contrat. Pour le BEP, la démarche active et progressive se définit de façon analogue à ce qui a été dit pour le baccalauréat professionnel. Ce qui change c'est l'objet de l'observation : beaucoup moins de situations d'entreprise mais par contre des situations de consommateur, de jeune et de citoyen. L'épreuve économique et juridique au Bac Pro : Définition de l'épreuve E1B : Cette partie a pour but de vérifier que le candidat est capable de mobiliser ses connaissances en économie et droit afin de traiter une ou plusieurs questions sur un thème économique et/ou juridique en relation avec une situation professionnelle en entreprise. Evaluation : Le jury vérifie que le candidat maîtrise les connaissances relatives au thème, et qu'il sait mettre en œuvre les capacités méthodologiques inscrites au référentiel, à savoir : • observer et analyser une situation d'entreprise • mettre en évidence un problème de gestion et comparer des solutions envisagées • dégager les incidences juridiques d'une situation d'entreprise • analyser un document économique et/ou juridique • analyser, représenter, interpréter des données quantitatives ou statistiques • consulter, mettre à jour, exploiter une documentation juridique ou économique • analyser un contrat. En outre, le jury apprécie les qualités rédactionnelles, la justesse du vocabulaire utilisé, la clarté et la concision de l'expression.