L`exoplanète Kepler 22-b est habitable (Nasa) Foi de Nasa, l

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L'exoplanète Kepler 22-b est habitable (Nasa)
Foi de Nasa, l'exoplanète Kepler
22-b est habitable. C'est le message lancé hier soir par l'agence spatiale américaine.
A grand renfort de "vues d'artistes" - des dessins (voir ci-contre) où la planète Kepler 22-b, une des
près de 1000 exoplanètes repérées par le télescope spatial Kepler, arbore un air de "Terre", avec
atmosphère et nuages.
Pourtant, les astrophysiciens peuvent seulement dire que cette exoplanète est dans la "zone
d'habitabilité" - la distance à l'étoile où, selon certaines conditions l'eau pourrait être liquide à la
surface de la planète.
Disons que c'est un excellent candidat pour une planète habitable. Avec 2,4 fois la taille de la Terre,
elle
présente une
gravité supérieure, mais pas énorme non plus. Une gravité en tous cas susceptible de lui permettre de
conserver une atmosphère importante contrairement à Mars par exemple. Elle se trouve à la bonne
distance de son étoile, une étoile banale un peu moins massive et donc un peu moins chaude que le
Soleil, à peu près au milieu de la "zone d'habitabilité".
Mais, parmi les conditions qui autorisent des températures semblables à celles de la Terre, il y a celle
de l'atmosphère et de son contenu en gaz à effet de serre. Ce dernier doit être assez puissant, mais pas
trop. Comme le montre le schéma ci-contre, c'est l'effet de serre trop puissant de l'atmosphère
de Vénus, mais trop faible de celle de Mars, qui explique que Vénus est trop chaude et Mars trop
froide pour la vie. La distance à l'étoile, et la connaissance du rayonnement émis par cette dernière, ne
suffisent donc pas à conclure que la planète Kepler 22-b est dotée d'océans et d'un cycle de l'eau
comme sur Terre.
Or, comme l'indique le communiqué de la Nasa, les astrophysiciens ne "savent pas" si cette planète est
rocheuse dotée d'atmosphère, et encore moins la composition chimique de cette dernière, même si les
modèles de formation planétaire plaident pour une rocheuse dotée d'une atmosphère.
Kepler 22-b se situe à environ 600
années lumière de la Terre, elle tourne en 290 jours terrestres autour de son étoile. Et fait partie d'un
lot de 54 exoplanètes orbitant dans la zone d'habitabilité de leur étoile, détectées par Kepler mais à
confirmer.
le tableau de chasse du télescope Kepler - qui opère dans la zone indiquée par le cône jaune sur
l'image ci-contre - prend de vastes dimensions. Déjà 2.326 "candidates" - des exoplanètes détectées
mais à confirmer par des observations avec des télescopes terrestres. Parmi elles 207 d'une taille
voisine de la Terre, 680 de la catégorie "SuperTerre", 1.181 de celle de Neptune, 203 de Jupiter et 55
plus grosses que Jupiter.
Le télescope Kepler file en orbite autour du Soleil, un peu à la traîne derrière la Terre. Lancé par une
fusée Delta en 2009, c’est un télescope spatial de la Nasa, doté d’un miroir de près d’1 m de diamètre,
et dont l’unique souçi est de traquer les exoplanètes.
Avec lui, les chasseurs de ces nouveaux mondes ont enclenché une vitesse supérieure dans
leur traque dont le premier gibier
fut pris en 1995. C’était hier, c’était le passage de la théorie à l’observation. Depuis Giordano Bruno brûlé Campo Dei Fiori, à Rome, le 17 février de l’an 1600, il proclamait sa conviction philosophique
d’un univers peuplé de mondes innombrables.
Depuis que l’on comprend mieux la formation des étoiles, les scientifiques savent que rien, en théorie,
ne fait de notre système solaire un solitaire. Mais il manquait l’observation. Elle fut faite dans un petit
coin de France, au cœur de la Provence, à l’Observatoire de Saint-Michel… par une équipe francogenévoise dirigée par Michel Mayor, avec un modeste télescope en préretraite... mais dôté d'un
spectrographe puissant et astucieux.
Ces observations sont délicates. Les planètes ne sont pas détectées elles-mêmes, sauf exception,
mais
à travers les
minuscules perturbations qu’elles infligent à la lumière de leur étoile. Soit en la décalant légèrement
en longueur d’onde lors de leurs passages devant et derrière, vu de la Terre. Soit en diminuant très
faiblement leur luminosité en masquant une toute petite partie de l’astre en passant devant. Cette
dernière technique d’observation, dite du «transit», est celle utilisée par Kepler et une "détection"
consiste à observer trois transits d'une même planète.
Entre 1995 et l’an 2000, les traqueurs d’exoplanètes en ont déniché une cinquantaine. Depuis, ils ont
dépassé les 500. De plus en plus diverses par leurs tailles, leurs orbites, les étoiles autour desquelles
elles tournent. Avec la mise en œuvre de télescopes terrestres dédiés à cette tâche, la mise en orbite de
télescopes - l’européen très français Corot et l’américain Kepler, la traque s’accélère encore.
Sur le site web de Kepler, un compteur de planètes s’affiche. Avec seulement 28 confirmée sur les
plus de 2000 détectées...
Le bestiaire planétaire du cosmos dépasse les imaginaires des auteurs de science-fiction. Les mondes
ne sont pas seulement innombrables - probablement des milliards dans notre seule Galaxie, la Voie
Lactée - mais d’une infinie diversité. Des gazeuses comme Jupiter ou Saturne. Des rocheuses comme
la Terre ou Vénus. D’autres qui sont faites surtout de glaces. Des chaudes, voires brûlantes, des
froides. Des qui frôlent leur étoile - les six planètes de Kepler bouclent leurs orbites en 10 à 47 jours
terrestres. D’autres très éloignées sur des orbites ressemblant à celles de notre système solaire. Des
orbites quasi circulaires, d’autres dont l’ellipse s’étire très loin du cercle… Lire ici une note sur un
système à une planète mais deux... étoiles, comme la fameuse Tatooine, de Star Wars.
Plus les astrophysiciens auront découvert de planètes, plus ils disposeront de cibles pour passer de la
détection à l’étude. Avec comme motivation celle de rechercher dans leurs atmosphères des signes de
vie. Plus exactement des traces de processus géochimiques qui, sur Terre, ne peuvent s’expliquer que
par la vie, comme une atmosphère riche en oxygène. Seuls des télescopes plus puissants, spatiaux et
terrestres, actuellement en projet (lire ici pour l'ELT de l'ESO, voir là pour un projet d'interféromètre
spatial), pourront réaliser de telles études, d’ici dix à vingt ans.
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