Formats techniques et formats non techniques de la pensée. Mathématique et philosophie. Il est probable qu’aucune activité intellectuelle, portée à un certain niveau de développement, ne puisse se passer de technique. Elle suppose la mise en œuvre de certaines procédures déterminées, qui ont leur efficacité propre. Souvent cette technicité, qui précisément n’est efficace que dans la mesure où elle s’autonomise, semble nous éloigner des idées générales dont nous étions partis et du niveau proprement conceptuel des problèmes. Nous serions en conséquence tentés d’opposer l’idée et la technique. Pourtant que seraient lesdites « idées » sans les techniques par lesquelles nous les mettons en œuvre ? Le partage entre ce qui serait censé être technique et ce qui serait censé ne pas l’être est-il toujours pertinent ? N’y a-t-il pas du reste différentes façons de l’entendre ? Et s’il paraît inévitable d’accorder à ce partage un certain sens, ne faut-il pas alors reconnaître une fécondité propre de ce qu’on appelle « technique » dans l’exercice de la pensée ? Telles sont les questions philosophiques qui seront abordées, dans un dialogue libre entre mathématiciens et philosophes, à partir d’une réflexion sur la façon dont ce problème peut se poser exemplairement dans la pratique mathématique, comme dans d’autres pratiques intellectuelles.