N° 555 Octobre 2015 REVUE MENSUELLE (10 Nos) fondée en 1959 par L’ASSOCIATION NATIONALE DE LA PRESSE MUTUALISTE 255, rue de Vaugirard – 75719 PARIS CEDEX 15 – Tél. : 01 40 43 36 81 Abonnement : Le numéro ...................................................................................................... 10 numéros par an (pour 1 abonnement) ............................... 68,00 € 680,00 € Vente et abonnement à nos bureaux. Directeur de la publication : Gérard Quittard Secrétariat de l’ANPM : Carole Corbion, 01 40 43 36 81 ; Christine Jorez, 01 40 43 61 27 Coordination éditoriale : Laurence Hamon Rédactrice en chef : Sylvie Irissou Secrétaire de rédaction : Jérémie Echard Contact technique : Cyril Dehay, 01 44 49 61 00 Ont collaboré à ce numéro : Réalisé par la CIEM 67, rue Blomet 75015 Paris Catherine Chausseray, Isabelle Coston, Delphine Delarue, Léa Vandeputte, Aliisa Waltari Numéro de CPPAP : 0518 G 83108 Numéro ISSN : 0015 – 9670 Dépôt légal : octobre 2015 Les droits d’utilisation des visuels fournis par la Ciem pour illustrer les articles de ce numéro sont strictement limités dans le cadre de France Mutualité (article + photographie). Tout autre usage est interdit. SOMMAIRE PRESSE Les 50 derniers articles ou dossiers de « France-Mutualité » .............................................. 3 SYSTÈME DE SOINS Salariés : ce que l’ANI va changer pour vous (Delphine Delarue) ................................... L’Avastin officiellement disponible pour traiter la DMLA (Delphine Delarue) Brèves ......... ....................................................................................................................................................................................... 5 7 10 MÉDECINE Electrosensibilité : en voie de reconnaissance (Aliisa Waltari) ......................................... 13 Fièvre de l’enfant : adoptez les bons réflexes (Léa Vandeputte) .................................... 17 PRÉVENTION Le vaccin contre la grippe en dix questions (Catherine Chausseray) ........................ 20 ....................................................................................................................................................................................... 23 SANTÉ Brèves VIE PRATIQUE Quand le chien de la famille devient dangereux pour les enfants (Isabelle Coston) ............................................................................................................................................................ 25 Les articles de ce numéro peuvent être repris dans le cadre des 50 % de la surface imprimée des revues mutualistes obligatoirement consacrés à l’information générale. Octobre 2015 – N° 555 – 2 PRESSE Les 50 derniers articles ou dossiers de « France-Mutualité » Afin de vous aider dans l’élaboration du sommaire de votre revue, « France-Mutualité » publie chaque mois la liste de ses cinquante derniers articles ou dossiers, brèves comprises. Vous pouvez télécharger ces articles sur Mutweb, l’Extranet fédéral : à partir de l’onglet « Réseaux », « Presse mutualiste », et « Collection “FranceMutualité” ». Titre Rubrique Numéro 554 – Septembre 2015 Tiers payant généralisé : une mesure controversée Système de soins Médecine du travail : jusqu’où dans la prévention ? Système de soins Chambre mortuaire de l’hôpital : le dernier service Système de soins Brèves et filets (5) Système de soins Quand la presbytie s’installe Médecine Apprentissage précoce de la musique : un atout pour Education la scolarité Brèves et filets (5) Santé Animaux de compagnie : l’équilibre nutritionnel de mon chat Vie pratique/ et de mon chien en sept questions Famille Numéro 553 – Juin 2015 Dossier pharmaceutique : quels avantages ? Système de soins Brèves et filets (5) Système de soins Les maladies thyroïdiennes en huit questions Médecine La chirurgie ambulatoire, une voie d’avenir Médecine Dengue et chikungunya : le risque s’installe en France Prévention Brèves et filets (5) Santé Le téléphone portable au collège, pour ou contre ? Vie pratique/ Famille Accident du travail : comment est-on indemnisé ? Vie pratique/ Emploi Numéro 552 – Mai 2015 Comment est-on remboursé de ses soins à l’étranger ? Système de soins Solidaire et responsable, votre contrat santé Système de soins Brèves et filets (5) L’incontinence par urgenturie : ça se soigne Bronzage artificiel : halte à l’intox ! Eviter les petits maux en avion Brèves et filets (5) Fruits et légumes : la chasse aux pesticides est ouverte Numéro 551 – Avril 2015 Quand le patient refuse les soins Nombre de signes 7 364 4 380 5 551 5 826 6 259 5 870 4 851 4 104 4 137 4 600 5 234 6 433 7 278 4 706 4 113 6 121 4 553 5 052 Système de soins Médecine Prévention Prévention Santé Environnement 5 129 6 540 6 235 5 040 4 287 5 993 Système de soins 6 449 Octobre 2015 – N° 555 – 3 Titre Rubrique Nombre de signes Numéro 551 – Avril 2015 Brèves et filets (5) Système de soins 4 821 Infarctus du myocarde : les femmes aussi DMLA, une maladie de plus en plus répandue Fruits et légumes : halte aux idées reçues Déjouer le piège des sucres cachés Brèves et filets (5) Conduire à tout âge, c’est possible Numéro 550 – Mars 2015 Complémentaire santé obligatoire : ce qui va changer Brèves et filets (6) Médecine Médecine Prévention Prévention Santé Vie pratique 6 497 6 678 4 189 6 967 5 437 6 655 Système de soins Système de soins 5 441 5 563 Santé mentale : comment soutenir les jeunes en souffrance ? Santé Brèves et filets (6) Santé Concilier grossesse et maladie chronique Médecine Herpès labial : un virus présent pour la vie Médecine Contraception : une méthode pour chaque femme Prévention La tétine : pour ou contre ? Education Emprunter après un cancer : le droit à l’oubli enfin reconnu Vie pratique Numéro 549 – Février 2015 Centres, maisons et pôles de santé : quelles différences ? Système de soins Prise de rendez-vous en ligne : où en est-on ? Système de soins 6 198 6 544 5 614 6 991 7 755 5 844 4 448 Brèves et filets (5) Brèves et filets (5) Apnées du sommeil : ces malades qui s’ignorent Alimentation et activité physique : les bases du bien-être et de la santé Vrai-faux : les pieds, ces malmenés Parler de sexualité à son adolescent Numéro 548 – Janvier 2015 Se soigner la nuit et le week-end Système de soins Santé Médecine Prévention 5 391 4 866 7 353 5 457 Forme Education 6 481 6 265 Système de soins 7 296 5 075 6 709 Octobre 2015 – N° 555 – 4 SYSTÈME DE SOINS Calibrage Texte principal : 4 228 signes Encadré : 932 signes Salariés : ce que l’ANI va changer pour vous 3 visuels : 01_SalariesANI Au 1er janvier 2016, toutes les entreprises doivent avoir mis en place une couverture santé pour leurs employés. Née de l’accord national interprofessionnel (ANI) voté en mars 2014, cette mutuelle collective obligatoire soulève de nombreuses questions : qui est concerné, quel sera le panier de soins garanti, que se passera-t-il si le salarié quitte son employeur ? Toutes les réponses dans [nom de votre magazine]. A partir du 1er janvier 2016, grâce à l’accord national interprofessionnel (ANI), les salariés du secteur privé qui n’ont pas encore de complémentaire santé pourront bénéficier d’une mutuelle collective obligatoire financée au moins pour moitié par leur entreprise. Tous ceux qui sont déjà couverts à titre personnel à cette date ou lors d’une embauche pourront conserver leur couverture complémentaire jusqu’à la date d’échéance de leur contrat individuel. Ensuite, ils devront obligatoirement adhérer au contrat collectif souscrit par l’entreprise. Certains pourront toutefois refuser l’affiliation : les bénéficiaires d’une aide à la complémentaire santé (CMUC et ACS), les salariés en contrat à durée déterminée (CDD) ou en contrat de mission de moins de douze mois (ceux qui sont en contrat de plus de douze mois peuvent également refuser, mais en justifiant d’une couverture individuelle), les employés à temps partiel et les apprentis (seulement si le montant de la cotisation est supérieur à 10 % de leur rémunération) et ceux qui bénéficient d’une couverture collective comme ayants droit via leur conjoint ou d’un contrat souscrit en tant que travailleur non salarié (TNS). Des contrats collectifs étroitement encadrés Les contrats collectifs souscrits par les employeurs devront garantir un panier de soins minimum qui garantit la prise en charge intégrale du ticket modérateur sur les consultations, les actes et les soins réalisés par les professionnels de santé, à l’exception des cures thermales, des médicaments homéopathiques et des spécialités remboursées à 15 et 30 %. Ce panier inclut également la prise en charge du forfait journalier hospitalier à 100 %, celle des frais dentaires (prothèse et orthodontie) à hauteur de 125 % du tarif conventionnel, ainsi qu’une garantie forfaitaire pour les frais d’optique, avec un minimum de prise en charge fixée à 100 euros pour une correction simple et à 200 euros pour une correction complexe. Seul un équipement pourra être pris en charge Octobre 2015 – N° 555 – 5 tous les deux ans, sauf pour les mineurs ou en cas d’évolution de la vue. Dans ces cas-là, les lunettes pourront être renouvelées tous les ans. En revanche, les franchises médicales (0,50 euro par boîte de médicament ou acte paramédical, 2 euros par transport sanitaire hors urgence) et la participation forfaitaire de 1 euro sur les consultations et les examens radiologiques et biologiques ne seront pas remboursées. Les dépassements d’honoraires restent également à la charge du salarié. Possibilité de surcomplémentaire Ceux qui souhaiteront compléter les garanties de leur contrat collectif auront la possibilité de souscrire à une surcomplémentaire. Elle pourra être proposée à titre facultatif via l’entreprise ou souscrite directement par le salarié à titre individuel. Enfin, s’il quitte son entreprise, l’ancien collaborateur continuera à bénéficier des garanties de la mutuelle collective pendant douze mois sans coût supplémentaire pour lui. Cette portabilité est financée par la mutualisation, c’est-à-dire par l’ensemble des personnes qui sont couvertes via le contrat santé d’entreprise. Au total, cette réforme concerne 4 millions de personnes. Elle laisse cependant de côté les 3,3 autres millions de Français qui n’ont pas de mutuelle – essentiellement les jeunes en difficulté d’insertion professionnelle, les chômeurs et les retraités. Il ne s’agit donc pas d’« une réelle généralisation, indique-t-on à la Mutualité française. Si la situation s’est améliorée pour les salariés, les Français exclus de la complémentaire santé sont de plus en plus nombreux. Il est prioritaire de s’intéresser à eux. » Un appel qui semble entendu, du moins en partie, par le président de la République, qui a promis, le 12 juin, une complémentaire santé pour tous les retraités d’ici à 2017. Delphine Delarue Encadré Mutuelles : du contrat individuel au contrat collectif L’accord national interprofessionnel (ANI) va profondément modifier le paysage de la complémentaire santé en France. Pour les mutuelles, l’impact sera profond : l’écrasante majorité d’entre elles, qui proposaient jusque-là essentiellement des contrats individuels, vont devoir adapter leur portefeuille vers davantage de collectif et affronter la concurrence de structures déjà spécialisées (les institutions de prévoyance, notamment). Cela induit un besoin de nouvelles compétences performantes sur le marché des petites et des moyennes entreprises (celles qui n’ont souvent pas développé de mutuelles collectives pour leurs salariés), mais aussi des plus grandes. Les mutuelles vont donc être obligées de former leur personnel et de recruter à l’extérieur, de repenser leurs contrats et de diversifier leurs offres, avec tous les investissements que cela nécessite. Octobre 2015 – N° 555 – 6 SYSTÈME DE SOINS Calibrage Texte principal : 4 281 signes Encadré 1 : 1 056 signes Encadré 2 : 1 229 signes L’Avastin officiellement disponible pour traiter la DMLA 2 visuels : 02_AvastinDMLA Depuis le 1er septembre, l’Avastin, un anti-cancéreux développé par Roche, bénéficie d’une recommandation temporaire d’utilisation (RTU) pour traiter la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA). Une autorisation délivrée par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) contre l’avis du fabricant : celui-ci estime que son médicament n’est pas adapté à un usage ophtalmologique et présente même un risque infectieux accru pour les patients. Roche semble bel et bien avoir perdu la guerre qui l’oppose à l’Etat français. Son anti-cancéreux Avastin bénéficie depuis le 1 er septembre d’une recommandation temporaire d’utilisation (RTU) pour le traitement de la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) humide, une maladie de la rétine qui touche des milliers de personnes en France. Etablie en juin dernier par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), cette RTU devrait permettre à la Sécurité sociale de réaliser plusieurs millions d’euros d’économies par an : à efficacité thérapeutique comparable, l’Avastin coûte trente à quarante fois moins cher que le Lucentis, le médicament de référence utilisé jusque-là. Extrêmement cher (environ 800 euros la dose), ce dernier représente même, avec 428 millions d’euros remboursés en 2013, le premier poste de dépenses de l’Assurance maladie. Or, Roche a toujours refusé que son anti-cancéreux soit utilisé pour traiter la DMLA. Contrairement aux souhaits du ministère de la Santé, il n’a jamais demandé d’autorisation de mise sur le marché (AMM) pour cette indication. La raison : l’Avastin n’est pas, selon lui, destiné à un usage ophtalmologique et présenterait même un risque infectieux accru pour les malades. Avec la RTU, que le laboratoire suisse estime « contraire à l’intérêt des patients », les autorités sanitaires ont donc fait le choix de passer en force. Un conditionnement pas adapté « Ce qui peut poser problème, ce n’est pas l’Avastin lui-même, mais son conditionnement, explique le docteur Gérard Dupeyron, ophtalmologue, responsable du service d’ophtalmologie du CHU de Nîmes. Le produit Octobre 2015 – N° 555 – 7 n’est pas prévu pour être utilisé directement en injection intra-vitréenne : il faut d’abord fractionner le flacon en plusieurs doses. Cela peut effectivement augmenter le risque d’infection, mais si les choses sont faites sérieusement, ce risque n’est pas supérieur à celui des autres médicaments injectables utilisés pour traiter la DMLA. » Le protocole d’utilisation et de suivi défini par l’ANSM dans le cadre de la RTU est d’ailleurs très strict : seuls les ophtalmologistes hospitaliers peuvent prescrire et administrer l’Avastin, le produit et les seringues étant exclusivement préparés en condition stérile par les pharmacies centrales des hôpitaux et destinés à un usage interne. La RTU est en outre établie pour une durée de trois ans renouvelable, « en fonction des données d’efficacité et de sécurité qui seront issues du suivi des patients », indique l’agence dans un communiqué. Recours devant le conseil d’Etat Or, selon l’ANSM, cette surveillance incombe au fabricant lui-même, c’est-à-dire à Roche. Cet été, le laboratoire, qui refuse catégoriquement d’assurer la mise et place et le suivi d’une RTU qu’il n’approuve pas, a engagé un recours devant le conseil d’Etat. Il a précisé qu’il « ne saurait assumer la responsabilité et les obligations qui sont mises unilatéralement à sa charge », alors que « plusieurs alternatives thérapeutiques (Lucentis et Eylea, NDLR), dûment autorisées, sont disponibles dans [le traitement de] la DMLA ». En attendant le jugement définitif, qui semble déjà plutôt favorable à l’ANSM, le conseil d’Etat a décidé de ne pas suspendre la RTU. Au grand dam de Roche, bien décidé à maintenir la pression jusqu’au bout. Il faut dire aussi que ce dernier a tout intérêt à ce que le Lucentis reste le traitement de référence de la DMLA. Le laboratoire suisse est en effet très lié à Novartis, la firme chargée de sa commercialisation, puisque celle-ci détient un tiers de son capital. Roche percevrait même des royalties sur toutes les ventes de Lucentis. Les deux firmes sont d’ailleurs soupçonnées d’accords illégaux par l’autorité française de la concurrence. Delphine Delarue Encadré 1 L’industrie pharmaceutique européenne porte plainte Début septembre, les représentants de l’industrie pharmaceutique européenne ont déposé une plainte auprès de la Commission européenne contre la position de l’Etat français concernant le traitement de la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA). Ils reprochent aux autorités françaises d’avoir mis en place la recommandation temporaire d’utilisation (RTU) pour l’Avastin dans le traitement de la DMLA contre l’avis de son fabricant, le laboratoire Roche. Un passage en force, selon l’industrie pharmaceutique européenne. « Il n’est tout simplement pas acceptable que des dirigeants politiques préoccupés par le niveau Octobre 2015 – N° 555 – 8 des dépenses de santé passent des lois qui non seulement contredisent la législation de l’Union européenne, mais aussi mettent en péril l’ensemble du système de régulation de l’UE visant à garantir aux patients les normes de sécurité les plus élevées », a déclaré Richard Bergström, directeur général de la Fédération européenne des industries et associations phramaceutiques (EFPIA). Encadré 2 Des états généraux pour la santé visuelle La Mutualité française a lancé cet été les premiers états généraux de la santé visuelle, qui se dérouleront le 15 décembre 2015 à Paris. L’occasion pour tous les acteurs du secteur (opticiens, ophtalmologues, optométristes, associations de patients, industriels, réseaux de soins) de se réunir afin de proposer des solutions pour faciliter l’acquisition d’équipements de qualité pour tous, y compris les personnes les plus fragiles. Il s’agira notamment de réfléchir à la façon d’améliorer l’accès aux professionnels de santé dans les meilleurs délais et de réduire le reste à charge des patients. Un temps sera également consacré à l’innovation dans le champ de la santé visuelle et aux problématiques de la filière (formation, répartition, coopérations professionnelles). La Mutualité française rappelle que les complémentaires santé sont aujourd’hui le principal financeur des soins optiques (avec 72 % de prise en charge), l’Assurance maladie n’en remboursant plus que 5 %. Au-delà du remboursement, la Mutualité « intervient à plusieurs niveaux de la filière de la santé visuelle, ce qui la conduit à se mobiliser pour en améliorer l’organisation », indique-t-elle dans un communiqué. Sal ar i és : ce q ue Octobre 2015 – N° 555 – 9 SYSTÈME DE SOINS (brèves) Calibrage : 933 signes 031_Gametes 032_Mammographie Don de gamètes : la loi s’assouplit en France Les personnes qui n’ont pas d’enfants peuvent désormais faire don de leurs gamètes. Jusqu’à présent, les dons de sperme et d’ovocytes étaient soumis à certaines conditions : il fallait déjà être parent et avoir l’accord de son conjoint. Afin de doubler les dons d’ovocytes et de spermatozoïdes, qui font cruellement défaut en France, un décret a été publié le 15 octobre au Journal officiel pour autoriser ces dons à tous, ce qui réduira aussi le temps d’attente des couples infertiles. Pour encourager ces dons – et c’est une première en France –, une compensation en nature est prévue : les donneuses et donneurs pourront conserver une partie de leurs gamètes s’ils souhaitent, dans le futur, avoir eux-mêmes recours à une assistance médicale à la procréation (AMP). Calibrage : 698 signes Cancer du sein : un dépistage remboursé à 100 % pour toutes les femmes à risque La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a profité d’Octobre rose, la grande campagne d’information sur le cancer du sein, pour annoncer la prise en charge à 100 % des examens de dépistage pour toutes les femmes à risque. Jusqu’ici, seules celles qui étaient âgées de 50 à 74 ans pouvaient en bénéficier, tous les deux ans. « La mesure sera effective au printemps », a précisé la ministre. Les femmes de moins de 50 ans ou de plus de 74 ans présentant un risque « élevé » ou « très élevé » pourront en outre être suivies de façon rapprochée, tous les ans, voire tous les six mois, si leur médecin le juge utile. 033_CarteVitale Calibrage : 1 121 signes François Hollande annonce la création d’une carte Vitale à vie Une carte Vitale à vie pour assurer la continuité de couverture et simplifier les démarches auprès des caisses : c’est l’annonce faite par François Hollande, dans son discours, à l’occasion du soixantedixième anniversaire de la Sécurité sociale. « L’objectif, c’est d’avoir une carte Vitale pour toute sa vie, dès lors que l’on réside en France, de l’avoir très tôt et, si on la perd, de la faire renouveler sans difficulté ; d’avoir cette affiliation reconnue quels que soient les changements de métier, quelles que soient les interruptions professionnelles* », a exposé le président. Cette mesure sera inscrite dans la loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS) pour 2016, présentée par la ministre de la Santé, Marisol Touraine, et établira Octobre 2015 – N° 555 – 10 « une protection universelle maladie pour tout individu dès 18 ans résidant en France de manière stable et régulière ». * Discours à l’occasion du soixante-dixième anniversaire de la Sécurité sociale (Paris, le 6 octobre 2015), à lire sur Elysee.fr, rubrique « Les actualités », puis « Déclarations/Discours ». Calibrage : 1 229 signes 034_Consultation Medicale Les « 3 Dire » et les « 3 Quoi » : de nouveaux outils pour faciliter la communication entre le médecin et le patient La Haute Autorité de santé (HAS) proposera, d’ici à la fin de l’année 2015, deux nouveaux outils, intitulés les « 3 Dire » et les « 3 Quoi », ayant pour objectif de favoriser la communication entre soignants et soignés. Le premier, destiné aux professionnels de santé, fournira une méthode pour « dire, faire dire et re-dire » et ainsi « s’assurer de la bonne compréhension par le patient des informations médicales essentielles en le faisant reformuler ce que le professionnel lui a dit* ». Le second outil, à destination du patient, cette fois, récapitulera « les trois questions importantes à poser aux professionnels de santé qui le prennent en charge », à savoir : « J’ai quoi ? Quoi faire ? Pour quoi faire ? ». ils s’ajouteront aux outils déjà mis en place dans le cadre du Programme national pour la sécurité des patients (PNSP), lancé début 2013 par le ministère de la Santé et des Affaires sociales. * « Programme national pour la sécurité des patients : 8 outils et actions pour réduire le risque », à lire sur Has.sante.fr, rubrique « Le Webzine de la HAS », puis « Sécurité du patient », septembre 2015. 035_MedecinTablette Calibrage : 1 041 signes Le carnet de santé numérique disponible en 2017 Nicolas Revel, directeur de la Caisse nationale d’assurance maladie, a annoncé, à l’occasion du soixante-dixième anniversaire de la Sécurité sociale, mardi 6 octobre, que le dossier médical partagé sera mis en place dans les deux prochaines années. Sorte de carnet de santé numérique, le dossier médical personnel, rebaptisé par la suite « dossier médical partagé », est déployé depuis plus de dix ans par l’Agence des systèmes d’information partagés de santé (Asip), mais son utilisation ne s’est jamais vraiment développée. L’objectif de ce dispositif est de permettre aux professionnels de santé, qu’ils soient médecin traitant ou médecin spécialiste, à la ville ou à l’hôpital, de partager des informations utiles pour le suivi du malade. La nouvelle version du carnet de santé numérique sera accompagnée, assure Nicolas Revel, d’une application pour smartphone « ultrasécurisée » à destination du patient, qui pourra ainsi suivre ses dernières consultations et ses traitements en cours. Octobre 2015 – N° 555 – 11 Calibrage : 747 signes Un timbre commémore les 70 ans de la Sécurité sociale Un timbre pour marquer les 70 ans de la Sécurité sociale a été révélé au public le 6 octobre en présence de la ministre de la Santé, Marisol Touraine, et du directeur général de la Poste, Georges Lefebvre, à la Maison de la Mutualité, à Paris. Ce timbre-anniversaire rend honneur aux deux pères fondateurs de l’institution : Ambroise Croizat, ministre du Travail et de la Sécurité sociale de 1945 à 1947, et Pierre Laroque, nommé directeur général de la Sécurité sociale le 5 octobre 1944 par le général de Gaulle. A l’effigie des deux grands hommes, ce timbre, tiré à 600 000 exemplaires, est en vente dans de nombreux bureaux de poste et sur Internet depuis le 7 octobre au prix de 0,68 euro. 036_TimbreSecuSoc Octobre 2015 – N° 555 – 12 MÉDECINE Calibrage Texte principal : 4 915 signes Encadré 1 : 1 658 signes Encadré 2 : 1 101 signes Encadré 3 : 1 364 signes Electrosensibilité : en voie de reconnaissance 4 visuels : 04_Electrosensibilite Pour la première fois en France, un tribunal a accordé une allocation adulte handicapé à une femme souffrant d’hypersensibilité aux ondes électromagnétiques. Une décision inédite, qui pourrait bien faire jurisprudence, alors que cette affection n’est pas reconnue comme une véritable maladie dans notre pays et que la communauté scientifique reste divisée sur le sujet. Depuis 2010, Marine Richard, 40 ans, ancienne journaliste et auteure, vit recluse dans les montagnes ariégeoises pour échapper aux ondes électromagnétiques qui, dit-elle, la font tant souffrir. Après des années de lutte, elle a obtenu, l’été dernier, le droit de toucher l’allocation adulte handicapé (AAH). Cette décision, rendue par le tribunal du contentieux de l’incapacité de Toulouse, est une grande première en France et pourrait bien faire jurisprudence. Elle a également permis de rouvrir le débat sur l’électrosensibilité, un sujet qui divise la communauté scientifique depuis plusieurs années. « Les revues de littérature scientifique dont on dispose ne mettent pas clairement en évidence de lien de cause à effet entre l’exposition aux champs électromagnétiques et les symptômes ressentis par ceux qui pensent y être sensibles », explique le professeur Gabrielle Scantamburlo, chef de l’unité de psycho-neuro-endocrinologie du centre hospitalier universitaire (CHU) de Liège et auteur d’un article sur la question publié cette année dans une revue médicale belge*. « Mais il est encore bien trop tôt pour affirmer catégoriquement qu’il n’y a pas de causalité, souligne-t-elle. Les études doivent se poursuivre, parce que ces symptômes existent et que des personnes souffrent. » Ces dernières seraient même des milliers à travers l’Europe : selon l’étude de J. Schröttner et N. Leitgeb réalisée en 2008, 1,5 % de la population en Suède, 3,5 % en Autriche et 9,5 % en Allemagne estime être concernée. Et pour la France, un rapport de l’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail** (Afsset) datant de 2009 parle d’une prévalence de 2 %. Des symptômes non spécifiques Les symptômes en question vont du simple mal de tête aux palpitations cardiaques, en passant par des nausées, des vomissements, des rougeurs cutanées ou encore des troubles de la mémoire, du sommeil et Octobre 2015 – N° 555 – 13 de la concentration. On imagine les répercussions dramatiques sur la vie quotidienne : la plupart des victimes s’isolent totalement, doivent faire face à l’incompréhension de leurs proches et, souvent, cesser de travailler. Cependant, pour de nombreux médecins, ces manifestations relèvent davantage de problèmes psychosomatiques que d’une exposition aux ondes émises par la téléphonie mobile, le wi-fi, les lignes à haute tension, les micro-ondes, la radio FM ou les objets électriques. Et comme les symptômes ne sont pas spécifiques, ils pourraient très bien être attribués à de nombreuses maladies autres. Pourtant, dès 2005, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) reconnaît l’existence de cette affection, qu’elle qualifie d’hypersensibilité électromagnétique (HSEM). De même, dans un rapport de 2013, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) admet l’idée que l’exposition aux ondes électromagnétiques puisse provoquer des modifications biologiques du corps humain. Même si elle conclut à une « absence d’effet sanitaire avéré chez l’homme », l’agence préconise, par principe de précaution, de limiter l’exposition de la population, en particulier les enfants, aux champs émis par la téléphonie mobile. Recommandations pratiques En attendant, faute de connaissances, la prise en charge des patients se révèle particulièrement compliquée pour les médecins. « Les symptômes ne sont pas clairement définis et ils varient considérablement d’un sujet à l’autre, indique le professeur Scantamburlo. Nous n’avons donc pas d’éléments spécifiques qui permettent de faire un diagnostic précis. » Une série de recommandations pratiques permet toutefois de soulager certaines personnes : réduire l’utilisation des appareils électriques, éloigner les lampes de chevet et les radios-réveils, éteindre son téléphone portable quand on ne s’en sert pas ou encore désactiver le wi-fi. « Nous conseillons aux patients d’effectuer un bilan général pour être bien sûrs que les symptômes ne sont pas dus à autre chose, précise Gabrielle Scantamburlo. Nous proposons aussi une évaluation psychologique approfondie dans laquelle on s’intéresse au niveau de stress environnemental vécu par le patient. » De son côté, l’Anses promet un nouveau rapport pour 2016. Espérons qu’il apporte enfin des réponses concrètes et des solutions pour tous ceux qui souffrent d’HSEM. Aliisa Waltari * « Champs électriques et magnétiques et santé : quel message au grand public ? », M. Ledent, V. Beauvois, I. Demaret, N. Ansseau, G. Scantamburlo, Revue médicale de Liège, 2015. ** Depuis 2010, Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). Octobre 2015 – N° 555 – 14 Encadré 1 Utilisation du téléphone portable : les règles de base Pour réduire le plus possible l’exposition de la population aux ondes émises par la téléphonie mobile, l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (INPES) émet un certain nombre de recommandations. Par exemple, pensez à privilégier l’oreillette, le haut-parleur ou les SMS, afin de maintenir votre téléphone éloigné de votre cerveau. Lorsque vous émettez un texto, votre appareil se connecte à l’antenne relais la plus proche uniquement le temps d’envoyer le message, alors que, lors d’une conversation, la connexion est renouvelée plusieurs fois. Evitez aussi de téléphoner dans les zones de mauvaise réception (moins la couverture réseau est bonne, plus votre mobile émet d’ondes pour rester connecté) et de porter votre portable contre le cœur, l’aisselle, la hanche ou les parties génitales. Sachez en outre que les ondes électromagnétiques peuvent perturber le fonctionnement des implants électroniques (pacemaker) ; mieux vaut donc tenir votre téléphone à distance. Il est également déconseillé d’utiliser votre mobile lorsque vous vous déplacez : pour maintenir la conversation, votre appareil doit se connecter successivement à plusieurs antennes relais (à chaque nouvelle recherche, il émet à pleine puissance). Vous pouvez d’ailleurs éteindre votre appareil lorsque vous ne vous en servez pas ou le passer en mode « avion », car en veille il envoie régulièrement des signaux à l’antenne la plus proche. Enfin, attendez le plus longtemps possible avant d’équiper vos enfants, même s’ils sont adolescents : ils sont particulièrement sensibles aux ondes des téléphones portables. Encadré 2 Le wi-fi interdit dans les crèches et limité à l’école Adoptée par le Parlement en janvier dernier, une loi écologique relative à l’exposition aux ondes électromagnétiques interdit, par principe de précaution, l’utilisation du wi-fi dans les crèches et les garderies pour tout-petits. Cette interdiction s’applique en priorité aux espaces qui leur sont réservés, c’est-à-dire les salles d’accueil, de repos et d’activité (les parties administratives ne sont pas concernées). « Les jeunes enfants constituent des populations à risques, avant tout pour des raisons morphologiques, indique Laurence Abeille, député écologiste, dans le rapport qui a servi de base à cette nouvelle loi. La petitesse du crâne, mais également la perméabilité plus importante de la boîte crânienne les rendent plus vulnérables. Ce point fait consensus au sein de la communauté scientifique. Il est donc particulièrement important d’appliquer aux enfants des mesures de protection drastiques. » Si le wi-fi demeure autorisé à l’école primaire, il devra toutefois rester désactivé en dehors des activités numériques pédagogiques. Octobre 2015 – N° 555 – 15 Encadré 3 A Durbon, bientôt une « zone blanche » pour les électro-hypersensibles ? En France, il y aurait cent soixante localités ne disposant d’aucune couverture mobile et plus de deux mille dans lesquelles la connexion Internet sur smartphone (3G) est impossible. C’est dans ces territoires, pour l’essentiel situés en secteur rural isolé (Ardèche, Ariège, Drôme…), que se réfugient les électrohypersensibles (EHS) souhaitant échapper aux ondes de la téléphonie mobile ou du wi-fi. Regroupés en associations, certains militent même pour la création de « zones blanches » d’accueil structurées et réservées aux EHS, des espaces de vie sans ondes (ou très peu) que les opérateurs s’engageraient à préserver. C’est notamment le cas avec le projet du site de la Chartreuse à Durbon, un hameau de la commune de Saint-Julien-en-Beauchêne (HautesAlpes). Suivie par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), soutenue par la députée européenne Michèle Rivasi et portée par les associations Une terre pour les EHS, Robin des toits et Evaléco, cette initiative pourrait bientôt voir le jour, à condition de décrocher le marché public de gestion du site, qui appartient à la caisse d’allocations familiales (CAF) des Bouches-du-Rhône. La Chartreuse deviendrait alors la toute première zone blanche expérimentale de France. Octobre 2015 – N° 555 – 16 MÉDECINE Calibrage Texte principal : 4 094 signes Encadré : 1 119 signes Fièvre de l’enfant : adoptez les bons réflexes Source d’inquiétude pour les parents de jeunes enfants, la fièvre est pourtant une réaction normale de l’organisme qui combat une infection. Bien que rarement grave, elle nécessite de connaître les gestes appropriés et de laisser de côté les idées reçues. 2 visuels : 05_FievreEnfant La fièvre est définie par une élévation de la température au-dessus de 38 °C. « C’est une réaction normale du système immunitaire à une attaque microbienne. Elle signifie que le corps de l’enfant se défend », explique le docteur Nathalie Gelbert, présidente de l’Association française de pédiatrie ambulatoire (Afpa). Pourtant, les idées reçues ont la vie dure et les parents sont souvent soucieux devant cette défense corporelle. Ainsi, les résultats d’une étude de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm)*, publiée en décembre 2013 et conduite auprès de 6 500 parents d’enfants âgés de 1 mois à 12 ans et présentant une fièvre depuis moins de quarante-huit heures, sont mitigés. Si 89 % des parents mesurent correctement la température et 61 % savent que 38 °C est le seuil de la fièvre, seuls 23 % utilisent correctement un traitement et à peine 15 % respectent les mesures favorisant le bien-être de l’enfant. Observer le comportement de son enfant En cas de soupçon de fièvre, le premier geste consiste à mesurer précisément la température, mais il est également utile d’observer le comportement de l’enfant. Celui-ci peut en effet plus ou moins bien supporter la fièvre. « Les parents doivent se poser les questions suivantes : mon enfant présente-t-il une sensation d’inconfort ? Est-ce qu’il geint ? Est-il prostré ? Dans le cas contraire, si l’enfant est relativement en forme, il ne faut pas s’alarmer », préconise Nathalie Gelbert. En cas d’inconfort, il convient de dévêtir légèrement son enfant, de lui donner à boire et d’aérer sa chambre. Quant au fameux bain qui permettrait de faire baisser la température, il est à éviter, car il peut provoquer un choc thermique et renforcer la sensation de malaise. « La fièvre n’est pas dangereuse, rappelle le docteur Gelbert, il n’est donc pas utile de chercher à la faire baisser. Les parents doivent se rassurer et être à l’écoute de l’enfant. » Octobre 2015 – N° 555 – 17 Des antalgiques en cas d’inconfort Si ces premières mesures ne se révèlent pas assez efficaces, il faut alors envisager un traitement médicamenteux à base d’antalgiques. « Le paracétamol est généralement recommandé, car il est mieux toléré, mais, s’il n’est pas efficace, on peut proposer de l’ibuprofène », précise le pédiatre. La prise d’un seul médicament est conseillée, puisque aucune étude n’a « démontré l’intérêt d’une alternance ou d’une association systématique », indique l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps)**. Par ailleurs, et tout au long du traitement, le respect des doses en fonction du poids et de l’âge et l’observance du délai entre les prises sont impératifs. « Il faut également rappeler aux parents de ne pas utiliser le même flacon de paracétamol pour tous leurs enfants, ajoute Nathalie Gelbert. Il est préférable de donner à l’enfant le produit dans une petite cuillère pour éviter de souiller la pipette. » Consulter sans tarder Malgré les traitements, la fièvre persiste ou votre enfant présente des signes d’inconfort ? Consultez sans tarder. « Avant l’âge de 3 mois, il est recommandé de consulter dès que l’on s’aperçoit que le jeune enfant a de la fièvre, précise le docteur Gelbert. Si son médecin habituel n’est pas disponible, il faut se rendre aux urgences pédiatriques. Entre 3 et 6 mois, nous conseillons de consulter dans la journée et, à partir de 12 mois, dans les quarante-huit heures si la situation ne s’améliore pas. » Léa Vandeputte * « Managing fever in children: A national survey of parents’ knowledge and practices in France », PloS One, N. Bertille et al., 31 décembre 2013. ** Mise au point sur la prise en charge de la fièvre chez l’enfant, Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps), 2004. Encadré Savoir prendre la température En cas d’inquiétude et pour détecter la fièvre, le premier geste consiste à mesurer la température le plus précisément possible. Poser simplement sa main sur le front de son enfant est donc bien trop imprécis. Il faut privilégier l’emploi d’un thermomètre électronique par voie rectale ou bien celui d’un thermomètre auriculaire infrarouge – attention, cependant, à ne pas l’utiliser en cas d’otite. Quant à la prise de température dans la bouche ou sous l’aisselle, « elle est trop superficielle pour refléter la réelle température du corps », affirme le docteur Nathalie Gelbert. L’Assurance maladie préconise donc de majorer la température affichée de 0,5 °C pour la voie buccale et de 0,6 °C pour la voie axillaire. Quelle que soit la solution choisie, il est conseillé de prendre la température à distance des repas et après vingt minutes de repos. Référez-vous au mode d’emploi du thermomètre afin de garantir Octobre 2015 – N° 555 – 18 l’exactitude de la mesure. Enfin, ne négligez pas les règles d’hygiène : pensez à nettoyer le thermomètre à l’eau et au savon et rincez-le avant et après toute utilisation. Octobre 2015 – N° 555 – 19 PRÉVENTION Calibrage Texte principal : 4 744 signes Encadré 1 : 1 001 signes Encadré 2 : 562 signes Le vaccin contre la grippe en dix questions La grippe, ce n’est pas rien. Ses conséquences peuvent être graves, voire dramatiques pour les plus fragiles. Chaque année, en France, cette maladie touche 2 à 8 millions de personnes de tous âges. 3 visuels : 06_VaccinGrippe Au-delà de la fièvre et des courbatures qui vous clouent au lit, la grippe est aussi très contagieuse. Cette maladie infectieuse des voies respiratoires supérieures est provoquée par un virus dont il existe plusieurs types et variants. Les variations, qui surviennent avec une fréquence élevée, peuvent modifier la réceptivité des populations animales ou humaines et favoriser leur diffusion et la survenue d’épidémies. Actuellement, seul le vaccin saisonnier permet de l’éviter. Quand doit-on se faire vacciner ? « Il faut compter dix à quinze jours avant que le vaccin soit protecteur, explique le professeur Jean Beytout, chef du service des maladies infectieuses et tropicales du centre hospitalier universitaire (CHU) de Clermont-Ferrand. Il est nécessaire d’anticiper l’épidémie, qui survient le plus souvent après décembre : le mieux est de se faire vacciner dès que le vaccin est disponible, c’est-à-dire dès octobre. » Mais même si l’épidémie a commencé, il est encore temps de se faire vacciner. Faut-il le faire chaque année ? « Oui, répond le professeur, pour deux raisons : d’une part, la persistance des anticorps est limitée dans le temps – de six à huit ou neuf mois chez les personnes âgées, davantage chez les sujets plus jeunes – ; d’autre part, le vaccin est susceptible d’être modifié d’une année sur l’autre pour s’adapter. » Pourquoi ce vaccin n’est-il jamais le même d’une année sur l’autre ? « Sa composition est définie depuis février 2015, précise le professeur Beytout. Tous les ans, les experts repèrent l’apparition de nouveaux variants (souvent isolés en Asie du Sud-Est) et leur potentiel de diffusion ; l’Organisation mondiale de la santé (OMS) établit le “cocktail” de trois souches des types A (H1N1), A (H3N2) et B qui paraissent avoir le plus de chance d’émerger lors de l’épidémie de l’hiver suivant : c’est un peu une course-poursuite. » Octobre 2015 – N° 555 – 20 Quelle est son efficacité ? « Il y a malheureusement une marge d’erreur. Au cours de l’hiver 2014-2015, par exemple, la souche A (H3N2) s’est modifiée de façon imprévue et les antigènes vaccinants n’étaient pas en phase, ne permettant pas aux personnes vaccinées de produire les anticorps appropriés pour être protégées », déclare le professeur, qui précise que l’efficacité vaccinale est d’environ 70 % pour les immunocompétents (c’est-à-dire les jeunes en bonne santé) et qu’elle n’est que d’environ 50 % chez les plus âgés. L’Institut de veille sanitaire (INVS) estime que la vaccination permet, en l’état de la couverture vaccinale actuelle, d’éviter 2 000 décès par an chez les 65 ans et plus*. La vaccination protège-t-elle contre toutes les formes de grippe ? « Elle ne concerne que les virus grippaux impliqués dans la grippe saisonnière humaine, indique le spécialiste. Les virus des grippes aviaires sont donc exclus. » Est-on aussi protégé contre le rhume ? « Non, assure-t-il. La vaccination ne concerne pas les autres virus respiratoires. » Qui doit se faire vacciner ? La vaccination est recommandée par le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) aux seniors de 65 ans et plus, aux personnes atteintes de certaines maladies chroniques (diabète, insuffisance respiratoire, cardiaque ou rénale), aux femmes enceintes, aux personnes obèses ou à celles qui séjournent dans un établissement de soins, aux professionnels de santé, au personnel navigant et à quiconque est en contact avec des nourrissons de moins de 6 mois. Le vaccin est-il remboursé par l’Assurance maladie ? Les assurés concernés par ces recommandations reçoivent normalement un courrier d’invitation accompagné d’un imprimé de prise en charge à 100 %. Qui peut vacciner ? Pour une première fois, rendez-vous chez votre médecin traitant. Pour les années suivantes, sachez que les infirmiers sont aussi autorisés à vacciner. Est-ce que le vaccin ne risque pas de me rendre malade ? Les vaccins grippaux injectables sont préparés à partir de virus cultivés sur œufs de poule embryonnés. Les virus récoltés sont traités : fragmentés, purifiés pour obtenir des glyco-protéines antigéniques et concentrés pour atteindre la dose immunisante Octobre 2015 – N° 555 – 21 définie. Ce sont des vaccins inactivés ne contenant que des fragments viraux : ils ne peuvent donc pas entraîner une grippe. Les données de pharmacovigilance montrent qu’ils sont bien tolérés, en dehors des réactions attendues transitoires (douleur au point d’injection, épisode fébrile, par exemple). Catherine Chausseray * « Avis et rapport relatif à l’efficacité de la vaccination contre la grippe saisonnière », Haut Conseil de la santé publique, mars 2014. Encadré 1 Les chiffres de la grippe pour l’hiver 2014-2015 en France* Epidémie forte de grippe, dominée par le virus A (H3N2). • 9 semaines d’épidémie. • 2,9 millions de consultations pour syndrome grippal. • 55 % de virus A (H3N2). • Près de 30 000 passages aux urgences pour grippe. • 3 133 hospitalisations parmi ces passages, dont 47 % chez les 65 ans et plus. • 1 558 cas graves de grippe admis en réanimation. • Une surmortalité hivernale jamais vue depuis neuf ans, avec 18 300 décès enregistrés. Parmi les personnes décédées, 90 % étaient âgées de plus de 65 ans. Cet excès de mortalité est lié à la grippe et à d’autres facteurs hivernaux. A noter : 53 % de personnes à risque ne se sont pas fait vacciner en 2014. La grippe, qui a fortement touché la France l’hiver dernier, devrait coûter environ 180 millions d’euros, selon le directeur de l’Assurance maladie, Nicolas Revel, soit 80 millions de plus que d’habitude. * Bulletin épidémiologique grippe, Institut de veille sanitaire (INVS), point au 22 mai 2015. Encadré 2 Bientôt un vaccin universel contre la grippe ? Actuellement, seule une vaccination saisonnière permet de se protéger des souches de virus grippaux en circulation, ceux-ci évoluant chaque année. Un vaccin unique est cependant à l’étude. Les chercheurs ont déjà réussi à immuniser complètement des souris et partiellement des furets et des singes, des animaux qui présentent les mêmes symptômes que l’homme. C’est un pas important vers le développement d’un vaccin universel, mais de nombreux essais devront encore être menés avant d’être mis au point pour l’homme. Octobre 2015 – N° 555 – 22 SANTÉ (brèves) Calibrage : 999 signes 071_Bipolarite Homme Dépister le trouble bipolaire pour prévenir le risque de suicide Le trouble bipolaire, une maladie psychiatrique qui se caractérise par « une alternance d’épisodes hypomaniaques ou maniaques et d’épisodes dépressifs légers, modérés ou sévères, avec des intervalles de rémission plus ou moins longs », favorise les tendances suicidaires, explique la Haute Autorité de santé (HAS)*. Un patient non traité sur deux tenterait de se suicider et 15 % d’entre eux y succomberaient. Ce trouble survient dès les jeunes années, entre 15 et 25 ans, mais est diagnostiqué très tard, dix ans en moyenne après son apparition. Pour un dépistage précoce, une prise en charge adaptée et une meilleure prévention des risques suicidaires, la HAS a mis au point un guide** détaillant les symptômes de la maladie à destination des médecins. * « Trouble bipolaire : repérage et prise en charge initiale », Haute Autorité de santé (HAS), 6 octobre 2015. ** Patients avec un trouble bipolaire : repérage et prise en charge initiale en premier recours, HAS, 6 octobre 2015. 072_SeniorsActifs Calibrage : 952 signes Sport intense : la prudence est de mise chez les seniors Pour qu’elles puissent maintenir leur autonomie le plus longtemps possible, l’activité physique est recommandée aux personnes âgées qui n’ont pas de problèmes de santé. L’Institut de veille sanitaire (INVS) rappelle toutefois qu’une pratique sportive trop intense est risquée. Dans son Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH)*, il souligne l’importance, pour un senior sédentaire, de faire un bilan médical et cardiologique avant de commencer ou de reprendre un sport, cela afin de réduire le risque d’accident cardiovasculaire. Les femmes de plus de 50 ans qui font de la course à pied doivent également tenir compte, en cas d’ostéoporose, d’un risque d’accident. L’activité physique et sportive, pratiquée avec modération et dans le cadre d’un suivi médical, reste malgré tout le meilleur moyen de vieillir en bonne santé. * Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH), Institut de veille sanitaire (INVS), 6 octobre 2015. 073_MedicamentsSoir Calibrage : 943 signes Prendre son traitement antihypertenseur le soir peut prévenir le diabète Il a été remarqué que le diabète précède souvent l’hypertension artérielle (HTA), et inversement. Deux études menées sur plus de 2 000 patients par des universitaires de Vigo (Espagne), dont les résultats ont été publiés dans la revue Diabetologia, révèlent qu’il y aurait moins de cas de diabète chez les hypertendus qui prennent leur traitement le soir Octobre 2015 – N° 555 – 23 plutôt que le matin. Aujourd’hui, la prise du traitement au coucher fait partie des recommandations de l’American Diabetes Association, de l’European Society of Cardiology et de l’European Association for the Study of Diabetes. Une étude portant sur 18 000 hypertendus, qui seront évalués sur dix ans, doit être lancée par l’équipe de Vigo pour confirmer ces résultats. Quoi qu’il en soit, avant de changer vos horaires de prise de médicaments, il est indispensable d’en parler à votre médecin ou à votre pharmacien. Calibrage : 965 signes 074_IVG_Affiche 075_RecreationMarelle Un numéro anonyme et gratuit pour s’informer sur l’IVG A l’occasion de la Journée mondiale pour le droit à l’avortement, le 28 septembre, la ministre des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes, Marisol Touraine, a annoncé la création d’un numéro national anonyme et gratuit : le 0 800 08 11 11 (ouvert le lundi de 9 à 22 heures et du mardi au samedi de 9 à 20 heures). Confié au Mouvement français pour le planning familial (MFPF), ce numéro a une mission d’information, de conseil, de soutien et d’orientation sur les sujets de l’interruption volontaire de grossesse (IVG), de la sexualité et de la contraception. En parallèle de la création de ce numéro, le ministère a lancé une campagne de communication intitulée « Mon corps, mon choix, mon droit ». L’objectif est de faire connaître leurs droits aux femmes et les moyens de les exercer. Enfin, le site Ivg.gouv.fr a été remanié et propose de nouveaux contenus permettant de garantir une information neutre et objective sur Internet. Calibrage : 1 191 signes Le chiffre : quatre enfants sur dix sont privés de jeux en plein air Pendant les jours d’école, 39 % des enfants de 3 à 10 ans ne jouent jamais en plein air. Voilà le résultat de l’analyse des données de l’Etude nationale nutrition santé publiée dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) de l’Institut de veille sanitaire (INVS) du 6 octobre 2015. L’enquête révèle également que les enfants qui pratiquent le moins les jeux en extérieur résident dans l’agglomération parisienne, sont issus d’un ménage dont la catégorie socioprofessionnelle de la personne de référence est « employé ou ouvrier » ou dont les revenus sont dans les 15 % les plus bas ou les 15 % les plus élevés. Les chercheurs rappellent que « la pratique de jeux en plein air est associée à une moindre sédentarité et à une moindre corpulence chez les enfants de 3 à 10 ans en France » et recommandent la mise en place d’interventions « pour faciliter et inciter à la pratique de jeux en plein air en vue d’augmenter leur niveau global d’activité physique, en particulier pour les plus sédentaires ou ceux ayant les corpulences les plus élevées ». * Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH), INVS, 6 octobre 2015. Octobre 2015 – N° 555 – 24 VIE PRATIQUE Calibrage Texte principal : 4 728 signes Encadré 1 : 1 064 signes Encadré 2 : 611 signes Quand le chien de la famille devient dangereux pour les enfants Les services d’urgences pédiatriques des hôpitaux peuvent en témoigner : nombreux sont les enfants agressés par le chien du foyer ou de l’entourage proche. Pourtant, beaucoup de ces accidents auraient pu être évités. 3 visuels : 08_ChienDanger De l’enquête menée de 2009 à 2010 auprès des centres hospitaliers universitaires (CHU) par l’Institut de veille sanitaire (INVS) et l’association des vétérinaires comportementalistes Zoopsy, il ressort que « l’incidence annuelle des morsures ayant nécessité un recours aux soins a été estimée de 30 à 50 pour 100 000 enfants de 0 à 15 ans. Chez les enfants les plus jeunes, les blessures sont plus nombreuses, plus graves et se situent souvent au niveau de la tête et du cou, ce qui peut entraîner des séquelles physiques, esthétiques et psychologiques. Le plus souvent, la personne qui a été mordue connaissait le chien et les agressions se produisent au domicile* ». Les petits souvent attaqués au visage Les morsures de chien concernent 0,5 à 1 % des urgences chirurgicales pédiatriques. Dans 75 à 80 % des cas, il s’agit de lésions faciales. « Chez les tout-petits, de 2-3 ans, c’est la plupart du temps le visage qui est touché. En grandissant, l’enfant se protège avec les bras, et ses membres supérieurs sont alors la partie du corps la plus exposée aux morsures », constate le docteur Ambre de Bérail, du service de chirurgie maxillo-faciale de l’hôpital Purpan à Toulouse (31). Elle ajoute que l’ensemble de l’équipe intervient fréquemment pour des morsures, en moyenne deux fois par semaine, notamment pendant les vacances. Une cellule dédiée à ce type de blessures a d’ailleurs été créée et compte un psychiatre, qui prend en charge le stress post-traumatique. Beaucoup de morsures en été Prenons l’exemple des enfants gardés par les grands-parents pendant les vacances. Si ces derniers ont un chien, celui-ci peut ressentir la présence des petits comme une intrusion. L’été est aussi la saison des barbecues : non seulement les gens investissent « le jardin du chien », mais en plus ils y font cuire de la viande. Pour Octobre 2015 – N° 555 – 25 l’animal, la nourriture est une affaire sérieuse, et cette viande qui attise sa convoitise peut l’exciter et le rendre hargneux. « Dans 75 à 82 % des cas, ce sont des chiens connus qui attaquent, constate le docteur Claude Beata, vétérinaire comportementaliste à Toulon, membre du Collège européen de médecine vétérinaire comportementale, de l’association Zoopsy et co-auteur de l’enquête de l’INVS. J’ai eu très récemment le cas d’un chien, au demeurant plutôt sympa, qui avait pincé un enfant. Il s’était retrouvé en contact avec plusieurs enfants à la fois alors qu’il n’y était pas habitué. Il a été apeuré par les cris et l’agitation et cherche depuis à agresser les enfants dès qu’il en repère à proximité. » Décoder les signes d’alerte « Dans la plupart des cas, il y a des signes avant-coureurs. Toutes les formes de menace (grognements, pincements, etc.) doivent alerter, mais aussi d’autres signes qui laissent penser que l’animal se sent mal à l’aise en présence de l’enfant. Si l’on remarque que son chien a un comportement bizarre, inhabituel, qu’il s’éloigne lorsque l’enfant entre dans une pièce, qu’il détourne son regard, qu’il se lèche le bout du museau…, il faut consulter un vétérinaire », recommande le spécialiste. Le bien-être de l’animal est essentiel : respecter sa gamelle et sa zone de couchage est une règle à connaître. Il faut également que le chien ne se sente pas acculé, qu’il ait la possibilité de s’isoler s’il en ressent le besoin. Eduquer plutôt que rééduquer Valérie Allemand, vétérinaire comportementaliste à Eaunes (31), met en garde les propriétaires de chien contre une sévérité exagérée ou, au contraire, un trop grand laxisme : « On remarque souvent un défaut d’éducation chez les petits gabarits. La plupart du temps, ce sont pourtant les chiens de moins de 10 kilos qui mordent. » « On consulte un éducateur canin une fois que l’accident s’est produit, déplore Claude Beata. Or, la rééducation est plus compliquée. Il est plus simple d’éduquer, quelle que soit la race, dès le plus jeune âge, même si cela n’empêche pas tous les accidents. » Le vétérinaire conseille vivement d’amener le chiot, dès ses premiers mois, dans une « puppy school » afin de l’éduquer et de le socialiser. Pour apprendre aux enfants à se comporter correctement vis-à-vis du chien de la famille, c’est plus difficile. « Jusqu’à 5-6 ans, ils ne font pas ce qu’on leur dit, souligne le docteur Allemand. Ils peuvent alors se mettre en danger. » Isabelle Coston * « Facteurs de gravité des morsures de chien aux urgences », enquête multicentrique, Institut de veille sanitaire (INVS), mai 2009-juin 2010. Octobre 2015 – N° 555 – 26 Encadré 1 Qui a mordu mordra ? Une étude rétrospective de 2011, menée sur 77 enfants mordus par un chien et suivis à l’hôpital pour enfants Armand-Trousseau, à Paris, mentionne « une forte proportion de chiens “récidivistes” ». Elle souligne que « ces chiens “récidivistes” sont responsables de morsures de plus en plus graves ». « Un animal qui a déjà mordu sera plus susceptible de mordre à nouveau, remarque le docteur Claude Beata, vétérinaire. Si la loi était appliquée, on pourrait évaluer les risques. Or, les chiens mordeurs dans le cercle familial sont rarement évalués. » Valérie Allemand, elle aussi vétérinaire comportementaliste, fait le même constat : « Lorsqu’un chien a déjà mordu, il faut absolument diagnostiquer le problème pour prévenir la récidive. » Et de raconter l’exemple d’un jeune rottweiler qui avait attaqué un enfant de 3 ans. Dans un premier temps les parents avaient cherché à s’en débarrasser, avant de changer d’avis, mais sans pour autant mettre en place certaines mesures pour améliorer les conditions de vie du canidé et écarter tout danger futur. Encadré 2 Que faire en cas de morsure ? Dans les quinze jours qui suivent la morsure, le chien mordeur doit être présenté à un vétérinaire et subir trois examens pour s’assurer qu’il n’a pas la rage. De plus, il est obligatoire de déclarer toute morsure auprès de la mairie. Dans le même délai, le chien doit être soumis à une évaluation comportementale. Le maire pourra imposer toute mesure nécessaire (prise en charge, formation relative aux principes d’éducation canine et aux règles de sécurité, etc.). En cas de refus, il est habilité à ordonner que l’animal soit placé dans un lieu de dépôt adapté, voire euthanasié. Octobre 2015 – N° 555 – 27