Les mots qui et que

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Les mots qui et que
Qui et que font partie d’une série de morphèmes construits sur la bas [k-], dont les autres
représentants en AF sont quel, quoi et cui. Ces morphèmes prolongent diverses formes latines
(quis, qui, quam, quem, quod, quia, quid, cui…), dont le nombre s’est progressivement réduit
pour s’organiser en un paradigme dont les linguistes contemporains (plutôt guillaumiens) se
sont efforcés de montrer la cohérence. L’évolution historique, en simplifiant le système des
formes, lui a assuré une homogénéité et une unité qu’il n’avait pas initialement. Les types
d’emploi –a priori fort divers – de ces morphèmes, et notamment de qui et de que, sont
conditionnés par un certain nombre de facteurs, autour desquels on pourra organisé l’exposé :
a) ils peuvent ou non jouer un rôle de subordonnants, autrement introduire ou non une
proposition subordonnée
b) ils peuvent ou non exercer un rôle sémantique de représentant (de l’animé ou du non
animé)
c) ils peuvent ou non assumer une fonction (sujet ou complément) dans la proposition
qu’ils introduisent
d) ils peuvent ou non indiquer la modalité de la phrase (interrogative ou exclamative)
Ces rôles peuvent éventuellement être combiné
I le pronom relatif : subordonnant, représentant, indicateur de fonction :
De tous les morphèmes à base [k-], le pronom relatif est à l’évidence celui qui a le
fonctionnement le plus complexe, puisqu’il cumule trois rôles : il introduit la subordonnée
relative, il représente l’antécédent du relatif, il exerce une fonction au sein de la subordonnée
relative.
1-1 Qui relatif sujet
a) la forme qui est habituellement l’indice de la fonction sujet.
Remarque : à partir du 13ème siècle, l’ancienne forme cui, qui pouvait avoir diverses fonctions de complément,
aligne sa graphie sur celle du pronom sujet qui, mais n’en continue pas moins à fonctionner comme complément.
Le qui issu de cui peut toutefois que représenter que l’animé ; c’est encore le cas du qui prépositionnel en
français moderne.
b) ce pronom sujet représente l’antécédent qui peut être entre autre soit un pronom
démonstratif soit un SN.
On remarque que la forme qui est indifférente au genre et au nombre (le nombre de
l’antécédent se transmet toutefois au verbe de la relative). Dans le cas de la relative à
antécédent (« relative adjective »), elle représente aussi bien l’animé que le non-animé. Alors
que le qui introducteur de la relative sans antécédent (« relative substantive ») ne peut
représenter que l’animé (comme qui interrogatif)
c) le pronom relatif introduit une subordonnée relative, qui lorsqu’elle est adjective, se
charge, à la façon d’un adjectif, de caractériser l’antécédent. Si cette caractérisation est
nécessaire au sens, impliquant une relation très étroite entre l’antécédent et la relative,
celle-ci est dite « restrictive » (ou « déterminative »)
remarque : parfois le pronom relatif sujet qui peut être concurrencé par le pronom que.
1-2 que relatif complément
a) la forme que du pronom relatif exerce la fonction de complément d’objet direct
b) il représente l’antécédent, singulier ou pluriel, masculin ou féminin, animé ou nonanimé (en l’absence d’antécédent, le que relatif ne représente que le non-animé
comme le que interrogatif)
c) relative restrictive ou explicative
remarque : si l’on considère, comme les linguistes de l’école guillaumienne, que la distinction entre qui relatif et
qui interrogatif n’est pas fondée, on parlera d’ « emploi relatif » dans le premier cas et d’ « emploi interrogatif »
dans le second cas
II Le pronom interrogatif
2-1 le pronom interrogatif qui, pronom « nominal », indicateur de la fonction sujet, ou attribut
du sujet.
Le pronom relatif qui est un pronom « nominal », à l’inverse du pronom relatif, qui, lorsqu’il
est précédé d’un antécédent, est un pronom « représentant ». comme les autres pronoms
nominaux (comme les pronoms personnels de 1ère et 2ème personne), il vise « un référent en
l’absence de tout phénomène de représentation anaphorique (ou cataphorique) d’un élément
du contexte » (Arrivé, Gadet, Galmiche, la grammaire d’aujourd’hui)
a) qui dans l’interrogation directe constitue, comme tout mot interrogatif, l’indice
principal de la modalité interrogative de la phrase qu’il ouvre ; il introduit une
interrogation partielle ; le référent qu’il suppose est le plus souvent un animé. Il
assume le plus souvent la fonction sujet, parfois la fonction attribut du sujet ; il n’en
conserve pas moins alors la première position, pour donner à la phrase sa coloration
interrogative.
Remarque : le pronom interrogatif sujet qui n’exprime pas nécessairement l’animé et peut équivaloir à « qu’estce qui »
b) Dans l’interrogation indirecte qui ajoute aux rôles joués dans l’interrogation directe
celui de mot subordonnant, introducteur d’une subordonnée interrogative indirecte,
laquelle entre dans la classe des complétives, puisqu’elle joue le rôle de complément
d’objet du verbe de la régissante. Le sémantisme de celui-ci implique la possibilité
d’une question ;
2-2 Que pronom interrogatif
a) dans l’interrogation directe, il introduit la question partielle.
b) Il peut assumer la fonction de COD ou bien d’attribut
c) Dans l’interrogation indirecte.
III que, pur subordonnant
3- 1 introduit une complétive
Conjonction de subordination, que limite son rôle à celui de subordonnant, introducteur de la
« proposition subordonnée complétive en que », aussi nommée parfois « conjonctive pure ».
cette subordonnée exerce le plus souvent la fonction de complément d’objet du verbe de la
régissante.
3- 2 introduit une circonstancielle
soit seul, soit en corrélation, soit il entre dans la formation de locutions conjonctives
On peut conclure en évoquant de brièvement et de façon nécessairement un peu trop
schématique les théories unitaires représentées par les linguistes de l’école guillaumienne.
- dans le système des formes en [k-], qui occupe une position d’agent, qui lui permet
d’assumer la fonction « active » (la fonction sujet dans l’emploi comme relatif et comme
interrogatif) et de signifier le « genre actif », c’est-à-dire l’animé : il le signifie effectivement
dans les emplois « autarciques » (relatif sans antécédent, interrogatif) ; toutefois il peut
exprimer le non-animé dans l’emploi comme relatif représentant (avec antécédent). Que
occupe à l’inverse une position de patient, qui le conduit à assumer la fonction « passive » (la
fonction de complément dans l’emploi comme relatif et comme interrogatif), et à signifier le
« genre passif », c’est-à-dire le non-animé : il signifie effectivement dans les emplois
« autarciques », mais non nécessairement dans l’emploi comme relatif représentant.
- que est soumis au mécanisme de « subduction », qui le fait passer notamment du rôle de
pronom relatif (cumule de trois fonctions), à celui de conjonction de subordination (une seule
fonction, celle de subordonnant).
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