Page 1 sur 26 Chap. 7 CONQUETES, RIVALITES ET RESISTANCES EN AFRIQUE ORIENTALE ET MERIDIONALE - Présenter les raisons et le déroulement des conquêtes ; Présenter la (les) puissance(s) rivale(s), l’objet des dissensions, décrire les incidents survenus du fait de ces incidents et présenter le mode de règlement adopté ; Décrire la réaction des populations locales : les motifs, les acteurs, et l’issue de cette réaction. INTRODUCTION L’Afrique méridionale et orientale fut largement sous l’emprise britannique. L’implantation britannique dans la colonie du Cap traduisait le souci du gouvernement du Royaume de Grande-Bretagne de sécuriser les colonies néerlandaises afin d'éviter qu'elles ne tombent sous l'emprise des Français1. Son extension dans la quasi-totalité de l’Afrique méridionale était une réaction à l’installation d’une compagnie de commerce allemande dans la région d’Angra Pequena en 1884, car les Britanniques redoutaient un soutien allemand aux Républiques Boers qui leur faisaient des difficultés. Par ailleurs, ce fut l’ouverture du canal de Suez en 1869 qui suscita la ruée des puissances européennes sur les rives de la mer Rouge. I- CONQUETES, RIVALITES ET RESISTANCES EN AFRIQUE MERIDIONALE Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés. 1 Alors qu'en Europe, les Pays-Bas tombent sous l'influence de la France (traité de La Haye du 16 mai 1795) Page 2 sur 26 A- Du Cap au Limpopo (Transvaal) 1- Rappel de la prise de possession de la colonie du Cap par les Britanniques Les Britanniques occupent la région du Cap à deux reprises, en 17952 et en 18063. En 1814, par le premier traité de Paris concluant les guerres napoléoniennes, le Royaume-Uni acquiert la colonie du Cap. 2- La résistance des Xhosa face aux Britanniques Pendant ce temps, sur la frontière est, les escarmouches étaient de plus en plus violentes. Le 11 décembre 1834, un chef de haut rang Xhosa est tué lors d'un raid des commandos boers. Le frère de la victime lève alors dans la foulée une armée de 10 000 guerriers, franchit la rivière Keiskamma, frontière orientale de la Colonie du Cap, procède à un pillage systématique des fermes et abat tous ceux qui résistent. Non seulement les fermiers blancs sont visés mais aussi les fermiers Khoikhoi établis près de la rivière Kat. Le gouverneur Sir Benjamin d'Urban réagit rapidement et envoie dans la région un contingent militaire sous le commandement du colonel Harry Smith. Celui-ci atteint Grahamstown le 6 janvier 1835. Pendant neuf mois, de sévères combats opposent troupes britanniques et les guerriers Xhosas. Le 10 mai 1835, Smith proclame l'annexion de la région située en amont de la rivière Keiskamma et en aval de la rivière Kei sous le nom de province de la Reine Adélaïde, en hommage à l'épouse du Roi Guillaume IV. L'annexion de cette région à la Colonie du Cap est désavouée par le secrétaire d'état aux colonies. Le 10 décembre 1835, la province est alors déclassée en district de la Reine Adélaïde en attendant que le statut du territoire soit fixé. Finalement, le principe de restituer la région aux indigènes, défendu par le secrétaire d'état aux colonies, Lord Glenelg, est approuvé par Londres. En 1836, Sir Durban, qui était favorable à l'annexion, doit retirer ses troupes de la zone tampon et les installer sur la frontière située à la rivière Keiskamma. Le 17 septembre 1838, un traité de paix est signé entre les autorités britanniques et les représentants Xhosas. En mars 1846, l'attaque meurtrière par les Xhosas d'une escorte militaire Khoikhoi débouche sur une nouvelle guerre Cafre et la défaite des guerriers Xhosas par le général Somerset le 7 juin 1846 à Gwangu. La guerre dure encore quelque temps jusqu'à la reddition de Sandili, le chef Xhosa de la tribu des Ngqika. Le 17 décembre 1847, le district est annexé et prend le nom de Cafrerie britannique. Harry Smith, nouvellement nommé gouverneur, annonce qu'elle 2 Alors qu'en Europe, les Pays-Bas tombent sous l'influence de la France (traité de La Haye du 16 mai 1795), le gouvernement du Royaume de Grande-Bretagne ordonna de sécuriser les colonies néerlandaises afin d'éviter qu'elles ne tombent sous l'emprise des Français. Le général James Henry Craig fut alors envoyé au Cap à la tête d'un contingent militaire en 1795. 3 En février 1803, en vertu des termes de la paix d'Amiens, la Colonie du Cap est rétrocédée à la République batave. Les Néerlandais y envoient le commissaire général Jacob Abraham de Mist et le général Jan Willem Janssens. Mais en janvier 1806, trois mois après Trafalgar, la colonie était de nouveau occupée par les Britanniques. Page 3 sur 26 sera administrée séparément de la Colonie du Cap en tant que possession de la Couronne britannique. En 1850, les Xhosas se soulèvent de nouveau après que Smith a fait destituer le récalcitrant Sandili de sa fonction de chef de la tribu Ngqika pour le remplacer temporairement par un magistrat britannique. Le 24 décembre, l'escorte du Colonel George Mackinnon est attaquée par les Xhosas alors que les colons établis dans les villages frontaliers sont attaqués par surprise. La plupart sont tués et leurs fermes incendiées. Le gouverneur Harry Smith, présent dans la région, est lui-même encerclé avec son escorte à Fort Cox. Il parvient à se réfugier à King William's Town sous le feu des guerriers Xhosas, armés des carabines. Dans le même temps, plus de 900 Khoikhois, jusque-là d'anciens soldats loyalistes envers les Britanniques, rejoignent les guerriers Xhosas. Ils revendiquent l'établissement d'une République Khoikhoi. La guerre dura quelques années avec les montagnes Amatolas pour principal champ de bataille. Entre temps, en 1852, Sir Harry Smith avait été rappelé au Royaume-Uni. Le lieutenant-général Cathcart lui succéda. Le Xhosas furent finalement expulsés des montagnes Amatolas et en mars 1853, la frontière solidifiée. La Cafrerie britannique changea alors de statut pour devenir une colonie de la Couronne. Les chefs Xhosas sont alors placés sous la tutelle des conseillers britanniques. En 1856, une jeune fille xhosa nommée Nongqawuse annonça avoir eu la vision que la puissance des Xhosas serait restaurée, le bétail multiplié et les Blancs chassés. Elle affirma que cette prévision ne se réaliserait que si, en préliminaire, tout le bétail était abattu, les récoltes brulées et les réserves alimentaires détruites. Membre d'une famille xhosa importante, elle fut entendue et les chefs xhosas ordonnèrent de procéder à la destruction du bétail et des récoltes. La mort du lieutenant-général Cathcart en Crimée fut interprétée comme un signe annonciateur. À la date attendue du 11 août 1856, la prédiction ne se réalisa pas alors que 85 % du bétail avait été abattu. La faute en fut imputée aux récalcitrants et de violentes querelles achevèrent de plonger la région dans la misère et la famine. Pour survivre, plusieurs milliers de Xhosas n'eurent d'autres choix que de recourir au cannibalisme alors que d'autres fuyaient vers la Colonie du Cap pour implorer des secours. En fin de compte, cette famine meurtrière tua plus de 50 000 Xhosas en six mois ce qui signa la fin des guerres cafres sur la frontière orientale de la colonie. La population de la Cafrerie passa en deux ans de 105 000 à moins de 27 000 individus. Les terres dépeuplées sont alors attribuées à plus de 6 000 immigrants européens d'origine allemandes dont un certain nombre étaient d'anciens membres de la légion germanique qui avait combattu au côté des Britanniques lors de la guerre de Crimée. En 1866, tout le territoire de la Cafrerie britannique est incorporé à la Colonie du Cap pour former les districts de King William's Town et de East London. Le transfert est marqué par la levée de la prohibition envers les indigènes de ces districts. 3- Les dissensions4 entre Boers et les autorités britanniques : la formation des républiques boers du Transvaal et d’Orange En 1815, les tensions entre Boers et autorités britanniques franchissent un nouveau pas à la suite de la mort de Frederic Bezuidenhout. Ce jeune boer de l'intérieur avait refusé de se rendre à une convocation judiciaire et avait été condamné par défaut. Un détachement de 4 Profonde divergence de jugement, de sentiments ou d'intérêts génératrice de conflits [Remarque d'usage: souvent au pluriel] Synonyme: désaccord Synonyme: discorde Page 4 sur 26 police composé de quatre Blancs et de douze Hottentots fut envoyé pour l'arrêter. Il résista et il fut tué par l'un des Hottentots armés. Le frère de la victime cria à l'assassinat et parvint à soulever une soixantaine de fermiers, décidés à venger Frederic Bezuidenhout. Perçus comme des rebelles, ils furent à leur tour pourchassés. Acculés à la reddition, ils passèrent en jugement. Cinq d'entre eux furent condamnés à mort. Le 9 mars 1816, ils furent pendus à Slachters Neck. Quatre le seront deux fois, la corde ayant rompu sous leurs poids. Cet épisode restera longtemps l'un des motifs d'acrimonie5 des Boers envers les Britanniques. Les premières vagues d'immigration britanniques en Afrique du Sud commencent dans les années 1817-1819. Le gouverneur Charles Somerset souhaite alors fortifier la frontière est avec les territoires Xhosas. C'est dans cette optique qu'il entreprend d'intensifier la colonisation de la région frontière du Zuurveld située en amont de la rivière Sundays et en aval de la rivière Great Fish. En 1820, avec le soutien de Lord Somerset et du parlement britannique, près de 4 000 colons anglais émigrent dans cette région au bord de l'océan Indien. Principalement d'anciens chômeurs urbains qui se révélèrent de piètres fermiers, ils s'établirent pour la plupart comme artisans et commerçants à Port Elizabeth, alors un petit village de la baie d'Algoa et à Grahamstown, alors garnison britannique11. Cette nouvelle émigration de « loyaux sujets de Sa Majesté » permet de faire contrepoids aux descendants de colons néerlandais, rétifs à la nouvelle administration. Elle permet en outre d'angliciser la colonie. En 1822, le néerlandais perd son statut de langue officielle dans les tribunaux et les services gouvernementaux. Il recule dans les domaines scolaires et religieux. Le processus d'anglicisation est en marche alors que le patois néerlandais, appelé aussi afrikaans, est dénigré et réservé aux rustauds des frontières. En 1828, l'anglais devient la seule langue officielle pour les affaires administratives et religieuses. Les Hottentots se voient également reconnaître l'égalité des droits avec les blancs. Dans les années 1820, le mouvement abolitionniste avait pris de l'ampleur au Royaume-Uni. Il aboutit en 1834 à l'émancipation de tous les esclaves de la Colonie du Cap. Pour apaiser les esprits, le gouverneur, Sir Benjamin D'Urban instaure un conseil législatif de douze membres supposé permettre aux administrés du Cap de débattre des affaires publiques. Les compensations pécuniaires pour l'émancipation des esclaves ne satisfirent pas les anciens propriétaires d'esclaves et en 1835, plusieurs milliers de fermiers Boers décidaient de rompre tout lien avec la Colonie du Cap et de s'exiler à l'intérieur des terres pour fonder une république boer indépendante. C'est le Grand Trek. En quelques années, de 1837 à 1850, près de 15 000 boers12 quittent ainsi la Colonie du Cap pour l'inconnu. Cette migration forge définitivement l’identité afrikaner. Les Boers, partis à la recherche de la Terre promise, s'installent sur les terres situées au-delà du fleuve Orange. Après avoir battu les Zoulous à la bataille de la Blood River (la « rivière du Sang ») le 16 décembre 1838, ils fondent, en 1840, la république du Natal (Voir carte 1, page 148, Histoire 3e. Le monde contemporain, de 1815 à nos jours, Edicef). Mais le Natal est annexé, en 1843, par les Britanniques. Les Boers repartent alors vers l’ouest et le nord, où ils fondent en 1852 des républiques autonomes dans le Transvaal, puis en 1854, l’État libre d’Orange. 5 Mauvaise humeur s'exprimant par des paroles déplaisantes (soutenu) répondre avec acrimonie Page 5 sur 26 En 1852-1854, les frontières sont fixées avec les républiques du Transvaal et de l'Orange6. La Colonie du Cap a désormais des états voisins gouvernés par des descendants d'européens. 4- Modernisation et extensions territoriales de la colonie du Cap En 1858, le gouverneur Grey proposa l'établissement d'une confédération sud-africaine englobant toute l'Afrique du Sud, y compris les Républiques boers et les territoires indigènes. Sa proposition ambitieuse fut immédiatement rejetée par Londres. Sir George Grey entreprend alors de développer les infrastructures routières. Avec le soutien des missionnaires comme Robert Moffat et des explorateurs comme David Livingstone, il ouvre une route vers le Botswana, au-delà du fleuve Orange et du désert du Karoo. Il entreprend aussi de débuter l'intégration à des Xhosas, rendus dociles après la famine de 1857, en leur octroyant un début d'instruction publique non obligatoire de type britannique. Quand il quitte Le Cap en 1861, George Grey laisse une colonie plus prospère. Sa politique de grands travaux publics incluant des barrages a permis à la colonie de se moderniser. Des mines de cuivre commencent à être exploitées dans le petit Namaqualand, l'industrie de la laine est bénéficiaire et le Natal est devenue une colonie de la Couronne. Les chemins de fer commencent à se développer avec le lancement de la première ligne Le Cap-Wellington. En 1869, l'élevage d'autruches devient une nouvelle activité prospère de la colonie et participe au développement économique de la région d'Oudtshoorn Par comparaison, dans les années 1860, l'économie des Républiques boers est autarcique et primitive alors que l'administration et les infrastructures sont quasi-inexistantes, notamment au Transvaal. En 1868, les Basothos en guerre contre les Boers de l'État libre d'Orange requièrent et obtiennent la nationalité britannique. Deux ans plus tard, le Basutholand est annexé à la Colonie du Cap. En 1871, à la suite de la découverte de diamants dans la région de Kimberley, le Griqualand Ouest est annexé. À partir de 1875, les territoires indigènes, en amont de la rivière Kei et en aval de Port Edward dans la colonie britannique du Natal, sont progressivement annexés à la Colonie du Cap sans que ces territoires soient pour autant tous ouverts à la colonisation. Le Fingoland est annexé dès 1875 puis le Griqualand-est en 1879. C'est ensuite le tour du Gcalekaland et du Bomvanaland en 1885, du Thembuland en 1886 et du Pondoland en 1894. Réorganisés en districts et administrés à l'aide de conseils indigènes (Native Council), ces territoires sont progressivement unifiés au sein d'un conseil général du Transkei. 5- L’idée de l'inclusion des Républiques boers et de la Colonie du Cap ou projet d'État souverain nommé « États-Unis d'Afrique du Sud » : expansionnisme britannique sous l’impulsion de Cecil Rhodes motivé par la découverte des gisements de minerai La découverte de gisements de diamants dans le Transvaal en 1867, relance l’expansionnisme britannique. À partir de 1867, l'Afrique du Sud commence à connaître une ruée vers le diamant. Jusque-là perçu en Europe comme une contrée pauvre et dangereuse, le sous-sol de la région révèle ses potentielles richesses. Les colons britanniques sont les premiers à 6 En 1848, le gouverneur de la colonie du Cap, sir Harry Smith, prend le contrôle des rives du fleuve Orange. Cependant, les Britanniques, après un soulèvement des Boers, accordent à ceux-ci l’indépendance du Transvaal en 1852, et de l’État libre d’Orange en 1854. Page 6 sur 26 bénéficier de l'émergence de l'industrie diamantaire mais ce sont de tous les pays d'Europe et même d'Amérique qu'affluent des milliers d'aventuriers et de prospecteurs en quête de diamants. Parmi ces aventuriers figure un jeune britannique venu en Afrique du Sud pour des raisons de santé et qui fait fortune sur les champs de Kimberley : Cecil Rhodes7. Cecil Rhodes était un expansionniste qui avait entrepris de relier Le Cap au Caire par la voie du chemin de fer8 sans jamais quitter un territoire africain sous souveraineté britannique. Il avait dans ce but financé une colonne de pionniers pour annexer les territoires en amont du Transvaal17. En 1875, un groupe d'enseignants et de pasteurs avaient formé un mouvement de revendication culturel, l'« Association des vrais Afrikaners » dont l'objectif était de défendre et d'imposer l'afrikaans au côté de l'anglais comme langue officielle de la colonie. En 1876, une revue en afrikaans, Die Afrikaanse Patriot, était éditée. En avril 1877, le Transvaal au bord de la banqueroute est annexé par la Grande-Bretagne. Carnavon9 demanda alors à Sir Bartle Frere, le nouveau gouverneur de la Colonie du Cap et haut-commissaire à l'Afrique du Sud, de réaliser la confédération sud-africaine. Accaparé par de nouvelles guerres cafres10, Frere ne peut présenter le projet de confédération lequel est abandonné après la démission de Lord Carnarvon de ses fonctions. L’Empire zoulou ayant été définitivement détruit par les Britanniques en 1879, les Boers tentent de reconquérir leur indépendance en 1880. La première guerre anglo-boer s’achève par la sévère défaite des Britanniques à Majuba Hill en 1881 et, en 1883, Paul Kruger est élu président de la République boer indépendante du Transvaal. En 1881, les Afrikaners du Cap se réunissent à Graaff-Reinet où ils fondent l'union afrikaner (Afrikaner Bond), partisane de l'inclusion des Républiques boers et de la Colonie du Cap11. Le parti s'implante également au Transvaal et dans le gouvernement de Paul Kruger. 7 Homme d'affaires, colonisateur et homme d'État britannique. Né en Angleterre, Rhodes, atteint de tuberculose, fut envoyé, en 1870, en Afrique du Sud auprès de son frère. Cette même année, des gisements de diamants étaient découverts à Kimberley, dans la colonie du Cap ; Rhodes se tourna vers la prospection minière. À la tête d'une énorme fortune dès sa vingtième année, il regagna l'Angleterre pour étudier à l'université d'Oxford. Ce fut durant ses études qu'il forgea sa conviction impérialiste, fondée sur la certitude que les Britanniques avaient une mission de colonisation du monde. 8 Revenu en Afrique du Sud en 1881, Rhodes se consacra à la vie politique ainsi qu'à l'établissement d'un empire minier. Élu au Parlement du Cap, il incita le gouvernement britannique à établir un protectorat sur le Bechuanaland (aujourd'hui, Botswana), en 1884. Il créa deux compagnies pour l'exploitation des mines d'or et de diamants, Gold Fields of South Africa et De Beers, avant de fonder la British South Africa Company qui obtint en 1889 une charte royale. Cette compagnie, appelée « Chartered », devait être l'instrument de ses ambitions colonisatrices. 9 Le secrétaire aux colonies 10 Aussitôt arrivé au Cap, peu avant le 12 avril 1877, Frere doit faire cependant faire face à des troubles dans le Zoulouland, au Natal mais aussi à la frontière des territoires Xhosas encore indépendants. La révolte des tribus Galekas et Gaikas débouche sur une neuvième guerre cafre inattendue et l'annexion in fine du Gcalekaland à la Colonie du Cap. 11 Le projet global de l'Afrikaner Bond est d'établir une nationalité sud-africaine pour un pays souverain, dirigé par les Afrikaners. Le pays défendrait ses propres intérêts et non ceux de la métropole européenne, que ce soit dans les domaines politiques, économiques et commerciaux. Le Royaume-Uni demeurerait un partenaire privilégié. Page 7 sur 26 En 1883, le député de Barkly West et homme d'affaires ambitieux, Cecil Rhodes, se rapproche de Hofmeyr12 et lui demande de réfléchir sur un projet d'État souverain nommé « États-Unis d'Afrique du Sud ». Rhodes est un impérialiste britannique et un homme politique avisé. Il sait que sa carrière politique peut évoluer plus ou moins favorablement en fonction de ses rapports avec les Afrikaners du Cap. C'est pourquoi il a fermement défendu l'utilisation du néerlandais au sein du parlement et en 1884, il se retrouve pendant six mois trésorier-général dans le gouvernement de Sir Thomas Scanlen. En effet, à cette date, l'influence du Bond au parlement parvient à renverser le gouvernement de Sir Scanlen. Hofmeyr est pressenti pour lui succéder mais il refuse et préfère soutenir un avocat irlandais, Thomas Upington. Le refus de Hofmeyr est perçu par les loyalistes anglais comme une violation du régime parlementaire puisque le principal chef de parti au parlement préfère ne pas assumer ses responsabilités, nommer un homme de paille à sa place et orienter ainsi en sous-main la politique du gouvernement. 6- La mise en place de L'union douanière par le développement d’un réseau ferroviaire sud-africain. La découverte de vastes gisements aurifères dans le sud du Transvaal, en 1886, coïncide avec l’occupation de l’Afrique du Sud-Ouest (actuelle Namibie) par les Allemands. En 1888, le parlement du Cap vote en faveur de l'établissement d'une union douanière sudafricaine. Elle est la première pierre d'un processus ayant pour objet d'aboutir à une Fédération sud-africaine. Les colonies britanniques d'Afrique australe y sont incluses progressivement mais également la République boer de l'État libre d'Orange qui y adhère en 1889. Le Transvaal du président Paul Kruger refuse cependant d'y adhérer. En fait, il tente de désenclaver son pays et ne plus dépendre des Britanniques avec le lancement de la construction d'un chemin de fer reliant le Transvaal à la baie de Delagoa au Mozambique portugais. Le réseau de chemins de fer de l'Afrique du Sud s'était beaucoup développé avec la prospection des mines de diamants. Des lignes avaient été ouvertes reliant au Cap les principales villes de la colonie comme Worcester, Beaufort West, Grahamstown, Graaff Reinet, Queenstown et Kimberley. La découverte de l'or dans le Witwatersrand en 1886 permet de prolonger ces lignes vers le Transvaal jusqu'à Vryburg à la frontière du Bechuanaland. Cette expansion ferroviaire avait bénéficié de la fusion des compagnies diamantaires de Cecil Rhodes, Alfred Beit et Barney Barnato en une seule compagnie la De Beers, en 1889. Celle-ci était une entreprise influente et prépondérante sur le marché de l'exploitation du diamant et elle réclamait toujours plus de lignes pour convoyer ses chargements d'hommes, de matériaux et de matériels. En 1889, Bloemfontein, dans l'État libre d'Orange, est relié par le rail au Cap. La ville allait devenir le principal nœud ferroviaire d'Afrique du Sud. Le Royaume-Uni fait échouer en 1890 le projet de Kruger de soumettre à la domination boer le Bechuanaland (devenu Botswana) en étendant son protectorat à cette région. Enfin, en 1892, c'est au tour de Pretoria et de Johannesburg dans le Transvaal d'être relié au réseau ferroviaire sud-africain. 12 Jan Hofmeyr, député de Stellenbosch, il est celui qui dirige le Bond. Défenseur au sein de la colonie de la politique expansionniste du président du Transvaal, Paul Kruger, Hofmeyr finit par incarner le Bond Page 8 sur 26 En 1898, le Natal entre dans l'union douanière. Un tarif unique est adopté pour tous les biens importés et consommés au sein des pays et colonies de l'Union. La répartition des droits se fait sur la base de l'équité et de l'apport de la production locale au développement des territoires de l'Union. 7- Eclatement du désaccord entre Paul Kruger et Cecil Rhodes Dans les faits, de 1881 à 1898, le Bond est tout-puissant. Hofmeyr détermine les votes des députés néerlandais (afrikaners) du parlement du Cap tout comme il initie la politique du Bond et influence celle du gouvernement, même après sa démission du parlement du Cap en 1895. En 1890, Cecil Rhodes avait reçu le soutien de Jan Hofmeyr pour occuper le poste de premier ministre à la place de Sir John Gordon Sprigg, démissionnaire. Hofmeyr lui avait proposé d'être le candidat officiel du Bond mais Rhodes avait refusé. Il obtint néanmoins la confiance des parlementaires du Bond, lesquels étaient très favorables à sa politique douanière et de construction ferroviaire pour l'ensemble de l'Afrique du Sud. En 1894, Rhodes mit en œuvre un projet de fédération commerciale et ferroviaire entre les colonies et les États d'Afrique du Sud, fondée sur le même principe que l'union douanière. Le projet capota à la suite de désaccords entre le Cap et le Transvaal sur les tarifs ferroviaires. S'estimant lésé par les tarifs britanniques, Kruger bloqua ainsi une multitude de marchandises et d'hommes à la frontière du Transvaal alors qu'il taxait fortement l'industrie aurifère. Un recours fut déposé au gouvernement impérial. En fin de compte, la route fut rouverte au trafic mais pour Rhodes, le président Kruger était un ennemi de la modernisation de l'Afrique du Sud et un obstacle à son projet d'union globale sud-africaine sous souveraineté britannique. Le 29 décembre 1895, l'un de ses proches, le docteur Leander Starr Jameson13 tente lors d'un raid de renverser le gouvernement du Transvaal. Il s’agit d’une expédition militaire contre la république du Transvaal, dirigée par Leander Jameson et encouragée par Rhodes. C'est un piteux échec14. Jameson est emprisonné et Rhodes, accusé d'être l'auteur du raid, est obligé de démissionner de son poste de premier ministre15. Il est alors remplacé par Sir Gordon Sprigg. L'implication de Rhodes dans le coup d'État est inconnue mais son éventualité probable est dénoncée très fortement par le Bond et Hofmeyr qui s'estiment trahis. Les Afrikaners du Cap commencent alors à se méfier du gouvernement colonial et à se montrer plus sensibles aux arguments des Boers du Transvaal. 8- La marche vers la guerre : le désaccord au sujet de l’égalité de droits pour les citoyens britanniques résidant au Transvaal. En 1898, la Colonie du Cap est alors dirigée par William Philip Schreiner. Il doit son maintien à sa capacité à naviguer entre des courants politiques contradictoires qui vont des loyalistes anglais aux Afrikaners du Bond et qui forment sa majorité parlementaire. Il est cependant hostile à toute velléité de guerre avec les républiques boers et s'oppose à la politique ferme prônée par le ministre des colonies, Joseph Chamberlain, et Sir Alfred Milner, le hautcommissaire au Cap. 13 Administrateur britannique des territoires de la Rhodésie du Sud. Le coup de force est déjoué par Joubert, général boer 15 Il se consacra dès lors au développement économique des territoires rhodésiens. 14 Page 9 sur 26 Le président Marthinus Theunis Steyn de l'État libre d'Orange invita Alfred Milner et Kruger à une conférence à Bloemfontein qui débuta le 30 mai 1899 pour parler des droits des uitlanders (étrangers) au Transvaal16. En juin, Schreiner et la majorité parlementaire du Cap acceptent les propositions faites par Kruger de créer de nouvelles circonscriptions électorales permettant aux non Boers de participer à la vie politique du Transvaal. Quelques jours plus tard, lors d'un voyage à Pretoria, Hofmeyr et le ministre de l'Agriculture de la colonie s'aperçoivent que le parlement du Transvaal a noyé l'ouverture politique de Kruger en créant quinze nouvelles circonscriptions électorales boers face aux quatre concédées par Kruger dans les zones anglophones de la République. Hofmeyr est indigné par ce qu'il perçoit comme un manquement déloyal mais son influence est contrecarrée par l'émissaire de l'État libre d'Orange, Abraham Fischer, qui encourage les Boers du Transvaal dans leurs résolutions. Hofmeyr ayant la réputation d'être un fin diplomate et le seul capable d'influencer Kruger, son échec alimente le courant belliciste qui monte au Cap. Plusieurs incidents diplomatiques se succèdent durant l'été 1899 et en septembre, Chamberlain envoya un ultimatum à Kruger exigeant la complète égalité de droits pour les citoyens britanniques résidant au Transvaal. Le but inavoué mais transparent des bellicistes britanniques est de s'emparer des richesses minières du Transvaal et de créer une confédération sous leur contrôle. Kruger, anticipant que la guerre était inévitable, lança son propre ultimatum avant même d'avoir reçu celui de Chamberlain. Il donnait 48 heures aux Britanniques pour évacuer leurs troupes des frontières du Transvaal ou la guerre leur serait déclarée en accord avec leur allié, l'État libre d'Orange. 9- Le conflit militaire (1899-1902) Le 12 octobre 1899, les États boers déclarèrent la guerre au Royaume-Uni. Les forces boers, numériquement supérieures, équipées d’armements légers achetés à la France et à l’Allemagne, et jouissant d'une bonne connaissance du terrain, eurent l’avantage dans les premières semaines. Les premiers coups de feu sont d'ailleurs tirés à l'intérieur des frontières de la colonie à Kraipan, une petite station de chemin de fer au sud de Mafikeng, la ville la plus au nord de la colonie. Cette dernière se retrouvait alors isolée et assiégée pendant sept mois par les Boers. Le 16 octobre, Kimberley était à son tour assiégée et le 18 octobre, les Républiques boers proclamaient l'annexion de plusieurs portions de territoire de la Colonie du Cap, en l'occurrence le Bechuanaland britannique et le Griqualand-Ouest avec ses champs de diamants. Le 28 octobre, Schreiner déclara ces annexions nulles et non avenues. Les défaites britanniques à Magersfontein (11 décembre 1899) et Stormberg (10 décembre 1899) enhardirent les Boers dont l'armée n'était en fait constituée que de fermiers et de jeunes idéalistes, armés par leur propre soin. Par contre, l'humiliation de ces défaites était terrible pour l'armée professionnelle qu'était celle du Royaume-Uni. Dans un premier temps, celle-ci reçut le soutien actif des loyalistes du Cap et en janvier 1901, l'armée passa sous le L’exploitation de l’or, financée par les Britanniques, attire des milliers de mineurs britanniques, appelés uitlanders (en afrikaans, « étrangers ») par les Boers, qui s’installent au Transvaal. 16 Page 10 sur 26 commandement de Lord Roberts17 et Lord Kitchener dont la mission était de gagner la guerre par tous les moyens. À Kimberley, Cecil Rhodes organise efficacement la résistance jusqu'à la libération de la ville le 15 février 1900. Dans le même temps, les troupes boers se replient de Magersfontein vers Bloemfontein. Le siège de Mafeking est à son tour levé le 17 mai 1900. La colonie n'est dès lors plus amputée du moindre territoire et les Britanniques reprennent l'avantage sur le front des opérations militaires. Au Cap, des parlementaires appellent pour la première fois à annexer les deux Républiques boers pour former un nouveau Canada en Afrique du Sud. Le 13 mars, Roberts entra à Bloemfontein, la capitale de l’État libre d’Orange, occupée puis annexée. En mai, le siège de Mafeking fut levé et le Transvaal envahi ; Johannesburg puis Pretoria furent prises par les Britanniques le mois suivant. En septembre 1900, l’État du Transvaal fut à son tour annexé par l’Empire britannique. En juin 1900, Schreiner démissionne et est remplacé par Sir Gordon Sprigg. Une loi est adoptée, réprimant tous ceux qui soutiendraient le camp des Boers. Kruger tenta en vain d’obtenir l’aide des autres pays européens, rivaux des Britanniques sur le continent africain. Les Boers continuèrent à lutter, adoptant désormais la tactique de la guérilla, sous la direction du général Louis Botha et de Jan Christiaan Smuts. À la fin de l'année 1900, alors que les républiques boers sont occupées par les Britanniques, la guerre entrait dans une nouvelle phase, celle de la guérilla et du harcèlement des troupes du Commonwealth par des commandos boers. En décembre, certains de ces commandos entrèrent dans la colonie pour y recruter des volontaires et pour harceler les troupes coloniales. En octobre 1901, la loi martiale est décrétée dans toute la colonie. En novembre 1900, le général Horatio Kitchener fut nommé commandant en chef des forces britanniques. Vainqueur du Mahdi, au Soudan, il employa des méthodes impitoyables pour écraser les Boers, incendiant systématiquement les fermes et enfermant dans des camps d’internement quelque 200 000 hommes, femmes et enfants. Vingt mille de ces prisonniers moururent en raison des conditions d’internement. Pendant ce temps, le 4 janvier 1901, le haut-commissaire Sir Alfred Milner avait été nommé gouverneur du Transvaal et de la colonie de la rivière Orange. Le haut-commissariat à l'Afrique du Sud élargissait ainsi sa compétence aux deux anciennes Républiques boers. Au Cap, les parlementaires se divisaient sur les conséquences à tirer de la nouvelle situation politique. C'est à cette époque que le camp progressiste, attaché à la couronne d'Angleterre, perdit son leader, Cecil Rhodes, en mai 1902, quelques jours avant la signature du traité de paix à Vereeniging. Ainsi vaincus, les Boers signèrent, le 31 mai 1902, le traité de Vereeniging, par lequel ils reconnaissaient la souveraineté britannique sur le Transvaal et l’ancien État libre d’Orange. L’Empire leur accordait cependant un gouvernement autonome, autorisait l’usage de Après l’échec d’une première contre-offensive britannique à la mi-décembre, le commandant en chef sir Buller fut remplacé par lord Roberts, et le corps expéditionnaire porté à 300 000 hommes. Dès lors, le cours de la guerre bascula. 17 Page 11 sur 26 l’afrikaans dans les écoles et les cours de justice, et versait 3 millions de livres pour la reconstruction du pays. Les Britanniques se retrouvaient à la direction d'un grand nombre de colonies : Le Cap, le Natal, le Transvaal, l'Orange, le Griqualand, la Nouvelle République (New Republic), le Stellaland, le Zoulouland, et le Botswana plus au nord. Celles-ci étaient peuplées de 5,2 millions d'habitants dont 3 millions étaient des Noirs et 1,3 million étaient des Blancs. B- Du Limpopo au Tanganyika : les territoires rhodésiens et le Nyassaland 1- La Rhodésie du sud (Zimbabwe) Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés. Venus d’Afrique du Sud à la fin du XVIIIe siècle, lors des mfecanes, grandes migrations provoquées par l’expansion guerrière, les Zoulous détruisirent sur leur passage le royaume de Changamire18. Un groupe zoulou dissident, les Ndebele, s’établit, vers 1830, dans le sud-ouest du pays, imposant leur domination aux Shonas. En 1888, le roi ndebele, Lobengula, concéda des droits miniers au sud du Zambèze à l’homme d’affaires britannique Cecil Rhodes. L’année suivante, Rhodes obtint du gouvernement britannique une charte pour sa société, la British South Africa Company, pour l’administration des territoires conquis en Afrique centrale et australe. La Compagnie de Rhodes favorisa la colonisation agricole, y compris vers les territoires sur lesquels sa souveraineté ne s’étendait pas. Toutes ces terres qui allaient porter le nom de Rhodésie (aujourd'hui, Zimbabwe et Zambie). En 1890 était fondée Salisbury19 (aujourd’hui Harare) par la Pioneer Column de la British South Africa Company pour servir de base militaire. En 1899, l’inauguration de la ligne de Etabli au sud du Monomotapa, il prit la relève et conquit presque la totalité de l’ancien royaume au XVIIe siècle. 19 La communauté est baptisée Fort Salisbury en l’honneur du troisième marquis de Salisbury, Premier ministre britannique de l’époque. 18 Page 12 sur 26 chemin de fer en provenance de Beira (Mozambique) permet à la ville de devenir un pôle commercial. En 1895, le territoire ainsi colonisé fut baptisé Rhodésie. Jusqu’en 1897, une guerre opposa les Blancs aux Ndebele et aux Shonas, qui furent finalement relégués dans des « réserves ». Les colons blancs, désireux de s’affranchir de la tutelle de la Compagnie, avaient réclamé l’autonomie politique dès le début du XXe siècle. En 1922, consultés par référendum, ils écartèrent le rattachement à l’Afrique du Sud et, l’année suivante, la Rhodésie, selon leur souhait, devenait colonie de la Couronne, sous le nom de Rhodésie du Sud. 2- La Rhodésie du Nord (Zambie) Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés. Au XIXe siècle, le pays était divisé en plusieurs États, souvent de petite taille ; au centre et au nord dominaient les Lozis ; le Sud était occupé par une ethnie originaire de l’actuel Malawi. La traite des Noirs s’est développée durant tout le siècle, sous le contrôle des marchands de Zanzibar. Dès le XVIIIe siècle, les Portugais, présents en Angola et au Mozambique, pénètrent dans le pays par l'intermédiaire des pombeiros (métis de Portugais et d'Africains), liaison qui est accomplie officiellement au XIXe siècle par l'explorateur portugais Serpa Pinto, mais son exploit heurte les intérêts britanniques. En effet, La découverte de gisements de cuivre dans le nord du pays date de la fin des années 1880, mais l’exploitation s’intensifie à partir des années trente, attirant d’abord de nombreux Européens puis des Africains du Nyassaland et de Rhodésie du Sud, plus agricole (actuel Zimbabwe). En 1890, la British South Africa Company, fondée par Cecil Rhodes, étend sa domination au Barotseland, à l’ouest, par la signature d’un traité avec les Lozis et se voit accorder par la Couronne le droit d’administrer les pays situés au nord du fleuve Limpopo. Les territoires orientaux sont intégrés à l’Empire britannique lors de la conquête du Nyassaland (actuel Malawi). En 1911 est créée la Rhodésie du Nord, rattachée à la colonie Page 13 sur 26 britannique du Cap mais administrée par la Compagnie de Cecil Rhodes. En 1924, l’administration est confiée à un gouverneur britannique, l’exploitation minière demeurant le monopole de la British South Africa Company. 3- Le Nyassaland (Malawi) Voir carte 1, page 148, Histoire 3e précité Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés. Après l’arrivée de commerçants portugais, dont les métis (Pomberos) qui, remontant le Zambèze, sont parvenus jusque dans le sud du pays dès le xviie siècle, s’organise un vaste trafic d’esclaves. Les Européens n’ont connaissance de l’existence du lac qu’en 1859, lorsque David Livingstone parvient sur ses rives. Livingstone dénonce les ravages provoqués par la traite des Noirs, organisée par les commerçants portugais et arabes. Son expédition ouvre la voie à l’établissement, à partir de 1875, des missions, protestantes au sud, catholiques dans le Centre. Les missionnaires sont bientôt suivis par des commerçants britanniques. Un consul britannique s’établit dans le pays en 1883. Des affrontements avec les marchands d’esclaves et la volonté de stopper l’expansion du Portugal et de l’Allemagne amènent les Britanniques à négocier avec les souverains indigènes la déclaration formelle d’un protectorat en 1891, qui prend le nom de Nyassaland en 1907. C- Les conquêtes portugaises d’Angola et du Mozambique 1- L’Angola20 (voir carte 2, page 153, Histoire 3e précité) C’est au XVe siècle que les Portugais entrent en contact et s’établissent dans le royaume de Kongo. En effet, Lorsque l’explorateur portugais Diogo Cam atteint l’embouchure du Congo vers 1482, il trouve le royaume de Kongo bien établi de part et d’autre du fleuve. Les 20 Situé à la charnière de l’Afrique centrale et de l’Afrique australe. Page 14 sur 26 nouveaux arrivants sont bien accueillis par le souverain kongo, Nzinga Nkuwu21. Après avoir occasionné la chute de ce royaume afin de pouvoir contrôler le commerce de l’or, de l’ivoire et des esclaves, qui commence à prendre de l’essor au XVIe siècle, les Portugais fondent en 1575 la colonie de Luanda où Paulo Dias de Novais fonde en 1576 une ville qui devient le centre de la traite négrière (voir esclavage) à destination du Brésil et de Cuba et à laquelle ils annexent le royaume Ndongo. Le commerce d’esclaves transatlantique depuis l’Angola est interdit en 1836, mais le travail forcé reste la règle. La traite, cependant, se poursuit dans les colonies portugaises au moins jusqu’en 1878, date à laquelle l’esclavage est officiellement aboli. Cette abolition pousse les Portugais à s’intéresser aux richesses minières du pays et chercher réellement à prendre le contrôle de l’intérieur du pays à partir de 1900. Ils livrent une véritable guerre au royaume ovimbundu (1890- 1904), affrontant les Lunda (1894- 1926), conquis le sud du pays contre les Ovombo et les Humbe. (1895-1915).La progression est très lente : en 1900, le Portugal ne contrôle qu’un dixième de la superficie de l’actuel Angola ; il faut attendre 1920 pour que les campagnes armées cessent définitivement. 2- Le Mozambique22 Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés. Le Portugais Vasco de Gama reconnaît les côtes du Mozambique lors de sa première expédition en 1498. Les premiers colons portugais s’établissent dans les comptoirs musulmans23 au XVIe siècle. 21 En 1491, des commerçants et des missionnaires portugais apportent des cadeaux à la cour du roi, qui se convertit au catholicisme 22 Pays d’Afrique australe. 23 Les navigateurs indiens et arabes ouvrent de nombreux comptoirs sur la côte est de l’Afrique. Au viiie siècle, les Arabes développent celui de Sofala, au sud du Zambèze, d’où sont exportés l’or, le fer et le cuivre du royaume du Zimbabwe. Page 15 sur 26 Ainsi, au XIXe siècle, l’autorité portugaise se limitait à quelques points sur la côte. Mais, l’indépendance du Brésil et la chute du commerce des esclaves, l’essor des produits licites (ivoire, caoutchouc, gomma arabique, cire) et surtout la pression de la British South African Company dirigée par Cécile Rhodes poussèrent les Portugais à établir plus solidement leur domination coloniale sur le Mozambique. En 1894, le commissaire royal, Antonio Enes, fut chargé de la conquête du Mozambique, qui se révéla très difficile du fait de la résistance des populations. Plus de 160 campagnes et opérations mineures furent nécessaires pour venir à bout de la résistance. En 1895, Enes brisa le royaume Nguni de Gaza. Moussinho de Albuquerque, son successeur, réprima une ultime rébellion dans le sud, mais ne put conquérir le district de « Moçambique ». Joao de Azevedo Couthino conduisit la guerre de Barue qui, en 1902, réduisit le dernier Etat au sud du Zambèze. De 1890 à 1904, les rebelles de Mapondera, le grand « bandit social » du Mozambique, soutenu par la paysannerie, organisèrent des maquis et exécutèrent de nombreux attentats et des sabotages qui laissèrent les portugais impuissants. D- Le Sud-Ouest africain allemand (Namibie) Voir carte page 1 ci-dessus. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés. 1-Rappel de la fondation de la colonie Le navigateur portugais Bartolomeu Dias contourne le premier le cap de Bonne-Espérance en 1488, ouvrant ainsi la voie aux nombreux explorateurs, missionnaires et autres marchands européens en Afrique australe. Avant le milieu du XIXe siècle, le territoire intérieur de l’actuelle Namibie n’intéresse guère les colons européens. Seule la côte de Walvis Bay sert de port aux chasseurs de baleines britanniques, et les îles voisines — couvertes de guano — de source d’engrais. Le 10 avril 1883 un commerçant allemand, Adolf Lüderitz envoie son ami Henrich Vogelsang et des explorateurs en reconnaissance dans le Sud-Ouest Africain. Ils débarquent dans la baie d'Angra Pequena avec une cargaison de maisons préfabriquées, des chars à bœufs et des Page 16 sur 26 provisions. Trois semaines plus tard, le chef nama Joseph Frederiks II lui vend toute la baie pour 100 livres sterling et 200 fusils. L’année suivante, la conférence européenne de Berlin, réunie à l’initiative du prince Otto Von Bismarck pour régler le problème des zones d’influence en Afrique, montre au chancelier allemand l’importance du continent. À la demande de Lüderitz, la baie (rebaptisée baie de Luderitz) est alors placée sous la protection de l'Allemagne dès le 24 avril 1884. La proclamation est faite sur place par l'explorateur allemand Gustav Nachtigal qui, investi de la fonction de commissaire du Reich, signe le premier traité de protection avec Joseph Frederiks II. Seul Walvis Bay reste aux mains des Britanniques. Heinrich Göring succède dès 1885 à Nachtigal. Avec deux assistants et sans armée, il représente l'ordre prussien dans l'embryon de colonie dont la capitale est fixée à Otjimbingwe. De même, en 1885, un traité de protectorat est signé avec le chef hottentot local24. Et, puisque l’enclave de Walvis Bay reste britannique, l’Allemagne négocie en 1890 la création d’un couloir permettant d’accéder au Zambèze : la pointe de Caprivi, du nom du chancelier ayant succédé à Bismarck. De leurs côtés, les Basters de Rehoboth (issus des unions entre Boers et Namas au XVIIIe siècle) signent un traité similaire. Ils devinrent ensuite des supplétifs très coopératifs de l'armée allemande jusqu'en 1915. Le 20 octobre 1885, après avoir sans succès tenté d'obtenir la protection de la colonie du Cap, l'explorateur William Worthington Jordaan fonde avec 45 familles de Dorslandtrekkers revenus d'Angola la république de Upingtonia dans la région de Grootfontein et d'Otavi, sur les terres concédés par le roi des Ndongas. Les Hereros revendiquent alors ces terres contraignant plusieurs de ces familles à émigrer de nouveau vers le plateau du Waterberg ou à retourner vers le Transvaal. Le 30 juin 1886, Jordaan est assassiné par un Ovambo, mettant fin à l'éphémère république. Le commanditaire de l'assassinat resta inconnu malgré la mise en cause de Maharéro. Les terres sont alors rachetées par une compagnie allemande. En 1886, la frontière tracée entre la colonie portugaise d'Angola et le Sud-Ouest africain allemand coupe en deux le territoire Ovambo. 2- L’extension de la colonie En 1889, le gouvernement allemand envoie le capitaine Curt Von François dans le Sud-Ouest Africain à la tête d'un contingent militaire. Il débarque le 24 juin 1889 avec vingt et un soldats allemands à Walvis Bay où il retrouve le haut-commissaire allemand, Heinrich Göring, qui avait dû se résoudre à se placer sous la protection britannique après la dénonciation par Maharero du traité de protection. Très vite, Curt von François entreprend de marquer la présence militaire allemande sur la région. 24 Après la bataille d'Osana où les Hereros infligent une cuisante défaite aux Namas de Hendrik Witbooi, le chef Maharero signe son premier traité de protection avec le commissaire allemand. Page 17 sur 26 Après avoir installé ses quartiers à Otjimbingwe, il conquiert Tsaobis, puis Heusis et renouvelle le traité de protection avec Maharero. Son successeur, Samuel Maharero entreprend dès l'année suivante une politique de collaboration renforcée avec les troupes coloniales et cède une partie de ses terres en échange de produits européens. En 1890, la région de la Bande de Caprivi est intégrée au Sud-Ouest africain allemand permettant un accès au fleuve Zambèze et aux colonies orientales. La frontière Est de la colonie avec le Bechuanaland britannique est également fixée. Le 18 octobre 1890, ses troupes arrivèrent sur le site de Winterhoek où Von François fait construire un fort (Alte Feste) destiné à être le quartier général des forces coloniales du Reich. Winterhoek, germanisé en Windhuk est un lieu idéal à proximité de sources d'eaux, au centre du pays, situé entre les territoires namas et hereros. À partir du 7 décembre 1891, Windhuk est dorénavant le centre administratif de la colonie. En 1894, la ville compte 85 résidents blancs (dont 5 femmes), 500 soldats de la troupe coloniale allemande et de 300 à 400 Noirs (essentiellement des Namas). En 1892, Von François fonde le port de Swakopmund destiné à affranchir la colonie de sa dépendance vis-à-vis de Walvis Bay. 3- La résistance des Namas (1893-1904) En 1893, promu major, Von François reçoit le titre de Landeshauptmann du Sud-Ouest africain allemand. Au cours de la même année, il connait de fortes résistances de la part des Namas commandés par Hendrik Witbooi. Après avoir refusé par trois fois de se mettre sous la protection allemande, Witbooi est devenu le principal ennemi de Von François lequel a fait interdire toute importation de munitions, privant les tribus de tout accès aux armes à feu. Les troupes coloniales attaquent la capitale des Namas où ils massacrent soixante-dix femmes et enfants. Mais Witbooi reste ferme et contre-attaque. Dans le même temps, les pressions montent en Allemagne pour rappeler Von François à qui il est reproché de ne pas avoir pu traiter avec Witbooi autrement que par les armes — et de ne pas l'avoir vaincu non plus par cette voie. En août 1894, il est remplacé par le major Theodor Leutwein. Après l'échec de ses tentatives d'alliance avec les Hereros, Witbooi accepte finalement de se placer sous la suzeraineté allemande. Les Namas de Witbooi deviennent alors d'efficaces auxiliaires de l'armée coloniale participant à la répression contre le soulèvement des clans rivaux alors que les Hereros qui avaient jusque-là participé à la répression de toute rébellion, commencent à s'éloigner de la puissance coloniale, exaspérés par la peste bovine, les exactions des colons et l'affranchissement de leurs serfs Damaras. En 1897, un poste militaire est établi à Namutoni en pays ovambo après l'insistance des missionnaires à obtenir une protection. La même année, les premières réserves indigènes sont fixées pour les Namas puis en 1903 pour les Hereros. 4- La résistance et le « génocide » des Herero (1904-1908) Page 18 sur 26 En 1903, les Khoi et les tribus Hereros se révoltent contre les colons et l'administration allemande. L'affranchissement des serfs25 Damaras auraient été la principale cause du soulèvement selon certains historiens (les Damaras seront auxiliaires de l'armée allemande et seront récompensés par l'octroi de 6 000 m2 de terres pour leur contribution à la répression de la révolte). Le 10 janvier 1904 marque le début du soulèvement herero commandé par le chef Samuel Maharero. Witbooi se joint aux insurgés et mène une guerre d'embuscade. Disposant de six mille fusils, ils sabotent les voies de chemin de fer et incendient les fermes. Près de soixante colons allemands sont tués dans un premier temps provoquant l'envoi massive de troupes allemandes dans le Sud-Ouest Africain puis encore cent vingt-trois civils allemands. Le 11 juin 1904, le lieutenant-général Lothar Von Trotha, nommé commandant en chef des troupes de la colonie allemande du Sud-Ouest Africain, débarque dans la possession du Reich avec pour mission d'en finir avec la révolte des Hereros. La guerre contre ces derniers fait alors rage depuis cinq mois sans perspective de victoire. Au contraire, les pertes allemandes augmentaient alors que le contingent atteignait désormais quatorze mille soldats. Pourtant le 28 juin 1904 à Namutoni, la tentative de prise du fort par cinq cents Ovambos n'est repoussée que par trois soldats et trois fermiers allemands. Lors de la bataille de Waterberg le 11 août 1904, il remporte une victoire décisive contre les guerriers Hereros du chef Samuel Maharero. En les encerclant de trois côtés, il ne laissait aux Hereros qu'une seule issue pour fuir : le désert du Kalahari. Alors que ces derniers essayent d'y trouver refuge, Von Trotha fait empoisonner les points d'eau, dresse des postes de garde à intervalles réguliers avec ordre de tirer sans sommation à la vue de chaque Herero, qu'il soit homme, femme ou enfant26. Des milliers d'Hereros meurent alors de soif dans le désert. Bientôt les actions de von Trotha sont connues de l'opinion publique allemande et un mouvement de répulsion s'empare de la population ; le chancelier Bernhard Von Bülow est amené à demander au Kaiser Guillaume II de démettre Von Trotha de son commandement. L'ordre est donné trop tard alors que les survivants hereros étaient parqués dans des camps de concentration ou servaient de main d'œuvre à bon marché. Beaucoup étaient morts de malnutrition ou de dysenterie. Le 29 octobre 1905, Hendrik Witbooi est tué lors de l'attaque d'un convoi à Vaalgras. Le 19 novembre 1905, Von Trotha revient en Allemagne. La population Herero estimée à 75 000 âmes avant le début de la guerre était réduite à 15 000 individus en 1911, soit une baisse de 80 % de la population initiale. Les révoltes continuent encore jusqu'en 1908. Le gouverneur Friedrich Von Lindequist, après avoir proposé une amnistie générale aux Hereros est amené à faire réprimer brutalement les révoltes Namas dont il envisage la déportation vers les îles Samoa. Si son projet avorte, faute 25 Dans le système féodal paysan qui appartient au seigneur féodal, tout comme la terre qu'il cultive Exemple : la condition des serfs et des serves. 26 En fait, Von Trotha avait signé un ordre d'extermination (Vernichtungsbefehl) selon lequel « À l'intérieur des frontières allemandes, chaque Herero, armé ou non armé, sera abattu. Je n'accepterai pas plus des femmes ou des enfants ». Page 19 sur 26 de financement, de nombreux indigènes, notamment les hommes de Witboois, sont déportés au Togo. En 1908, les souverains ovambos se placent sous la protection allemande. On peut donc constater que l’Afrique méridionale a subi la domination de trois puissances européennes : le Royaume-Uni de Grande Bretagne qui au départ était motivé par le seul souci de contrôler la Route de Indes, puis qui a voulu par la suite s’accaparer des richesses diamantaires et aurifères des Républiques Boers ; Le Portugal qui a été poussé à rechercher les richesses minérales de l’Angola et les produits commerciaux du Mozambique ; et l’Allemagne qui a fini par comprendre au cours de la conférence de Berlin l’importance de l’Afrique. Et malgré l’âpreté27 quelques fois des résistances, l’inimitié des populations locales n’a pu permettre à celles-ci de prendre le dessus sur les colons. Seul le cas de l’Ethiopie a pu démentir ces propos. Cette résistance victorieuse a plutôt eu lieu en Afrique orientale. II- CONQUETES, RIVALITES ET RESISTANCES EN AFRIQUE ORIENTALE Elle est restée soumise à l’influence et au commerce arabes jusqu’au milieu du XIXe siècle avec pour centres Khartoum et Zanzibar. Très peu d’européens se sont aventurés en Afrique orientale ; l’ouverture du Canal de Suez suscita leur attention sur les rives de la mer Rouge. Finalement, l’Angleterre occupa Sokotora en 1875, Berbera en 1884 (future capitale de la Somalie britannique) ; l’Italie annexa des terrains dans la baie d’Assab en 1879-1880 ; la France acheta Obock28 en 1882. Cependant, la puissance la plus intéressée à l’Afrique oriental fut l’Angleterre qui voulut surveiller « la Route des Indes » par l’intermédiaire de son consul en Egypte qui occupait une position prééminente, le canal de Suez fut inauguré en 1869. Tardivement, en février 1885, la « Compagnie allemande de l’Afrique orientale » fut fondée par Karl Peters qui avait signé des traités de commerce avec des chefs africains de la côte qui fait vis-à-vis à zanzibar. A- Le condominium anglo-égyptien au Soudan nilotique (Voir cartes 1, page 118 et 7, page 146 ? Histoire 3e, précité) 27 Manifestation de dureté ou d'acharnement commerciale 28 Synonyme: virulence Exemple : l'âpreté de la concurrence Des explorateurs français parcoururent le territoire dès 1837 et le traité d'Obock signé en 1862 établit un protectorat français sur ce petit mais stratégique pays. Page 20 sur 26 Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés. 1- Rappel de la conquête égyptienne du Soudan Entre la première et la troisième cataracte, se trouvent les pays appelés par les Turcs Berberistan et As-Saïdi par les Arabes, placés sous la direction d’un gouvernement reconnaissant l’autorité du khédive. Au-delà s’étendent les domaines du sultan de Foundj et les pays connus sous le nom de Nubie, Sennar ou Abyssinie. La frontière de la langue arabe et de l’islam s’enfonce jusqu’aux bordures méridionales du royaume du Darfour et du Foundj. Il s’agit de petits royaumes qui ont succédé à l’ancien royaume de Méroé à partir du VIe siècle Le commerce entre le Soudan et l’Égypte passe par les routes de Siouah à l’ouest, de Sennar le long du Nil et du Darfour par le darb al-arbain (route des quarante jours). Il est dominé à la fin du XVIIIe siècle par les jallaba, qui revendent les marchandises soudanaises à des intermédiaires pour le marché égyptien ou pour l’exportation. Il est principalement axé sur le trafic négrier. Toutefois, à la fin du XVIIIe siècle, des dissensions entre les grandes tribus foundjies affaiblissent considérablement le royaume du Sennar. En Egypte, Méhémet Ali s'empara du pouvoir en 1804 et se fit reconnaître pacha d'Égypte par le sultan ottoman. Méhémet Ali, qui a modernisé l’armée égyptienne avec l’aide des conseillers militaires français, engage alors des troupes dans une série de guerres de conquête, menées au nom de la Sublime Porte, mais dont il espère tirer un profit personnel. De 1820 à 1822, Méhémet Ali se consacra à la conquête du Soudan septentrional, puis peu après, en 1823, fonda la ville de Khartoum, ceci afin de contrôler le commerce caravanier avec l’intérieur du continent africain. Méhémet Ali s’empara du Sennar et du Kordofan entre 1820 et 1822 ; environ 50 000 Soudanais périrent et presque autant furent vendus comme esclaves. Khartoum est fondée au début des années 1820 par le vice-roi d’Égypte Méhémet Ali pour servir de base militaire. C’est là le gouverneur chargé de surveiller et d’exploiter le pays (c’est d’y prélever des esclaves et du bétail) au bénéfice du Caire. Par la suite, les gouverneurs envoyèrent des Page 21 sur 26 expéditions vers le sud, bien au-delà de leurs frontières pour capturer des esclaves ou en acheter aux chefs de tribus contre des armes à feu ; vers 1860, ils atteignaient la région de l’Ouellé. Les esclaves étaient acheminés soit vers Souakim et l’Arabie (par El-Obeid et Berber), soit vers le Caire et les pays ottoman par la vallée du Nil, soit vers Kouka près du Tchad-et de là, vers le Fezzan et Tripoli. À l’ouest, néanmoins, le Sultanat de Darfour, dans le djebel Marra habité par les Fours, conserve son indépendance jusqu’en 1916. 2- La domination britannique au Soudan (conquête et contrôle du Soudan par les Britanniques) Les gouverneurs égyptiens faisaient souvent « des affaires » pour leur propre compte, car l’abominable traite rapportait de gros bénéfices ; ils s’enrichissaient, payant des troupes personnelles ; si bien que leur puissance inquiéta le Khédive d’Egypte qui jugea plus sûr d’en révoquer certains et de nommer à leur place et à celle de commandant de ses troupes des Européens. En 1874, Charles George Gordon, entra au service d'Ismaïl Pacha, khédive d'Égypte. Nommé gouverneur de la province équatoriale (1877-1879), il déploya des efforts sont déployés pour supprimer le commerce des esclaves. C’est ainsi que Rabah, un général au service du gouverneur égyptien destitué du Bahr el Ghazal, se révolta et reconstitua à son profit un véritable royaume fondé sur les razzias d’esclaves (1886-1900).Il s’enfuit vers l’Ouest quand les troupes égyptiennes vinrent mater la rébellion. Le mécontentement contre l’autorité égyptienne et ses représentants explose dans la révolte du Mahdi29 (1881-1885-1899). De fait, La démission de Gordon (1879) puis l’instauration d’un protectorat britannique en Égypte, en 1882, aggravent les tensions internes au Soudan. En 1881, Muhammad Ahmad ibn Abd Allah30 se proclame mahdi (sauveur, imam caché, ou messie, dans la tradition musulmane) soudanais et fonde l’Etat mahdiste. Celui-ci est régi depuis 1885 par le Khalife Abdoullah qui a organisé une bonne armée (100 000 hommes) et installé sa capitale à Omdourman, face à Khartoum. Lorsque les Britanniques occupèrent l’Egypte en 1882, il leur déclara la guerre sainte. Les Ansars parviennent notamment à détruire un corps d’armée égyptien en novembre 1883. En février 1884, les Britanniques envoient à Khartoum (capitale du Soudan) un de leurs meilleurs officiers, le major Gordon, pour évacuer leurs forces31. Mais la garnison, prise au piège32, succombe sous le nombre, le 26 janvier 188533 (lors de l’attaque finale, toute la garnison anglo-égyptienne ainsi que son commandant britannique, Charles George Gordon, 29 Nom donné à celui qui doit rétablir la foi et la justice sur la Terre, et dont la venue précèdera celle du messie le jour du jugement (Yawm al-Qiyamah). 30 En 1880, Muhammad Ahmad Abd Allah s’appuie sur le sentiment religieux et nationaliste des populations pour chasser du pays les occupants britanniques et leurs alliés turco-égyptiens. À la tête de ses talibans — disciples ou étudiants en théologie — armés seulement d’armes blanches, il vient à bout d’un détachement égyptien, et connaît pour ce fait d’arme, une popularité grandissante. 31 Lors de la révolte du chef religieux Muhammad Ahmad, surnommé le Mahdi, Gordon retourna en février 1884 au Soudan, appelé par le Premier ministre britannique William Gladstone. 32 La ville est assiégée pendant dix mois par les forces du Mahdi. Peu soutenu par le gouvernement britannique, Gordon résista pendant dix mois dans Khartoum, encerclée par les forces du Mahdi. 33 En novembre 1884, Gladstone envoya finalement un corps expéditionnaire pour le secourir. Les renforts arrivèrent deux jours après la mort de Gordon, tombé lors de la chute de Khartoum, le 26 janvier 1885. Page 22 sur 26 sont massacrés). Cette défaite, survenue en pleine conférence des pays européens réunie à Berlin pour partager l’Afrique en zones d’influences, a un retentissement considérable : on assiste à un désengagement britannique au Soudan. Devenu pour ses partisans le « mahdi » tant attendu (réformateur religieux venu rétablir la justice), Muhammad Ahmad installe sa capitale en face de Khartoum sur l’autre rive du Nil et édifie un État islamique idéal. Il meurt peu après. La situation intérieure se détériore sous le règne du Mahdi puis du calife Abdallah al-Taaisha, qui succède au Mahdi en 1885. Le calife mène une lutte incessante contre les peuples nilotiques du Sud, annexant une grande partie de leur territoire au Soudan égyptien, et se lance dans plusieurs autres aventures militaires, dont une tentative avortée de conquête de l’Égypte en 1889. Entre temps, Horatio Herbert Kitchener, dit lord Kitchener fut promu capitaine en 1883 dans l'armée égyptienne. En 1884, il participa à l'expédition dépêchée pour tenter de délivrer le général Gordon à Khartoum. Gouverneur général de l'est du Soudan de 1886 à 1888, il fut nommé commandant en chef sirdar de l'armée égyptienne en 1892. Le khalife Abdoullah poursuit les raids sur l’Ethiopie : il bat le Négus Johannès en 1886, puis en 1889 à Métemna, où Johannès trouve la mort. EN 1890 les mahdistes, maitres de la province du Bahr el Ghazal, font des razzias dans celle d’Equatoria, dont le gouverneur Emin Pacha (qui est un allemand, Schmitzer, nommé par le Khédive d’Egypte) a été sauvé par Stanley et évacué vers Zanzibar. En 1896, les gouvernements britannique et égyptien, soucieux de contrer l’influence croissante de la France en Afrique centrale, lancent une expédition militaire commune contre le calife. La même année, Horatio Herbert Kitchener fut promu au rang de major général. Ce fut donc lui qui commandât cette expédition militaire. Dongola est reprise en 1896, Berber en 1897. L’expédition se solde par la défaite des troupes mahdistes à Omdurman, le 2 septembre 1898 (11 000 morts et Abdoullah s’enfuit. En représailles du meurtre de Gordon, il fit jeter dans le Nil, le corps du Mahdi, enseveli à Omdourman. 3- Rivalités franco-britannique : l’incident de Fachoda Malgré les avertissements du Royaume-Uni contre toute incursion dans une région stratégique pour ses intérêts, les Français cherchent à profiter du désengagement britannique au Soudan (une conséquence de la chute de Khartoum en 1885). En 1896, une expédition française — soutenue par Théophile Delcassé et Gabriel Hanotaux, respectivement ministres des Colonies et des Affaires étrangères — est organisée. Sous couvert d’une traversée de l'Afrique du Congo jusqu'à Djibouti, sur la mer Rouge, elle vise à réinstaller la présence française. Partie du Congo en juillet 1896, la mission du capitaine Jean-Baptiste Marchand, à la tête de 8 officiers et de 154 tirailleurs sénégalais, arrive le 10 juillet 1898 au poste soudanais de Fachoda. Au nom de la IIIe République, il instaure un protectorat sur la région. Dans le même temps, les troupes du général britannique Horatio Kitchener, qui ont reconquis le Soudan et Page 23 sur 26 défait le Mahdi soudanais à la bataille d'Omdurman, arrivent à leur tour à Fachoda, le 25 septembre 1898. La confrontation entre Kitchener et Marchand (ce dernier refuse de s’effacer, malgré son infériorité) entraîne un casus belli qui déchaîne l'opinion publique des deux pays. La conflagration est évitée de justesse. La France, déstabilisée par l’affaire Dreyfus 34 et n’étant pas, militairement, en situation de résister à l’Anglais, Delcassé — successeur d'Hanotaux aux Affaires étrangères — s'incline devant l'ultimatum britannique. Le 3 novembre, il ordonne à Marchand d'évacuer Fachoda en échange de l’abandon des prétentions britanniques sur le Sahara. La pacification du Soudan a été difficile et n’est réellement achevée qu’en 1916, après l’assassinat du sultan du Darfour par des agents anglais. 4- Accord de condominium sur le Soudan Le 19 janvier 1899 est instauré un condominium anglo-égyptien sur le Soudan. Cet accord confirme la prédominance britannique au Soudan — situation que renforce l’accord franco- Crise politique de la IIIe République qui, de 1896 à 1899, a profondément divisé l’opinion publique et entraîné une crise nationale. Scindée en deux camps antagonistes, l’opinion s’est opposée au sujet de la culpabilité ou de l’innocence du capitaine Alfred Dreyfus, condamné à tort pour espionnage au profit de l’Allemagne. Au-delà du scandale judiciaire, l’affaire Dreyfus a été un puissant révélateur des profonds clivages idéologiques et politiques de la France d’avant 1914. À terme, elle a en grande partie déterminé la représentation de l’« esprit républicain ». En septembre 1894, alors que l’État révise les plans de guerre après la conclusion de l’accord secret franco-russe, on découvre au sein du service de renseignements français un bordereau anonyme contenant une liste de documents militaires confidentiels destinés à l’ambassade d’Allemagne. Après une enquête sommaire, le capitaine Dreyfus — Juif d’origine alsacienne — est accusé de cette trahison, l’écriture de celui-ci étant semblable à celle qui apparaît sur le bordereau. Traduit devant le Conseil de guerre, il est condamné à la dégradation et à la déportation à vie au bagne de Cayenne, sur l’île du Diable (22 décembre 1894). À cette époque, rares sont ceux qui doutent de la culpabilité de Dreyfus, y compris certains de ses futurs défenseurs, tel le socialiste Jean Jaurès. En fait, le procès alimente le discours de la droite nationaliste et en particulier la campagne antisémite menée tambour battant par la Libre Parole, journal d’Édouard Drumont, également directeur de la Ligue antisémitique. Ce dernier voit dans l’affaire un alibi pour faire progresser son idéal de nationalisme xénophobe au sein de l’opinion française. Pourtant, la famille du capitaine — notamment son frère Matthieu — refuse la condamnation. Avec l’aide du journaliste et publiciste Bernard Lazare, Matthieu veut prouver l’innocence d’Alfred. Dans un premier temps, l’Éclair et le Matin attirent l’attention du public sur la nature suspecte des preuves fondant sa condamnation. Lazare publie une brochure favorable à Dreyfus, relançant l’attention de l’opinion. Surtout, Matthieu Dreyfus et Lazare reçoivent l’appui décisif du colonel Georges Picquart, chef du 2e Bureau (service des renseignements). Celui-ci découvre l’identité du probable coupable : le commandant Esterhazy. Mais les autorités militaires refusent de revenir en arrière. Un an plus tard, toutes ses tractations ayant échoué, Matthieu Dreyfus révèle cette découverte dans le Figaro. Pour empêcher une révision du procès, les autorités militaires traduisent Esterhazy devant le Conseil de guerre, qui l’acquitte (10 janvier 1898). Quant à Picquart, il est muté dans le sud de la Tunisie, avant d’être mis aux arrêts, puis réformé. Devant l’évidente volonté du gouvernement de laisser s’épuiser l’affaire, l’écrivain Émile Zola décide de frapper un grand coup pour alerter l’opinion. Le 13 janvier 1898, avec l’accord de Georges Clemenceau qui en dirige la rédaction, il publie « J’accuse » dans l’Aurore. Cette lettre ouverte au président de la République dénonce le déni de justice commis par l’armée et ses complices, hommes politiques et magistrats. Zola est condamné pour diffamation à un an de prison ferme et à une amende. Mais le procès Dreyfus a pris une nouvelle envergure. Désormais, l’attention de l’opinion et des ténors de l’intelligentsia, du monde politique de droite et de gauche, se braque vers ce que l’on nomme dorénavant « l’Affaire ». 34 Page 24 sur 26 britannique du 21 mars 1899 par lequel la France abandonne toutes ses prétentions sur le bassin du Nil. En réalité, le Royaume-Uni apparaît comme le véritable maître du pays, établissant dans le Nord une organisation administrative efficace, et favorisant le développement économique de la colonie, notamment par l’irrigation de la Gezireh. La mainmise britannique est bien plus ténue dans le Sud, placé sous l’autorité d’une poignée de fonctionnaires coloniaux, les « barons du marais » et sous l’influence des missionnaires chrétiens, autorisés par le gouvernement britannique à évangéliser les populations nilotiques. B- La conquête avortée35 de l’Ethiopie et la consécration de son indépendance Voir carte 1, page 118, Histoire 3e, précité Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés. 1- Rappel sur l’établissement d’un pouvoir central au XIXe siècle et le positionnement des grandes puissances sous fond de compétition En Éthiopie36, l’arrivée des Portugais a permis de repousser une invasion musulmane en 154237. Toutefois, à la suite de querelles doctrinales38 entre coptes orthodoxes39 et jésuites 35 Tourner court dans son développement Exemple : une tentative de putsch avortée Au fondement de l’Ethiopie se trouve le royaume d’Axoum fondé au cours du IIe siècle apr. J.-C et gouverné par la dynastie salomonide, dont les représentants font remonter l’origine au roi Salomon et à la reine de Saba. 37 Lorsque des musulmans envahissent l’Éthiopie en 1527 sous la conduite de l’émir Granne du Harar, le négus demande l’aide des Portugais dont une première ambassade avait rejoint en 1520 l’Éthiopie, connue en Europe sous le nom de royaume du Prêtre Jean. Les Portugais envoient une petite armée et les musulmans sont vaincus en mars 1542 à Anasta par les troupes de l’empereur Galaoudios et les Portugais. 38 Les tentatives de catholicisation de l’Éthiopie par les missionnaires jésuites provoquent ensuite des troubles politiques et sociaux chez les coptes, pour lesquels la foi monophysite est indissociable du pouvoir politique et de l’identité éthiopienne. 39 Au IVe siècle, sous le règne de l’empereur Lezanas, le royaume est converti au christianisme par des moines grecs orthodoxes : il se rattache à la tradition monophysite des chrétiens coptes d’Égypte. 36 Page 25 sur 26 portugais catholiques, les Portugais sont expulsés en 1632. L’Éthiopie entre alors dans une période d’isolement et, au XVIIIe siècle, la monarchie est au bord de l’effondrement. Ainsi, au début du XIXe siècle, il n’y a plus de pouvoir central en Ethiopie ; l’anarchie chronique sévit jusqu’à ce qu’un chef de canton du Gondar (voir carte 1 précitée), Kassa, s’impose comme négus40 sous le nom de Théodoros II. Il s’efforce de réorganiser la justice, la police, l’administration et enfin décide de remplacer les « ras41 » trop indépendants par des gouverneurs. Mais Théodoros manifeste au bout de quelques temps des crises de folie au cours desquelles il fit massacrer des gens de son entourage. Ses adversaires soutinrent le ras du Tigré qui en 1872 se fit couronner empereur et prit le nom de Johannes IV. Ce dernier dut lutter contre les troupes égyptiennes du Khédive Ismail42 qu’il vainquit en 187543 et 1876, et contre le ras du Choa, Ménélik, tout puissant et ambitieux. Derrière ces querelles locales, se dissimulaient plus ou moins les compétitions entre grandes puissances européennes qui convoitaient des positions en Afrique orientale ; les Anglais soutinrent Théodoros II (jusqu’à ce qu’il emprisonnât leurs ressortissants) puis Johannes IV, tandis que l’Italie favorisa Ménélik. Au début du 20e siècle, l’Ethiopie a résisté aux Européens, sans doute à cause de son relief qui en rend l’accès difficile et sûrement aussi grâce à l’énergie de l’empereur Ménélik. Ras du Choa, il avait agrandi sa province du pays Galla et du Kaffa et fondé en remplacement de Gondar une nouvelle capitale : Addis-Abeba. 2- L’échec de l’occupation italienne de l’Ethiopie Ménélik se fit sacrer empereur après la mort de Johannes à Metemna devant les mahdistes. Il sut tirer parti des rivalités européennes. Avec l’ouverture du canal de Suez en 1869, la côte de la mer Rouge est livrée à la convoitise des puissances européennes, l’Italie, la France et la Grande-Bretagne, soucieuses de contrôler le bon passage de leurs navires. L’Italie s’empare des ports d’Assab en 1872 et de Massaoua en 1885. En 1889, Ménélik II signe avec les Italiens le traité d’Ucciali, en théorie un traité d’amitié et de coopération, mais dont la version italienne diffère de la version amharique. Les Italiens revendiquent ainsi le protectorat sur tout le territoire éthiopien. Quand l’Italie en réclame l’application après avoir déclaré colonie l’Erythrée, Ménélik protesta auprès des autres puissances européennes (1890). L’Italie, après son échec, essaie de lui créer des difficultés, que Ménélik surmonte. La guerre éclate entre les deux pays en 1895 et les forces italiennes sont vaincues à Adoua l’année suivante (1er mars 1896) avec l’aide d’un armement acheté aux Français. . L’Italie doit reconnaître l’indépendance de l’Éthiopie et les frontières telles qu’elles résultent de l’expansion de Ménélik — elles correspondent aux frontières actuelles. On constate que l’Afrique orientale est la région qui causa le plus de difficultés aux conquérants européens, du fait de la résistance farouche des populations. Celles-ci infligèrent des défaites retentissantes aux forces coloniales (voir la bataille de Khartoum en 1885 et celle 40 Roi d'Éthiopie Histoire : chef éthiopien dont le rang est situé juste au-dessous de celui de négus 42 Dans la décennie 1870, le principal ennemi extérieur de l’empire est l’Égypte : en 1875, le khédive Ismaïl Pacha étend la protection égyptienne au sultan du Harar et lance une attaque contre l’Éthiopie. 43 Alors que les côtes de la Mer Rouge sont la convoitise depuis l'ouverture du Canal de Suez, des Italiens, des Britanniques et des Français. 41 Page 26 sur 26 d’Adoua en 1896). Les rivalités y furent également les plus âpres car pas moins de quatre puissances étaient en compétition pour le contrôle de la navigation sur la mer Rouge. CONCLUSION Exception faite de l’Ethiopie qui conserva son indépendance à l’issue d’une guerre menée contre l’Italie, tous les territoires d’Afrique de l’Est et méridionale tombèrent sous le joug colonial, ce malgré les résistances parfois vives des populations et les rivalités intenses des puissances européennes. Néanmoins, cette domination que connaitront dès lors les colonies africaines va être légèrement différente de celle que les européens vont imposer à la Chine en particulier, et à l’Asie en général. BIBLIOGRAPHIE Institut Pédagogique Africain et Malgache, Histoire 3e. Le monde contemporain du début du 19e siècle à nos jours, Edicef, Paris, 1973, 319 pages. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés. http://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_la_Colonie_du_Cap Article, Histoire du Sud-Ouest africain allemand