PRESIDENCE DU CONSEIL INTERNATIONAL DE L’OFS PROGRAMME DE FORMATION CONTINUE Dossier mensuel No 45 LA THEOLOGIE DU CORPS Par le bienheureux pape Jean-Paul II (Extraits des cathéchèses publiées par la Congrégation pour le clergé) Mike et Jenny Harrington ofs Session 9 – Il LEUR A DONNE LA LOI DE VIE POUR HERITAGE 1. LE PROBLEME ETHIQUE - TOB 118-125 Norme morale et réalité du langage du corps - TOB 118 Le bienheureux Jean Paul Il nous fait remarquer que la réflexion sur l'amour humain dans le plan divin telle que nous l’avons menée jusqu'ici restera incomplète tant que nous n'aurons pas examiné son application concrète dans la vie conjugale et la morale familiale. Cette nouvelle étape, sous le récent éclairage de l'encyclique Humanae Vitae donnée par Paul VI en juillet 1968, nous mènera à la conclusion de notre long parcours. Dans notre réflexion sur le signe sacramentel du mariage, nous avons vu que ce signe est basé sur un « langage du corps » relu dans sa vérité. Cette vérité est confirmée pour la première fois à la conclusion du mariage, lorsque les nouveaux époux en se promettant "d'être toujours fidèles l’un à l'autre et de s’aimer tous les jours de leur vie", deviennent ministres du mariagesacrement de l'Eglise. Nous sommes dans une vérité pour ainsi dire toujours réaffirmée. En fait, l’homme et la femme vivant en couple "jusqu'à la mort" se donnent continuellement le signe qu'ils se sont donnés par le biais de la liturgie du sacrement le jour de leur mariage. Les mots de l’encyclique de Paul VI s’appliquent au moment dans la vie commune du couple où les époux unis dans l'acte conjugal, deviennent " une seule chair » (Gen 02:24). C’est à ce moment, si riche de sens, qu’il est particulièrement important que le "langage du corps" soit relu dans sa vérité. Cette lecture devient une condition indispensable pour agir dans la vérité, ou pour un comportement conforme de la valeur et de la morale charnelle. TDC 118,4 Le bien-fondé de la norme et sa praticabilité -TDC 119 .... Il devient évident que la norme morale n’est pas seulement une question de droit naturel, mais bien aussi d’ordre moral, révélé par Dieu: de ce point de vue elle ne peut être évolutive, mais doit rester telle que transmise par la Tradition et le Magistère ... TDC 119,3 « L'Eglise rappelle qu’il n’existe ni ne peut exister de véritable contradiction entre les lois divines se rapportant à la transmission de la vie et celles se rapportant à l'amour conjugal authentique. L’instruction pastorale cherche le vrai bien de l'homme, la promotion des valeurs fixée par Dieu dans la personne humaine; en d’autres termes cherche à mettre en œuvre la « règle d'accord » qui vise la découverte de plus en plus claire du plan de Dieu pour l'amour humain, dans la certitude que le seul et unique vrai bien de la personne humaine consiste à concrétiser ce plan divin. TDC 120,1 La parentalité responsable – TDC 121 Pour harmoniser amour conjugal et transmission responsable de la vie, l’intention sincère ne suffit pas. Il faut utiliser des critères tirés de la nature humaine et de ses actes respectant le sens total du mutuel don de soi et de la procréation humaine dans l'amour vrai, par la pratique de la chasteté conjugale. " Ainsi, ils rempliront leur mission avec la responsabilité humaine et chrétienne et avec révérence docile envers Dieu » . TDC 121,1·2 Humanae Vitae fait une nette distinction entre ce qui constitue une méthode moralement illicite de régulation des naissances, ou plus précisément de la fertilité, et une méthode moralement correcte. Est moralement illicite: l'interruption directe du processus génératif déjà entamé ( l’avortement), la stérilisation et toute action qui, soit en prévision de l'acte conjugal, soit dans son accomplissement, soit dans le développement de ses conséquences naturelles, se propose, que ce soit comme fin ou comme moyen, de rendre impossible la procréation. TDC 121,1 Est en revanche moralement autorisé le recours aux périodes infécondes. Si il y a des motifs sérieux d’espacer les naissances par suite de condition physique ou psychologique du mari ou de la femme ou de circonstances extérieures, l'Eglise enseigne qu'il est alors licite de prendre en compte les rythmes naturels immanents dans les fonctions génératives pour permettre les actes du mariage et de cette manière réglementer les naissances sans offenser les principes moraux. TDC 122.1 La réalité du langage du corps et le mal moral de la contraception. TDC 122 L'essentiel de l'enseignement de l'Eglise consiste à maintenir une relation adéquate entre « dominer les forces de la nature » et « se maitriser soi-même », relation indispensable pour l'être humain. L'homme moderne souvent transfère ses méthodes de domination de la nature à la domination de son être propre, mais il a besoin de maîtrise de soi, qui est « naturelle » et correspond à sa constitution. La contraception artificielle détruit la dimension constitutive de la personne, la privant de sa subjectivité et faisant d’elle un objet de manipulation. Le corps humain n'est pas simplement l'organisme des réactions sexuelles, mais le moyen d'exprimer toute sa personne par le langage du corps, qui devrait exprimer « prophétiquement » la vérité du sacrement du mariage en participant au plan céleste de l'amour. TDC 123 1-2 En tant que ministres du sacrement, l’homme et la femme sont appelés à être témoins et interprètes de ce plan éternel de l'amour, qui, "depuis le commencement", a été marqué par le signe de l’«union de la chair ». Le sacrement est constitué par le consentement et accompli par l'union conjugale; homme et femme sont appelés à exprimer en toute vérité la langue mystérieuse de leur corps. Par des gestes, des actions et des réactions, la personne parle par son corps. En devenant une seule chair, l’homme et la femme s'expriment mutuellement dans la mesure de la vérité de l'être humain. Dans la mesure où il est maître de lui-même, l'homme peut librement « se donner» à l'autre, ce qui est essentiel pour le langage du corps de l'union conjugale. Ce langage doit être jugé selon le critère de la vérité. Exprimé en langage corporel, l'acte conjugal signifie non seulement l'amour, mais la fécondité potentielle : essayer de séparer artificiellement l’un de l’autre est donc illicite, car tous deux se rapportent à la vérité la plus profonde de l’acte et l’un est activé avec et par le biais de l'autre. L'acte conjugal, privé de la composante procréatrice de sa vérité intérieure, cesse également d'être un acte d'amour. Un tel acte implique une union corporelle qui ne correspond pas à la vérité intérieure et à la dignité de la communion personnelle car la communication ne transmet pas la vérité de la maitrise de soi, du don réciproque et de l'acceptation réciproque de l'autre personne. Cette violation de la composante intérieure de l'union conjugale et de l'ordre de la personne humaine est le mal essentiel de l’action contraceptive. TDC 123.4-7 Régulation éthique de la fertilité (la primauté de la dignité) TDC- 124 Tout en montrant la nocivité de la contraception, Humanae Vitae approuve totalement la régulation naturelle de la fertilité ainsi que la paternité et la maternité responsables, correctes du point de vue éthique et marquant pour les époux la recherche d’une parfaite maitrise de soi. Ce n’est que par ce contrôle des pulsions physiques par la volonté que l'expression de l'amour conjugal sera conforme à l’ordre, en particulier en ce qui concerne la continence périodique. Cette discipline, loin de nuire à l'amour conjugal, lui confère une plus grande valeur humaine et développe les personnalités en les enrichissant de valeurs spirituelles. TDC 1241-2 La chasteté conjugale se manifeste dans la maitrise de soi de la continence périodique. Il s'agit de la vie selon l'esprit (Gal 05:25) en appliquant ce principe à la continence périodique. Même si le timing de cette continence vient des rythmes naturels, la continence en elle-même est une vertu morale, orientant vers une vie vertueuse. Ce n’est pas une technique mais une éthique. Cette éthique consiste à respecter l'ordre du Créateur, mais a aussi une motivation morale immédiate. Cela commence par admettre que l'on n'est pas Maître de la vie, mais Ministre du plan établi par le Créateur. « La vie humaine est sacrée, depuis son commencement elle implique directement l’action créatrice de Dieu.» (Jean XXIII) TDC 124.5 Régulation éthique de la fécondité: la Personne, la Nature, la Méthode TDC 125 L'utilisation des « périodes infécondes » dans leur vie conjugale partagée peut être une source d'abus si le couple essaye d'échapper à la procréation sans avoir de juste motif pour ce choix. Quand on sépare la méthode naturelle de sa dimension éthique, l’on ne voit plus la différence entre celle-ci et les autres méthodes (les moyens artificiels), et l’on finit à la considérer comme juste une autre forme de contraception. TDC 125.3-4 Pour comprendre Humanae Vitae, nous devons examiner ensemble la méthode et son éthique. Pour cette éthique, nous devons considérer maitrise de soi et continence. L’autodiscipline apporte à la vie familiale des fruits de sérénité et de paix, favorise l’attention envers l’autre conjoint, repousse l'amour-propre excessif, approfondit le sens des responsabilités et donne une influence plus profonde et plus efficace dans l'éducation des enfants, qui développent un juste sens des valeurs concernant les vraies bénédictions de la vie et de la maitrise de soi. TOB 125, 5-6 2. SCHEMA DE LA SPlRITUALITE CONJUGALE - TOB 126-132 Les pouvoirs qui découlent de la « Consécration sacramentelle » TOB 126 Les couples sont appelés à une spiritualité qui intègre leurs questions et leurs problèmes dans le cadre de la Loi et la grâce de Dieu, en les appelant à répondre en amour et liberté à leur vocation chrétienne, confirmée et rendue plus explicite par le sacrement du mariage sacrement dans lequel ils cherchent la sainteté et portent témoignage au Christ en une sainteté aimante, joyeuse, dans le monde. Leur amour l’un pour l'autre est inséparablement lié à la coopération qu'ils donnent à l'amour de Dieu. TOB 126. Le sacrement du mariage les renforce dans leur consécration conjugale pour entrer par le biais de la "porte étroite" et "dure" dans la vie. Humanae Vitae est marquée par le réalisme chrétien, non seulement par ses défis, mais aussi par ses pouvoirs spirituels, les grâces, qui peuvent les guider avec foi et espoir dans l'accomplissement de leur vocation évangélique. La plus essentielle, la plus fondamentale de ces grâces est l'amour répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit, qui leur permet de construire toute leur vie selon la vérité du « signe » du sacrement. TOB 126.3-4 Les couples sont appelés à implorer cette aide divine dans la prière, puisant grâce et amour dans la toujours jaillissante fontaine de vie qu’est l'Eucharistie et surmontant leurs fautes et leurs péchés dans le sacrement de réconciliation. Ce sont les moyens infaillibles et indispensables à la formation de la spiritualité chrétienne dans la vie conjugale et familiale. TOB U6.5 Alors que la concupiscence a tendance à éloigner le "langage du corps" de la vérité, c'est-àdire de le fausser, le pouvoir d’amour, par contraste, le renforce toujours à nouveau dans cette vérité, afin que le mystère de la rédemption du corps puisse porter ses fruits . TOB 127.1 La vertu de continence - TOB 127-129 «La vertu de continence donne la capacité de maitriser, de contrôler et d'orienter les impulsions sexuelles et leurs conséquences dans la subjectivité psychosomatique des êtres humains. TOB 128.2 La chasteté conjugale - et plus précisément la continence - a pour but non seulement la protection de l'importance et de la dignité de l'acte conjugal en ce qui concerne son sens potentiellement procréatif, mais aussi la préservation de l'importance et de la dignité propre de l’acte en tant qu'il exprime l’union interpersonnelle, révélant à la conscience et à l'expérience des époux toutes les autres manifestations possibles d'affection que peut exprimer leur profonde communion. La continence, au lieu de provoquer des tensions intérieures, est le seul moyen de libérer de ces tensions en exprimant spirituellement l'affection sincère en langage corporel. TDC 129,6 La vertu de continence n'est pas principalement la possibilité de " s'abstenir" par la maitrise de soi, mais la capacité de diriger les réactions respectives et de maintenir en équilibre « excitation » et «émotion », afin d’obtenir dans le langage du corps l’équilibre entre la communion de l'union intime et l'acceptation de la responsabilité parentale. La vertu de continence conduit l’excitation vers son développement correct dans l’émotion amoureuse et, dans sa forme mature, révèle l'aspect « pur » de la signification conjugale du corps. TDC 129,5-6. Le don de révérence – TDC 131-132 Le don de révérence, avec l'amour et la chasteté, nous aide à comprendre la signification exceptionnelle de la dignité et de la responsabilité alliées dans l'acte conjugal aux diverses «manifestations d'affection ». La concupiscence limite intérieurement la liberté mutuelle du don qui se manifeste dans la signification conjugale du corps. Le respect du plan de Dieu libère la personne de la réduction de son autre « moi » à un simple objet. Grâce à l’identification spirituelle avec l'autre en "gestes affectueux", chacun aide l'autre à rester fidèle et chaste, guidé par le respect pour ce qui est créé par Dieu. Tel est le climat intérieur approprié à la communion interpersonnelle, dans laquelle la procréation « responsable » murit correctement. Ensuite, ils vivent, en harmonie intérieure, la vérité du « langage du corps » TDC 132,6 Des questions à méditer: 1. Quelles sont les questions qui pourraient aider à vérifier l’honnêteté sexuelle ? 2. Que retenez-vous des enseignements de l'Eglise dans le domaine de l'amour conjugal et de l’acceptation des enfants ? 3. Quelles mesures un couple peut-il prendre si les époux ont des raisons sérieuses de ne pas désirer d’enfant sans violer l'engagement conjugal, signe de l'amour de Dieu? 4. En quoi l’abstinence diffère-t-elle de la stérilisation des rapports sexuels par la contraception 5. Quels seraient les avantages d’une bonne maitrise de la vertu de continence? 6. Comment la théologie du corps expliquée par le bienheureux Jean-Paul II peut-elle aider à une culture de vie? CONCLUSION L'ensemble des catéchèses présentées en quatre années peut être regroupée sous le titre «L'amour humain dans le Plan divin » ou, de façon plus précise « La rédemption du corps et la sacramentalité du mariage ». Il peut se diviser en deux parties:1 « L’analyse des paroles du Christ ». « Le rappel par le Christ des dispositions du « Commencement » dans le dialogue avec les pharisiens sur l'unité et l'indissolubilité du mariage.(Mt 19, 7-12, Mc 10, 6-9) Le Sermon sur la Montagne citant : la concupiscence, adultère commis dans le cœur (Mt 5, 28) Le rappel par le Christ de l’état de vie lors de la résurrection dans l’« autre monde » (Mt 22, 30, Mc12, 18-25, Lc 20, 35-36) 2 « L’analyse du sacrement » Cette analyse est basée sur Ephésiens 5:22-33, qui remonte au « commencement» biblique du mariage. Gen N 02:24 "Oui, l’homme quitte son père et sa mère pour s’attacher à sa femme. Ils ne sont qu’un.". Dans ses première et deuxième parties la catéchèse utilise à plusieurs reprises les mots « théologie du corps » pour la facilité de la présentation. Nous n’abordons toutefois pas en cette étude de nombreux problèmes appartenant à cette théologie, tels la souffrance et la mort, si importants dans le message biblique. La réflexion sur le sacrement de mariage a porté sur les deux dimensions essentielles de ce sacrement : L’importance de l’Alliance et de la Grace L’importance du Signe. Par le biais de ces deux dimensions nous sommes continuellement retournés aux paroles de la théologie du corps qui sont été liées aux paroles du Christ. Nous avons également, à la fin, inclus l’analyse de Humanae Vitae. L'analyse des aspects personnalistes de l'enseignement de l'Eglise contenu dans l'encyclique de Paul VI met en évidence un appel résolu à mesurer les progrès de l'homme par la mesure de la «personne », c'est-à-dire de ce qui est un bien de l'homme en tant qu’homme, ce qui correspond à sa dignité essentielle. Toutefois l’aspect le plus important de l’ensemble des méditations semble bien être que pour faire face aux questions levées par Humanae Vitae en théologie, les formuler et y rechercher réponse, nous devons la rechercher dans ce domaine biblique, théologique, auquel nous faisons allusion en parlant de rédemption du corps et de sacramentalité du mariage. • C'est dans cette sphère que l’on trouvera réponse aux éternelles questions de confiance des hommes et des femmes et aux difficiles questions de notre monde contemporain concernant le mariage et la procréation.